• TranseGaule 2005

    ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn)
    Étape de mise en jambes entre ‘’Armor’’ (la Mer) et ‘’Argoat’’ (les Terres)… Bords de mer et d’estuaire pendant 16 Km jusqu’à PENZE. Ensuite, ascension en douceur vers les Monts d’Arrée (Parc Régional d’Armorique). Forêt, Rivière d’Argent. Première escale à la limite du Finistère et des Côtes d’Armor, 3 km avant la ville de CARHAIX-PLOUGUER, terre de cross-country (championnats de France en 1996 et 2000) et de Rock’n Roll (Festival des Vieilles Charrues chaque été). [Extrait du road-book 2005]


    Commentaires : Chaleur + côtes + départ trop rapide = étape difficile !!! 
    Alternance marche-course pas assez fréquente 
    Tenue : Short rouge, maillot blanc, chaussures New Balance 1050 N°2 
    Météo : Fraîcheur matinale trop courte, chaleur difficile à supporter 
    Alimentation : 
    Matin : eau chaude + Café + lait gloria + country crisps 
    ravitos : bananes, melon, tomates, demie barre protéinée, pâte de fruit. 
    Isostar, eau + sucre 
    Bolino dès l’arrivée + eau pétillante 
    Soir : repas traiteur 

    Compte rendu de la première étape de la Transe Gaule 2005. 
    Depuis le temps que je l’attendais, le vrai départ, celui de devant le phare de Roscoff ! L’émotion était difficile à contenir, et comme nous avions attendu longtemps avant de partir, celle-ci n’avait fait que d’augmenter. J’ai dû aller m’isoler quelques instants pour la laisser éclater : elle correspondait à la somme entre mon stress, mes tensions, mes inquiétudes, mes doutes, mes rêves (Combien de fois avais-je couru cette étape dans ma tête, en relisant le road-book et la carte ?)… Je suis allé au bord de l’eau, me tremper les mains dans cette mer que je ne reverrais pas de sitôt.
    Après une nouvelle présentation de tous les concurrents par Jean-Benoît Jaouen, l’organisateur de la Transe Gaule, et après les séries de photos de groupe ou individuelles, un petit bisou à Pascale (ma femme), Gaëlle (sa sœur) et Lorris (mon fils) le départ fictif fut donné à 8H39. 
    Enfin partis, tous groupés pour rallier le vrai départ situé 6km plus loin, à Saint-Pol de Léon. 
    Le parcours était ouvert par des coureurs de la région qui nous ont fait passer par des endroits assez surprenants.
    Était-ce prévu ? En tout cas, il fallait se méfier et ne pas déraper comme l’a fait Roger Warenghem qui s’est blessé, ou ne pas mettre les chaussures dans l’eau de la partie marécageuse rencontrée aux abords de la voie ferrée. 
    Prudent, il fallait rester prudent. On nous avait tellement mis en garde contre un départ trop rapide ! 
    Une quarantaine de minutes de préalables où les sensations n’étaient pas les meilleures : il y avait trop de stress, d’attente de ces premières foulées, de « désentraînement » progressif pour ne pas arriver « grillé » sur la Transe Gaule… 
    9H32, vrai départ, chronométré, dans la ville de St Pol que je connaissais pour y avoir disputé les France de Semi Marathon il y a quelques années. Le début du parcours m’a rappelé des souvenirs, avec son vallonnement que je croyais plus fort, mais la vitesse n’est pas la même, 8 à 9 km/h ici contre 14 km/h lors du semi, d’où cette impression. 
    Une fois Penzé passé, vers le km 10 et après 1h15’ de course, on quitte le parcours du semi pour emprunter celui de la Transe Gaule.
    Ensuite, on commence doucement à monter vers les Monts d’Arrée, en traversant le Parc Régional d’Armorique. C’est beau, la Bretagne quand on a le temps de regarder ! Mais le paysage ne défile pas vite, et dire que ce sera comme ça tous les jours ! Heureusement, de temps en temps, pour rompre la monotonie, un petit coup de klaxon de ma femme qui me dépasse en voiture, et que je retrouve un peu plus loin pour me prendre en photos, ou pour me proposer de l’eau. 
    Les passages aux ravitaillements savamment disposés aux km 15, 30, 40, 50 et 61 sont bien appréciés : fruits frais, eau, sucre, sel, raisins ou abricots secs, de quoi tenir jusqu’au prochain. L’arrivée commence à tarder à venir, cette étape n’est pas aussi facile que je ne l’aurais pensé, pour une première où j’étais censé être frais.
    Arrivée sous l’arche à 17H04, soit après 7H31’57 de course, à la 10è place en plus, ce qui m’a surpris, pensant que j’allais terminer beaucoup plus loin dans le classement. Mais les autres ont-ils été prudents et moi un peu trop rapide ? Peut-être le paierai-je demain ? Certains ont eu des défaillances (Jan Ondrus), d’autres ont été rapides (le premier a tourné à 12km/h !). 
    En tout cas, une fois la ligne passée, j’ai le droit à une petite mousse, et je mets de la glace sur mes jambes sur les conseils d’un ex-transe gaulois qui n’eut pas la chance d’aller jusqu’au bout (Philippe Favreau). Au bout d’un certain temps, j’installe mon couchage dans le gymnase et je vais prendre une bonne douche méritée, faire ma petite lessive, l’étendre sur un fil entre deux arbres et je mange un petit
    en-cas (Bolino !) car le dîner est prévu plus tard. Je me repose sur mon matelas afin de récupérer le plus possible, mais ce n’est pas très facile de faire le vide. Après ce court laps de temps, il faut penser à demain : quelle tenue ? Préparer les affaires, les pansements, les crèmes anti-frottements, le porte bidon, les barres énergétiques, le petit déjeuner… et ne pas oublier d’accrocher le dossard sur le maillot ! 

    Ce petit rituel de l’arrivée devrait se répéter tous les autres jours. Et au bout d’un certain nombre d’étapes, ce sera machinal, et j’y gagnerai de précieux instants de repos en plus. 
    En tout cas, ce soir, dodo tôt après le repas, car demain sera un autre jour ! Le repas est très convivial, servi par Pascale, Gaëlle, et les autres personnes nous accompagnant. Un petit peu de vin à table, pour aider à passer le stress et l’excitation, déjà il faut se raisonner à quitter la table pour se coucher.

     

    ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km) 
    Étape vallonnée où l’on découvre que la Bretagne n’est pas un plat pays ! Amateurs de vieilles pierres, nombreuses chapelles et multiples calvaires à découvrir. Entre GLOMEL et SILFIAC, vous empruntez le chemin de halage du Canal de Nantes à Brest (plat) sur 9 km (circulation automobile interdite, véhicules détournés). Vallée du Blavet à l’approche de Pontivy, sous-préfecture du Morbihan, où l’on quitte définitivement la Basse Bretagne (de langue bretonne) pour le pays gallo (francophone). [Off-road = 9 km] (Extrait du road-book 2005) 

    Commentaires : fraîcheur matinale bienvenue, avec léger brouillard par endroits. Paysages magnifiques, beaucoup de côtes et de descentes. 9 km le long du canal de Nantes à Brest sur chemin bien entretenu et ombragé. J’ai couru avec Mathias, coureur Suédois, pendant presque toute l’étape. Alternance de 10’ de course et 2’ de marche pendant une bonne partie du parcours. Avons trouvé 40 Euros sur le bas-côté de la route ! 
    Bobos : deux ampoules au niveau des coussinets sous les deux gros orteils. Soins : éosine + pansement demain. 
    Tenue : Short noir, maillot rouge, débardeur jaune, NB 1050 N°1 
    Météo : Frais le matin 14°C, chaud 33°C l'après midi. 
    Alimentation : Comme hier + pêches 

    CR
    Après une nuit réparatrice pendant laquelle je n’ai quand même pas trop dormi, le réveil est fixé à 5h pour les plus matinaux, et déjà, il faut s’affairer pour préparer son petit déjeuner. C’est qu’on n’est pas encore rôdé de ce côté-là ! Et il faut faire sa petite vaisselle dans les lavabos du gymnase, faire son petit rangement, histoire de tout retrouver facilement ce soir à Pontivy. Vient l’heure des soins : délicatement poser les protections sur les tétons pour ne pas les retrouver en sang ce soir, badigeonner les pieds de crème Nok pour éviter les échauffements et autres ampoules, mettre de la crème aussi là où le porte bidon avait frotté et laissé des traces hier, enfin mettre la tenue, ajuster les accessoires, vérifier que tout ce dont j’aurai peut-être besoin est là, remplir les bidons et bouteilles d’eau avec de l’Isostar… 
    Déjà on nous presse, et oui le temps passe vite, il est l’heure de se rendre sur la ligne de départ, qui était celle de l’arrivée d’hier. Vite, il faut mettre ses sacs dans le camion. Un petit briefing de présentation et du parcours et des difficultés du jour, les indications du positionnement des ravitos, et c’est l’heure du baisser de drapeau (breton bien sûr). 
    Comme hier, la prudence est de mise dès le départ. Quelle stratégie adopter ? Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons à deux, avec Mattias le Suédois. 
    Nous nous mettons à converser en Anglais. From where are you coming? How are you? D’où viens-tu ? Comment ça va ? … Nous décidons de faire l’étape ensemble, en adoptant une tactique qui consiste à alterner 15 à 20’ de course avec 1 à 2’ de marche. Tout en courant et en discutant, fidèle à mon habitude j’ai toujours le regard fixé sur mes chaussures ou sur le bas-côté proche, j’aperçois soudain dans l’herbe un billet de 20€. Rires, et Mattias qui en trouve un de 10 et plus loin, encore un autre de 10. Nous regardons si la poule aux œufs d’or n’aurait pas eu d’autres fuites dans son porte-monnaie et nous repartons : ce n’est pas le tout, mais il y a des km à faire ! 
    Pendant les premières heures nous nous tenons à cette alternance de marche et de course, notamment le long du canal de Nantes à Brest, puis la fatigue commençant à se faire sentir, nous modifions le temps de course qui passe à 10’ maxi pour 2’ de récup, sans compter que nous avons décidé de marcher dans toutes les côtes un peu sévères. Aux postes de ravitaillement, nous nous attendons, parfois nous nous trouvons en compagnie d’autres coureurs, parfois nous ne sommes que tous les deux. Des anciens participants de la TG 2004 viennent nous rendre une petite visite (Thierry Viaux mon homonyme qui a dû se résoudre à abandonner l’an passé et dont j’écoute les conseils avisés.). Ma petite famille aussi qui a quitté le camping de Carhaix une fois la tente de camping sèche, nous dépasse pour mieux nous prendre en photos. Un petit bisou, et ça repart ! Le parcours est sinueux, vallonné, mais de toute beauté. Le temps semble moins long aujourd’hui, bientôt l’arrivée. Nous décidons de moins marcher, mais de garder un temps de repos régulier, même aux abords de Pontivy, ville-étape N° 2. 
    Nous franchissons le portique d’arrivée ensemble et nous nous congratulons de nous être aidés mutuellement. 
    Même petit rituel que la veille, avec un peu plus de glace sur les tendons d’Achille. On attend les suivants qui ne tardent pas à arriver. Des représentants de la presse locale sont là et nous interviewent en nous prenant en photo. Certains auront le droit à un article dans le journal de demain ! (pas moi !) 
    Navette vers le gymnase pour une bonne douche et quelques soins appropriés, ainsi qu’une petite collation : en effet, il n’est que 15H30 (arrivée à 14H45), on a faim, et on se prépare des Bolinos, sponsor de la TG. La suite, comme hier au niveau du rituel, afin de ne pas être bousculé demain matin. Et en tout cas, ne plus mettre les New Balance tant qu'elles me donneront des ampoules! (elles qui ne me le faisaient pas sur 100 km ou sur Marathon, elles doivent s'ennuyer d'aller moins vite et elles me le font payer! Ah les coquines!!!) 

    En ce qui concerne la présence de la petite famille: c'est un plus pour le moral, et pour gérer ce qui manque ou ce qu'il y a en trop dans le paquetage. 
     

    ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km) 
    Troisième jour et longue étape. Si c’est un peu dur de partout c’est normal !
    Étape moins vallonnée que la précédente… Un beau sentier sur 18,5 km pour finir. Déjà plus de 200 km ce soir. Vous explorez la Bretagne profonde… 6 ravitaillements : km 15, 30, 40, 51, 62, 70. [Off-road = 18,5 km] 
    (Extrait du road-book) 

    Commentaires : longue étape avec Mathias. 18’course/2’marche puis 12’30/2’30 puis 8’/2’. 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Mizuno Nirvana N°1. 
    Météo : beau et frais le matin, un peu plus chaud l’après midi, mais ombre et nuages fréquents 
    Alimentation : comme hier, les fruits frais passant bien de ce temps là, et ne provoquant pas encore de dérangements intestinaux. 

    CR 3ème étape: 
    Après une nuit difficile, suées, insomnies, inconfort, voilà le moment du lever : déjà ! Quelques douleurs vite oubliées, un petit déjeuner et des soins de protection, le pliage du barda, le chargement dans le camion, la dernière vérification que rien ne me manque, le convoyage vers la ligne de départ, et c’est le grand moment où commence la 3è
    me étape, longue de 75km, où il ne faut pas aller trop vite. Et aussi, changement de pneumatiques, où j'ai décidé de mettre les Nirvana de chez Mizuno, à la place des 1050 de chez New Balance. Les ampoules survenues hier n'ont qu'à bien se tenir!!! 
    Dès le baisser de drapeau, Avec Mattias, nous décidons de faire l’étape ensemble, comme hier. Cette fois, et ce dès le départ, nous nous réglons sur un rythme de 18’ de course et 2’ de marche ce qui est facile à mémoriser en regardant la montre de temps en temps. 
    Vers la mi-parcours, la fatigue et les douleurs commençant à se faire sentir aux tendons d’Achille, surtout le gauche (sans doute parce que nous courons le plus souvent du côté gauche de la route), nous passons à du 12’30/2’30, puis dans la dernière portion de 18,5 km sur le sentier de l’ancienne voie ferrée, nous alternons 8’ de course et 2’ de marche. Heureusement que cette partie du parcours est semi-ombragée, car entre 14h et 16h le soleil donne un maximum, et il n’y a pas de vent. C’est très joli, on imagine qu’au siècle dernier les voyageurs des trains à vapeur avaient aussi tout le temps d’admirer le paysage. Il reste les anciennes gares ou maisons du chef de gare qui sont rénovées pour la plupart, et on observe des traces des activités passées liées au passage du train. Augan, Porcaro (connu par les motards pour la concentration qui a lieu le 15 août ici même), sont autant de lieux pittoresques que nous regardons d’un œil intéressé, la fatigue n’ayant pas encore anesthésié nos sens ! Ploërmel aussi est une jolie petite ville où, à l’heure du café, il n’y a plus guère d’animation. 
    Le portique d’arrivée est franchi conjointement par Mattias et moi en un peu plus de 9h et quart de course. J’espère que l’on ne paiera pas ultérieurement notre stratégie ! 
    Vers 17h nous sommes au gymnase, après la petite mousse et les poches de glace, surtout sur le tendon d’Achille gauche qui me fait assez mal. Vite, il faut se débarrasser de toutes les petites tâches « ménagères », je reçois de l’aide de ma petite famille pour m’installer, taper un bref CR (brouillon de celui-ci), me préparer un petit
    en-cas… Le temps va encore passer trop vite : pas le temps de savourer, il faut ré-cu-pé-rer ! Il y a le repas du traiteur de ce soir, donc pas de Bolino ! 
    Coucher tard, car le repas était copieux, mais on a un peu traîné et on est rentrés au gymnase à la nuit tombée. Vite au lit, tout est déjà prêt pour demain. Bonne nuit ! 


    ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km) 
    Étape assez plate, sans difficultés particulières. Petites routes calmes, longues lignes droites et quelques changements de direction secs. Assistants routeurs, soyez vigilants ! (Extrait du road-book) 

    Commentaires : avec Mathias jusqu’au 40ème km puis en solo et plus rapidement car mal au tendon et vitesse plus élevée moins douloureuse pour moi. 
    Tenue : maillot blanc + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : frais éclaircies pluie re-éclaircies 
    Alimentation : comme d’hab ! 

    CR
    La nuit fut courte car encore agitée. Il faudra prendre de l’aspirine ce soir contre les douleurs aux tendons et pour éviter les suées nocturnes. Mon oreiller et mon sac de couchage étaient trempés et cela m’a réveillé plusieurs fois dans la nuit. Il faut penser aussi à beaucoup boire pour compenser ces pertes en eau. 
    Donc, réveil difficile, petit déjeuner bienvenu, il faudra que je pense à manger autre chose, des céréales par exemple. Viennent les éternels soins et préparatifs, et tout le tintouin ! 
    Départ donné à 7H08 pour 68km de routes plates mais sans doute monotones, car il y aura de longues lignes droites. Je pars à nouveau avec Mattias avec qui je resterai jusqu’au km 40 à partir duquel je décide d’aller un petit peu plus vite et de moins marcher, car j’ai remarqué que mes douleurs aux tendons étaient moins douloureuses et plus supportables à ce rythme. 
    Aussi, on s’approche de mon département, et je vais traverser des lieux où je suis déjà passé en voiture lors de certains remplacements ou lorsque je faisais du foot (Sion, St Aubin des Châteaux). 
    Une fois passé ce dernier village et son relief vallonné, il ne reste que 10 km, pas les plus faciles, car il s’agit d’une longue route droite sans ombre et assez fréquentée. Je regarde le temps entre deux bornes kilométriques pour me donner une idée de l’heure à laquelle je vais arriver. Au pire 15h45 voire 16h, mais en réalité, je ne vais pas trop baisser de rythme, et je vais franchir le portique un peu avant 15h30, malgré une hésitation dans Châteaubriant qui m’a fait douter 2’ du bon itinéraire mais où j’ai pu récupérer un peu. 
    Arrivée devant le château, peu de spectateurs, comme d’habitude, et vite fait je demande à Philippe Favreau (ancien participant à la TG) de m’emmener au gymnase pour prendre de l’avance sur mon temps de repos. En plus, mon tendon gauche est enflé, je vais lui mettre ma poche de glace pendant un assez long moment. 
    Ce soir, à la place des Bolino (que j’ai mangés quand même vers 17h), nous allons à la pizzeria juste à côté du gymnase. Ça changera ! 

    (Quelques ajouts postérieurs à la course, mais traduisant l'état de l'esprit et du physique après cette 4è étape: 
    Les nouvelles chaussures (pas neuves, elles avaient déjà fait un 100 km) ont bien tenu la route. Il ne reste qu'à faire sécher les ampoules, ça paraît être juste un détail, mais si on n'y prend pas garde, ce détail peut prendre des proportions gigantesques et peut amener à modifier la foulée et donc à provoquer des tendinites de "compensation". 
    Les fruits mangés aux ravitaillements passent bien et sont bien assimilés. 
    La petite famille apporte toujours son soutien moral, et sa présence à quelques points du parcours encourage à garder la motivation. Le soir, sa présence et son aide sont importants, je ressentirai sûrement un gros manque quand elle sera partie. Mais il faut aussi que je ne me repose pas trop sur sa présence.) 

    ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km) 
    Kénavo ! la Bretagne au Km 302, Bonjour les Pays de Loire ! Profil plat sur les 35 premiers km, puis un peu moins plat et enfin quelques méchantes collines entre Villemoisan et St-Augustin-des-Bois (vous empruntez une partie du parcours des 100 Km du Loire Béconnais), puis fin d’étape en descente franche vers la Loire. (Extrait du roadbook) 

    Commentaires : très longue étape, difficile, avec beaucoup de dénivelé sur la fin, sauf les derniers km avec de nombreuses voitures. Bien gérée malgré la douleur au tendon d’Achille gauche. Couru avec du « Flector » sur les deux tendons. Arrivée en compagnie de Russel et de Gérard Bertin. 
    Tenue : N
    irvana N°2 + short noir + débardeur jaune ;
    Météo : frais et agréable jusqu’à 11H puis un peu chaud : donc recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem + 2 petits flans, un chausson aux pommes e
    t un panaché ! 

    CR 5è étape
    Encore une longue étape, et 346 km de parcourus ce soir (le tiers à peine de la TG). 
    Le départ est donné à 7H03 et dans les prévisions je dois arriver, si tout va bien, vers 16H30 maxi : c’est une sorte de cut-off mental que je me donne, afin de ne pas passer trop de temps sur la route. 
    Attention aussi, il y a beaucoup de dénivelé à partir du 35è
    me km, surtout entre Villemoisan et Saint-Augustin des Bois : je connais cette partie du parcours pour l’avoir empruntée à chacun des trois tours du championnat de France des 100km de 2004. 
    Début de course prudent, à 8 km/h, et ce jusqu’à Erbray, puis un petit peu plus vite pendant une trentaine de km. Il faut en profiter, le profil de l’étape est plat au début. Mais les douleurs aux tendons d’Achille se font de plus en plus vives, et m’obligent à alterner course sur la partie gauche de la chaussée et course sur la partie droite. 
    Une fois arrivé à Villemoisan, c’est là que les difficultés arrivent : de longues côtes et d’aussi fortes descentes se succèdent. A Villemoisan, j’en profite pour m’arrêter boire un bon panaché bien frais pour passer les « montagnes » qui m’attendent ensuite. Auparavant, j’avais fait une halte dans une boulangerie pour acheter un chausson aux pommes, et mes ravitailleurs personnels m’ont offert deux flans achetés sur le parcours. C’est que ça change du ravito habituel, à savoir : bouts de banane, de melon, de pêche, raisins et abricots secs, eau pétillante plus ou moins fraîche, eau sucrée-salée… 
    J’ai rejoint Gérard Bertin qui m’avait rattrapé un peu avant les côtes, et nous continuons ensemble, sans forcément être obligés de s’attendre, mais ça fait toujours du bien de ne plus se sentir seul à ce moment de la course où chaque foulée se fait douloureuse. Daniel Muller et Russel Secker, ce dernier en difficulté, se joignent à nous et nous cheminons tranquillement vers l’arrivée. Daniel se détachera un peu pour finir comme à son habitude dans un bon état de fraîcheur, tandis que tous les trois nous finissons ensemble, après s’être encouragés mutuellement à s’accrocher. 
    Tous trois nous franchissons le portique dans le parc du château-mairie à la 11è place de l’étape. Espérons que nous n’aurons pas à le payer par la suite ! 
    Il est 15H35, je suis en avance sur mes prévisions les plus pessimistes de près d’une heure. Je tiens le rythme, malgré l’augmentation progressive des douleurs. 
    16h, douche puis soins, anti inflammatoires en bandes (Flector), repas, repos, Pascale, Gaëlle et Lorris s’occupent des petites tâches pour m’éviter une trop grande fatigue. Mais le moral est quand même atteint, je suis inquiet sur mes facultés de récupération, et demain il faudra remettre le couvert ! 
    Ce soir, repas dans une petite salle du gymnase, après un apéro (
    Coteaux du Layon), et à table, j’ai le cafard : je pense à Lucile, ma fille, qui est en Corse avec une amie, et qui elle aussi est triste. Je somnole un peu à table et décide d’aller me coucher tôt pour être « frais » demain matin. 
    Comme on se l’était dit avec Mattias lors des 3 ou 4 premières étapes, « Il faut toujours faire l’étape en pensant que le lendemain il y en aura une autre, et le surlendemain encore une autre » et que si on ne veut pas payer la note prématurément, il faut rester prudent.

     

    ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km) 
    La Loire,
    l’Anjou et sa douceur angevine, région de production vinicole des Coteaux du Layon (vins blancs). Vous empruntez la «Route Touristique du Vignoble d’Anjou», TRÈS vallonnée, en plein milieu des vignes (dégustation conseillée). 3 km à grosse circulation en fin d’étape pour rentrer dans Doué-la-Fontaine, capitale de la rose. (extrait du road book) 

    Commentaires : 
    J’ai habité un an à Chalonnes en 1991/1992 et j’ai travaillé à Saint-Laurent de la Plaine comme instituteur, pendant que ma femme enseignait à Rablay sur Layon. Déjà 14 ans ! Nous avons emprunté certaines de mes routes d’entraînement d’alors. 
    Départ très difficile et douloureux pendant plus d’une heure. Mal au tendon d’Achille gauche qui a enflé depuis deux étapes : donc « Flector » sur les deux tendons. 
    Passage des collines dans le Layon moins douloureux, montées marchées, et descentes non traumatisantes en courant. Fin d’étape pénible : longues lignes droites, circulation, mais plus de côtes ! 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : Frais le matin avec petite brume sur la vallée de la Loire avant Chalonnes et un joli lever de soleil. Le reste de l’étape sous un beau soleil avec une température assez clémente, mais parfois un peu élevée au sortir des
    coteaux. 
    Alimentation : idem + des flans bien frais ! 
    Ce soir restau : pizzeria. Pascale, Lorris et Gaëlle sont rentrés, me voilà tout seul dans la France « profonde ». 

    Compte rendu d'une journée qui avait mal commencé: 6è étape. (le tiers de la Transe Gaule) 

    La nuit fut encore difficile, à cause des tendons et des suées. 
    Ce matin, j’ai
    TRÈS mal, les inquiétudes de la veille étaient fondées. 
    Et pourtant, j’arrive dans mon ancien pays, j’y ai habité pendant un an (à Chalonnes sur Loire) et je me faisais un plaisir d’y passer. 
    Le calvaire va débuter dès le départ et va durer plus d’une heure. C’est une fois après avoir grimpé les premières côtes dans le Layon que je vais un peu moins souffrir. Mais pendant la 1ère heure, j’ai tellement souffert que j’en ai pleuré, même parfois crié. A la douleur est venue se
    mêler l’inquiétude de devoir m’arrêter : c’est la première fois que je doute de moi depuis le départ de Roscoff. Et pourtant, que la campagne est belle, avec un lever de soleil sur les îles de Loire me rappelant que lorsque j’habitais la région, je venais courir là le matin et que ce type d’aurore m’était habituel, même si 15 ans ont passé depuis. Et la petite brume, à hauteur de tête, qui à chaque ondulation du corps, à chaque foulée, se trouve soit au-dessus soit au-dessous des yeux, laissant deviner la route sur laquelle je courais. Ah les souvenirs ! 
    Arrivé à Chalonnes, le parcours nous fait longer la Loire puis prendre la Corniche Angevine qui monte progressivement. On laisse le camping où Pascale
    s’est levée spécialement pour me voir passer, ce camping dans lequel je faisais des séances de fractionné, puis la route se met à monter. Seulement une heure de passée ! 30 minutes plus tard, ça va mieux, surtout dans les descentes, et je reprends un rythme plus soutenu et surtout moins douloureux. Cette étape est courte, il faut en profiter pour ne pas s’emballer, pour filer un train qui ne sera pas payé cash demain lorsqu’il faudra rejoindre Monts-sur-Guesnes. 
    Deux petits flans dévorés dans le Layon, c’est magique surtout quand vous êtes affamé d’aliments différents que ceux proposés aux postes de ravitaillement ! Ma petite famille a fait plusieurs km pour en trouver, je les remercie très fort. Et je poursuis ma route. Cela ne devrait pas être trop long maintenant, surtout que les douleurs ont régressé en intensité, mais « Attention ! Il y a demain ! » me rappelle ma lucidité. 
    Comme prévu, les derniers km sont pénibles à cause de la circulation. Les gens semblent féroces et agressifs au volant. Peut-être parce que nous sommes lundi et que le week-end est terminé. 
    L’arrivée à Doué se fait à quelques dizaines de mètres du gymnase, sur une place où il y a un café à la terrasse duquel sont attablés mes collègues coureurs arrivés depuis assez longtemps maintenant. 
    Il est 13H40, je vais aussi avoir du temps devant moi, pour bien récupérer, surtout que Pascale, Gaëlle et Lorris qui rentrent ce soir à Nantes, prennent en charge toutes mes petites affaires : lavage du linge, préparation d’une collation, soins, massages…

     

    ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    Finies les bosses ! Profil plat toute la journée. 4,5 km de route infernale et dangereuse avant Montreuil-Bellay (il y en avait 30 comme ceux-là en 2001 & 2002 !), routes très calmes ensuite. Sentier ombragé sur 4 km pour finir l’étape. [Off-road = 6 km] (extrait du road-book) 

    7è étape, soit une semaine de course: autant de km en 7 jours qu'en un gros mois de cap, ou qu'en un et demi normal. 

    Commentaires : Je n’ai plus d’accompagnateurs. Ma petite famille est rentrée au bercail. Étape pas trop difficile car douleurs aux tendons apprivoisées. 2 "flector" sur les tendons. Essai alternance 60 pas courus/20 pas marchés (comptine dans la tête !) 
    Tenue : débardeur noir + maillot blanc + short noir + Nirvana N°2. 
    Météo : soleil + nuages, frais à chaud en absence de vent. 
    Alimentation : idem hier sauf les flans, mais un pain aux raisins quand même ! 
    CR
    7è étape aujourd’hui, comment vais-je gérer à la fois le départ des miens et l’accroissement de mes douleurs ? Le début est assez difficile, mais je me rends vite compte qu’en adoptant mon propre rythme ça va un peu mieux. J’ai choisi d’alterner pour cette étape des courtes fractions de course, 30 à 45 secondes avec de très courtes périodes de marche, 10 à 20 secondes au maximum. J’ai mis deux « Flector » sur mes tendons d’Achille, j’ai deux talonnettes de Sorbothane dans mes Mizuno et la douleur semble apprivoisée. Un ex-Transe Gaulois m’a dit qu’il parlait à sa douleur, qu’il l’avait maîtrisée de cette façon. Je vais essayer, en tout cas, ça ne me coûtera rien de le faire, même si ça peut paraître débile !
    Aujourd’hui le temps est un peu couvert et donc moins chaud et le profil est assez plat. Seules difficultés, les routes bien fréquentées aux abords de Montreuil-Bellay, ainsi que les rudes pentes dans cette ville.
    Le parcours est encore une fois très agréable au niveau du paysage, et après avoir traversé hier une région viticole, nous avons le droit cette fois à une région de cultures variées, qui vont des céréales aux melons. Les villages traversés sont toujours aussi désertiques, certains, rares, ont un commerce. Je m’achète d’ailleurs un pain aux raisins. Parfois rencontrons-nous les facteurs en voiture. J’ai dit les facteurs, mais en réalité il n’y en a qu’un qui fait ses livraisons en voiture jaune, mais qui nous double ou nous croise plusieurs fois dans la matinée !
    Les 20 km qui suivent ces petits villages vont paraître longs car nous restons toujours sur la même départementale, et les bornes ne défilent pas très vite, même si à Loudun on traverse une « grande ville » ce qui nous change les idées.
    Seuls les 5 derniers km, dont 4 dans un chemin où passait jadis le train, rompent cette monotonie.
    L’arrivée au village se fait après une dernière côte au pied du château de Monts qui date du X
    Vème siècle et que nous pourrons visiter si le cœur nous en dit.
    Il est 14h passées, je vais avoir du temps pour m’organiser, me soigner, manger, peut-être dormir…avant le vin d’honneur qui nous attend à la mairie ce soir.
    Après les deux courtes étapes d’hier et d’aujourd’hui, il faut penser à se préparer pour les trois suivantes qui feront entre 64 et 70 km. Il faudra compter entre 1
    h30 et 2h30 de plus.
    Ce soir, c’est encore un repas au restaurant. Le patron, spécialement pour le passage de la Transe Gaule, a avancé son retour de vacances et sa réouverture. Encore une soirée conviviale ! Mais il faut vite penser à se coucher, car demain … sera un autre jour.

    ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)
    Paisible étape à travers le Poitou, entrecoupée par la traversée de Châtellerault sur la Vienne. Passage du 500ème kilomètre ! Belle fin d’étape après Vicq, le long de la Gartempe, affluent de la Creuse, jusqu’au magnifique village d’Angles, classé parmi les plus beaux villages de France. (extrait du road-book)

    Commentaires : étape difficile car longues lignes droites au début et partie vallonnée sous la chaleur sans ombre (ou peu). Départ assez douloureux puis comme hier, reprise du rythme 60/20 ou 80/20. Début nouvelle douleur sur dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) et toujours les deux tendons d’Achille douloureux (plus à gauche qu’à droite). Ai découpé mes deux chaussettes. 
    Tenue : maillot noir + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°2 
    Météo : frais le matin, ensoleillé et chaud l’après-midi. 
    Alimentation : idem hier + un panaché ! 


    CR : me étape

    Cette huitième étape fut difficile car il y avait de longues lignes droites au début et la partie vallonnée fut traversée sous la chaleur et sans ombre (ou peu). Le départ a été assez douloureux puis comme hier j’ai repris un rythme de 60 pas courus pour 20 marchés (ou 80/20). Une nouvelle douleur sur le dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) est apparue, s’ajoutant à celles, toujours présentes aux deux tendons d’Achille (plus à gauche qu’à droite). J’ai découpé mes deux chaussettes pour ne pas comprimer le bas des jambes. 
    Après 25 km de départementale (« Je hais les routes départementales ! » disait Jean Yanne dans un sketch), nous avons traversé Châtellerault pendant près de 5km. Cette seconde ville du Poitou après Poitiers était un peu plus animée, sur les coups de 10h/10h30 et, une fois quittée, ce fut à nouveau le désert. Juste un peu de vie à Senillé où je m’arrêtai dans un café, chez Capucine, pour prendre un petit panaché bien mérité, et pour remplir mes bidons d’eau fraîche. 
    Revigoré par cet intermède, je me laissai
    s aller jusqu’au km 42 où la marque 500ème km depuis le départ était indiquée. 
    La suite fut comme d’habitude, sauf qu’à un moment je rattrapai
    s le coureur Brésilien en perdition. Sébastiaõ était scotché là, et seul Gérard Bertin (un ancien champion de tennis de table habitant dans le Calvados) décida de finir l’étape avec lui. Après coup, j’ai regretté de n’être pas resté avec eux, mais j’ai dû manquer de lucidité et je n’ai pas su me rendre compte dans quel état de détresse il était. 
    L’arrivée se situait à la sortie du village, après une descente très très raide que je dus effectuer en marchant tellement elle faisait mal. Les deux compères précédemment cités arrivèrent quelques minutes plus tard, en pleurs d’avoir tant souffert pour l’un et de s’être sacrifié pour le second. Mais il sera récompensé plus tard, quand on racontera son dévouement du moins je l’espère. 
    La salle des fêtes qui nous hébergeait ne possédant pas de douches, nous avons dû aller au camping voisin, à pieds, pour nous doucher et laver notre linge. Le temps de faire tout ça, et il était déjà près de 17h. 
    Le soir, nous n’avions pas à bouger, c’était une soirée Bolino, et on allait pouvoir se reposer et préparer la longue étape du lendemain.

     

    ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    Longue mais belle étape démarrant au confluant du Poitou, de la Touraine et du Berry, en limite du Parc de la Brenne pour aboutir dans le Limousin. 100% p’tites routes. Rien que du bonheur, et pendant 70 km ! Pas mal de travail pour les routeurs. MI-PARCOURS entre la mer et la mer au
    km 61 de l'étape. (Extrait du road-book) 

    Commentaires : à cause de la pluie et du vent, choix de course plus lente
    Tenue : déb
    ardeur Jaune, maillot rouge, short noir, nirvana N°2 + poncho !!! 
    Météo : pluie toute la journée : poncho. Couru avec Marcel et Matthias. 
    Alimentation : idem 

    me étape, la seule de la TG sous la pluie! Et ce soir on en aura fait la moitié !!! 


    Quand nous nous sommes réveillés, le premier réflexe fut d’aller consulter le ciel, comme tous les matins, et là, surprise, il pleuvait. Certes, pas une pluie violente, mais un crachin ressemblant à celui qui arrose fréquemment le pays Breton. Les préparatifs habituels se firent dans la bonne humeur, et chacun ajouta à sa panoplie un K-way, un poncho ou un coupe-vent. Les maillots se firent aussi plus épais et les caisses de ravitaillement furent remplies de vêtements de rechange, des fois que la pluie cesserait, on peut rêver ! 
    Le départ fut donné à 7 heures pour cette longue étape de 70 km. Dès le démarrage, il fallait remonter l’énorme côte que nous avions descendue la veille, le tempo de la course fut rapidement donné. Comme le vent décida de s’en mêler, on se dit que ça allait être une journée de m… ou à la c… si vous préférez. Donc certains décidèrent qu’il fallait en profiter pour ne pas laisser de plumes et le rythme de la course fut plus lent que lors des jours précédents. 
    Trois ou quatre fois je décidai de retirer mon poncho, la pluie ayant cessé, mais dans les cinq minutes qui suivirent, elle recommença à tomber, souvent plus fortement qu’avant. Quelques kilomètres après le départ, nous avions décidé, Marcel, Mattias et moi de rester ensemble, et qu’il ne servirait à rien de foncer car nous avions toujours dans la tête l’étape du lendemain, et celles des jours suivants. Marcel, qui courait avec le drapeau breton, était gêné par le vent, et je dus lui nouer un morceau de rubalise autour pour l’attacher. Mattias souffrait, mais de nous savoir avec lui le rassura et lui permit de ne pas faire d’efforts supplémentaires à rechercher une trajectoire ou un rythme de course. Il fallait éviter les flaques mais aussi se méfier des autos qui nous voyaient au dernier moment. 
    Le mauvais temps cessa une demie heure avant notre arrivée, ce qui me permit d’ôter mon poncho. Nous terminâmes tous les trois ensemble, bien content d’en avoir fini avec la course et avec la pluie. 
    Peu de souvenirs des paysages, mais un moment important à retenir au km 61 : la marque de mi-parcours entre Roscoff et Gruissan-
    Plage : 580ème km (chronométré). Il faut en ajouter 6 du 1er jour. 
    La fin d’après midi fut consacrée aux soins habituels auxquels il fallut ajouter le lavage et le séchage du matériel : chaussures, poncho, porte bidons… 
    Le soir, on eut le droit à un repas-traîteur, et nous ne traînâmes pas pour nous coucher, car l’étape Limousine ne serait pas de tout repos, avec un dénivelé important. 


    ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km) 
    Le Limousin, pays de l’arbre et de l’eau, vous accueille pour les trois prochaines étapes. Pays de vacances vertes, loin des foules, où le citadin vient oublier la couleur du béton. Belle étape, sans difficultés majeures même si on aborde les contreforts du Massif Central. Gros raidillon de 1 km pour atteindre l’arrivée dans Bourganeuf. Onze derniers km sur la D912 un peu chiants car plus de circulation. [Off-road = 1,5 km] (extrait du road-book) 

    Commentaires : vitesse supérieure = moins de douleurs !!! 
    Tenue : débardeur noir, maillot blanc, short noir, nirvana N°1. 
    Météo : frais le matin jusqu’à midi puis soleil pas trop chaud. 
    Alimentation : idem 

    10è étape :celle où je me dis que si j'allais plus vite j'arriverais plus tôt ! 

    Au réveil de cette 10è journée, mon regard fut porté vers l’extérieur de la salle qui nous hébergeait : le ciel était dégagé, il ne pleuvait pas. Je sentis qu’il faisait un peu plus frais et je mis un maillot sous mon débardeur. 
    Le départ fut donné à 7h07, et comme d’habitude il fallut attendre quelques km pour savoir si on était bien ou non. L’étape pluvieuse de la veille ne sembla pas avoir laissé de traces, et au bout d’un moment, je remarquai qu’en allant un peu plus vite j’avais moins mal. Je pris donc la décision et le risque de passer à ma vitesse de croisière, soit environ 9km/h (en réalité, à 10 sur le plat et dans les descentes, à 8 ou en marchant un peu dans les côtes). Le paysage verdoyant et vallonné était un plaisant compagnon. Je côtoyai des coureurs qui d’habitude étaient loin devant moi, mais pour des raisons de blessures, de fatigue ou de prudence, ils avaient réduit leur allure et moi j’avais augmenté la mienne… 
    Je finis l’étape à près de 9km/h de moyenne, en 7h12 environ, et j’étais content de n’avoir pas trop souffert. La météo avait été clémente, le soleil pas trop chaud, seule ombre au tableau : les douches étaient froides ! 
    Mon arrivée ayant eu lieu vers 14h20, j’avais du temps pour moi, et j’en profitai, une fois toutes les petites corvées effectuées, d’aller faire des courses à la supérette du coin. J’achetai des boissons fraîches, de la confiture, tout un tas de petites choses dont j’avais envie pour me changer des
    Bolino. 
    Je voulais tellement profiter de ce temps libre pour récupérer que je préférai rester dîner au gymnase plutôt que d’aller au pot offert par la mairie, puis dans un restaurant où j’aurais laissé et des sous et de l’influx. 
    Nous étions quelques uns dans ce cas et nous avons mangé ensemble à la salle. Nous avions aussi une pensée pour les « collègues » qui allaient (ou venaient juste de) s’élancer sur le parcours de l’UTMB. Solidarité du coureur, quand tu nous tiens ! 
    Pour m’endormir je mis le lecteur MP3 quelques minutes, puis j’écoutais les infos, avant de tout éteindre et de sombrer dans un sommeil réparateur. 
    Demain on court la plus courte étape de la Transe Gaule, mais elle est assez vallonnée, parce qu’elle commence par une montée de 22km, mais sans forts pourcentages, car on ne passe que de 400 m d’altitude à 700 m, mais ça remonte sur la fin pour se finir vers 800 m. On verra bien. 

    ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    Courte étape …mais longue ascension douce et quasi continue de 22 km vers le Lac de Vassivière (1000 hectares), le plateau de Millevaches à 1000 mètres d’altitude. Profitez du paysage, c’est trop beau ! 700è
    me km franchi et, dans une semaine : LA MER… Le repas de ce soir est préparé par Pascal Dambon, boucher-charcutier-traîteur à Peyrelevade …et centbornard. Le repas est offert par la municipalité de Peyrelevade, Oscar de l'Accueil 2001, 2002 et 2004 décerné par la Transe Gaule.(extrait du road-book) 

    Commentaires : 22km de montée pas trop forte, puis descentes et routes vallonnées. Vitesse toujours élevée pour ressentir moins de douleurs. 
    Tenue : débardeur jaune, maillot rouge, short rouge, nirvana N°2. 
    Météo : Frais le matin jusqu’à midi, puis chaleur sous le soleil sans ombre. 
    Alimentation :idem 

    Étape 11 : Alors, raconte... 
    Au lever, une sorte d’euphorie régnait dans le gymnase, était-ce parce que l’étape était courte et qu’on allait pouvoir arriver plus tôt ? Demain nous attend la plus longue course de la TG : 77km, donc c’est le moment de ne pas faire de bêtises. 
    Le départ, lancé vers 7h comme d’habitude, fut prudent, et la première montée arriva rapidement pour… ne s’avérer n’être qu’une courte côte suivie d’une descente douce puis la montée reprit et à chaque fois suivie d’une partie plus douce. Il fallut attendre quelques km avant de véritablement monter de façon continuelle, mais jamais la pente ne fut raide. J’avais opté pour la même stratégie que la veille puisque mes douleurs étaient moins intenses à vitesse plus soutenue. 
    Qu’il était beau le Lac de Vassivière! Je n’y étais pas venu depuis un contre la montre lors du Tour de France où Riis et Indurain luttaient pour le maillot Jaune. 
    Le reste de l’étape aussi proposait de beaux coins. 
    Il avait fait bon, frais, jusque vers 11h, mais dans les parties où il n’y avait pas d’ombre, le soleil s’avérait être assez chaud. Heureusement que mon arrivée eut lieu avant 13 heures, je n’avais pas trop souffert de la chaleur, ni de mes tendons d’ailleurs. Moyenne du jour: 8,8
    km/h
    Après l’arrivée, il fallait prendre un véhicule pour être acheminé vers le gymnase et le camping où nous prendrions une bonne douche. 
    J’eus du temps pour écrire des cartes postales, pour trier ce qui était utile ou non, pour me reposer aussi. 
    Le pot, offert par la municipalité, ainsi que le repas, préparé par un traiteur marathonien et cent bornard, furent très conviviaux et de très bonne qualité. Cela rattrapait le
    piètre hébergement : salle au sol terreux et poussiéreux où les deux WC fuyaient continuellement et où des jeunes avaient organisé une fête qui allait durer tard dans la nuit. Et comme le départ de la plus longue étape était fixé à 6h30 le lendemain, on se demandait comment on allait faire pour s’endormir. Les autres sanitaires se situaient au camping et il fallait des clés pour y accéder. J’imagine demain matin les navettes pour se préparer ! 
    En plus, dans cette région, les portables ne passaient pas. Pour un samedi soir, je n’allais pas pouvoir rassurer ma petite famille. Tant pis, je décidai que le lendemain je courrai
    s avec le portable et que je téléphonerais de Meymac vers 9 ou 10h. Avec les autres coureurs, nous avons essayé d’avoir des nouvelles des autres courses : l’UTMB, les 100 km de Sologne…mais rien ne passait vraiment ce soir. Vivement demain ! 

    Et bien, nous y voilà au demain d'hier! 

    ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km) 

    Longue étape de caractère, traversant d’abord le Plateau de Millevaches jusqu’à MEYMAC. Ensuite, très belle petite route perdue (la D47 sur 26 km) entre MEYMAC et NEUVIC, avec quelques jolies bosses. Après NEUVIC, longue descente (14 km) jusqu’au lit de la Dordogne puis remontée d’autant (12 km) jusqu’à MAURIAC. C’est déjà le Cantal et l’Auvergne, l'accent commence à chanter, les poteaux de rugby apparaissent, on dirait le Sud…(extrait du road-book) 

    Commentaires : étape très vallonnée (montagneuse), mais beaux paysages avec lever de soleil sur la chaîne des puits. Vallée de la Dordogne, montagnes avec bruyère et animaux !!!! Joli !!!! 
    Fin difficile avec Fabrice Rosa, Alain et Christophe. 
    Tenue : débardeur jaune, short noir, Nirvana N°1 
    Météo : soleil, ombre pour fraîcheur, sinon chaleur 
    Alimentation : idem 

    Ce soir, nous aurons fini la deuxième semaine, et demain on attaque la dernière. 
    Étape 12 :
    En ce dimanche 28 août, pour la plus longue étape de la Transe Gaule, 77km, le départ fut fixé à 6h30. On aurait pu partir à 6h, mais « pour couper la poire en deux » entre les partisans d’un départ à 7h et ceux qui étaient plus matinaux, l’organisateur trancha. 
    Comme je restais sur deux étapes un peu plus rapides, courues à près de 9 km/h de moyenne, et que les tendons m’avaient fait moins souffrir, je décidai de repartir sur les mêmes bases ; pas dès le début de l’étape, mais à partir du moment où je serais échauffé. Il fallait aussi tenir compte du dénivelé total de l’étape : plus de 1000m. 
    Les 10 premiers km étaient en montée, et au fur et à mesure que le jour se levait, on pouvait découvrir de magnifiques collines et montagnes boisées ou recouvertes de bruyère ce qui donnait à cette aube de fin août des couleurs sublimes, allant de tous les dégradés de verts jusqu’au violet. Arrivé au km 7, on a pu profiter d’un magnifique lever de soleil sur la chaîne des Puys. Nous étions juste à côté de la source de la Vienne, et on allait arriver à Millevaches dont l’altitude est de 1000m environ. 
    Ensuite, il fallait rallier Meymac, sur une route assez vallonnée où il y avait un peu plus de circulation, notamment des camions. Il était 9h : je décidai d’appeler ma famille pour donner des nouvelles, ce que je n’avais pu faire la veille là où les portables ne passaient pas. Tout le monde fut rassuré, et soulagé d’un poids, je continuai sur mon petit rythme. Un autre coureur fit la même chose que moi, et il envoya aussi des messages d’encouragements aux coureurs de l’UTMB. 
    Je me retrouvai seul un peu plus loin, plus par choix de ne pas m’arrêter aussi longtemps que les autres coureurs qui n’hésitaient pas à rester 5 voire 10 minutes pour s’alimenter
    aux ravitos. J’avais pris l’habitude depuis quelques étapes, de remplir rapidement mes bidons d’eau en y ajoutant des sucres et du sel, de manger des bouts de melons, de pêches, de bananes… et de repartir avec une banane entière que je mangeais tout en courant ou lors des parties marchées. Au total mon arrêt n’excédait pas deux ou trois minutes, ce qui en fin d’étape me faisait gagner (ou me donnait l’impression d’avoir gagné) une quinzaine de minutes. Donc je pouvais marcher à d’autres moments où les coureurs dont je parlais ne marchent pas. 
    Les villages traversés étaient typiques du Massif Central, avec leurs toits faits de grandes pierres (les lauzes), leurs vieilles églises, leurs ruelles… Le paysage composé de monts, lacs et vallées, de champs où paissaient de nombreux animaux (Ah ! les vaches de Salers !), était assez distrayant, faisant oublier la longueur de l’étape. 
    Mais les douleurs me la rappelèrent. Avec l’accumulation des km, elles commençaient à redevenir gênantes pour la course et j’avais beau courir sur le côté droit de la chaussée, ou à gauche, ou sur les bas côtés dans les descentes, cela devint un véritable calvaire. Je dus m’arrêter plusieurs fois pour marcher, et même la marche me faisait beaucoup souffrir. Je commençais à m’inquiéter car leur localisation n’était plus au niveau des tendons d’Achille, mais sur le devant, comme si j’avais une périostite ou une fracture de fatigue (dans la tête, quand ça ne va pas fort, on pense à plein de trucs et on imagine le pire !) 
    Il fallut que le petit groupe de coureurs avec qui j’avais passé le début de l’étape revienne sur moi et m’encourage pour que je continue à courir. Mais je ne pouvais courir qu’en côte, les descentes étant devenues hyper douloureuses. Donc ils me lâchaient dans les parties descendantes et je les rattrapais dans les portions montantes. Nous arrivâmes tous les quatre ensemble en un peu moins de 9h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. 
    Dès l’arrivée, je me renseignai auprès d’autres coureurs ou accompagnateurs, et on me rassura un peu, en me suggérant de mettre des bandes anti-inflammatoires (« Flector ») sur les endroits touchés et de les garder toute la nuit et lors de l’étape de demain. 
    Les petits rituels effectués, je passai le reste de mon temps à me reposer, alternant l’application de poches de glace sur les douleurs et les moments de relaxation où je mettais mes jambes en l’air le long d’un mur. Les soins suivirent, puis le repas « bolinesque », et ensuite le sommeil. Le lendemain on entamerait la série de 4 étapes dont le kilométrage décroît : 66, 62, 57, 55. Ce serait aussi le début de la dernière semaine de course : plus que 6 étapes ! Enfin ! Ou déjà ! Ça dépend de l’état général du bonhomme.

     

    Voici maintenant les étapes "galères", celles où tout faillit être gâché par ces satanées douleurs, mais où la volonté et le courage, insoupçonnés jusqu'alors chez moi, ont pris le dessus. 

    ÉTAPE 13 / Mauriac -- Aurillac : 66 km D+ 1100m / CUTOFF 12h00mn (total 849 km) 
    Baptisée ‘’L’Auvergnate’’, cette étape restera à coup sur dans les mémoires (et peut-être aussi dans les jambes). Balade à travers tout le Cantal, avec la visite du village médiéval de SALERS que vous traverserez par ses ruelles étroites (véhicules détournés). Puis, tout là-haut sur « la Route des Crêtes », panorama à 360° (retournez vous) sur les Volcans d’Auvergne et passage au point culminant de la Transe Gaule (1231 m) avant de redescendre vers Aurillac par la Route des Crêtes. A couper le souffle ! Essayez quand même de le garder… (extrait du road-book) 

    Commentaires : amplification des fortes douleurs aux jambiers : visite chez le médecin pour me rassurer et pour prescription de médicaments adaptés. (anti-inflammatoires). 
    Étape très vallonnée avec 4 cols et de longues descentes traumatisantes. 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur ? me souviens plus ! 
    Météo : beau et chaud dans les vallées. 
    Alimentation : idem 

    Étape 13 "porte bonheur"? Mon œil !!! 

    Au lendemain d’une longue étape, la première chose que l’on fait, c’est de vérifier si on arrive à se mettre debout. Car la terre est basse, et quand on est allongé sur un petit matelas très peu épais, c’est assez difficile de se lever, surtout quand on mesure 1,90 m. Cette fois-là, ce fut dur, les douleurs apparaissant dès la position debout. Que la journée s’annonçait difficile ! 66 km avec 1100 m de dénivelé, et 4 cols à passer ! 
    Ce ne sont pas trop les montées qui m’effrayaient, mais les descentes, surtout quand le pourcentage est fort. J’avais déjà entrevu, hier, le genre de douleur que cela occasionnait, mais là, j’allais être servi. Déjà en quittant Mauriac, la route était vallonnée et la prudence a fait que je passai le premier village en 1h pour 8 km. Ensuite, il fallait aller jusqu’à Salers, et au lieu de contourner la ville, le parcours empruntait les remparts. Riche idée, si l’on veut profiter de la course pour visiter de très jolis coins, mais quand les maux se font de plus en plus violents, on ne profite pas vraiment de tous ces magnifiques endroits. Enfin, en marchant en de multiples occasions, je pus quand même admirer les ruelles et les maisons de ce village moyenâgeux. 
    La sortie fut en revanche pour moi quelque chose d’assez déplaisant : 3,5 km de forte descente pour se diriger vers Fontanges. Des lacets, des rampes pentues, tous les ingrédients pour amplifier mes douleurs aux jambiers ! Et on n’avait pas encore attaqué les cols !!! 
    Fontanges fut atteinte en peu plus de 3h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. Sur le moment, ça me rassura car avec les montagnes maintenant, la course serait plus lente. Encore 3 km de faux-plat montant et me voici au ravitaillement du 30è
    me km. Je pris soin de bien m’alimenter et de recharger les bidons, car le 1er col était à 3 km, suivi de la montée vers le suivant 6 km plus loin. Donc, ça allait être long, mais comme c’était en côte, je n’allais pas trop souffrir j’espérais. Fontanges étant à une altitude de 700 m environ, je crois, il fallait donc grimper 500 m de dénivelé en 9 km, soit une moyenne de pente de 5% ce qui paraît peu comparé aux 18% de descente raide après Salers. Mais, la pente n’était pas uniforme et de temps à autres un faux plat succédait à un raidillon. Le col de Legal fut franchi peu après midi, au bout de 5 heures de course (Km 40, soit une vitesse moyenne depuis le départ de 8 km/h, ça avait baissé !), et la suite était plutôt constituée de descentes, parce que les deux autres cols se situaient à des altitudes inférieures aux 1231 m du Legal. Nous restâmes sur la crête pendant un moment, et en se retournant on pouvait admirer la chaîne des Puys que nous allions quitter définitivement une fois arrivés à Aurillac. 
    Et cette arrivée, qui n’arrivait pas ! Et ces douleurs qui s’étaient encore amplifiées dans les descentes, et qui me torturaient maintenant au point de m’en faire pleurer par moments. C’est que, en plus, l’inquiétude me gagnait : fracture de fatigue ? Périostite ? Les mêmes doutes que la veille accentués par l’augmentation du mal. 
    Je finis l’étape à l’agonie, la peur au ventre de ne pas pouvoir repartir le lendemain, le moral complètement cassé. J’avais réussi à maintenir ma moyenne au-dessus de 8 km/h, je me demande bien comment après coup. 
    Le passage sous le portique d’arrivée me soulagea d’être là, et je le franchis comme toujours avec le sourire, alors qu’au fond de moi c’était l’horreur d’avoir à affronter le médecin. 
    On avait pris un rendez-vous pour moi à Aurillac, et je me dépêchai d’aller prendre ma douche afin de consulter. Il m’ausculta, fit plusieurs examens et palpations, et m’annonça qu’il n’y avait ni fracture de fatigue, ni périostite, juste une forte inflammation des jambiers, surtout celui de droite. Il me prescrit des anti-inflammatoires en cachet et en pommade, ainsi qu’un médicament pour me protéger l’estomac, car autant les fruits frais m’avaient laissé tranquille, autant les anti-inflammatoires risquaient de me détraquer « les boyaux ». 
    Après le passage à la pharmacie, qu’il a fallu chercher un bon moment car on était lundi, j’en profitai pour m’acheter de quoi manger pour ce soir : sandwiches complets et flans natures ! Un peu de réconfort dans ce monde de brutes ! 
    Naturellement, la récupération fut courte, il fallait rattraper le temps perdu en ville pour préparer le lendemain. 
    La soirée fut difficile, la nuit très courte à cause des douleurs. 
    Comment allait se passer l’étape du lendemain ? Cela m’a travaillé l’esprit lors de mes insomnies.

     

    ÉTAPE 14 / Aurillac -- St Cyprien-sur-Dourdou : 62 km D+ 615m / CUTOFF 11h17mn (total 911 km) 
    Traversée de la ville d’Aurillac en guise de réveil. Attention au fléchage, pas évident dans la circulation matinale. Vallée du Lot, entrée en Aveyron. Pas âme qui vive entre
    les km 29 et 45 et il peut y faire très chaud. Remplissez vos gourdes. Passage au pied de CONQUES, excursion très conseillée en soirée. (extrait du Road-Book) 

    Commentaires : Douleurs au jambier droit tout le long de l’étape puis au gauche aussi en 2è partie. 
    Tenue : short noir, débardeur jaune, nirvana N°1 
    Météo : chaud, 30° obligé de s’arroser pour se rafraîchir 
    Alimentation : idem 

    Récit de la 14è étape, où je termine avant-avant dernier 
    Allez, ce matin il faut se lever. Dans quel état j’erre ! Gardons une pointe d’humour pour dédramatiser la situation. J’ai mal, oui, mais je ne suis pas le seul à souffrir, et c’est moi qui ai voulu être là ! 
    C’est avec ce mental que je me levai ce mardi 30 août. Avais-je dormi ? Oui, un peu, mais de tout le temps bouger sur le matelas pour trouver une meilleure position me provoquait des douleurs que j’aurais bien voulu oublier pendant la nuit. 
    Le rituel pliage-de-sac-petit-déjeuner-mise-en-tenue-etc. se déroula comme d’habitude. Nous dûmes rejoindre le site du départ à pieds, ce qui donna un aperçu des difficultés à se mouvoir pour certains d’entre nous. En plus, le départ étant situé sur les hauteurs d’Aurillac, nous devions débuter l’étape par une raide descente. Quand le drapeau s’abaissa, pour cette étape de 62 km uniquement (si l’on comparait avec celles des deux jours précédents), je décidai de ne commencer à courir que lorsque j’arriverais sur du plat. Oui, mais à ce rythme, je me retrouvai dernier, ou avant dernier, car Sigrid, la coureuse allemande était juste derrière moi. Il ne fallait pas se laisser décrocher par le gros de la troupe. Peu à peu, mon corps s’échauffa, et je retrouvai un rythme de course plus en rapport avec l’habituel. Les premières côtes, douces, furent avalées assez facilement, c'est-à-dire sans trop de douleurs. Ma vitesse moyenne était quand même descendue sous les 8 à l’heure, et jusqu’à Cassaniouze (Km 36) on peut dire que « j’avais sauvé les meubles » ! 4h 50 de course, soit du 7,5 km/h, c’est lent. Mais maintenant, il y avait 10 km de descente jusqu’au franchissement du Lot. 
    C’est que la chaleur était venue s’en mêler : à midi, il faisait déjà par endroits près de 30°, et toute cette 1ère partie d’étape était peu ombragée. En plus, la douleur s’était étendue aux deux jambiers, si bien que je ne savais pas où courir pour la ressentir le moins possible. Alors dans la descente, j’ai dû marcher pendant de longs moments, et ce qui fut encore plus difficile pour le moral, ce fut de voir plusieurs coureurs me dépasser, eux qui lors des 13 étapes précédentes avaient toujours été derrière moi. Mais ma vitesse lente expliquait cela, alors qu’eux n’allaient pas forcément plus vite que d’habitude. 
    Il restait 15 km quand je passai le Lot, le tout en faux-plat montant et sous une chaleur ! Je fus obligé à maintes reprises de m’arroser, m’arrêtant parfois dans un café pour boire un panaché frais et pour refaire le plein d’eau froide, car dans mes bidons, elle devenait tiède. 
    L’arrivée fut interminable, je mis presque le même temps que la veille pour 4 km de moins. Ma moyenne sur cette étape avait été basse : 7,6 km/h. En plus j’étais arrivé 22è
    me sur 24. Le moral et (il faut bien l’avouer) l’orgueil en ont pris un coup. Mais la raison me rappela que l’objectif initial était d’aller au bout de la Transe Gaule. 

    Les douches n’étaient pas à la salle. Il fallait aller au camping ou à la piscine. Je préférai la piscine. Peut-être que de me baigner allait diminuer mes douleurs ? Sur le coup, ce fut bien agréable : on se retrouvait à plusieurs coureurs, mélangés aux vacanciers, c’était sympa. 
    Ensuite, comme il y avait des commerces, je pus me ravitailler et manger autre chose que ces sacrés Bolino, qui commençaient à en
    écœurer plus d’un, tellement on en avait pris avant. 
    Ce soir-là, il fallait aussi soigner efficacement les deux jambiers, en leur appliquant de la pommade et en les enrobant d’une membrane plastique type «
    Scello frais » pour que ça « marine » bien (conseils d’anciens). 
    Il fallait aussi récupérer, ne pas trop se disperser à s’affairer à gauche ou à droite. Le lendemain, on avait une étape encore plus courte (57 km) et on passerait en théorie moins de temps sur le bitume qu’aujourd’hui. 
    Mais le gymnase avait subi les rayons du soleil toute la journée et il s’avéra être une fournaise la nuit tombée. Alors, le sommeil en pâtit.

    Allez ! Aux suivantes ! (Sur l'air de la chanson de Jacques Brel "Au suivant! ") 

    ÉTAPE 15 / St Cyprien-s/-D. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 
    Montée vers la ville ‘’rose et grise’’ de Rodez, chef-lieu de l’Aveyron, capitale du Rouergue et haut-lieu historique de naissance du ‘’Carnet du Bipède’’ et de ‘’VO2 Marathon’’, haut perchée sur son belvédère. Descente dans la Vallée du Viaur. Dans sa jeunesse, Monsieur le Maire de Cassagnes fut un honnête coureur de 400 mètres… D'ailleurs, il court toujours, du matin au soir ! (extrait du road-book) 

    Commentaires : beaucoup de souffrances en descente et sur le plat (jambiers) 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur jaune 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    15ème étape : dernier jour du mois d’août. Plus que 4 en comptant aujourd’hui. Comme c’est plus court, il faut récupérer, afin d’assurer les deux dernières qui seront de 71 et 72 km. 
    Facile à dire tout ça. Mais dès le départ je sentis bien que ça allait être encore pire que la veille. 
    Tout alla quand même relativement bien jusqu’aux abords de Rodez : 3h30 pour faire 27 km (soit du 7,7km/h de moyenne, c’est bas, mais ça reste acceptable), mais sur la piste cyclable à l’entrée de la ville, je sentis mes douleurs s’accroître. De plus, en ville, il fallait être attentif au fléchage, bien suivre les indications du road-book, faire gaffe aux autos dont les conducteurs devaient se demander qui étaient tous ces « zombies » portant sacs ou bananes et dossard. Rodez n’étant pas une ville plate, nous dûmes grimper fort pour atteindre le ravitaillement. Par la suite, il fallait redescendre, aïe, aïe, aïe ! Jusqu’au franchissement de l’Aveyron (km 31). 
    Je savais que seuls Sigrid, Eric Martin et Jean-Hervé étaient derrière moi. Quand les deux derniers me rattrapèrent j’essayai de maintenir le contact, mais j’étais plus comme un boulet pour eux, et je leur demandai de continuer à leur rythme. Donc, je me retrouvai avant dernier, mais il en faut bien un ! 
    Au gré des virages j’apercevais de temps en temps Jean-Hervé et sa femme qui l’accompagnait à vélo, d’ailleurs celle-ci me proposa de rester un moment avec moi le temps de me remonter le moral, mais je lui dis de filer et de profiter de la bonne forme de son mari pour continuer avec lui. C’est que Jean-Hervé, qui avait abandonné l’an dernier, avait connu un début de Transe Gaule très douloureux lui aussi, ce qui le fit courir à une vitesse très lente, mais dont il récupérait maintenant les bienfaits : il était guéri, et pouvait enfin se faire plaisir. Pour moi, le plaisir était parti momentanément car remplacé par les doutes. 
    Je terminai l’étape à plus d’un quart d’heure du précédent coureur et à près de 30 minutes de Jean-Hervé, ce qui montre quelle différence de tempo il y avait entre nous. J’ai effectué les 18 derniers km en plus de 2h30, soit à une moyenne de 7 à l’heure ! Effarant, pour moi qui cours les 100 km à plus de 10 km/h. Mais ce n’est pas la même course. 
    L’arrivée sous le portique sous les applaudissements des personnes présentes me réconforta, et un moment inoubliable aussi survint lors de mon
    entrée au gymnase : les autres coureurs m’applaudirent tous. Cela me fit chaud au cœur, moi qui étais à leur place avant, à applaudir les derniers arrivants ! 
    Je repris des forces au restaurant situé sur la ligne d’arrivée. Il était 15 heures, et le patron accepta de me préparer une assiette de crudités puis un plat de poulet froid avec des légumes, le tout accompagné d’un méga panaché et de deux poches de glace qui allaient me soulager le temps de cette petite collation. 
    Le repas du soir fut pris dans ce même restaurant, mais nettement moins sympa que dans l’après-midi, car le service fut dépassé par les événements et ne sut gérer le repas d’une quarantaine de personnes, coureurs de longues distances pour la moitié d’entre-eux. A oublier. 

    ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km) 

    Vallée du Tarn. Jolie route et peu de villages. 1000ème kilomètre juste après le charmant et minuscule village de LINCOU posé sur le bord du Tarn. Possibilité de traverser LINCOU par l’intérieur en version trail (sentier, escaliers, compter 2 minutes de perdues) ou alors de rester sur le bon goudron. [Off-road = 1 km](extrait du road-book) 

    Commentaires : idem qu’hier en pire !!! (au niveau des douleurs aux jambiers). Je finis près de 1H30 après le 21ème, et 34’ seulement avant Sigrid. 
    Tenue : nirvana N°1 + débardeur jaune + short rouge. 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    étape 16. Récit d'une moyenne qui fond comme neige au soleil, et d'un classement qui chute de manière inquiétante à deux jours du terme. 

    En ce 1er jour du mois de septembre, où j’aurais dû recommencer à travailler, nous eûmes droit à une courte étape. Mais pour moi, elle fut la plus lente de l’ensemble des étapes de la Transe Gaule : je ne le savais pas au départ, mais j’allais mettre plus de 8h15 pour faire les 55 km proposés, soit une moyenne inférieure à 7 km/h (6,6 plus précisément). 
    Bien sûr, il y avait comme d’habitude des montées et des descentes, de jolis villages à traverser, la marque du passage du 1000è
    me kilomètre de la Transe Gaule… Mais malgré cela, cette étape restera pour moi comme un mauvais souvenir : j’ai eu trop mal, encore plus que la veille ou que l’avant-veille, et pour la 3ème fois consécutive, je finis l’étape en queue de peloton ou presque, 23ème et ce à plus de 1h10 du 22ème et à 1h30 du 21ème. C’est dire que j’avais été lent, mais j’avais été au bout encore une fois et c’était là le seul motif de satisfaction de la journée. J’avais eu aussi les premiers troubles gastriques dus aux anti-inflammatoires : ce n’est pas très drôle ni très agréable de devoir s’arrêter en pleine campagne à chaque fois que l’organisme vous le demande ! 
    J’ajouterai quand même que je fus accueilli de la même façon qu’hier par les autres concurrents, sous les applaudissements, et que j’eus le droit d’aller prendre ma douche à l’hôtel-restaurant situé à côté de la salle qui nous hébergeait. Sinon, il aurait fallu aller au camping à quelques km de là. Après la douche, je commandai à manger au restaurant, et la patronne m’apporta une succulente omelette avec des frites et de la salade. Un morceau de fromage et un dessert par-dessus ça, ainsi qu’un petit café, et le moral était revenu. Plus que deux étapes !! Il faut tenir. 
    Le soir, nous sommes retournés au même restaurant où nous eûmes droit à un véritable repas pour coureurs. Mais parce que je voulais récupérer et anticiper la terrible étape du lendemain, je zappai le dessert pour aller me coucher au plus vite.

     

    ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 
    Très belle ’’étape de montagne’’, spéciale grimpeurs. Du dénivelé (positif et négatif) à revendre (D+ quotidien record avec +1350m) et le maillot à pois au vainqueur du jour. Monts de Lacaune, Monts de l’Espinousse et Parc Régional du Haut Languedoc. Descente de 2 km sur LACAUNE à se fracasser les quadriceps et les 10 derniers km avant ST PONS c’est encore pire ! L’étape est aussi exigeante pour les coureurs qu’elle est reposante pour le flècheur et pour les routeurs. Ça sent les vacances… 
    (extrait du road-book) 


    Commentaires : Un léger mieux sur la fin, une fois les jambes nettoyées à l’eau des anti-inflammatoires : c’étaient eux qui me donnaient des brûlures en plus des douleurs aux jambiers ! 
    Tenue : nirvana N°2, débardeur jaune, short noir. 
    Météo : chaud et recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem 

    Etape n° 17. 
    Avant dernière étape très longue et très vallonnée, 1350 m de dénivelé positif pour 71 km, celle où il faut absolument terminer pour être au départ de l’ultime étape de demain. Départ à 300 m d’altitude, arrivée aussi à 300 m d’altitude, mais 4 cols à passer dont deux à 1000 m ! 
    Cette belle étape « spéciale grimpeurs » aurait pu me plaire en d’autres circonstances, mais qui dit montées, dit descentes à suivre. Et il y en eut : à titre d’exemple, je citerai celle du 27è
    me km où la pente est très forte pendant 2 km. J’ai été obligé de la descendre en marche arrière, je ne pouvais plus ni courir ni marcher en avant tellement les jambiers me torturaient. 20 minutes pour descendre ces 2 km, j’ai du battre mon record de lenteur. J’avais atteint Lacaune (km 29) en plus de 4 heures de « course » soit à une moyenne effarante de 7,2 km/h. Et il restait l’équivalent d’un marathon à parcourir. Sachant que entre deux des cols à 1000 m d’altitude, il fallait descendre à 700 m, je me doutais qu’il devait y avoir encore d’autres moments difficiles avant la terrible descente de 10 km en lacets qui terminait l’étape. 
    Les douleurs étant trop vives par désespoir j’arrachai tous mes bandages aux jambes, et je décidai de laver à l’eau fraîche mes tibias et mes mollets car ça me brûlait très fort à ces endroits. Bien m’en prit, car je remarquai au bout de quelques minutes que les brûlures avaient diminué d’intensité, du coup les douleurs se firent moins sentir, et je pus reprendre un peu de « vitesse » si on peut appeler ça comme ça. 
    D’ailleurs, je finis les 15 derniers km en 1h52, soit à 8 km/h de moyenne. Et comme il y avait de la descente raide, je fus content de ne pas trop souffrir. Avais-je trouvé l’origine des violentes douleurs ? J’espérais que oui. On verrait ça le lendemain où je devais absolument ne rien mettre sur mes blessures, ni anti-inflammatoires ni autre crème. 

    Et la dernière étape arriva ! 

    ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Dernière montée sur 9 km à la sortie de St-Pons. Au km 18, vous découvrez la Méditerranée (si temps clair) puis longue descente vers le Roussillon jusqu’à AIGUES-VIVES. Puis 15 kilomètres de rêve le long du canal de la Robine entre pins parasol et platanes pour atterrir à NARBONNE... et ses embouteillages.
    Épilogue en douceur sur 17 km de petite route plate et tranquille entre les rizières. A l’entrée de GRUISSAN, suivre le canal, droit vers le mer. La ’’Plage des Chalets’’ et ses maisons sur pilotis immortalisées dans le film culte de J.J. Beinex ‘’37,2° le matin’’ vous attendent. Enfin, 150 mètres de sable fin avant le plongeon dans la Grande Bleue. Arrivée aquatique ! [Off-road = 10 km] 
    (extrait du road-book) 

    Commentaires : nous fûmes 3 à partir très tôt (pour raisons de lenteur naturelle ou à cause des blessures), et bien nous en a pris, car nous avons évité la chaleur même si sur les coups de midi (vers Narbonne) il a commencé à faire chaud. 
    Tenue : débardeur jaune, short rouge, Nirvana n°2 
    Météo : nuit fraîche à souhait, matinée douce et légèrement venteuse, reste un peu plus chaud, mais parcours longtemps ombragé le long des canaux. 
    Alimentation : idem + 2 flans !!! 

    18è étape de la Transe Gaule : l’apothéose ! 

    Le départ fut fixé à 4h30 (4h33 en réalité) en raison de notre lenteur potentielle ou à cause de nos blessures. Après un petit kilomètre de village (St Pons de Thomières) avec ses lampadaires, Sigrid, Gérard Denis et moi attaquâmes la longue montée vers le Col de Sainte Colombe dans une nuit noire, seulement guidés par nos frontales. Le ciel étoilé était magnifique par cette nuit sans Lune, et parfois quand on apercevait une étoile filante on se dépêchait de faire un vœu. Quel silence ! Quelques hululements de hiboux, des aboiements lointains, des bruits de feuillage venaient troubler le silence de cette dernière montagne de la Transe Gaule. En montée, les douleurs étaient oubliées, mais la prudence restait de mise tant j’avais eu mal lors des quatre précédentes étapes, mal à en hurler ! 
    De temps à autres, Jean Benoît se glissait à ma hauteur en voiture pour me demander si j’avais besoin de me ravitailler. Avec Gérard, on s’est vite séparés, il s’arrêtait plus fréquemment et plus longtemps que moi pour récupérer. Moi, j’étais bien, et je voulais profiter de cet état pour tailler la route, sachant que dès que la route descendrait, il me faudrait ralentir. 
    Le col fut atteint en 1h30’ (pour 10km, le début de course fut prudent !), je réveillai Jean-Benoît qui sommeillait dans sa voiture afin qu’il me ravitaille, et je commençai ma longue descente vers Rieussec et Aigues-Vives. Quel magnifique lever de soleil sur les coups de 7h, avec à l’horizon de la brume qui empêchait de voir la Méditerranée et des éoliennes qui tournaient, promettant un petit vent qui
    tempérerait l’atmosphère quand les rayons du soleil se feraient plus ardents ! Et cette descente que peu à peu j’apprivoise, « Même pas mal ! » mais méfiance, gare à l’euphorie qui fait aller droit dans le mur. 
    D’ailleurs, quand j’atteignis Aigues-Vives au bout de 3h30’ de course, je recommençai à avoir mal aux jambiers, des coups de poignard dans les tibias, à chaque foulée. La partie de l’étape qui suivit ne fut pas très amusante, en plus des douleurs, vint un coup de barre, sûrement dû aux 3heures à plus de 8 de moyenne. Et le parcours, à cet endroit (Cabezac) et jusqu’au début du canal n’était pas intéressant : longues lignes droites sans ombre, route défoncée, un peu de circulation… 
    Vers le km 40, j’arrivai au canal de la Robine, et sachant que j’avais dépassé la moitié de l’étape, je commençai
    s à pronostiquer à quelle heure les premiers, qui étaient partis 3 heures après moi, me doubleraient. Après 5km de chemins de halage, plus ou moins caillouteux, je me fis ravitailler en flans que Jean-Benoît m’avait achetés dans une pâtisserie de Sallèles d’Aude: quel bonheur ! Il m’accompagna jusqu’à un endroit complexe à franchir et dont il voulait vérifier le balisage. « No problemo » dans cette partie « trail » où l’on empreinte tour à tour un chemin VTT, une ligne de chemin de fer, un pont Eiffel, un escalier, et enfin un chemin de halage caillouteux! Ensuite je repris ma course en solitaire, tout content d’être en tête, sachant que Narbonne était au bout du canal, à une dizaine de km. J’y arrivai peu avant midi, en à peu près 7h de course (pour 54km, j’avais bien rattrapé !). 
    La traversée de l’ancienne capitale de la Gaule Narbonnaise ne fut pas facile : circulation, chaleur à cause de la disparition du vent, course au road-book et quelques hésitations aux carrefours. Pas de panique ! Le fléchage avait été bien fait, et le road-book était très précis. Plus que 16km à la sortie de la ville : l’objectif étant devenu de mettre deux heures pour les parcourir sans se faire trop de mal, car les douleurs étaient là, à chaque foulée, mais la motivation et le fait de pouvoir rester en tête encore un long moment me redonnèrent des ailes. 
    « On se rapproche ! On se rapproche ! » 
    Ravito déposé sous un arbre face au camping des Mimosas (km62), long à venir, mais tellement bienvenu ! « Allez « grand », plus que 10km ! » Et Janne le Finlandais, leader de l’étape et de la Transe Gaule arriva à ma hauteur ; on s’encouragea mutuellement, on se tapa dans les mains et déjà il me prit mètre sur mètre avant de disparaître à l’horizon. Il fallait tenir, la délivrance se rapprochait, encore une ou deux petites grimpettes et la traversée des marais et des rizières. Un petit gel par-ci, une petite barre de céréales par-là, un futur Transe Gaulois et Nantais de surcroît me fournit en glaçons que je me passai partout sur le corps. Cela me fit du bien, mais ça fondait vite ! Et cette étape qui n’en finissait pas ! La dernière côte arriva me faisant découvrir la vue sur Gruissan qui se situe à 3 petits km de l’arrivée. Je me retournai plusieurs fois pour voir si j’allais arriver seul sur la plage ou si j’allais me faire doubler. Personne à l’horizon ! Direction Gruissan-
    Plage par la piste cyclable, longue ligne droite où mon émotion d’être si près de l’arrivée prit le dessus : j’étais euphorique, je m’encourageais à voix haute, je pleurais de bonheur mais aussi de douleur car elle était toujours aussi présente. Je me débarrassai de mes bidons, un par un, pour arriver le corps libre. Plus que 650m, ligne droite au bout de laquelle j’aperçus Charles qui prévint de mon arrivée et là…. 150 derniers mètres sur la plage, je levais les bras. Une ola m’accueillit. Étreintes, sourire comme à chacune de mes arrivées, pas de larmes, j’avais trop donné de ce côté-là depuis 4 ou 5 jours. 
    Là, un grand vide, une petite bière fraîche bien méritée, je retirai maillot et chaussures au bout de quelques minutes, j’attendis l’arrivée du 2è
    me, puis celle de Gérard avec qui j’étais parti tôt ce matin. Ensuite, baignade dans la Méditerranée : il était 14h30, le drapeau était vert, l’eau à 21°. Que du bonheur malgré les douleurs ! 
    Puis l’attente des autres, les 3è
    me et 4ème … jusqu’au 7ème (Don qui terminait ici sa 4ème Transe Gaule ! Chapeau l’artiste !). Sigrid franchit la ligne d’arrivée peu après, elle qu’on avait aussi fait partir à 4h30 du matin en pensant qu’elle arriverait dans les derniers ! Elle gagna ainsi sa 2ème étoile. 
    Après plus personne n’arriva pendant près de 2 heures. On apprit qu’un coureur connaissait des difficultés depuis le départ (Patrick, celui qui courait avec un bâton) et que beaucoup de coureurs l’attendaient pour l’aider à aller lui aussi au bout de l’aventure. 
    La brume avait déjà envahi la mer et la plage depuis plus d’une heure, le drapeau était rouge, l’inquiétude grandissait. Quand soudain à l’horizon un groupe de 14 coureurs se profila pour un final groupé plein d’émotion. Embrassades, baignades, larmes, bières, photos… Que de souvenirs pour la vie entière ! 
    L’apothéose ! 
    Douche, installation au gymnase, remise des prix, apéro, repas, dodo car le lendemain il faudra revenir sur Terre après ce long voyage dans le temps. 
    La 19è
    me étape ne sera ni la plus courte, ni la moins douloureuse : en camion avec Charles au volant et moi avec mes douleurs aux jambes, mais avec des souvenirs plein la tête et déjà des regrets que tout soit terminé. 
    Comment vais-je digérer tout ça ? 
    On verra, mais en tout cas il me faudra autant de courage qu’au départ des étapes, quand il faudra que j’aille travailler ! 

    (Nb : ce petit compte-rendu a été écrit dans le camion lors du retour vers Nantes) 

    Voilà terminée l'épopée Transe Gauloise 2005. 
    Déjà dans la tête un espoir
    apparaît : que les dates de la prochaine édition me soient favorables, comme pour cette année ! Et là, je ne pense pas hésiter trop longtemps à me réinscrire ! 

    Allez à + Fab*


    1 commentaire
  • Cette photo a été prise par Damien pendant les quelques jours qu'il a passés sur la Transe Gaule. Je vous invite à lire son récit et à admirer ses photos sur son blog :

     Transe Gaule : Quelle expérience !

    Transe Gaule 2006

    Alors que nous venons de passer à moins de 100 jours du départ de ce qui fera de moi - j'espère - un "Gaulois bi-étoilé", la préparation à cette épopée bat son plein. De toute façon, j'y pense tous les jours, et ce depuis l'arrivée de l'édition 2005. Tous mes faits et gestes sont orientés vers cette course. A chaque fois que je prévois de faire quelque chose, que ce soit au niveau familial, au niveau professionnel, ou financier, j'ai en ligne de mire le 16 Août 2006. J'ai hâte d'y être, tout en sachant bien que les jours qui me séparent du départ vont être longs, et que la course va passer très vite, trop vite, même si elle est ponctuée de moments de souffrances et de solitude.

    A la même époque, l'année dernière, je m'étais déjà "orienté" l'esprit vers ce quelque chose qui m'effrayait, qui me fascinait et que j'allais découvrir, mais sans doute pas autant que cette année alors que je le connais. C'est une aventure qui, il faut le reconnaître, prend beaucoup sur mon entourage : du temps, de la patience, des non-dits, des moments d'absences, dans les pensées bien sûr, mais aussi en raison du temps que me prend l'entraînement, des inquiétudes, celle des autres à mon sujet, "Est-il devenu "autiste" ? Pourquoi ne vient-il pas plus souvent nous voir?" ...  ou personnelles : "Serai-je prêt physiquement ? Ne va-t-il pas y avoir un impondérable qui va m'empêcher d'y aller ?" etc. Je vais essayer de prendre sur moi pour me libérer l'esprit. Nous sommes à trois mois du rendez-vous au pied du phare de Roscoff, il y a tellement de moments de bonheur à vivre avant et à déguster sans modération que cela devrait m'aider à y arriver.

    En attendant de donner des précisions sur la course elle-même (en joignant des liens vers des sites spécialisés), cet article me servira à indiquer les différents états psychologiques et physiques dans lesquels je vais me trouver d'ici le départ.

    A J-94 (dimanche 14 mai), le physique est en progrès, le moral au beau fixe. N'oublions pas que dans 13 jours il y a les 24 heures de Séné. Cela m'indiquera déjà si je vais être capable de courir longtemps sans bobos.

    A J-87 (dimanche 21 mai), et à J-5 des 24 heures de Séné, le physique va, mais des petits tracas d'ordre médicaux dans ma famille sont venus ternir quelque peu mon enthousiasme.

    A J-69 (jeudi 8 juin), après une quinzaine à "digérer" ma non-participation aux 24 heures de Séné, et surtout la cause de ce forfait (le décès de ma maman), le moral et le physique vont mieux. J'ai décidé de participer aux 100km du Loire-Béconnais, histoire de voir où j'en suis tant au niveau de l'entraînement qu'au niveau de la volonté d'aller au bout d'une compétition. Cela fait trois mois que les petits pépins physiques ont perturbé mes préparations et compétitions. Je ne sais pas si physiquement je serai capable "d'arracher le résultat", comme on dit en sports collectifs, sur ce 100km, mais mentalement cela fera partie du travail préalable pour me lancer sur la Transe Gaule V en août.

    A J-54 (vendredi 23 juin), je pense avoir bien récupéré de mon 100km (CF compte-rendu :http://fabcentkm.oldiblog.com/?page=articles&rub=39366 ) du week-end précédent. Je participe au semi du May sur Evre dimanche prochain, juste pour rencontrer des amis du forum, et partager un peu  cette convivialité que notre sport génère.

    A J-50, JBJ, l'organisateur de la Transe Gaule, comptabilise 36 coureurs dont 5 femmes. 8 pays de représentés, dont le Brésil (de Sebastião) qu'on va rencontrer en quarts de finale de la Coupe du Monde samedi prochain. De bon augure pour la suite: il y a des anglais (pour les 1/2) puis des Allemands pour la finale du 9/07 ! Au niveau de l'entraînement, le cap va être mis vers cette course en deux ou trois temps : récup avec endurance; développement de la VMA et du seuil; travail sur le long-lent (LSD low slow distance).

    A J-45, la France a battu (hier) le Brésil, et j'ai eu un petit message de Sebastião, qui nous encourage à gagner la Coupe du Monde maintenant. Il faut quand même d'abord sortir le Portugal qui n'est pas évident à jouer. Au niveau de l'entraînement, les grosses chaleurs de ces dernières semaines permettent de s'entraîner à gérer des situations que l'on peut rencontrer sur la TG : hydratation fréquente, recherche d'ombre, rythme de course diminué, coups de soleil... Quand je pense à tous les coureurs engagés sur le Tour du Golfe du Morbihan : ce qu'ils ont dû souffrir de la chaleur, et ce, même en pleine nuit !

    A J-13, 20 heures. Un mois a passé depuis ma dernière intervention : j'étais en vacances loin de mon PC. Depuis que je suis rentré, je me prépare : pour la énième fois, j'ai vérifié si mon matériel tient dans le sac et la valise que je vais emporter à Roscoff. J'ai acheté une nouvelle paire de running (des Mizuno Nirvana 2, en solde) qui feront sans doute une étape sur deux, en alternance avec les New Balance 1050. Pour l'entraînement, sans doute dernière séance de VMA aujourd'hui : 8 x 150m, juste pour redonner un peu de peps au corps; ça s'est bien passé, d'autant plus que ces séries suivaient un petit test d'allures afin de situer la vitesse et la FC correspondante à différentes cadences. La FC était un peu haute par rapport à d'habitude (+ 5 à 10 BPM) mais sans importance, le plus gros de l'entraînement est passé, le reste n'est que de l'habillage et de la récup pour ne pas arriver "cramé" au départ à Roscoff.

    A J-10, dimanche soir. Après une nouvelle vérification des bagages, j'ai encore dû retirer des éléments de tout mon barda, afin que ce dernier puisse ne pas être ni trop lourd ni trop encombrant. Ce sont des affaires que je n'aurais sans doute pas mises ou utilisées. De toute façon, si quelque chose vient à me manquer, Pascale, ma femme, qui vient me voir sur l'étape 5, pourra me l'apporter. Le seul problème est de savoir si j'emporte ou non mon ordinateur portable : c'est bien utile, après l'étape de pouvoir taper son CR, sans attendre d'être revenu de ce long voyage. De plus, il me permettrait de vider mon appareil photo et de transférer mes prises sur le PC. Il me reste 10 jours pour me décider. Je peux commencer avec, et le donner à Pascale le 20 si je vois qu'il ne m'est pas de grande utilité.

    A J-2, dernier footing ce matin, pour l'hygiène comme on dit, et pour évacuer la "pression" qui monte peu à peu. Tout est prêt, reste plus qu'à éteindre l'ordinateur et à le mettre dans le paquetage. C'est demain midi qu'on prend la route vers Roscoff, avec Daniel Muller**** et Romain Valle*, pilotés par la femme de ce dernier. Tous les bagages tiendront-ils dans la voiture ? C'est le seul problème qu'on résoudra sur le moment. Peut-être une dernière impression demain matin... sinon, des nouvelles à mon retour.

    J-1, dans une heure je rejoins les copains pour nous rendre à Roscoff; Journée "chargée" dans tous les sens du terme : la voiture !!!, les routes avec sans doute quelques retours, puis, en fin d'après-midi, l'installation au gymnase, les retrouvailles avec les connaissances, le briefing, le repas, la préparation des affaires pour la 1ère étape de demain et le dodo.

    Transe Gaule : Quelle expérience ! (racontée par Pascale qui recevait mes coups de téléphone chaque soir).

    Jour J : mercredi 16 août. ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km   (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn) 

    Après une nuit en pointillés, le départ est enfin donné pour cette étape de mise en jambes pour l'ensemble des coureurs. Fab a décidé de gérer sa course en alternant 30 secondes de course et 10 secondes de marche ce qui l'a mené sur la ligne d'arrivée en 7 h 43 min 18 s. Jusqu'au 30ème kilomètre il a eu de bonnes sensations mais entre le 30ème et le 50ème km certaines douleurs se sont réveillées et lui ont un peu gâché la fête. La pluie, les côtes, le vent et la circulation n'ont rien arrangé non plus. Le moral est bon tout de même et il reste confiant pour demain.

    Matériel et commentaires :

    Short rouge, T-shirt "run" gris-rouge, camel bag, New Balance 1050 N°3 (bleues).

    Temps gris et venteux + quelques passages pluvieux (dont deux fortes averses).

    Fin d'étape avec Romain Valle*

    Analyse des FC:

    Prologue de 43'15": FC moyenne 122, FC maxi 149 [496 Kcal de dépense énergétique]

    Étape : fc moy = 141; fc max = 159.[6698 Kcal]. 1'>158>1h50'>149>2h46'>140>1h50'>131>37'>123>29'>114>10'

    Fréquence cardiaque trop élevée, rythme trop soutenu, malgré alternance course/marche. Adaptation de l'organisme non encore effective.

    Étape globalement difficile. Temps supérieur de 11'23" par rapport à l'an dernier.

    J + 1 : jeudi 17 août. ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km)

    Cette deuxième étape s'est globalement bien déroulée. Fab a parcouru les 45 premiers kilomètres sans trop de bobo puis les douleurs d'hier ont refait leur apparition alors, bien évidemment, les dernières bornes furent plus délicates à gérer et, comme hier, la météo n'était pas avec les Gaulois et puis la fatigue est présente. Mais je sens que notre coureur a le moral, alors tout va! Il a franchi la ligne d'arrivée en 7 h 42 min et 59 s en compagnie d'une britannique et d'un allemand. Vous m'excuserez, mais je n'ai pas retenu leurs noms ! Entre son arrivée et son coup de téléphone (18 h 30), Fab n'avait pas encore pris le temps de se reposer. Qu'a-t-il fait, me direz-vous? Au programme : récupération, lessive (qui ne sèche pas...), petite collation (Bolino... Hum!), préparation des affaires pour la longue étape de demain (75 km!). Il était content car Jaquemine l'a complimenté sur la gestion de ses affaires. C'est moins le bazar que l'an passé ! Si vous pensiez que Fab était un gars bien ordonné, allez revoir les photos de la TG 2005 que j'ai remises en ligne, il y en a une qui vous montre le contraire ! Mais cette année on lui a offert une belle et grosse valise pour qu'il puisse s'y retrouver plus facilement ! Et cela a l'air de fonctionner ! Ce soir pas de soirée traiteur, alors les coureurs vont aller se restaurer dans un petit resto à côté du gymnase.

    Matériel et commentaires :

    Short rouge, t-shirt "run" jaune + coupe-vent (end.shop) + camel bag + manchons Booster + New Balance 1050 N°2 (rouges).

    Éclaircies + averses.

    Bien jusqu'au 45ème km, pas de douleur puis progressivement baisse de rythme car douleurs devenant génantes et angoissantes. Grain de beauté écorché par les frottements du bas du short sur l'intérieur de la cuisse => plus impressionnant que douloureux. Bas et chaussettes devenus rouges ! Ampoule au 2ème orteil du pied gauche.

    Analyse des FC: Moy = 126, maxi = 156. [5624 Kcal] 156>2'>149>11'>140>2h21'>131>2h33'>123>2h03'>114>33'

    Temps supérieur de 3'09" par rapport à l'étape de l'an dernier. (cumul retard = + 14'32")

    J + 2 : vendredi 18 août. ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km) 

    Aujourd'hui pour cette longue étape de 75 km Fab s'est fait une belle frayeur au 10ème kilomètre quand il a ressenti une vive douleur au mollet, comme un coup de poignard. Il a tout de suite pensé à une déchirure ou un truc de ce genre. Il a ralenti l'allure et s'est mis à courir très prudemment en restant vigilant. La douleur a disparu petit à petit... Ouf ! Il a ensuite géré sa course en alternant, comme toujours, les moments de course et les moments de marche, même s'il a moins marché aujourd'hui. Il est arrivé à Guer en 9 h 24 min 50 s, ce qui le met 23ème au classement général ce soir. C'est sur cette étape qu'il y a une longue ligne droite le long d'une ancienne voie ferrée... Ce morceau de la TG, long de 18 kilomètres, il m'en parlait encore dimanche dernier... Cela l'avait beaucoup marqué l'an passé. Il a abordé ce tronçon en compagnie de Daniel Müller**** et Romain Valle* mais l'a fini tout seul. Je pense que cela ne l'a pas gêné... J'imagine très bien alors ses pensées ! Demain Fab aura de la visite soit sur son parcours soit à l'arrivée :  sœur, frère et coureurs rencontrés sur les forums et les courses... Cela va lui faire plaisir. Pour nous ce sera dimanche sur l'étape Châteaubriant - St Georges/Loire.

    Matériel et commentaires :

    Short noir + TS "run" jaune + camel bag + manchons Booster + New Balance N°2 (rouges) + pansement protecteur du grain de beauté (jusqu'à Gruissan).

    Beau temps, juste une averse.

    Grosse frayeur vers le km 10 quand j'eus une douleur vive au milieu du mollet droit (style "coup de poignard")=> ralentissemnt de la cadence (déjà pas très rapide) et inquiétudes pendant plus d'une heure.Contrôle permanent de la foulée pour ne plus connaître ce genre d'alerte.

    Analyse des FC: Moy = 119; max = 142; [6157 Kcal] 142>3'>140>17'>131>1h56'>123>5h16'>114>1h53'.

    Ecart de + 7'48" par rapport à l'an dernier => + 22'20" au cumul.

    J + 3 : samedi 19 août. ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km) 

    Super journée, non pas par le temps réalisé : 8 h 41 min, soit 25 min de plus que l'an passé, mais ça on s'en moque un peu, il gère sa course différemment, il est prudent, mais par toutes les rencontres faites sur le trajet. Il y a eu son frère qui l'attendait à Saint Aubin les Châteaux et qui l'a accompagné à vélo sur la fin de la course. Patate qui a couru avec lui ainsi que les pompiers de Châteaubriant qui venaient à la rencontre d’un coureur dont j'ai oublié le nom, et Didier pour finir. Tout ça lui a donné une pêche d'enfer apparemment. Tant mieux, car dans ce genre de course le moral est très important. D'ailleurs Fab s'inquiétait pour un coureur qui aujourd'hui n'avait pas trop la frite ! Ce soir les coureurs sont installés dans une petite salle de gym, le gymnase étant occupé par un mariage ! Visiblement ils sont un peu serrés… Notre conversation téléphonique fut un peu écourtée car il allait donner une "interview" en compagnie de Thierry Viaux à un journaliste de Presse Océan : ce sont les régionaux de l'étape !

    Matériel et commentaires :

    Couru avec short rouge, TS "run" rouge et gris, Booster, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Éclaircies, averses, gros orage vers le km 50.

    Laurent (mon frère, à vélo) et Noël (Patate) sont venus faire la fin d'étape avec moi. Regroupement avec Yvon Roudeau et Klaus Neumann pour les derniers km, avec les pompiers de Châteaubriant ainsi que - surprise- Did qui fit les deux derniers km avec nous aussi. Rythme peut-être un peu trop rapide car déconcentration. On va le payer demain si ça se trouve...

    Analyse des FC : Moy 119, maxi 139. [5649 Kcal] 139>36'>131>1h49'>123>4h04'>114>2h12'.

    Différence avec 2005 : + 26'04" , soit un retard cumulé de 48'24" depuis Roscoff.

    J + 4 : Dimanche 20 août. ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km)

    Nous avons rejoint Fab sur la Transe Gaule vers 10 h 30 au ravitaillement de Freigné. Il était bien mais l'étape fut longue et difficile surtout sur la fin où nous l'avons vu souffrir. Mais la présence des siens l'a bien boosté et il a bien apprécié le soutien de son frère qui aujourd'hui aussi l'a accompagné à vélo sur les dix derniers kilomètres. Il a terminé cette étape en 9 h 04 min 26 s et a franchi la ligne d'arrivée avec son fils Lorris. Au gymnase nous l'avons aidé dans ses taches ménagères : lessive, étendage du linge, préparation du couchage... ainsi il a pu pour la première fois depuis le départ de Roscoff se reposer un peu et tenter de récupérer. Fab pense avoir payé aujourd'hui sa fin de course d'hier avec les pompiers où le rythme était soutenu. Demain l'étape sera plus courte mais bien vallonnée et il espère pouvoir récupérer davantage. Nous l'avons quitté ce soir et l'avons confié aux soins de Gourdoda ( Damien pour ceux qui connaissent). Ce dernier va donner un coup de main à l'organisation pendant quelques jours.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, maillot "run" jaune, booster, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Météo : soleil, éclaircies.

    Impressions : douleurs sur le dessus du pied gauche (au niveau du coup de pied) vers le km40. Difficile sur la fin, malgré accompagnement de Laurent à vélo, d'Eric dans les descentes et de Lorris sur les 7 derniers km.

    Analyse des FC: moyenne 113, maxi 140. [5324 Kcal] 140>3'>131>21'>123>4h25'>114>4h16'.

    Différence d'avec l'an dernier : + 31'32" , soit cumulés depuis le départ : + 1h19'54".

    J +5 : Lundi 21 août. ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km)

    Oh que cette étape a dû lui sembler longue ! Elle avait pourtant bien démarré : Fab a pris des photos de son passage de la Loire à Chalonnes où nous avons vécu il y a quelques années, les douleurs de la veille ne l'ennuyaient pas plus que cela et puis... Ce fut très difficile : douleurs sur le dessus du pied (tendon du gros orteil et tendon d’Achille : demain il essaiera de courir sans ses bas de contention et en serrant moins la chaussure ! j'espère que cela lui apportera une amélioration ou tout du moins que cela n'empirera pas trop ! Et des problèmes intestinaux sont venus se greffer là-dessus ce qui n'a rien arrangé... Mais ce qui lui a cassé le moral c'est d'être doublé par une voiture dans laquelle il y avait Jacques qui venait d'abandonner... Ils se sont vus plus tard au ravitaillement et Fab est reparti cahin-caha jusqu'à Doué qu'il aura gagné en 6 h 59 min et 14 s, aidé en cela par Yvon et son accompagnateur vélo. Il n'avait pas trop le moral notre coureur ce soir ! Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas sur la Transe Gaule ! (J'ai mis quelques photos sur le blog.)

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" noir et jaune, New Balance 1050 bleues, camel bag.

    Impressions : douleur dessus du pied gauche (comme hier) = releveur du gros orteil ? + tendinite d'Achille gauche. Fin un peu trop rapide avec Yvon Roudeau.

    Analyse des FC: moyenne : 112, maxi 138.[4026 Kcal] 138>6'>131>37'>123>2h47'>114>3h27'.

    Différence d'avec l'étape de l'an dernier : + 24'23". Cumul retard : 1h44'17".

    J + 6 : mardi 22 août. ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    Ce fut une bonne étape : voilà les mots de Fab pour définir cette journée... Rien à voir avec hier ! Super ! Le moral est revenu, la douleur était gérable. Il a démarré la course tout doucement en marchant puis il s'est mis à trottiner tranquillement... C'est ainsi qu'il a franchi la ligne en 7 h 24 min 50 s. Demain il pense gérer l'étape qu'il sent bien de la même manière, par contre celle d'après-demain lui fait un peu peur. Aujourd'hui les coureurs ont emprunté la voie Bonnot - changement dans l'itinéraire envoyé à JB par Patrick Bonnot* Transe Gaulois 2005, chemin serpentant entre les champs, c'est plus sympa que la nationale ! Aujourd'hui Sigrid et Sébastiao ont abandonné : à  chaque fois cela fait de la peine à Fab qui a embrassé ces compagnons de galère au ravitaillement suivant, surtout que ces deux là avaient fait route avec lui l'an passé. Ce qui l'a bien aidé hier soir fut de passer la soirée avec Damien : ils se sont fait une super pizza et ont discuté pendant plus d'une heure. De quoi ont-ils bien pu parler ? Devinez…

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, TS "run" jaune et noir, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Impressions : pas de douleurs, juste une ampoule sous le gros orteil gauche.

    Analyse des FC: moyenne 116, maxi 139. [4625 Kcal] 139>14'>131>58'>123>3h51'>114>2h22'.

    Différence par rapport à l'an dernier : +22'08", soit un retard cumulé de 2h06'25".

    J + 7 : mercredi 23 août. ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km) 

    Le mot pour ce soir est : impeccable ! Mais l'étape fut longue d'autant plus qu'elle se court essentiellement sur des départementales et ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, la circulation automobile sur la Transe Gaule. Mais Fab a retrouvé le sourire quand il a vu à 6 km de l'arrivée Damien venir à sa rencontre et terminer l'étape avec lui : cela lui a fait très plaisir ! Son pied s'est dégonflé, il ne court plus avec ses chaussettes de contention ! Après une bonne douche d'eau froide au tuyau d'arrosage, il a passé sa fin d'après-midi à se reposer, à écrire quelques cartes postales et pense déjà à la Transe Gaule 2007... Si, si je vous l'assure : il se disait tout en courant aujourd'hui que l'année prochaine il photographierait bien les différentes espèces de vaches rencontrées sur le parcours ! Pourquoi pas ! Il a terminé par : « Les Nirvana c'est le pied »! Pour ceux qui ne le savent pas les Nirvana sont les chaussures avec lesquelles il court.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" rouge-gris, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Fin avec Damien (Gourdoda) (pendant 6km) et arrivée effectuée avecYves. Pas de bobos sauf restes de l'ampoule au-dessous du gros orteil.

    Analyse des FC : moyenne 113, maxi 141.[4867 Kcal] 141>6'>131>37'>123>3h17'>114>4h12'.

    Différence avec l'an dernier : +17'54" , soit cumulé :  + 2h24'19"

    J + 8 : jeudi 24 août. ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    Une belle et longue étape courue en 9 h 04 min où le MP3 fut le bienvenu surtout à la fin. Fab a réussi à gérer puis à apprivoiser la douleur revenue sur le dessus du pied et ses genoux le faisaient un peu souffrir en fin de parcours. Alors ce soir il a mis un peu de glace sur tout ça. Damien qui assure avec le camion les quitte demain. Il a pensé à Fab et lui a acheté des flans en prévision des kilomètres futurs : sympa ! Les coureurs ont franchi aujourd'hui la mi-parcours soit le 575ème kilomètre.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, TS "run" jaune, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Difficile à partir du 45ème km.

    Météo meilleure que celle de l'an dernier où nous avions eu de la pluie.

    Analyse des FC: moyenne 111, maxi 135. [5156 Kcal] 136>4'>131>25'>123>2h50'>114>5h44'.

    Différence avec l'étape de l'an dernier : -7'14" , cumul = + 2h17'05". C'est la première étape où je gagne du temps par rapport à l'an dernier.

    J + 9 : vendredi 25 août. ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km) 

    Un peu fatigué notre coureur ce soir. L'étape lui a paru longue avec la pluie comme compagne ; elle est restée avec eux de La Souterraine jusqu' à 1 heure de l'arrivée, mais le moral est bon. Il n'a pas osé écouter de la musique mais il a fait un bout de course avec Romain et Daniel. Après 7 h 47 min 02 s il a franchi la ligne d'arrivée en brandissant un panneau qu'il avait confectionné le matin. On pouvait y lire : "Merci Damien !". Merci pour les flans que Fab a bien appréciés mais aussi et surtout merci d'être venu ! Pour le moral c'était important. Pour l'étape de demain qui va être courte (50 km) Fab compte mettre 6 h ce qui lui permettrait de bien récupérer... Faudrait-il encore qu'il se repose en arrivant ! J'en doute !

    Matériel et commentaires :

    Tenue : Short rouge, TS "run" rouge/gris, camel bag, Mizuno Nirvana N°3, poncho.

    Météo : pluie pendant les 3/4 de l'étape.

    Analyse des FC: moyenne 112, maxi 132 [4533Kcal] 133>2'>131>33'>123>2h50'>114>4h22'

    Différence avec l'an dernier : + 35'12" soit un retard cumulé de + 2h52'17".

    J + 10 : samedi 26 août. ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    Contrairement à l'année dernière la communication entre Peyrelevade et Rezé passe, on vient donc de recevoir des nouvelles de Fab qui, comme les jours passés, va bien et a fait une bonne étape en 6 h 16 min 45s. Il a couru les 10 derniers kilomètres avec Roger Warenghem* qui était un de ses compagnons de route sur la TG 2005. Cet automne Roger va faire, avec Gérard Denis*, la traversée de l'Allemagne. Fab s'est un peu reposé depuis 13 h 30, son heure d'arrivée, il a surtout re, re, re, refait sa valise. Je ne compte plus le nombre de fois où il a tout sorti pour tout ranger, il n'a pas fait ça tous les jours avant le départ de Roscoff mais presque... Sebastiao, qui suit la course a retrouvé sa chaise d'arbitre sur laquelle il a trôné l'an passé sur la même étape ! Ce soir, c'est soirée traiteur, très bon repas en perspective : 5 étoiles au guide de la Transe Gaule. Demain l'étape sera longue (75 km) dont une fin de 14 km de descente... C'est dans cette portion de route que Fab l'an passé avait "achevé" ses releveurs. Il ne va pas l'aborder de la même manière, il ne fait pas de prévisions et gérera en fonction de ses sensations.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, TS "run" jaune, New Balance 1050 N°2, camel bag.

    Pluie en averses, fin d'étape (20km avec Roger Warenghem*)

    Analyse des FC: moyenne 112, maxi 134 [3674 Kcal] 134>15'>123>2h35'>114>3h27'

    Différence par rapport à l'an dernier : + 35'43" soit au total, un retard de + 3h28'00"

    J + 11 : Dimanche 27 août. ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km) 

    Oh que cette étape fut longue ! Mais heureusement Fab fut, aujourd'hui aussi, accompagné par Roger à partir du 20ème kilomètre. Ils ont pu discuter et cela fait passer les kilomètres plus vite surtout qu'ils n'ont vu aucun coureur de toute la journée. Fab lui en est très reconnaissant ainsi qu'à Florence (son épouse) qui les a suivis et qui est allée lui acheter son repas pour ce soir ! Ne pas à avoir l'intendance à gérer en arrivant quand on est très, très fatigué c'est vraiment bien ! Il baillait au téléphone notre coureur ce soir et n'avait qu'une envie : manger et dormir ! Demain il trouvera son linge bien sec car la responsable de la salle le voyant avec son fil à linge a eu pitié de lui et de quelques autres et leur a ouvert la chaudière... Sympa la dame ! Le moral est au beau fixe. Les releveurs ne le font pas souffrir, il n'a que les douleurs normales d'un gars qui vient de passer plus de 10 heures sur la route.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" gris rouge, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Pluie au départ, puis temps gris et frais suivi d'éclaircies sur la fin.

    Couru les 55 derniers km accompagné de Roger Warenghem* et de temps en temps ravitaillé par Florence, sa femme.

    Analyse des FC: moyenne 110, maxi 134 [5711 Kcal] 134>1'>131>26'>123>3h01'>114>6h40'

    Différence d'avec l'an dernier : + 1h09'46" soit un retard cumulé de : + 4h37'46".[ 98h28'03" en 2006, contre 93h50'17" en 2005]

    J + 12 : Lundi 28 août. ÉTAPE 13 / Mauriac -- Aurillac : 66 km D+ 1100m / CUTOFF 12h00mn (total 849 km) 

    Ce sera un petit commentaire ce soir car la communication avec Aurillac fut très hachée - problème de réseau. Fab est arrivé après 8 h 36 min 26 s, bien trempé mais en bonne forme. Un quadriceps douloureux sur la fin mais il a été très prudent, il se souvenait que c'était sur cette étape que l'an passé il était allé consulter un médecin et n'avait pas du tout l'intention d'y retourner ce soir. Son seul regret est de ne pas avoir profité du paysage grandiose qu'offre cette étape. Ce sera pour l'année prochaine ! Il est très confiant pour demain et espère que le soleil sera au rendez-vous ce qui lui évitera d'arriver comme aujourd'hui avec les chaussettes si trempées que ses doigts de pied étaient ridés comme à la sortie d'un bain !

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, TS "run" noir, Mizuno Nirvana N°3, poncho.

    Météo : pluie !

    Analyse des FC : moyenne 110, maxi 141 [4869 Kcal] 141>7'>131>47'>123>1h54'>114>5h48'

    Différence avec l'an dernier : + 23'18" , soit un cumul de retard de + 5h01'04" 

    J + 13 : Mardi 29 août. ÉTAPE 14 / Aurillac -- St Cyprien-sur-Dourdou : 62 km D+ 615m / CUTOFF 11h17mn (total 911 km) 

    Aujourd'hui Fab s'est fait plaisir : c'est la première fois qu'il le dit depuis le début je crois. Il savoure sa forme et se revoit au même endroit l'année dernière et je pense que ceci explique cela… Sébastiao les quitte demain. Ils vont perdre leur kiné ! Fab est allé acheter un gâteau d'anniversaire pour Hartmut mais au lieu d'y mettre les bougies correspondant à son âge il lui a mis celles de son dossard : 37 ! Nous avons laissé un coureur bien dans sa tête ce soir qui rêve déjà à sa deuxième étoile…

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" rouge et gris, New Balance 1050 N°2.

    Météo : frais avec éclaircies, et un peu de pluie.

    J'ai décidé de monter les côtes à mon rythme et de profiter des descentes pour dérouler et ne plus "freiner". Fin d'étape avec Romain Valle*. Longue dernière partie après GrandVabre.

    Analyse des FC : moyenne 111, maxi 131 [4375 Kcal] 131>14'>123>2h54'>114>4h26'

    Différence par rapport à l'an dernier : - 34'45" soit un cumul de retard de + 4h26'19" (il commence à fondre !)

    J + 14 : Mercredi 30 août. ÉTAPE 15 / St Cyprien-s/-D. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 

    Fab a eu beaucoup de plaisir en courant aujourd'hui. Et c'est sûrement avec un très grand sourire qu'il a franchi la ligne d'arrivée en 6 h 46 min soit 1 h et 10 min de moins que l'an passé en 7ème position. Il a couru à 8,2 km/h de moyenne. Comme il dit : "Aujourd'hui j'ai gagné mon étape !" Nous sommes tous très contents pour lui. Dès le départ, sous la brume matinale, il a pris un bon rythme et au fil des kilomètres il s'est senti vraiment très bien... Il avait de bonnes sensations. Alors il s'est vissé son MP3 sur les oreilles et a parcouru le reste de l'étape sous le soleil en admirant le paysage. Il a couru un moment en compagnie d'un héron, enfin il pense que c'est un truc comme ça ! et lui a dit : "Tu vois on est pareil, toi tu as un grand bec et des longues pattes et moi j'ai une grande gueule (et oui parfois !) et des longues jambes !" S'il se met à faire de la "poésie" en courant c'est que tout va ! Pour l'étape de demain, il veut rester prudent et gérera en fonction de ses sensations ! Nous, on n’espère qu'une chose c'est qu'il passe cette journée comme celle d'aujourd'hui !

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short noir, TS "run" jaune, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Météo : beau et frais au début, un peu chaud vers midi et jusqu'à l'arrivée.

    Analyse des FC : moyenne 120, maxi 149 (sauf 3' à 190 maxi <= tachycardie)[4488 Kcal] 190>3'>149>30'>140>1h04'>131>1h07'>123>1h30'>114>2h32'

    Différence avec l'an dernier : j'ai regagné 1h09'32", soit un retard (qui fond encore) de + 3h16'47".

    J + 15 : Jeudi 31 août. ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km)

    L'étape de ce jour fut comme celle d'hier : mêmes sensations et même plaisir... Il a mis 6 h 17 min soit 2 heures de moins que l'an passé. Le début de la matinée fut froid mais ils ont assisté à un magnifique lever de soleil, la journée fut donc belle et même chaude sur la fin. Ce soir, les coureurs sont invités par les pompiers de la ville à boire un pot. L'étape de demain sera longue et difficile, 4 sommets les attendent mais Fab est confiant. De toute façon il nous a dit ce soir qu'il ne voulait pas rentrer... Sympa non ? Cours donc mais attention au bout il y a la Méditerranée ! Heureusement, cela va l'arrêter, enfin j'espère !

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" rouge et gris, Mizuno Nirvana N°3, camel bag.

    Météo : frais et soleil.

    Analyse des FC : Moyenne 119, maxi 146 [4157 Kcal] 146>3'>140>46'>131>1h22'>123>2h22'>114>1h45'

    Différence avec l'an dernier : le retard fond encore, j'ai gagné près de 2 heures sur le temps de l'an dernier : - 1h59'43" soit un retard cumulé de + 1h17'04".

    J +16 : Vendredi 1er septembre. ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 

    A nouveau une belle étape qui voit arriver Fab en 7ème position comme l'autre jour. Il a franchi la ligne d'arrivée en 8 h 11 min soit 1 h 33 min de moins que l'an passé. Ce soir il a déjà cumulé 135 h 53 min de course depuis son départ de Roscoff et il fait 18 min de mieux que sur la TG 2005. Demain le réveil sonnera à 3 h 00 car le départ de la dernière étape sera donné à 4 h 30. Donc ce soir Fab allait manger et se coucher de bonne heure. Nous lui souhaitons bonne route pour demain…

    Matériel et commentaires :

    Tenue :

    Météo :

    Différence avec 2005 : - 1h33’  ; cumul : gain de 18’ /2005.

    J + 17 : Samedi 2 septembre. ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Voilà Fab vient de franchir la ligne d'arrivée en 8ème position et surtout en 1 heure de moins que l'an dernier et avec un peu moins de bobos. Il va pouvoir reprendre son travail lundi sans trop boitiller. Il vient de gagner cette fameuse deuxième étoile dont il rêvait depuis quasiment un an... D'ailleurs JB lui en a dessiné une au feutre sur le bras. Fab a trouvé l'étape difficile mais c'est parce qu'il s'est accroché dès le départ aux premiers du classement et ce pendant 4 km, cela allait donc vite. Mais il nous a tout de même dit que c'était mieux que l'an passé. Voilà mon travail de secrétaire s'arrête là, je reprendrai peut être la plume l'année prochaine car il fait partie des 8 de la TG 2006 qui déjà sont prêts à repartir en 2007.

    Matériel et commentaires :

    Tenue : short rouge, TS "run" rouge et gris + Nirvana N°3 + camel bag.

    Analyse des Fc: moyenne 120 maxi 136 [5476 Kcal] 136>15'>131>2h29'>123>4h14'>114>1h16'

    Différences avec 2005 : - 1h13'57" soit un gain de temps de 1h30'00". Pour 1km de plus ! [1144 au lieu de 1143]

    Mardi 5 septembre : J+20, allongé sur mon lit, le portable sur le ventre.

    Je suis rentré dimanche par le train, et à cause de la fatigue accumulée et du relâchement physique qui suit ce genre d'épreuve, je me suis déplacé 3 vertèbres lombaires à porter ma valise ; j'ai dû la manipuler une dizaine de fois, entre le moment où j'ai quitté le gymnase de Gruissan et celui où je suis rentré chez moi. Le trajet a duré une dizaine d'heures, avec deux changements de trains, à Toulouse puis à Bordeaux, et comme je suis grand (1,90m) et que les trains "Corail" ne sont pas très confortables, j'ai eu un voyage de retour assez désagréable. De plus, il fallait changer de quai et se "payer" les escaliers, à Toulouse par exemple.

    Je suis allé travailler lundi comme prévu, mais j'ai dû prendre un rendez-vous entre midi et deux en urgence chez mon ostéopathe : il m'a remis les vertèbres en place. Sur le coup, ça soulage, mais dans l'après-midi, au travail, j'ai de nouveau ressenti de vives douleurs de type "sciatique". Malgré des antalgiques, la douleur persistait sauf en position assise ou couchée. Ce matin, je suis retourné bosser à pied, mon lieu de travail est à 300m, et j'ai galéré, comme les copains blessés sur la TG. J'ai repris rendez-vous en urgence pour la fin d'après-midi chez l'ostéo, et il m'a redébloqué les vertèbres. Il m'a conseillé de profiter de mon jour de congé, demain mercredi, pour rester allongé. Moi qui pensais reprendre tranquillement la course à pied, c'est remis à la semaine prochaine, j'espère. Voilà pour les nouvelles. Le moral est excellent, le physique subit le contrecoup. En tout cas, j'ai vécu une course sympa, avec des gens sympas, mais qu'est-ce que ça a passé vite ! J'ai hâte de recommencer l'entraînement qui va m'amener à essayer de conquérir ma troisième étoile. Plus que 343 jours environ à attendre !

    Mardi 12 septembre.

    Toujours pas repris à courir, en raison de ma lombalgie qui commence à guérir. Mais je ne suis pas en manque de course. Peut-être irai-je demain faire une sortie à vélo afin de solliciter les fonctions cardio-vasculaires, et qui sait, essaierai-je de trottiner un petit peu pour tester les sensations et les limites du retour de la gêne. Si la météo n'est pas trop à la pluie bien entendu. Sinon, mon emploi du temps en ce début d'année scolaire est bien chargé et je ne peux que faire des apparitions brèves sur mon blog ou sur les forums. Je vais bientôt me rattraper.

    à+ Fab**


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  • Transe Gaule 2007

    Tout comme l'an passé, je laisse le soin à Pascale de remplir cet article dans lequel un petit CR quotidien de l'étape sera fait.

    Mercredi 15 août. ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel : 68 km   (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn) 

    Je reprends donc la plume (ou plutôt le clavier) pour faire comme les années précédentes un petit compte-rendu quotidien de la Transe Gaule.

    Cette première journée fut marquée par le vent qui a accompagné les coureurs quasiment du début à la fin, la bruine était présente elle aussi mais ce que Fab a trouvé le plus "sympa" ce sont les deux averses qui l'ont gentiment douché ! Surtout la 2ème car il avait laissé son poncho au ravitaillement précédent... Il a donc franchi la ligne d'arrivée en 7 h 08 min 48 s en faisant floc floc dans ses baskets. Il n'était pas seul car Thierry Viaux est venu le rejoindre quelques 10 km avant la fin, ce fut une surprise bien agréable. Je ne sais pas ce qu'ils se sont racontés, peut-être se sont-ils remémorés la TG 2006 ? Fab est content de sa course, il est parti prudemment mais a vite pris son allure et espère ne payer demain sa belle foulée d'aujourd'hui. Il a pris le temps de bien se reposer après sa petite lessive qui j'espère pour lui (et les autres) va sécher cette nuit.

    CR :

    Dès la première étape, j'ai adopté un rythme de course prudent, surtout lors du prologue - partie non chronométrée nous menant de Roscoff à Saint-Pol de Léon, lieu du véritable départ de la Transe Gaule - où j'en ai profité pour déstresser, effectuer des réglages de chaussures, de ceinture porte gourdes, de tenue, m'arrêter plusieurs fois uriner, bien m'hydrater... et vérifier si le cardio ne s'emballait pas dans les côtes. 45' pour effectuer les quelques 6km à peine mais assez vallonnés et courus sous un reste de tempête avec quelques risques de pluie résiduelle. Le cardio a indiqué 107 bpm de moyenne avec un maxi de 128 bpm. 381 Kcal d'énergie dépensée, qu'il fallait retrouver en s'alimentant juste avant le vrai départ.

    A Saint-Pol de Léon, le quart d'heure de battement avant le départ pour rallier Plounévézel, sur 62km, me permit de refaire le plein de mes deux bouteilles de 50cl en eau dans lesquelles j'ajoutai 3 sucres. Je grignotai aussi quelques barres énergétiques avant cette longue journée qui m'attendait.
    Dans quel état d'esprit étais-je à cet instant ? J'étais serein bien qu'un peu impatient de voir quelle stratégie j'allais adopter. J'avais le choix entre alterner course et marche d'une part, courir et ne marcher que dans les pentes les plus raides dans un second scénario ou aller plus vite que l'an passé mais au risque de me blesser dans une troisième option. On verrait bien tout ça après les premiers kilomètres.
     
    Jusqu'à Penzé, sur une partie du parcours du semi-marathon Saint-Pol/Morlaix, j'ai couru à mon rythme sans chercher ni à rattraper ni à doubler les différents coureurs qui s'étaient regroupés qui par deux qui par trois afin de trouver la route moins longue. Mais rendu à Penzé (km11), connaissant la proximité du point de ravitaillement, je décidai de profiter de la côte sévère à la sortie du village pour placer une accélération qui me fit me retrouver seul au ravitaillement. Je savais que si je m'étais retrouvé avec d'autres coureurs j'aurais discuté plus longtemps et j'aurais fait route avec eux sans être à mon rythme, mais au leur. Je repartis donc rapidement après avoir refait le plein de mes bouteilles, pris une banane et deux gâteaux secs. Je mangeais tout en courant, profitant de quelques côtes pour marcher un peu. C'est ainsi que je continuais mon chemin, via Pleyber-Christ et Berrien. 3 km plus loin, se situait le ravitaillement 4, celui où je rattrapais Werner, le vainqueur de l'an passé, accompagné de son ami coureur Olaf. Werner souffrait d'une épine calcanéenne, ce qui ne l'empêchera pas d'aller au bout, lui aussi de sa troisième Transe Gaule. Je continuai sur ma lancée, les laissant à leurs petits bobos. A ce stade de la course, je possédais plus de 20 minutes d'avance sur le chrono de l'an dernier. La météo, qui avait été plutôt clémente jusque-là, malgré les risques de tempête annoncés, avait été une alliée et je pris la décision de me débarrasser de mon poncho certes ultra léger mais quand même un peu encombrant à tenir dans les mains surtout quand j'avais déjà mes deux bouteilles et des barres énergétiques. Bien mal m'en a pris car un quart d'heure plus tard je reçus une douche du tonnerre. En cinq minutes j'étais trempé de la tête aux pieds, les runnings faisaient "flic, flac, floc" à chaque foulée. J'étais bien avancé ! Je fus donc contraint de réduire mon allure. Une fois l'averse passée, j'aperçus au loin une silhouette qui ne m'étais pas inconnue : c'était Thierry Viaux, mon homonyme et néanmoins ami et voisin, lui aussi Transe Gaulois étoilé de la promotion 2006. Il me demanda si j'acceptais qu'il m'accompagne sur les dix derniers kilomètres de l'étape, après en avoir fait la demande à Jean-Benoît, l'organisateur de la course, j'acceptai avec plaisir. Nous nous fîmes rattraper par Gwenaël Quéant que je trouvais un peu rapide pour une première étape et que je laissais filer en me disant que ça ne servait à rien de se griller et de risquer la blessure pour une question d'orgueil qui m'aurait fait m'accrocher à la 11ème place que j'occupais sans le savoir jusqu'alors. A cinq kilomètres du but, Thierry et moi nous fîmes arroser une seconde fois par une belle averse alors que je commençais tout juste à sécher.

    J'arrivai à Plounévézel, terme de cette première étape en 12ème position, dans un temps de 7h08'41", soit presque 35' de moins qu'en 2006.
    En consultant le cardio, je me rendis compte que j'avais été moins haut que l'an dernier, 136 bpm de moyenne contre 141 en 2006. Globalement, cette première étape m'apprit beaucoup sur mon état de forme. Il faudrait confirmer cela demain et rester à l'écoute des sensations.

    Jeudi 16 août. ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km) 

    Bon le linge n'était pas sec ce matin : c'était à prévoir! C'est pas bien grave il a séché aujourd'hui car le soleil a accompagné les coureurs. Fab a pris un départ tout doux et au 1er ravitaillement s'est retrouvé avec Daniel Muller : ils ont fait le reste de la course ensemble. Ils sont arrivés 11ème ex-æquo en 7 h 09 min... Soit une avance 1 h 09 min par rapport à l'an passé. A la question : ne vas-tu pas trop vite? Il répond non, les sensations sont bonnes et il ne gère pas sa course pour l'instant comme celle de 2006, il perd moins de temps aux ravitos, il ne s'arrête pas prendre des photos... Il a tout de même avoué sentir ses jambes un peu lourdes sur la fin de l'étape mais il a pris rendez-vous avec la masseuse ce qui visiblement lui a fait le plus grand bien, elle lui a désengorgé les mollets !

    CR de la deuxième étape.

    Le départ fut donné à 6h31 précises. La météo prévue pour ce jour ne laissait pas grand espoir d'avoir du beau temps. Les risques de précipitations étaient importants. On verra bien quand ça arrivera. Fidèle à ma ligne de conduite prudente, je m'élançai relativement lentement, laissant le soin aux "cadors" d'allumer dès le départ. Comme disent les gens du coin : "C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses." En d'autres termes, on fera un premier petit bilan ce soir, et l'objectif primordial est quand même d'arriver à Gruissan-Plage le 1er septembre. Surprise peu avant Carhaix, je me fis dépasser par deux missiles lancés à vive allure dans la descente : Sigrid, l'Allemande et Jean-Claude Arzel au look peu en rapport avec les courses d'ultra. Peu de temps après, les choses redevinrent "normales" et une première hiérarchie s'installa. Je doublai quelques coureurs partis, à mon avis, un peu trop rapidement, et d'autres furent rattrapés au fil des kilomètres. D'ailleurs, ce sera une constante pour les 8 premières étapes, je doublerai chaque jour à peu près dans le même ordre : Klaus, Bram, Gilbert, Dietrich et Olaf. Bram, le Hollandais, qui, à chaque fois que je le rattrapais, me disait que je faisais mon fitness, allusion à mes deux bouteilles solidement attachées à mes deux mains, Olaf qui se réjouissait de constater que tous les jours l'heure du dépassement se faisait de plus en plus tardivement, Dietrich qui me souriait alors que je lui glissais un petit "Wie geht es dir Heute?" tout en le doublant et en lui disant "Es geht mir gut auch", Gilbert, le métronome montagnard réglé sur du 8km/h lors de toutes les étapes et qui ira jusqu'au bout sans faiblir bien au contraire se fiant au plan de route qu'il s'était fixé et qu'il portait sur lui avec le profil de l'étape, Klaus, un peu moins bavard que l'année précédente mais qui avait le temps de me lancer un petit "Bonjour, je m'appelle Klaus et je vais bien !" avec son petit accent allemand ... Tous ces instants resteront gravés dans ma mémoire. Je me souvenais parfaitement de cette étape et de la portion le long du canal de Nantes à Brest de 9km. Avec Daniel Müller*****, nous nous sommes retrouvés à différents moments de cette étape et pas très loin de l'arrivée, nous décidâmes de finir ensemble. J'eus un peu de mal à le suivre sur la fin, aux abord de Pontivy, mais il se mit à ralentir pour m'attendre et nous franchîmes la ligne d'arrivée en même temps à la 11ème place dans le temps de 7h09'09". La météo, au bout du compte avait été clémente; point de pluie contrairement aux prévisions, pas trop de chaleur, sauf à l'heure de l'arrivée où l'ombre se faisait plus rare. Bilan après consultation du cardio : 119 bpm de moyenne contre 126 en 2006.

    Vendredi 17 août. ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km) 

    Avant le petit compte-rendu de ce soir je vous informe que si vous ne savez pas quoi faire à 13 h 00 et bien allumez votre poste de télévision sur TF1 ; il y aura normalement un reportage sur la Transe Gaule. Quelle est longue cette étape entre Pontivy et Guer ! Alors Fab s'est vissé le casque sur les oreilles et a couru au rythme de la la musique jusqu'à la ligne d'arrivée qu'il a franchie en 8 h 34 min 34 s. Moi, il m'effraie un peu quand il m'annonce ses temps de passage mais lui est très serein alors faisons lui confiance : c'est lui le coureur ! Pour ceux qui s'y connaisse un peu je vous donne un petit comparatif de ses moyennes affichées sur son cardio entre la TG 2006 et cette année, cela prouve, m'a-t-il dit, qu'il est mieux préparé que l'an passé. Si cela vous parle tant mieux, pour moi c'est pas très clair ! En bref il est très content de son étape, il a un peu mal aux jambes mais ne semble pas inquiet du tout. Il était un peu peiné ce soir pour deux coureurs qui ont été contraints d'abandonner. Le soleil l'a accompagné tout au long de cette journée mais il n'est pas annoncé pour demain....

    CR, 3ème étape.

    La longue troisième étape, Pontivy-Guer, celle du moment de vérité qui orientera la TG soit vers une grosse galère soit vers des moments plus joyeux : 75km dont une fin sur une ancienne ligne de chemin de fer transformée en chemin et piste de randonnée. Le départ à 6h39' laissait augurer une arrivée aux alentours de 15h30/16h si tout se passait bien pour moi, c'est à dire si je n'avais pas de douleurs et si je ne recevais pas trop de pluie. La météo annoncée n'était encore pas très bonne, mais nous partîmes sous un ciel assez dégagé dans une atmosphère fraîche pour une mi-août (12°).

    Je démarrai fidèle à ma ligne de conduite, prudent, laissant à l'organisme le temps de se chauffer, puis j'adoptai après une dizaine de kilomètres de course un rythme plus soutenu tout en étant contrôlé, aux alentours de 9km/h de moyenne. Noyal-Pontivy, Rohan, Les Forges, Lanouée, La Grée Saint-Laurent, Helléan furent traversés les uns après les autres en gérant course et ravitaillements. Le véritable début des difficultés allait arriver au moment de traverser Ploërmel. Une ville importante, moyenne ou grande, nécessite toujours plus d'attention de notre part car le risque de s'y tromper de route est plus important. La baisse de rythme avec les différents carrefours à traverser et les nombreuses montées et descentes de trottoirs font vite passer l'organisme de l'endurance fondamentale à la résistance si l'on n'y prête garde. Connaissant ce genre de ressenti, j'ai effectué une traversée assez rapide, sachant m'orienter et retrouver d'un coup d’œil mon itinéraire afin d'atteindre la sortie de la ville sans fatigue supplémentaire. A ce moment, il ne restait plus qu'une vingtaine de kilomètres à courir dont une longue partie sur le chemin remplaçant la voie ferrée. J'y entrai seul, loin derrière Daniel qui possédait environ 3km d'avance et que je ne pouvais apercevoir même sur les longues portions droites de cette voie. Deux ravitaillements venaient en briser la monotonie. Mon rythme était régulier, mais mon attention décuplée : il ne faudrait pas se faire une entorse ou chuter en trébuchant sur une racine. Lorsque je sortis du chemin pour effectuer les 300 derniers mètres sur le bitume, j'étais content car cette longue étape était terminée et s'était globalement déroulée sans encombre. Mon chrono de 8h34'15" me convenait parfaitement ainsi que ma 12ème place. L'objectif de cette Transe Gaule en terme de classement était de faire une place de mieux que l'an dernier, c'est à dire 14ème. C'était bien parti. De plus, comme j'étais arrivé à 15h15', je gagnai trois-quarts d'heure de repos supplémentaires. Le temps était resté sec toute la journée, le linge n'était pas trop sale, donc la lessive ne prendrait pas trop sur mon temps de récupération : c'était une journée de tout bonus. Hélas, deux coureurs durent abandonner, l'un sur blessure trop importante (hernie inguinale) pour continuer sans se mettre en danger, l'autre par méconnaissance de ses propres capacités à endurer la douleur. Je reste persuadé que s'il avait géré ses douleurs quelques jours en restant calé au fond du peloton, il se serait refait une santé. Mais sur un coup de tête, c'est une décision facile à prendre et qu'on regrette vite. Souhaitons-leur de revenir et de réussir une prochaine fois.

     

    TG 2006

    TG 2007

    1ère étape

    moy : 141  /  max : 159

    moy : 136  / max 158

    2ème étape

    moy : 126 / max : 156

    moy : 119 / max : 138

    3ème étape

    moy : 119 / max : 142

    moy : 118 / max : 138

    Samedi 18 août. ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km) 

    La voix était moins claire ce soir car Fab était inquiet pour Jacques qui à 18 h 00 n'était toujours pas arrivé... Déjà l'an passé quand il l'a vu dans une voiture cela l'avait beaucoup touché. Je vais attendre les résultats définitifs sur Yanoo pour savoir… La journée fut bonne, il a pris un départ tranquille, trouvé son rythme et est à nouveau arrivé avec Daniel en 7 h 34 min 24 s. Ses jambes lui jouent tout de même quelques tours, il ressent une légère douleur mais pour l'instant elles ne sont pas gonflées. Je verrai ça de mes propres yeux demain car comme ils attaquent la Loire Atlantique on va aller lui faire un petit coucou et peut être ramener quelques photos.

    CR. 4ème étape.

    Quatrième étape : Guer-Châteaubriant, longue de 67km en réalité pour raison de modification du lieu d'arrivée. Ce km en moins aujourd’hui, de toute façon on l'aurait en plus le lendemain ! J'arrivai dans mon "pays", mon département, et je me doutais bien (ou j'espérais) que j'allais voir des gens qui me connaissent. La météo annoncée encore une fois fut plus pessimiste qu'en réalité, comme la veille, on nous avait prédit des risques de pluie, mais en réalité, juste un petit passage de bruine vers la fin de course avec un vent assez soutenu qui était apparu vers la mi-journée.
    Cette étape, mentalement je l'avais découpée en trois parties : une qui va jusqu'à Messac (km27), une autre jusqu'à Sion les Mines (km50) et la dernière jusqu'à l'arrivée et la longue route entre Saint-Aubin des Châteaux et Châteaubriant. Je me retrouvai vite en compagnie de Daniel Müller***** avec qui je courus jusqu'à Guipry. Mais à cet endroit, il devait impérativement stopper pour une envie pressante si bien que je continuai ma route sans l'attendre. Il finirait bien par me rattraper, lui qui a l'habitude de mieux finir les étapes que moi. Je courus le reste de l'étape seul, rattrapant Gérard Habasque, blessé, au dernier ravitaillement, et je me fi
    s quand même reprendre par Daniel à 1km de l'arrivée, où cette fois-ci c'est moi qui dus ralentir afin que nous franchissions la ligne d'arrivée ensemble. 9ème ex-æquo en 7h34'24", ça m'allait parfaitement. J'avais encore gagné du temps sur l'an passé (plus d'1h06'). Deux mauvaises nouvelles arrivèrent pendant le temps de repos : l'abandon, toutefois non surprenant, de Jean Claude Arzel, et la probable arrivée hors délais de Jacques Sirat qui avait pourtant terminé les trois premières étapes à la troisième place. Une blessure à une cheville contractée la veille l'avait contraint à galérer toute la journée. J'étais triste pour lui qui déjà l'an dernier avait dû nous quitter trop tôt. J'eus, comme espéré, de la visite. Deux athlètes de la région, connus pour leurs bons classements dans les compétitions régionales, sont venus sur la ligne d'arrivée et nous avons discuté un peu des différences entre ce genre de course et les traditionnels marathons ou autres 100km. Mon frère vînt aussi me rendre une petite visite : comme c'était son anniversaire, je le lui fêtai et lui offris un T-shirt de la TG. Il devait repartir assez tôt mais il me promit de venir me voir à l'étape de Peyrelevade, le week-end prochain. Content.
    Le soir, comme il y avait un supermarché juste à côté de la salle de la Foire de Béré où nous étions hébergés, j'allai faire quelques courses afin de remplir le sac de goûters et autres barres énergétiques, cakes, boissons, et j'en profitai pour m'acheter de quoi dîner pour sortir du sacro-saint Bolino que j'aurais l'occasion de pouvoir déguster lors d'autres soirées étapes.

    FC moy 115 contre 119 en 2006.

    Dimanche 19 août. ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km) 

    Voilà nous sommes rentrés... Journée bien fatigante. Fab est en forme il a terminé 10ème et fait une heure de moins que l'an passé. Sa douleur d'hier s'est réveillée aujourd'hui et le pied est un peu gonflé mais cela ne l'inquiète pas plus que ça pour l'instant. Il est allé se faire masser une nouvelle fois.

    CR 5ème étape.

    La cinquième étape, dont le départ fut donné du site de la Foire de Béré à Châteaubriant, nous proposait 70 kilomètres à travers les deux départements où j'ai résidé : la Loire-Atlantique et le Maine et Loire. L'arrivée se situait à Saint-Georges sur Loire. Nul doute que j'allais m'y sentir chez moi et que j'allais encore avoir des visites, certaines prévues et d'autres non. A 6h38' le départ fut donné, il faisait encore un peu nuit, mais on sentait que le jour ne demandait qu'à se lever. Les premiers hectomètres furent courus à l'entrée de la ville, là où on aurait dû continuer si l'on avait fait comme l'an dernier. 12'40" pour atteindre l'ancienne ligne d'arrivée, le compte de Jean-Benoît s'avérait un peu court en ce qui concernait l'allongement de l'étape que je fixais mentalement à +1,5km. Mais tant pis, on en avait économisé autant la veille. La sortie de la ville fut longue, mais pas trop difficile. Je pensais à Frédéric Morand qui avait abandonné l'an dernier ici-même et qui cette année semblait avoir exorcisé sa mésaventure. Je souhaitais vivement le voir ce soir après l'arrivée. Erbray fut traversée après 1h15' de course soit avec 7 à 8' de plus que lors des précédentes éditions, mais cela était dû aux 1,5km supplémentaires du départ. A Petit-Auverné ainsi qu'à Saint-Sulpice des Landes, passés en 1h53' et 2h45' (km16,5 et km 23,5) je ne m'étais pas encore vraiment repris du temps, mais je savais que j'allais plus vite. J'avais profité de toute la partie peu vallonnée du début d'étape pour bien régler mon allure. A Freigné, au ravitaillement, j'aperçus ma petite famille, ma femme et mon fils. Ils m'attendaient. Je leur fis rapidement un petit bisou et repartis après m'être bien ravitaillé. La partie vallonnée commençait et je comptais alors de l'avance sur mes temps passés et ne souhaitais pas la perdre. Les côtes ne se passèrent pas trop bien, m'obligeant à alterner course et marche afin de ne pas monter trop au-delà des limites cardiaques que je m'étais fixées. Je ne dépassais pas 135 alors que jusque-là je n'avais jamais été au-dessus de 126. J'attendais de passer La Cornuaille (km45,5) pour commencer mon décompte mental : plus que 25km soit 2h45 à 3h sachant que le relief était plutôt "houleux" avec des successions de fortes côtes et de fortes descentes. De temps à autres, je me faisais doubler par ma voiture conduite par Pascale qui m'encourageait. Je connaissais cette partie du parcours non seulement pour l'avoir déjà faite deux fois, mais aussi parce que j'étais venu en juin courir le 100km du Loire-Béconnais qui empruntait certaines de ces difficultés. Villemoisan et son ravito furent atteints en 6h12' (pour 55,5km) mais ni mon fils ni ma femme ne m'y avaient attendu. J'en appris la raison qui me fit bien rigoler : Gilles, l'accompagnateur de Raymond Brandhonneur avait fermé son véhicule d'assistance en laissant les clés dedans ! Le ballot ! Heureusement, Pascale et mon fils s'arrêtèrent chez un agriculteur du coin afin de lui demander de l'aide. Ils retrouvèrent Gilles avec un bout de fil de fer et réussirent à ouvrir le camion. Cela m'avait fait une petite distraction. J'avais oublié Olaf, l'Allemand que j'avais rattrapé peu avant et qui était resté un peu plus longtemps que moi au ravitaillement. Il était content, car chaque jour je le dépassais de plus en plus tard sur le parcours : aujourd'hui au km55, alors que les jours précédents cela avait été au km 33, puis au km 40. J'arrivai à Saint-Augustin des Bois pour le dernier ravitaillement et peu après j'aperçus Diogène, un des membres les plus actifs du forum de Bruno Heubi. Il avait le bras dans le plâtre, enfin plutôt maintenu par une coque de résine. Il me demanda s'il pouvait faire quelques kilomètres pour m'accompagner ce que j'acceptais avec plaisir.
    Il était prévu aussi que mon fils fasse les deux ou trois derniers kilomètres avec moi, quand nous serions sur la piste cyclable en site propre un peu avant Saint-Georges sur Loire le terme de cette étape. Nous terminâmes ensemble cette belle journée de course où la météo fut encore clémente, ni trop chaude, ni trop froide, sèche et pas trop venteuse.
    8h05'55" pour 70km et des brouettes. Encore une heure de gagnée ! J'étais 10ème de l'étape et devenais aussi 10ème au général en raison de la perte d'une place due à une blessure de Gérard Habasque.
    14h45, c'est bien comme heure d'arrivée et la 5ème étape terminée, c'est la fin de la première semaine de course. En fait il n’y avait que 5 jours, mais comme on était dimanche, le lendemain une nouvelle semaine commençait. Le bilan à ce stade de la compétition était très positif pour moi : pas de blessure, juste quelques douleurs inhérentes à cette accumulation de kilomètres, pas d'usure prématurée des semelles des deux paires de runnings utilisées jusqu'alors en raison d'une foulée plus "aérienne" (on ne rigole pas), du temps gagné en masse sans pour autant "piocher", une place au général meilleure que celle espérée au départ, mon organisation était rodée, j'avais plus de repos... Enfin, tout baignait. J'allais même pouvoir me reposer encore plus, puisque Pascale se proposait de m'aider dans l'après-étape. J'en profitais également pour me débarrasser d'affaires qui étaient inutiles et qui n'avaient jamais servi depuis Roscoff. Du linge propre, des recharges de poudre énergétique, des cakes, des gâteaux de riz, un Yop... le pied quoi !
    Demain commencerait la phase 2 de la TG : le franchissement de la Loire et l'attaque des grandes plaines après un bref passage dans les coteaux du Layon. Je connaissais aussi très bien ce qui allait arriver dans les trois prochains jours pour être allé reconnaître ces étapes une dizaine de jours avant le départ.

    FC moy 113 tout comme en 2006.

    Lundi 20 août. ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km) 

    Qui va me croire quand je vous aurai dit que cette étape Fab l'a couru sans une goutte de pluie ! Incroyable car avec tout ce qui est tombé chez nous aujourd'hui je me suis dit tout au long de la journée qu'il allait franchir la ligne d'arrivée « trempé guené » comme on dit ici ! Et bien pas du tout, la pluie est bien allée arroser la Transe Gaule mais un quart d'heure après son passage sous la banderole. Malheureusement à 12h45 tous les coureurs n'étaient pas à Doué la Fontaine ! Après la météo : des nouvelles du bonhomme qui a bien vécu cette courte étape mais qui est un peu inquiet pour sa jambe car il ne peut pas allonger la foulée comme il le souhaiterait, cela fait qu'il a ralentit son allure mais moi je pense que ce n'est peut être pas plus mal : qui veut aller loin ménage sa monture ! comme dirait l'autre.

    CR 6ème étape.

    "Un nouveau jour se lève, enfin... "nouveau" est un grand mot,
    Ils se ressemblent tellement tous qu'on n'fait plus gaffe aux alentours..."

    Ce début de chanson de Keny Arkana me fait un peu penser à l'état d'âme dans lequel on peut se trouver le matin quand les lumières des gymnases s'allument sur les coups de 5 heures.
    "Des gens se bousculent, se marchent dessus, en fait
    Mais ils ne se regardent plus, chacun reste dans sa tête..."

    Chacun dans sa bulle se prépare mentalement à passer une longue journée, pas trop difficile pour certains, mais galère pour d'autres. A la fatigue physique s'ajoute une certaine fatigue mentale amplifiée par l'inconnue que constitue chaque étape. Comment cela va-t-il se passer aujourd'hui ? Vais-je avoir de nouvelles douleurs ? Celles dont je souffre actuellement vont-elles durer ou disparaître au bout d'un certain temps ? Et là, on n'a pas le temps de cogiter, il faut se lever, aller prendre son petit déjeuner, ranger son barda, prévoir ... l'imprévu, prévoir ce soir, quand on arrivera afin de trouver chaque chose à sa place dans le sac ou la valise. Peu de bruit dans ces gymnases, le respect de l'autre, des autres et de leurs souffrances, de leur mal-être, font que chacun garde pour lui son impétuosité, son envie de se lâcher, de déconner une dernière fois avant d'avaler son lot de kilomètres quotidiens. Je suis obligé de me retenir, moi qui aime bien de temps en temps "dire une connerie" façon Barthez. Tiens, pour marquer le coup, parce qu'on attaquait l'étape 6, celle qui menait de Saint-Georges à Doué la Fontaine sur 53km, je décidai de changer de chaussures et de mettre pour la première fois depuis Roscoff mes Mizuno Nirvana 2 (N°4 car c'est la 4ème paire que je possède dans cette série). Auparavant, j'avais couru avec des Mizuno Alchemy 6, deux paires en alternance, surtout une dans le cas d'une étape avec chemins et risques de pluie. Je n'oubliais pas de placer mes semelles orthopédiques à l'intérieur de mes Nirvana. Pour les Alchemy, pas besoin de semelles orthopédiques en raison de leur contrôle de l'hyper-pronation.
    A 6h40, nous quittâmes Saint-Georges sur Loire, dans la nuit finissante. Vers l'ouest le ciel semblait couvert tandis qu'à l'est le ciel dégagé laissait présager un superbe lever de soleil sur les îles de Loire.
    Je partis prudemment comme à mon habitude, sachant que j'avais 8km de plat pour me chauffer avant d'attaquer une longue montée vers les coteaux du Layon, région viticole dont nous avions pu déguster la veille au soir le merveilleux vin sucré. Je me délectais du paysage lors de la traversée de Chalonnes sur Loire où j'avais résidé il y a 15 ou 16 ans, me rappelant les sorties matinales d'entraînement alors que je n'avais que deux ou trois années de pratique. Aurais-je pensé à cette époque y passer à nouveau dans le cadre d'une grande aventure comme la TG ? La montée vers la Haie longue fut régulière, ponctuée de périodes brèves de marche afin de faire baisser la FC, et quand j'atteignis le sommet, j'étais dans un bon tempo tout en ne dépassant pas 132 bpm. Seul hic : mes runnings qui "tapaient". Loin du confort des Alchemy, j'avais l'impression de ne plus avoir d'amorti, surtout quand vinrent les descentes. Au ravitaillement de Saint-Aubin de Luigné, je refis le plein de tout ce que je prends d'habitude et je repartis à l'assaut des nombreuses bosses qui allaient ponctuer notre parcours pendant une vingtaine de kilomètres au moins. La suite et la fin de cette étape seraient plus plates et mes petits tracas de chaussures finiraient bien pas se dissiper.
    La météo restait sèche, malgré l'envahissement progressif du ciel par des nuages toujours plus nombreux et sombres. Mes releveurs qui me titillaient un peu, mais pas assez pour que j'en parle auparavant lors des deux ou trois étapes précédentes, laissèrent place à une gène progressive sur les tendons d'Achille. J'aurais l'air malin si je commençais à avoir des bobos. Ce n'était pas prévu dans le scénario idéal. Je décidai de rester prudent, à l'écoute mais sans trop focaliser sur ces désagréments qui faisaient partie des risques encourus par l'accumulation des km.
    La fin d'étape fut longue, mais ça allait. J'avais failli ajouter de la distance à l'étape en hésitant par deux fois sur l'itinéraire à prendre une fois entré dans Doué. Pourtant, j'étais déjà venu sans encombre deux fois ici. J'aperçus le fléchage enfin pour franchir la ligne d'arrivée en 6h04'39", à la 11ème place. Cette fois-ci, Olaf n'avait pas été dépassé : il était content. De plus, Ullrich arriva juste après moi, à moins de 2'. Il faudrait compter sur ces deux-là à l'avenir. Peut-être devrais-je perdre deux places au général s'ils finissaient les prochaines étapes en trombe. Ce n'était pas le plus important pour moi, l'essentiel étant d'arriver à Gruissan.
    Le temps d'ouvrir mon panaché habituel des fins d'étapes, et il se mit à pleuvoir, doucement au début, le temps que j'aille au gymnase, puis de plus en plus fort. J'étais à l'abri, mais je pensais à tous les autres concurrents encore sur les routes. La pluie ne cessa pas avant 19 h, elle avait commencé vers 12h45. Elle tomba sans discontinuer pendant tout ce temps parfois forte, parfois très forte. Heureusement que j'avais trouvé un endroit abrité pour étendre mon linge ! Je me dépêchais de tout préparer pour le lendemain afin de me reposer et de dormir un peu. Quand il pleut, il fait aussi plus frais dans les salles donc le meilleur moyen d'être au chaud c'est d'aller dans son duvet. J'avais auparavant pris une bonne collation tout en discutant avec les coureurs allemands à qui je prêtais mon dictionnaire Français-Allemand.

    FC moy 112 comme en 2006.

    Mardi 21 août. ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    C'est en 6h27min49 s que Fab a franchi la ligne d'arrivée à Mont sur Guesnes aujourd'hui. Il prend la 13ème place de l'étape. Aurait-il molli ? Pas du tout : c'est l'Allemagne qui a attaqué ! Klaus, Olaf et Ulrich ont visiblement accéléré le rythme! Fab, lui, est régulier car aujourd'hui comme hier il a tourné à 8,790 de moyenne (ça c'est pour les connaisseurs). Il est toujours gêné par sa jambe mais la douleur est passée de devant à derrière et est localisée au niveau du talon d'Achille. Malgré cela il a fait une bonne course avec de bonnes conditions météo : pas de pluie, pas de chaleur. Après une bonne récupération cet après-midi : pieds au mur et glace, il allait s'attabler devant une joue de veau, ce qui n'est pas son plat préféré !

    CR 7ème étape.

    Était-ce pour me remercier du prêt du dictionnaire que le lendemain les coureurs allemands passèrent à l'attaque ? En tout cas, la 7ème étape aura été l'étape "déclic". Elle nous menait de Doué la Fontaine à Monts sur Guesnes, sur 58km. J'avais révisé cette étape et appris à conjuguer à tous les temps "courir sur la D14". On allait faire sa connaissance au km33 et ne plus la quitter sur une vingtaine de km avant d'emprunter une voie verte, ancienne voie de chemin de fer. Et le lendemain, on remettrait ça sur une cinquantaine de km. Interminable la D14 ? C'est peu dire ! Je remis mes Mizuno Alchemy, rangeant les Nirvana pour de bon : elles me serviraient en cas d'urgence, si les deux autres paires étaient trop mouillées. Le début de l'étape fut magnifique, une fois sortis de Doué, lorsque nous évitâmes la grande route pour cheminer sur une petite route tranquille puis sur des chemins entre des vignes et des forêts. Au sortir de cette partie, aussi nommée voie Bonnot, du nom d'un illustre Transe Gaulois local promotion 2005, le majestueux château de Montreuil Bellay apparut. La traversée de Montreuil se déroula bien et je continuai mon petit bonhomme de chemin pendant encore une quinzaine de km. Peu à peu, je sentais que je n'avais pas trop de jambes : ça arrive les jours sans, mais aujourd'hui, ça tombait mal car c'est une étape dont je sais la fin difficile car monotone sur la D14. Les coureurs allemands proches au général (Olaf, Klaus, Ullrich) en profitèrent pour me dépasser et pour essayer de creuser l'écart, enfin, c'est le genre de pensées que je m'étais mis en tête. Tant pis, je n'avais pas la cylindrée pour suivre ; j'optais donc pour la conduite prudente et pour assurer l'arrivée. Une nouvelle fois, la météo alarmiste s'était trompée : nous eûmes du temps agréable, gris avec des éclaircies, en fait, un temps presque parfait pour courir.
    Lorsque j'arrivai, j'étais 13ème, en 6h27'49" (encore 57' de gagnées !). J'avais perdu plus de 20' sur mes compagnons allemands, mais peu importait, l'essentiel avait été atteint.

    FC Moy 113 contre 116 en 2006.

    Mercredi 22 août. ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)

    Je ne sais pas si c'est La Saint Fabrice qui lui a donné des ailes mais Fab a fait aujourd'hui une superbe étape : il avait la banane ce soir ! Cela ne se voit pas au téléphone mais cela s'entend! Il est bien conscient qu'il y a des lendemains qui peuvent vite vous faire déchanter. Mais vivons au jour le jour et apprécions cette très belle étape ! Ce n'est pas la pluie qui l'a accompagné sur les 30 derniers km qui l'a perturbé ! Il a mis une heure et demie pour trouver un rythme mais ensuite il ne l'a plus lâché. Il a couru cette étape en 6h40min40s soit à 9,5 de moyenne et il finit 8ème ! Il a foulé un bon moment la D14 qu'il connaît par cœur non pas grâce aux deux TG précédentes mais par ce que nous étions il y a 15 jours dans cette superbe région, alors vous pensez bien que nous n'avons pas pu faire autrement que d'emprunter cette route ! Il a pu aussi parfaire son allemand car il a terminé avec Ullrich. Il n'a pas plus mais pas moins de bobos que les jours précédents mais cela ne l'a pas gêné … Anecdote du jour : Après avoir installé son petit coin pour la nuit, il est allé se doucher au jet d'eau FROIDE! Sympa ! Puis il est allé avec Damien se restaurer au café du coin et ils ont regardé et encouragé les derniers Transe Gaulois qui arrivaient ! Anecdote d'hier : Les toilettes ont vite été HS et ce matin le compteur électrique a disjoncté alors les coureurs ont du se préparer à la seule lueur des lampes des issues de secours ! Apparemment Antenne 2 rôdait dans les parages ce soir et resterait sur la course demain ! Un reportage au journal de 13 h 00 vendredi ?

    CR étape 8.
    Le départ fut donné à 6h36 précises sous un temps couvert, avec un brouillard à peine frais, une grisaille qui laissait présager quelques précipitations avant la fin de la course. Les premiers hectomètres pour rejoindre la D14 m'indiquèrent qu'il faudrait compter avec quelques petites douleurs que j'avais apprivoisées depuis quelques étapes : extenseur des orteils du pied droit et tendon d'Achille droit. Une fois la partie d'échauffement passée, on verrait bien si le rythme pourrait être ou non plus soutenu comme envisagé la veille. Je déclinais ma D14, consultant à chaque borne kilométrique mon temps au kilomètre, passais à Berthegon en 30' (km4), à Orches en 1h01' (km9), à Sossais en 1h39' (km15) puis à Thuré en 2h19' (km22). Châtellerault approchait, je fus rejoint par Ullrich avec qui je traversais la ville, lui servant de guide puisque je connaissais déjà les lieux. Après la grande ville, retour sur la D14 et la campagne : champs de melons, de maïs... J'étais de nouveau seul, ayant lâché Ullrich. Targé (3h51' pour 33km), où je doublais Stéphane Pélissier, blessé et contraint à adopter une cadence peu en rapport avec son classement (2ème au général à ce moment de la TG), Senillé, où je commençais à rencontrer la pluie, puis la longue arrivée à Pleumartin (en 5h16' pour 51km). Au ravitaillement, comme j'allais bien malgré la pluie, je me mis à chantonner "Il pleut, il pleut Martin...", oui, je sais, ce n'est pas très drôle, mais celle-là je ne pouvais pas la rater ! Je repartais boosté par le fait de connaître mon avance sur certains de mes poursuivants et avec qui j'avais envie de creuser les écarts pour rattraper le temps "perdu" de la veille. Ullrich me reprit à 5 km de l'arrivée et nous décidâmes de terminer l'étape ensemble, heureusement pour moi car s'il l'avait voulu, il m'aurait déposé sur place et pris plusieurs minutes. Mais sa façon de gérer la course est aussi sage que la mienne, voire plus, et il s'est rendu compte que de grappiller 2 ou 3' ne servait à rien sinon à se fatiguer prématurément. Nous arrivâmes ensemble à la 8ème place ex-æquo en 6h40'37". J'étais satisfait de mon étape, ayant repris 20' à Daniel qui encore une fois me dira "Aujourd'hui je me suis bien reposé" ce qui avait le don de me titiller, moi qui avais un peu "tapé dedans" et qui ne cachais pas que je recommencerai le lendemain si les jambes me le permettaient. Olaf, blessé par sa course de la veille avec de nouvelles chaussures peu adaptées à la course à pied, perdit 1h. A Angles sur l'Anglins, une difficile période d'après étape m'attendait : il pleuvait, il n'y avait pas de douches, juste un tuyau d'arrosage dans le jardin qui jouxte la salle des fêtes dans laquelle nous étions hébergés, pas beaucoup de surface d'étendage pour le linge qui, je me demandais, allait-il pouvoir sécher ? Enfin, au bout de mes petits tracas d'intendance, je repris l'envie d'aller me dégourdir les cannes en faisant un petit tour dans le village, surtout pour manger un petit quelque chose qui me changerait des Bolino. Avec Damien, nous allâmes dans un café-brasserie qui nous servit un plat du jour avec des frites ainsi qu'un panaché, ou plutôt plusieurs. Nous étions situés juste sur la place du village où après un dernier virage il faut descendre une pente raide afin d'atteindre l'arrivée. Le soir, une équipe de télé était annoncée (France 2). Elle devait rester sur la course le lendemain afin d'y effectuer un reportage, tout comme TF1 l'avait fait la semaine précédente.

    FC moy 120, 113 en 2006 (c’est là qu’on voit que je suis allé un peu plus vite)

    Jeudi 23 août. ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    C'est sous la pluie que s'est déroulée cette 9ème étape marquant la moitié du parcours. Fab qui a couru tout seul toute la journée était bien jusqu'au 40ème km, ensuite il a dû « taper dedans » comme il dit mais pas tant que ça car sa moyenne est de 9 km/h pour aujourd'hui. Il termine 7ème en 7h36min11 s. Cette belle place s'explique aussi par l'abandon de trois coureurs. A son arrivée à la salle, il s'est vu offert gentiment par la femme de Chen, un coureur Taïwanais, une omelette au maïs qu'il a beaucoup appréciée car à l'heure à laquelle il est arrivé à St Sulpice les commerces étaient fermés et il avait un petit creux. Et les Bolino ? me direz-vous. Certes, mais lui, il en a un peu marre de manger ce truc là... Et puis il faut varier son alimentation… J'allais oublier : Tous à vos postes demain à 13 h 00.. Antenne 2 ne pouvait pas rater la Transe Gaule!

    CR 9ème étape.

    Cette étape devait nous faire franchir la mi-course, au km 57, soit 585km depuis Roscoff. Je me souvenais très bien m'être arrêté prendre symboliquement le panneau en photo. Cette année, pour raison de gain de temps et d'allègement maximal, point d'appareil photo : tout dans la tête et la mémoire fera le reste. Jusqu'alors, le temps avait été plutôt clément, mais en ce petit matin frais et pluvieux, la météo se rappelait au bon souvenir de cet été "pourri" qu'a connu le pays cette année. Pas de poncho sur le dos, juste enroulé dans les mains avec les bouteilles habituelles, on verrait bien au fil de l'étape si son utilité devenait indispensable. L'équipe télé de France 2 était là, pour filmer le départ, tout comme la veille au soir pour les moments de vie d'après course et ce matin au réveil pour immortaliser le lever et la mise en route des extraterrestres. Dès le départ, un raidillon de 200m, celui que nous avions descendu hier pour l'arrivée, qu'il fallait négocier tranquillement : pas la peine de courir, de toute façon on allait aussi vite que ceux qui couraient. Mon début d'étape fut assez rapide quand une fois bien échauffé j'avais trouvé mon rythme de croisière, légèrement supérieur à ce que j'avais fait jusqu'alors. Sauzelles (1h09' au km10,5), Saint-Aigny (1h29' au km 13,5), puis Le Blanc (1h44' km16), Mauvières et enfin Bélâbre (3h12' au km 30). La moyenne avait sérieusement augmenté et pris au jeu des renseignements sur mes poursuivants, je gardais le rythme soutenu que je m'étais imposé. Seul Ullrich, mon poursuivant le plus dangereux au général, était devant, mais je ne m'en faisais pas sachant qu'il avait plusieurs heures de retard au général. Nous fîmes néanmoins quelques kilomètres ensemble, avant qu'il ne parte devant. L'équipe de la télévision nous filma d'ailleurs lors du passage sur le pont de Bélâbre : les cameramen nous demandèrent d'attendre d'abord qu'une dame soit bien sur le pont avec son parapluie, afin de rendre la scène plus bucolique, mais celle-ci s'en alla, effrayée par l'idée d'être filmée. Nous repartîmes quelques instants puis l'équipe nous redemanda de nous arrêter afin de laisser passer une auto qui ferait désordre sur le reportage. Avec Ullrich, nous commencions à nous impatienter, nous étions quand même sur une course et non pas à faire du tourisme : il fallait assurer le chrono. La troisième prise devait être la bonne, de toute façon, mon acolyte et moi nous nous remîmes à courir en nous tapant dans la main. Il me lâcha donc un peu plus loin, je n'ai pas essayé de m'accrocher, le plus important était le temps que je gagnais sur l'arrière de la course et sur mon étape de l'an dernier. Interminables 20km suivants, avec de longues lignes droites sur des portions de routes en travaux avec les gravillons que je risquais d'avoir dans mes runnings, et ceux projetés par les véhicules qui me croisaient. Enfin j'arrivais sur une route tranquille où le panneau d'entrée dans le village de Beaulieu signifiait aussi la marque de mi-parcours. Top chrono en 6h18' pour le km 57, Plus que 12 et cette assez longue étape serait finie.
    J'étais 7ème de l'étape et le restais jusqu'à l'arrivée où je finissais 23' derrière Ullrich et 9' devant Daniel*****. 7h36'11" pour ces 69km, j'avais encore gagné presque 1h30' par rapport à l'an dernier.
    Trois coureurs ne finirent pas l'étape en raison de leurs blessures trop handicapantes : Martial Lanoue, Gérard Habasque et Patrick Michel. Marqués physiquement, dans leur chair, et psychologiquement, ce durent être des décisions très difficiles à prendre pour eux.

    FC moy 118 contre 111 en 2006.

    Vendredi 24 août. ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km) 

    En attendant de faire mon petit compte-rendu quotidien je vous mets le lien qui vous permet de voir ou revoir (ou plus si vous voulez) le reportage sur la TG passé aujourd'hui au JT de 13h00 : http://jt.france2.fr/13h/

    Après une petite erreur de parcours ce matin le plus gros du peloton s'est retrouvé sur la bonne voie pour cette étape de 62 km qui a vu le soleil briller un peu avant midi. Les veinards : chez nous ce n'est toujours pas ça ! A 7 km de l'arrivée Fab a été rejoint par Ulrich avec qui il aurait bien passé la ligne mais comme l'étape se termine par une descente et que ce genre de relief ne lui convient pas, Fab l'a laissé filer.. C'est ainsi qu'il termine à la 7ème place (décidément il y est abonné !) en 6h41min29 s. Il est à moins 10 heures par rapport à l'année dernière ! Il est en forme et ne ressent plus vraiment de réelles douleurs. Aujourd'hui Daniel et Don ont été accueillis sous la banderole avec le champagne : c'était pour tous les deux leur 100ème étape transe gauloise. Fab fêtera sa 50ème dans 3 jours.
    Pendant que nous étions au téléphone j'ai assisté en direct à une magnifique ola en l'honneur de Marie-Jeanne qui venait d'arriver dans la salle...Je n'avais pas l'image mais rien qu'au bruit je devine qu'elle fut magnifique ! Demain l'étape sera courte mais assez particulière car 22 km de côte attendent les coureurs.

    CR étape 10.

    La 10ème étape menait de Saint-Sulpice les Feuilles à Bourganeuf. 62Km dans le Limousin, avec peu de difficultés sinon les contreforts du Massif Central. Pas de quoi effrayer un Transe Gaulois après presque 600km dans les jambes ! Le départ fut donné un peu plus tardivement qu'à l'habitude, 6h46' au lieu de 6h30/35, sous un ciel gris mais sec. Tout de suite, je pris un bon rythme, suivant Werner le vainqueur de l'an dernier pendant une heure. Puis je me retrouvai seul, ne souhaitant pas "taper trop dedans" et laissant mon compagnon filer devant. Je traversai La Souterraine (km14,5) en 1h29' puis St Priest la Feuille (km21) en 2h17'. Au fil des ravitaillements, je sentais les encouragements de plus en plus forts, chacun espérant que je puisse continuer de creuser les écarts avec mes poursuivants. C'était devenu un jeu pour les membres de l'organisation, de voir le classement évoluer avec des attaques : ça changeait de la routine et des places figées à partir d'un certain nombre d'étapes, ça mettait un peu de suspens. Cela me donna des ailes, mais il fallait que je reste concentré pour ne pas faire de bêtises. Bénévent-l'Abbaye (km35) en 3h45', Mourioux-Vieilleville (km40) en 4h21, St Dizier-Leyrenne (km51) en 5h24, je filais bon train. Ullrich me rattrapa à ce moment et nous restâmes ensemble un bon moment, mais à 3km de l'arrivée, sur une route à grande circulation où nous ne pouvions plus courir de front, je le laissai passer devant et peu à peu il se détacha pour terminer 2'30" devant moi. La dernière côte avait été trop raide pour que je réussisse à le rejoindre. Ce n'était pas grave, il ne me reprenait pas beaucoup de temps, et surtout, j'avais fait le trou avec Daniel Müller dont je me rapprochais au général : moins de 28' à combler, c'était envisageable. 6h41'28" et une belle 7ème place, 9ème au général : tout allait bien pour moi. La place gagnée au général venait de l'abandon d'un concurrent parmi les premiers : Romain Rambaud, blessé. J'allais aussi pouvoir me reposer et faire quelques commissions dans le centre-ville pour réapprovisionner les stocks.

    FC moy 120 contre 112 en 2006.

    Samedi 25 août. ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km)

    "Je me suis fait plaisir ! Je me suis bien amusé ! " Voilà ce que Fab m'a dit ce soir ! Après un départ prudent et avoir passé une grosse côte en marchant, Fab s'est mis à accélérer et a gardé son rythme tout au long de cette courte étape. Il a couru avec Stéphane et Werner puis il les a laissés partir devant car ce n'est pas le même rythme tout de même ! Faut pas exagérer. Il a encore terminé 7ème en 4h54min45s. Demain  le départ est avancé à 6 h 00. Fab va emporter son MP3 car la route sera longue (75 km). Les coureurs ont reçu aujourd'hui la visite de deux anciens transe gaulois : Jean Hervé et Bernard.

    CR 11ème étape.
    Départ à 6h43 pour cette courte étape dont certains avaient prévu de se méfier : le début est piégeux avec un fort raidillon dès les premiers kilomètres puis une montée de 20 bornes qui en fait n'était qu'une succession de bosses à franchir dont les montées étaient plus longues que les descentes. Aussi, il ne fallait pas trop dilapider son énergie en prévision de l'énorme étape du lendemain avec ses 75km et ses +1000m de dénivelé. Mon départ fut prudent le temps de passer les difficultés du début où ça montait vraiment trop fort. La brume qui nous accompagnait gardait notre organisme au frais et comme l'étape était courte, on ne souffrirait pas beaucoup de la chaleur dans le cas où le soleil percerait. Les paysages étaient d'une beauté "type carte postale", avec les vaches à flanc de montagne, tantôt dans la brume tantôt dans le soleil quand celui-ci commençait à éclairer de ses rayons encore doux les champs et les pâturages inclinés. Parfois, un massif forestier apportait une teinte sombre au parcours et quand nous en sortions, l'éblouissement nous réchauffait. En tout cas, je me régalais. J'étais maintenant bien échauffé, je passai au km7 (lieu-dit Le Breuil) en 43' et j'atteignis le ravitaillement du km 13 (Le Compeix) en 1h21'. On me renseigna sur les écarts tant devant qu'à l'arrière. J'étais parti à mon rythme dans les premières côtes et j'avais accéléré un peu sur les parties planes ou en faux-plat descendant. Je devais courir entre 10 et 11km/h par endroits, aussi vite sinon plus que sur un 100km. Royère de Vassivière au km21 fut passée en 2h09' et le lac qu'on longeait par la suite donnait vraiment des ailes : il commençait à faire un peu plus chaud, ça sentait les vacances, je m'imaginais les gens faire bronzette sur les berges pendant que d'autres s'essaieraient au ski nautique... Mes pensées divaguaient un peu, mais c'est le quotidien des coureurs d'ultra que de penser et de penser encore. Faux la Montagne au km 34, traversée après 3h23 de course, nous proposait une dernière fois la civilisation avant de s'enfoncer sur les terres quasi désertiques du Plateau de Millevaches. 1000 vaches et 32 coureurs, ça en fait pourtant du monde ! Mais plus de village avant ... Peyrelevade, lieu d'arrivée. Le département de la Corrèze qu'on rejoignit après le pont qui termine le Lac Chamet, km 41, nous accueillit avec l'ultime ravitaillement. Je refis mon plein en eau, en bananes et gâteaux secs ainsi qu'en confiance, car je venais d'apprendre que les poursuivants étaient très loin derrière. Devant, à portée de fusil, il y avait Stéphane, Raymond et Werner que j'avais côtoyés à divers moments de cette étape, sans jamais rester très longtemps en leur compagnie. A l'arrivée, je fus acclamé comme les autres coureurs par une ambiance que seul ce village de Peyrelevade propose. Il faut dire que la ligne d'arrivée est située en haut d'une montée de quelques hectomètres qui nous fait passer en revue tous les commerces de cette bourgade.
    7ème de l'étape, en 4h54'45", il n'était pas encore midi, j'allais avoir le temps de bien m'installer et de me reposer avant la longue chevauchée du lendemain. Mon frère devait arriver à temps pour me voir franchir la ligne d'arrivée, mais j'avais dû aller trop vite ! 10km/h de moyenne, plus d’1h20' de gain sur l'an dernier, j'étais prêt à me faire plaisir pour la fin de la TG.

    Dimanche 26 août. ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km) 

    "Arrivé 3ème ! Magique !" Voilà le SMS que nous avons reçu cet après-midi! Nous avions hâte d'être à ce soir pour avoir un peu plus de détail sur cette incroyable journée. Fab était HYPER CONTENT en nous racontant son étape. 
    Le départ fut donc donné ce matin plus tôt que d'habitude au vu du nombre de Km à parcourir. A Meymac il double Raymond qui n'allait pas fort et au ravito suivant on lui annonce qu'il était 3ème : il n'y croyait pas car pour lui il y avait plus de monde que ça devant. Cette place il va donc la garder jusqu'au bout et tout faire pour ça en forçant un peu il l'avoue avec un grand sourire. La dernière partie fut dure du fait de la chaleur (il va devoir s'arrêter au bord d'un ruisseau pour se rafraichir ) et des descentes (Fab rappelons-le n'est pas un gros descendeur!)  Au dernier ravito il s'aperçoit que deux coureurs le talonnent de près alors il met un petit coup d'accélérateur car il n'a pas envie de se faire manger! A 300m de l'arrivée il sera rattrapé par Jochen et ils finiront la course ensemble. Il aura mis 7h 30 min 45 s pendant tout ce temps il n'a même pas écouté de musique : il était sur un petit nuage et s'est demandé souvent au cours cette journée s'il ne rêvait pas.... JB lui a dit ce soir qu'il allait peut-être faire un contrôle anti-dopage! Il a pu bien se reposer cet après-midi, préparer ses petites affaires pour les 64 km de demain et les 4 cols à franchir.

    CR 12ème étape.

    En ce dimanche 26 août 2007, au moment du départ de cette 12ème étape, menant de Peyrelevade à Mauriac pendant 75 kilomètres sur le Plateau de Millevaches puis dans le département du Cantal, je ne savais pas encore quelle stratégie adopter, mais amusé par les résultats et les divers gains de temps et places au général, je sentais que j'allais me "lâcher" un peu plus. L'an dernier, j'avais couru une grande partie de ces 75 kilomètres avec Roger Warenghem*, Transe Gaulois 2005, qui m'avait bien canalisé et permis d'économiser de l'énergie qui allait me servir dans les étapes qui suivirent. Je me souvenais à peu près du parcours, mentalement je savais où je devais être patient et prudent et où je pouvais au contraire prendre quelques risques et accélérer. Le départ fut avancé à 6h (6h03' pour être précis), et la météo annoncée n'était pas pour me déplaire. Il faisait gris et frais, cela devait être la tonalité pour la journée, sachant quand même que dès que le soleil percerait la couche nuageuse, la température s'envolerait et deviendrait plus gênante. Le profil de l'étape proposait une longue descente d'une quinzaine de kilomètres à partir du km49, à Neuvic, pour franchir la Dordogne puis une remontée certes moins longue, de 6 ou 7 kilomètres, mais sûrement assez raide après plusieurs heures d'efforts. Pour une fois, je partis avec les premiers, restant à vue si l'on peut dire, l'obscurité étant plus importante qu'à l'habitude, décalage horaire de 30' oblige. Je me suis retrouvé 4ème, profitant du fait que Jochen Höschele, 2ème au général, attende Elke Streicher qui commençait à accumuler une certaine fatigue morale et qui souffrait de problèmes gastriques assez fréquents. Premier pointage encourageant au km9, à Millevaches : 58'30", soit plus de 9km/h alors que nous avions couru en montée. Là, le paysage avait été splendide, le ciel assez dégagé pour laisser apparaître à l'horizon le Puy de Sancy. Je ne m'éternisais pas au ravitaillement du km14 où je dis au revoir à mon frère qui devait rentrer sur Nantes, et j'appréciais beaucoup les divers encouragements des ravitailleurs, ravis que je mette un peu de piment dans la course : c'était aussi devenu un "jeu" pour certains de voir jusqu'où je tiendrais. Je poursuivais mon effort, m'étant fixé l'objectif de rejoindre Raymond Brandhonneur que j'apercevais au loin au gré de certaines portions de routes droites. Je fis la jonction à Meymac, au km22 passé en 2h09', je courais à plus de 10km/h à ce moment de l'étape, mais j'étais bien et le cœur ne montait pas beaucoup (moyenne 120, maxi atteint 136). Une fois sorti de Meymac, le parcours redevint "désertique", alternant les côtes et les descentes dans une succession de paysages magnifiques. De temps à autre un véhicule passait, mais la plupart du temps seul le bruit de ma foulée pourtant pas très rasante pour une fois ou de mon souffle se faisait entendre. J'avais envie de trouver le temps moins long et c'est ainsi que je mis mon MP3 en marche. La musique me permit d'avaler les kilomètres sans trop réfléchir ni cogiter, j'avais fait le trou sur mes poursuivants, je pouvais gérer jusqu'à Neuvic où j'aviserais. Combressol (km31) passé en 3h01', Palisse (km41) en 3h56', Neuvic et le ravitaillement où officiaient Jaquemine et Hervé (km49) en 4h47'. A ce ravitaillement, je reçus une nouvelle salve d'encouragements et dans leurs regards admiratifs je puisais la force de continuer à courir aussi vite, même si une grosse fatigue commençait à se faire ressentir. Il allait y avoir 14 ou 15km de descente, alors je n'aurais pas d'efforts superflus à produire, donc je positivais. Oui, mais un événement indépendant de ma volonté allait quelque peu tempérer mon ardeur : en guise de route, j'aurais droit à un vaste chantier composé de pierres plus ou moins grosses et mal compressées. Il fallait redoubler de vigilance pour ne pas tomber ni se blesser. Bon, d'un autre côté, les autres concurrents auraient eux-aussi droit à cette partie caillouteuse, mais ce n'était pas une raison pour s'enflammer. Ce long intermède terminé, la longue descente se fit majestueuse, au fil des virages un paysage de plus en plus beau apparaissait. Mon allure au début de la descente avait été prudente et assez "lente" (10 à 11km/h) et peu à peu elle avait augmenté pour atteindre 4'30/km soit près de 13km/h. Le ravitaillement situé 4 kilomètres avant le pont et la remontée me permirent de refaire le point sur les positions : j'avais de la marge. Le franchissement de la Dordogne en 6h18' (km64) signifiait qu'il ne restait que 11 kilomètres à parcourir : une paille ! La montée se fit laborieuse au début, le temps de réadapter la foulée à la côte et de revoir le rythme cardiaque à la baisse. Pendant la descente, j'avais tourné à 128bpm de moyenne, sûrement à cause du début rocailleux, avec un pic à 149. Il fallait gérer la côte aux alentours de 130/140 maximum pour ne pas regretter demain d'avoir voulu jouer les cadors. Au ravitaillement du km70, au moment de repartir, après un panaché offert gracieusement par Thierry responsable de ce poste, je vis avec un certain dépit deux coureurs arriver au loin : je n'arrivais pas à les reconnaître et je me dis qu'il fallait que je reparte tout de suite sinon je finirais 5ème et grand "dindon" de cette farce. Je repartis au-dessus des bases de vitesse et de prudence fixées quelques minutes auparavant, et quand à 500m de l'arrivée je me fis reprendre par Jochen, il me demanda pourquoi j'avais accéléré à partir du ravitaillement. Je lui expliquais avec une certaine gène que je ne pensais pas du tout que c'était lui qui arrivait au loin, mais deux autres coureurs. Je m'excusais mille fois et ne regrettais pas de terminer avec lui comme il me le proposa : il avait mérité autant que moi cette 3ème place, surtout après avoir sacrifié son début d'étape à aider Elke. En temps normal, j'aurais été 4ème. 7H30'47" au final, 10km/h à peine de moyenne, 3ème place ex-æquo, j'étais ravi et je voyais l'étonnement et l'admiration dans les regards des accompagnateurs. Mais, j'avais bien donné, alors maintenant il fallait aller chercher quelque chose à manger et vite se laver et se coucher. Mon poids pris à l'arrivée était de 80,9kg contre 84 au début de la TG. Il fallait vite que je retrouve ces kg perdus en buvant beaucoup d'eau. J'avais gagné une place en terminant plus d'une heure devant Daniel, et je m'étais rapproché de la 7ème place qui était quand même assez loin et semblait inaccessible à ce moment de la TG. Mais ça me donnait un objectif sympa pour la suite autant que d'essayer de conserver la 8ème place.

    FC Moy 129 (maxi 160) contre 110 en 2006.

    Lundi 27 août. ÉTAPE 13 / Mauriac -- Aurillac : 66 km D+ 1100m / CUTOFF 12h00mn (total 849 km) 

    Après sa folle étape d'hier Fab est parti tranquillou ce matin. Sur la route de Salers il a gagné la 5ème place qu'il ne lâchera plus de la journée. La fin fut difficile du fait de la chaleur et
    du peu d'ombre sur la route des crêtes. Il a reçu la visite surprise de Jérôme et Marie. Jérôme a connu la TG grâce au blog de Fab. C'est la première fois qu'ils se rencontraient autrement que par ordinateurs interposés, c'est pourquoi quand ils l'ont encouragé sur le bord de la route Fab était bien étonné : Qui cela pouvait-il bien être ? La réponsefut donnée au gymnase ! Un grand merci à eux deux : cette rencontre lui a fait très plaisir !

    CR 13ème étape.

    C'est une superbe étape qui nous attendait en ce petit matin doux (19° au départ) mais qui laissait entrevoir un peu de chaleur quand il n'y aurait plus d'ombre sur les pentes des 4 cols que nous avions à franchir. 1100m de dénivelé, quelques descentes périlleuses pour les releveurs, quelques longues montées exténuantes pour qui ne saurait pas bien les gérer. A la fin, la route des crêtes sur une bonne quinzaine de kilomètres. Auparavant, la traversée de Salers, joli village médiéval, que nous devions faire sur le sentier des remparts et dans des ruelles très pentues. Le départ fut donné à 6h40 et nous n'étions plus que 31, Selina Coldicott ayant abandonné hier, elle aussi sur blessure. Je partis comme la veille, sans me soucier des autres coureurs, faisant ma course à mon rythme. Cette fois, les leaders étaient tous devant et je me retrouvais 7ème ce qui me convenait tout à fait et quand bien même je me serais fait dépasser, je n'en aurais pas été très affecté. Les temps de passage à Anglard de Salers (km8) en 51' et Salers (km19) en 2h00' montrent ma montée en puissance. Je descendis la raide pente de 3,7km à un bon train avec toutefois le frein à main pour ne pas me blesser, et j'arrivai à Fontanges (km25) en 2h34'. Suivit un faux-plat montant de 4 kilomètres au bout duquel se trouvait le ravitaillement N° 2. Ici, commençait aussi la longue montée vers le premier col, celui de Saint-Georges. Les premiers hectomètres me firent dépasser Werner et Ullrich en raison de ma "facilité" à monter les pentes et j'arrivais au col en 3h24' (km32). Le col de Legal arrivait ensuite, au km38 passé en 4h06', il ne restait plus qu'à descendre, enfin si l'on peut dire, car après la descente il fallait remonter au 3ème col, celui de Bruel (km43) en 4h34'. Au col de la Croix de Cheules (km49) en 5h08', j'entendis des encouragements qui émanaient de deux personnes que je ne connaissais pas, je leur fis un petit signe tout en me faisant prendre en photos. Je ne savais pas encore qui était ce couple et j'aurai la surprise à l'arrivée. Les 15 derniers kilomètres sur la route des crêtes me firent retrouver un rythme plus régulier, proche de 10km/h par moments. Mais je sentais la fatigue s'installer et je commençais sans doute à payer les efforts consentis la veille. Il fallait gérer, ce que je fis jusqu'au bout. A l'arrivée, j'étais 5ème en 6h51'08", mes poursuivants m'avaient presque rattrapé notamment Ullrich qui finit à moins de 3'. Une fois au gymnase j'eus de la visite : le couple entrevu au col de la Croix de Cheules se présenta. Il s'agissait de Jérôme et Marie qui avaient lu mon blog et avaient eu envie de voir sur place comment se déroulait la course. Jérôme est un coureur de Saint-Cyprien sur Dourdou, le lieu d'arrivée de l'étape du lendemain. Nous avons discuté et il me proposa d'apporter un flan géant à l'arrivée de l'étape suivante. J'étais ravi d'avoir fait leur connaissance. Ce n'est pas souvent que nous avons de la visite sur les étapes de la TG et à chaque fois cela procure une joie immense. Plus tard, je fis quelques courses avec Thierry afin de me réapprovisionner en céréales et autres produits pour la course. Nous en profitâmes pour rapporter 5kg de glace chinée à la poissonnerie du supermarché et qui allait dépanner beaucoup de coureurs plus ou moins blessés. A Aurillac, il faisait 35°, je plaignais ceux qui étaient encore sur l'étape.

    FC moy 123 contre 110 en 2006.

    Mardi 28 août. ÉTAPE 14 / Aurillac -- St Cyprien-sur-Dourdou : 62 km D+ 615m / CUTOFF 11h17mn (total 911 km) 

    Fab a couru cette étape de 61 km en 6 h00min56 s conservant ainsi sa 5ème place d'étape. Il n'a pas trop souffert de la chaleur qui règne dans ce coin de France car il est arrivé de bonne heure : c'est appréciable, mais il a tout de même été dès son arrivée au café du coin pour boire un petit panaché bien frais et manger une omelette frites. Il a pu ainsi se connecter à Internet et envoyer un petit coucou perso à ses potes du forum "athlète endurance". Ensuite il est allé piquer une petite tête à la piscine : hum... que cela devait être agréable ! Il tenait ce soir, ainsi que tous les coureurs de la TG, à remercier Jérôme qui est revenu sur la course avec un énorme flan aux pruneaux et des gâteaux énergétiques pour l'étape de demain. Malheureusement sa visite ne fut pas bien longue car étant pâtissier il devait s'en retourner : travail oblige !

    CR 14ème étape.

    Cette étape va-t-elle devenir l'étape au flan géant ? En tout cas, Jérôme le pâtissier de Saint Cyprien aura tenu sa promesse et même au-delà car en plus du flan géant (40 parts au moins) il confectionna une dizaine de gâteaux énergétiques dont il avait récupéré la recette sur UFO. Ce flan deviendra-t-il une tradition sur la TG ? J'espère ! Avant de déguster cette délicieuse pâtisserie après l'arrivée, il y eut quand même une étape à courir, certes assez courte, 61km "seulement", mais comportant quelques difficultés ainsi qu'une nouvelle longue descente "spéciale releveurs" afin de franchir cette fois le Lot. Le départ à 6h40 s'effectua dans une relative fraîcheur, avec un ciel un peu couvert qui tempérerait l’atmosphère pendant l'heure du midi. La longue et difficile traversée d'Aurillac, succession de descentes raides et de longues montées me servirent de réglage. Je me souvenais avoir souffert terriblement lors de cette étape en 2005, surtout quand à la douleur vient s'ajouter le stress de se retrouver dernier et lâché par le gros du peloton. Cette fois, j'étais dans le premier tiers et comme je connaissais très bien le début d'étape je savais que je devais être patient jusqu'à la sortie de Senilhès (km10,5 + 1,5 = km12), puis en fonction des sensations, j'adopterais un rythme plus soutenu. Senilhès en 1h08' (km10,5), Lafeuillade en Vézie en 2h04' (km20), Lacapelle del Fraisse en 2h20' (km23), deuxième ravitaillement au km26. Ici, j'eus une idée de ma position par rapport aux autres coureurs : Werner était juste devant, les 4 autres déjà trop loin pour que je puisse les avoir à vue, bien que de temps en temps j'apercevais une silhouette, celle de Stéphane ou de Chen.
    A Cassaniouze, km35, en 3h30', peu après le ravitaillement, commençait la longue et belle descente boisée vers les gorges du Lot. 10km de pur bonheur où je me lâchais, coupant les virages tout en restant à l'écoute des éventuelles automobiles qui pourraient arriver. J'arrivais au ravitaillement du pont sur le Lot en 4h32' (km46), puis passais Grand Vabre, Conques-Faubourg (km53) en 5h15'. Dernier ravitaillement et petit panaché pour rebooster l'organisme pour les 7 ou 8 derniers km ! La recherche de fraîcheur se faisait plus pressante, il était midi et le soleil commençait à bien s'installer. Heureusement la route était bordée d'arbres sur le côté gauche, celui sur lequel j'évoluais.
    A l'arrivée, ce fut encore une fois une bonne opération pour moi : 6h00'56" pour 61km (soit plus de 10 km/h), une nouvelle 5ème place (j'avais pris un abonnement), et pas ou peu de fatigue, juste un peu mal aux jambes d'avoir accéléré et gardé un rythme soutenu. Et dire que depuis quelques étapes je courais plus vite que sur mes derniers 100km. C'est un article de Laurent Brueyre (Transe Gaule 2005 et 2006) qui me fit prendre conscience que je pouvais bien aller au-delà de ma vitesse moyenne sur 100km sans gros risques. C'est ce que j'avais fait et ... pour le moment ça me réussissait. L'arrivée se fit juste devant un café-brasserie où je pouvais me restaurer et déguster plusieurs panachés afin de reconstituer mes réserves. Je me rendis à la salle après cette collation et je découvris la taille impressionnante du flan : 60cm/40cm et je ne suis pas de Tarascon ! Lee, la femme de Chen se mit à le couper en parts afin d'en obtenir une cinquantaine. J'aperçus aussi la dizaine de gâteaux énergétiques que l'on pourrait manger au petit déjeuner. Dommage que Jérôme n'ait pu rester ! Il devait retourner dormir pour être en forme afin de reprendre le travail dans sa pâtisserie le lendemain. Après avoir dégusté une part de ce délicieux reconstituant, je partis ... à la piscine, afin de prendre une bonne douche et d'aller me tremper dans de l'eau fraîche. C'est bien d'arriver tôt cela permet d'avoir du temps. Le soleil donnait assez fort et je préférais être là qu' à arpenter le bitume comme certains de mes compagnons Transe Gaulois étaient encore en train de le faire. Avec Damien, Thierry et Jacques nous en avons bien profité. Par la suite, je retournais me reposer, il faisait chaud et lourd et ce qui devait arriver arriva, il y eut un orage avec une bonne pluie. L’atmosphère redevint plus supportable par la suite.

    FC moy 124 contre 111 en 2006.

    Mercredi 29 août. ÉTAPE 15 / St Cyprien-s/-D. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 

    Devinez à quelle place Fab s'est classé sur cette étape? Je ne fais pas durer le suspens plus longtemps : 5ème. Il a pris un abonnement ! La journée s'est bien passée, il a eu droit de se faire bien tremper par un orage après son passage à Rodez. Tout le monde a franchi la ligne d'arrivée ce soir mais pas dans le même ordre que d'habitude : Marie-Jeanne n'a pas clôturé la course, c'est Don qui l'a fait. Il a avoué être un peu fatigué... Cela ne m'étonne pas à 69 ans ! Ce soir la Mairie et le syndicat d'initiative de Cassagnes-Begonhès ont offert un pot aux coureurs : une première dans l'histoire de la TG pour cette commune. Demain le départ est fixé à 7h00, JB accorde une demi-heure de grasse matinée car l'étape sera courte mais elle est à signaler car les coureurs franchiront le 1000ème km.

    CR 15ème étape.

    Encore une courte étape qui nous attendait. ! Avec celle de demain (54km) on aurait de quoi se refaire une santé et aborder les deux "soixante-dix et plus" avec un peu de fraîcheur... du moins en théorie. Après une bonne nuit, dans une atmosphère quand même lourde, après un copieux petit déjeuner où honneur fut fait aux gâteaux énergétiques de Jérôme, nous reprîmes la route.
    A 6h37, il faisait gris et nous allions devoir nous armer de patience et de vigilance pendant les 24 premiers kilomètres : en effet, la route qui menait de St Cyprien à Rodez était très fréquentée, et les conducteurs de l'Aveyron n'étant pas réputés pour être très prudents avec la gent pédestre, il fallait s'attendre à bondir dans un fossé ou à se plaquer contre une paroi rocheuse à tout moment. Pour moi, ce fut correct, à part juste trois ou quatre imbéciles qui, comme d'habitude, ne font pas le moindre écart quand ils vous croisent. Et ne parlons pas de ceux qui effectuent des dépassements dans votre dos et qui vous frôlent ! Nauviale, sans encombre, fut atteinte en 24' (km4), Marcillac (km10) en 1h00', Pont les Buis et son poste de ravitaillement où je passais en 5ème position (km14,5) en 1h24', et Salles la Source (km17) en 1h42'. Encore 7km et nous allions pouvoir emprunter la piste cyclable et nous reposer mentalement. J'arrivais à Rodez en 2h42' (km28), je pris tout mon temps au ravitaillement, sachant que je me trouvais au pied d'une longue montée pour atteindre la route vers Le Monastère. Je décidais de monter uniquement en marchant et de reprendre la course après avoir bien soufflé. Je passais Le Monastère (km30) en 3h04'. Le temps qui jusque là avait été clément se mit à devenir orageux. La pluie battante sous laquelle je courais me faisait du bien, me rafraîchissait, mais je craignais pour mes chaussures : gorgées d'eau et j'aurais eu des difficultés à courir, risquant de plus de me faire des ampoules. L'orage passa au bout d'un quart d'heure et j'arrivais alors au poste de ravitaillement N°3. Je repris des forces et des provisions (liquides et solides) puis traversai La Chapelle Saint Martin (km39) en 4h00'. Un peu plus loin, j'arrivai sur la D902 qui menait à Cassagnes sur 15km. Les 9 premiers km étaient en descente sur une belle route large et je pouvais à nouveau me mettre à allonger la foulée. A plus de 11 km/h par moment, j'hésitais à m'arrêter au ravitaillement N°4, mais il y avait encore 10 autres kilomètres jusqu'à l'arrivée. Je repris juste de l'eau et deux gâteaux secs. Cette étape courue en solitaire se termina après 5h39'59" d'efforts, à la 5ème place, bien isolé entre mon prédécesseur, Jochen, arrivé 13' avant et le coureur suivant, Ullrich, à 10' derrière. Je n'avais pas tenu les 10km/h de moyenne en raison de la traversée de Rodez à la marche, mais j'étais content de mon étape, même si j'avais encore "donné".

    FC moy 125 contre 120 en 2006

    Jeudi 30 août. ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km)

    Il a plu aujourd'hui sur la TG et cela du début à la fin car la pluie s'est finalement arrêtée quand Marie-Jeanne a franchi la ligne d'arrivée. Fab a été 4ème pratiquement toute la journée, il a passé le 42ème km (marathon) en moins de 4 heures mais il s'est fait rattraper par Stéphane et n'a pas cherché à relancer : il était trempé et il pensait à la longue étape de demain. Les cieux seront sûrement plus cléments avec nos coureurs pour cette avant-dernière étape. Le couchage aujourd'hui a lieu dans une salle des fêtes assez rustique. Comme elle n'est pas équipée de douches les coureurs doivent aller ailleurs mais quand Fab a voulu prendre la sienne : elles étaient fermées. Heureusement la solidarité est présente sur la TG car il a pu se doucher dans le camping car d'un des accompagnateurs : sympa ! Le départ de la dernière étape de samedi devrait être donné aux aurores : 5 h, de façon à ce que tout le monde, coureurs comme bénévoles, profitent de cette dernière journée…

    CR 16ème étape.

    Comme il s'agissait d'une étape courte, le départ fut retardé de 30' pour nous permettre de faire une petite grasse matinée. La météo n'était pas très favorable : il pleuvait, pas de manière soutenue, mais assez pour garder le corps au frais. Cela n'allait pas durer toute la matinée, heureusement. Mon départ fut assez rapide, comparativement aux autres étapes, à plus de 10km/h. Je passais à La Selve (km8) en 45', puis j'arrivais à Réquista (km19) en 1h47'. Profitant de la descente vers le Tarn, j'accélérais même mon tempo : Lincou (km25) en 2h20'. Sur 100km, ça correspondait à mes temps de passage quand je faisais moins de 10h. Aujourd'hui, il n'y avait que 54km et je me sentais bien, les premiers n'étaient pas très loin devant et je m'accrochais à la 4ème place. La suite de l'étape nous faisait emprunter une "jolie route paisible qui grimpe pendant 9km" comme l'indiquait le road-book. Avec les 9km suivants, on a couru presque deux heures sans voir ni villages ni habitations, mis à part quelques bâtiments en ruines ou abandonnés. Plaisance, où nous franchissions le Rance, (km44) en 4h10' pour moi, était le premier village que nous rencontrions et l'envie de s'y attarder ne se fit même pas sentir. Le ravitaillement se trouvait 3km plus loin au point symbolique du km1001 (borne 22 sur la D33). Pourquoi là et pas au km 1000 ? Parce que ce dernier se situait en pleine ligne droite, là où il aurait été difficile et très dangereux d'installer un stand. 4h49' de course pour 47km, plus qu'un village à traverser. Je me faisais rejoindre par Stéphane Pélissier avec qui je courus quelques minutes avant de le laisser partir à son train. Les 7 derniers km n'étaient pas très plats, et je préférai rester à mon rythme que d'essayer de suivre mon compatriote qui devenait le premier français de l'étape. En plus, il devait lutter pour préserver sa place de 3ème au général que convoitait aussi Chen, le coureur de Taïwan qui réside néanmoins au Brésil. J'arrivais en 5h09'09", à la 5ème place, dans un bon état global, prêt pour les deux prochaines et longues étapes. Au classement général, je me rapprochais encore plus d'Elke Streicher qui n'avait plus qu'1h08' d'avance sur moi. C'était un petit objectif pour la fin de ma TG. On verrait bien ça le lendemain, quand la course serait lancée et quand les premières sensations m'auraient renseigné sur mon potentiel.

    FC moy 125 contre 119 en 2006.

    Vendredi 31 août.

    Fab est parti à l'attaque dès les 500 premiers mètres pour finir 4ème de cette avant-dernière étape. Il voulait voir un peu ce que cela faisait de se frotter aux 3 premiers du classement mais comme il l'avoue ce soir sans aucune amertume : c'est une pointure au-dessus ! Il termine en 6h52min43s gagnant ainsi une place au général et 20h52min par rapport à l'an passé ! La météo fut avec les coureurs (pas de pluie), ils ont pu assister à un superbe lever de soleil, par contre dans les cols ils se sont retrouvés dans le brouillard avec du vent et des températures frôlant les 7°. Fab me disait qu'il a alors évité de marcher car il sentait qu'il se refroidissait. Le mot de la fin pour ce soir fut : plus qu’une !

    CR 17ème étape.

    La traditionnelle photo réunissant tous les coureurs et les accompagnateurs fut prise devant la statue de l'enfant sauvage, juste devant la salle où nous avions dormi. La veille, nous avions eu droit à un excellent repas au restaurant qui nous accueillait. A 6h30 précises le départ pour cette avant-dernière étape fut donné par un petit temps frisquet, le ciel était dégagé, mais le vent s'était levé. Nous étions dans la vallée, et nous allions découvrir dès les premiers kilomètres de montée un brouillard s'épaississant de plus en plus. Auparavant, profitant de l’obscurité et de la descente d'un escalier pentu menant à la route des Cols, j'avais pris un départ rapide dans le groupe des leaders afin de ne pas me retrouver "marqué à la culotte" par certains de mes poursuivants au général. La côte qui arrivait, c'était mon domaine, j'avais juste à assurer mon train en contrôlant de temps à autres le cardio. Celui-ci oscillait entre 120 et 138 pendant les 90 premières minutes, et j'atteignis le premier col, le col de Peyronnec (km15,5) en 1h36', soit à presque 10km/h de moyenne (9,7 pour être plus précis). Là-haut, le brouillard et le vent empêchaient de garder un rythme régulier, j'étais tantôt poussé, tantôt freiné, et dès que mon allure se faisait moins vive, j'avais froid. Peu à peu, le brouillard se leva, et j'arrivais non loin du col de Sié. Quelques hectomètres avant ce col, il était possible d'emprunter un raccourci à travers un champ, une rude montée de 200m qui faisait économiser 500m de course. J'avais dû être le seul à le prendre, et ce raccourci me fit économiser environ 3', temps estimé par rapport au retard que j'avais sur Jochen peu de temps avant (3'30 à 4') et qui s'était réduit de façon "singulière" (30" au sortir du chemin). Mais le raccourci était indiqué dans le road-book, les autres concurrents n'avaient qu'à y jeter un œil. Pourtant, je mis Jean-Benoît dans l'embarras, lui qui attendait au carrefour de l'itinéraire le plus long, celui qui n'empruntait pas le raccourci, et comme il ne m'y vit pas passer, il alla vérifier s'il ne m'était pas arrivé un accident ou autre problème. Quand je lui dis que j'avais pris le raccourci, il fut rassuré et me répondis que je devais être le seul à avoir osé le faire, surtout que l'endroit n'était pas balisé. J'y étais déjà passé à deux reprises, en 2005 et 2006, et ma mémoire était encore excellente à ce moment de la course. Peu après, je franchissais le col de Sié (km26) en 2h35' puis une longue et rude descente menait à Lacaune où se trouvait le ravitaillement n°2. La traversée de ce village s'effectuait en montée, je décidais de marcher pendant un certain temps pour récupérer. J'étais en 4ème position, ça me convenait, surtout que je m'attendais à être repris par Stéphane dans peu de temps. Le Col du Picotalen (km32) en 3h19' précédait une longue descente où je repris une course plus rapide en déroulant. Peu avant La Salvetat, j'eus un trou de mémoire, hésitant longuement devant les panneaux d'une intersection : à droite ? à gauche ? Le fléchage placé à droite mais indiquait d'aller à gauche. Je pris l'option "à gauche" et on verrait bien. Une voiture de la TG me dépassa au bout d'un quart d'heure ce qui me rassura et je pus donc retrouver mon tempo. La Salvetat sur Agout (km47) passée en 4h46', son ravitaillement au pied d'une de ces montées à faire descendre de selle un vététiste même chevronné, et ce fut la route vers le Col de la Baraque (km55) en 5h34', j'avais encore accéléré, euphorique, dans cette partie moyennement pentue. Le Col du Cabaretou, (km59) en 5h59', précédait une longue et belle descente, empruntée par les coureurs du Tour en juillet, où persistaient les peintures à la gloire de certaines équipes ou coureurs. Du ravitaillement situé à ce Col jusqu'à l'arrivée, je mis à peine 54' pour 11km soit une moyenne supérieure à 12km/h. J'arrivais en 4ème position, Stéphane n'ayant pu faire la jonction, en 6h52'44". J'étais comblé. J'avais bien "donné" encore une fois, mettant moins de temps qu'au passage du 70ème km de mes derniers 100km, mais je savais que je n'avais pas de blessure et que demain l'étape commençait par 10km de montée où je pourrai encore une fois me lâcher. J'avais aussi gagné une place au général : j'étais 7ème. Le soir, Thierry, l'accompagnateur de Jacques et membre du staff des ravitailleurs, nous prépara un plat délicieux, une spécialité de sa région gersoise. Tous ceux qui restèrent dîner au gymnase furent conquis.

    Fc moy 125 contre 124 en 2006.

    Samedi 1er septembre. ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km)

    Tout petit message pour vous dire que Fab a sa troisième étoile. Il termine 4ème ex-æquo avec Jochen en 6h52min30s. Il rentre demain en camion avec Damien. La route va être longue et lundi le travail reprend ! Je vais donc laisser ma plume jusqu'à l'année prochaine car je pense qu'il va se réinscrire sur la TG. Et c'est promis Henri je mettrai dans mes messages les villes étapes de façon à ce que tout le monde puisse le suivre sur la carte.

    CR 18ème étape.

    Déjà la dernière étape ! Le départ fut avancé à 5h32' pour des raisons d'intendance : les ravitailleurs avaient bien mérité d'être présents sur la plage quand nous arriverions. De ce fait, certains postes de ravitaillements allaient se transformer en "dépôts de boissons, sucres, fruits et gâteaux secs" laissés sur le bas-côté de la route à des endroits bien précis. Il ne faudrait pas les rater sinon il faudrait se débrouiller pour trouver un commerce ouvert. Mon départ se fit comme prévu, avec les deux premiers du général en ligne de mire. L'air était doux et laissait présager que la journée allait être chaude en cas de soleil. Le ciel était magnifique, étoilé, la Lune nous permettant de courir sans avoir recours à une quelconque frontale ou autre lampe torche. J'avais revêtu une chasuble fluo et réfléchissante pour être vu par les automobilistes pendant toute la partie nocturne de notre périple vers Gruissan-Plage. La montée au train me fit atteindre le Col de Sainte-Colombe (km10) en 1h01', puis le premier ravitaillement où je fus acclamé car à ce moment de l'étape j'étais 3ème et loin devant les poursuivants. Mais comme les deux coureurs situés derrière moi étaient de meilleurs descendeurs que moi, je ne me faisais pas d'illusion, ils allaient bientôt me "croquer". Le vent qui avait été assez modéré sur le flan nord de la montagne se fit plus fort de l'autre côté. Heureusement, il nous était favorable et permettait de grandes envolées quand une bourrasque nous portait. Il fallait se méfier de ne pas se blesser à aller trop vite. Au niveau d'Aigues-Vives (km27), passé en 2h27', j'avais repris un peu d'avance après avoir été rattrapé par Jochen et Stéphane. J'accrus mon avance au moment où le road-book indiquait un raccourci (que je fus encore une fois le seul à emprunter), et je me permis même le luxe de me retrouver dans la foulée de Chen, alors second de l'étape. Je me mis à rêver que dans quelques kilomètres je rattraperais Martin, le leader et que je le dépasserais, mais je fis un rapide retour sur terre quand, peu après le 3ème ravitaillement, Chen me mit "une mine" et me prit quelques hectomètres en l'espace d'une dizaine de minutes. Il était quand même un niveau au-dessus de moi, mais j'avais voulu voir ce que ça faisait de côtoyer la tête de course : c'était "magique" ! A partir de ce moment de la course, nous rejoignîmes le Canal de la Robine que nous devions suivre jusqu'à Narbonne. Derrière, Jochen et Stéphane me suivaient à vue et sur les chemins caillouteux ils évoluaient plus aisément que moi, avec ma foulée plus lourde et plus rasante que la leur. Stéphane me reprit à quelques kilomètres de Narbonne et m'attendit au ravitaillement sauvage du km55, à l'entrée de Narbonne. Après 5h06' de course. Nous restâmes ensemble le temps que je lui serve de guide lors de la traversée de cette grande ville, et je lui dis de ne pas m'attendre dès qu'il serait sur la bonne route, de toute façon, je n'aurais pas réussi à tenir sa cadence. Prochain objectif, le Camping des Mimosas (km62) où se trouvait le dernier point de ravitaillement "sauvage" lui aussi. Jochen fit la jonction avec moi à ce moment et me demanda si je voulais terminer en sa compagnie. J'étais d'accord et nous finîmes les 10 derniers kilomètres de concert. C'est vrai que la fin parut moins difficile à deux que si j'avais dû courir seul. Une dernière longue ligne droite précédait le moment toujours aussi magique du franchissement de la ligne d'arrivée : main dans la main, nous avions terminé notre grande traversée. 4ème ex-æquo, en 6h52'29", encore à plus de 10km/h de moyenne, 7ème au général pour moi, seconde place pour Jochen. J'avais gagné ma troisième étoile ! Déjà arrivés depuis quelques minutes, Martin (1er), Stéphane (2ème) et Chen (3ème) vinrent nous féliciter ainsi que tous les membres de l'organisation. Je me débarrassai vite de ma ceinture porte-gourdes, de mes chaussures... et je courus jusqu'à la mer où j'allais me baigner : l'eau était froide et je mis plusieurs minutes à entrer totalement dans l'eau. Mais ça faisait du bien, malgré le vent.

    (à suivre... pour les impressions d'ensemble de la soirée de remise des trophées et du grand festin autour du feu avec sangliers et autres mets délicieux, et le barde attaché à la voiture de JB et bâillonné : "Non, tu ne chanteras pas !")

    FC Moy 124 contre 120 en 2006

    Mardi 4 septembre : retour sur Terre.

    Que le temps passe vite ! Déjà 3 jours que la TG est terminée et déjà elle me manque ! J'ai vécu cette édition comme dans un rêve, même si tout ne fut pas aussi simple que les divers commentaires fournis à chaud à Pascale peuvent le laisser entendre : c'est l'euphorie des quelques minutes qui suivent l'arrivée qui fait oublier les souffrances, même légères, ressenties pendant les étapes. J'ai géré la course en augmentant ma moyenne de manière progressive sans que cela ait été prémédité. Mais quand au bout de quelques étapes j'ai constaté qu'au niveau cardiaque je n'étais pas plus haut que l'année précédente pour une vitesse supérieure de l'ordre d'1 km/h, alors j'ai voulu pousser un peu l'organisme afin de tester si ça se passerait bien en allant encore plus vite ; le verdict est vite tombé : non seulement j'arrivais à gagner encore plus de temps sur l'an passé mais je finissais les étapes dans un état de fraîcheur relatif supérieur à 2006. Du coup, je pris encore plus de risques, contrôlés toutefois, et me lâchai vraiment lors des 7 dernières étapes.

    Au final, je gagne plus de 22 heures sur le chrono de l'an dernier ce qui, en terme de récupération, n'est pas négligeable : 22 heures de repos supplémentaires ! Ce n'est pas rien. Ce n'est pas pour cela que j'ai pu faire plus de choses à côté de la course. J'ai essayé de maîtriser ce temps supplémentaire de repos pour ne pas me disperser en allant papillonner à gauche et à droite. C'est ça aussi un des facteurs de récupération. J'ai quand même pu aller visiter quelques villages que jusqu'alors je n'avais que traversés, j'ai pu profiter de ce temps libre pour aller à la piscine, faire quelques courses mais le problème quand on court plus vite c'est qu'à l'heure à laquelle on arrive, en début d'après-midi entre 12h30 et 14h, tout est fermé ! Pas un magasin, pas une boulangerie ou autre commerce surtout dans les petits villages. Alors, une seule solution, après la douche, les soins et la petite lessive quotidienne, le repos allongé les jambes en l'air sur un mur avec une petite sieste en plus.

    J'ai beaucoup apprécié la mentalité des coureurs allemands qui, lorsqu'ils viennent sur la Transe Gaule, sont de véritables compétiteurs et je pense que sans leurs nombreuses attaques, à l'image de ce qu'on voit sur le Tour quand des échappées se font fréquentes en montagne, je n'aurais peut-être pas été chercher cette motivation à défendre ma place au classement et même à aller chercher un classement encore meilleur. Il n'y a pas de vérité sur ce genre de course, mais je peux quand même observer en 3 éditions courues et terminées que le pourcentage d'abandons est très nettement supérieur dans les rangs des Français si on le compare avec celui des autres pays (Allemagne, Pays-Bas notamment qui sont de grands pourvoyeurs de Transe Gaulois). Voilà le premier bilan que je tire de cette troisième étoile qui va bientôt venir rejoindre les deux que j'ai fait tatouer sur mon épaule.

    à+Fab***

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  • Transe Gaule 2008

    Mercredi 30 juillet. J-14 : ça approche à grands pas !
    Dans deux semaines maintenant la Transe Gaule sera commencée, et à cette heure (23h) la première étape entre Roscoff et Plounévézel aura déjà été courue. Les coureurs, ou au moins leur grande majorité, essaieront de trouver le sommeil dans le gymnase de Plounévézel, tout en repensant à la journée passée ainsi qu'à celle du lendemain qui les attendra. 
    Les impressions individuelles concernant cette première étape ne seront pas toujours positives, l'organisme ne s'étant pas encore habitué à l'enchaînement des kilomètres et des étapes. L'inquiétude sur l'état de forme du lendemain matin prévaudra : "Pourquoi ai-je eu tant de mal à faire ces 62km à une si petite vitesse alors que d'habitude j'en fais 100 plus vite et avec moins de difficultés ? Aurai-je du mal à reprendre le rythme demain matin ? Des douleurs commenceront-elles à apparaître ? Vais-je les identifier et ne pas paniquer dès leur arrivée ? Vais-je avoir le temps de me lever, de me préparer et de ranger tout mon barda ? Quel temps va-t-il faire ? " Toute une série d'interrogations vont venir troubler l'endormissement. 
    Il fera aussi peut-être chaud dans le gymnase ce qui, ajouté aux suées nocturnes dues aux efforts consentis lors de la première étape malgré la prudence dans son approche, va troubler le repos. Celui-ci sera aussi de courte durée car le départ de la première étape étant donné aux alentours de 8h30, l'arrivée en plein milieu de l'après-midi, voire en début de soirée pour les moins rapides, vont faire se précipiter les choses et rogner le temps précieux de récupération.
    Certains auront à peine eu le temps de s'installer, de se doucher et de laver quelques affaires qu'il faudra dîner et vite préparer la tenue du lendemain afin de gagner du temps au réveil. Cette première soirée pourra être ressentie avec frustration, car manquant de temps pour discuter avec les collègues coureurs. Les CR individuels seront brefs, mais chacun pourra se rattraper le lendemain soir où l'arrivée sera plus tôt dans l'après-midi. Le repas du soir permettra néanmoins de discuter, mais pas longtemps. Vite il faudra aller préparer tout le bazar pour être efficace tôt le lendemain matin au départ de la 2ème étape.

    A 52 coureurs dans le gymnase, sans compter tous les membres du staff ainsi que les accompagnateurs, ça va faire du monde au petit-déjeuner, aux sanitaires, enfin à tous les endroits où l'on s'affaire dès l'aube. Il va falloir ne pas trop se disperser et être encore mieux organisé que lors des éditions précédentes.
    Ah 2005 ! Quand nous n'étions que 24 ! 
    Mais bon, c'est la notoriété grandissante de cette merveilleuse course qui lui a apporté tant de postulants à l'étoile. On ne va pas s'en plaindre, c'est tellement sympa toute cette grande "famille" réunie pour presque 3 semaines de découverte.

    Ce soir, je me rappelle des trois éditions précédentes, et je me dis que je vais essayer cette année de profiter du temps, de le savourer, car il passe tellement vite.

    à+Fab***

     

    Mardi 12 août :
    Coucou me revoilà, comme chaque année à la même date ! 
    Comme je l'avais promis à Henri l'an dernier je vais ajouter les villes étapes à mes commentaires ainsi pour les mordus de géographie vous pourrez suivre la course sur une carte.
    A demain pour les premières impressions de notre coureur.

    Mercredi 13 août :
    ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km   (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn)


    C'est le gris, le vent,  la pluie et parfois le soleil qui ont accompagné les coureurs sur cette première étape. C'est bien trempé que Fab termine en 6h40’ soit 28 minutes de mieux que l'an passé, ce qui le classe 17ème. Il a eu de bonnes sensations tout au long de la journée mais il attend demain pour voir  s'il n'a pas un peu tiré sur la bête aujourd'hui ! Il était tout de même bien content de sa journée car (je cite) : "C'est une Transe Gaule bien relevée cette année : il y a du beau monde !"

    Jeudi 14 août :
    ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km)

    "Impeccable comme hier" 
    Voilà les premiers mots pour ce soir ! L'étape a été fraîche mais plus agréable que celle d'hier. Il n'a pas de regret par rapport à ses performances de la veille car pas de bobos (je croise les doigts pour que cela continue ainsi car son retour de la 1ère TG et son état sont toujours présents à mon esprit). Les sensations sont les mêmes que l'an passé. Il est allé plus vite certes mais il gère et reste raisonnable : il a couru les 9 km le long du canal à 10 km/h ce qui lui a fait gagner du temps mais il a su marcher dans les côtes. La fin a été plus dure car le parcours emprunte une route avec de la circulation. Pour la grande étape de demain (75 km) il sait par avance qu'il ira moins vite… Ce soir il est donc 16ème au classement général après avoir franchi la ligne en 6h42’.

    Vendredi 15 août :
    ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km)

     

    "J'ai explosé mes temps". C'est le moins que l'on puisse dire, courir les 75 km en 7h55’.
    Fab est parti prudemment et petit à petit la machine s'est mise en route. Il s'est tout de même fait une petite frayeur à 10 km de l'arrivée, il a fallu qu'il s'arrête 5 min pour que son rythme cardiaque baisse. Cela lui arrive parfois ! Son frère l'attendait à l'arrivée ainsi que toute une bande
    de motards qui étaient là pour leur rassemblement annuel. Les rues de Guer étaient tellement encombrées qu'il a fallu rejoindre le gymnase à pied.

    Samedi 16 août :
    ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km)

    Me voilà rentrée à la maison après une petite journée passée sur la Transe Gaule. Une petite et très bonne journée. Je suis arrivée à 11h00 à Châteaubriant car j'avais rendez-vous avec Patrick (coureur du même club que Fab). Nous avons remonté la course en voiture à la rencontre de Fab et ils ont fini la course tous les deux. Fab avouait ce soir que cette compagnie lui a fait du bien car il avait eu un petit coup de mou plus tôt dans la matinée... Alors un grand merci à Patrick.
    Il a couru cette étape en 7 h 00. J'ai pu voir de mes propres yeux qu'il n'a pas de bobos et le moral est bon. Ce soir on fêtait l'anniversaire de Nicole (une bénévole) qui a eu droit à la chanson traditionnelle "JOYEUX ANNIVERSAIRE" en français, en anglais, en allemand et en taïwanais. C'était fort sympa!
    Dernière petite chose comme il était le régional de l'étape le journal Presse Océan est venu l'attendre à l'arrivée et il devrait y avoir un article demain dans la presse. Alors pour tous les gens de l'Ouest courez vers votre kiosque !
    Petit mot personnel pour Jochen qui a couru l
    a TG l'an passé de la part de René et Angie : « Gruesse vom Transe Bolino an den Schawbenpfeil. Keine Sorge, ich mach nur meine Arbeit, es soll Lente geben, die erwarten das von mir. Meine mutter zum Beispiel.
    Viele Gruesse auch an alle die den Transe Gaule mitverfolgen und im DUV Forum diskutieren.
    Bis bald. Angie und René

    Dimanche 17 août :
    ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km)

    "Dur mais bien fini tout de même"
    Un peu à l'image de l'étape d'hier Fab a eu un petit coup de mou. Il a avoué ce soir que cette étape est toujours très difficile pour lui mais que d'habitude elle passe mieux car nous sommes là. C'est vrai que depuis sa première TG où nous l'avons suivi pendant 7 jours nous étions toujours présents sur l'étape 5. Enfin il a tout de même été très content de voir un peu avant St Georges Dio
    gène (du forum) qui l'a accompagné jusqu'à la ligne d'arrivée franchie en 7h42’. Il se projetait déjà ce soir sur les deux futures petites étapes en se disant qu'elles allaient lui permettre de bien récupérer.
    Son seul souci est de savoir s'il va bien dormir car depuis le départ de Roscoff le sommeil ne vient pas facilement (moi je m'écroulerais après des journées pareilles)

    Lundi 18 août : ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km)

    13 h 00 , coup de téléphone de Fab… On ne s'attendait pas à un appel aussi tôt. Il venait de prendre sa douche et avait rejoint la ligne d'arrivée pour pouvoir encourager les futurs finishers, car ce qu'il y a de bien à Doué la Fontaine c'est que la banderole rouge marquant la fin de toutes les souffrances (au moins pour la journée) se trouve juste en face d'un café...
    Alors on peut déguster un panaché tout en suivant la course. Pour sa part Fab allait essayer de manger une pizza pour son déjeuner car les Bolino il en a un peu ras le bol !
    L'étape d'aujourd'hui est à l'image des dernières c'est à dire :
    "Facile au début...
    Dur au milieu...
    Et moyen à la fin..."
    Il aimerait bien que dans les jours qui viennent ce schéma change un peu mais ....
    Il est arrivé en 16ème position (comme d'habitude, le voilà abonné à cette place) en 5h36’34’’.
    La nuit fut meilleure, il a réussi à dormir au moins 4 heures et espère là aussi gagner encore des heures.


    Mardi 19 août :
    ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    "Dur dur, c'est pas le physique, c'est la tête". Oh il n'avait pas le moral notre coureur ce soir !
    Il a eu très mal au ventre toute la journée et cela lui a pris la tête. En plus il est enrhumé. Pourtant la journée fut belle sur le parcours, le temps se prêtait à la course à pied.
    Il finit tout de même 15ème en 6h14’50’’. Certains coureurs ont comme lui quelques coups de fatigue alors que d'autres remontent tranquillement : c'est ça la Transe Gaule !
    Je lui ai conseillé pour demain de courir avec son
    walkman sur les oreilles, de se mettre dans sa bulle et de savourer... Il y avait pensé aussi. Vivement demain que nous ayons des nouvelles et des bonnes...

    Mercredi 20 août :
    ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)

    Étape qui voit les coureurs passer le 500ème km 

    Les jours se suivent et ne se ressemblent pas… Ce soir, au téléphone, Fab a la voix plus claire et ça, c'est un signe que tout va. Il revenait de manger deux galettes complètes le tout arrosé de
    Cacolac... La galette c'est comme le flan il en mangerait bien tous les jours. Il a couru les 63km en 6h35’, il n'a gagné que 5 min par rapport à l'an dernier mais après analyse de sa course il a compris pour quoi et quelque part ça rassure. "J'ai fait le zozo en début d'étape", il a pris un départ rapide avec non pas les premiers (il ne faut pas exagérer, il n'est pas si inconscient que ça) mais le groupe de suiveurs. Il les a lâchés petit à petit au gré des côtes sur ce parcours qu'il connaît bien. Au 33ème km il était à 10km/h et puis le coup de mou est arrivé, mais ça il le savait, et s'est fait doubler, normal. De lui même il a levé le pied tout au long de la D14 - il ne l'aime pas cette route visiblement - et puis il a retrouvé des bonnes sensations en fin d'étape ce qui le rassure par rapport à ces derniers jours. A l'arrivée c'est la traditionnelle douche froide qui l'attendait, et oui, pas d'eau chaude dans la salle. Demain il pense faire l'étape tranquillement.

    Jeudi 21 août :
    ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    C'est allongé dans le gymnase avec
    l’Équipe sur les genoux que nous avons retrouvé par téléphone Fab. Il se reposait tranquillement après ses 7h25’ de course, une douche et quelques petites courses au SHOPI du coin pour acheter quelques victuailles qui le changeraient du quotidien car il commence à saturer. Je vous livre un scoop : cette année la palme du mets préféré revient au Cacolac !
    L'étape a été dure en partie à cause de la chaleur et de la solitude, car, même s'ils sont nombreux cette année les Transes Gaulois, certains passent des journées seuls sur la route. A quoi pensent-ils alors? Les autes je ne sais pas mais Fab lui pense aux gens qu'il
    connaît les uns après les autres (famille, amis, collègues, membres du forum...) et puis il pense aussi, il l'avoue, au temps réalisé l'an passé sur l'étape du jour et qu'il essaie de ne pas dépasser cette année.
    La journée de demain risque d'être difficile car météo
    France annonce des orages du côté de la Souterraine...

    Vendredi 22 août :
    ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km)

    "Content mais cela n'a pas été facile loin de là". Une belle journée de pluie et de vent pour cette 10ème étape mais à l'arrivée après 6h32’ sur les routes les chaussures n'étaient pas si gorgées d'eau que ça... C'est qu'il faut les faire sécher ! Fab finit 13ème non pas qu'il a
    it accéléré l'allure mais certains coureurs ont un peu levé le pied. Fab avait ce soir une petite pensée toute particulière pour Thierry qui a abandonné la course alors que jusqu'ici il se battait avec le cut-off qu'il frôlait souvent, mais qui faisait preuve d'un grand courage malgré les douleurs ressenties aux pieds qui ne sont plus qu'ampoules bien infectées… Pour l'étape de demain s'il fait 5 h 10 il sera content : "Il ne faut pas tenter le diable". Je l'ai laissé posant avec tous les participants, devant la Mairie, pour une photographie à paraître dans la gazette locale.

    Samedi 23 août :
    ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    "Je me suis bien amusé". Comme l'année dernière Fab a bien apprécié cette petite étape
    de 49 km. Il est parti tranquillement et a accéléré petit à petit surtout dans les descentes et même si la fin l'a vu un peu poussif il ne voulait surtout pas se faire doubler par Kelvin l'Australien alors, il a tout fait pour que cela n'arrive pas. Il a ainsi franchi la ligne d'arrivée en 4h48’58’’ à la 11ème place avec quelques douleurs peut-être mais il a fait celui qui ne les sentait pas… Cette journée fut marquée par la visite de sa sœur et de son beau-frère (ça fait chaud au cœur) ainsi que celle de quelques Transegaulois de l'édition 2005 : Patrick, Christophe, Alain, Bernard... (et ça aussi ça met du baume au cœur).
    Il se projetait déjà dans l'étape de demain avec 14 km de descente vers la Dordogne où il pourra lâcher les chevaux mais il faudra en garder tout de même car une fois la rivière passée c'est 12 km de montée qui attendent les coureurs...

    Dimanche 24 août :
    ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km)

    Fab était en train de consulter le classement général avec JB quand je l'ai eu au téléphone. Ils regardaient le tableau et se demandaient s'il était possible de
    grappiller quelques places d'ici Gruissan. La réponse est : « Peut-être mais je ne vais pas aller les chercher, on verra au jour le jour. »
    Il a couru les 75 km d'aujourd'hui en 7h39’30’’ et s'est classé 9ème de l'étape. Il a perdu 9 min par rapport à l'an passé et après analyse il en a trouvé la raison et même deux :
    -
    il lui manquait un lièvre sur la fin alors que pour la TG 2007 c'est Jochen qui avait joué ce rôle et mine de rien ce fut efficace ;
    - il a perdu du temps pour un problème de cardio qui s'était déplacé et d'équipement à enlever. En effet il est parti ce matin bien couvert car il faisait froid.
    Enfin ces quelques minutes ne lui sapent pas le moral du tout, bien au contraire, il est très content d'être sur la route et de vivre cette aventure pour la 4ème fois. Son seul regret pour aujourd'hui c'est de n'avoir pas pu admirer le paysage lors de la superbe descente sur la Dordogne à cause du revêtement de la route : « Il fallait bien regarder où l'on mettait les pieds!».

    Demain il va y avoir un petit changement de parcours car l'étape ne s'arrête plus à Aurillac mais à Jussac. Fab ne pourra donc pas faire de comparatif par rapport aux éditions passées : l'étape est plus courte. (Mais celle de mardi sera plus longue !)


    Lundi 25 août :
    Étape 13 : Mauriac – Jussac

    "Belle étape"
    C'est sur une moyenne de 9,85 km/h que Fab a couru cette 13ème étape et a terminé à la 10ème place en 5h03’59’’. Il était en avance sur tous ses temps de passages intermédiaires par rapport à la TG 2007, la comparaison ne peut aller plus loin car le parcours n'est pas tout à fait le même.
    Les coureurs ont pu, à partir de l'avant dernier col, découvrir un nouveau parcours, des nouveaux paysages et Fab a bien apprécié, même si sur cette nouvelle portion de route ils ont eu à gérer une descente de 5 km très très raide où il a dû mettre le frein car 12 km/h c'était trop
    rapide sans risquer la blessure. Cette journée fut riche aussi en émotions.  Les coureurs ont appris ce matin le décès de la maman de Frédéric, l'un des accompagnateurs qui avait couru la TG l'an dernier. Cette nouvelle a attristé Fab et cela lui a rappelé des moments identiques. Et puis à la tristesse est venue succéder la joie. Au col du Légal, assis sur le même caillou que l'an passé, un couple de motards l'attendait... Petite explication pour ceux qui n' ont pas suivi le périple 2007. Ces gens, Jérôme et Marie, que Fab a rencontrés sur un forum, étaient passés sur la TG pour l'encourager ainsi que les autres et ils leur avaient apporté des flans - le monsieur est pâtissier - et comme chacun sait ,c'est la pâtisserie préférée de notre coureur entre Roscoff et Gruissan. Et bien cette année, ils étaient là, à nouveau, à l'attendre. Ils l'ont accompagné dans la descente du col et sont venus le retrouver à l'arrivée.
    De plus, ils ont pris ce soir, son linge pour le laver et le ramèneront demain avec deux énormes flans pour toute la caravane… Fab était très ému ce soir quand il m'a raconté tout ça !
    Et puis il a fini par : "ça sent le Sud". Et oui Fab, cela veut dire aussi que ça sent la fin et que lundi tu bosses !

    Mardi 26 août :
    Étape 14 : Jussac - St Cyprien sur Dourdou

    Il lui aura fallu 6h59’18’’ pour arriver au bout de cette 14ème journée de course . Il n'avait pas encore fait ce soir le compte des deux dernières étapes pour comparer ses temps avec ceux de la TG 2007 mais que personne ne s'inquiète ce sera chose faite après l'apéro offert par la commune de St Cyprien. Il a eu un peu d'inquiétude aujourd'hui car il a ressenti un léger tiraillement au mollet dans les descentes mais il était rassuré ce soir car ce n'était plus sensible. Peut-être que le petit tour à la piscine - il faisait 37° en plein soleil - son repas d'après-course
    (confit et frites) et sa petite visite du village de Conques avec Jérôme et Marie y sont pour quelque chose. Comme Fab est tombé amoureux de ce village je suis allée sur Internet faire quelques recherches et j'ai trouvé de bien belles photos.

    Mercredi 27 août :
    ÉTAPE 15 / St Cyprien-sur-Dourdou. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 

    Petit SMS de Fab : il a terminé 10ème en 5h38’35’’ !
    C'est installé bien à l'ombre, sur une petite place, un verre d'apéro à la main que Fab nous a fait ce soir son petit compte-rendu de la journée. Il est parti ce matin en compagnie d'un petit groupe de coureurs qui au classement général se trouvent devant lui, l'allure était donc rapide. Il les a accompagné
    s ainsi jusqu'à Rodez puis les a laissé filer car il se serait trouvé en sur-régime...
    Il a eu une belle frayeur à 3km de l'arrivée : son genou le faisait boiter alors que le mollet douloureux de la veille l'avait laissé tranquille. Il s'est donc mis à marcher et puis tout est rentré dans l'ordre à quelques mètres de la banderole... Bizarre ! Ce soir il ne ressent plus aucune gêne.
    Il a fait son petit rituel cet après-midi : repos, glace sur les jambes et courses (petits cakes, crème de marron...) pour changer de l'ordinaire des tables de ravitaillement. Il n'arrête pas de manger et pense que malgré les kilomètres parcourus il a pris du poids, mais il n'a pas pu le vérifier car les piles de la balance posée à l'arrivée entre les glacières de bières
    et de panaché étaient mortes ! La nuit risque d'être difficile car la TG est installée ce soir dans une toute petite salle des fêtes, alors ils sont tous un peu les uns sur les autres. Mais demain l'étape sera courte ainsi ils auront le temps de récupérer.
    Pour les mordus de chiffres comme Fab je vous informe qu'après calculs, sur ses 2 précédentes étapes, il perd moins d'une minute par rapport à 2007. Par contre pour demain, il pense qu'il perdra du temps par rapport à l'an passé où il avait tourné en 10,5 km/h.  

    Jeudi 28 août :
    ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km) 

    L'étape 16
    de 2008 ressemble à 1’01’’ près à celle de 2007 : quelle régularité ! Fab termine en 5h10’10’’ à la 10ème place. La forme est bonne et il s'est bien amusé dans les lacets des montagnes, appréciant surtout les zones ombragées car le soleil a encore tapé très fort sur la course aujourd'hui.
    Ce soir, ils sont installés dans une vieille salle des fêtes qui à défaut d'être vaste a l'avantage d'être
    fraîche. Ce midi après avoir fait son petit rituel (douche - linge - glace - repos) il s'est offert une bonne portion de paella achetée à un commerçant ambulant qui s'était installé près de l'arrivée. Voyant ses affaires si prospères aujourd'hui - toute la caravane ou presque s'y est arrêtée - notre marchand ira sans doute à l'arrivée demain. C'est une très bonne idée car si ce soir le repas a lieu au restaurant demain c'est Bolino-day ! Pour ceux qui se lanceraient dans l'aventure voici un petit aperçu de ce que Fab mange pendant la course :
    -1er ravito : 1 banane et 2 petits LU
    -2ème ravito : des gâteaux
    -3ème ravito : de la crème de marron et du jus de raisin
    -4ème ravito : du melon, de la pêche et il emmène 2 gâteaux qu'il mange en courant.
    Parallèlement les bénévoles lui remplissent
    ses deux bouteilles d'eau dans lesquelles il met du sucre !
    Voilà la recette miracle.
    Notre conversation téléphonique s'est terminée par :
    "Je ne suis pas pressé de rentrer. (Il nous dit ça tous les ans...)
    Je me sens prêt pour la Transe Europe" 
    Il est vrai que s'il court les 16 premières étapes ainsi ça va être super !

    Vendredi 29 août : ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 

    "Impeccable". Record battu : deux minutes de moins que l'an passé ! Fab a couru cette chaude étape en 6h50’ et est arrivé… Je vous laisse deviner juste pour voir si vous suivez depuis le début !
    Il gagne tout de même une place au général ce soir. Il a été accompagné par Vincent (Confetti pour les membres du forum ADDM), Chantal (ADDM) et Emmanuel qu'il avait rencontré aux 24 heures de Séné. Cela lui a fait bien plaisir de les voir là et de courir un petit bout
    d’étape avec eux. Petite nouvelle du commerçant ambulant d'hier : il est bien venu à l'arrivée aujourd'hui et comme les transe Gaulois lui ont vidé son stock, il est reparti dans l'après-midi chercher du ravitaillement pour assurer le repas de ce soir ! Et oui c'est que ça creuse les km… Fab se projetait déjà dans la course de demain où trois départs vont être donnés afin de permettre à tous d'arriver sur la plage de Gruissan pas trop tard. Les départs vont s'échelonner ainsi : 5h00 / 6h00 /7h00. Lui visiblement se trouverait dans le dernier. De façon à ce que les accompagnateurs soient aussi présents sur le sable il n'y aura que les 3 premiers ravitos d'assurés, pour les 4 et 5ème les coureurs trouveront des caisses sur le bord de la route ! Ils ne seront pas 45 à arriver à Gruissan, Ewald Komar a abandonné la course après 25 km pour des problèmes gastriques...

    Samedi 30 août :
    ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Juste un petit mot pour vous dire que Fab vient de gagner sa 4ème étoile et qu'il se classe 12ème au général… Nous aurons d'autres nouvelles plus tard dans la soirée.
    21 h 00 : C'est encore à l'apéro que j'ai retrouvé notre coureur. La remise des trophées venait de s'achever. Tous les participants de cette édition 2008 trinquaient en attendant le repas prévu ce soir pour une centaine de personnes !
    Fab a trouvé cette dernière étape un peu dure à cause entre autre de soucis d'intendance : le 4ème ravito était vide et le 5ème ne se trouvait plus à l'entrée de Narbonne mais à la sortie. Pensant donc qu'il était passé à côté sans le voir, il s'est arrêté dans un commerce pour acheter de l'eau et du C
    acolac. Cette halte lui a fait perdre du temps - ça ce n'est pas bien grave - mais surtout de l'énergie et le rythme et c'est plus embêtant… Malgré cette petite note négative il était content de sa course d'aujourd'hui et de sa TG plus particulièrement. Il gagne 3h22’ sur celle de 2007.
    Il lui reste une étape tout de même, celle de demain, et ce n'est pas la plus facile : Gruissan - Nantes. Il va faire le trajet en camion avec Charles - un bénévole - et non en train comme cela était prévu au départ.
    Pour ma part je vais rendre la plume que je reprendrai sûrement pour la Transe Europe mais les comptes-rendus ne seront pas quotidiens sauf si quelqu'un
    connaît un opérateur téléphonique qui veuille bien nous sponsoriser ! A bientôt!

    Lundi 1er septembre. (J'ai rédigé ce CR dans le camion du retour, piloté par Charles, le dimanche entre 7h et 16h)

    "It's a long way home" pour nous les SDF de 18 jours (et même 20 en comptant la veille du départ et le lendemain de l'arrivée). Cette traversée de notre beau pays, par les bucoliques et tranquilles petites routes de campagne et ce malgré quelques tronçons rappelant la "dure" réalité de la vie en société (entrée et traversée de quelques villes moyennes et de quelques gros bourgs), fut une nouvelle fois une réussite personnelle tout d'abord, mais aussi collective.
    D'abord, je suis allé au bout sans le moindre pépin, j'ai juste eu une étape "moralement" difficile - qui n'a pas eu un jour dans sa vie un passage délicat ?- et une petite ampoule rapidement soignée.
    J'ai ensuite amélioré mon temps de traversée de plus de 3h20' (le temps d'un marathon ! mais en réalité comme il y avait 2km de plus que l'an passé, soit environ une douzaine de minutes, et que mon allure est de beaucoup inférieure à celle sur 42,195km, en t.e.TG (Temps
    Équivalent Transe Gaule) ça doit donner quelques 34km d'avance sur 2007.
    Enfin, mon classement (12ème) me ravit, ce qui peut paraître paradoxal vu qu'il est moins "bon" que celui de l'an dernier (7ème), mais le niveau des participants était cette année le plus relevé jamais rencontré sur les 7 Transe Gaule qui ont été organisées, sans faire injure aux participants des éditions précédentes bien sûr.

    Plusieurs facteurs expliquent cette élévation du niveau :
    - le nombre plus important de coureurs expérimentés, ayant déjà une ou plusieurs traversées à leur palmarès, en France, en Allemagne ou ailleurs;
    - la présence de coureurs ayant des références sérieuses sur les courses d'ultra (internationaux, coureurs de 24h à plus de 200km, jeunes de grand talent, Spartathlètes et autres "Badwateristes" confirmés...), en résumé, des coureurs ayant des vitesses de base supérieures à 10km/h ainsi qu'une âme de guerriers, des combattants quoi ! Pour terminer dans les 20 premiers, il fallait ce supplément d'âme et surtout ne pas sombrer dans le cycle vicieux "douleurs-blessures-déplaisir", enfer qui en aura déstabilisé plus d'un ;
    - les très nombreuses informations circulant sur les forums et les blogs démystifiant grandement l'aventure et conduisant beaucoup de coureurs à une
    extrême prudence en début de TG.

    Cette 4ème étoile va m'apporter quelques certitudes pour le printemps 2009 quand arrivera l'heure de la TransEurope (TE-FR 09).
    Des certitudes au niveau physique d'abord.
    Je termine en bon état et j'aurais presque été prêt à faire d'autres étapes, mais le travail devait reprendre dès le surlendemain de l'arrivée.
    Des certitudes au niveau du matériel utilisé : chaussures, tenues (shorts, T-shirts, chaussettes...) course avec mes bouteilles aux mains (d'où le surnom d'"écureuil" donné par certains observateurs), matelas, sac de couchage et tout le reste. Il faudra veiller néanmoins à ce que mes bagages soient moins lourds (<30kg) sous peine d'une surtaxe par l'organisation.

    Comment en suis-je arrivé à continuer de progresser ?
    D'abord, contrairement à certains, je ne me lasse pas d'effectuer tous les ans le même parcours, je pense que c'est même un avantage car le souvenir de très nombreux endroits traversés m'a plutôt servi. Je savais où je devais courir tranquillement, où je pouvais accélérer, je me rappelais qu'en 2ème semaine, l'organisme s'étant acclimaté, je ne risquais plus d'attraper des tendinites
    d’Achille ou des lésions aux releveurs.
    J'ai donc rapidement décidé (au bout d'une douzaine de km dans la 1ère étape, à Penzé, après le premier ravitaillement) de hausser le rythme et de courir à 10km/h. Les 6 premières étapes m'ont vu gagner environ 30' par jour et je savais que jusqu'à l'étape 10, voire la 11, je pouvais soit conserver ces 3h d'avance soit même les augmenter. L'an dernier, j'avais accéléré dès la deuxième semaine et cette année, j'ai fait la même chose si bien qu'au terme de la 11ème étape je possédais 3h42' d'avance tout en étant 16ème au classement général.
    Je pensais qu'alors ce matelas de minutes allait diminuer lors des 7 étapes suivantes, d'ailleurs, dès le lendemain (12ème étape) j'avais "perdu" une dizaine de minutes. Mais je suis quelqu'un qui aime quand même prendre des risques et faire des tests, ainsi, à chaque étape qui suivit, je me fixais un "cut off" personnel : le temps mis l'an dernier. Et cette course contre moi-même me servait de moteur pour avancer.
    Si j'ai repris 4 places lors de cette dernière semaine, ce n'est pas parce que je voulais dépasser les coureurs de devant à tout prix, mais c'est parce que certains ont faibli (blessures, fatigue, prudence...) et que j'ai aussi accéléré un peu plus encore.
    Le fait de toujours courir près de son "maximum" (j'entends par maximum, une vitesse de croisière raisonnable sans retenue, sorte d'équilibre à la frontière entre l'endurance et la résistance) n'est pas éprouvant physiquement et permet d'effectuer un bon déroulé du pied lors de chaque foulée même si la mienne est assez peu aérienne ce qui à mon avis permet d'éviter les blessures (releveurs,
    tendons d’Achille...).
    En revanche, nerveusement on ressort un peu lessivé de chaque étape, un peu comme après un marathon ou un 100km, mais la décompression se fait rapidement et la joie d'avoir atteint son objectif prend le dessus.


    Sur une course comme la Transe gaule, il faut essayer de ritualiser certaines actions :
    - Boire dès l'arrivée, eau plate, gazeuse, bière avec ou sans alcool, coca ou autre boisson...
    -
    Rallier rapidement le gymnase ou la salle d'hébergement;
    - Chercher et enfin trouver une place si on vous en a laissé une où s'installer, de préférence près d'un mur, avec un tapis de sol
    ou tatamis, pas loin des commodités;
    - Se doucher;
    - Laver son linge;
    - Trouver un endroit où l'étendre, de préférence au soleil ou là où il y a de l'air;
    - Trouver des glaçons pour 15' de "rafraîchissement" des jambes : en position allongée, sur le dos, les jambes en l'air, je passe la glace (qui est dans de petits sacs à congélation étanches) du gros orteil vers le genou, le long des releveurs et du tibia, puis je la passe le long des tendons d'Achille et autour des genoux qui ont subi tant et tant d'impacts. Enfin, je termine par les adducteurs et la sangle abdominale afin de limiter les douleurs générées par un reste de pubalgie et qui apparaissent au bout de 3h de course environ;
    - Noter mes temps de passage sur mon carnet de bord et comparer avec ceux des années précédentes;
    - Envoyer un SMS à Pascale avec temps, place et impressions;
    - Aller acheter à manger (Yop ou Cacolac, eau gazeuse, jus de fruits, yaourts style Flamby et/ou flans ou autres pâtisseries selon l'arrivage) ou aller dans une brasserie se faire servir un steak, une pizza ou des galettes...
    - Manger;
    - Me reposer, allongé avec le MP3, dormir ou essayer de dormir, mais pas trop pour bien dormir la nuit suivante;
    - Préparer le matériel pour le lendemain;
    - Ranger un peu la valise afin de tout retrouver du premier coup;
    - etc.
    Et c'est là qu'on s'aperçoit qu'arriver tôt permet de ne pas se précipiter et de ne rien oublier.

    Autre rituel, celui du matin :
    - Réveil;
    - Boire;
    - Aller aux WC pour ne plus devoir y aller quand tous les autres coureurs voudront eux aussi y aller, au dernier moment;
    - Rouler le sac de couchage;
    - Dégonfler l'oreiller et le matelas;
    - Les rouler et les ranger dans le sac;
    - Prendre le petit déjeuner;
    - Faire un brin de toilette;
    - Se mettre en tenue;
    - Positionner les pansements de protection et se badigeonner des crèmes protectrices (pieds, aisselles, aines, tour de taille);
    - Enfiler les chaussures choisies selon les caractéristiques des étapes (courte, longue, avec ou sans chemins, avec ou sans dénivelé, selon la météo...);
    - Remplir les bouteilles de 50cl d'eau en y ajoutant 3 ou 4 sucres suivant les besoins;
    - Préparer la sacoche-banane avec
    papier toilette, gels, barres énergétiques, argent);
    - Prendre le road-book miniaturisé et plastifié;
    - Préparer le sac à déposer dans la caisse de ravitaillement R3 (km40) ou R4 (km50) suivant la longueur et la difficulté de l'étape;
    - Fermer la valise et le sac à dos;
    - Les charger dans le camion;
    -
    Écouter le briefing du directeur de course;
    - Se rendre sur la ligne de départ à pied ou en navette;
    - Profiter des dernières minutes avant le départ pour boire et se concentrer ;
    Et puis ... c'est le départ, tranquille les premiers km puis une fois bien échauffé la vitesse de croisière est atteinte et contrôlée par les premiers temps de passage (bornes kilométriques).

    Pendant les étapes, un autre rituel se déroule : on double les mêmes coureurs à peu près dans le même ordre tous les jours, et on se fait dépasser par d'autres aussi de la même manière.
    Certains ne sont pas constants tous les jours et vont jouer les baroudeurs une étape pour le payer cash le lendemain et '"
    traînailler" dans le peloton.
    Quelques téméraires de début de Transe Gaule ou de début d'étape vont peu à peu ne plus faire partie de ce rituel : blessures, lassitude, relâchement physique et mental, relief ... vont progressivement venir les perturber.

    à+Fab****

     

    TEFR 2009

    Il y a un peu plus d'un an, quand j'ai décidé de faire la TransEurope, ce projet me paraissait fou, comme si ce n'était pas moi qui avais décidé de courir et qu'au bout de quelques semaines j'aurai laissé tomber l'affaire. Mais depuis, il s'est passé beaucoup de choses qui ont rendu ce projet de plus en plus concret.

    D'abord, le placement sur la liste des partants, officialisé depuis la clôture définitive des inscriptions, qui est devenue effective dès lors qu'on a règlé le montant intégral des frais d'inscription. On m'a attribué un numéro de dossard, le 31, et je fais partie des 65 coureurs actuellement présents sur la liste définitive. D'ici une grosse dizaine de mois, il peut se passer des événements qui élimineront quelques concurrents : blessure, contre indication médicale lors de la visite obligatoire chez un spécialiste, non octroi de congés, ou autres impondérables, ce que je ne souhaite à aucun des inscrits actuels.

    S'il n'y a aucun désistement, nous serons alors 65 à partir de Bari le 19 avril 2009 et tous avec le même objectif : arriver au Cap Nord !

    Pour ma part, j'ai reçu la confirmation que ma demande de mi-temps annualisé était accordée, si bien que je vais travailler à temps plein pendant la moitié de l'année et je serai en congés pendant l'autre moitié.

    C'est déjà une garantie de ne pas me retrouver à rechercher un emploi dans des agences d'intérim, ce qui parfois n'aurait pas été très évident, surtout à mon âge. Mais j'étais quand même prêt à renfiler le bleu de travail, comme lors des quelques années qui ont précédé mon emploi actuel.

    C'est aussi la certitude d'être couvert socialement, de ne pas perdre mon poste que je récupérerai fin 2009, de ne pas perdre trop de points à l'avancement et de ne pas perdre non plus trop de temps en ce qui concerne mes droits à la retraite... surtout que par les temps qui courent, on se demande bien si l'on ne va pas nous faire bosser jusqu'à 80 balais. Mais je me serai "cassé" avant, quitte à ne pas obtenir un taux de retraite à 100%.

    Voilà donc une nouvelle marche escaladée.

    Je ne réalise quand même pas ce qui m'attend, mais ça viendra au fil du temps, et déjà à la rentrée prochaine, une fois la Transe Gaule terminée.

    à+Fab***

    Le paradoxe sur la TG, c'est que les premières étapes sont toujours plus difficiles que les suivantes, sauf en cas de blessure bien évidemment.
    Deux raisons à cela :
    1/ le temps à l'organisme de s'habituer à l'enchaînement des kilomètres, aux premières douleurs, le temps de trouver son propre rythme pour chaque journée, le temps de rôder ses rituels (réveil/préparation/course/douche/alimentation/lavage du linge/récupération/compte rendu à écrire/sommeil...), le temps de ne prendre que le matériel et le ravitaillement nécessaires ... le temps de trouver sa place dans la hiérarchie du peloton (il ne faut pas croire qu'on ne regarde pas le classement et qu'on n'en a rien à faire, même si l'objectif est d'aller à Gruissan, cela ajoute un peu de fatigue mentale à la fatigue physique);
    2/ la configuration des 5 premières étapes : 62km(+ les 6 du prologue)/64km/75km/67km/70km (dont la moyenne est supérieure à celle de l'ensemble de la course 338/5=67,6km) avec du dénivelé qui ne permet pas toujours d'être bien lucide et toujours bien à l'aise.

    Mentalement, je me suis découpé la course en trois parties. Les 5 premières étapes en constituent la 1ère.

    Une fois "admis" en deuxième semaine (la seconde partie), il faut gérer, mais ça se passe mieux car il y a de courtes étapes qui arrivent. 53, 58 et 63km pour un début de semaine, ça va, on peut avoir un jour sans, il n'aura pas de grosses conséquences. On est sur un parcours plus plat, malgré la monotonie de la D14 et le relatif manque d'ombre, puis c'est l'attaque du Limousin (69 et 62km) où l'esprit se libère car on se retrouve sur des routes moins fréquentées donc moins stressantes. Les paysages sont beaux, il y a de l'ombre, de la verdure ...
    Reste le week-end : l'attaque du Massif Central. Une courte étape suivie d'une longue (49 + 75km) C'est là où se joue la suite de la TG.
    Option galère ou option plaisir ? Cela va dépendre de la digestion de l'étape du dimanche longue de 75km.

    Parce que la suite (la 3ème partie) va en descendant (pour les 4 étapes suivantes, au niveau des km je précise) : 64, 61, 56 et 54km, ce qui permet, dans les meilleures conditions de gagner chaque jour quelques précieuses minutes de récupération et de profiter au maximum de l'ambiance de la course et de celle des villages étapes. Des amitiés se sont liées, tout le monde se connait et déjà une certaine euphorie commence à contaminer tout le peloton ainsi que les accompagnateurs : ça sent l'écurie  :-)

    L'avant-dernière, l'étape aux 4 cols est magnifique, mais ses 70km n'en font pas une partie de plaisir pour autant. Mais une fois au bout, on sait que le lendemain ça sera l'apothéose.

    La dernière étape est très difficile mentalement car on sait que la fête va se terminer ce soir et qu'il va falloir retourner au train-train quotidien. Pourtant, elle démarre de la plus belle des manières, de nuit avec un départ aux alentours de 5h du matin (selon les années et les différents groupes de niveaux constitués). Une longue montée nocturne vers le Col de Sainte Colombe où je jour se lèvera puis la longue descente vers la mer avec un panorama gigantesque feront apprécier les premières heures de ce qui deviendra peu à peu une étape difficile : le Canal du Midi, certes très joli, est pénible car le revêtement et les longues lignes droites ne permettent pas à l'esprit et au corps de se reposer et quand on sait qu'arrivé à Narbonne on va passer une demie heure de galère. Les ravitaillements ne sont plus assurés de la même manière qu'au cours des étapes précédentes, alors il faut anticiper sur le fait qu'il puisse ne plus rien y avoir et donc ne pas hésiter à s'arrêter dans des commerces pour refaire le plein. Déjà, ne pas se perdre est une gageure malgré le flèchage, mais l'environnement urbain de ce dernier week-end de vacances rend la tension des uns et des autres extrèmement forte, qu'il s'agisse des coureurs ou des habitants du coin. Les routes ne sont pas faciles car les accès aux plages empruntent leur itinéraire et il n'y a personne de plus pressé qu'un vacancier, alors, pensez si les coureurs à pieds seront respectés !

    Quand enfin on arrive aux abords de Gruissan, qu'on aperçoit longtemps à l'avance, la fatigue et le stress ont bien entamé les réserves d'énergie et on a hâte d'arriver. Sur la piste cyclable lors des deux derniers km on revit sa Transe Gaule, on revit sa vie, l'émotion atteint son paroxysme, et les 150 derniers mètres sur la plage resteront gravés à vie dans la mémoire de chaque arrivant. Cris de joie, pleurs, embrassades, congratulations diverses, courses effrénées vers la mer qu'on a tant et tant de fois rêvé d'atteindre, baignade ... chacun va extérioriser à sa façon ces heures et ces heures passées sur la route, sur les routes de la France, à essayer de conquérir son étoile.

    Malgré toutes les souffrances, oubliées dans cet état d'euphorie, certains se projettent déjà vers la future édition, en se faisant la promesse d'être à nouveau au départ. D'autres ont tellement donné à tous les niveaux (physique, psychologique...) qu'ils se jurent qu'ils ne reviendront plus jamais.

    à+Fab****

     


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  • Dimanche 19 avril, 1ère étape, Bari – Barletta : 57,0km.



    La nuit fut courte. La chaleur de la salle, l’excitation et la peur mêlées, les divers bruits pourtant habituels d’un gymnase accueillant des coureurs la nuit précédant le départ d’une course avec ses ronflements, ses levers nocturnes pour aller aux toilettes, ses tâtonnements et « trébuchements » dans les pieds des dormeurs installés un peu partout dans la salle et sur le chemin des sanitaires… Ce sont tous ces petits moments qui ajoutent du piment à l’aventure. Mais quand on a vraiment envie de dormir, on s’en passerait. Et puis quelques sonneries de portables ou de réveils se mettent à jouer, certaines trop tôt par rapport à l’heure du départ, d’autres trop fortes et assez peu mélodieuses. Des frontales envoient des traits de lumière sur cet étalage de dormeurs, un peu comme des phares sur la mer. Enfin, cette impression de n’avoir pas assez dormi, compensée par le fait qu’ « on y est enfin ». Le silence de la préparation de chaque coureur est à peine troublé par des conversations chuchotées. Un coureur, un rituel, chacun observant son voisin d’un œil intéressé, amusé parfois de voir qu’on reproduit les mêmes gestes à l’identique ou qu’au contraire on procède de manière différente. On apprend beaucoup à observer les autres et on se dit que les autres aussi vont apprendre de nous. L’expérience se forge de cette manière.

    Le petit déjeuner avalé, ce sont les derniers préparatifs, ceux qui conditionneront la course et l’après-course. J’ai pris l’habitude, avec mes nombreuses étapes passées, de préparer dès le matin mes affaires afin que, le soir après l’arrivée, je ne sois pas obligé de farfouiller partout dans mes sacs et valise pour trouver ma trousse de toilette et ma tenue de rechange. Pour cette première étape, il ne faut pas oublier le rituel du crémage et du pansage afin de ne pas avoir à le regretter pendant l’étape et le soir sous la douche.

    Une fois tout rangé et bouclé, on charge nos bagages dans les camions. J’ai préparé mes bouteilles depuis un moment, j’ai placé l’appareil photo et quelques autres fournitures dans ma banane et maintenant je suis prêt à affronter la Grande Aventure.

    Nous nous rendons progressivement derrière le stade, sur un vaste parking situé un peu sur le côté. Tous les coureurs se font prendre en photo soit seuls, soit en groupes par nations, soit entre copains, sous la banderole de départ. On sent une atmosphère particulière, comme si on allait tous se quitter pour effectuer un long voyage en solitaire, comme une transat en bateau par exemple. J’ai toujours comparé mon envie de courir loin et longtemps aux navigateurs solitaires se lançant dans de longues traversées d’océans à la voile. C’est du moins l’impression que j’ai et c’est aussi ce à quoi j’aspire : être seul face à moi-même, ne compter sur personne, me débrouiller tout seul. Pas besoin des autres, ne pas tenir compte du classement, faire ma course à mon rythme.

    Ingo, l’organisateur, après avoir fait un petit briefing entame le décompte en anglais: “Ten, nine, eight, seven, six, five, four, three, two, one, go !”. Ce sera le rituel quotidien.

    Les premiers hectomètres me donnent de drôles de sensations, tantôt euphoriques, car ce départ était tant attendu depuis de longs mois que je me lâche un peu émotionnellement parlant, tantôt nostalgiques ou avec un sentiment s'en rapprochant : on vient quand même de démarrer une sacrée aventure où on va passer par toute une panoplie d'états plus ou moins désagréables à supporter. Je connais ma résistance aux efforts sur une durée de 18 jours, qu’en sera-t-il de cette succession de 64 étapes ?

    La première partie d'étape nous fait emprunter la route du front de mer puis une route parallèle à la SS16, ce qui est assez tranquille pour un début d’étape. Il fait quand même déjà chaud, ou lourd plutôt, et je sens bien qu'au niveau des pulsations cardiaques je suis déjà au-dessus de ce que j'avais prévu. Mais je ne vais quand même pas commencer à marcher ! Le plus étonnant c'est de voir plusieurs coureurs et coureuses, que je sais moins rapides pour les avoir rencontrés sur mes différentes Transe Gaule, partir devant et me distancer. Je ne suis pas une référence, mais il y a des comportements pour le moins assez étonnants et suicidaires au vu des plus de 4000 kilomètres à parcourir lors des neuf prochaines semaines. Mais chacun gère sa course comme il l'entend et viendra bien assez tôt le temps des blessures et des regrets. L’expérience montre que sur ce genre de course, il ne faut pas regarder les résultats antérieurs des autres coureurs sur d’autres distances et se dire qu’on est meilleur ou moins bon sur marathon, sur 100km ou sur 24h. Ici, tout est remis en question. Bien sûr qu’un gars valant 7h sur 100km a de fortes chances de terminer loin devant un autre mettant plus de 10h sur la même distance, mais personne n’est à l’abri d’une blessure, d’un jour sans, d’une maladie…

    Pour être certain de me modérer, je m’arrête prendre des photos, mais je me rends compte que l’appareil est gênant, en tout cas son utilisation n’est pas facile et je ne veux quand même pas perdre trop de temps à bidouiller les réglages et effectuer des poses trop longues. Certaines risquent donc d’être floues. On verra ça ce soir avec l’ordinateur si j’ai le temps de les transférer.

    La seconde partie de l'étape s’avère assez difficile parce que ponctuée de traversées de villes - Giovinazzo, Molfetta et Bisceglie - à l'heure de la messe puis à midi, nous obligeant à effectuer de nombreux slaloms entre les voitures sur la chaussée et les piétons sur le trottoir. Tout ça ne facilite pas l’adoption d’un rythme régulier.

    Je ne connais pas de bobos jusque-là, juste une période de malaise ponctuée d’un arrêt de quinze minutes après le ravitaillement de la mi-course pour récupérer de maux de ventre et d'une légère montée de la fréquence cardiaque. Je m’allonge alors sur un petit parapet et laisse passer mes vertiges pendant que des coureurs me demandent si tout va bien. Une fois passé ce moment désagréable je reprends la course et décide d’adopter un rythme tranquille.

    Mais la fin de cette première étape se fait attendre, avec de longues lignes droites et des Italiens qui conduisent comme des fous : les lignes blanches et les panneaux stop ne servent que de décoration, je l’avais découvert le soir de mon arrivée à Bari. Les limitations de vitesse ne sont pas respectées. J’ai l’impression que les panneaux indiquent les vitesses en miles. Les agglomérations étirées sur le littoral ne contribuent pas à donner le sentiment d’avancer : sept kilomètres pour traverser Trani, cinq presque entre l’entrée dans Barletta et l’arrivée au stade. La hâte d’en finir se fait de plus en plus pressante.

    Quand j’arrive, je franchis l’arche en 6h28min54s à la moyenne de 8,8km/h, à la 39ème place sur 67 partants, en compagnie de Jean-Benoît, d’Ullrich Zach, de Klaus Wanner et d’un autre coureur. Je suis néanmoins content de ma journée et soulagé d'avoir terminé sans gros soucis, mise à part ma petite montée d’adrénaline en milieu d’étape. Ma fréquence cardiaque moyenne pendant la course a été de 137 avec un pic à 192 pendant les treize minutes qu’a duré ma tachycardie. Ces sensations toujours désagréables quand il s’agit de la première étape – je connais tous les ans la même difficulté lors de l’étape d’ouverture de la Transe Gaule – m’ont bien conforté dans ma logique de prudence. J’ai aussi testé les ravitaillements et constaté avec regret et étonnement qu’il n’y avait pas de sucre à disposition des coureurs sur les tables : uniquement de l’eau, des jus de fruits, Ice Tea ou cola. Moi qui ne carbure qu’à l’eau sucrée, je vais devoir revoir mon système de ravitaillement : acheter du sucre et en emporter avec moi. Cela fera du poids supplémentaire et m’obligera à aller en acheter dès le soir après l’étape. L’alimentation solide était composée de toasts de charcuterie et fromage, de barres de céréales, de fruits secs ou frais et de gâteaux secs et gaufrettes. Le premier ravitaillement, au dixième kilomètre environ ne proposait que du liquide et il faudrait prévoir tous les jours d’emporter une ou deux barres énergétiques pour atteindre le second poste de ravitaillement sans risque de fringale.

    L'installation dans la salle, la douche, le lavage du linge et la préparation de la tenue pour la seconde étape sont les premières choses que je fais après mon arrivée, tout comme boire une bière pour épancher ma soif. Je me mets aussi à la recherche de bouteilles d’eau comme il est naturel d’en trouver après les courses, mais là, rien ! Obligé de boire de l’eau du robinet – non sans risque – ou d’en acheter, chose facile en soi quand les commerces sont à proximité, mais le site d’arrivée est assez distant du premier centre commercial et après une première journée quelque peu éprouvante, l’envie de marcher est moindre. D’habitude, je bois entre deux et trois litres d’eau après la course, là, ça ne me donne pas envie de boire autant d’eau des robinets des sanitaires. Ajouté au fait qu’il n’y aura pas de sucre aux tables de ravitaillement pendant 64 jours, ça fait quand même deux contre temps, des choses pourtant tellement évidentes quand on a affaire à des coureurs d’ultra. Dans les magasins, il n’est pas facile de trouver de l’eau plate, les Italiens préférant l’eau « frizzante », c'est-à-dire pétillante, et le sucre n’est pas vendu sous la même forme qu’en France où on le trouve en morceaux.

    Je trouve une prise de courant, difficilement car beaucoup de coureurs ou de membres de l’organisation ont aussi besoin de recharger leurs appareils, montre, GPS, photos, MP3 et j’en passe et je réussis à écrire mon C.R. que je peux envoyer à Pascale et à Emmanuel.

    Bonsoir,
    6h29', seconde partie difficile car traversées de villes à l'heure de la messe et du midi à slalomer entre les voitures et les piétons sur le trottoir, ça ne facilite pas le rythme.
    Pas de bobos, juste un arrêt de 15' après le ravito de mi-course pour récupérer de maux de ventre et de légère montée de la fréquence cardiaque.
    La fin, avec de longues lignes droites et des Italiens qui conduisent comme des fous (les lignes blanches et les stops ne servent que de décoration!) et les limitations de vitesse ... On dirait que les panneaux donnent les vitesses en miles.
     Demain, même chose en plus long 69,3km contre 57 aujourd'hui. 
    Un peu de pluie avant le départ, quelques gouttes en cours de route, mais en général temps moite mais quand même agréable avec un vent dans le dos pour finir.
    Stéphane termine loin devant, Jean-Hervé à 1km devant lui aussi, moi avec Jean Benoît, Gérard un peu derrière et le groupe des jumeaux avec Roger un petit peu plus loin.
    Mais tout le monde va bien.

    à+Fab****

    Demain, la même chose en plus long nous attend, ai-je écrit, 69,3km contre 57,0km aujourd’hui. On verra bien au départ s'il subsiste des séquelles de cette première marche vers le Cap Nord.

    Lundi 20 avril, 2ème étape, Barletta – Foggia : 69,3km.

    Tout le monde va bien, j’écrivais hier, mais en réalité l'Italie c'est un peu le gros bordel. On est sollicité à gauche et à droite, on n’a pas ou peu de temps pour se reposer. A côté, la Transe Gaule, c'est les vacances. En plus, pas de cartes postales, je ne peux donc pas écrire aux écoles et à la famille ! Un peu frustré de ce côté-là, donc je me contente de rédiger mon C.R. quotidien.

    L'étape du jour fut longue, monotone et parfois dangereuse à cause de la circulation.
    Ça a pourtant été, j'ai géré les cinquante premiers kilomètres puis j'ai essayé d'aller un peu plus vite. Les jambes étaient lourdes à la fin, alors que le matin, au départ, c'était comme si je n'avais pas couru la veille !

    J’ai fini à la 31ème place en 8h01’28’’ à la moyenne de 8,63km/h et je suis passé au 36ème rang au classement général. Si certains disent qu’ils ne le regardent pas, sans doute un peu hypocritement, moi j’avoue consulter le classement, tant celui de l’étape du jour que le classement général. Je ne suis quand même pas là non plus pour faire du tourisme et sans parler de faire le zouave et me griller prématurément, je sais que je vais essayer de donner le meilleur de moi-même. On ne peut pas changer de tempérament comme ça du jour au lendemain.

    J’ai décrypté les données de mon cardio et j’ai observé que mes arrêts aux postes de ravitaillement duraient à chaque fois de deux à cinq minutes et donc que pour cette seconde étape j’avais stoppé dix-sept minutes au total pour l’ensemble des sept postes, sachant que je ne me suis pas arrêté au premier, trimballant dans mes mains de quoi boire pendant deux heures environ. Tous les soirs, je prévois de faire un petit bilan de ma journée en consultant et étudiant mes temps de passage aux points de contrôles, en l’occurrence les postes de ravitaillement qui sont disposés relativement précisément par rapport aux indications kilométriques du road-book.

    Après cette seconde étape, on a théoriquement trois jours d’hébergement en camping à suivre, donc sous la tente, j'espère donc que le temps sera comme sur la fin de l'étape avec du soleil et une relative douceur : 21° à l'ombre ! Mais la petite pluie qu'on a eue pendant deux heures et la température assez fraîche du début n’auraient pas été les malvenues si elles ne nous avaient pas obligés à prendre le coupe-vent avec nous. Si on devait avoir du vent autant qu'il soit à nouveau dans le dos ce qui pourra aussi nous aider à bien finir.

     

    Mardi 21 avril, 3ème étape, Foggia- Campomarino Lido : 72,2km.


    Très longue étape que cette troisième journée de course de la TransEurope : 72,2km et une grande partie sur la SS16, une sorte d'équivalent de la N137 ou même de la N20. Que de camions et de voitures ! Et dire que le soir il nous en resterait encore plus de 500 km à subir de cette SS16 !

    La journée s'est néanmoins bien passée, j'ai mis 8h22min. La fin, comme la veille, fut un peu difficile avec les longues lignes droites et le réflexe quasi permanent de mettre la main sur la casquette pour éviter d'aller la ramasser sur les bas-côtés : comme dirait l'autre, "ça décoiffe les camions !". Surtout que certains passaient très près de nous quand même.
    J'ai couru en solo toute la journée sauf pendant la dernière heure où j'ai terminé avec mes deux copains suédois Matthias et Andréas. Je les avais en point de mire depuis près de quatre heures et je ne les ai rattrapés qu’au dernier ravitaillement à dix kilomètres du but.
    Je ne me suis fait dépasser, une fois la course lancée et les plus rapides partis devant, que par les coureurs du haut du classement, les dix premiers, qui avaient un départ plus tardif, une heure après le peloton, en raison de leur plus grande vitesse de course.
    Seul bémol à la journée quand à un kilomètre de l'arrivée, on nous a fait prendre un raccourci sous un pont de chemin de fer, mais comme le chemin était inondé, nous avons été contraints de mettre les pieds dans l'eau jusqu'aux chevilles ! J’étais bon pour trouver du papier journal afin de faire sécher mes chaussures.

    Une surprise nous attendait une fois passée la ligne d'arrivée et après les congratulations réciproques entre coureurs : on nous annonça qu'il y avait des bungalows dans lesquels on était hébergés ! Pour une bonne nouvelle, c'était en effet une bonne nouvelle. Pas besoin de monter la tente.
    En fin d’après-midi, Nicole, la femme de Gérard, avait acheté des saucisses et des barbecues jetables : nous avons fait une grillades-party juste avant le repas de 18 heures.
    Les bungalows avaient des douches et des prises de courant, on pouvait donc se connecter.
    Je suis allé grignoter et quand je suis revenu j'ai pu envoyer mon compte-rendu ce qui était aussi une façon de refaire le bilan de la journée avec un peu de recul.

     

    Mercredi 22 avril, 4ème étape, Campomarino Lido - Torino di Sangro : 62,2km.

     

    J’avais laissé mes coordonnées au correspondant du journal Ouest-France de ma commune de résidence et je lui avais dit que de temps à autres je lui enverrais un compte-rendu. Le soir, après l’étape, je lui ai donc écrit le texte suivant, envoyé par mail, répondant au sien dans lequel il me posait quelques questions :

    « Bonsoir Mr S.

    La 4ème étape de Campomarino à Torino di Sangro (62,2km) s'est bien passée, les paysages changent peu à peu au fil de notre remontée vers le nord.

    Aujourd'hui nous avons retrouvé le bord de mer, et vu des torrents se jeter dans l'Adriatique charriant de la boue et des branchages. L'eau du bord de mer de cette région touristique en est toute marron. J'ai l'impression que plus on remonte vers le nord, moins les gens semblent pauvres.

    Ma course a été prudente pendant les 4 premières heures puis j'ai rencontré des côtes et j'ai accéléré un peu pour me tester. Cela a duré 1h30 puis je suis redevenu "sage" pour finir dans de bonnes conditions.

    Demain, l'étape est courte 55,9km (Torino Di Sangro - Silvi Marina) et après-demain elle sera encore plus courte (49,8km de Silvi Marina à San Benedetto del Tronto). On pourra refaire le plein de santé avant les 5 jours suivants où les étapes s'échelonneront entre 69,6 et 84,8km.

    La météo a été bonne, le vent nous rafraîchissant mais nous ralentissant car de ¾ de face.

    Encore une longue randonnée sur la SS16, avec un petit passage plus sympathique, mais toutefois vallonné, sur une plus petite départementale et la traversée d'une petite ville (Vasto) d'où nous avons eu le droit à un joli panorama sur la partie de l'Italie que nous avons quittée depuis trois jours.

    On va se rapprocher de la région où a eu lieu le tremblement de terre (les Abruzzes) : on y arrive demain je crois.

      Pour ce qui concerne ma préparation, il faut préciser qu'il n'y en a pas une spéciale comme on peu en trouver pour le marathon ou d'autres courses plus courtes. Il y a autant de façons de s'entraîner qu'il y a de coureurs.

    La mienne a consisté en une succession d'entraînements (quotidiennement) en conservant la variété qu'on rencontre sur les préparations au marathon ou aux 100km ou 24 heures : travail de la vitesse, de l'endurance, et des sorties longues avec des changements de rythme. 10 à 12 heures par semaine, pour un kilométrage d'environ 100 à 140km par semaine.

    J'ai fait une course de 24 heures un mois avant la TransEurope pour me réhabituer aux efforts de longue haleine où il faut savoir puiser dans ses ressources mentales pour continuer à avancer.

    Je cours souvent et longtemps : plus de 6000km pour 2008 et plus de 300 séances (courses incluses).

     

    Dernières compétitions de la plus récente à la plus ancienne :

    24 heures de Rennes (21/22 mars 2009) : 177km

    Semi marathon d'Orvault (8 mars 2009)

    10km de Varades (1er mars 2009)

    Marathon de La Rochelle (fin novembre 2008)

    24 heures d'Aulnat (début novembre 2008) : 190,7km

    Marathon de Vannes (octobre 2008)

    Transe Gaule 2008 (août 2008) 1146km en 18 étapes.

      Voilà pour l'instant.

    Ce soir, nous sommes encore hébergés dans un camping et dans des bungalows, ça permet de rester au sec et au chaud car le vent souffle fort et il y a un risque de pluie pour la nuit.

      À bientôt : Fabrice Viaud. »

     

    Jeudi 23 avril, 5ème étape, Torino di Sangro – Silvi Marina : 55,9km.

     

    Après quatre étapes un peu pénibles à cause du trafic important sur la SS16, et parce que le paysage n'était pas très varié, nous avons été ravis aujourd’hui d'avoir droit enfin à une belle étape.

    Déjà, la veille, on avait senti un léger changement avec le retour sur le bord de mer, et donc mis à part les 20 premiers km sur la SS16 avec tout son trafic, le reste s’est couru sur une route littorale malgré une parenthèse urbaine quand il a fallu traverser Ortona et son dénivelé important.

    Les vingt derniers kilomètres ont été courus sur une route qui longeait la mer, un remblai, avec d'un côté les commerces surtout de restauration, et de l'autre le front de mer avec ses palmiers, ses pistes cyclables, ses plages avec leurs parasols alignés... C'était une station balnéaire. La saison allait bientôt commencer, tout le monde s'affairait à nettoyer les plages, à remettre en état les bars-restaurants... Il y avait quand même déjà beaucoup de monde à se promener d'autant plus que le soleil était de la partie. J'ai beaucoup profité de l'ombre des palmiers pour courir au frais. J'ai vu beaucoup d'orangers et de citronniers, c’était la saison.

     

    Cela a été, au niveau de la course, j'ai fini dans les temps escomptés, mais je ne focalisais pas sur le classement sinon un peu le soir au dîner pour me tenir au courant de la course des autres concurrents. J’en connaissais beaucoup avec ou contre qui j’avais déjà couru et c’était intéressant de comparer leur gestion de la TransEurope avec la mienne. Globalement, il n’y avait pas beaucoup de surprises, au bout de la cinquième étape les moyennes individuelles devenaient plus « régulières » sauf en cas de blessure bien évidemment.

    Ce soir-là, le dîner fut servi à 17h30, soit trente minutes avant l'heure habituelle, mais cela équivalait à un 19h30 en France de l'Ouest d'où je suis originaire.

     

    Nous étions installés dans un camping, et j'ai dû monter ma tente de camping car la salle était trop petite et déjà complète quand je suis arrivé : il me faudrait gagner des étapes si je voulais avoir de la place, quoique les copains des derniers ne se gênaient pas pour leur réserver leur emplacement. Une sorte de chacun pour soi par groupe de copains.

    Les bungalows étaient tous occupés par les sinistrés du tremblement de terre ce qui explique la petitesse de l’hébergement en dur.

     

    Vendredi 24 avril, 6ème étape, Silvi Marina (Province des Abruzzes) – San Benedetto Del Tronto (Province des Marches) : 49,8km.

     

    La nuit sous la tente s'est bien passée, le réveil ne fut pas trop difficile et le rangement des affaires ainsi que le pliage de la tente assez faciles. Il faut dire que j'avais pris mes dispositions pour préparer tout mon barda la veille au soir. Donc, au petit matin, pas de précipitation contrairement à la veille où j'avais été un peu "à la bourre". De plus, pendant la nuit il n’avait pas plu et le vent s’était chargé de faire sécher mon linge.

    Un temps gris et frais nous attendait toutefois. Le début d'étape nous fit reprendre la fameuse SS16, mais en version plus calme que les précédentes portions empruntées. Il y a eu un peu plus de circulation à l'heure de l'embauche, mais à mi-parcours (km 25) on a rejoint la route du bord de mer avec ses immeubles, ses habitations, ses commerces. Nous avons couru sur la piste cyclable ou sur la chaussée réservée aux piétons quand il y en avait une. C'était comme une grande station balnéaire ininterrompue qui nous servait de paysage, avec la mer et ses plages plus ou moins nettoyées, prêtes pour certaines à accueillir les touristes dès le week-end, celui de l'ouverture de la saison, la basse saison italienne. Seuls les cinq derniers kilomètres nous ont replongés dans un monde urbain avec sa circulation plus importante, sa traversée de zones industrielles, ses centres commerciaux, ses rocades, ses ponts… Que de changements de directions ! De quoi se perdre pour celui qui aurait été distrait.

     

    Mon étape s'est bien passée, pas de courbatures au départ, signe que les jours précédents avaient été prudents. Quelques petites douleurs au fil de la course, normales dirais-je, nous avions fait 366,4km en six jours, mais rien d'alarmant.

    Le matin, un coureur n'est pas reparti, touché par le shin-split, inflammation des releveurs, que je connais bien pour l'avoir subie aux deux jambes lors de ma première Transe Gaule en 2005. Plusieurs autres coureurs, dont certains avaient pris un départ rapide lors des premières étapes, étaient atteintes par le même mal, d'autres souffraient de tendinites, mais leur mental leur permettait de continuer et de patienter jusqu'à ce que ces douleurs ne fussent plus que des mauvais souvenirs.

    J’étais calé à la 27ème place au général, ce qui ne devait pas beaucoup changer si tout restait en l'état, mais... il pouvait s'en passer des choses, et le classement importait peu quand on voyait ce qu'on avait fait en rapport avec ce qu'il restait à faire.

     

    Cinq étapes à longs kilométrage nous attendaient, on allait faire en cinq jours ce qu'on avait parcouru en six. J’avais prévu de refaire un petit bilan à ce moment-là. En tout cas, j’étais satisfait de mes six premiers jours de course.

    L'ambiance était bonne dans "la caravane". Certes, il y avait un peu de "chacun pour soi" car au niveau du choix des emplacements pour le couchage, de l'utilisation des sanitaires, des repas ... si on se laissait faire, on passait en dernier et on ramassait les miettes, mais un grand respect existait néanmoins entre tous les membres de cette fabuleuse équipe de la TransEurope.

     

    Entre Français, on se regroupait, comme le faisaient les Japonais et les Allemands. Au camping, cela avait des airs de village Gaulois. J'avais pris des photos destinées à être mises en ligne afin de montrer les différents paysages et constructions pittoresques du sud de l’Italie et pour illustrer les mails que j’envoyais à Pascale et Emmanuel qui les réacheminaient vers ma liste de diffusion.

    Le moral était bon, le physique suivait, et je me répétais souvent : « Pourvu que ça dure ! ». De plus, on avait du soleil et à cette heure où on avait un peu de temps pour se reposer, il était à peine 16h, ça réchauffait les cœurs.

     

    Samedi 25 avril, 7ème étape, San Benedetto del Tronto – Porto Recanati : 71km.

     

    Sans conteste, ce fut l'étape la plus difficile depuis le début. On était déjà en piste depuis une semaine et nous avions couru l'équivalent de plus de dix marathons.

    Le matin, en quittant San Benedetto le ciel était clair, la température fraîche, mais on savait que ça allait "chauffer". Nous eûmes droit à un lever de soleil sur l'Adriatique ; c’était étonnant pour moi car étant de l'Ouest de la France, j’étais plus habitué à voir le soleil « tomber » dans l'eau que d'en « ressortir ».

    Seize kilomètres de bord de mer sur les promenades quasi désertiques si tôt en ce jour de fête pour l'Italie : le 65ème anniversaire de la Libération du pays. C'était un paysage de petit matin comme j'en avais connus du côté de la Baule, du Pouliguen et de la Grande Côte Sauvage du Croisic, à l'heure de mon footing matinal, mais ce samedi, ce footing allait être long de 71km.

    Une étape sans un morceau de SS16, ce n'était pas une véritable étape. Les quinze kilomètres suivants nous la firent emprunter. Pas trop de circulation, un paysage assez agréable fait de collines d'un côté et de la voie ferrée de l'autre ; parfois on avait le droit de voir la mer. Après un arrêt technique de plusieurs minutes dont je ressortais soulagé, ma course pouvait commencer véritablement. C'est peut-être là que j'ai grillé quelques cartouches qui me feront défaut lors des vingt derniers kilomètres.

    Retour sur le bord de mer... Plein de monde à se promener, des joggeurs, des cyclistes, des personnes se rendant sur les marchés... Difficile de se frayer un chemin.

    J'ai l'habitude, en France de dire bonjour aux personnes que je croise, et là, en Italie, j'avais pris l'habitude de murmurer un "Buon giorno" aux gens qui me répondaient souvent en me demandant de quelle course il s'agissait. Là, c'était plus difficile à expliquer, car mon Italien était très limité, mais j'avais appris à répéter "quattro mille cinque cento km" pour donner la distance qu'on avait à parcourir. Sinon, je leur montrais le road book pour qu'ils comprennent ce qu'on devait faire dans la journée.

    La fin de l'étape fut difficile, c’était déjà devenu une constante. Même pour les étapes passées j’avais connu des fins peu agréables, parfois douloureuses et je me doutais que j’allais rencontrer les mêmes sensations pour celles à venir, mais je préférais gérer mes étapes en "taillant la route" pendant que le temps n'était pas trop chaud quitte à ralentir sur la fin plutôt que de faire le contraire : de toute façon, en démarrant à 8km/h, je n’étais pas certain d'être en mesure d'accélérer à la fin.

    J'ai terminé cette étape avec Markus, un coureur Suisse, qui m'a tenu compagnie la dernière heure. On avait discuté dans une langue mélangeant l’allemand et l’anglais avant de s’apercevoir qu’on pouvait aussi discuter en français.

    Depuis le début de cette TransEurope, malgré ma relative expérience, j’avais appris beaucoup de choses surtout concernant les différentes façons de s’organiser matériellement. A observer les Japonais, j’avais trouvé leur système d’étendage du linge dans le gymnase très intéressant, composé de deux arceaux télescopiques, tels ceux que l’on trouve dans les tentes de camping, qui me rappelaient les croisées d’ogives des voûtes des cathédrales. Markus, le Suisse, avait un petit trépied télescopique ingénieux qui une fois déplié lui donnait une bonne surface d’étendage, ce qui lui évitait d’aller à la « chasse aux lieux de séchage du linge » qui souvent étaient les filets des buts de hand-ball, les filets des paniers de basket, les espaliers des salles de sport ou, si l’on avait de la chance et qu’il restait une petite place, les grillages des enceintes sportives, avec le risque de retrouver son linge trempé après une grosse averse.

    Le soir, au camping de Porto Recanati nous avons couché sous un grand hall, mi-barnum, mi-espace « resto-en-cas-de-pluie ». On avait la possibilité de monter notre toile de tente sur un emplacement du camping, mais pour ne pas perdre de temps lors du réveil à plier leur tente, beaucoup ont préféré la solution de facilité sous le barnum. Il y avait des machines à laver et j’en profitai pour laver mon pantalon de survêtement ainsi que quelques autres affaires difficiles à laver à la main. Le séchage se fit sur un fil accroché au grillage de la piscine qui n’était pas encore ouverte. Le repas fut servi dans un restaurant situé à plusieurs centaines de mètres du terrain de camping et je n’ai pas traîné après avoir mangé afin d’aller me reposer le plus rapidement possible en vue de l’étape longue du lendemain.

     

    Dimanche 26 avril, 8ème étape, Porto Recanati – Fano : 73,8km.

     

    Le réveil fut frisquet car le grand hall-barnum n'était pas fermé.

    La préparation et le rangement des affaires puis le petit-déjeuner ont été bien assurés et, comme toujours, il n’y eut pas de temps d'attente : ce fut déjà le départ ! Nous eûmes droit à un magnifique lever de soleil sur la mer, surtout quand on prit cette petite rue menant sur le front de mer face à l'Adriatique.

    La première partie de l'étape, avec quatre kilomètres de plat puis de la montagne, me rappela la Transe Gaule et ses étapes du Massif Central. Je trouvai rapidement mon rythme en côte et décidai de me faire plaisir.

    Cette partie était magnifique, le haut des monts était couvert par les nuages, mais lors de la descente sur Ancône tout s'éclaircit.

    Ancône est une grande agglomération et il fallut plus d'une heure pour la traverser. Elle est très vallonnée, mais une fois sur le port, nous eûmes droit à de longs boulevards plats et interminables.

    Nous avons aussi emprunté le front de mer où de nombreux Italiens occupaient peu à peu les restaurants de cette ville aux ramifications rappelant qu’on était dans une station balnéaire, dans une région très touristique pour les Italiens qui veulent connaître les joies de la mer. Comme le temps s'était peu à peu couvert, le vent s'était renforcé, les Italiens avaient préféré s'enfermer dans les nombreux restaurants plutôt que de se mettre en terrasse. Il y avait moins de monde que la veille.

     

    J'ai pratiquement toujours couru tout seul, mis à part quand les premiers m’ont dépassé. Rainer et René semblaient très rapides, ils devaient courir à près de 13km/h, ils avaient fait le trou avec leurs poursuivants qui m’ont dépassé presque une heure après.

    L'étape allait toucher à sa fin quand je me suis perdu. J'avais suivi aveuglément le road-book, chose que je décidai de ne plus refaire à l’avenir : j'avais respecté l'indication en anglais disant de tourner à gauche dès le panneau d'entrée dans la ville. Mais, il y avait une erreur sur le road-book, ce devait être "tourner à droite". Malin ! Avec un autre coureur que j'ai attendu, Hans Jürgen Schlotter dit Schlotti, nous avons été « repêchés » par Angela et René Strosny qui étaient dans un café et qui nous avaient vus passer.

    Nous fîmes demi tour et courûmes les cinq cents mètres à faire pour retrouver la ruelle qui ne portait même pas le nom indiqué sur le road-book : un peu en colère le Fab surtout quand en plus il s’était mis à pleuvoir et que le camping ne proposait plus que des places dans le couloir d'une auberge de jeunesse ou sous un préau aussi peu abrité qu'on risquait d'y attraper du mal.

    Enfin, c'était le folklore TransEuropéen.

    Sinon, tout allait bien physiquement, contrairement à certains du « club France » qui avaient souffert pour rallier l'arrivée.

     

    Lundi 27 avril, 9ème étape, Fano – Bellaria : 73,0km.

     

    Après une bonne nuit au chaud dans le couloir, sur un matelas épais, j'étais encore une fois fin prêt juste à l'heure : finies les jongleries avec les bidons et les sachets de sucre.

    Le départ donné, nous avons d’abord rejoint la SS16, puis rapidement on nous fit prendre une déviation sur une piste cyclable coincée entre la plage et ses cabanons et la voie ferrée, mais loin de la route et de sa circulation matinale à l'heure de l'embauche.

    Le temps était couvert, mais sec et doux, et le paysage agréable à regarder. Je pensais que l'été ça devait être infernal de venir ici passer des journées à la plage.

    Par la suite, une fois dans les reliefs, nous avons eu droit à une variété de beaux paysages, tantôt de campagne, parfois vallonnée et boisée, tantôt de littoral sur une corniche surplombant la mer et nous laissant admirer un somptueux panorama sur l'Adriatique. De temps à autres survenait un village que l'on traversait en dégustant la beauté de certains de ses édifices : château, chapelle, église, monument...

    La descente sur la ville de Rimini nous amena dans un autre monde : luxueuses villas, résidences de haut standing, hôtels avec piscines... La proximité de la République de San Marin explique peut-être une partie de cette richesse. Le front de mer était tout aussi luxueux avec ses dizaines ou centaines d'hôtels à étoiles, de trois à cinq, auxquels je n'avais rien à envier avec les quatre miennes chèrement conquises lors de mes Transe Gaule. Les plages de Rimini aussi sont privées, chaque hôtel devant posséder la sienne et, à cette époque, c'est le moment où elles sont nettoyées et aménagées.

    Ce fut comme ça jusqu'à Bellaria.

    La partie de course sur le front de mer fut un peu perturbée par le renforcement du vent de trois-quarts arrière, projetant souvent violemment le sable et me faisant parfois courir de travers : j'ai vite été "sablé".

    La fin de course fut difficile, mais une belle salle, enfin, nous attendait.

     

    Mardi 28 avril, 10ème étape, Bellaria – Lugo : 69,6km.

     

    Je n'ai eu pas beaucoup de temps ce mardi soir pour rédiger un long CR, j'ai réinitialisé la clé 3G+, puis j'ai tapé les CR en stand by des trois étapes précédentes.

    Tout va bien pour moi, je démarre les étapes comme si c'était la première, pas de courbatures, pas de douleurs, j'ai de la chance.

    Pour les copains, c'est un peu différent : Jean-Hervé a abandonné, plus envie dans la tête de passer plus de dix heures sur la route.

    Les autres se remettent peu à peu de leurs petits bobos. Christophe semble encore souffrir, mais il ne le montre pas. Roger va mieux, Alain est OK, JB va à son rythme et Stéphane commence à ressentir un petit "truc" aux releveurs, alors aujourd'hui il a un peu levé le pied. Gérard arrive frais et comme il ne se plaint jamais, j'en déduis qu'il est comme moi, sans blessure et sans bobos.

    Cette étape a été marquée par deux faits : le premier concerne la bifurcation de la TransEurope vers l’Ouest ; nous avons quitté les bords de l’Adriatique : finies les vacances ! Finie aussi la « maudite » SS16 et son important trafic. Le second événement fut plus tragique car mettant en scène un semi remorque et trois voitures. Bilan : un mort, plusieurs blessés. Nous avons été légèrement déviés, à travers un champ suite à ce carambolage meurtrier. Le réseau routier italien en Emilie-Romagne ne prévoit pas ou peu d'espaces pour les cyclistes et piétons. Cela change de tous ces kilomètres courus sur le littoral, souvent sur des trottoirs ou des pistes cyclables depuis quelques étapes. Et on en venait presque à regretter cette SS16 où les bas côtés nous proposaient un refuge quand une série de poids lourds nous croisaient. A l’horizon, j’ai aperçu une chaîne de montagne que je n’ai pas réussie sur le moment à identifier, me demandant quand même si ce n’étaient pas déjà les Alpes. En réalité, les sommets en bout de paysage étaient ceux des Apennins.

    Demain, une autre étape nous attend où j’aurai l’occasion d’admirer à nouveau cette plaine et de scruter l’horizon : 84,8km que j'ai prévu de boucler en plus de dix heures. On verra bien mais je vais partir prudemment, si, si, promis, juré.

     

    Mercredi 29 avril, 11ème étape, Lugo – Alberone : 84,8km.

     

    Très longue étape que celle reliant Lugo à Alberone. Nous avions quitté hier le bord de la mer Adriatique pour entrer dans la plaine du Pô et commencer à la traverser.

    L'infléchissement de la course vers l'ouest s'est accompagné d'un changement de paysage : cette partie de l’Italie, l’Emilie-Romagne, entre Ravenne et Bologne n'est plus une zone touristique, mais une grande région agricole, très humide, avec de grandes cultures fruitières, céréalières et des rizières.

    Cette étape en plus d'être interminable s'est aussi avérée être tout aussi périlleuse que celle de la veille. Combien de fois a-t-on failli être heurtés par des véhicules refusant de faire un écart et arrivant trop souvent à vive allure, et quand on conduit si vite avec son portable à la main, on se fiche éperdument des piétons. Que fait la police ?

    Ajoutons à cette longue journée de galère des orages à partir de la mi-journée rendant la course de plus en plus difficile et périlleuse.

    Heureusement aucun pépin n'est à déplorer, tous les coureurs au départ de Lugo sont arrivés à Alberone avec 84,8km de plus au compteur et pour certains après plus de 14h de course (ou de marche pour les plus handicapés). Il y eut la veille et l'avant veille des abandons, dont notamment celui de Jean Hervé qui n'avait plus l'envie de combattre, alors que son état physique s'était bien amélioré. Il a préféré ne pas rester un jour de plus sur la course suite à son arrêt, je le comprends, et avec sa petite famille ils vont certainement aller plus au nord. Ainsi, peut-être reprendra-t-il la course une fois guéri. Dommage quand même que le clan Français soit amputé d'un de ses membres.

    En ce qui me concerne, j'ai eu de la chance, mon état de fraîcheur m'a permis d'effectuer un départ rapide si bien qu'au bout de quelques km je me suis retrouvé en tête du peloton des "6h", sachant que les dix ou douze meilleurs de la veille prennent le départ à sept heures au lieu de six heures. Je suis resté environ quatre heures en tête de « mon groupe », courant entre 9,5 et 10km/h. Folie ? Non, juste un petit test sur la première moitié, qui équivalait à un marathon, que j'ai passé en 4h30 environ. Cela a dû en énerver certains et à partir du quatrième ravitaillement, celui du 42ème km, j'ai commencé à ralentir et donc à me faire doubler. Je finis en "roue libre" non sans difficultés, mais pas moins vite que les fins des étapes précédentes. J'ai été un peu poussé par deux événements : le premier est qu'à la suite d'un long arrêt de cinq minutes environ à l'abri de la pluie violente et froide qui s'abattait, je me suis fait distancer par un groupe de coureurs qui m'aurait évité de me tromper de route car je les aurais eus à vue. Mais là, point de coureur en repère et ce qui devait arriver arriva : je me suis trompé de route dans une petite ville, Cento, et quand j'en eus atteint la limite territoriale, je me doutais bien qu'il se passait quelque chose de bizarre. Il n'y avait plus de flèches, mon road-book n'indiquait pas ce que je voyais. Donc je fis demi tour et après avoir demandé à des passants, qui ont du me prendre pour un fou, s'ils n'avaient pas vu d'autres coureurs (imaginez, moi qui ne parle pas l'Italien en train de leur baragouiner un dialecte latino britannique !), je retrouvais enfin l'endroit où je m'étais trompé. En colère après moi-même et la pluie et le flécheur et ... (de toute façon, c'est toujours de la faute des autres quand on perd de sa lucidité) je me mis à accélérer pour compenser ma perte de temps. J'en rattrapai Stéphane qui m'avait aperçu me tromper, mais qui était trop loin pour que je l'entende m'appeler et qui n'allait pas me suivre non plus, lui qui avait déjà assez souffert de ses releveurs.

    Au final, je n'ai sans doute pas perdu de temps car avec Stéphane nous finîmes l'étape ensemble à son rythme qui était un peu supérieur à celui que j'aurais adopté si je ne l'avais pas rattrapé.

     

    Jeudi 30 avril, 12ème étape, Alberone – Ostiglia : 50km.

     

    Au réveil, je fus surpris de ne pas ressentir de séquelles de ma chevauchée de la veille. Le temps était couvert, légèrement pluvieux, alors la tenue "coupe-vent fluo" était de rigueur et comme le vent me faisait mal aux oreilles je me couvris de mon buff et de ma casquette positionnée par-dessus. Un look d'enfer, quoi.

    L'étape nous menait d'Alberone à Ostiglia et ne faisait que cinquante kilomètres.

    Nous avons couru près de trente kilomètres en plaine, sur des routes peu fréquentées et quand nous avons franchi le Pô sur un long pont métallique, nous avons rejoint une route sur une levée longeant le fleuve jusqu'à Ostiglia.

    Le Pô était couleur de boue; j'appris qu'il y avait eu des inondations, en amont, à Turin, et le spectacle de ce fleuve sorti de son lit me fit regretter de ne pas avoir pris mon appareil photos.

    Sur la digue, on apercevait les Alpes et leurs sommets enneigés, sans doute ceux de la région de Cortina. Je vis aussi mon premier troupeau depuis Bari : des moutons broutant les berges du Pô et de sa levée, qui iront passer l'été bientôt dans les alpages.

    L'arrivée dans la ville nous fit passer sur une route à côté d'une centrale thermique, au fioul je supposais.

    Je finis comme la veille, avec Stéphane qui depuis deux jours est obligé de ralentir de crainte d'aggraver ses bobos aux releveurs.

    Mon arrivée à 11h40 m'a donné la possibilité de faire du rangement et de finir de faire sécher mon linge. J’en ai profité pour me reposer et faire le point avec mon matériel, avec mes CR ainsi qu’avec mes pointages chronométriques. Il était 17h30, bientôt l'heure de dîner, quand un gros orage arriva, le ciel s’assombrit, et des grondements se firent entendre.

    J’espérais que le lendemain on n'ait rien de cela. L'arrivée était prévue tout près du Lac de Garde, à Pescantina. On allait piquer plein Nord, vers les Alpes.

    Ça allait devenir plus intéressant et certainement très dépaysant.

     

    Vendredi 1er mai, 13ème étape, Ostiglia – Pescantina : 67,9km.

     

    Suite à notre courte journée de course d'hier, de cinquante kilomètres, considérée par beaucoup comme un jour de récupération, on attaquait aujourd'hui une petite série d'étapes nous menant vers les Alpes.

    Ah ! Les Alpes, si proches quand on aperçoit leurs sommets enneigés et si lointaines encore parce que la route qui y mène n'est pas droite. Que de détours, et que je tourne à gauche puis à droite, puis encore à gauche... et que je file vers l'ouest, puis vers le nord et vers l'est puis à nouveau vers le nord. Un vrai labyrinthe cette étape !

    Les Alpes se laissaient désirer et l'étape dans son ensemble fut plate. Comme à mon habitude, je suis parti prudemment, laissant la tête de course devant - l'autre jour j'avais envie de m'amuser, mais je ne voulais plus prendre de risques - et je me suis calé sur une allure tranquille d'environ 9 à 9,5km/h. J'avais calculé que pour mettre huit heures sur ces 68km, il fallait que je coure à la moyenne de 8,5km/h, j'avais donc de la marge, destinée aux arrêts ravitaillements et autres (graviers dans les chaussures, pauses toilettes, prise de photos...).

    Cette partie de l'Italie quitte tranquillement la plaine du Pô mais on continue de voir des champs cultivés et des zones fruitières sans oublier les nombreuses rizières et de la jeune vigne, sans doute en attente d'être replantée une fois arrivée à maturation. Quelques élevages sont peu à peu apparus se faisant plus nombreux plus on avançait vers le nord.

    Des canaux d'irrigation nous ont aussi accompagnés tout le long de l'étape, apportant une sensation de fraîcheur qui se faisait plus pressante au fil des heures en raison du beau temps qui régnait sur cette partie de l'Italie.

    Au loin, toujours les Alpes, mais avec l'impression de les voir grandir au fil des heures et des kilomètres.

    La fin d'étape fut un peu moins intéressante car nous faisant transiter par une route à grande circulation. Heureusement en ce jour de 1er mai, jour de fête chez les Italiens aussi, le trafic était peu important.

    L'arrivée à Pescantina, en passant par Bussolengo, fut agréable malgré l'accumulation des kilomètres : des ponts sur des rivières, un pont-canal, des bâtiments de toute beauté...

    J'ai eu un petit coup de mou à quinze kilomètres de l'arrivée, un coup de chaud ou de fatigue ou de je ne sais pas trop quoi, et je fus contraint de stopper deux fois cinq minutes pour m'asseoir et récupérer à l'ombre d'un lampadaire ou d'un arbre.

    Quand je suis reparti, je rattrapai Elke et Marcel son copain avec qui je terminais l'étape, tout en prenant des photos.

    Je tenais à faire moins de 8h : je mis 7h59'52 et mon objectif était atteint sans même avoir à sprinter à la fin.

    J’ai profité du temps que j’avais de libre pour poursuivre ma récupération. Il était 17h30 quand j’émergeais, le dîner avait lieu à l'heure des poules, à 18h, mais comme on doit se réveiller à 4h du matin, cela équivalait à un dîner à 20h.

    Lors de l’étape du jour, il y eut un nouvel abandon, celui de Kaz, un coureur japonais très sympathique et fan de foot européen : il portait souvent le maillot du Barça avec son nom flocké dessus. A noter quand même qu'il a à son palmarès une 4ème place à la TransAmerica 2004.

    Il reprendrait certainement la course plus tard quand il en aurait fini avec ses bobos. C'est ce que je lui souhaitais.

     

    Samedi 2 mai, 14ème étape, Pescantina – Nomi : 69,4km.

     

    Avec cette quatorzième journée de course nous sommes entrés dans les Alpes, certes pas d'une manière très violente car le dénivelé total n'a pas été important, de l'ordre de 250 à 300m sur l'ensemble de l'étape, les seuls raidillons ayant été les franchissements des ponts autoroutiers ou les passages au-dessus du canal ou de la rivière Adige, mais on a néanmoins commencé doucement notre ascension.

    Le paysage a été à la hauteur de ce qu'on attendait tous depuis Bari et qu'on apercevait déjà depuis quelques jours : la vallée de l'Adige, avec la rivière et son canal parallèle, l'autoroute, une ligne de chemin de fer, des routes secondaires, une piste cyclable et de nombreux villages devenant de plus en plus typiques de la région du Tyrol Italien. Et sans parler des montagnes nous encadrant, aux sommets desquelles la neige persistait.

    Notre étape a commencé sur une route départementale peu fréquentée en ce week-end du 1er mai et si tôt à l'aube. Le chant des oiseaux, le bruit de la rivière, le paysage avec un lever de soleil sur les sommets puis dans la vallée, toutes les conditions étaient réunies pour passer une bonne journée.

    C'était sans compter sur le vent descendant de la vallée que nous avons trouvé au bout d'une heure de course. A partir de ce moment, ce fut une autre histoire car il était assez soutenu et on a dû lutter tout le reste de l'étape contre ce vent tiède. Le soleil fut aussi de la partie, et heureusement, après trente-cinq kilomètres nous avons pris une piste cyclable que nous n'allions plus quitter jusqu'au dernier pont sur l'Adige qui nous menait à l'arrivée. Sur cette piste cyclable, toujours avec le vent contraire, nous avons pu profiter de nombreuses parties ombragées. La fin d'étape fut difficile car le travail de sape d'Eole avait bien usé les organismes.

    J'ai mis 8h05'20, je terminais à la 22ème place, j'avais donc couru à la même moyenne qu'hier. Je restais 26ème au classement général. Je terminais en compagnie de Christian Fatton, coureur international Suisse en proie à des blessures aux releveurs.

    Deux petites ampoules chacune au bout de chaque gros orteil sont venues ternir ma journée. Je les ai soignées avec l'aide de Ian, un infirmier-pompier volontaire Allemand, afin de repartir le lendemain sans boiter. Il fallait qu'elles sèchent pendant la nuit.

    Pour le reste, tout allait bien, avec toujours cette même impression le matin de n'avoir pas couru la veille, mais les kilomètres s'accumulaient et je ressentais quand même une grande fatigue générale surtout lors des deux heures qui suivaient l'arrivée. Je me suis couché après la douche, la lessive, les soins et une petite collation, il faisait entre 25 et 30°, mais j'avais froid. Deux heures de repos plus tard, c'était passé. Comme j'avais couru avec l'appareil photo que j'ai souvent utilisé, je souhaitais mettre en ligne les photos un peu plus tard, car il fallait préparer la journée suivante où l'on avait une longue chevauchée de 77km environ à faire et je devinais que je risquais sans doute d’être encore plus fatigué que cet après-midi.

     

    Dimanche 3 mai, 15ème étape, Nomi – San Michele (Eppan ou Apiano) : 76,9km.

     

    Comme prévu, ce fut une longue étape, avec plus de 60 km sur une piste cyclable assez peu fréquentée jusqu'à neuf heures et qui est devenue une « autoroute » après cette heure où les Italiens ont commencé à aller se promener, faire leur jogging ou un peu de vélo. Comme cette piste cyclable possédait un grand nombre d'aires aménagées pour pique-niquer, nous avons vu progressivement les gens s'installer, déjeuner puis se reposer et enfin retourner se promener.

    Le paysage était encore très beau à contempler, même si j'ai tendance à regarder le bout de mes chaussures quand la fatigue vient contrarier ma lucidité.

    J'ai couru assez tranquillement jusqu'au marathon, sachant qu'il restait encore trente-cinq kilomètres à effectuer une fois le marathon atteint. Par la suite, comme d'habitude, j'ai alterné de longues périodes de course avec de courtes périodes de marche pour me détendre. Les ravitaillements, disposés tous les huit à dix kilomètres permettaient d'emporter à boire en quantité nécessaire dans mon bidon de 60cl et ma bouteille d'eau de 50cl. A celle-ci, je n'y toucherai que très rarement dans les premières heures, puis au moment où la température s'est élevée, et me servit à m'arroser la tête pour me rafraîchir. Le vent a peu soufflé et globalement, même s'il était défavorable, il n'a pas été aussi usant que le jour précédent.

    La sortie de la piste cyclable pour rejoindre le réseau routier fut épique, et pas uniquement pour moi. Le flècheur, chargé tôt le matin de disposer les petits stickers rouge fluo qui nous servent de repères pour nous orienter en plus du road-book, n'avait pas anticipé la présence possible de gros véhicules type camping-cars devant les marques directionnelles si bien que je me suis trompé de chemin. Pas longtemps, juste histoire de maudire le fléchage, mais j'ai bien perdu cinq minutes dans l'histoire, et j'ai dû demander à des cyclistes s'ils n'avaient pas croisé des coureurs avec des dossards. Leur réponse négative me fit faire demi-tour et j'aperçus alors Takako, coureuse Japonaise avec qui j’étais souvent en début d'étape et qui me doublait la plupart du temps en fin d'étape. Elle me fit signe de revenir et de tourner à gauche, là où j'avais pris à droite. Mille mercis à toi Takako. Nous fîmes route ensemble par la suite. Je n'ai pas souhaité la distancer. Pourtant je courais plus vite qu'elle, mais elle m’aurait rattrapé ensuite car elle s'arrêtait marcher moins souvent que moi et prenait moins de temps aux ravitaillements d'où sa moyenne finale supérieure. Nous aurions fait l’accordéon comme ça jusqu’à l’arrivée.

    Nous avons « passé l'Emile » après le dernier ravitaillement. L'Emile ? Les mille kilomètres depuis Bari, alors au dernier ravitaillement nous avons eu le droit à une petite coupe de vin mousseux pour marquer le coup et franchir cette marque dans la bonne humeur. Le reste de l'étape fut pénible en raison de dénivelés assez prononcés et d'une circulation plus importante : les Italiens s'en allaient passer le dimanche après-midi au bord d'un lac que nous avions aperçu du haut d'une des premières hauteurs.

    Le paysage ressemblait beaucoup à celui des Vosges, côté Alsacien, avec les vignes et les routes ou chemins serpentant dans le vignoble. Les villages sont toutefois un peu différents car on est arrivé dans le sud du Tyrol.

    La fin mit du temps à arriver, mais quel soulagement de franchir main dans la main avec Takako cette quinzième ligne d'arrivée !

    Hier, c'était avec Christian Fatton, aujourd'hui avec une japonaise très sympathique qui se moque de ma foulée et de mon allure, elle qui "trotte menu" toujours bien droite.

    Je n’ai pas encore vraiment eu le temps d’effectuer une bonne récupération, j’ai eu beaucoup d’occasions de me disperser. D'abord j'ai mangé, des œufs avec une saucisse et deux yaourts, arrosés de bière et de Fanta, le tout payé par moi-même car non fournis par l'organisation. Je suis allé ensuite faire soigner mes deux ampoules qui n’avaient pas encore guéri. Je suis allé passer une IRM, comme tous les quatre ou cinq jours, j’ai eu ma prise de sang du millième kilomètre, je me suis fait peser, prendre la masse grasse un peu partout (jambes, bras, dos, ventre...) et le temps d'écrire mon CR et de faire le bilan chronométrique de la journée, ce fut rapidement l'heure de dîner.

    Les copains semblaient se porter assez bien : Gérard, Roger et Alain ont terminé éprouvés comme tout le monde, mais contents de leur étape ; Roger a un peu souffert car Alain avec qui il fait route quotidiennement n'a pas arrêté de ronchonner ; il a un début de tendinite derrière le genou et ça ne doit pas être agréable d'où ses ronchonnements ; Gérard est heureux, il avait ses bières aux ravitaillements ; Christophe vient d'arriver après près de 14h sur la route. Il y a encore une heure courait un bruit comme quoi il se serait égaré. On a espéré que non, lui qui flirte tous les soirs avec le cut-off ; Jean-Benoît a franchi aussi la Mil'Kil Italienne et semble bien revenir en forme pour effectuer les 20 étapes qu'il s'était fixées ; pour Stéphane, ça revient bien, il retrouve un tempo plus en rapport avec son niveau.

    Au moins deux abandons se produisirent aujourd'hui, celui d'un japonais et celui de Sigrid Eichner.

    Moi ça va, je ne me plains pas, j'ai des bobos, mais il y a pire.

    Il reste aussi 49 étapes, alors ... prudence et attention aux ampoules ! Qu'elles sèchent vite !

     

    Lundi 4 mai, 16ème étape : San Michele – Schlanders (Silandro) : 64,8km.

     

    Total kilométrique cumulé au départ : 1002,8km, à l'arrivée : 1067,6km. 16/64=1/4, pour les matheux, mais si l'on considère uniquement le kilométrage, on est loin du quart de ce qu'on a à parcourir pendant la TransEurope.

    Aujourd'hui nous avons quitté le village de San Michele dans le Tyrol Italien sous un temps frais mais découvert. Nous avons été bien accueillis, la municipalité de cette commune de 2400 habitants ayant mis à notre disposition un complexe sportif à en faire pâlir de jalousie certaines communes beaucoup plus peuplées.

    La route vers les Alpes nous a fait cheminer sur une route départementale (si l'on peut comparer avec la France), peu fréquentée, et au bout de quelques hectomètres nous avons descendu ce que nous avions monté la veille. Quatre kilomètres de descente en guise de petit déjeuner, il y aurait pu y avoir pire. La suite fut assez sympathique, car nous avons longé des zones de cultures fruitières, des vignobles, et nous avons pu admirer au passage les nombreuses villas de propriétaires ou d'autres à louer.

    La course pour ce début d'étape fut donc relativement reposante et nous avons rejoint une piste cyclable en site propre, c'est à dire loin de la circulation automobile. Seuls les trains venaient de temps à autre nous tirer de ce silence bucolique parfois interrompu par les chants des oiseaux.

    On nous avait dit que ça allait monter, mais à mi-étape, je me demandais encore ce qu'ils voulaient entendre par "monter".

    Je ne tardais pas à me rendre compte qu'il fallait que je sois patient. En effet, le profil allait devenir un peu accidenté vers le milieu de course. Ce n'était pas pour me déplaire car j'adore grimper.

    De jolis panoramas s'offraient à nous au gré des virages et lorsque nous avons eu à redescendre ce que nous venions de monter, nous avons rejoint une nouvelle piste cyclable qui longeait un torrent et qui par voie de conséquence était pentue.

    La fin de course nous fit reprendre une partie moins agréable de route à circulation peu importante mais il fallait se méfier des voitures et des camions, surtout dans les virages. Les trois derniers kilomètres du parcours traversaient des vergers plantés de poiriers tous en fleurs à cette saison. Quand je suis arrivé, j'étais fatigué, comme d'habitude, mais aussi très soulagé que cette étape au lendemain d'une longue journée se soit bien passée.

    Le village nous hébergeant est joli, pittoresque, typique sans doute de cette région du Tyrol, et ce qui diffère beaucoup de la France c’est que dans des petites bourgades de ce type, qu’on croirait isolées du reste du pays comme certains villages montagnards français, on trouve des équipements sportifs très modernes comme la salle de sport où nous allons dormir. Pour un village de cinq mille habitants situé dans une vallée alpine cela témoigne d’une volonté de développer le sport et donc de vouloir conserver sa population jeune.

    Pour couronner le tout, cette ultime halte en Italie nous propose un paysage magnifique : nous sommes entourés de sommets enneigés. Ces sommets vont peu à peu voir disparaître leur couverture neigeuse et cet été les alpages libérés seront certainement des lieux de pâture pour tous les troupeaux de la plaine du Pô.

    On a eu aujourd'hui un beau temps, pas trop chaud, avec un peu de vent défavorable sur la fin. C’est le climat du printemps, toujours, mais avec ses caractéristiques piémontaises et même montagnardes.

    Une étape de plus au compteur mais la joie d’en avoir presque fini avec l’Italie fut un peu ternie par l’abandon de Christophe. Lassé de devoir se battre contre le cut-off, le temps limite fixé par l'organisation et qui est basé sur une allure de course de 6km/h, il a préféré arrêter la compétition. Il l'a pris avec philosophie et recourra dès qu'il sera rétabli.

    Demain, nous franchirons un premier col à 1500m d'altitude, le Reschenpass, et nous connaîtrons un premier passage dans un tunnel long de trois kilomètres donc la tenue de sécurité sera obligatoire. On sera magnifiques dans nos tenues fluo style Lagerfeld.

     

    Mardi 5 mai, 17ème étape, Schlanders (Italie) – Pfunds (Autriche) : 63,8km.

     

    Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien et que les journées tournent comme d'habitude. Et nous pendant c'temps là on ... tourne aussi sur notre circuit en ligne pas très droite qui nous mène lentement mais sûrement vers le Cap Nord.

    Sûrement ? Il ne faut jurer de rien, il y a déjà quelques abandons, dont deux dans nos rangs, Jean-Hervé et Christophe, et cela peut toucher tout le monde. Ce que je remarque quand même, c'est que ces abandons ont touché pour une bonne partie des gens qui étaient partis beaucoup trop vite lors de la première semaine.

    Mais la patience, c'est quelque chose qui ne s'apprend pas comme ça, il faut avoir payé une fois pour ne plus refaire les mêmes erreurs, même si certains semblent avoir la mémoire courte à ce sujet.

    L'étape d'aujourd'hui, la dix-septième, nous faisant passer d'Italie en Autriche a été superbe, et avec du beau temps très frais dès le petit matin, nous sommes tous sortis couverts; de plus, le gilet fluo était quasi obligatoire pour franchir les tunnels de fin d'étape. J'ai gardé mon bonnet, mes gants, deux foulards et mon bazar habituel pendant toute l'étape.

    C'était la première véritable étape de montagne et ... quand y a de la côte, je me fais plaisir ! Cela n'a pas manqué, après les vingt et quelques premiers kilomètres d'échauffement sur une piste cyclable assez plate, dès que le relief a commencé à pointer son nez, j'ai conservé mon rythme, ne marchant que lorsque la pente devenait trop raide. Peu à peu, j'ai creusé l'écart sur mes poursuivants puis j'ai rattrapé ceux qui d'habitude me collent un gros quart d'heure voire trente minutes et même plus. Je me suis retrouvé avec des gars qui sont classés dans les quinze premiers du général et ça m'a bien plu de voir que je n'avais aucun mal à les suivre.

    Bon, la prudence m'a quand même fait mettre le frein et j'en ai profité pour prendre une vingtaine de photos. Vingt, ça paraît beaucoup, mais comme souvent certaines sont floues j'essaie de toutes les faire en double.

    J'ai attendu le passage de la frontière pour reprendre un rythme plus rapide, on venait de passer le col et la route, ou plutôt la piste cyclable, avait tendance à plus descendre que monter.

    Par la suite, revenu sur la route principale avec les tunnels à passer, je me suis bien lâché. Oh, ce n'est pas du 20km/h ni même du 16, mais entre du 11 et du 12 pour cette partie en descente. Pas idiot non plus le gars, ça aurait été des coups à se flinguer les releveurs et à suivre le reste de la TE dans la voiture balai ! Toujours en "contrôle" de la situation, ce qui m'a permis de me faire prendre une heure par ceux qui sont partis une heure après nous. Mais aujourd'hui, ils m'ont dépassé plus tard que d'habitude et il y en avait moins.

    Je termine avec Théo, un Allemand avec qui j'ai fait les cinq derniers km à 12km/h sur du plat. Nous sommes quatorzièmes de l’étape, ex-æquo, et je gagne une place au classement général.

    Fut-ce une vilaine prise de risque ? Peut-être, mais de temps à autres il faut bien « décalaminer le pot » comme on disait quand on était ados avec nos mobs.

    Le team Français s'est bien comporté aussi, d'après les échos recueillis ici et là. Chacun va sans doute faire un petit C.R. pour raconter sa journée.

    Demain, le même genre d'étape est prévu, mais je serai plus sage.

    à+Fab


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  • Mercredi 6 mai, 18ème étape, Pfunds – Nassereith: 60,1km.

     

    D'abord, je répare un petit oubli non négligeable dans notre vie de tous les jours : nous avons depuis deux jours la visite de Gilbert Codet et de son épouse ainsi que celle de Michel, son frère et de sa femme.

    C'est sympa et on peut recevoir des encouragements à certains endroits des étapes. De plus, Gilbert, en courant, et son frère, à vélo, viennent à notre rencontre en fin d'étape et nous renseignent sur ce qu'il reste à faire et sur les éventuelles difficultés.

    Autres moments sympathiques, les invitations à dîner dans les camping-cars où avant-hier nous avons mangé à neuf. Le couscous "façon Codet" m'a donné des ailes hier et j'avais encore des restes de cet élan aujourd'hui sur cette nouvelle étape alpine.

    Nous sommes partis sous un petit crachin, par un temps pas trop froid, sur une route parallèle à la route principale, utilisée par les lignes de cars scolaires et les résidents des villages traversés. Ces petites bourgades, caractéristiques du Tyrol autrichien, étaient bien agréables à traverser et cahin-caha nous avons passé les deux premiers ravitaillements sans grosses difficultés. Pour vous dire, j'étais à 10km/h de moyenne.

    Là, le profil allait carrément changer : 8,6km de route en montée qui nous a fait passer de 870m à 1504m d'altitude. Parfois, il y avait un pourcentage de l'ordre de 15% où j'étais contraint de marcher comme beaucoup d'autres. J'ai néanmoins rattrapé encore une fois un bon paquet de coureurs plus rapides que moi sur le plat, les laissant à bonne distance dès les premiers hectomètres d'ascension. Au gré des virages je voyais qu'en une heure plus personne ne me suivait de près, par contre devant j'en apercevais certains. Au passage du premier col, ma moyenne avait chuté à moins de 9km/h, soit une montée à 7,2km/h. J'ai alterné course et marche et je me sentais bien. Une fois le col passé, après une légère descente, un second col se profilait, moins pentu et une fois celui-ci lui aussi franchi, j'en profitais même pour faire une boule de neige avec celle que je trouvais sur le bas côté de la route, je remis mon coupe-vent comme les cyclistes qui redescendent des cols pendant le Tour de France. Je l'avais retiré pendant la montée car je commençais à avoir un peu chaud.

    La descente n'est pas mon point fort, surtout avec des portions elles aussi à 15%, alors à chaque foulée j'essayais de contrôler, pour ne pas me blesser. Je ne me fis pas rattraper, en tout cas pas tout de suite. J'avais dû assurer un bon train quand même environ à 9,5km/h de moyenne malgré des arrêts techniques pour retirer les cailloux entrés dans les chaussures et retendre les chaussettes. Jusqu'au marathon environ, j'étais bien et j'avais entamé mon compte à rebours mental habituel "plus que 18km, soit 2h environ..."

    Le parcours à partir de ce moment devint moins agréable, avec plus de circulation, le franchissement d'une vallée où il fallait rester sur ses gardes pour ne pas se tromper de route et guetter les camions et les voitures nous rasant quand ils se croisaient.

    Par la suite, nous avons rejoint une piste cyclable d'abord en dur puis une fois en forêt elle devint caillouteuse. C'était plus agréable que de continuer sur la route. J'ai été dépassé par un gros peloton... de cyclistes. C'étaient des collégiens qui étaient en randonnée avec leurs profs. J'étais à nouveau tout seul, Werner et un coureur venu faire l'étape du jour m'avaient rattrapé et lâché depuis un bon moment, et les autres coureurs de devant s'étaient encore plus détachés.

    Au total, je termine encore à une bonne place, quinzième, et je suis arrivé relativement frais. Pas de blessure, pas de douleurs, seule une ampoule a du mal à sécher et me gêne un peu dans les descentes.

    Du côté des Français, Roger et Alain ont fait l'étape à leur main, souffrant quelque peu des restes de leurs anciennes douleurs, même si Alain disait que l'extérieur de son genou l'avait ennuyé encore une fois. Gérard est arrivé un peu après comme Jean Benoît, mais sans se plaindre. Seul Stéphane avait souffert d'un releveur pendant toute la descente où il fut obligé de marcher pour ne pas aggraver son mal.

    Nicole et Christophe encore en convalescence nous ont bien encouragés à chaque fois qu'on les a vus. J'ai croisé Gilbert à six ou sept kilomètres de l'arrivée, quand j'étais un peu dans le dur, et ça m'a redonné l'envie de relancer pour finir cette étape.

    Au final, encore une belle étape au niveau des paysages, de la météo et de ma gestion de course.

     

    Jeudi 7 mai, 19ème étape, Nassereith (Autriche) – Seeg (Allemagne) : 68,9km officiellement, mais sans doute plus proche des 71km avec les variantes.

     

    L'étape a commencé comme dans un conte pour enfants. Vous connaissez l'histoire d'Hansel et Gretel ? Et bien ce matin, c'est tout juste si on avait voulu nous perdre dans la forêt.

    Nous étions partis depuis quelques minutes sur une route tranquille quand il y a eu une bifurcation prévue nous faisant passer par un chemin au lieu de continuer sur la route qui aurait été dangereuse. Or, dans ce chemin, le balisage avait disparu à une fourche et la tête de course s'engouffra par le mauvais côté et le reste du peloton, à l'image des moutons de Panurge, suivit. Barrière fermée, infranchissable, que faire ? Demi-tour ? Pour aller où ? Nous avons tergiversé pendant plusieurs minutes avant de nous rendre compte qu'une barrière avait été ouverte ce matin tandis qu'elle était fermée hier lors du balisage et le fléchage était donc impossible à voir. Cela commençait bien !

    Par la suite, nous avons dû monter un col, à 1217m, en empruntant au début une voie forestière assez vallonnée puis la route principale où la circulation devenait de plus en plus forte et dangereuse avec un nombre important de camions. La partie en descente fut tout aussi dangereuse et souvent j'ai été contraint de me plaquer contre la rambarde de sécurité car les camions ne me laissaient pas de place. De la folie quoi !

    Heureusement le calvaire prit fin au quatorzième kilomètre où nous avons rejoint une route plus tranquille, bordée d'une piste cyclable d'abord bitumée puis devenant un chemin avec des pierres plus ou moins grosses. Et ce chemin ne fut pas très facile à suivre car, très bosselé, il avait tendance à faire alterner des pentes fortes avec des descentes raides, contrairement à la route qui serpentait toujours avec le même pourcentage.

    Cette partie fut usante, tant physiquement que mentalement car on n'a pas eu une seconde de répit quand il a fallu anticiper où mettre les pieds. Nous avons même eu droit à une déviation qui a rajouté quelques centaines de mètres au périple. Heureusement, mais maigre compensation, le paysage fut très beau, cette partie du Tyrol Autrichien était très verdoyante, et tout autour on apercevait les sommets encore enneigés.

    Nous avons franchi la frontière au kilomètre 51 pour nous retrouver sur une piste cyclable en dur puis nous avons pu admirer la première ville d'Allemagne depuis la frontière, Füssen, que nous avons traversée en empruntant la Promenade Ludwig surplombant la ville. Nous étions entrés en Bavière. Des affiches publicitaires vantant les effets du lait produit dans cette région du sud de l’Allemagne nous le confirmaient à chaque village traversé. La route principale que nous avons suivie par la suite était elle aussi bordée d'une voie destinée aux vélos, piétons et machines agricoles. Il y avait du trafic pendant que nous cheminions à l'écart, en sécurité. La fin d’étape était interminable et comme si ça ne suffisait pas à mon impatience d’en avoir terminé, au dernier ravitaillement on nous fit prendre un autre chemin que la route principale qui aurait été trop dangereuse. En conséquence nous avons dû courir entre un et deux kilomètres supplémentaires et ce, sur des sentiers très vallonnés. Même l'arrivée sur Seeg fut longue et laborieuse, le village apparaissant dès la dernière colline et ne donnant pas l'impression de se rapprocher au fil de notre avancée.

    L'arrivée fut toutefois une de celles qui ont été les plus sympathiques, avec sirène des pompiers et applaudissements des nombreux habitants venus assister aux arrivées. Il y avait même les enfants de la ville, certains portant la tenue folklorique bavaroise. Nous avons été pris en photos, nous avons pu les écouter jouer de la musique avec leurs instruments et les regarder danser.

    J'ai mis plus de huit heures pour couvrir cette étape, mais avec les nombreuses rallonges auxquelles nous avons eu droit, je suis quand même satisfait. Je suis fatigué, mentalement et physiquement, mais ça va quand même car je n'ai pas de blessures. J'ai passé une IRM comme tous les quatre ou cinq jours, et je m'y suis endormi !

    Voilà les nouvelles pour aujourd'hui.

    Demain, étape un peu plus courte, 64,9km, et après, 3 étapes à plus de 80km. Là, il va falloir se forcer à ralentir. On verra bien.

    ****rendu ici

    Vendredi 8 mai, 20ème étape : Seeg – Pfaffenhausen : 64,9km.

     

    Belle étape, tranquille au niveau de la circulation car le parcours nous a fait passer par de petites routes de campagne où s'étendaient de vastes prairies avec des pissenlits. Les collines, nombreuses, dans lesquelles serpentait notre étape, étaient souvent coiffées de bois et de forêts que nous avons aussi traversés.

    Les villages, tous les un à trois kilomètres, nous les avons traversés sous les yeux des quelques habitants déjà levés puis au fil des heures le public se fit plus nombreux. Bon, ce n'était quand même pas le Tour de France et les gens n'étaient pas là pour passer la journée à regarder les coureurs.

    L'activité économique principale de cette région est donc à vocation agricole et à dominante élevage laitier; nous avons vu quelques troupeaux de bovins. Il persiste aussi une forte activité artisanale autour du travail du bois.

     

    Ma journée a été bonne, j'ai effectué un départ prudent car les trois jours qui suivront seront les étapes "eighties" en rapport avec leur longueur : 81,0 km, 80,5km et 82,0km.

    Aujourd'hui il fallait donc faire du jus pour assimiler sans problème la fin de week-end et le lundi en prime.

    Il y a eu une grosse côte d'un kilomètre à un moment de la course où j'ai pris du plaisir à accélérer ce qui, sur ma lancée, m'a fait terminer l'étape de manière un peu plus dynamique.

     

    Nous sommes hébergés dans un immense gymnase où tiennent 3 terrains de basket côte à côte.

    La fanfare du village est là et nous a fait un petit concert juste après le mot du maire.

    Ce soir, le repas est sans doute encore traditionnel, donc copieux et il ne faudra pas faire de vieux os pour trouver rapidement le sommeil.

     

    Demain, Jean-Benoît courra l'étape, sa dernière avant de rentrer en France. Le club France va se retrouver à 6, plus Nicole la femme de Gérard qui tiendra un ravitaillement avec Christophe qui devrait, je l'espère, pouvoir reprendre la course lundi ou mardi.

     

    A bientôt pour de nouvelles aventures, qui seront peut-être moins denses car les étapes vont durer au moins 2 heures de plus si ce n'est pas 3 (pour moi).

     

    Samedi 9 mai, 21ème étape, Pfaffenhausen – Nattheim : 81,0km.

    Nous avons pris le départ sous un temps couvert avec quelques gouttes puis le ciel s'est éclairci. Le soleil s'est levé et le paysage est devenu magnifique, composé de champs ouverts (sans haies) cultivés ou en herbage (toujours avec des pissenlits) enrobés de brume. A l'horizon, s'élevaient des collines boisées pendant que nous serpentions tranquillement dans le petit matin.

    Peu à peu les chants des oiseaux ajoutaient une note musicale à cette longue symphonie que nous étions en train de jouer. Un coucou se faisait entendre comme s'il voulait nous saluer.

    A chaque village traversé, coïncidence de mes temps de passage, les cloches des églises frappaient l'heure ou les quarts d'heure.

    Petit à petit les habitants s'éveillaient et la circulation automobile, jusque-là très faible, devint un peu plus importante, de quoi nous sortir de la quiétude dans laquelle nous nous étions enfermés pour nous plonger en plein stress car les Allemands aiment à faire ronfler leurs puissantes cylindrées surtout sur des routes qu'ils ont l'habitude de voir désertes et non pas envahies par des coureurs aux allures d'"extra-terrestres".

     

    La journée fut longue, longue, longue. Quand on a franchi le Danube, assez quelconque en cette partie de l'Allemagne, on n'avait à peine fait 50km et ... il en restait 30 ! 5h30 de course, il fallait en prévoir plus de 4 de plus. Au poste de ravitaillement N°5, je pris comme d'habitude une soupe chaude avec des pâtes en prenant tout mon temps (4' d'arrêt) et quand je suis reparti je n'avais pas trop envie. C'était la tête qui flanchait alors que je ne connaissais toujours pas la blessure. Je ne savais plus quoi faire pour m'occuper, ni à quoi penser, ni quoi regarder... Ce fut interminable...

    Je repris un peu le contrôle de la situation à une douzaine de kilomètres de l'arrivée car je savais qu'il y aurait encore deux postes de ravitaillement espacés de 6km l'un de l'autre.

    Donc la fin ne fut pas aussi pénible que les heures précédentes. J'avais déjà mis le MP3 depuis plus d'une heure et cela m'a aidé à oublier le temps.

     

    Je suis arrivé, fatigué sur le coup, mais j'ai vite récupéré, je me suis allongé après la douche pendant 1h30, j'ai mangé et bu pour me refaire une santé, j'ai préparé mon matériel pour le lendemain où une autre longue étape de plus de 80km m'attendait.

     

    Dimanche 10 mai, 22ème étape, Nattheim - Schillingsfürst : 80,5km.

     

    Rien à voir avec hier, cette étape, sinon le paysage aussi beau tôt le matin.

    J'avais des jambes, de l'envie, et j'ai tout de suite mis le MP3 pour m'isoler mentalement le plus rapidement possible.

    Et je suis parti, tranquillement, à mon rythme, ne me souciant pas des autres, ni du chrono, ni du road-book, j'avais prévu de regarder de temps à autres où mes compagnons se trouvaient afin de ne pas filer tout droit lorsqu'il aurait fallu tourner. Ma casquette, à l'endroit, bien enfoncée sur ma tête de façon à ne voir que la ligne blanche délimitant le bas côté de la chaussée, je courais sans aucune gêne ni douleur, en parfait équilibre. Cela a duré des heures, entrecoupées d'arrêts aux ravitaillements ou techniques, ou de courtes portions de marche quand l'envie m'en prenait.

    Le paysage m'a beaucoup rappelé la Bretagne du côté de Huelgoat, en fin de première étape de la Transe Gaule, et aussi les contreforts du Limousin. Car cette étape n'était pas plate. Le nord de la Bavière est vallonné et ce n'était pas pour me déplaire.

    J'ai tourné à 9km/h pendant plus de 45km et sur la fin j'avais encore assez de réserve pour continuer à assurer un bon 8,5km/h.

    Au total, j'ai mis près de 30 minutes de moins que sur l'étape d'hier qui était de la même longueur à 500m près. La météo a été aussi belle, un peu moins chaude qu'hier.

    Nouvel accueil avec beaucoup de spectateurs et des musiciens. Des pâtisseries nous attendaient aussi, comme hier.

     

    Pour ce qui concerne mes petits camarades français, ils vont bien, Stéphane a encore bien couru, Roger a accompagné Alain qui va mieux, Gérard a fait l'étape à son rythme.

    Jean Benoît est rentré en France ce matin après le départ de l'étape et Michel et Martine sont aussi repartis chez eux. Il ne reste plus que Nicole et Christophe comme supporters, et encore, Christophe va bientôt reprendre la course.

     

    Demain, 23ème étape, 82,1km. On a déjà fait le tiers de la TransEurope. L'Italie me semble lointaine, comme si c'était l'année dernière. On passe aussi le km 1500 demain.

     

    Afin de donner un autre angle de vue sur les trois premières semaines de course, je copie le CR que Jean Benoît a écrit peu après son retour en France :

     

    « Ben en deux mots, c’était achement bien. Seuls ceux qui ont couru une Transe Gaule, une Deutschlandlauf, une TransEurope, une Trans
    Australia ou une TransAmerica peuvent imaginer comment ça se passe et ce que représente l’acte de repartir en peloton chaque matin pour quelque 70 km de routes inconnues et 6 à 12 heures le nez au vent sur une paire de guiboles pas vraiment neuves.

    Pour les autres, la seule façon de savoir, c’est d’essayer car ça reste assez difficilement descriptible. Ceux qui iront au bout de ce qui représente 4 Transe Gaule mises bout à bout pourront dire par combien sont multipliées les émotions à l’approche du Cap Nord et du soleil de minuit.

    Pour moi, les 3 premières heures dans la quiétude et les pâles lumières du matin étaient toujours les plus agréables. Ensuite, invariablement, je faiblissais physiquement et mentalement et je décomptais alors les km et les
    postes de ravitaillements pour en finir. Souvent la lassitude disparaissait dans les deux dernières heures de course, à l’odeur de l’écurie et du foin frais.
    Pour d’autres comme Gérard Denis qui craint les étapes courtes car, à 65 ans, il lui faut plusieurs heures pour trouver le bon rythme, les étapes longues étaient les meilleures. Gérard part toujours en queue de peloton puis remonte tout ce qu’il peut (« la Chasse aux Jap’ est ouverte ») dans les deuxièmes moitiés d’étape où il se sent toujours mieux.

    J’ai eu 2 étapes difficiles où, endormi debout, j’ai dû marcher plusieurs heures en slalomant dangereusement sur la route. Dans ces moments-là, à 4 ou 5 km/h, j’ai toujours l’impression de subir la même séance de torture mentale et ce qui me permet de tenir est de me dire que j’ai une certaine chance d’être là, de ne pas être blessé, de savoir aussi que ça va revenir tôt ou tard, que je ne suis pas seul sur la route et que je
    dois retrouver le troupeau avant la fin de journée pour avoir le droit de repartir demain. Bien conscient que tout ça ne sert à rien mais que ça fait avancer et qu’avancer est bien le seul but de ce jeu stupide de gamins immatures de 50 ans et plus qui feraient un concours pour savoir qui pissera le plus loin.

    D’un point de vue pratique, cette TransEurope se déroule suivant exactement le même schéma que la DL puisque l’organisateur et la grande majorité de la vingtaine de bénévoles sont les mêmes personnes. Réveille-matin 4 heures, petit-déjeuner (café, thé, lait, pain, beurre, fromage, jambon, salami) sur place dans le gymnase ou à proximité de la salle de couchage à 5 heures, premier départ 6 heures, 2è départ 7 heures pour la dizaine de coureurs les plus rapides de la veille. Postes de ravitaillement tous les 8 à 12 km, le premier uniquement liquide, tous les autres complets, soupette chaude aux pâtes ou au riz bien reconstituante au 4è ravitaillement tous les jours. Pas de ravitaillement ni de Bolino à l’arrivée mais bières et boissons à 1 euro et
    petit snack ambulant pas cher au gymnase (par ex. œuf au plat + saucisse à 2 euros). La plupart des coureurs font de petites courses au supermarket le plus proche lorsque c’est possible. Les arrivées se jugeant toujours devant les
    gymnases (il y a eu 2 entorses à la règle en 21 étapes), le centre-ville est souvent trop éloigné pour y aller se promener.

    Après la douche (chaude, tiède ou parfois froide), l’éventuelle lessive plus ou moins quotidienne (ne pas laver ses chaussettes est selon certains grands sages la meilleure façon de
    protéger ses pieds), les soins si nécessaire, l’après midi, évidemment plus ou moins longue selon la vitesse de course, se passe beaucoup à l’horizontale. Sieste ou relaxation en musique, prise de notes, massages (1 seul kiné, service
    payant, prix modéré), connexions Internet, téléphone copains et famille. Dîner en général à 18 heures, parfois 17 heures 30. En Italie ce fut souvent assez moyen en qualité et variété (pâtes ou pâtes et rarement dessert) mais toujours
    suffisant en quantité sauf la veille du départ à Bari où le Race Direktor Ingo a failli se faire Hara-kiri de honte et à préféré sauver la course et oublier son dépit en plongeant dans la bouteille de pinard.

    Couchage le plus souvent dans des salles de sport, parfois écoles et, c’était annoncé, plusieurs campings au cours de la première semaine (chaque coureur est venu avec une tente). Comme le temps était particulièrement pourri dans le sud de l’Italie, l’organisateur a payé des bungalows à partager à 4 ou 5 coureurs à 3 reprises pour éviter de devoir monter les tentes sous la pluie, une autre fois c’était choix entre un lit à 7 euros ou alors tente sous la pluie. Parfois les salles sont très limites en taille et il faut alors s’entasser les uns contre les autres (c’était le cas hier soir peut-on lire sur les blogs des coureurs). Extinction des feux chaque soir à 21 heures mais beaucoup sont déjà endormis à cette heure-là. Quelques coureurs ont fait le choix de faire suivre un camping-car pour dormir en paix et loin des pets (surcoût non négligeable).

    On pense que Ingo, qui a tablé sur 50% de Finishers comme en 2003, s’attendait à plus d’abandons à ce stade de la course (seulement 12 à ce jour et le plus dur est sans doute fait) et il
    semble qu’il soit actuellement, à une semaine d’embarquer dans le bateau pour la Suède, en train de faire le forcing pour que les abandons incapables de reprendre la course quittent la caravane et rentrent chez eux (c’était prévu
    ainsi dans le règlement : la Trans Europe n’est pas un Tour Operateur touristique transportant des gens en véhicule de ville en ville).

    Ambiance toujours excellente en rapport avec les conditions de vie spartiates et la solidarité de
    ceux qui partagent un quotidien qui n’est pas de tout repos pour personne, coureurs comme bénévoles. La plupart des coureurs se connaissent de longue date pour s’être rencontrés sur la DL ou la TG. Que des gens positifs et tous portés par un objectif commun. Atmosphère saine, pas de télé, pas de journaux, peu de
    nouvelles du monde ni du championnat de foot, pas de fumeurs.

    La traversée de l’Italie fut souvent décevante, entre la désormais fameuse « SS16 » (on peut traduire par Route Nationale 16), parfois franchement dangereuse, la météo fraîche et maussade, et la côte adriatique triste, farcie de béton et de plages aussi peu avenantes pour un Breton que lamentablement privées. Le pompon
    de l’étape la plus démente revient à la 11è qui s’est terminée sous une forte et froide pluie à slalomer sur une route étroite le long de la barrière de sécurité entre les flaques d’eau, les poids lourds et les connards d’automobilistes aux téléphones portables vissés à l’oreille. Un simple coup de patin malencontreux suffisait à se faire aplatir contre le rail. Décor d’apocalypse où quelques inconscients continuent gaiement de courir tout de noir vêtus ! J’ai fini celle-là dans une grosse colère en me disant que ça commençait à bien faire et que j’attendais de voir à quoi ressemblait la suivante pour décider d’arrêter…
    Et puis après une courte mais bonne nuit réparatrice, tu as déjà oublié le cauchemar et tu repars comme un robot.


    Il est étonnant de voir que personne ne vient jamais réellement se plaindre de ces conditions parfois à la limite de l’absurde. Sur ce type de course la règle du jeu est d’être toujours
    capable de s’adapter lorsque les choses vont moins bien (repas trop light, couchage inadapté, route dangereuse, mauvaises sensations, blessure, mal de tête, rhume ou caca mou et tout ce qui peut forcément arriver en deux mois de
    route).
    Après les deux premières semaines de grisaille quasi permanente, la récompense fut à la hauteur pour ceux qui sont revenus en troisième semaine : 7 jours somptueux dans les Alpes (Etapes 14 à 20) entre Tyrol italien, 2 jours
    d’Autriche, sud de la Bavière et arrivée du soleil. Paysages lumineux, fleuris, parfumés, sur pistes cyclables et forestières au milieu des pâturages et
    d’océans de pissenlits agrémentés de petits cols entre 1200 et 1578 mètres pour le point culminant, bref du pur jus de bonheur 100% naturel et bio qui remet la tête à l’endroit et donne envie de gambader sans fin.
    L’unique très mauvais souvenir personnel et traumatisant pour moi restera d’avoir vu à deux
    reprises en deux jours successifs des coureurs (8 exactement et j’ai les noms) franchir des passages à niveau fermés pour éviter d’attendre et de perdre 2 ou 3 minutes. La deuxième fois une Japonaise et un Allemand (quelle déception !) ont traversé la voie sous mes yeux à un endroit avec peu de visibilité juste une petite quinzaine de secondes avant que le train ne déboule à bonne allure, klaxon bloqué. Je peux comprendre l’envie de le faire, pris dans la course, mais
    passer à l’acte rabaisse l’homme au pitoyable état de sportif décérébré. L’accident expédierait son responsable à l’hôpital ou en enfer et c’est un moindre mal, mais aussi probablement l’organisateur en taule et tous les autres coureurs prématurément à la maison. Les deux fois, l’incident m’a gâché toute la journée.


    Oui la TransEurope, en plus d’être une formidable aventure, est sans conteste une course mais la vie en est-elle une aussi où il faut se presser à ce point d’atteindre la ligne d’arrivée ?
     »

     

    Lundi 11 mai 2009, 23ème étape: Schillingsfürst – Prosselsheim : 82,1km.

    ***********************************

    Ces trois étapes à plus de 80km ont laissé des traces. Des abandons, des arrivées répétées hors délais, des blessures qui ne veulent pas guérir, certains commencent à craquer moralement. Physiquement et mentalement, une grande partie des concurrents en a pris un coup, et j'avoue que j'en fais partie même si je ne connais pas encore les affres de la blessure.

    Pourtant la journée avait relativement bien commencé : comme il avait plu toute la nuit, nous nous étions tous préparés à partir équipés de nos ponchos et on s'attendait tous à passer une difficile journée mais, comme par miracle, quelques minutes avant le départ la pluie a cessé.

     

    J'ai remis le mode "musique" dès le départ afin de faire passer le temps plus vite et en effet les 40 premiers kilomètres se sont passés sans que j'aie à trouver le temps trop long. Par la suite, comme la pile de mon MP3 était morte, je n'ai pas souhaité la changer tout de suite, j'ai essayé de trouver autre chose. J'ai pensé à ma famille, à mon fils dont c'était l'anniversaire (19 ans) et cela m'a rappelé l'époque de mes débuts en course à pied. Je n’étais encore qu'un débutant et n'avais pas encore couru mon premier marathon.

     

    Je me trouvais bien positionné en raison d'une vitesse de course de l'ordre de 9km/h ce qui, avec les différents arrêts, me faisait passer au km48 en 5h30' puis au 60ème en moins de 7h.

    Je comptais énormément sur la fin de course pour garder un rythme régulier et commencer à récupérer en vue des étapes suivantes, mais c'était sans compter sur des modifications de dernière minute proposées par Rainer Koch et mises en application sans qu'on en soit informés.

    A Dettelbach, la ville d'où Rainer est originaire, nous avons eu droit à un ravitaillement surprise tenu par sa maman et auquel je ne me suis pas arrêté car trop proche du précédent et le suivant devait se situer à moins de 4km de là. Je préférais refaire le plein au dernier point de ravitaillement surtout qu'il est tenu par Uli, un pasteur, et qu'il y a de la bière qui aide à bien terminer les étapes.

    Dans le village, on nous fit passer par des jolies petites ruelles pavées qui, dans un contexte de fatigue de fin d'étape de 80km, n'étaient pas les bienvenues car aussi fort pentues. Ensuite le parcours emprunta un chemin de terre collante et glissante qui ne permettait pas de courir. Normalement, on aurait dû passer par une route jusqu'à l'arrivée, mais là, de surprise en surprise, nous avons été contraints de courir tour à tour dans des chemins de terre, sur une voie cyclable sableuse, dans des chemins herbeux avec des virages à 90° voire en épingle à cheveux pour contourner les champs ou éviter les cours d'eau. La galère ! Cette fin d'étape était de surcroît fort risquée pour les articulations bien entamées : combien de fois ai-je failli me tordre les chevilles en courant dans des trous !

    Quand je suis arrivé, j'avais le masque des mauvais jours, j'étais en colère que j'ai gardée pour moi et pour les arbres qui ont dû m'entendre exprimer mon courroux de manière assez virulente.

     

    Une fin d'étape à oublier et à ne pas proposer à nouveau aux coureurs.

     

    Mardi 12 mai, 24ème étape : Prosselsheim – Weissenbach, 65,6km.

    Cette étape démarra difficilement pour tout le monde. Les séquelles des 240km avalés en 72h étaient bien présentes et il fallut plusieurs kilomètres pour trouver un rythme de course satisfaisant.

    Ce n'étaient pas les douleurs qui m'empêchaient de courir à l'aise, mais la fatigue accumulée depuis plus de trois semaines et mise en relief avec la triplette des "eighties" de ces derniers jours.

    Il fallait garder toute sa vigilance car le fléchage n'est pas au top et il ne faut pas toujours se fier au road-book qui parfois n'est pas tout à fait correct (cf les variantes "surprises"). Cela n'a pas manqué, certains coureurs se sont trompés de chemin, et moi-même j'ai failli faire la même erreur qu'eux, n'étant repêché que par un coup de chance quand j'ai regardé du bon côté à un carrefour.

    Cette étape était bien vallonnée, avec quelques raidillons casse-pattes et des descentes à plus de 10% dans lesquelles il était difficile de freiner. La météo a été fraiche toute la journée, à peine pluvieuse, et j'ai couru avec mon bonnet et mon coupe-vent fluo par-dessus deux maillots.

    J'ai globalement bien couru, mais je crois avoir effectué ma plus faible moyenne depuis Bari, tout en faisant une place habituelle. Comme quoi, tout le monde semble avoir du mal à digérer les dernières étapes.

    Les hébergements sont aussi assez spartiates. Pour la seconde soirée consécutive nous sommes entassés dans des petites pièces, par exemple ce soir où nous sommes à 7 dans une pièce de 15M² plus un dans un cagibi.

    J'ai eu de la chance d'avoir une petite place, à côté d'une prise de surcroît, et je n'ai pas eu de pluie. Ceux qui sont arrivés 15 minutes après ont eu de la pluie et ceux qui ont encore plus tardé à arriver n'ont pas trouvé de belle place pour s'installer.

    Je pense que les organisateurs n'avaient pas pensé qu'après 3 semaines il resterait autant de participants en course, sans compter tous les accompagnateurs. L'organisation a aussi donné un ultimatum à certains coureurs blessés depuis très longtemps : si vous ne prenez pas le départ de l'étape, vous devez rentrer chez vous. Un japonnais, Kaz, a dû rentrer chez lui car dans l'incapacité de reprendre la course. Pour d'autres, l'ultimatum va arriver à son terme et s'ils ne reprennent pas la course, ils devront aussi quitter la TE-FR.

     

    Voilà les news pour hier et ce soir.

     

    J'espère que par la suite les hébergements seront plus spacieux et que nous pourrons profiter des 9 dernières étapes d'Allemagne.

     

    à+Fab****

     

    Mercredi 13 mai, 25ème étape, Weissenbach – Queck, 71,5km.

     

    Encore une longue étape de passée, une belle étape pour les deux premiers tiers avec un paysage de montagnes ressemblant au Massif Central, en un peu moins haut, mais avec des côtes entre 10 et 17%, et les descentes qui vont avec. Paysage agricole, verdoyant, avec aussi des champs de colza parmi les cultures de céréales et les herbages.

    Quelques forêts aussi qui ont donné une petite note sympathique au parcours.

    Les villages traversés sont devenus au fil des kilomètres assez typiques, certaines maisons ressemblant à celles qu'on peut voir en Alsace.

    Une grande agglomération (Fulda) avec ses maisons à flanc de coteau et sa rivière nous a rappelé que l'Allemagne ce n'était pas que de la campagne. Nous y avons rejoint une piste cyclable qui allait nous mener presque jusqu'à l'arrivée.

     

    Ma course fut sympa, je suis parti prudemment avec une douleur sur le dessus du pied au niveau du gros orteil, mais quand arrivèrent les premières montées (à 10%) j'ai trouvé mon rythme et je me suis "détaché" du groupe avec qui je suis d'habitude. Les descentes au début étaient appréhendées de manière prudente afin de ne pas me blesser et comme je ressentais une légère douleur au pied, il n'y avait pas à forcer.

    La succession pendant plus de 30km de côtes et de descentes n'était pas pour me déplaire et je continuais comme ça mon petit bonhomme de chemin, sans avoir à utiliser quelque accessoire pour me distraire. Aujourd'hui, je n'ai pas trouvé le temps long, sauf vers la fin, les 20 derniers km, mais je me suis forcé à ne pas utiliser mon MP3. Je le garde pour demain, sur la petite étape (64,4km).

     

    Tout va bien, je soigne mon dessus de pied et je suis content car j'ai réussi à m'allonger une heure, à faire sécher mon linge et à préparer mon matériel pour demain.

    J'ai aussi pu répondre aux questions posées par les gars du forum concernant certains petits détails de la course.

     

    à+Fab****

     

    Jeudi 14 mai, 26ème étape, Queck – Waldkappel, 64,4km.

    Jusqu'à présent, je n'aimais pas le plat, les parcours sans relief, un peu comme la première semaine italienne, mais aujourd'hui, j'ai apprécié les longues portions de pistes cyclables sans bosses. Du relief, il y en a eu sur la fin, avec une belle montée à 12% et la descente qui lui correspondait, plus quelques vallons à franchir, mais j'avais assez bien avancé dans l'étape pour ne pas trop piocher quand ces côtes sont arrivées.

    Le parcours depuis le matin avait été tranquille, même la route empruntée sur une quinzaine de km avait été agréable car pratiquement sans trafic.

    J'ai pris mon temps pour partir, comme beaucoup de coureurs qui sont aussi rentrés dans une sorte de seconde phase de la TransEurope, celle où la prudence est de mise au niveau de la vitesse, parce que c'est maintenant qu'on est en train de se préparer à une bonne traversée de la Suède ou à une grosse galère interminable.

    J'ai pris un rythme de 8,5km/h soit 0,5 à 1 km/h moins vite que les étapes précédentes en me disant que j'aurais peut-être plus de réserves sur la fin de la journée. J'ai même fait un long arrêt de 5' pour aller aux toilettes en pleine campagne, et ce n'est pas facile de trouver un petit coin tranquille en plaine, mais j'ai fini par en repérer un.

    Quand j'en suis reparti, une bonne partie des coureurs que je devance habituellement est passée devant moi, mais ce n'était pas un problème car j'avais prévu une étape de "transition", sans forcer, une sorte de régénération avant les 5 suivantes (68/77/70/77/70) qui nous amèneront aux portes de la mer entre l'Allemagne et la Suède.

    J'ai effectué ma petite remontée, sans la rechercher, passant les uns après les autres la plupart des coureurs qui avaient profité de mon arrêt pour tracer la route.

    Mentalement j'étais bien, j'arrivais à penser à tout un tas de choses, à regarder le paysage avec ses champs de colza, de céréales ou d'herbages, avec ses bois et ses villages traversés dans la plus grande intimité.

    A mi-parcours, nous sommes passés par une portion de piste cyclable aménagée et où un parcours d'initiation à l'astronomie avait été installé.

    Dans un virage, il y avait le soleil (boule de pierre de x cm de diamètre, sachant qu'il était représenté à l'échelle 1cm=20000km, faites le calcul) et progressivement au fil du parcours nous sommes passés devant des stèles où étaient représentées les planètes du système solaire, les stèles étant elles aussi distantes du soleil avec la même échelle (ça va vous en faire des calculs pour savoir à combien de km j'ai trouvé Neptune, après être passé successivement devant Mercure, Vénus, la Terre (et sa Lune), Mars, Jupiter (plus grosse boule de toutes celles représentant les planètes, bien sûr), Saturne avec ses anneaux, Uranus et donc Neptune. Pluton n'y figure plus depuis qu'on l'a retirée des planètes du système solaire, mais elle fut citée.

    Cela m'a occupé un bon moment ainsi que l'heure qui a suivi car j'étais en train de penser à quel genre de CR j'allais bien pouvoir écrire le soir.

    Bon, bonne nouvelle, si le cerveau fonctionne encore comme ça, c'est que je ne suis pas encore trop usé par les plus de 1700km parcourus depuis Bari.

    J'aurais même pu vous proposer un autre problème, toujours concernant les planètes : si l'on considère la distance Bari – Cap Nord comme étant celle qui sépare le Soleil de Neptune, lors de quelles étapes avons-nous rencontré Mercure, Vénus, La Terre, etc...

    Pas marrant le Fab quand il s'y met. En tout cas, ça distrait et ça fait passer le temps plus vite, même si les scientifiques me diraient le contraire avec la théorie de la relativité ou une autre.

    Fin du cours de maths-sciences, et revenons à la fin de course.

    Et bien, j'avais des jambes, et une tête qui m'a conseillé de ne pas jouer à faire l'idiot et de rester concentré sur la fin de l'étape sans changer de tempo.

    Je termine frais, 20ème derrière la petite japonnaise Takako qui est la seule que je n'ai pas rattrapée suite à mon arrêt technique du matin.

    Voilà, tout va bien ce soir, j'ai mis de la glace sur mon pied droit qui semble aller mieux et qui ne m'a gêné que lors des grosses descentes à fort pourcentage.

    A bientôt pour un autre CR, et peut-être aussi pour un autre petit exercice de Maths.

    "Oh ! Non, pitié Fab !!", ai-je cru entendre, ah ! Bon, alors plus de maths.

    Biz à tous.

    Fab****

     

    Vendredi 15 mai, 27ème étape : Waldkappel – Ebergötzen, 68,0km.

    Quand la pluie a cessé (tiens c'est drôle, ça me rappelle un CR d'il y a peu) je me suis dit qu'on avait décidément beaucoup de chance pour l'instant car avec ce qu'il tombait encore à 5h au moment du petit déjeuner, on avait tous préparé les éventuels imperméables et autres ponchos.

    Le mien, je l'ai glissé dans la manche de mon coupe-vent afin de le sortir dès qu'il se remettrait à pleuvoir.

    L'étape est partie doucement, comme il est de coutume depuis quelques temps maintenant, sauf Hiroko la japonaise qui a démarré dès la fin du décompte fait par Ingo (en anglais : 10, 9, 8, 7, ...3, 2, 1, GO !). Elle ne veut pas partir avec l'autre groupe car ça lui déplaît de ne pas faire la course en tête. Au bout de 2km, on ne la voyait déjà plus. Les autres, une dizaine de coureurs, sont restés groupés à quelques dizaines de mètres devant moi pendant un bon moment, puis les premières côtes sont arrivées et j'ai décidé de me faire plaisir tout en me testant. J'avais repéré qu'il allait s'agir d'une étape avec du relief, donc des côtes et des descentes à répétition. J'ai remonté tout le monde au train dans les côtes et je me suis retrouvé en tête de ce groupe, non sans avoir eu du mal à dépasser Eiolff le norvégien qui ne supporte pas qu'un "sans grade" lui passe devant, mais sur le coup, il n'a pas pu suivre surtout quand, une fois passé devant lui, j'en ai remis une petite couche, histoire de le calmer. Je dépassais aussi Janne, le finlandais vainqueur de la Transe Gaule 2005. Dans les descentes, j'assurai aussi, mes pieds ne me faisant pas mal, et je conservais mon avance, certes de quelques centaines de mètres seulement, mais ça fait toujours plaisir.

    Bon, comme j'étais le seul poursuivant d'Hiroko que je n'apercevais pas, même dans les rares lignes droites qu'on pouvait rencontrer, j'ai continué à mon rythme. Mes temps de passages n'étaient pourtant pas extraordinaires, 9,5km/h de moyenne au km 10, puis 9,3 aux 20ème et 30ème, puis 9,2 au 45ème. C'est là que je me suis dit qu'il fallait penser maintenant à l'étape de demain et je décidai donc de relâcher mon effort, surtout que je sentais aussi le groupe de poursuivants revenir sur mes talons au prix de ravitaillements beaucoup plus courts que les miens. Ainsi, au poste de ravitaillement N°5 (km 45,5) où je fis une pause "soupe chaude" de près de 5', je me fis rattraper par plusieurs de mes poursuivants qui repartirent des stands avant moi.

    Je les ai gardés à vue pendant plusieurs km avant qu'ils ne me lâchent irrémédiablement au fil des minutes.

    Mais j'étais content, j'avais vu qu'à J+27 j'étais encore capable de monter en pulsations cardiaques et une journée comme celle-là ne peut qu'être bénéfique pour la suite (ça, c'est ma théorie, certainement contraire à celle de beaucoup, mais qui ne tente rien ne peut pas savoir).

     

    Au final, je termine à une moyenne de près de 9km/h, dans les 20 premiers, et je n'ai pas de bobos.

     

    Un stand de vente de saucisses grillées et de gaufres, sans oublier les bières, était installé par le club sportif local, et je m'y suis restauré après une bonne douche et une petite lessive (petite, car le temps a tourné à la pluie lors du dernier quart d'heure de course et je ne savais pas où étendre mon linge).

    A 15h15, j'ai passé mon IRM (du mollet aujourd'hui) afin de voir les pertes en graisses et d'autres modifications depuis le départ.

    Après, je suis allé dans le village trouver une superette et refaire le plein de matériel de lavage ainsi que de nourriture.

     

    Voilà, tout va bien, ce soir j'ai déjà parcouru 1838,4km (sans compter les nombreux détours ou erreurs de parcours) en 213h15' environ.

    Je ne suis pas usé ni mentalement ni physiquement, alors quoi d'autre ? Pourvu que ça dure.

    Demain ça sera une autre histoire, 76,7km.

    à+Fab****

     

    Samedi 16 mai, 28ème étape, Ebergötzen – Gebhardshagen : 76,7km.

    Aujourd'hui, j'ai couru ma 100ème étape en course "Multidays" : 4 TG (= 72) + 28 (TEFR).

    C'est anecdotique, mais ça montre le chemin parcouru depuis mon premier départ de Roscoff, où tout ému j'avais versé quelques larmes dans la Manche peu avant de prendre le départ de ma 1ère TG.

     

    L'étape du jour avait un profil qui s'annonçait vallonné; il n'en fut rien mises à part deux ou trois grimpettes de rien du tout, en tout cas pas de quoi amuser un Fab qui adore attaquer dans les côtes.

    Mais la journée s'est quand même bien passée. J'ai tourné entre 9 et 9,5 km/h pendant plus de 6 heures puis quand j'ai vu que j'avais bien avancé j'ai pensé aux jours qui vont suivre et j'ai terminé en "roue libre" si l'on peut dire.

    Le paysage n'est pas très varié, composé toujours de ses champs de céréales, de colza ou en herbe, ses collines boisées, ses routes serpentant entre les vallons, quoiqu'aujourd'hui nous ayons surtout eu quelques grandes lignes droites. Les villages semblent avoir peu à peu changé en quelques jours, ils ont un aspect légèrement différent bien qu'en ne faisant que les traverser on ne puisse pas vraiment se rendre compte de la réalité de l'impression. Quoiqu'il en soit, j'ai remarqué plus de villages-rues que de bourgs agglomérés autour de leur église et autres bâtiments historiques.

     

    Ce matin, deux coureurs n'ont pas pris le départ, deux Allemands : Hans et Théo. Hans, j'ai couru avec lui la TG et cela m'a fait très mal au coeur de le voir baisser pavillon sur panne mentale. Il n'en pouvait plus et quand le mental ne veut plus, le corps dit non aussi. Théo a sans doute payé ses étapes "euphoriques" lors de la traversée de la Bavière, sa région, où il fut souvent accompagné de copains de club et accueilli à chaque poste de ravitaillement. Mais ça, sur le coup c'est "magique", mais les lendemains peuvent s'avérer très difficiles surtout lorsque vous combinez ça avec une forte gastro entérite.

    Du coup, je gagne deux places au général, mais ma camarade japonnaise s'est bien amusée à son tour à me repousser un peu plus loin alors que je n'étais revenu hier qu'à moins de 5'.

    Pas grave, ce n'est pas Takako que je veux battre, c'est le Cap Nord que je veux atteindre.

     

    à+Fab****

     

    Dimanche 17 mai, 29ème étape, Gebhardshagen - Stüde (70, km) 

    Vous n'aurez pas ce soir un CR "made in Fab" car il n'a pas pu se connecter sur secteur  : il n'y avait pas de prises disponibles. Et oui cela arrive !

    Les conditions d'hébergement pour cette nuit sont assez spartiates : la salle est minuscule (Stéphane et Fab ont dû se dépécher à leur arrivée pour se trouver une place dans (je cite) "cette boîte à chaussure", les douches étaient froides (Roger et Alain ne sont pas douchés. Roger ne voulait pas que sa bronchite s'aggrave!)

    La journée fut bonne malgré les longues lignes droites (Fab préfère quand il y a du relief) et les 19 derniers kilomètres le long du canal de l'Elbe et son chemin caillouteux. Heureusement qu'il y a un peu d'herbe au milieu pour pouvoir soulager les pieds ! Le pire c'est que la course va continuer ce chemin pendant 70 km demain...

    Côté bobos, Fab compte ce soir une ampoule de plus ! (Il pense que ce sont les gravillons des 19 derniers km). Le moral est là.

    Au repas (pris à 17 h 30 !) Ingo a fait un discours de rappel des règles de sécurité et a menacé de disqualifier tous ceux et toutes celles qui ne les respecteraient pas !

    à+Pascale

     

    Lundi 18 mai, 30ème étape : Stüde – Bienenbüttel, 76,9km.

     

    Le réveil de la nuit passée dans la "boîte à chaussures" taille 36 s'est bien passée, la nuit fut bonne aussi. La promiscuité avec Sigrid ne fut pas de tout repos surtout quand elle m'avait réveillé la veille dans l'après-midi pour me dire d'aller manger et je l'ai envoyée se promener car le repas n'était qu'une heure plus tard. Elle n'a pas arrêté de tousser pendant la nuit, mais elle n'est pas la seule, beaucoup de coureurs et d'accompagnateurs sont pris par de gros rhumes ou de belles bronchites.

    Le départ de cette étape, où nous allions passer les 2000 km au km 15, s'est effectué progressivement, chacun mettant plusieurs minutes avant de retrouver une aisance de course "normale". Nous avons commencé par les 1200 derniers mètres de la veille, du canal de l'Elbe à la salle, mais en sens inverse, et lorsque nous avons rejoint à nouveau le canal, on savait que cela allait durer 70km !

    Donc, pas de description du canal, j'ai passé plus de temps à regarder le chemin de gravillons ou de terre et le bout de mes chaussures qu'à admirer le paysage. J'ai au moins effectué une dizaine d'arrêts si ce n'est plus afin de retirer ces petits cailloux qui s'introduisaient dans les chaussures et qui risquaient de me blesser (ampoules) si je les laissais trop longtemps.

    J'ai vu des péniches, des grosses (barges), dans les deux sens, transportant du minerais ou d'autres denrées industrielles. Il n'y avait qu'une écluse que nous avons dû contourner l'espace d'un kilomètre, et plusieurs petits ports avec des bateaux de plaisance. Nous avons pu aussi croiser ces derniers en promenades sur le canal avec des personnes en train de bronzer sur le pont. Il a fait beau, heureusement qu'il n'a pas fait trop chaud avec un petit vent bien agréable rarement défavorable. L'orientation du tracé du canal (vers le nord) nous a procuré un peu d'ombre grâce aux arbres le bordant.

    Je suis arrivé avec Takako, la coureuse japonaise avec qui je suis au coude à coude au classement. Mais on a fait un pacte de non agression, je fais mes étapes en partant plus vite qu'elle et elle me rattrape à la fin. Nous sommes bien calés aux 19ème et 20ème places, avec les coureurs de devant à 7h et ceux de derrière avec à peu près le même retard. Aujourd'hui, le duo suédois a souffert, surtout Andréas que Mattias a attendu toute l'étape en raison d'une blessure à une jambe. Espérons pour lui que demain tout rentrera dans l'ordre et que j'aurai le plaisir de courir avec eux.

     

    Je suis en pleine forme, le physique va bien, pas de douleurs sauf une ampoule difficile à soigner quand il y a des cailloux toute la journée mais qui devrait cicatriser dans les prochaines 48h. Le moral est bon, même si aujourd'hui je me suis demandé quel plaisir on pouvait trouver à courir le long d'un canal pendant des km et des km. Vivement mon bon vieux bitume !

    Demain, étape de 69,5km "seulement" où j'espère continuer sur ma lancée avec une vitesse de course assez agréable.

     

    Hier soir, un vendeur de glaces est venu devant la salle (la boîte à chaussure taille 36) et j'en avais profité pour me faire un petit plaisir : une glace à 4 boules (2,40€)! Ce soir, le restaurant d'à côté en vendait aussi au même prix : je n'en ai pris que trois, mais c'était tellement bon !

    Le must serait d'avoir des crêpes, mais là, il ne faut pas trop rêver. A la place on a de la goulash que je commence à ne plus supporter, heureusement qu'après ma course je suis allé dans le camion de Nicole et Gérard me restaurer avec nos aliments personnels que Nicole s'occupe d'acheter avant qu'on ne soit arrivés.

     

    à+Fab****

     

    Mardi 19 mai, 31ème étape, Bienenbüttel – Trittau, 69,5km.

    Retour sur la route pour cette longue étape, mais qui reste quand même dans la moyenne qui est de plus de 70km par jour.

    Nous sommes partis dans le grand silence qui règne sur les villages de campagne, sur une route quasi déserte, avec de nombreux passages dans des zones boisées. Une petite brume persistait dans les champs que le soleil éclairait déjà depuis plusieurs minutes. Plus on monte vers le nord, plus il se lève tôt.

    Nous avons franchi rapidement un pont sur le canal latéral de l'Elbe, notre copain de la veille le long duquel on a tourné et tourné mille pensées dans nos têtes de coureurs un peu usés par sa longueur.

    Par la suite, nous avons emprunté une piste cyclable nous permettant de ne pas avoir à anticiper le passage des autos qui au fil des heures se faisaient plus nombreuses : les gens partent au travail tôt, avant 7h et doivent embaucher entre 7 et 8.

    Après plus de 30km, nous avons traversé l'Elbe, le vrai fleuve, pas sa dérivation, et nous avons pu admirer le long de ce fleuve majestueux une non moins belle ville : Lauenburg. Nous avons d'ailleurs traversé une partie de cette ville par des ruelles pavées et fort pentues.

    Une fois rendus sur les hauteurs, les routes se firent à nouveau plus droites et les villages plus espacés. Parfois une piste cyclable parallèle à la route nous menait tranquillement au village suivant et nous procurait un peu d'ombre bienvenue sur les coups de midi où le soleil se faisait sentir plus fortement.

    Il y avait quelques nuages de beau temps, un léger vent à peine perceptible mais néanmoins rafraîchissant et à cette heure de la course, l'objectif était d'atteindre le prochain point de ravitaillement.

    On en eut un "surprise" au km 50 (à Schwartzenbek) mais je ne m'y suis pas arrêté car "programmé " pour le suivant 4km plus loin et le précédent où j'avais dégusté une bonne soupe salée n'était lui aussi qu'à 4km.

    C'est comme toujours à ce moment de l'étape, où j'ai assuré 6h à 9km/h que j'ai commencé à mollir un peu, mais comme je suis habitué, je n'ai pas eu à m'inquiéter, juste à recalculer mes temps de passage prévus et mon heure approximative d'arrivée.

    J'étais donc reparti pour finir à 14h, soit après 8h de course.

     

    La ville étape, Trittau, nous a réservé une belle surprise : quand je suis arrivé dans le centre ville, à 1500m de l'arrivée, on annonça mon nom, en fait ils ont annoncé celui de Gérard mais je n'oubliais pas de faire corriger l'erreur, puis deux collégiennes sont venues courir avec moi munies de petits drapeaux français. Nous avons donc couru ensemble jusqu'à l'arrivée où une grosse animation nous attendait : musique, micro, goûter, spectacle de gymnastique effectué par des enfants, mini-concert rock, chorale... La totale quoi !

    Sans doute le meilleur accueil depuis Bari.

    Le repas du soir fut aussi très bon, avec des boulettes de viande à la sauce piquante accompagnées de riz. Comme dessert, on a pu terminer les gâteaux proposés au goûter.

     

    Voilà une étape comme je les aime.

    Demain, 44km seulement, on a donc droit à une grasse matinée jusqu'à 4h30 au lieu de 4h.

     

    Stéphane m'a demandé d'ajouter ce message à toutes les personnes qui veulent aller sur son site mais qui n'y parviennent pas : "Personne ne peut aller sur le site et il ne peut pas l'alimenter, il va tenter de résoudre le problème."

    Les 4 autres copains du club des frenchies vont bien.

    à+Fab****

     

    Mercredi 20 mai, 32ème étape : Trittau – Bad Segeberg, 44,0km.

    L'étape la plus courte, avec l'ultime au Cap Nord, devait permettre soit de se reposer en y allant tout doucement sans forcer, soit de faire comme d'habitude c'est à dire de courir à sa vitesse "normale" soir de se tester en fonçant un peu. Vous devinez l'option que j'ai rapidement choisie pendant cette étape.

    D'abord, j'avais plein de trucs auxquels penser, concernant les mésaventures de ma petite famille dont je suis loin en ce moment et pour plus d'un mois encore.

    Cela a commencé lundi quand Pascale a renversé un cycliste en allant travailler, je me suis imaginé ce qu'elle avait dû ressentir, mais la jeune fille renversée n'a pas été blessée. Le plus difficile fut sans doute d'aller travailler après et de contacter l'assurance, de visiter le garagiste pour l'expertise ...

    Second soucis : la chaudière qui est tombée en panne et comme c'est moi qui gère ça d'habitude, je pense que Pascale a encore dû avoir beaucoup de courage et de patience pour entrer en contact avec le dépanneur qui n'était pas disponible tout de suite.

    Troisième soucis : plus de connexion internet à la maison, donc plus de téléphone non plus. Pascale a "bouffé" son forfait de portable à essayer de résoudre le problème avec l'opérateur.

    Quatrième chose à laquelle j'ai eu le loisir de penser : le devis proposé pour changer les gouttières à la maison, ce qui dans le budget va faire un bon trou.

    Il y a d'autres points concernant la vie en France qui m'ont aussi interpellé, comme le permis de conduire que mon fils, Lorris, va bientôt passer, les résulats de ses partiels, le stage de ma fille...

    Bref, j'avais de l'occupation aujourd'hui ce qui peut expliquer la suite de ce CR.

     

    J'ai commencé tranquillement, pour m'échauffer et sentir le terrain : on est parti à 6h30 au lieu de 6h, cadeau de l'organisation, et le jour était déjà bien levé. Une belle journée ensoleillée se préparait. La route était calme, la piste cyclable bordée d'arbres et de buissons qui donnaient à cette matinée un caractère champêtre malgré le revêtement en bitume.

    Les premiers kilomètres avalés à bon rythme, mais sans plus, m'avaient "ouvert l'appétit" et quand j'ai vu que je revenais sur quelques coureurs partis plus vite que moi, je me suis amusé à hausser le tempo, de les dépasser et de les laisser sur place. Je tournais soudain à plus de 10km/h et je me sentais capable de continuer ainsi des kilomètres. Au fil des postes de ravitaillement j'ai vu que derrière j'avais fait le trou, personne ne profitait de mes courts moments de pause pour refaire la jonction.

    La suite fut du même tonneau, un peu moins vite quand même, ayant repris une allure moins risquée (entre 9,5 et 10km/h) mais efficace. Le parcours était varié, avec de tout petits reliefs, des villages à traverser ainsi qu'une ville moyenne (Bad Oldesloe) où la circulation m'obligea à attendre parfois aux feux tricolores que le piéton soit vert avant de passer car si on se fait prendre à "griller" un feu, on risque d'être pénalisé (avertissement) voire même "fired" exclu de la course en cas de récidive. Alors, j'ai fait celui qui respecte le code du piéton, même si c'est pénible car d'autres derrière (ou devant) ne se gênent pas à prendre des risques.

    J'ai donc perdu mon bon rythme et il m'a fallu plusieurs minutes avant de retrouver la même aisance qu'avant.

    L'avant-dernier ravitaillement, celui avec la soupe de la femme de Thomas, je ne l'ai pas zappé : ça me porte chance depuis le début, ne tentons pas la malchance et faisons comme d'habitude. Il ne restait plus que 16km à ce moment de la course et je ne voyais toujours personne revenir dans mes rétroviseurs, pas même les coureurs qui partent une heure après et qui immanquablement me reprennent leur retard avant la fin de l'étape.

    Et bien aujourd'hui, malgré un ultime arrêt bière chez Uli lors du dernier ravitaillement-rituel lui aussi, je ne me suis pas fait croquer !

    Rainer est arrivé peu de temps après moi, mais ne m'a pas repris l'heure de décalage.

    Je termine à la 14ème place en 4h28' et je suis satisfait car j'ai allié le plaisir à la course, j'ai réussi mon petit test de forme et de vitesse. C'est là que je vois l'utilité de tout le travail acharné de fractionné sur route ou sur piste que je m'enfile en hiver et au début du printemps. Je possède une petite réserve de vitesse qu'il fait du bien de mettre à l'épreuve de temps à autres.

     

    Stéphane a fait une nouvelle belle étape et finit avec Hiroko en 4h18' environ à la 10ème place. Roger et Alain ont fait aussi une belle étape, plus prudente que la mienne, mais avec autant de plaisir je pense tout comme Gérard. Christophe aussi a terminé l'étape, un peu "déboussolé" de n'avoir pas couru plus longtemps que ça (6h environ).

     

    Demain, l'étape nous emmène à Kiel, fief du Hand-Ball européen où jouent (ou ont joué) plusieurs internationaux Français.

    Nous arriverons sur le port, je pense, puis nous monterons vers 15h dans le ferry avec nos sacs spéciaux fournis par l'organisation dans lesquels nous aurons mis nos affaires de toilette et celles utilisées pour la première étape suédoise qui partira de Göteborg vendredi.

    J'essaierai de transporter l'ordinateur afin de pouvoir me connecter sur le bateau, mais rien n'est moins sûr.

     

    Bilan : tout baigne, paré pour la der des der en Allemagne.

    à+fab****

     

    Jeudi 21 mai, 33ème étape, Bad Segeberg – Kiel : 55,1km.

    Je suis installé sur mon lit dans la cabine du ferry sur lequel j'ai embarqué à 15h.

    Mon étape s'est terminée vers midi, soit après 6h06' d'efforts et je suis arrivé en même temps que Takako qui m'a accompagné les 10 derniers kilomètres.

    Cette étape fut agréable à courir au niveau des paysages rencontrés et les routes, pistes cyclables ou chemins tranquilles empruntés étaient très ombragés et nous avons eu droit pendant plusieurs heures à un concert de chants d'oiseaux. Quelques petites bosses assez faciles à monter, laissant apparaître à chaque fois un nouveau paysage, faisaient changer le rythme de notre progression. Des lacs, des champs, des collines, beaucoup de haies... la variété fut grande et nous avons eu de quoi nous distraire.

    En ce qui concerne la forme, c'était bien au début puis c'est devenu plus poussif par la suite. La difficulté des étapes courtes tient au fait qu'on se dit qu'elles ne dureront pas longtemps, mais quand on y est, il faut quand même assurer la course. Alors au bout d'une trentaine de kilomètres, j'ai commencé à ne plus avoir de bonnes sensations. Il se peut que ce soit la belle étape d'hier qui se rappelait à mon bon souvenir aujourd'hui.

    Je n'avais pas de douleurs particulières, mais je n'étais pas "à l'aise" comme d'habitude. J'ai pris mon temps et comme Takako se trouvait dans le coin, je me suis résolu à finir la course avec elle, ce qui n'était pas pour me déplaire et inversement. Pas d'attaque aujourd'hui ! On reste sur nos positions.

     

    L'arrivée eut lieu sur les quais d'embarquement des ferrys où tous les véhicules de l'organisation attendaient. J'ai récupéré mon sac spécial pour le bateau, donné hier soir par Ingo, j'ai pris un petit goûter et une collation dans le camion de Gérard, puis je me retrouvais avec plus de deux heures à ne pas savoir quoi faire. Quelques coureurs commencèrent à se déplacer avec leur sac et je les suivis pensant aller dans une salle pour me reposer, mais en fait il s'agissait d'un déplacement pour rejoindre un restaurant où la mairie de Kiel nous offrait un goûter. De bons gâteaux, du café, de l'eau pétillante, encore des gâteaux (oops !) en tout cas un bon moment de repos. Après, je suis retourné vers le quai et on nous indiqua qu'il y avait une salle où nous pouvions prendre une douche. Il me restait plus d'une heure, j'en profitai pour me laver et me changer car ce n'est pas agréable de rester avec sa tenue de la journée de course sur soi.

     

    Par la suite, nous avons embarqué et c'est donc pour cela que je peux vous écrire ce CR.

     

    Briefing du commandant du ferry à 17h suivi d'un "snack" et départ à 19h.

    Arrivée prévue demain matin pour un départ d'étape à 9h.

     

    Tout va bien encore une fois pour moi, ainsi que pour les autres français. Seul petit bémol, Alain a dû aller consulter un dentiste en raison d'une rage de dents. Maintenant ça semble aller mieux, mais il a des médicaments à prendre pendant 2 semaines.

     

    à+Fab****

     


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  • Vendredi 22 mai, 34ème étape : Göteborg (Suède) – Sjövik (48,8km).

    Après une très bonne nuit dans la cabine du ferry, après un très copieux petit déjeuner pris à bord nous avons repris le cours de notre course.

    Le départ fut donné peu après 9h30 sous la pluie depuis le premier parking qui se trouve après la zone portuaire.

    Göteborg, c'est très joli, mais je n'ai pas eu le temps de regarder tout ce qu'il y avait parce qu'il fallait que je sois attentif aux différents changements de direction qu'il y avait sur notre parcours. Nous courrions sur une piste cyclable, mais à chaque carrefour il fallait attendre que le piéton soit vert pour passer et à ce petit jeu là, je me suis vite retrouvé distancé par la plupart des coureurs avec qui je me trouve d'habitude. Certains de devant ne se sont pas préoccupés d'attendre ou non le passage, ils ont foncé. Je n'ai pas voulu prendre ce risque. D'arrêts aux feux en arrêts toilettes, je ne voyais plus personne devant moi et ceux de derrière ne couraient pas aussi vite que moi mais me retrouvaient néanmoins dès que je marquais une pause.

    Au premier ravitaillement, km10,9 passé en 1h05' je me dis qu'il y avait un problème : soit j'étais vraiment rapide, mais avec tous les arrêts que j'avais faits j'en doutais, soit la distance indiquée était fausse. Je pensais plutôt n'avoir fait que 9 à 9,5km. Au second ravitaillement, j'ai eu la même impression, alors je me suis dit que l'étape allait peut-être être moins longue que prévue.

    Nous sommes sortis de l'agglomération de Göteborg au bout d'une douzaine de km et nous avons continué notre chemin sur une piste cyclable toujours, avec une seconde averse, un peu plus forte que la première. J'avais enfilé le poncho dès le départ et ne le quittais donc pas.

    C'était joli, les maisons en bois, la verdure environnante, le chant des oiseaux et l'impression que la nature en est toujours au même point depuis l'Italie. En effet, plus nous remontons vers le nord (et là, avec le ferry nous avons fait un saut de 400km vers le nord), plus on voit les plantes au même niveau de floraison, par exemple les lilas pour qui c'est flagrant. En Italie, ils commençaient à fleurir, en Allemagne on les voyait commencer à fleurir aussi et bien en Suède, leur floraison en est au même stade, au début de leur épanouissement.

    D'autres arbres comme les tilleuls montraient qu'il y a un décalage dans le temps entre le nord et le sud.

    La suite de l'étape fut plus difficile car les averses se sont succédées, la piste cyclable s'est transformée en chemin de terre avec des graviers, et la fatigue s'est installée progressivement.

    J'ai géré ma fin d'étape sans chercher à rattraper les coureurs de devant que j'apercevais depuis quelques km. Néanmoins, j'ai repris Takako qui avait ralenti et nous avons encore une fois terminé ensemble.

    La moyenne de cette étape semble trompeuse car en réalité il faudrait retirer 3km pour avoir la distance exacte, ce qui donne une moyenne plus conforme à mon ressenti et à ma valeur réelle.

     

    L'arrivée se fit dans une sorte de village de vacances et nous sommes logés dans des bungalows, à 4 pour une superficie de 12m², avec des lits superposés. C'est plus grand que les cabines du ferry, mais cela reste très exigu surtout quand chacun arrive avec ses bagages.

    Les douches et les sanitaires sont situés à 50m de là et quand on y va, c'est sous la pluie.

    Ce soir le dîner ne sera pas du même niveau que celui auquel nous avons eu droit hier soir : buffet à volonté à bord du ferry, poissons, viandes, saucisses, légumes, desserts... tout à volonté. Nous en avons bien profité, tout comme les touristes qui étaient à bord pour voyager eux aussi vers la Suède et qui étaient médusés quand on leur disait ce qu'on était en train de faire.

     

    Demain, une longue étape nous attend : 82km en espérant qu'on soit un peu mieux hébergés après près de 10h passées sur la route. J'espère que la météo sera meilleure car les averses ne sont pas pour faciliter la récupération après la course et n'aident pas à éviter les douleurs musculaires ou tendineuses.

     

    à+Fab****

     

    Samedi 23 mai, 35ème étape : Sjövik – Kvänum, 82,0km.

    Fini de rire aujourd'hui : j'ai eu un aperçu de ce qu'on va vivre pendant les 29 prochaines étapes, c'est à dire de longues portions de route sans âme qui vive, malgré de beaux paysages composés de prairies et de bois ou de champs cultivés. Le bord des routes est pratiquement toujours boisé ce qui procure de l'ombre quand on en a besoin. De longues parties sans arbres ni haies ont été plus fréquentes sur la fin de l'étape, lui conférant un caractère interminable. Il y a des villages, très espacés les uns des autres, et des habitations, regroupées en sorte de hameaux mais pas à la "Française", plutôt à la Suédoise, c'est à dire construites le long de la route principale. Des abris bus fréquents traduisent que l'isolement n'est que relatif. Ce samedi, nous n'avons pu nous rendre compte du trafic qui emprunte cette route en temps normal. On découvrira cela lundi.

    J'ai démarré l'étape comme d'habitude, tranquillement le temps de m'échauffer, puis je suis passé en vitesse de croisière légèrement plus basse que lors des étapes précédentes en raison de la longueur de celle qui nous attendait aujourd'hui.

    Jusqu'au 30ème km, j'étais bien, même si j'avais l'impression de ne pouvoir aller plus vite. J'avais un peu mal au dos et cela irradiait jusque dans le haut de ma cuisse droite, au niveau de l'adducteur. C'est à peu près à ce moment que j'ai commencé à ressentir un léger tiraillement au niveau de l'ischio jambier de la jambe gauche. Etait-ce une conséquence du changement de foulée dû à la gêne de mon adducteur ? Tant et si bien que je ne pouvais plus allonger la foulée sans ressentir une douleur. Je voyais les autres coureurs avec qui j'étais s'éloigner progressivement et je n'ai pas cherché à rester dans leur sillage. Je me suis vite retrouvé devant le fait accompli : aujourd'hui allait être une journée de galère. Le mental ne tarda pas à suivre ce mauvais pas et je connus plusieurs longues et pénibles heures à lutter contre moi-même et contre les kilomètres.

    J'étais jusqu'au 30ème km à 9km/h de moyenne, je suis passé à 8/8,5, alternant les périodes de course avec les périodes de marche. Je me suis aussi fait reprendre par des coureurs qui d'habitude sont derrière moi, mais j'avais fait le deuil de cette étape depuis un moment pour en regretter la tournure.

    Jusqu'au km 70 environ j'ai donc pioché. J'avais mis le MP3 depuis le km65 pour m'aider à finir les deux heures qui devaient me rester à courir.

    Dans les 12 derniers km, je me suis fait violence pour retrouver un rythme de course plus rapide, sentant l'écurie comme on dit.

    Je finis donc sur une impression mitigée et avec une belle douleur à l'ischio gauche. J'ai mis de la glace après la douche et je me suis reposé.

    J'espère que demain ça va aller mieux car j'ai été épargné depuis le début de la course par les blessures et je n'aimerais pas rentrer dans un cycle où je devrais passer plus de temps sur la route que celui que j'ai prévu.

    Aujourd'hui, j'ai mis 9h40 à peine ce qui était mon objectif N°1, le second était de faire moins de 10h. Mais c'est la manière et la baisse de mon mental qui m'inquiètent. Si je repars avec une douleur demain, sur les 86km prévus, je sens que ça va être très très difficile à digérer.

    On verra bien.

    à+Fab****

     

    Dimanche 24 mai, 36ème étape, Kvänum – Hasslerör : 85,9km.

    Aujourd'hui, l'étape s'annonçait longue au niveau du kilométrage, pénible si mes douleurs de la veille persistaient et moralement difficile car mes pensées allaient être orientées vers ma maman qui nous a quittés il y a trois ans déjà.

    Le départ m'a surpris quant aux sensations, car je ne ressentais rien des douleurs de la veille et je fis les 10 premiers km à l'aise sur une route tranquille, sous un soleil à moitié voilé par une couche nuageuse. Le jour était levé depuis 3h30 du matin, donc à 6h le soleil était déjà bien haut par rapport aux levers de soleils italiens sur l'Adriatique. La température était aussi agréable, malgré un léger vent, mais j'ai conservé mon coupe-vent pendant les premières heures.

    Je pensais à ma famille, à ma mère qui aurait été fière de me voir rendu si loin dans l'aventure, elle qui était une de mes plus grandes supportrices, fière comme toute maman des "exploits" de son fils.

    Le premier ravitaillement passé, j'ai commencé à ressentir la même gêne puis douleur aux ischios jambiers qu'hier. Je me suis donc rendu à l'évidence, la journée allait vraiment être "particulière".

    Je pris la décision de m'enfermer dans ma bulle en mettant mon MP3 que j'avais réglé sur des stations locales, en l'occurrence sur une station spécialisée en country music. J'eus droit à toute la gamme des chansons américaines sur les trains, rock, folk, country, blues... ça m'a diverti pendant un bon moment jusqu'à ce que je n'arrive plus à capter la station. Je suis donc passé en mode "musique", avec mes pistes personnelles enregistrées. Un peu de Rap (Eminem, Tupac) puis du jazz (Zappa) suivi par la BO du film Kill Bill et des chansons françaises (Higelin, Bashung, Renaud) et quelques compilations étrangères.

    Le temps m'a paru moins long et les 15km de forêt par un sentier-route de terre se sont bien passés.

    Ce fut physiquement difficile, et donc moralement encore plus dur, jusqu'au 50ème km environ, suite au passage au ravitaillement de Thomas et sa bonne soupe. Quand j'en suis reparti, au bout de quelques minutes je ne souffrais plus de ma jambe gauche. J'ai continué de courir sans accélérer pour ne pas redéclancher le mal.

    J'ai poursuivi mon chemin tant bien que mal, les heures étaient interminables d'autant plus que nous avons emprunté par la suite de longues portions de route droite dont on n'apercevait pas le bout.

     

    Au final, j'ai tourné à la même moyenne que sur l'étape d'hier, je suis resté quand même plus de 10h sur la route. Mais ce soir, je suis un peu rassuré quant à ma douleur à l'ischio gauche. Elle ne s'est pas résorbée, mais elle m'a laissé tranquille. Demain, l'étape est courte (68km seulement, une paille !) je vais essayer de continuer de reposer cette jambe sans la solliciter par une vitesse de course trop grande. Le surlendemain une étape de 85km nous attend à nouveau.

     

    Le moral est meilleur ce soir, mais l'inquiétude demeure quand même un peu.

     

    à+Fab****

     

    Lundi 25 mai, 37ème étape, Hasslerör – Kristinehamn : 68,1km.

    Quand nous avons quitté Hasslerör, à 6h, il faisait frais, il y avait un petit vent qui renforçait l'impression de fraîcheur et le ciel était couvert.

    Nous avons rejoint au bout d'à peine un kilomètre la route N°26 que nous n'allions plus quitter jusqu'à l'entrée de Kristinehamn. Et cette route assez fréquentée par les camions, nous allons la poursuivre encore plusieurs jours. Pas très passionnant !

    Le paysage a été assez banal, on a eu droit de longer un lac pendant plusieurs kilomètres pour nous changer des champs, des prairies et des bois. Mais pour le reste, je me suis beaucoup ennuyé. J'ai mis la musique de mon MP3 pour essayer de faire passer le temps plus vite. Il n'y a pratiquement jamais d'agglomération à traverser qui pimenteraient le parcours.

    Je suis parti prudemment, comme hier, pour vérifier si ma jambe allait me laisser tranquille. Je n'ai rien ressenti de particulier mais j'ai choisi l'option prudence et me suis mis dans l'idée d'aller au bout de l'étape à 8,5km/h environ, ce qui au total ferait un temps de 8h.

    C'est ce que j'ai fait, à 5' près, et j'ai terminé avec Roger, Alain et Jenni.

    Je suis très loin des autres coureurs avec qui je courais les jours d'avant la Suède, mais je préfère être prudent quitte à perdre du temps que de foncer coûte que coûte et me blesser plus sérieusement.

    C'est frustrant pour un "attaquant" comme moi, mais je me suis fixé comme objectif N° 1 d'aller au Cap Nord.

    Certains coureurs vont mieux aussi, depuis qu'ils ont connu une période de blessures puis de ralentissement et maintenant ils reprennent leur véritable place. Donc, moi aussi, je suis retourné à la mienne.

    Le moral est revenu, je sais que demain il va me falloir être tout aussi prudent qu'aujourd'hui et me préparer à passer plus de 10h sur la route N°26.

    A bientôt : Fab****

     

    Mardi 26 mai, 38ème étape, Kristinehamn – Lesjöfors : 85,0km.

    Ce soir j'ai fait 2600km depuis Bari en à peine 300 heures, 38 jours se sont passés avec les mêmes rituels d'avant, pendant et après course.

    Ma journée s'est bien présentée, quand je me suis réveillé, il faisait jour depuis longtemps, le soleil éclairait déjà la cime des arbres qu'on apercevait par les fenêtres du gymnase placées en hauteur.

    Quelques raideurs aux jambes, mais ma tendinite à l'ischio jambier gauche semblait me laisser tranquille. Je l'avais bien soignée la veille (glace + Voltarène en gel) et toute la nuit j'ai bien suivi les recommandations du médecin, à savoir d'éviter de dormir en tendant cette jambe afin de ne pas solliciter le tendon endolori.

    L'étape commença sous un beau temps, à peine frais, et je me demandais si j'allais conserver longtemps mon coupe-vent.

    Je pris un rythme tranquille mais plus rapide que ces derniers jours, comme je le faisait avant la Suède.

    La route N°26 était peu fréquentée à cette heure, et sur ce tronçon il y avait moins de trafic que sur la partie empruntée hier.

    Au premier ravitaillement j'ai oté mon coupe-vent car j'avais chaud. Ma vitesse était satisfaisante et mes sensations excellentes. J'en ai profité pour poursuivre sur le même rythme.

    Le paysage n'était pas très différent de celui de la veille et je me concentrais plutôt sur ma course. Pour me distraire, j'ai trouvé un nouveau jeu, à partir des plaques minéralogiques des autos et camions. Je regardais les plaques et "montais" l'alphabet puis le redescendais. J'ai d'ailleurs remarqué qu'en Suède il n'ont ni I, ni Q et pas de V. Ce jeu me conduisit jusqu'au 50ème km environ sans que j'aie à trop penser pendant ma course. Les seules interruptions de ce jeu furent lors des ravitaillements qui arrivaient relativement rapidement sans que j'aie à les attendre.

    Nous avons transité par une ville plus importante située à un carrefour de routes fréquentées et par la suite nous avons retrouvé la relative tranquillité de notre chère N°26.

    J'ai terminé l'étape avec Werner, un ancien vainqueur de la Transe Gaule (2006) et quand nous sommes arrivés au gymnase, nous étions ravis que cette longue étape se soit relativement bien passée. J'ai couru à une vitesse plus en rapport avec mes étapes "Italiennes" ou "Allemandes".

    Ma 20ème place m'a surpris, mais beaucoup ont payé leurs gros efforts des deux dernières journées où certains ont attaqué et l'ont payé aujourd'hui.

     

    J'ai passé l'IRM pendant 1h, pour examiner mes poumons puis pour regarder ce qu'il reste de mes soucis de tendinites aux ischios. C'est en voie de guérison, pour peu que je sois prudent demain comme me l'a dit le médecin. Alors, on verra demain, il n'y a que 65km.

     

    Le moral est bon, il faut maintenant que je pense à me reposer car depuis mon arrivée peu avant 16h et maintenant (21h) je n'ai pas eu trop de temps à moi, malgré le glaçage de mes douleurs, la prise d'une petite collation, les bavardages avec les copains, le repas puis l'IRM.

    Je vous laisse.

    à+Fab****

     

    Mercredi 27 mai, 39ème étape, Lesjöfors – Vansbro : 64,9km.

    Cette courte étape, au lendemain d'une de 85km, devait permettre à beaucoup de coureurs de profiter de l'après-midi et de se reposer. Certains l'ont courue tranquillement, comme en récupération, d'autres ont eu du mal car ils n'ont pas récupéré de la veille, et il y a les autres qui font l'étape telle qu'elle se présente sans se poser de questions.

    J'ai choisi cette dernière option.

    Pourtant, la matinée avait mal commencé pour moi, car quand je suis allé aux WC, j'ai remarqué la présence importante e sang dans mes selles, ce qui m'a inquiété. Je suis allé trouver un des médecins de l'organisation pour lui demander conseil. Il m'a dit qu'il serait peut-être nécessaire d'aller passer un examen à l'hôpital si cela devait se reproduire, pour vérifier si tout est en ordre.

    J'ai donc démarré l'étape avec une grosse angoisse, celle du mec qui va peut-être finir la journée à l'hosto.

    J'ai couru les premiers kilomètres assez lentement afin de jauger les sensations qui se sont avérées bonnes une fois l'organisme échauffé. Rassuré, mais en ayant toujours une pensée pour ce "truc" bizarre, j'étais en train de réfléchir à la manière avec laquelle j'encaisserais un éventuel abandon. J'ai vite chassé cette idée de mes pensées et j'ai fait mon étape, à mon rythme "de quand je suis bien physiquement".

    J'ai tourné à plus de 9km/h pendant les ¾ de l'étape puis j'ai ralenti sur les derniers kilomètres, prenant plus de temps aux ravitaillements et pensant à l'étape de demain qui fera 73km.

     

    La météo fut fraîche avec quelques gouttes de temps en temps, un vent assez fort nous a poussés quand nous étions dans la partie vallonnée de l'étape. Et oui, on a eu droit à de belles côtes, longues mais pas très pentues, ainsi qu'à de belles descentes. De part et d'autre de la route, il y avait des forêts, de résineux mais aussi d'espèces à feuilles caduques. Très peu d'habitations, souvent isolées, bordaient la route 26 sur laquelle le trafic d'aujourd'hui n'était pas très important malgré une forte proportion de camions transportant ... du bois.

     

    La ville qui nous a accueillis est un peu plus importante que les dernières et nous sommes installés dans un gymnase tout près du centre. J'en ai profité pour aller retirer de l'argent, des Couronnes suédoises (taux environ d'1€ = 10K), et je suis allé au supermarché refaire le plein de gâteaux et de boissons.

     

    Ce soir ça va, je suis rassuré, j'attends demain matin sans inquiétude. Ce soir, je vais rater la finale de la ligue des Champions, mais je regarderai le résultat sur le SMS que Pascale m'enverra.

    Je vais me coucher tôt car la nuit dernière je n'ai pas beaucoup dormi à cause des lumières du gymnase qui étaient restées allumées toute la nuit sans qu'on puisse les éteindre.

     

    à+Fab****

     

    Jeudi 28 mai, 40ème étape, Vansbro – Mora : 72,8km.

     

    40 ! « Et qu'à ferme sa porte ! » comme disait la voisine.

    Aujourd'hui, c'était les 40èmes rugissants, la 40ème étape. Hier nous avons franchi en début d'étape le 60ème parallèle Nord. Nous nous rapprochons progressivement de notre Graal.

     

    Pour ma santé, et bien j'ai été vite rassuré et je suis parti le cœur léger contraste saisissant avec le Fab d'hier soir au bord des larmes de fatigue et d'inquiétude. Mon souci gastrique est passé.

     

    L'étape a démarré sous la pluie, fine au début donc ne nécessitant pas le port du poncho, mais au bout de quelques kilomètres j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il fallait l'enfiler sous peine de se retrouver trempé et transi de froid.

    Le cortège de ponchos rouges, ceux donnés par l'organisation, mais on a le droit d'en porter d'autres, bigarrait la route bordée de sapins verts. Il n'y avait pas beaucoup de circulation donc on pouvait choisir les portions de route en évitant les flaques d'eau.

    Mon rythme tranquille au début, le temps de m'échauffer et de me réchauffer, va progressivement s'accélérer. Nous avions dès les premiers hectomètres été stoppés par un train de bois qui manœuvrait sur la voie et avions dû attendre quelques minutes qu'il finisse son changement de voie (ce qui n'a pas empêché deux coureurs, dont je tairai les noms, d'être passés sous le train quand il était à l'arrêt. L'un d'eux en perdit son bidon qui se retrouva entre les rails pendant que le train avait repris sa manœuvre en sens inverse. Le malin a été obligé d'attendre.).

    Ils ont eu le droit de se faire gronder.

    Donc du retard dès le premier kilomètre, ça allait faire baisser la moyenne !

    Tant pis puisque tout le monde était concerné.

     

    Un peu plus tard j'ai refait un autre arrêt long (« technique » celui-là) dans les bois et quand j'en suis reparti, près de 5' plus tard, je m'étais fait dépasser par nombre de coureurs.

    J'ai repris mon rythme et rattrapais le petit groupe qui avait profité de mon arrêt et j'ai continué ainsi de ravitaillement en ravitaillement, où, à chacun de mes arrêts je me faisais à nouveau rattraper et dépasser par des coureurs qui prennent moins leur temps à se restaurer. J'ai retiré le poncho au moment où une embellie météo s'était installée. Malgré cela, j'ai eu droit à deux ou trois autres bonnes averses, mais je n'avais plus envie de sortir le poncho.

     

    Le reste de l'étape sur la route 26 fut une sorte de routine, j'égrainais les kilomètres en les décomptant toutes les 6'40 (soit 9km/h) et j'ai eu la surprise de voir que j'avais fait une erreur dans mes comptes et qu'il ne restait pas autant de km que je le croyais.

     

    Quand j'en ai eu terminé, j'étais soulagé que cette étape se fut bien passée, sans douleurs sinon celles de la fatigue dans les jambes sur une route à gros enrobé, légèrement bombée où il fallait profiter de l'absence de circulation pour trouver une partie plate et moins granuleuse.

     

    Le rituel d'après course passé, j'ai pu dormir un peu, ou plutôt somnoler car la boîte à chaussures qui nous sert de lieu d'hébergement, même si elle est moins petite que certaines précédentes, reste assez exigüe.

    Les douches étaient chaudes, mon linge lavé est presque sec, le ciel est bleu et on annonce une belle journée ensoleillée pour l'étape de 78km de demain.

    Quoi rêver de mieux ?

     

    Allez, je vous laisse et vous dis à demain.

    à+Fab****

     

    Vendredi 29 mai, 41ème étape, Mora – Västbacka : 78,3km.

    Après la pluie (d'hier), le beau temps. On s'est levé sous un beau soleil, et pourtant on n'a pas fait de grasse matinée : c'est que le jour était déjà levé depuis 3h30 et il était 4h.

    Il faisait frais, mais je me doutais qu'il allait y avoir des températures plus clémentes voire chaudes dans l'après-midi.

    L'étape démarra de la plus belle des manières, nous avons traversé la ville qui nous servait d'étape et nous avons pu découvrir ce que nous avions raté la veille parce que trop éloignés du centre. C'est ce qui est frustrant sur ce genre de course où la récupération et l'intendance prennent tellement de temps qu'on n'a pas souvent l'occasion d'aller voir les sites pittoresques.

    En tout cas, Mora est une très jolie petite ville d'une dizaine de milliers d'habitants, située au bord d'un lac sur lequel se reflétait le soleil. Il doit y avoir des photos sur le site de la TransEurope.

     

    Une fois sortis de Mora, nous avons retrouvé la route 45 que nous allons poursuivre plusieurs étapes encore. C'est tout pareil que la route 26, sauf le numéro.

     

    J'ai couru comme depuis les derniers jours, à un rythme qui me permet d'être efficace sans me faire violence et progressivement, j'ai avancé. Je ne me suis arrêté que trois fois 5' soit pour des besoins naturels soit pour me ravitailler plus longuement. Les autres arrêts ont été dans la moyenne des précédents, c'est à dire entre 30 secondes et 1 min 30.

     

    Le parcours était vallonné aujourd'hui et les forêts se sont progressivement dénuées de végétation sous arbustive. Avant il y avait des arbustes au pied des grands sapins, maintenant il y a des mousses et des lichens à leurs pieds, ainsi que nombre de rochers arrondis par l'érosion de milliers d'années.

    Les habitations sont de plus en plus rares et ce soir nous logeons dans des huttes en bois, à 6 par hutte, ce qui reste très exigu. Le lieu d'hébergement se situe à l'emplacement d'un restaurant, proche de lacs et de chemins forestiers.

    Il a fait beau aujourd'hui et nous commençons à voir quelques moustiques et d'autres moucherons.

     

    Mon étape s'est donc bien passée et à 5km du but, au dernier ravitaillement, j'ai décidé d'attendre Tom, un coureur allemand, qui était derrière moi depuis plusieurs heures. Nous avons fini ensemble en un peu plus de 9h.

     

    Pas de bobos, sinon une autre petite ampoule à un orteil qui jusque là avait été épargné. Je vais soigner ça et demain ça ira.

    Une petite étape nous attend, 61km, avant celle de dimanche qui en fera 25 de plus.

     

    Le soleil est encore haut ce soir après le dîner, mais il faut penser à aller se coucher pour être en forme demain.

     

    à+Fab****

     

    Samedi 30 mai, 42ème étape, Västbacka – Sveg : 61,4km.

    Je suis installé à califourchon sur un banc dans un couloir de la salle des sports de Sveg, juste en face de Tom, le coureur avec qui j'ai fini l'étape d'hier, et qui va se faire tondre les cheveux par Uli, notre pasteur-dernier ravitailleur-coiffeur-chanteur... Uli est une personne très appréciée car lorsqu'on arrive à son ravitaillement, on sait qu'il ne reste plus grand chose à courir.

    Aujourd'hui, quand je suis arrivé à son poste de ravitaillement, j'ai eu la surprise d'apercevoir au loin des montagnes enneigées, alors qu'à cette heure il faisait plus de 25°.

     

    Aujourd'hui, il a fait beau et chaud. Notre réveil sous un ciel bleu, avec un peu de brume dans les sous bois qui a peu à peu disparu au fur et à mesure que les rayons du soleil réchauffaient l'atmosphère, laissait présager qu'on allait avoir chaud plus tard dans la journée et qu'il fallait penser dès le début de l'étape à bien s'hydrater.

    Pendant les premières heures, les arbres nous donnaient un peu d'ombre, mais plus on avançait dans la course et plus le soleil s'élevait dans le ciel ; il se trouvait assez souvent derrière nous et dans cette configuration, il n'y a plus de possibilité d'avoir des zones d'ombres et rafraîchissantes.

     

    Le paysage, pour ne pas changer, a été de toute beauté, au détour d'un virage nous pouvions découvrir un ruisseau dont on percevait le murmure dans le silence de notre progression. Peu de voitures et encore moins de camions en ce samedi, seulement quelques personnes se rendant en week-end avec leur caravane ou camping car. Parfois, un petit coup de klaxon amical nous sortait de notre concentration sur le bitume ou dans nos pensées.

    Il y eut quelques surprises quand nous descendions de longues portions de route : un lac s'étendait, avec ses nombreuses îles, ses petites baraques de pêcheurs, de chasseurs ou de personnes venant passer le week-end.

     

    Les postes de ravitaillement, espacés d'une dizaine de km à peine s'égrainaient environ toutes les 1h05 pour moi ce qui me donnait une moyenne de course de moins de 9km/h, arrêts comptés.

    Cette étape étant courte, il n'y avait pas lieu de prendre de risques surtout quand s'annonce une belle chevauchée de 86km le lendemain.

     

    Mais bon, quand on est joueur, on tente des petits trucs et je me suis mis dans l'idée d'accélérer entre le 45ème et le 50ème km et de maintenir la cadence jusqu'à l'arrivée si je le pouvais. A ce petit jeu, je suis revenu à portée de vue de mes compères suédois, talonné par le duo de français Roger/Alain.

    Un léger quiproquo m'a fait accélérer pour tenter de passer sous les 7h (mon objectif d'avant course) sans attendre mes compères français qui ne se trouvaient que deux cents mètres derrière. J'aurais pu les attendre et finir avec eux, mais j'ai préféré essayer de faire la jonction avec les suédois.

    En fait, je suis arrivé une vingtaine de secondes derrières le duo nordique et une petite minute devant la paire française.

     

    Le gymnase qui nous accueille est vaste, les douches chaudes, et une fois que j'ai terminé de me laver, de manger et d'installer mes affaires, j'ai vraiment pu me reposer. J'avais de la glace pour les quelques zones douloureuses, et je pus dormir quelques bonnes minutes.

    Dehors, il faisait chaud, plus de 30° au soleil, au moins 25 à l'ombre, et quand je me suis relevé pour aller faire quelques courses au supermarché du coin, j'ai attrapé une bonne suée. Il faut boire pour récupérer et préparer l'étape de demain qui s'annonce aussi chaude mais qui sera aussi plus longue de deux heures au minimum pour moi.

     

    Maintenant, je vais préparer mes affaires pour demain et me coucher, ce qui est frustrant à cette heure un samedi soir, mais la course ne permet pas de faire des petits écarts. Il faut une bonne dose de volonté et de ténacité pour accepter de passer à côté de petites choses comme celles de visiter la ville très pittoresque car touristique, ou inversement, d'aller manger une bonne glace en terrasse d'un café ou tout simplement de se poser sur un banc et de regarder le temps qui passe.

    Je garde toutes ces frustrations pour plus tard quand je serai de retour en France et là, je vais en profiter. C'est dans une aventure comme celle-là qu'on mesure à quel point les petites choses de tous les jours auxquelles on ne fait pas attention, car banales, sont importantes pour l'équilibre physique et mental.

     

    Je vous laisse méditer sur cette pensée philosophique et vous dis à demain.

     

    à+Fab****

     

    Dimanche 31 mai, 43ème étape, Sveg – Rätan : 85,7km.

    Et bien, quelle journée !

    85,7km sur la route 45, avec une température au départ de 14°, un soleil en pleine face et très peu de circulation.

    Heureusement, le revêtement routier était lisse, du bitume gris sans aspérités, pas comme celui de couleur orangée qui « gratte » les semelles avec ses gros graviers. Donc pas d'efforts à faire pour lever les pieds.

    Je m'étais fixé les postes de ravitaillement comme points de repères et j'avais prévu de grignoter une barre de céréale ou un Mars vers la 35/40ème minute qui suit le départ et entre chaque ravitaillement.

    Le temps a passé vite au début, au gré de l'orientation de la route on pouvait avoir un peu d'ombre qui faisait du bien car la température avait déjà dépassé les 20° vers 9h.

    Le soleil nous a tourné autour car de face il est passé à droite puis derrière et enfin à gauche dans l'après-midi.

    Les paysages n'ont pas beaucoup changé, j'ai juste remarqué que les lilas ne commençaient à fleurir que maintenant. On a donc pris de l'avance sur le printemps et la végétation.

     

    J'ai fait une cinquantaine de kilomètres sans gros soucis mais vers la 6ème heure de course j'ai commencé à ressentir une douleur sur le dessus du pied droit au niveau de la cheville (sur le côté droit aussi). J'ai desserré un peu ma chaussure mais le mal persistait. J'ai donc ralenti pour ne pas prendre de risques me faisant rattraper par deux coureurs qui s'arrêtent moins longtemps que moi aux ravitaillements.

    Comme en plus il faisait chaud, l'eau de mes bidons devenait assez rapidement tiède.

    Quand je suis arrivé, j'ai « expédié les affaires courantes », j'ai passé le « body measurement » comme le matin (79,8kg à 5h, 77,7kg à 17h).

    J'ai mis mes jambes en l'air le long d'un mur pour faire diminuer le gonflement de ma cheville, j'ai mis de la glace et je me suis un peu reposé.

    A 19h,j'ai dîné puis de 19h30 à 20h15 j'ai passé l'IRM.

    Donc après, je n'ai pas eu beaucoup de temps à moi et ce CR, je l'ai écrit au crayon à 21h15, allongé sur mon matelas quand je me suis couché. Donc, je n'ai pas eu le temps de le mettre en ligne ni de l'envoyer, c'est pourquoi vous ne le recevez que ce soir, lundi.

     

    Lundi 1er juin, 44ème étape, Rätan – hackas : 57,9km.

    « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » dit-on, et bien là, c'est plutôt le contraire.

    J'ai passé une sale journée, je me suis traîné sur le bitume car mon problème à la cheville m'a beaucoup handicapé et je n'ai pas voulu prendre de risques à aller plus vite, de toute façon je pense que j'en aurais été incapable.

    Le temps d'hier était oublié, quoique j'en ai gardé des séquelles au niveau fatigue, tout comme celles de la longueur de l'étape.

    Je ne me suis pas assez couvert et le vent frais défavorable cumulé à une vitesse réduite m'ont bien gêné.

    On a passé le km 3000 peu avant la mi-étape, c'est la seule note positive de cette journée de course.

    J'ai fini loin, très loin de ce que j'espérais, mais dans un temps conforme à mon allure de prudence.

     

    Nous sommes encore une fois hébergé dans une école, dans un petit gymnase, mais nous mangeons bien car la restauration est assurée par le personnel de cantine de l'école.

    Des enfants étaient là, avec leurs professeurs à nous attendre et on dut signer des autographes.

     

    J'ai soigné ma cheville qui avait de nouveau enflé, je me suis bien reposé et je me suis refait un bon moral en choisissant l'option prudence pour les 3 jours à venir (60,3km, 79,1km et 72,8km).

    Je n'ai pas d'autre choix, donc je vais certainement dégringoler dans les tableaux mais ce n'est pas là le plus important.

     

    J'espère pouvoir donner des nouvelles un peu plus optimistes demain soir.

     

    à+Fab****

     

    Mardi 2 juin, 45ème étape, Hackas – Lit : 60,3km.

     

    C'est avec le moral proche du néant que je rédige ce CR, mais si je continue de le faire c'est que j'ai encore un peu de jus, un peu d'énergie dans la « batterie ».

    Aujourd'hui, j'ai passé toute l'étape, certes courte, à moins de 8km/h, accompagné de Christophe qui m'a bien aidé, lui qui a connu les affres de l'abandon en Italie et qui connaît bien cet état d'âme quand on navigue dans les profondeurs du classement. Nous avons couru lentement, avalant doucement les kilomètres en 8 minutes voire plus. Les postes de ravitaillement semblaient très distants les uns des autres, parfois c'était interminable. Nous avons discuté pendant de longues heures ce qui nous a aidés à faire passer les heures.

    Nous avons eu un temps gris, pluvieux avec de belles averses froides, parfois ensoleillé, mais jamais chaud. Même les 20 dernières minutes ont été effectuées sous une pluie mêlée de grêle.

    Nous avons traversé une grande ville dont je n'ai plus le nom en tête alors que depuis plusieurs jours on a vu les panneaux l'annoncer sur la route 45 : d'abord à plus de 300km puis de jour en jour on voyait le décompte s'effectuer jusqu'à aujourd'hui. Pour y accéder, nous avons franchi un long pont de 1504m puis suivi une piste cyclable et tout un dédale de rues en côte qui nous ont amenés à la sortie de cette grande agglomération. Il y avait des stades et sans doute dans l'un d'eux doivent se dérouler les biathlons et autres disciplines nordiques.

     

    Je suis arrivé 36ème, loin, très très loin des autres coureurs avec qui je gravitais il y a peu encore, et je pense que ça va durer quelques jours encore. J'espère sortir vite de cette impasse, mais au niveau des sensations aux endroits où j'ai des inflammations (cheville et releveur droit, ischio gauche, douleurs au dos avec irradiation vers l'adducteur gauche) je ne suis pas optimiste.

    Bon, je ne vais pas abandonner pour si peu, mais le mental qui me sert d'habitude à outrepasser ce genre de bobos s'est peu à peu effrité et il y a un quart d'heure j'ai dû quitter à regrets la table où je mangeais (j'avais terminé mon repas) et ne pas assister au mini concert donné par les jeunes du lycée dans lequel nous sommes hébergés. Je suis parti dans mon coin et j'ai éclaté en sanglots. Je n'aime pas me livrer comme ça à la lecture de tout le monde, mais cela montre qu'en quelques jours on peut se retrouver moralement au fond du trou.

    J'espère en sortir vite et ne pas entrer dans un cycle « dépressif » qui me rendrait la fin de TransEurope comme une corvée, alors que je me fais (faisait ?) un plaisir de la courir.

     

    Demain s'annonce une journée longue et difficile, car les 79 kilomètres prévus vont sans doute me prendre plus de 11heures, soit me faire arriver vers 17heures, heure à partir de laquelle on n'a pas vraiment le temps de se reposer.

     

    Je vous laisse, écrire m'a un peu soulagé, je vais prendre sur moi pour passer une bonne nuit réparatrice et faire mes kilomètres de demain du mieux possible afin de guérir le plus rapidement possible. La prudence doit rester maitresse à bord, je souhaite qu'elle me mène à nouveau sur les chemins du plaisir de courir cette aventure.

     

    à+fab****

     

    Mercredi 3 juin, 46ème étape, Lit – Strömsund : 79,1km.

     

    Tout d'abord je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont envoyé des messages de soutien depuis qu'ils sont au courant de mon épisode de galère. Cela fait plaisir et ça va me rebooster pour la suite.

    Je vais aller au Cap Nord, et je sais que la route qui y mène va être très longue et très difficile, mais je vais me surpasser mentalement pour y arriver.

     

    Concernant mon étape d'aujourd'hui, voici en quelques lignes le compte-rendu.

    Après une bonne nuit de sommeil, je me suis levé et ma cheville et mon releveurs semblaient ne pas me gêner, juste un petit tiraillement qui me confortait dans l'idée d'effectuer une nouvelle étape prudemment accompagné de Christophe Midelet.

    J'avais une légère douleur au dos, au niveau du haut du bassin (côté gauche) sans doute due à un déplacement de ce même bassin, chose à laquelle je suis habitué et qui a dû se produire lors de l'étape de transition Kiel-Göteborg où j'ai trimballé mon lourd sac pendant plusieurs kilomètres (trajet vers les repas, puis la douche, puis montée dans le bateau etc...)

    Donc, ce matin, j'étais prêt mentalement à passer plus de 10 heures sur la route.

    Le départ fut donné sous une température fraîche, de l'ordre de 2°, avec un beau ciel bleu. J'avais remis le camel bag, comme hier, avec plusieurs petites choses à l'intérieur : MP3, barres de céréales, deux fioles d'eau (12cl), un poncho, des mouchoirs et du papier toilette, de l'argent, et deux ou trois autres bricoles ne pesant pas lourd.

    Les premiers kilomètres me donnèrent l'impression que la journée allait être longue et difficile car je n'arrivais pas à trouver un rythme et des sensations d'aisance.

    Avec Christophe nous avions convenu d'une vitesse de croisière de l'ordre de 7,5km/h ce qui avec les arrêts aux ravitaillements devait nous permettre d'atteindre l'arrivée entre 10h30 et 11h de course. Comme nous avons l'habitude de discuter en courant, le temps aurait dû passer plus vite.

    C'était sans compter les nombreuses averses de pluie et de grêle entrecoupées de périodes de soleil, le tout avec un vent défavorable et parfois très fort. Je n'avais pas de jus, je ne savais pas trop pourquoi, peut-être ai-je laissé hier soir beaucoup d'énergie à me remettre de mes émotions.

    Je compris un peu plus tard pourquoi. Pendant l'étape, je dus m'arrêter en urgence 6 fois pour aller aux toilettes dans les bois, alors qu'avant le départ j'étais déjà allé deux fois aux WC.

    La nourriture de la veille, chili con carne, était sans doute trop relevée et ce matin je le payais.

    Si l'on ajoute les arrêts prolongés aux ravitaillements et les nombreuses périodes de marche, on voit que les 7,5 étaient très difficiles à tenir. Entre le 30ème et le 60ème kilomètre, j'avais le moral dans les chaussettes et sans l'aide de Christophe pour me remotiver j'aurais sans doute rallié l'arrivée en marchant.

    Les 20 derniers km furent donc moins difficiles. A l'arrivée, j'étais une fois de plus soulagé d'en avoir fini et me dépêchais d'aller me doucher, de laver puis étendre mon linge, de manger quelque chose avant le repas du soir prévu à 19h, et de terminer l'installation de mon barda.

     

    Après le repas, le temps passe très vite et le temps de prendre connaissance de tous les messages reçus sur la boîte mail de la course, je me suis attaqué à mon petit CR.

     

    Je rassure tout le monde, le moral va bien avec des hauts et des bas, le physique va même si le dos me tracasse et m'empêche de courir sans avoir mal. Seule interrogation : vais-je avoir récupéré assez au niveau gastrique ? J'ai mangé des crudités (carottes et maïs) en entrée, des pâtes à la crème fraîche et aux petits lardons et n'ai pas eu de dessert (remplacé par plusieurs verres de lait frais).

    Donc l'appétit est là et j'ai refait de réserves pour demain qui seront, j'espère, suffisantes popur ne pas connaître la même baisse de régime qu'aujourd'hui.

     

    Je souhaite pouvoir écrire un nouveau CR encore plus optimiste demain soir.

    En attendant, je vous laisse et vais dormir.

    à+Fab****

     

    Jeudi 4 juin, 47ème étape, Strömsund – Dorotea : 72,8km.

    (Vous avez eu de brèves nouvelles par Pascale et Emmanuel car je n'ai pas eu la possibilité de me libérer du temps libre pour écrire et poster ce CR avant que les lumières de la salle ne s'éteignent.)

     

    L'étape d'aujourd'hui ressembla en tous points à celle d'hier mises à part deux choses :

    • la météo qui n'a pas été pluvieuse pendant toute l'étape (malgré un vent fort contraire et un ciel couvert);

    • la distance qui était moindre (72,8km contre 79,1km) ce qui pouvait laisser espérer une arrivée une heure plus tôt que la veille.

    J'ai couru avec Christophe, fidèle compagnon de mes heures de galère, même si aujourd'hui j'ai peu souffert physiquement. Mes douleurs s'estompent (cheville dégonflée, releveur moins sensible, hanche gauche moins douloureuse, dos sans trop de gêne), mais je n'ai plus « d'essence dans le moteur ». Les nombreuses fois où je me suis arrêté hier m'ont « vidé » au sens propre comme au sens figuré, et aujourd'hui, ça a recommencé. 4 arrêts en urgence dans les fourrés !

    Je suis parti avec un poids de 78,4kg au réveil, à jeun, ce qui constitue un « record » pour un matin, je suis arrivé et mon poids n'était plus que de 77,0kg, nouveau record pour une après course.

    Si je me compare avec les 84,5kg de Bari, vous imaginez comment j'ai pu fondre.

     

    L'étape nous a fait entrer en Laponie, à 10km du but. Au niveau paysage ça n'a rien changé, on a toujours des forêts, des lacs, des maisons isolées, de rares villages, de la route tantôt grise (qui n'use pas les semelles) tantôt rouge (qui érode les runnings), un peu de circulation avec souvent des camions transportant du bois et quelques touristes en camping car ou caravanes.

     

    J'ai eu l'impression que la fin de l'étape, les 25 derniers km, nous montrait une nature un peu moins en retard que celle rencontrée ces derniers jours. Il y avait des fleurs épanouies dans les fossés, dans les rares jardins des particuliers, et même les arbres semblaient avoir plus de feuilles.

    Ce n'est peut-être qu'une impression, mais c'est ce que j'ai ressenti, sans doute parce qu'aussi à la fin il faisait moins froid.

    Nous sommes partis, la pluie de la nuit venait de cesser, mais il faisait frais (4° environ) et le temps est resté gris jusque vers midi puis le ciel s'est éclairci sans toutefois laisser briller le soleil; il devait faire 12° à ce moment. Quand nous sommes arrivés, il ne faisait guère plus, mais le soleil avait transpercé la couche de nuages.

     

    Je suis allé acheter un nouveau bonnet, des gants plus chauds et un nouveau bidon de course dans un magasin d'articles de sport, je suis allé passer l'IRM puis je suis retourné au supermarché acheter de quoi manger qui sorte de l'ordinaire. Ensuite ce fut le repas où j'ai mangé des spaghettis sans sauce accompagnés de boulettes de viande. L'entrée était une salade de pâtes. Si avec ça je ne reprends pas de forces pour demain, ce sera à ne plus rien y comprendre.

     

    Je vais maintenant aller me coucher, demain une étape courte m'attend et j'espère voir enfin l'énergie revenir dans mon corps. Le moral est revenu, l'instinct de « guerrier » devrait suivre.

    à+fab****

     

    PS : Plus que 17 étapes !!!

     

    Vendredi 5 juin, 48ème étape, Dorotea – Wilhelmina : 56,2km.

     

    Les jours se suivent et ... se ressemblent. J'ai passé une « courte » journée de galère, toujours avec les mêmes soucis gastriques et donc toujours avec ce manque d'énergie quand vient le 30ème km. Même avant cela j'avais déjà compris qu'aujourd'hui je n'allais pas pouvoir recourir à un rythme se rapprochant de celui qui me rassurerait, c'est à dire au moins 8km/h. Car sur une telle « petite » distance, 1km/h d'écart ça fait quand même 1h à l'arrivée. Alors, quand je me souviens qu'il y a peu encore je tournais à plus de 8,5km/h, je me doutais qu'à l'arrivée j'aurais mis plus d'1h30 de plus que lors des étapes « italiennes » ou « allemandes » de tailles semblables.

     

    Il n'y avait que deux villes aujourd'hui sur notre route : celle du départ et celle de l'arrivée. Entre les deux, juste une agglomération située au carrefour de deux routes intermédiaires où se trouvaient quelques commerces. Ce qui fait drôle, c'est qu'il y a des petits carrefours où se rejoignent des routes de terre et sur les panneaux indicateurs on voit les noms des villes avec des kilométrages du type 140km ou 50km.

    Sur notre route, depuis quelques jours on voit le panneau indiquant la ville d'Arvidsjaur située à 448km il y a trois jours et dont on se rapproche petit à petit, aujourd'hui il ne doit plus y avoir que 220km car on y arrive lundi après des étapes de 68, 72 et 84km environ.

    Le temps a été frais et venteux alors que nous nous sommes réveillés sous un beau soleil et un ciel tout bleu. Les nuages cachés derrière les collines sont arrivés au bout d'une heure et à force de lutter et contre le vent et contre le froid, on s'épuise encore plus vite.

    Le long de notre route, des arbres, quelques lacs, une voie ferrée... Sur la route très peu de circulation et souvent un petit signe amical du conducteur ou un petit coup de klaxon venaient nous distraire.

    J'ai de nouveau fait route avec Christophe qui m'a traîné sur la fin quand vidé de toute énergie et après un ultime N ième arrêt dans les bois j'ai un peu laissé couler mon désarroi.

    Je suis dans une spirale négative mais je lutte, je lutte et je lutte encore en me persuadant que des jours meilleurs arriveront bien un jour.

    Aujourd'hui, j'aurais pu profiter de la relative petitesse de l'étape pour bien me reposer, mais je suis allé faire de nouveau quelques courses (pharmacie : vitamines, crèmes ; banque : retrait d'argent liquide) et comme en plus le restaurant se situait à 500m de la salle, il a fallu partir un quart d'heure plus tôt pour aller dîner. J'ai quand même bien mangé cet après-midi après la douche dans le camion de Gérard et Nicole qui nous avait préparé de la viande et des pommes de terre sautées. Ce soir au restaurant, on a eu aussi de la viande et des pommes de terres sautées, mais c'est tellement meilleur que les plats en sauce précédents que j'ai mangé d'un meilleur appétit. Il faut reprendre des forces donc je me suis forcé un peu.

    Je me suis couché une petite heure de 16h30 à 17h30 en glaçant les zones douloureuses en voie de guérison, et cela m'a fait du bien.

     

    J'ai même le temps de rédiger ce CR et de le poster accompagné de celui d'hier.

     

    à+Fab****

     

    Samedi 6 juin, 49ème étape, Wilhelmina – Storuman : 68,3km.

    Quand nous sommes partis de Wilhelmina ce matin, le temps était couvert mais il n'y avait pas de vent ce qui n'a rendu le départ trop froid comme on l'avait craint un moment.

    Une côte dès les premiers hectomètres, ça calme, et une fois franchie, le long serpent gris pouvait se déployer pour nous mener à Storuman.

    Mes sensations étaient bonnes, quelques petites douleurs ici et là, mais j'étais assez optimiste en me disant que la fatigue généralisée disparaissait petit à petit.

    J'ai couru seul pendant une quarantaine de kilomètres, naviguant à vue derrière les coureurs avec qui (ou devant qui) j'étais il y a encore une huitaine de jours. Du 8km/h comme ça, je signais tout de suite et en extrapolant, je me faisait déjà un plan d'arrivée vers 14h30, soit après 8h30 de course.

    Mais .. car il y a un mais, c'était sans compter de nouveaux arrêts en forêt, des averses de pluie puis de neige et sans compter les quelques kilomètres de route en travaux où nous avons dû courir sur de gros graviers et sur une chaussée déformée, croisant de temps à autres des véhicules ne se souciant parfois pas du danger de nous projeter des graviers de par leur vitesse.

    Pour moi, ça a été le début de mes ennuis. Quand il y a une chaussée déformée, je suis obligé de lever plus haut les pieds et au bout d'un moment, des douleurs se sont réveillées : ischios, bassin, adducteurs, quadriceps (principalement sur la jambe gauche). A la fin de cette partie, je ne pouvais plus courir sur du 8km/h et quelques kilomètres plus loin, Christophe, que j'avais laissé courir à son rythme, me rattrapa a gré d'un ravitaillement. Nous avons donc terminé l'étape ensemble. J'étais déçu d'avoir flanché comme ça, pour une fois que j'avais de bonnes sensations. Le froid des averses m'a aussi gêné et j'ai conservé le poncho jusqu'à une dizaine de kilomètres de l'arrivée où le temps s'était éclairci.

    Les paysages, au fil de notre montée vers le Nord (on a passé le 65° parallèle Nord aujourd'hui), sont tout aussi forestiers qu'avant, mais les sous bois sont constitués de végétation rabougrie poussant parmi les roches arrondies sans doute restes d'anciens glaciers.

    Nous avons vu aussi de vastes étendues dénuées de haute végétation, sortes de steppes, dans lesquelles nous avons cherché en vain à apercevoir quelque animal, renne ou caribou.

    De nombreux petits lacs et ruisseaux montrent que la neige était encore là il y a peu, de petites fleurs poussant en nombre autour de ces zones humides.

    Toujours aussi peu d'habitations pendant ces longs kilomètres, quelques « hameaux », peu de circulation en ce samedi sinon des touristes hollandais, danois, allemands et même français. Donc, la compagnie de Christophe m'a été d'un grand secours au moment où psychologiquement j'aurais pu encore une fois sombrer.

    Ce sois, c'est dur à encaisser d'avoir passé tout ce temps supplémentaire sur la route (9h30 de course environ), mais le moral est là.

    J'appréhende tous les jours les nombreuses heures de bonus sur les routes suédoises, mais à la fin, elles finissent par passer quand même.

    Et point positif, je ne risque pas d'arriver à la tombée de la nuit ... car là où on est, elle ne tombe plus.

    Sur cette petite note d'humour, je vous laisse et vous dis à demain pour la suite des aventures nordiques de Fab****.

     

    à+Fab****

     

    PS : aujourd'hui, c'était ma 200ème course d'au moins la longueur d'un marathon. (72 étapes de la Transe Gaule, 49 étapes de la TEFR, 53 marathons, 20 « 100km » + 3 où j'ai abandonné après le km 45 au moins + 3 « 24h » = 200.

    Objectif : le 21 juin en être à 215.

     

    Dimanche 7 juin, 50ème étape, Storuman – Sorsele : 71,8km.

    Le ton de mon CR précédent avait pu laisser un sentiment de mieux être de ma part pour le lecteur, mais dans la réalité, je me suis peut-être caché derrière cette forme d'expression pour masquer mon inquiétude.

    Ce matin, j'ai été ramené à la cruelle réalité, celle que j'allais passer une journée interminable faite de souffrances physique et morale.

    Je n'ai pas pu vraiment commencer l'étape en courant, je sentais trop de douleurs à mon ischio jambier gauche ainsi qu'à mon bassin. J'ai démarré avec Christophe en alternant marche et semblant de course : nous n'étions même pas à 7km/h ! Et au bout d'une heure, de deux heures, de trois heures à ce rythme, pas d'amélioration. J'ai demandé à Christophe de filer afin de se ménager une récupération plus longue ce soir car je sentais que j'allais passer plus de 11 heures à galérer.

    Je me suis rapidement retrouvé en avant-avant dernière position, suivi seulement par le duo de japonaises qui termine toujours ou presque avant le cut-off ou temps limite.

    Peu à peu, je fis des essais de marche rapide en prenant des bâtons que j'avais ramassés sur le bas-côté de la route et cela semblait aller un peu mieux. Nicole me prêta même les bâtons de marche nordique de Gérard mais après un essai de quelques kilomètres, j'ai préféré faire sans car je ne pouvais pas porter mon bidon en même temps.

    Je refis aussi des essais de course et parfois j'arrivais à courir 100m sans trop avoir mal.

    Les postes de ravitaillement m'ont paru très éloignés les uns des autres (entre 9 et 11km, soit entre 1h25 et 1h45) et j'ai essayé de minimiser mes arrêts au maximum afin de garder de l'avance sur le cut-off.

    J'avais en point de mire trois coureurs que petit à petit je me décidais à rattraper en essayant de courir un peu plus longtemps et de marcher un peu plus vite. J'avais mal, mais parfois je me surprenais à courir sans douleur. Pas longtemps hélas !

    Nous avons fini tous les quatre ensemble après nous être regroupés à deux kilomètres de l'arrivée.

     

    Il a fait beau aujourd'hui, moins froid qu'hier, sans le vent et en raison de ce redoux, on a eu droit de voir quelques insectes tels des moustiques ou des moucherons. Il y a beaucoup de zones humides entre les arbres et il y a aussi beaucoup de rochers. Stéphane a vu un renne traverser devant lui et a eu le temps de le prendre en photo. Je n'ai pas eu cette chance, ça m'aurait distrait.

     

    Le temps a fini par passer, mais j'ai remué des idées noires toute la journée.

    C'était la 50ème étape et nombre de fois je me suis dit que ça allait être la dernière pour peu d'ailleurs que je n'aille pas au bout. Je me suis remotivé en pensant qu'on verrait ce soir après l'arrivée et que je prendrai le départ le lendemain et que j'aviserai en cours de route selon les sensations et surtout selon les douleurs. Je n'ai pas envie de me mettre en danger physiquement et encore moins mentalement, tout comme je n'ai pas le souhait que mon entourage soit inquiet et se tracasse de me savoir en si mauvaise posture.

    C'est peut-être pour ça que j'écris mes CR avec un certain « détachement » si l'on peut dire, mais pour moi, si le soir j'arrive encore à être assez lucide et capable d'en rédiger un, je me dis que le mental va m'aider à me surpasser et à encaisser les prochaines longues heures sur la route.

    Je pense mettre environ 13h30 demain (pour 84,5km), 15h après-demain (pour 95,1km) donc je crois qu'il n'y aura pas de CR avant mercredi prochain, sauf par Pascale à qui j'aurai donné des nouvelles par téléphone.

     

    à+Fab****

     

    J'ai essayé de poster ce CR le soir même, mais dimanche soir le réseau était saturé et je n'ai pas pu l'envoyer. Donc vous le recevez avec un peu de retard.

     

    Je poste trois CR d'un coup, mes arrivées tardives des jours précédents ne m'ayant pas permis de les taper sur le PC ni de les poster.

     

    Lundi 8 juin, 51ème étape, Sorsele – Arvidsjaur : 84,6km.

    Cette étape était redoutée car longue (84,6km) et comme je m'étais fixé environ 13h pour la courir, j'avais mis le camel bag avec mon portable, mes deux MP3 et l'appareil photos. J'avais aussi emporté le poncho et ma casquette plus un en-cas pour les deux premières heures.

    Je suis parti en boitant, comme d'habitude, et il m'a fallu plusieurs kilomètres pour me chauffer. Une fois chaud, les douleurs (ischios + dos) se firent moins intenses si bien que je pouvais courir longtemps, mais pas vite. Du moment que je prenais de l'avance sur le cut-off, le reste m'importait peu.

    J'ai tenu le 7,5km/h jusqu'au 30ème km environ, et par la suite j'ai fait route avec Christophe qui m'avait rattrapé au gré des postes de ravitaillement. Nous sommes restés ensemble et nous avons pu voir des rennes que nous avons pris en photo. D'abord un puis 4 plus loin et enfin un troupeau.

    De s'arrêter photographier les animaux et les paysages, ça fait perdre du temps : la moyenne avait chuté à 7km/h environ et je commençais sérieusement à avoir de plus en plus mal. J'ai serré les dents, je me suis accroché et j'ai fini par arriver en moins de 12h. J'avais gagné 1h de repos ce qui n'est pas négligeable quand on flirte avec la queue du peloton. J'ai pu me doucher, laver deux trois affaires, et préparer ma tenue avant d'aller dîner.

    J'étais installé sur un gros tapis de saut, merci Stéphane, et je n'avais pas à défaire mon matelas. C'est installé dessus qu'après mes soins, j'ai rédigé ce CR.

     

    Mardi 9 juin, 52ème étape, Arvidsjaur – Kabdalis : 95,1km.

    La plus longue, la plus redoutée de toutes, celle qui peut faire rentrer non pas à la nuit tombée, car il n'y a plus de nuit, mais tard le soir. Le cut-off est à 21h51, ce qui ne laisse que 6h de repos avant le réveil et 8h avant le départ de l'étape suivante.

    J'avais prévu de mettre entre 1h30 et 2h de plus qu'hier, soit entre 13h30 et 14h de route.

    La réalité fut tout autre.

    Pourtant le démarrage fut laborieux, je n'arrivais pas à courir ni même à marcher rapidement sans ressentir de fortes douleurs aux deux zones qui me gênent actuellement. Au bout de 30 minutes, pas beaucoup d'amélioration. Je dis à Christophe qu'il pouvait partir devant pour essayer d'avoir du temps à lui ce soir et pour ne pas arriver trop tard à m'attendre.

    Les kilomètres passèrent et peu à peu, les douleurs devinrent acceptables et je pus commencer à aller un peu plus vite. Ainsi je remontai tous les coureurs qui m'avaient dépassé en m'encourageant au passage et je continuai jusqu'à Alain et Roger avec qui je décidai de rester, sachant que Roger est un coureur à l'allure régulière et rassurante.

    Nous avons couru tout le reste de l'étape ensemble.

    A l'arrivée, nous terminons en moins de 12h, soit à 8km/h de moyenne. J'ai serré les dents pour rester avec mes deux compères car ce ne fut pas toujours facile, les douleurs revenant après chaque ravitaillement quand je m'arrêtais trop longtemps.

    Cette étape, au niveau du paysage, a été très agréable, nous avons encore vu de rennes qui parfois même traversaient la route devant nous !

    Le temps fut agréable voire chaud par moment, mais nous avons fini les 6 derniers kilomètres sous la pluie d'un orage. Nous avons sorti les ponchos.

    Ce soir, nous dormons dans une ancienne école dont les classes ont été aménagées en dortoirs avec des lits sur lesquels il va faire du bien de se reposer.

    Demain, 60km « seulement » avant la deuxième grande étape de 94,4km de jeudi; ça, ça sera une autre histoire.

    En tout cas, plus que 12 étapes et moins de 900km à faire.

     

    Mercredi 10 juin, 53ème étape, Kabdalis – Jokkmokk : 59,5km.

    La nuit fut bonne et ce qui fait drôle, c'est qu'au coucher, le soleil était d'un côté du bâtiment et qu'au réveil, il était toujours du même côté. Il avait seulement disparu derrière une colline.

    Le soleil brillait donc, la température était fraîche mais cela n'allait pas durer.

    Pas de sac à dos aujourd'hui, juste ma banane avec le minimum nécessaire, mon coupe-vent et mon MP3, on ne sait jamais.

    Le départ, comme les précédents se fit dans la douleur, mais aujourd'hui, celle-ci se fit moins handicapante pour pouvoir commencer à courir rapidement. Au fil des minutes, j'avais trouvé un rythme intéressant, proche de celui d'hier.

    Je décidais de passer le moins de temps possible aux ravitaillements afin de ne pas avoir à trop souffrir comme la veille à chaque redémarrage. Ainsi, je me retrouvais devant le duo Roger-Alain, devant le duo des suédois et devant quelques autres coureurs que je n'avais plus l'habitude de savoir derrière.

    Et oui, une semaine dans les « bas-fonds » du classement, ça marque et on n'espère même plus au bout d'un certain temps pouvoir graviter à nouveau dans les mêmes sphères qu'avant.

    Je suis resté concentré à fond sur ma course, les distances séparant chaque poste de ravitaillement (de 8 à 9,3km) aidant à garder un objectif d'environ 1h pour aller de l'un à l'autre.

    Le dernier poste de ravitaillement, situé à 8km du but était installé juste sur le parking où nous avons franchi le Cercle Polaire.

    Ce n'est qu'anecdotique, mais pour moi, ça m'a fait une impression que ceux qui ont franchi l'équateur doivent connaître. C'est symbolique et dans notre course vers le Cap Nord, et ça fait un nouvel objectif d'atteint.

     

    J'ai couru à 8,5km/h de moyenne, donc je suis arrivé à 13 heures ce qui m'a laissé du temps pour ranger mes affaires, faire quelques courses, passer l'IRM, et préparer mes affaires pour les deux jours qui suivent car demain on a une longue journée devant nous (94,4km) avec une arrivée devant un restaurant dans lequel on va manger avant d'être acheminés par véhicules à 6km de là pour prendre une douche et récupérer nos affaires pour dormir.

    Le lendemain, il est prévu de faire ses bagages avant de prendre les navettes pour aller manger le petit déjeuner et de partir du restaurant : quel bazar ! Ingo avait l'air bien ennuyé de nous annoncer ça ce soir lors d'une réunion avant le dîner.

    J'espère qu'on ne va pas laisser trop d'énergie avec tous ces transferts.

     

    à+Fab****

     

    A l'heure où j'ai écrit ce compte-rendu sur mon cahier, j'étais loin de me douter que je le recopierai sur l'ordinateur avec ma seule main gauche, moi qui suis droitier, plus de 36 heures après, depuis ma chambre d'hôpital.

     

    Jeudi 11 juin, 54ème étape, Jokkmokk – Gällivare : 94,4km.

    La seconde plus longue étape de la TRANSEUROPE ne pouvait pas plus mal commencer : il pleuvait à notre départ de Jokkmokk. Les ponchos étaient de sortie et notre long cortège se mit en route à 6 heures précises pour une non moins longue journée.

    Mes sensations étaient bonnes, un peu de mal à me mettre en route comme tout le monde, mais peu à peu la course se fit sans trop de douleurs. J'avais enfilé deux maillots, mon coupe-vent, mon camel bag, ma banane avec mes en-cas, deux bonnets l'un par-dessus l'autre et le tout recouvert par le poncho jaune : un look d'enfer ! Mais j'étais bien.

    Ma stratégie : courir le plus longtemps possible en effectuant le moins d'arrêts possible ou les plus brefs qui soient aux ravitaillements ou « ailleurs ».

    A ce rythme, je tenais une bonne cadence entre 8,5 et 9km/h et les postes de ravitaillement arrivaient assez rapidement.

     

    J'ai souffert vers le 25ème kilomètre (3h de course) et j'ai dû serrer les dents. De toute façon, mieux vaut souffrir à 9 à l'heure qu'à 7, les douleurs vont durer moins longtemps.

     

    Nous avons rencontré plusieurs lacs de barrage avec leurs centrales hydroélectriques. La végétation toujours majoritairement composée de sapins fut aussi à nouveau mixte avec la présence à nouveau de nombreux feuillus. Le sol des forêts est jonché d'énormes rochers arrondis par l'érosion et charriés par les glaciers il y a des milliers d'années. Et aujourd'hui, ils sont recouverts de mousses et de lichens et entourés de minuscules plantes ou arbustes d'une trentaine de cm de haut. J'ai été surpris aussi de voir un nombre important de tout petits sapins (10 cm de haut pas plus) qui poussent sur les bas-côtés de la route, sur les bords des larges fossés.

     

    J'ai couru seul la seconde moitié de l'étape, ayant lâché les coureurs avec qui j'étais à vue au début, seul un japonais m'a suivi et m'a distancé lors de mes deux plus longs arrêts aux ravitaillements, le n°6 (la soupe de Thomas) et le n°9 (la bière d'Uli).

     

    J'ai fini un peu difficilement, mais content d'avoir fait une nouvelle étape dans la lignée de ma période « d'avant blessure et coup de pompe ».

     

    Petit changement ce soir, dès l'arrivée j'ai été conduit à la salle distante de 6km en véhicule puis je suis allé au restaurant que les organisateurs avaient réussi à trouver dans la journée.

    J'ai eu le temps de refaire quelques courses car on va arriver dans des endroits moins peuplés avec peut-être peu de magasins, et j'avais besoin de refaire le plein de boissons et sucreries.

     

    Maintenant, place aux soins (glace et Voltarène sur mon ischio gauche toujours sensible mais en voie d'amélioration), à la préparation des affaires pour demain (dont le départ a été repoussé de 30 minutes pour avoir le temps de nous transférer en bus jusqu'au départ situé à 6km) et dodo.

     

    J'avais prévu de taper ce CR le lendemain après l'étape.

    Il n'en a pas été comme prévu : « La vie, c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. », le mien était « empoisonné », c'est pas de chance.

     

    à+Fab****


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  • Transe Gaule 2010

    Mercredi 11 août

    Étape 1.a → Roscoff à St-Pol-de-Léon (Finistère) - 5 km neutralisés

    Étape 1.b → St-Pol-de-Léon (Finistère) - Plounévézel (Finistère) - 62,6 km

    La 1èreétape de cette 5èmeTG est réputée difficile pour beaucoup de coureurs en raison du manque d’adaptation des organismes, de la libération de tant de jours, semaines, mois d’attente du jour J, du fait que personne ne connaît véritablement la vitesse de croisière à adopter et d’autres raisons plus ou moins personnelles.

    Pour moi qui « devait » être à l’aise, me retrouver rapidement dans le contexte au vu de ma grande expérience des 4 précédentes auxquelles on peut ajouter l’équivalent de trois autres TG avec ma TransEurope « inachevée » (54 jours = 3x18), ce fut une vraie journée de galère.

    Pourtant tout avait commencé de manière « normale », j’avais pris le départ de manière prudente et attendais d’avoir effectué une quinzaine de kilomètres ou d’avoir atteint le premier ravitaillement (km 12) pour me faire une idée de mon niveau. Parti sur des bases de 9,5km/h sachant que de toute façon je réduirais mon allure, je me sentais bien, les voyants étaient au vert (cardio, sensations, douleurs qui étaient absentes…). Je courais avec des gens d’un niveau semble-t-il égal au mien, même si la notion de niveau est à prendre avec précautions tellement d’autres facteurs peuvent venir changer la hiérarchie théorique.

    Le temps était gris mais doux, un vent modéré mais soufflant souvent dans notre sens donnait une sensation rafraîchissante et les arbres bordant la montée vers Penzé apportaient un peu d’ombre quand le soleil perçait les nuages. Le paysage en était d’autant plus beau alternant des couleurs du vert de la végétation au marron des champs dans lesquels commençaient à pousser des choux, du céleri ou du maïs. La rivière qu’on apercevait en contrebas était belle car la marée haute lui avait apporté beaucoup d’eau.

    Peu après le ravitaillement de Penzé, je décidais de ne plus rester accroché aux basques des coureurs avec qui j’avais couru les 12 premiers kilomètres et je les laissais partir devant éprouvant le besoin de ralentir un peu afin de ne pas hypothéquer ma fin de course.

    Au kilomètre 26 j’eus soudain une tachycardie, une augmentation brutale de mon rythme cardiaque sans raison particulière car je n’avais pas accéléré. D’habitude je sais gérer ces petites choses qui peuvent passer en une ou deux minutes. Cette fois, voyant que ça ne passait pas je commençais à paniquer et à rechercher un endroit calme où m’allonger. J’en trouvais un au bout d’une dizaine de minutes, un peu plus loin sur le parcours. Je m’allongeais sur le banc de pierre en mettant mes jambes en l’air. Quelques coureurs m’avaient déjà dépassé et un groupe important d’autres participants à la TG eux aussi me passèrent devant sans oublier de venir aux nouvelles. Je restais là un bon quart d’heure avant de reprendre la route avec mes trois futurs compères, Robert, Jean Pierre et Gwenaël qui s’étaient arrêtés plus longuement aux nouvelles. La tachycardie a continué jusqu’au village suivant, situé à 5km effectués en marchant et elle semblait avoir disparu quand au sortir du ravitaillement elle recommença. Je m’allongeais à nouveau pour que le rythme cardiaque baisse et quand au bout de 5 minutes il revint à un niveau « normal » je repris la marche puis la course. Je rattrapais mes trois compères et décidais de rester avec eux tant que je le pouvais.

    Nous avons fini l’étape ensemble en nous relayant régulièrement et en alternant course et marche. Le temps final de 8h24’07" est anecdotique tellement j’étais soulagé d’être enfin venu à bout de cette première étape. Le classement aussi a sans doute surpris et inquiété beaucoup de personnes qui me connaissent.

    Jeudi 12 août - Étape 2 → Plounévézel (Finistère) - Pontivy (Morbihan) - 63.7 km

    Après une nuit difficile à cause de ma grande inquiétude et des nombreux moments où j'ai fait des cauchemars et me suis réveillé en sursaut, je pris le départ ce matin avec la ferme intention de rester à l'écoute de mes sensations et de guetter tout signe avant-coureur d'une récidive. Et quand j'ai atteint la deuxième heure de course sans ressentir quoi que ce soit d'anormal, j'ai pu enfin me libérer.

    J'ai donc couru à l'allure prudente mais plus élevée que la veille et j'ai terminé l'étape à la 16ème place en 7h04'45". Ce chrono est certes supérieur à celui de 2008, mais meilleur que celui de l'année précédente. Pas de douleurs ou des petits bobos raisonnables, pas de sensation de fatigue, je vais pouvoir dormir tranquillement et être en forme pour l'étape de demain, longue de 75km. Je ne vais pas forcer, mais courir à une vitesse plus en rapport avec mon envie.

    Vendredi 13 août - Étape 3 → Pontivy (Morbihan) - Guer (Morbihan) - 74.6 km

    Temps gris et frais à souhait, toutes les bonnes conditions pour courir étaient réunies. Rassuré par l’étape de la veille, je démarre tranquillement pour me retrouver avec Steph, Jobst, Jean-Michel F, Pascal R et Martina laissant partir devant Michel Robert et Maurice Chesnais qui ont rapidement pris la tête de la course sachant que les 11 premiers de la veille partaient à 7h 30 au lieu de 6 h 30. L’allure calée sur 9,5 km/h me convenait et allait nous amener à rester à vue les uns des autres pendant plus de deux heures. Passage au marathon en 4h45’ je m’étais déjà fait doubler par Jean-Jacques, Didier et Jan N. Peu après ce fut au tour de Brigitte. Jusqu’à Ploërmel ça allait même si je commençais à ressentir gêne, fatigue et légères douleurs. La traversée de Ploërmel suivie des 4 kilomètres jusqu’à la voie verte furent donc assez pénibles, je décidais de mettre le MP3 comme hier à 20 km de l’arrivée. La voie verte fut un véritable mauvais moment à passer : comment peut-on préférer courir sur des cailloux à courir sur du bitume bien lisse sachant que le chemin était plat et en travaux !?!? Enfin après plus de 2 heures passées à slalomer entre les grosses pierres jalonnant le parcours je terminais avec une bonne douleur à un genou et la chaussure droite bien abîmée. Mais ce soir ça va, je suis allé comme hier me faire masser par une des deux jeunes filles de l’école de kiné de Nantes, Camille et Tiphaine. Après le repas offert par la municipalité je suis allé me coucher car le lendemain, samedi il fallait que j’assure mon arrivée dans mon pays.

    Samedi 14 août - Étape 4 --> Guer (Morbihan) - Châteaubriant (Loire-Atlantique) - 67.8 km

    Il faisait un peu frais au départ et le temps gris ne présageait pas une journée ensoleillée. Sitôt le départ donné, sur un tronçon de la voie verte qui nous évitait d’emprunter les rues du centre ville, je sentais que j’avais les jambes lourdes mais cette impression allait rapidement disparaître et je réussis à trouver une bonne cadence. Dans notre groupe des « 6 h 30 » Jobst et Michel R prirent vite les devants suivis par le même petit peloton qu’hier (Stéphane, Jean-Michel, Martina, Pascal, Ulrich Z et moi). Les longues lignes droites ne constituaient pas un hors d’œuvre très appétissant et pour éviter l’écœurement je décidai de passer à l’action. Ta Ta Ta (musique de trompette comme dans les films). J’accélérai donc un peu, laissant mon gruppetto derrière à quelques hectomètres. Seuls Ulrich et Pascal suivirent. Je continuai ainsi jusqu’au 35èmekm où Pascale, ma femme, me croisa en voiture étonnée que je sois déjà là. Un petit arrêt bisou et je repris mon chemin vers le ravito du km 40 à la Dominelais où elle était allée m’attendre. Le passage du kilomètre 42 en 3h35’ m’indiqua que j’étais plus rapide que la veille mais la même fatigue commençait à m’envahir. Il se mit à pleuvoir peu après le 45èmekm ce qui eut pour conséquence de me titiller les tendons. Ulrich avait fait la jonction puis passa devant. Les 1ers du groupe des « 7h30 » avaient commencé à nous doubler après le 40 km et ce fut le tour de Brigitte de me dépasser accompagnée de ses deux gardes du corps, le camion d’assistance s’arrêtant tous les 500 m pour le ravitaillement… Son allure était régulière (11 km/h) et je pris la folle décision d’essayer de rester au contact ce que je fis pendant plusieurs km où le ravitaillement brisa mon élan. Une fois reparti, elle avait trop d’avance et je me résignai à « la jouer » plus prudente. La longue route entre Saint Aubin des Châteaux et Châteaubriant fut interminable, je me fis dépasser par 2 coureurs du Top 12 et à 2 km de l’arrivée je me mis à ralentir et à attendre Ulrich seulement à 200 m derrière. Nous avons fini ensemble comme hier : 14èmes ex-æquo.

    Au général je remonte encore de 3 places et entre dans les « 20 » (18ème). Ces 3 dernières étapes sont plus rapides qu’en 2007 mais loin de celle de 2008. Au gymnase le soir on a fait une Bolino-party, plus exactement on a pique-niqué ce qui est très sympa et permet de bien se marrer. N’est-ce pas Jean-Pierre et Robert ?

    Dimanche 15 août - Étape 5 --> Châteaubriant (Loire-Atlantique) - St-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - 68.9 km

    La météo prévoyait de la pluie mais nous sommes partis avec un temps gris mais sec. Les 4 premières étapes ont fait des dégâts et le peloton des « 6h30 » s'étire péniblement, les claudications et grimaces sont fréquentes. Eric et Michel ont pris la tête du groupe et se sont vite détachés. Martina dans ma foulée, Stéphane et Pascal juste derrière, Ullrich tel un métronome qui nous passe pour se porter à la 3ème place … Le rituel des débuts de course, cette étape était bien lancée. Le parcours était plat au départ, souvent composé de longues lignes droites. Un peu monotone quand même. Les quelques montées et descentes étaient appréciées … Erbray, Petit Auverné, Freigné... les villages défilaient. Globalement j'allais bien, les ravitaillements situés aux km 17 puis 32 se sont fait attendre, la cadence de 9 à 9,5km/h me les proposait toutes les 1h35' à 1h50'. La course devint plus difficile vers la 4ème heure et je me fis reprendre l'heure de décalage par les trois hommes de tête, Didier, Jan N. et Jean-Jacques. Le 3ème ravitaillement se trouvait plus loin que je ne le pensais car prévu au km 42 « officiel » mais en réalité situé au km 44. La suite fut plus dure encore et je commençais à avoir un peu plus mal aux jambes. Ma cadence était retombée sous les 9km/h en raison des arrêts plus longs aux stands. Il faut dire que Pascale était venue m'assister hier et aujourd'hui, c'est pourquoi je prenais un peu plus de temps surtout que souvent je racontais une ou deux bêtises. Je finis un peu mieux une fois le parcours redevenu plat et je terminai à la 14ème place en 7h56'22. Au général je passais à la 18ème place. Le soir : apéro Coteaux du Layon puis repas traiteur puis dodo … enfin presque car le feu d'artifice du 15 août qui débuta à 22h45 réveilla nombre d'entre-nous, même ceux qui avaient mis les boules Quies. Heureusement que JB avait prévu de faire partir tout le monde à 7h30 : 1h de sommeil en plus, ça va compenser.

    Lundi 16 août - Étape 6 --> St-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - 53.0 km

    Cela doit quand même être bien d'avoir une assistance totale pendant la course. Je fais cette remarque parce que je n'arrive pas à trouver le temps de faire et d'envoyer mes CR tous les soirs. Même quand Pascale était là, j'avais du retard. Pour en revenir à l'étape du jour, elle s'est bien déroulée sur les 40 premiers km puis ce fut difficile lors des 13 derniers. Partis à 7h30 comme tout le peloton j'eus un peu de difficultés à entrer dans la course car la mise en route de l'organisme a été longue : douleurs aux pieds, articulations des genoux qui « grinçaient » et sensations difficiles à retrouver. Cela a duré le temps de rallier Chalonnes – ville où j'ai résidé il y a vingt ans – et le départ tardif nous a même privés d'un lever de soleil sur la Loire. La montée vers la Haie Longue me fit retrouver un rythme et des moyens « normaux » et je pus donc commencer à être à l'aise. Le ravitaillement de St Aubin de Luigné était le bienvenu car il commençait à faire bon et soif. Une certaine fraîcheur résiduelle masquait le travail de sape du soleil qui allait nous accompagner toute la journée. St Lambert, Rablay, Thouarcé, à travers le vignoble du Layon, ça valait le coup d'œil et la course avançait tranquillement. La route menant de Thouarcé à Martigné Briand et au troisième ravito fut comme à l'accoutumée assez fastidieuse tant et si bien que j'arrivai au poste de ravitaillement tenu par les M et M's (Marcel et Marie) dans un état de « défraîcheur » avancé. Un demi litre de coca après, et le remplissage de mes gourdes effectué, ajoutés à un peu de bavardage ont fait qu'il me fut très pénible de repartir : douleurs aux genoux, aux pieds... et je mis quelques hectomètres avant de reprendre un rythme de course « correct ». De 9,5 de moyenne, j'étais passé à 9 à peine et les km restants furent déplaisants : longues lignes droites, revêtement granuleux, soleil, faux plats… L'arrivée à Doué sur la place du marché déjà désertée fut un soulagement. J'étais accompagné de Reinhold Lamp qui m'avait rattrapé à 1500m du but. DBB (Douche, Bolino, Bière), massage, repos, SMS aux potes du forum, coup de fil à Pascale et à mes frère et sœur, je m'endormis pendant une heure par la suite. Après ce fut le restaurant, de 19h à … 21h si bien que je n'ai pas eu le temps de poster mes CR. Je verrai ça demain, si j'ai le temps.

    Mardi 17 août - Étape 7 → Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - Monts-sur-Guesnes (Vienne) - 58.6 km

    Le départ ne fut pas laborieux contrairement à ce que je craignais : absence de douleurs aux pieds et aux jambes, je démarrai cette étape dans de bonnes conditions d'autant plus que le temps était frais mais sec. Les hommes de tête ont rapidement fait le trou et le reste du peloton s'étirait au fil des premiers km. Je pus quelques minutes courir avec Brigitte suivi par Jean-Michel. Sur la Voie Bonnot, itinéraire parallèle à la route à grande circulation nous avons couru tranquillement, tantôt sur bitume tantôt sur chemin, mais dans le silence et la quiétude du vignoble. Je me calai sur du 9,5km/h, allure où je ne sentais pas trop mes efforts, vitesse « antalgique » pourrais-je préciser. Montreuil Bellay puis le premier poste de ravitaillement au km16, tout allait bien. Quelques champs de melons où les saisonniers commençaient à s'affairer à les ramasser jetant de temps à autres un œil étonné à cette troupe de fêlés qui courait cahin-caha sur les routes pentues de cette belle région. Des champs de céréales déjà moissonnés, pas de haie à l'horizon, le paysage se laissait déguster. Vers le km20, les côtes et descentes se firent plus dures et la course le devint aussi. Je me demandai si j'allais tenir comme ça encore longtemps sans douleur. Il y eut l'épisode du chien, un briard, qui nous a suivis pendant plusieurs kilomètres pour nous changer les idées, mais autrement il n'y avait rien à faire d'autre que de courir alors je mis le MP3 en route comme tous ces derniers jours pour me divertir. Au ravitaillement du km26, presque à mi-parcours, j'avais encore de bonnes jambes, mais après cet arrêt ce fut lentement la descente vers les douleurs et le mal être. Mais il y avait « pire » que moi. Au km33 je dépassais Brigitte aux prises avec des maux de ventre semblait-il et Jean Michel avait lâché prise depuis très longtemps déjà. Je n'étais qu'avec Erwin (Hollandais) Eric et Pascal. L'arrivée au ravitaillement de Loudun (km41) fut pénible, en descente et quand j'en repartis je ne pensais pas que j'allais me refaire une santé, ayant sombré dans la course avec douleurs depuis déjà plus d'une heure. La D14 m'a pourtant redonné du « peps » et je réussis à finir 14ème de l'étape, à 9 de moyenne totale sur cette étape. Au général, je suis toujours 16ème. Ce soir, j'ai eu le temps de faire quelques courses puis ensuite ce fut le repas puis le coucher dans une salle assez exiguë où j'avais quand même eu le temps de dormir un peu après les massages qui ont suivi mon arrivée.

    Mercredi 18 août -  Étape 8 --> Monts-sur-Guesnes (Vienne) - Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - 62.9 km

    J’ai passé une difficile journée aujourd'hui. Je suis parti avec des douleurs aux genoux, surtout le droit, s'amplifiant au fil des heures. Mon rythme de croisière fut difficile à conserver. J’ai passé de trop longs moments aux ravitos tandis que les autres n'y restent que 1 à 2' maxi, moi c'était 3 ou 4’. Les coureurs allemands ont attaqué ou contre-attaqué, accompagnés d'un hollandais, si bien que demain je peux descendre d'une à trois places au général. Bon, l'essentiel est d'aller au bout, néanmoins je commençais à me (re)prendre au jeu, mais cette année, je n'ai pas assez de puissance de réserve et je devrais être tout content déjà de ce que j'ai fait, ce que je suis, mais il m'en faut toujours plus… A la limite, de ne pas avoir de marge au niveau de la vitesse n'est pas gênant en soi, ce qui me dérange le plus c'est que par moments je souffre beaucoup et j'essaie de trouver des positions de courses, des postures, qui ne me font pas mal. Les pieds aussi s'y mettent et c'est la cacophonie dans mon organisme quand tous ces endroits se mettent à grincer en même temps ! J'ai quand même de bonnes périodes où je ne ressens rien, le plus compliqué c'est de les reproduire et de trouver comment les déclencher. Pour les passages aux postes de ravitaillement, demain j'essaie le « pit-stop » ultracourt, c'est à dire juste le temps de remplir mes petites bouteilles de 25cl ( j'en ai 3) et d'emporter mon morceau de banane et mes deux biscuits et de les grignoter plus loin au moins en marchant. Je vais essayer de ne plus trop me disperser à discuter aux ravitos, ce qui ne sera pas aisé tel que je me connais. Mais j'ai envie de mettre la pression sur mes camarades de classement pour ne pas qu'ils enfoncent le clou trop vite et trop fort. Donc ça revient fort derrière, en même temps que ça « casse » devant. Jean Jacques, blessé s'est vu terminer en 4ème position et sa marge est très fine sur Didier qui ne s'est pas gêné pour gagner l'étape, poussé aussi par la remontée extraordinaire du prof d'Anglais Jobst, qui est allemand, et de Jan le hollandais toujours à l'affût. Les deux premières femmes ont aussi « sauté » aujourd'hui, Brigitte termine 40ème et Catherine démotivée une grande partie de l'étape a réussi à limiter son débours en se reprenant sur la fin. Vu de l'extérieur ça doit être intéressant, de l'intérieur aussi même si ça n'étonne pas lorsqu'on les voit courir, on voit bien les souffrances tant morales que physiques. Ce soir on a dîné à la salle, après être allés en terrasse siroter un sérieux panaché - pour moi, les autres étant au super pur. L'ambiance est bonne, on se marre bien, heureusement car avec ce qu'on s'enfile dans la journée, là je ne parle pas des bières après l'arrivée mais des kilomètres, on irait droit vers la déprime si on ne déconnait pas après les souffrances. On a eu des douches chaudes car Martine et Michel nous ont gracieusement ouvert l'accès à leur camping car. Ce sont des gens très chouettes et quand on sait qu'ils organisent une course à étapes en juillet sur 5 ou 6 jours dans les Alpes, on peut être certain que les coureurs y seront bichonnés comme les pionniers de cette année. Ça commence à ronfler autour de moi, je vais essayer de poster ce CR et je vous dis à demain, j'espère, pour vous faire profiter du léger différé sur la TG.

    Jeudi 19 août -  Étape 9 -> Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - 68.8 km

    Bon, enfin un peu de temps pour taper mes CR en retard, mais j'ai passé les deux derniers jours un peu « à la ramasse ». L'étape 9, de jeudi, entre Angles Sur l'Anglin et St Sulpice les Feuilles longue de 69km avait pourtant bien débuté. Je suis parti avec le groupe des 6h30, l'habituel vu mon niveau, et rapidement je me suis retrouvé en seconde position derrière Stéphane Madec qui lui aussi avait envie de se faire plaisir. Il s'est détaché si bien que je ne l'ai plus revu de la journée, me contentant de le suivre à 10km/h de moyenne voire plus quand le parcours s'y prêtait. J'ai tenu pendant une quarantaine de kilomètres à ce rythme sans ressentir de douleurs et au gré des ravitaillements où je passais quelques minutes ma moyenne descendait sous les 10km/h sans que je ralentisse mon allure pour autant. Peu après le marathon, je me fis dépasser par la tête de course et rattraper aussi par deux coureurs, Eric et Laurent derrière qui je restai en contact visuel. Passé Beaulieu, le point de mi-Transe Gaule, au km57, j'eus soudain une petite frayeur au sortir d'un arrêt technique et je me retrouvai à avoir besoin de m'allonger car la tête me tournait et la FC s'était aussi emballée, à l'image du coup de « calcaire » de la première étape. Ça me fit comme si j'avais reçu un coup de batte dans la tête, mais sans voir celui qui la tenait ! Je parcourus les km suivants en zigzaguant sur la route et je me reposai tranquillement au ravitaillement. Les 7 derniers km avaient été courus ou marchés en 1h15', c'est dire la grosse claque que j'avais prise : coup de chaleur ? Alimentation insuffisante ? Malaise vagal comme me l'ont suggéré certains ? En tout cas quand cet épisode fut passé, je pus repartir en trottinant, ayant perdu entre 25 et 30' dans l'histoire. 7h40' environ, une belle place au classement de l'étape, mais plein d'inquiétude pour le lendemain. J'avais voulu me tester, chose que je fais fréquemment sur les courses à étapes, mais cette fois le test a échoué : je n'ai pas le niveau des dernières années. Il va falloir se faire à cette idée, de ne pas pouvoir donner un petit coup d'accélérateur sur les belles étapes qui arrivent.

    Vendredi 20 août - Étape 10 --> St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - Bourganeuf (Creuse) - 60.8 km

    Au réveil, j'allais bien, j'avais presque oublié ma mésaventure de la veille et je décidai de partir tranquillement, en tout cas de réussir à retrouver de la confiance sur cette 10 étape. Je me suis fait un nouveau copain : le « nefaleur » - le neuf à l'heure – que j'essayai de suivre toute l'étape, sans le devancer ni me faire distancer par lui. Et mon nouvel ami m'a bien aidé à rester prudent. 6'40 au km, même si le parcours fut plus propice à tourner à 9,5 pendant un bon moment. Un comptage rapide me faisait espérer une arrivée en 6h54' environ. Tout allait donc bien. Mais c'était sans compter sur l'homme à la batte de la veille qui a récidivé, cette fois à 3km du but. Pas d'affolement, j'entrepris de finir en marchant. Coup de chaud plus sûrement aujourd'hui que la veille, mais assez imprévu. Comme j'avais quelques minutes d'avance, la marche n'a pas contrarié mon résultat puisque je mis 6h55'59’’. Mais je suis arrivé très stressé si bien que je m'écroulai sur un fauteuil pour récupérer et à la salle je dus m'allonger un bon quart d'heure pour retrouver toute ma lucidité. Il faisait chaud, 35° dans la salle. Comme la veille et tous les jours depuis la seconde étape, je demandai à me faire masser, petit moment de repos et de relâchement total, en même temps très sécurisant pour faire le point sur d'éventuelles blessures. Mises à part ma bursite et l'aponévrose que j'avais appris à gérer et qui me laissaient tranquille pendant l'étape, le reste allait bien. J'ai passé une bonne nuit après avoir dîné dans une pizzeria avec Jean Pierre. Nous avons fait des courses, à boire surtout, jus de fruits, eaux minérales, sirop de citron et nous sommes passés à la pharmacie pour refaire le stock de crème anti-frottements.

    Samedi 21 août - Étape 11 --> Bourganeuf (Creuse) - Peyrelevade (Corrèze) - 48.8 km

    Samedi, je suis parti la peur au ventre, espérant que je n'allais pas rencontrer de nouveau ce petit soucis de fin d'étape. Si l'homme à la batte m'attendait aux alentours du 60ème kilomètre, aujourd'hui il pourrait m'attendre car il n'y avait que 49km à faire. Je suis parti avec « nefaleur » et je l'ai gardé avec moi toute la course, même quand j'ai couru avec Catherine et Laurent. La montée depuis Bourganeuf s'est bien passée, je n'ai pas essayé d'en faire plus, me disant que de mettre 5h30' me conviendrait tout à fait. Le parcours était heureusement ombragé jusqu'au 45ème kilomètre et je n'ai pas souffert de la chaleur, m'arrosant très souvent profitant la présence de nombreuses fontaines dans les villages ou dans les hameaux. L'arrivée à Peyrelevade en côte sous un soleil de plomb fut difficile et avec Pascal nous avons franchi l'arche d'arrivée ensemble, soulagés d'avoir fini cette onzième marche vers l'étoile de finisher. 5h27' environ, 17ème encore, quelques coureurs se sont fait plaisir, Fred Gallais, Jean-Michel … et d'autres ont plutôt eu des difficultés à rallier l'arrivée. Demain, l'étape de 75km de Peyrelevade à Mauriac va sans doute laisser des traces en raison de la chaleur prévue, d'autant plus que nous serons au moins 3 sinon 4 heures plus longtemps sur le bitume et la fin d'étape, les 10 derniers kilomètres, ne seront pas ombragés.

    Dimanche 22 août - Étape 12--> Peyrelevade (Corrèze) - Mauriac (Cantal) - 75.5 km

    La température de la veille avait bien diminué pendant la nuit si bien que je dus prendre mon sac de couchage vers une heure du matin. Le réveil était prévu à 4h30 pour un départ à 6h en raison des risques de chaleur en fin d'étape. Le départ fut donné à 6h05 de l'endroit où nous étions arrivés la veille et le transport de la salle au site du départ se fit en véhicules, navettes, camping-cars, voitures des accompagnateurs. Rapidement, une vingtaine de coureurs se détacha et je restai derrière ne voulant pas prendre de risques et n'ayant pas les moyens physiques de suivre ce qui ressemblait à une sorte de poker menteur de la part de certains. L'air était certes relativement frais dans l'aube naissante et au fil des kilomètres on sentait des courants d'air tiède. Un peu avant Millevaches, au sommet de cette première partie en côte longue et digeste en guise d'apéritif, nous avons eu droit au panorama sur la chaîne des Puys et on voyait même le Puy de Dôme comme le ciel était dégagé. Nous avons traversé Meymac, km 22 à 24, et ensuite ce fut de la route tranquille mais assez vallonnée toutefois. Mes sensations étaient bonnes et je restais sur le tempo de mon pote virtuel le Nefaleur. Pallice puis Neuvic passés, je me demandai comment j'allais faire la descente de 14km, mais en réalité il n'y avait que la moitié qui était de la véritable descente. Et heureusement, car autant je monte bien les côtes, autant aujourd'hui j'avais mal à descendre, mon talon droit, là où je souffrais, d'une bursite me lançait à chaque foulée et, en essayant de compenser, je ressentis peu à peu une douleur au genou droit. Donc je dus effectuer une descente prudente où ceux que j'avais rattrapés dans la côte m'ont distancés à nouveau. Ouf ! Au km 64, le pont sur la Dordogne et le début de la remontée vers Mauriac ! J'ai décidé alors de faire une « Müller adaptée », c'est à dire de très courtes alternances de course et de marche (environ 25m/10m) et de cette manière, je pus reprendre un rythme plus rapide malgré la chaleur plus difficile à supporter et en raison du manque plus fréquent d'ombre. J'arrivai à Mauriac en 6h29' à la 16ème place, encore une fois satisfait d'en avoir fini. La suite, du grand classique : douche, lavage et étendage du linge, GPS à recharger, repas Bolino, hydratation, massage puis petite sieste jusqu'à 18h30 où je suis allé dîner avec d'autres coureurs sur la place du village. Les vacances quoi !

    Le soir, nous avons tous eu une pensée pour Camille (jeune étudiante de l'école de kiné ) qui a quitté la course suite au décès de son grand-père. Nous avons partagé sa peine dans ces moments difficiles.

    Lundi 23 août - Étape 13 --> Mauriac (Cantal) - Aurillac (Cantal) - 64,3 km

    Cette étape nous amenait aujourd'hui sur les sommets de la Transe Gaule, le col du Legal, 1230m environ au km 38, et pour atteindre ce col nous devions au préalable effectuer un petit échauffement de plus 4 heures. Nous prîmes le départ quand la pluie finissait de tomber, elle mit une heure pour stopper totalement mais elle n'était pas très forte. Le ciel couvert et un petit vent nous apportaient la fraîcheur tant espérée depuis plusieurs jours. Mon début de course fut des plus moyens, prudent si l'on veut jouer sur les mots, et je sentis tout de suite à mes petites douleurs aux pieds que ça allait être difficile de tenir derrière le groupe que je voyais s'éloigner de minutes en minutes. Anglards-de-Salers, km8, en à peine une heure, Salers, km20 à peine, abordée après 2h06' de cheminement sur une route vallonnée, j'abordai la furieuse descente vers Fontanges en mettant le pied sur le frein. Auparavant, j'avais remis Carmen sur le bon chemin ; elle s'était égarée à l'entrée de Salers. Nous traversâmes la ville par ses ruelles touristiques encore désertes à cette heure matinale et enfin nous commençâmes la vertigineuse plongée de 2km à très fort pourcentage. Une fois ce mauvais quart d'heure passé, un troupeau de bretons me dépassa (Gwen Q., Gérard H., Stéphane M. ainsi que Fred G., breton de souche). A Fontanges, je me retrouvai lâché par ce petit peloton augmenté de Catherine M. et de Carmen, l'ensemble courant plus vite que moi sur le plat et dans les descentes. Au ravitaillement situé au pied de la montée vers le col, km28,5 à mon GPS, je repartai bon dernier de ce groupe que j'allais remonter petit à petit pour franchir le Legal en seconde position, mettant 1h14' environ pour faire les 9km de montée. Le temps passé à me ravitailler me refit perdre des places, mais sans m'inquiéter car je savais que cela allait m'apporter de la distraction. Le temps était couvert mais ne laissait pas deviner que la suite se résumerait à une chevauchée dans les nuages, sorte de brumisateur géant qui faisait du bien. Seule Catherine avait réussi à prendre de l'avance et je n'essayais même pas de la rattraper, ça n'aurait servi à rien sinon de me faire prendre des risques inutiles. Dans la montée du col, j'eus la surprise de rencontrer un forumeur d'Athlète-Endurance (Franckauboulot, c'est son pseudo) qui m'accompagna les quatre derniers km de l'ascension. Cela me fit plaisir et me changea aussi les idées. La suite de l'étape fut difficile car la route descendait très souvent, parfois j'avais la chance qu'elle remonte hélas trop brièvement et mon tibia droit commençait à me titiller de plus en plus, douleurs résultant d'une claudication générée par mes maux de pieds. L'arrivée s'effectua sous un ciel moins couvert, finie la brume, et je fus encore une fois satisfait d'en avoir terminé. 15ème de l'étape, ça m'a étonné, mais certains coureurs de devant avaient quelques blessures qui les ont obligés à ralentir.

    Au gymnase, douche froide, la 1ère depuis Roscoff, puis massage, bière et Bolino. Un peu de temps pour taper mon CR et celui d'hier griffonné dans mon carnet à la lueur de la frontale. Le moral est bon à l'entame de cette dernière semaine (déjà ?!?!), le physique connaît quelques soucis pour courir sans douleur, mais quand je pense qu'en juillet j'étais très inquiet de ne pas savoir si j'étais capable d'encaisser la répétition des efforts sur ma bursite et mon aponévrose, je me contente de mes résultats et les prends avec philosophie et satisfaction.

    Mardi 24 août - Étape 14--> Aurillac (Cantal) - St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - 60,5 km

    Dès le départ, j'ai senti que ça n'allait pas être une belle journée : il pleuviotait et la première descente située après seulement 50m de course étant très raide, j'eus mille difficultés à la prendre, me retenant de courir sur les 400 ou 500m qui précèdaient enfin un parcours plat. Déjà je me retrouvai lâché par mes habituels compagnons de route que je ne reverrai plus de la journée à une ou deux exceptions près. La traversée d'Aurillac me permit de courir à un rythme d'échauffement, en faux plat montant dont je savais la fin suivie d'une non moins terrible descente en zigzag de plusieurs centaines de mètres. Une fois ces montagnes russes avalées mais pas digérées, mes douleurs au genou et au tibia droits commencèrent à devenir peu à peu stressantes. Allaient-elles disparaître au fil des kilomètres ou me tenir compagnie des heures durant ? Pendant plusieurs kilomètres, nous avons cohabité, ma volonté prenant le dessus et me faisant rattraper progressivement des coureurs intercalés entre mon peloton de ces derniers jours et le groupe de mes poursuivants habituels. La pluie était devenue plus forte, mais je ne me décidai pas à mettre le poncho : mouillé pour mouillé, c'était trop tard et il ne faisait pas froid. Au premier ravitaillement, on bifurqua pour prendre une route calme sans circulation en tout cas sans rapport avec le flot des autos croisées pour sortir d'Aurillac. La pluie avait redoublé et je continuais à surnager, n'hésitant pas à alterner course et marche dans les côtes. A La Capelle-del-Fraisse, km23, JB nous proposa de prendre un café à l'abri dans un bar, mais je préférai continuer ma route par peur de ne plus pouvoir repartir. 5km plus loin se trouvait le second poste de ravitaillement et après avoir pris comme d'habitude de quoi me sustenter je repartis. Hélas, au bout de quelques mètres, je me rendis compte que je ne pouvais plus courir et que même la marche m'était difficile. Panique à bord car il restait encore 33km dont la longue descente vers la vallée du Lot. Je mis bien 5' avant de recourir et ma vitesse de déplacement était assez lente, à peine du 8km/h. Je serrais les dents et peu à peu ma vitesse redevint plus proche de celle prévue. Un peu avant Cassaniouze j'eus la surprise de voir un motard venir à ma rencontre et faire demi-tour : c'était Jérôme, le pâtissier de St Cyprien-sur-Dourdou rencontré sur la TG2006 et qui tous les ans vient sur la course et nous apporte des flans. On a discuté tout en courant et il me dit que ce soir il y aurait des flans pour les coureurs à la salle. Au ravitaillement suivant, km36, survint le même problème au moment de redémarrer qu'au ravitaillement précédent. J’effectuai la descente au ralenti, choisissant où mettre mes pieds sur la route gravillonnée. Il ne pleuvait plus, c'était déjà ça de pas perdu, mais je souffrais mille morts à chaque foulée. Jérôme m'attendait là puis me dit qu'il prendrait des photos un peu plus bas dans la vallée. A la fin de la descente, au pont de Coursary km46, l'avant dernier ravitaillement me coupa lui aussi les jambes et je me fis rattraper par d'autres coureurs d'habitude loin derrière. Les 15 dernières bornes furent un enfer mais la rage entre les dents je poursuivis ma route en gardant toutefois toute ma lucidité pour ne pas provoquer de blessure plus importante. Le dernier ravitaillement fut pris presque à la volée, juste le temps de mettre du coca dans une de mes bouteilles et je pus repartir sans autant de difficultés qu'avant. Je me remotivai en voyant les coureurs me rattraper et je luttai pour ne pas perdre trop de temps. Je dépassai Carmen, elle aussi en difficulté, me fis rattraper par Mickaël le suédois et par Markus l'allemand avec qui je terminai l'étape un peu plus vite à la 18ème place en 7h01'17. L'arrivée se faisait devant un bar-brasserie et je commandai un steak frites pour me restaurer avant d'aller à la douche et d'expédier les affaires courantes. Je suis fatigué, nerveusement car j'appréhende les jours suivants, mais on verra ça demain.

    Mercredi 25 août - Étape 15--> St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - 56.3 km

    Pas eu le temps de raconter la soirée d'hier car j'avais posté mon CR trop tôt, c'est à dire avant le pot offert par la mairie. Ensuite je suis allé dîner avec le groupe des néerlandais, rosbeef, frites, panaché de 50cl suivis d'un cône vanille fraise comme en vacances. Après une nuit en pointillés j'ai devancé la sonnerie pour me préparer le plus tranquillement possible m'apprêtant à passer une journée où tout pourrait m'arriver. Il faisait frais au départ, 10°, la pleine Lune entourée d'un halo dominait les monts environnants. La route cheminait en léger faux plat montant pendant 11km et je constatai que mon genou n'était pas très douloureux. Je courais à 8,5/9km/h, prudemment et j'attendais de voir quel itinéraire bis nous avait trouvé JB pour éviter de croiser les fous furieux qui sillonnent les routes de l'Aveyron tôt le matin, nous obligeant lors de certaines éditions de la TG à nous plaquer contre le rocher pour ne pas nous faire culbuter. Et bien, le petit itinéraire qui devait allonger l'étape de 2km quand même fut très rude lors de ses 4 premiers kilomètres. Une pente à 10% minimum, où je restais scotché au bitume, me déclarait la guerre. Les douleurs au genou se sont donc réveillées accompagnées d'une forte envie de retourner aux toilettes. Hélas pas de coin « isolé » et je dus attendre quelques minutes avant de trouver l'entrée d'un chemin à l'abri des regards. Le ravitaillement du km15 marquait la fin de cette montée furieuse où je m'étais fait dépasser par nombre de coureurs. Mais l'objectif du jour n'était pas la place, mais l'aisance et la non souffrance. Les 6km suivants s'effectuèrent sur les hauteurs, peu vallonnées, légèrement bosselées agrémentées d'un superbe paysage. Le retour sur la route normale nous fit vite comprendre que si nous en avions bavé, on n'avait pas pris de risque de se faire renverser par un camion ou une voiture. J'avais hâte d'arriver à Rodez et lorsque j'arrivai au début de la piste cyclable, mes douleurs diminuèrent progressivement. Donc je pus courir un peu plus vite et essayer de redonner un niveau « décent » à ma moyenne qui était alors proche de 8km/h, ou un peu au-dessus. L'entrée dans Rodez, je connaissais, donc je n'eus aucune hésitation à trouver par quelle route passer et lorsque je quittai le ravitaillement, je pris la montée raide avec un relatif plaisir car ne ressentant presque plus de douleurs. La descente vers Le Monastère se fit en déroulant puis j'atteignis le ravitaillement du km 38 en ayant rattrapé et dépassé beaucoup de ceux qui m'avaient doublé le matin, plus quelques coureurs en perdition (Maurice, Brigitte…). Les kilomètres suivants, sous la chaleur, défilèrent assez « vite » du moins j'avais la sensation d'avancer sans me traîner et lorsque j'en eus terminé avec la longue descente vers le Pont de GrandFuel, il restait alors 7km, je me dis que le plus dur était passé. Mais mes douleurs se réveillèrent avec la montée longue et chaude à cette heure (midi) et les deux km supplémentaires dus au détour du début d'étape commençaient à se faire regretter. J'arrivais à la 15ème place quand même, ce qui me surprit, en 6h47'30 soit longtemps après ce que j'avais envisagé, mais l'objectif du jour était atteint en terme de souffrances limitées.

    Jeudi 26 août - Étape 16 --> Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - 53.4 km

    « Le jour où je me suis fait dévorer par le loup ».

    Le loup est le surnom de Stéphane Madec. Plus exactement son pseudonyme est « Le loup aux pieds verts », bien connu pour qui fréquente les trails bretons et le forum de yanoo. Donc ce fameux gentil loup m'a dépassé au classement général ce qui n'est aucunement une surprise tellement il tient la forme dans cette dernière partie de la Transe Gaule. Sans le rechercher expressément, il m'a repris mon avance en trois jours, effectuant un finish tel que je les aime mais dont je ne suis pas capable cette année : je n'ai pas la « caisse » et j'ai toujours la crainte de me blesser au genou qui a pourtant bien tenu aujourd'hui ne me faisant souffrir que lors des 10 derniers kilomètres.

    Petit retour en arrière, au moment du départ. Quand nous nous sommes élancés de Cassagnes-Bégonhès à 6h30, il faisait frais ce qui nous a obligé à porter un coupe-vent. Déjà dans la salle, ou plutôt le hangar d'hébergement, j'avais eu un peu froid pendant la nuit. Le contraste entre les 37° de la veille et la chaleur qui régnait dans notre abri frappé par les rayons du soleil jusqu'après 19 heures et le froid de ce petit matin était pour le moins saisissant. J’adoptai un rythme d'aisance et me retrouvai 24ème après quelques kilomètres de course. Le relief était doux, côtes et descentes faciles à digérer, jusqu'à la Selve (km 8) puis s'accentua jusqu'à Lincou (km25) : montées plus fortes suivies d'une longue descente pour rejoindre la vallée du Tarn. Heureusement, le temps s'était réchauffé rapidement et nous n'espérions qu'une chose, qu'il ne fasse pas trop chaud car du 40° pouvait être attendu dans l'après-midi. J'avais repris des concurrents dans les côtes et d'autres avaient fait la jonction dans la longue descente où j'étais moins à l'aise de peur de provoquer des douleurs à mon genou. Au ravitaillement N°2, km26, au pied d'une longue remontée de 9km, nous étions un petit groupe de 7 ou 8 et je repartis au train pour effectuer l'ascension, reprenant tout le monde sauf Fred Gallais qui se sentait des jambes de cabri, et ceci depuis deux ou trois jours. Nouvelle descente vers Plaisance (km44 et aussi km1000 de la TG) où je refis doubler par des bons descendeurs, puis long faux plat assez peu ombragé : ce fut le début des douleurs. La route remontait ensuite et après avoir été arrosé pour me rafraîchir par Sylvie, la femme de Stéphane, le loup, je finis très poussivement cette courte étape à la 18ème place en 6h07'47. Au final je descendais d'un étage au général (17ème). Mais j’étais content de mon étape en espérant que celle de 70km prévue le lendemain avec 1350m de dénivelé positif ne soit pas trop chaude parce qu'à l'heure où je tapais ce CR, il faisait plus de 40° au soleil et il n'y avait pas d'air. « On transgoutte à grosses spires » comme disait un copain.

    Aujourd'hui on a changé de leader, Jan Naaburs le néerlandais a gagné l'étape et Didier a connu une grosse défaillance (+ de 2h30).

    Vendredi 27 août - Étape 17 --> St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - St-Pons-de-Thomières (Hérault) - 69.4 km

    La veille de cette longue étape, avec les 41° qui régnaient sur la région, nous avons tous pensé que la journée qui suivrait serait du même acabit. Donc, la fin d'après midi fut consacrée à une bonne hydratation, et le repas du soir, excellent, composé d'une quiche aux légumes puis d'une blanquette de veau avec pommes de terre et riz avant un dessert digne d'un mariage (omelette norvégienne !) fut dévoré avec grand appétit. Car il fallait se ressourcer avant la « géante » du lendemain. Après une chaude nuit dans la petite salle de St Sernin-sur-Rance, nous nous sommes réveillés à 4h30 car le départ était programmé pour 6h afin d'éviter de prendre trop de soleil sur la tête passé midi. JB nous avais concocté un petit départ sympa, nous faisant traverser des ruelles plus ou moins pentues puis descendre des escaliers où certains ont failli compromettre leur Transe Gaule. Une fois cet épisode, digne des plus mauvais trails urbains, passé, nous avons pris la route normale qui n'a pas tardé à monter et ce pendant une bonne quinzaine de kilomètres, c'est à dire jusqu'au 1er ravitaillement. Mes sensations étaient bonnes malgré quelques tensions au genou et à un tendon d'Achille, mais je me disais que ça allait passer avec le temps et c'est ce qui se produisit. Étant assez bon grimpeur autant que je peux être un piètre descendeur, surtout cette année, je tenais une cadence en côte de 8km/h ce qui m'assura un matelas confortable par rapport à mes prévisions qui étaient de faire moins de 9h au pire. Le premier col franchi, le col de Peyronnenc (879m, alors que le départ fut donné de l'altitude 302m), la route s'est mise à redescendre quelques kilomètres puis à remonter pour atteindre le second col, celui de Sié (999m) où l'on pouvait s'éviter un long détour dans un lacet en coupant par un champ. On fait ça depuis 2005 et ça fait gagner 500m ou 4' selon le niveau. La descente vers Lacaune, km 28, fut très forte avec des pourcentages supérieurs à 15% par endroits et le second ravitaillement au pied d'une fontaine devait nous permettre de refaire le plein pour les 12 km suivants agrémentés d'un nouveau passage de col. Lacaune : alt 790m, col du Picotalen : alt 1004m, la montée s'effectuant sur seulement 4km. Ça allait encore, mais je sentais que je ne pouvais faire mieux, alors je me suis contenté de ce que je pouvais faire, laissant les autres courir à leur propre rythme. La descente sur La Salvetat a été longue et pas très pentue avec une circulation un peu plus importante, les camions se faisant assez nombreux : il fallait tenir la casquette pour ne pas devoir aller la chercher dans les fossés. Là, je n'avais plus personne à vue, ni devant, ni derrière. Le groupe des oranges pressées avait laissé sur place le citron ; plusieurs coureurs étaient habillés d'un t-shirt orange fluo parmi ceux qui m'avaient dépassé et moi je portais mon maillot jaune, fluo lui aussi. La Salvetat marquait le départ d'une nouvelle ascension, la dernière, et de 700m d'altitude on devait en 8km passer à 951m sur une route tantôt très pentue et tantôt avec des portions en faux plat descendant. Une fois atteint le col de la Baraque, il fallait en passer un autre après une série de montées-descentes. A ce dernier col, celui du Cabaretou (941m), il y avait le dernier ravitaillement puis 10km de descente sur St Pons de Thomières où était fixée l'arrivée. J'ai entamé la descente prudemment car ne voulant pas risquer la blessure (9km/h) puis progressivement je suis passé à 10 puis 11 mais pas plus. J'ai terminé encore à la 17ème place content de ne pas avoir souffert de la chaleur car toute la journée on a eu des nuages, du vent et des zones ombragées, exceptés sur les 5 derniers km. Demain, dernière étape, tout le monde part à 5h donc le réveil se fera à 3h30.

    Samedi 28 août - Étape 18 -->St-Pons-de-Thomières (Hérault) Gruissan-Plage (Aude) - 72.1 km [Total = 1147 km]

    (Juste après mon arrivée, j’ai envoyé ce petit SMS avant de faire un CR plus détaillé à mon retour.)

    « 5ème étoile gagnée en 8h23’ à la 19ème place ; beaucoup souffert sur les 40 derniers kilomètres mais très fier de cette nouvelle étoile... » (Après un long voyage en mini bus, je suis bien rentré chez moi et peux donc vous livrer un CR plus détaillé que le laconique SMS envoyé depuis la plage de Gruissan où j'ai savouré cette 5ème étoile.)

    Quelle fut difficile cette ultime étape !

    Je suis pourtant parti avec de bonnes sensations, de bonnes jambes et une grosse envie de croquer dans le bitume pour faire l'ascension du Col de Sainte Colombe dans la nuit étoilée où la Lune allait nous servir de frontale et le vent fort d'allié nous poussant souvent à accélérer. J'avais prévu large au niveau du ravitaillement, une bouteille de 25cl de plus, donc ça me faisait 1,25l de liquide sur moi, plus deux gourdes de 12cl de pur sirop de citron Teisseire ce qui me changeait des sucres au goût fade que j'ajoutais avant dans mes bouteilles qui tiédissaient assez vite par les chaleurs de la région. J'avais encore de quoi manger (Kitekat, noix de cajou, barre Isostar, chocos), une frontale "manuelle" car l'élastique s'était cassé depuis quelques jours et d'autres fournitures pour parer aux petits tracas de la course (papier toilette, gel hydroalcoolique, pansements...).

    Un groupe se détacha rapidement, mais je ne voulais pas "m'amuser" à les suivre de trop près, ne souhaitant pas hypothéquer ma fin d'étape que de tout temps j'ai connue difficile, même quand je tournais à 10,5 comme en 2007. Quand même un doute s'immisça quand je ne vis pas Carmen, la coureuse allemande avec qui j'ai lutté pour la 17ème place depuis quelques temps. Je ne possédais que 55' d'avance au classement avant l'étape et je me demandais si elle n'allait pas tout donner pour me coiffer sur le poteau lors de la dernière étape. Le challenge m'intéressa mais en même temps commença à me gâcher un peu la der des der de cette 5ème TG. En cas de soucis physique, 55' ce n'est rien face à quelqu'un qui remonte la pente après une période de blessures. Confirmation au premier ravitaillement, elle était déjà passée depuis un moment et comme au gré de certaines portions de route droite je ne l'apercevais pas, j'estimais mon retard entre 5 et 10' après une quinzaine de bornes ce qui pouvait donner une heure à la fin. Heureusement, je montais bien, le vent favorable rendant la pente moins forte, sans douleurs et la descente que j'appréhendais commença de belle manière et parfois je pus dépasser les 10 et même les 11km/h sans ressentir la moindre gêne. Les bourrasques de vent me poussaient mais je me forçais à ne pas me laisser emporter et je restais donc à l'écoute de mes jambes car les releveurs, les mollets, les quadriceps ou même mon genou pouvaient me déclarer à tout moment la guerre et la douleur me condamner à boiter tout le reste de l'étape. Pas de mauvaises sensations, juste un arrêt technique de 3' et je filai comme ça jusqu'au ravitaillement N°2, km 24, puis je prolongeai mon effort encore un moment en me disant que plus j'avançais, moins j'aurais à cogiter en cas de problème. La longue ligne droite avant Cabezac a sans doute usé peu à peu mon organisme et détérioré la "fluidité" de ma foulée tant et si bien qu'au sortir d'un arrêt pipi, je ne pus repartir : impossible de courir ! Même la marche m'était difficile. Je claudiquais quand même jusqu'au ravitaillement du km 35, le dernier assuré avec de la nourriture, et je mis du temps à en repartir et à pouvoir courir. Ce fut donc le début de la seconde moitié de l'étape et d'une longue période de galère et de souffrances. J'ai serré les dents, ça je savais le faire ; je l'avais appris sur les courses antérieures comme la Transe Europe ou ma première TG, et je me suis dit que l'objectif N°1 maintenant n'était plus la place, mais finir à tout prix. Le long du canal de la Robine je traînai ma carcasse en courant, peinant à conserver un 9km/h en vitesse de pointe et le passage par le pont SNCF puis la descente des marches du petit escalier pour retrouver à nouveau le canal furent épouvantables. Les 9km suivants, heureusement ombragés, avec le vent fort souvent favorable et parfois latéral, s'avalèrent en une heure et comme au ravitaillement sauvage du km44, celui déposé à l'entrée de Narbonne km54 fut bien agréable pour remplir les bouteilles et avoir de quoi tenir jusqu'au prochain ravitaillement sauvage du km62. La traversée de Narbonne n'est jamais très facile en raison de la forte circulation, des nombreux changements de direction et donc des traversées de carrefours, mais je réussis sans hésitation à retrouver mon chemin sans perte de temps, accompagné de Saïd heureux d'avoir avec lui quelqu'un pour confirmer qu'il se trouvait sur la bonne route. Nous avons terminé l'étape ensemble, restant à vue jusqu'au panneau d'entrée dans Gruissan (à 3km du but), mais la partie reliant Narbonne à Gruissan fut très désagréable elle aussi et nous avions préféré rester l'un derrière l'autre à une centaine de mètres, chacun ayant son propre rythme et sa propre gestion de ses temps de marche et de ravitaillement. A 3 km de la plage, nous avons pu cheminer ensemble sur la piste cyclable et petit à petit nous avons senti que nous tenions le bon bout que la délivrance se faisait de plus en plus proche. L'arrivée sur la plage fut une nouvelle fois un merveilleux moment à vivre et j'espérais pouvoir le savourer encore plus longtemps que les autres années. Nous avons fini l'étape en 8h23 et je vis que Carmen ne m'avait pas repris tout le temps d'avance que j'avais sur elle. J'étais donc encore plus content d'avoir su serrer les dents et m'accrocher, ce que je ne me croyais pas trop capable de faire.

    Au général, j'ai mis 130h53'20" pour faire cette 5ème Transe Gaule, ce qui la place à la 3ème place sur mes 5 courues et terminées. Loin des 118h de 2008 ou des 121h de 2007, mais quand même mieux que les 145 et 144h des années 2005 et 2006. La place ne signifie pas grand chose sachant que le niveau des coureurs varie selon les éditions, mais après avoir fait 16ème, 15ème, 7ème et 12ème, je suis très content de terminer dans les 20 premiers : 17ème ça me va.

    Au fil des jours qui viendront, j'aurai sans doute beaucoup de choses à raconter, mais je préfère d'abord savourer cette 5ème étoile.

    à+Fab***** ou Fab5*

     

    Bilan à froid TG 2010

    Si Jean-Benoît n'avait pas eu l'idée d'organiser cette épreuve, je ne sais pas où j'en serais au niveau de la course à pied. Serais-je resté sur les distances conventionnelles (marathon, 100km, 24 heures) ? Aurais-je tenté une autre aventure comme les courses en ligne de plus de 200km ? Le fait est que d'avoir découvert l'existence de la Transe Gaule a bouleversé ma pratique et m'a donné de nouveaux projets.

    Cette 5ème étoile, après mon passage sur la TransEurope, qui équivaut quand même à trois étoiles si l'on considère que j'ai couru 54 jours (soit 3x18 jours, 18 jours étant la durée d'une Transe Gaule), cette 5ème étoile donc ne fut pas facile à gagner. Parti en n'étant pas au mieux physiquement car souffrant de tendinite d'Achille du pied gauche (que j'appelais bursite) depuis la mi-janvier (date d'apparition des premiers symptômes) et d'un début d'aponévrose plantaire au pied droit, j'avais une énorme angoisse de ne pas être capable d'aller ne serait-ce qu'au terme de la première étape. Le problème quand on stresse, même si extérieurement je n'en laissais rien filtrer, c'est qu'il vous ronge de l'intérieur et finit par provoquer d'autres désagréments. Déjà sujet à quelques petites tachycardies que je savais maîtriser soit à l'entraînement soit en compétition, je ne pensais pas que l'angoisse pouvait en être à l'origine. J'avais toujours remarqué des circonstances quasi identiques lors de leurs survenues : ingestion trop brusque de liquide sucré, trop sucré tel le coca, arrêt de l'effort trop brusque comme après des séries de 400m ou quand je faisais des arrêts aux ravitaillements pendant les compétitions, d'où mon habitude de courir toujours avec mes petites bouteilles à la main, ou encore suite à un arrêt brusque pour uriner.

    La première étape pourtant avait bien démarré, je ne ressentais pas les douleurs auxquelles je m'étais attendu et je commençais à me dire que la journée n'allait pas être trop difficile contrairement aux premières étapes des courses multidays. L'adaptation de l'organisme s'effectue en effet à partir du second jour et "normalement" quand on a passé les trois premiers jours le cœur a mémorisé son rythme de croisière, les muscles et l'organisme en général s'étant adaptés pour ne pas demander plus que nécessaire. Donc on doit trouver l'équilibre ... et le conserver. Pour moi, il y a eu une rupture de "contrat" avec ces constantes que j'avais appris à maîtriser au gré des 72 étapes des précédentes TG et des 54 supplémentaires de la TEFR. La tachycardie me stoppant net pendant 45 minutes environ, sa durée réelle étant d'une heure. Mon GPS indique que sur cette étape j'ai couru ou marché pendant 7h38' pour aller de St Pol de Léon à Plounévézel, temps auquel il faut ajouter les 46' d'arrêt total (bien sûr, dans ce total du temps d'arrêt sont pris en compte les arrêts aux autres ravitaillements ainsi que les arrêts pour uriner, donc mon temps passé allongé doit plus certainement être de l'ordre de 30 à 35'). L'étape fut bouclée en 8h24' et je ne fus même pas déçu par mon temps et mon classement car en premier lieu soulagé d'être allé au bout et parce qu'ensuite, j'ai passé une très sympa seconde partie d'étape, courant-marchant-rigolant avec mes copains Jean Pierre, Robert et Gwen Le Ny.

    Les étapes qui suivirent se passèrent bien pour arriver en fin de première semaine, à St Georges/Loire, moment où on fait un premier point sur l'état physique et mental. Certes, je n'avais pas fait de miracles, mais j'avais réussi à retrouver une place dans le milieu-haut du classement, dans le groupe de tête des "seconds couteaux". Je naviguais entre la 16ème et la 14ème place de chacune des étapes et au général je me situais dans les 20 avec une moyenne générale "plombée" par ma première étape mais de 8,624km/h quand même. Ces quatre dernières étapes ont été courues plus vite que les mêmes en 2007, ce qui me donnait un bon point de repère et je savais aussi qu'en seconde semaine, en 2007, j'avais commencé à me lâcher un peu. En étais-je capable cette année ? On verrait ça dès le lendemain.

    La seconde semaine de course débuta de belle manière, j'améliorais toujours mes chronos de 2007, loin quand même de ceux de 2008. Le troisième jour, 8ème étape, j'aurais bien continué sur ma lancée et couru au moins au même rythme qu'il y a trois ans, mais mes tendinites aux deux pieds en ont provoqué une troisième plus problématique celle-là car touchant le genou droit. Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une tendinite du fascia-lata et le blocage ressenti après chaque arrêt a commencé à devenir inquiétant. J'étais peu à peu redevenu zen lors des 7 derniers jours et soudain je repartais dans une période de fort doute. Je n'avais pas la capacité à accélérer, ça je l'avais deviné à force d'analyser mes sensations lors de chacune des étapes, et en plus je devais traîner la jambe et donc retrouver la panoplie des souffrances. Comment avais-je fait pour gérer ça l'an dernier, lors de la TransEurope ? Arriverai-je à les mettre de côté et à courir l'esprit détaché ? C'étaient mes interrogations quotidiennes.

    Les deux étapes suivantes, les 9ème et 10ème, ajoutèrent encore plus de craintes à mes possibilités de terminer l'épreuve. J'ai voulu faire un test lors de l'étape 9, d'Angles-sur-l'Anglin à St Sulpice-les-Feuilles, et je suis parti sur des bases supérieures à celles de l'étape de 2008. A Beaulieu, km57, j'avais 14 minutes d'avance sur 2008 et 21 sur 2007. Soudain, j'ai dû payer ma témérité, je me suis retrouvé suite à un arrêt bref avec une nouvelle tachycardie accompagnée d'une sensation de tête qui tourne : je ne pouvais plus avancer. Je me suis allongé quelques minutes (au total je resterai 28' sans courir ni marcher, effectuant trois pauses, allongé). Un coup de chaud en plus, me voilà refroidi pour de bon. J'avais voulu voir, j'avais vu et le paradoxe fut que par moments en marchant je ne voyais rien ou au contraire je voyais double. Dans la mouise le Fab à ce moment. Quand je repris mes esprits je terminai mon étape au petit trot et au final j'étais satisfait de n'avoir pas payé cash en minutes mon malaise. Le lendemain, je courus avec la peur au ventre et jusqu'à 3 kilomètres du but j'avais géré mon affaire puis soudain le même malaise que la veille se produisit. Cette fois je décidais de continuer à avancer en marchant, calculant avec le peu de lucidité qui me restait que je pourrais au pire faire les trois kilomètres en une demi-heure. Quand je suis arrivé, j'étais moralement et physiquement très bas, m'écroulant sur un fauteuil et mettant de longues minutes avant de retrouver toute ma lucidité. Le problème dans l'histoire concernait mon entourage : Pascale, aux nouvelles depuis la maison, mais aussi mes amis organisateur et encadrants (bénévoles et staff médical) tous commençaient à s'inquiéter pour moi et je ne voulais pas de cette situation.

    Les jours qui suivirent furent courus toujours avec la peur au ventre que ça recommence, en tout cas ça a eu la conséquence de fixer un objectif plus raisonnable à ma TG : terminer, terminer sans blessures, terminer sans plus jamais ressentir de malaise, terminer en essayant toutefois de ne pas me retrouver à faire des étapes trop longues en temps. Donc le frein à main fut de rigueur à partir de ce moment. Mon objectif d'accélérer sur la fin et de faire mieux qu'en 2007 s'évanouissait et la pression retomba d'un coup. Il restait de très belles étapes à faire, le plaisir devait être le principal moteur à ma course. Il fallait assurer jusqu'à Mauriac qui marquait la fin de la seconde semaine et j'étais surpris à la fin de chaque étape de toujours me retrouver dans le top 20 du classement des étapes. Il faut dire, mais c'est aussi ça la course, que certains coureurs étaient blessés et devaient passer beaucoup plus d'heures sur la route qu'en début de Transe Gaule.

    16ème place au général en début de dernière ligne droite, 6 étapes à courir, le retour annoncé de la chaleur, les douleurs au genou et aux pieds, si je ne voulais pas sombrer dans le classement, j'avais quand même intérêt à contrôler et de toute façon, j'avais remarqué que j'avais autant mal à courir lentement qu'à courir à 9km/h, alors j'ai opté pour le "nefaleur". La fin de course ne fut pas facile, Stéphane m'avait logiquement dépassé, plus frais, pas blessé, l'allemand Reinhold, le néerlandais Erwin, la française Cathy avaient creusé le trou, j'aurais comme objectif, si tout allait bien, de conserver ma 17ème place. Je réussis ce challenge, non sans mal, car lors de la dernière étape Carmen a essayé de reprendre les 55 minutes d'avance que je possédais sur elle, en vain heureusement. Ce qui me rassure quand même c'est que j'ai toujours conservé mon instinct de compétiteur. Pour moi, améliorer mon meilleur chrono, faire la meilleure place possible, lutter pour être toujours meilleur (ou moins mauvais c'est selon) c'est ce qui me fait avancer. Si je ne me fixais pas d'autres challenges je pense que souvent j'aurais tendance à mettre le clignotant et à arrêter.

    Au final, je suis satisfait de cette 5ème Transe Gaule. Sur l'échelle des TG passées, elle se situe à la 3ème place en terme de moyenne, à la 5ème place en terme de classement, mais peut-on comparer un classement à 24 avec un classement à 44 ? D'ailleurs, je ne résiste pas - passion des chiffres quand tu nous tiens - à faire un petit récapitulatif de mes courses à étapes.

    Avec mes 5 Transe Gaule et ma TransEurope "inachevée", j'ai effectué la traversée de plusieurs pays :

    La France :

    - 2005 : 18 étapes, 1143km, 145h37'07", moyenne 7,849km/h, 16ème/24.

    - 2006 : 18 étapes, 1144km, 144h07'07", moyenne 7,938km/h, 15ème/27.

    - 2007 : 18 étapes, 1144km, 121h55'05", moyenne 9,383km/h, 7ème/31.

    - 2008 : 18 étapes, 1146km, 118h33'16", moyenne 9,666km/h, 12ème/44.

    - 2010 : 18 étapes, 1146km, 130h53'20", moyenne 8,748km/h, 17ème/44.

    L'Italie :

    - 2009 : 17 étapes, 1131,4km, 131h40'22", moyenne 8,593km/h, 25ème/58.

    L'Allemagne (+ un bout de l'Autriche) :

    - 2009 : 16 étapes, 1099,5km, 125h21'45", moyenne 8,771km/h, 17ème/52.

    La Suède (Göteborg à Gällivare) :

    - 2009 : 21 étapes, 1533,9km, 191h09'05", moyenne 8,024km/h, 23ème/49.

    Total courses à étapes :

    144 étapes9487,8km, 1109h17'07", moyenne 8,553km/h.

    Ce ne sont que des statistiques, sans aucune prétention, juste pour comparer avec d'autres adeptes des courses à étapes. Je remarque toutefois, et cela va peut-être servir à d'autres coureurs qui vont se lancer sur la prochaine TransEurope, que lors de la seconde partie de la TEFR2009 (si l'on considère qu'il y en avait 4) je suis allé plus vite que sur la première et plus vite aussi que sur cette dernière Transe Gaule.

    à+Fab*****

     


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  • Transe Gaule 2011

    Étape 1.a --> de Roscoff à St-Pol-de-Léon (Finistère) - 5 km neutralisés

    Étape 1.b --> Plounévézel (Finistère) - 62,6 km

    Nous étions 45 au départ et plus que 44 à l’arrivée. Abandon de Richard Hofbauer (76 ans) victime d’une blessure au pied qui s’est réveillée au km49. Après la petite mise en jambes de 5km pour rallier Roscoff à Saint-Pol de Léon (35’ environ) le véritable départ fut donné par Théo Favreau, fils de Philou et Johanne fidèles parmi les fidèles, bénévoles sur la TG depuis de nombreuses années. Théo est né avant la TG 2005 et tous les ans il est avec ses parents : c’est sa 6ème TG, comme moi !

    Le rythme de beaucoup de coureurs me parut très rapide (trop ?) et je me retrouvais rapidement dans ce que je pensais être le ventre mou du peloton, impression renforcée par mes nombreux arrêts pipi où je me faisais doubler. Dans les descentes, le long de la rivière Penzé puis dans la montée longue et sinueuse qui suivit, je trouvai un rythme qui me permit de dépasser quelques coureurs, mais loin de moi l’idée de me trouver dans les 20 premiers : je me croyais plutôt aux alentours des 25/30èmes places. Un peu avant Pleyber-Christ, j’ai « exorcisé » mon étape de 2010 où j’avais dû stopper un long moment pour calmer une tachycardie. J’ai quand même couru toute la journée avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête… Jusqu’au 30ème km, environ au niveau de la mi-course, tout allait bien, puis commença une période difficile. A Berrien, km41, je m’arrêtai boire un panaché bien blanc dans un bar : que cela faisait du bien ! J’en zappai le ravitaillement suivant pour mieux m’arrêter de nouveau dans un autre troquet reprendre un panaché. La suite et surtout la fin furent difficiles car je n’avais plus de jambes. Avais-je assez mangé la veille au soir et le matin même ? M’étais-je bien alimenté pendant l’étape ? Je finis seul après avoir été accompagné quelques km par Stéphane Madec (TG 2010) en coureur libre ce jour.

    7h18’46’’ à la 17ème place, ce qui me surprit tout autant que les gros écarts avec les coureurs de devant. Ma perf du jour constituait mon 3ème meilleur temps sur cette étape en 6 éditions. Donc, je n’étais pas déçu. Par contre, j’étais très fatigué et allais bien me reposer. Il était 19h20 à l’heure où je rédigeais ces lignes, le dîner allait être servi (traiteur) et je n’allais pas faire de vieux os.

    Étape 2 → Plounévézel (Finistère) - Pontivy (Morbihan) - 63.7 km

    Parti sous un ciel couvert, idéal à souhait au niveau température, je n’avais aucune séquelle de l’étape de la veille mises à part les petites brûlures ou les échauffements occasionnés par le textile (short, maillot et ceinture cardio). J’avais bien dîné et mon petit déjeuner fut plus copieux qu’à Roscoff. Je me retrouvais vite avec Thierry Poupard qui fut mon compagnon de route déjà la veille sur quelques km et ce jour, notre course commune dura plus de 2h30 quand il se détacha progressivement le long du canal de Nantes à Brest. 2h30 à bavarder de tout et surtout de courses, d’anecdotes que nous avions chacun plaisir à raconter. J’ai couru ensuite tout seul jusqu’à ce que Vincent (Gouzerch) me rattrape : je l’avais dépassé avant le canal. On est restés ensemble quelques km et petit à petit ne pouvant suivre son rythme effréné, je le regardais prendre de l’avance. Je me fis doubler aussi par Samuel G. et tout comme pour Gouzy, je ne cherchai même pas à m’accrocher. Les 12 derniers km furent moins intéressants : grande route, circulation plus importante, nombreux camions et tracteurs… pas de quoi se reposer l’esprit. L’arrivée à Pontivy après le passage au-dessus du canal fut un soulagement et aussi j’avais le sentiment du devoir accompli. J’avais réalisé ma seconde meilleure perf sur cette étape en 6h56’15’’.

    Étape 3 → Pontivy (Morbihan) - Guer (Morbihan) - 74.6 km

    La première longue étape de cette TG s’est bien passée, je suis arrivé pas trop abîmé, et mentalement très satisfait. Je suis parti dans premier groupe, celui auquel les 9 premiers de l’étape de la veille n’étaient pas conviés car ils devaient partir une heure après nous.

    Je me trouvai rapidement en seconde position derrière Thierry que j’avais en vue sur les longues lignes droites qui ont constitué la première partie de l’étape. Très roulant, à peine bosselé, le parcours était somme toute très agréable car encore peu fréquenté par les autos. Le temps était lourd, gris et je transpirais beaucoup. Je tournais à 10km/h et ça allait bien. Au premier ravitaillement, Vincent G me rattrapa et nous sommes restés un bon moment ensemble, ne discutant que de temps à autres, chacun calé dans la foulée de l’autre, tantôt espacés d’une centaine de mètres, tantôt au coude à coude selon la tranquillité de la route. Au ravitaillement du km40, Vincent prit la poudre d’escampette et je me retrouvai avec Jean-Pierre qui avait fait la jonction avec moi et Samuel. Nous avons conclu un pacte et sommes restés ensemble jusqu’à l’arrivée, nous encourageant mutuellement selon nos coups de mou respectifs. Histoire de mettre une cerise sur le gâteau nous nous sommes fixés de mettre moins de 8h20. Objectif atteint : 8h17’35.

    Étape 4 --> Guer (Morbihan) - Châteaubriant (Loire-Atlantique) - 67.8 km

    La météo annoncée la veille au soir, temps couvert avec des risques de pluie, s’est avérée correcte car peu de temps après le départ la bruine s’est mise à tomber. La température était agréable voire un peu lourde si bien qu’en plus d’être mouillés à l’extérieur, nous l’étions aussi « à l’intérieur » tant on transpirait. Je ne suis pas parti prudemment et ne le regretterai pas parce que j’ai bien avancé pendant plus de 4 heures, ayant d’abord Thierry et Jean Michel en ligne de mire puis plus personne en vue une fois Thierry largement détaché et Jean Michel « explosé » par son départ trop rapide, ce qu’il a l’habitude de faire avant de finir très difficilement. Vincent G est resté derrière moi à distance suffisante pour que je lui serve de repère et quand Patate est venu nous rejoindre pour finir l’étape avec nous, ce qu’il avait demandé à Jean Benoît, nous avons fait la jonction et ne nous sommes plus quittés pour terminer main dans la main. Le rythme de course avait bien baissé pendant 20km, mais les derniers 10km ont été faits avec des pointes à 11km/h. Nous avons fini à la 11ème place ex-æquo et le copain Jean Pierre a pointé en 13ème position un bon quart d’heure après. Au total, nous avons mis 7h11’15’’ ce qui constituait ma seconde meilleure performance sur cette étape.

    Étape 5 --> Châteaubriant (Loire-Atlantique) - St-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - 71 km

    Ce devait être une étape galère, une étape où on se dit « tant pis, il va flotter, la moyenne va en prendre un coup mais on sera plus en forme le lendemain », une étape où le poncho et le bruit incessant de son frottement à chaque foulée empêche d’écouter les autres bruits de la nature. De plus l’eau de l’extérieur ajoutée à celle de l’intérieur, de dessous le poncho, les godasses trempées, le linge qui ne séchera jamais … en fait, je m’étais préparé psychologiquement, matériellement et techniquement à une journée pourrie.
    De plus, au réveil, la surprise, mauvaise cette fois, fut de retrouver mon PC baignant dans une mini marre de flotte passée par un interstice. Je n’ai pas voulu faire un test le matin, pas trop le temps, alors je le rangeai dans sa housse et me dis que ce soir on verrait ça et que je n’allais pas me prendre la tête pour l’étape déjà bien assez difficile à gérer. Mon téléphone portable qui s’était retrouvé juste à côté a eu un peu plus de chance, simplement un peu humide et le test rapide d’allumage fut concluant. Ouf.
    Le réveil et les formalités d’usage passées - petit déjeuner, préparation des pieds et de la tenue, brossage des dents, bouclage des énooormes bagages (énorme ne prend pas 3 o, je sais, mais j’ai 3 bagages), et tout le rituel d’avant course - je me dirigeai vers l’extérieur et m’aperçus que le temps était « sec » pour le moment. Mais le poncho et le gilet fluo étaient dans mon sac à dos quand même par prudence.
    On partit, avantage d’être lent, en premier. En tant que connaisseur et aussi en raison de ma bonne forme, je me retrouvai devant, mais pas tout seul car le marquage à la culotte a commencé de par mes deux copains, JP et 20 100, avec, en plus, Jean Michel, adepte des démarrages rapides suivis des explosions en vol. Bref, on ne se retrouva qu’à 4 à la sortie de Châteaubriant et avec les deux sudistes, on se marra bien, racontant blague sur blague ou se chambrant gentiment, surtout quand ils me surnommaient « Jean Paul Olivier » à chaque fois que je leur donnais une anecdote sur telle ou telle partie de l’étape.. Les hectomètres étant goulûment avalés, le temps aussi était passé rapidement et au fil des virages, nous avions atteint le premier village, Erbray puis un second, Petit Auverné. Le ciel était couvert, mais il ne pleuvait toujours pas : c’était déjà ça de gagné. Je n’étais plus qu’avec Jean-Pierre à ce moment et nous cheminions chacun à notre rythme mais toutefois toujours ensemble. Vincent était quelques dizaines de mètres devant, évitant d’avoir à parler, ce qu’il n’aime guère le matin (mais il se rattrape le soir). On avait distancé Jean Mi sans doute un peu fatigué d’avoir démarré à plus de 9,5km/h. La suite de l’étape fut un peu plus technique, mais la météo sèche la fit passer moins difficilement que prévu. On était quand même à la 5ème étape, dont la 3ème de celles qui sont réputées pour « casser » les coureurs imprudents.
    Le premier, Jean Jacques, nous reprit son heure de décalage au km38, suivi de loin par Titi et René qui nous ont dépassés vers le km42. Là, ça a commencé à être dur pour nous, le parcours commençant à redevenir vallonné, mais après une série de lignes droites monotones, quel est le moins pire ?
    La partie du parcours menant à St Augustin des Bois, empruntant celui des 100km du Loire Béconnais, fut bien pénible mais avec les deux copains, on s’est dit que la moyenne avait été assurée et qu’on pouvait finir sans trop s’user à 9km/h de moyenne sur l’étape qui faisait en réalité 71km en raison d’un aménagement de dernière minute qui nous faisait arriver au gymnase. Nous avons terminé ensemble, Vincent, JP et moi, en se marrant, comme d’habitude mais en même temps soulagés d’avoir passé une journée pas trop moche en comparaison avec ce que nous aurions pu connaître. Nous n’avons pas pris une seulE goutte (ou alors j’ai la mémoire courte). Voilà une étape qui venait en conclusion de cette première partie de la TG, celle qui correspondait à l’adage « qui voit la Loire peut sentir la Méditerranée ».
    En ce qui concerne les chiffres, j’établis ma seconde MP sur cette étape : 7h53’35’’. Nous avons terminé 11èmes ex-æquo et au général Vincent était 11, moi 12 et JP 13. Quel trio !

    Étape 6 : St Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire) - Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - 53.0 km

    Après un petit km neutralisé pour rejoindre le site du départ, devant le château et pour ne pas qu’il y ait de « cassure » dans notre traversée intégrale de la France, le départ fut donné avec un petit peu de retard, 6h50, dû en partie aux bouchons occasionnés par le vide-grenier de St Georges où des centaines de personnes étaient en train d’attendre qu’on les enregistre.
    Le départ donné, ce fut l’envolée des 11 (les 10 premiers + Heather, la coureuse internationale anglaise qui n’a pas fait toutes les étapes en entier depuis la N° 2, sur les conseils de son entraîneur national). Suivirent à bonne distance le groupe des « seconds couteaux » à savoir, Jean-Pierre, Vincent, Nadine, Jean Michel et moi-même. Nous avons couru ensemble jusqu’à la sortie de Chalonnes où j’en profitai pour me tester un peu. J’étais sur mes anciennes routes d’entraînement et j’avais envie de pousser un peu la « machine » pour voir. En côte, j’accélérai donc assez vivement, laissant mes compagnons de route à distance, seul Jean Michel se risquant à me suivre. Au ravitaillement, j’avais une bonne avance, qui s’accentua au second, même si Vincent me suivait à vue. Je poursuivis mon effort, la musique sur les oreilles. C’était un moment comme je les aime, un moment où je cours tout seul, sans effort, sans penser, contemplant ce magnifique paysage du vignoble des Coteaux du Layon. Des bosses, des creux, de temps à autres une voiture, le bitume défilait sous mes runnings. Je consultais régulièrement le GPS pour me donner une idée de l’allure à laquelle je courais, en fait j’avais la moyenne du jour sous les yeux : 9,8km/h. et le cœur qui restait « bas », pas d’inquiétude à avoir concernant un éventuel coup de barre. De toute façon, j’avais prévu de couper mon effort après le ravito du km 39, après Martigné-Briand. La route pour y arriver n’était pas aussi agréable que la portion allant du départ au km32 si bien que j’avais déjà un peu baissé de rythme. A l’avant-dernier ravitaillement, Vincent me rattrapa et repartit avant moi, mais quelques hectomètres après je le dépassai en me disant qu’il me rejoindrait plus loin, lui qui est habitué des fins rapides.
    Mais il n’en fut rien car ma vitesse de course (10km/h) sur les 14 derniers km l’empêchèrent de pouvoir revenir et quand je m’aperçus qu’il n’était plus derrière « à vue », je me demandai s’il n’avait pas eu un gros coup de barre. Mais mon rythme était tellement bien que je ne souhaitais pas le couper. A deux km de l’arrivée, Rudy vînt à notre rencontre. C'était très sympa : il m’accompagna quelques dizaines de mètres puis s’en alla chercher Vincent pour finir avec lui. Il arrivera 8' après moi, suivi de JP et Nadine à un petit quart d'heure.
    Au final, j'ai mis 5h28’47’’, ce qui constituait ma meilleure 6ème étape de toutes mes TG. J’étais encore 11ème et au général restais 12ème. Le classement n'était pas une fin en soi, mais je le regardais quand même je l'avoue, comme plein d'autres qui ne l'avouaient pas mais que je surprenais à le regarder quand même. Aujourd’hui, on a eu le temps de se reposer après l’étape, demain on devrait encore arriver « tôt », mais la chaleur risque de venir perturber les organismes. On verra.

    Étape 7 → Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) - Monts-sur-Guesnes (Vienne) - 58.6 km
    Après une belle soirée passée en compagnie de Rudy et de sa femme, où nous avons goulûment dégusté des pizzas Vincent et moi, pendant que Jean-Pierre préférait partager le pâté et les légumes frais achetés par Guy, le sommeil réparateur de la nuit me permit d’aborder la 7ème journée en pleine forme.
    Pas de blessures, juste quelques légères courbatures témoignant des 3 étapes longues qu’on venait de passer et de ma petite « attaque » de la veille (attaque contre moi-même je précise et non pas pour mettre des vents à mes copains), le petit train-train du matin de mieux en mieux organisé, je me plaçai sur la ligne de départ en totale confiance. Je mis la musique juste avant le départ, les Doors, et quand Rudy abaissa le Gwenn Ha Du (le drapeau breton) je pris tout de suite un rythme de croisière cool. J’étais accompagné de JP, Vincent, Nadine… et laissais filer les comètes de devant que je n’atteindrai jamais, même pas en rêve, sauf grosse catastrophe d’un d’entre-eux. Au bout d’un nombre décent d’hectomètres, je passai la seconde et me mis en vitesse de croisière (10km/h) en souhaitant pouvoir tenir jusqu’au moins le km 31, où l’on repasse sur une route un peu plus fréquentée. En attendant, il y avait la voie Bonnot à faire, voie qui mène à Montreuil Bellay dont le château semble sortir de terre brusquement une fois trois petits sapins passés au sortir de la forêt. Dans la ville, comme je n’avais pas écouté entièrement concentré le briefing, je fus surpris de voir que l’itinéraire avait changé, en mieux, pour nous faire éviter de traverser le marché et de prendre intégralement la première côte de l’étape. J’accélérai encore un peu pour faire remonter la moyenne à 10 ; elle avait baissé le temps d’un arrêt pour retirer les cailloux souvenirs qui s’étaient invités lors du passage sur la voie Bonnot. Au ravitaillement, je pris du sirop de menthe pour changer de l’eau sucrée, une banane entière et deux bouts de saucisson pour le sel qu’il contenait. Je continuai ma chevauchée, porté par la musique, Noir Désir ayant succédé aux Doors suivi par Supertramp dont certains morceaux me rappelaient les concerts auxquels j’avais assisté et me faisaient frissonner de plaisir cumulé à la douce euphorie de courir en mode « bonheur ». Je ne préoccupais pas des autres coureurs, d’ailleurs, plus personne n’était en vue devant et je n’aime pas me retourner, même si je savais les deux Vincent prêts à me passer devant. D’ailleurs, c’est ce qui se produisit au second ravitaillement (km28) où les deux V me mirent un vent. Hélas pour Gouzy, il fut de courte durée, je le repassai et pensant qu’il allait s’accrocher, il aime bien avoir quelqu’un en point de mire et c’est vrai que quelque part ça aide à tenir une cadence, je continuai et quand le km31 survint, le virage à 90° me permit de constater qu’il n’était plus là. Je savais qu’il ne voulait pas trop « taper dedans » alors je me dis qu’il arrivera bien à me reprendre un peu plus tard. Je continuai donc ma cavale solitaire de « poor lonesome runner ». Jusqu’à Loudun, ce fut un peu plus dur ; je ne vais pas dire moins facile, ce serait laisser penser que je ne souffrais pas encore. Le ravito du km 41 passé en 4h12 et les 2’ de pause pour remettre de la menthe dans les bouteilles et reprendre banane et saucisson après avoir englouti quelques bouts de melon et de pêche, je repris ma route sachant que je devais être patient jusqu’au km44 et la dernière grosse intersection pour retrouver mon amie la D14 (si vous vous rappelez, j’avais appris à conjuguer à tous les temps et par tous les temps « haïr la D14 » à la première personne du singulier).
    Et bien, quelle surprise de me retrouver sur cette bande d’asphalte tant redoutée avec une pêche d’enfer ! Je remis les gaz et tournais à presque 10 à l’heure attendant le km52 et la voie verte précédant l’arrivée. Au dernier ravitaillement, je rattrapais presque Vincent Perrault qui repartait quand j’arrivai. Le temps de remplir mes bouteilles, cette fois de grenadine, il avait pris deux cents mètres d’avance et se remit à bien courir. Je restai sur mon tempo, ne cherchant pas à le reprendre, cela aurait été prendre des risques. Le seul objectif qu’il me restait était de faire moins de 6h et pour cela, je devais tracer à plus de 10 ! je pensais que les 5500m restants (cf mon GPS) étaient peut-être faux et que je n’en avais que 5000 à faire.
    A la sortie du chemin, il restait 1400m, ça j’en étais certain et j’ai vu que ce n’était plus la peine de s’accrocher à l’objectif de moins de 6h. Je finis en roue libre mais me fis un dernier plaisir à gravir la dernière côte en accélérant pour voir si les jambes « en avaient encore ». Oui, j’avais encore du jus ! A garder pour le lendemain, ça pourrait toujours être utile. J’arrivais seulement 3’ après Vincent P et Guy qui avait eu un peu de mal à terminer, s’inquiétant pour sa cuisse je crois.
    Le temps de prendre un rafraîchissement, les copains n’arrivant toujours pas, je décidai d’aller à la salle nous réserver un emplacement correct, sachant que la salle n’était pas vaste. J’allai prendre ma douche quand j’entendis au loin qu’ils arrivaient, d’abord JP puis Vincent G à quelques minutes derrière.
    On passa l’après-midi ensemble, tantôt nous reposant, tantôt allant boire un coup ou allant faire quelques courses pour les jours à venir… Et on en profita pour se payer quelques bons fous rires faisant oublier la journée et ses relatives difficultés.

    Étape 8 --> Monts-sur-Guesnes (Vienne) - Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - 62.9 km

    Les quatre premières heures de cette étape auront constitué une de mes meilleures tranches de vie sur toutes mes Transe Gaule, rejoignant l’état de plénitude absolue connu lors de certaines des grandes étapes de 2007. La musique qui m’a accompagné n’est pas pour rien dans cette partie riche en émotions.
    Tout d’abord, le départ, donné à 6h30 de Monts sur Guesnes, la sortie du village par de petites ruelles inconnues, sous un ciel clair où la lune pas encore couchée nous accompagna quelques kilomètres et surtout l’état de fraîcheur de mon organisme. Pas de tensions, pas de restes de quelque épopée inconsidérée, pas de maux de ventre ou de digestion difficile, rien, sinon toujours dans un coin de mon cerveau pour rester lucide ma petite épée de Damoclès (concernant le cœur).
    J’avais mis le lecteur de musique sur la fonction « albums » et le premier qui sortit fut Zazie. Et bien tant mieux, un petit Zazie sur la route et pas dans le métro, ça me convenait. J’ai rapidement trouvé un rythme de croisière me faisant courir à 9,5 puis progressivement à un peu plus de 10km/h ce qui, d’après le GPS, me faisait une moyenne depuis le départ de 10km/h (ah oui, les chiffres, toujours les chiffres, sacré Fab !).
    90 minutes de Zazie pour m’amener au premier ravito en 1h30 environ. Les paysages traversés, grands champs de maïs, de colza ou autres plantes constituant un joli damier polychrome dans l’aube où le soleil levant rougeoyait et colorait quelques nuages d’altitude. La journée s’était annoncée belle et chaude, pour le moment elle était belle et juste à point au niveau température. On verrait plus tard.
    Après Zazie, le groupe Il Divo (des italiens) prit le relais et là, j’avais l’impression d’être à bord d’une grosse cylindrée sur une quelconque autoroute italienne de bord de mer. L’asphalte était lisse, la foulée dégoulinait et moi j’avalais les kilomètres avec avidité. Parfois j’avais l’impression d’être dans une salle de spectacle et les tournesols étaient autant de petites têtes de spectateurs (là, j’ai repris à mon compte une remarque faite hier par Angela qui nous avait fait bien rire mes deux potes sudistes et moi). Mais pour ne pas rompre la poésie de cet instant, je chassai de ma tête ce souvenir pour ne pas me prendre un gros fou rire tout seul. En tout cas j’avais une grosse pensée pour ma sœur et son ami qui m’ont fait découvrir ce groupe - quoique le mot groupe dévalue un peu cet ensemble de chanteurs - et j’avais un millier de souvenirs de la semaine passée à Belle Île en juillet qui ressurgissaient, les larmes m’en montant un peu aux yeux, pour me calmer et ne pas sombrer dans le « nostalgisme » j’en remis une couche et passai à une cadence encore plus rapide.
    Il Divo m’amena aux portes de Châtellerault et ce fut au tour de Christophe Willem de m’accompagner : sympa le mec, il a une belle voix et en plus il n’arrêtait pas de me chanter « Jacques a dit cours, Jacques a dit vole... », et c’est vrai que je volais toujours, je planais, mais je restais néanmoins attentif car la traversée de la ville, comme dans toutes les grandes villes, pouvait s’avérer dangereuse et le risque de se tromper d’itinéraire était plus grand, même si je commençais à le maîtriser.
    A la sortie de Châtellerault, Christophe me laissa continuer ma route après le ravitaillement où la grenadine a coulé à flots dans ma gorge assoiffée et dans mes deux bouteilles afin de tenir la soif en respect jusqu’au prochain poste situé 10 bornes plus loin.
    Amy Winehouse avait pris le relais et par une coïncidence comme seules les coïncidences peuvent le faire, le titre qui passait était « Back to Black » au moment même où un convoi de véhicules funéraires nous dépassa (pour ceux qui ne réussissent pas à voir le rapport, allez sur Youtube ou dailymotion et regardez le clip d’Amy correspondant à ce titre et vous comprendrez). La sortie de cette grande ville, grande en comparaison avec les dizaines de communes rencontrées depuis Roscoff, marqua chez moi les premiers symptômes d’un ralentissement. Déjà, la moyenne avait baissé en raison de mon arrêt aux stands un peu plus long qu’à l’habitude, mais elle n’allait plus progresser parce que le parcours allait commencer à devenir houleux. Un premier coup de cul au km 33 pour arriver à Targé puis une succession de creux et de bosses jusqu’à la route de Pleumartin. Comme par un grand hasard, le ciel avait commencé à tourner du beau fixe à une couverture orageuse : on voyait les nuages bouillonner dans le ciel et je me demandais quand j’allais tout prendre sur le museau et pendant combien de temps. Le ciel me laissa tranquille pendant une quinzaine de bornes, dont plus de 10 effectués sur une route longue et monotone où j’essayais de garder dans ma ligne de mire Guy et Thierry qui m’avaient repris au ravito du km40. Ils m’avaient déposé sur place profitant de mon extrême lenteur à me ravitailler, mais chez les M et M’s (Marcel et Marie) j’aime bien lire le proverbe du jour et en inventer un aussi. Là, j’en ai repris un que j’avais déjà inventé il y a quelques TG et que je ressors à chaque fois : « il pleut, il pleut Martin » (sur l’air de la bergère faisant allusion à Pleumartin, prochaine ville où se situait le ravito suivant). La longue route face au vent qui s’était levé fut pénible, j’étais incapable de relancer et je stagnais à 9,5km/h, m’octroyant quelques pauses marchées à la « Müller » ou quelques décamètres façon « p’tite mémé qui cherche ses lunettes » (ceux qui se demandent encore ce que c’est n’ont qu’à venir me voir sur les 24 heures ou autres courses de longues distances).
    Pleumartin, km 50, où miss grenadine recoula à flots, j’en repartis encore plus fatigué, mes deux coureurs-repères ayant disparu depuis belle lurette, j’étais tout seul et abordais la dernière partie de l’étape en me disant que j’étais dans les temps pour faire un truc correct de l’ordre de 9,5 de moyenne sur l’étape. Mais pour cela, il ne fallait pas non plus commencer à cueillir des mûres pourtant nombreuses et appétissantes.
    L’orage me rattrapa et me doucha peu après la sortie de Vicq sur Gartempe à 3 kilomètres du but. Ça faisait un bien énorme mais j’ai pensé à ceux qui étaient blessés avec les pieds endoloris et je me dis que ça n’allait pas être évident pour eux. Je terminai mon étape par la petite mais très pentue descente vers le château en ruine d’Angles sur l’Anglins, non sans un grand soulagement mais avec aussi le souvenir des 4 premières heures passées à planer au-dessus de la route.
    Au final, j’ai consulté mes archives et ai constaté que c’était ma seconde meilleure 8ème étape de toutes mes TG, à 1’07’’ de ma MP de 2008, et à la 11ème place encore une fois. Les copains du forum ADDM n’ont pas tous passé l’étape de la même façon : Titi finit second à 17’ de Jean Jacques Moros, vainqueur une nouvelle fois de l’étape (mais hier il était arrivé main dans la main avec Titi), Guy termine 9ème en 6h20’55’’ et me colle un bon quart d’heure en 23 bornes, Jean-Pierre 13ème en 6h56 suivi à 1’30’’ de Nadine, puis viennent Vincent handicapé par une tendinite d’Achille (côté droit) de compensation suite à une légère inflammation de son releveur gauche en partie résorbée (il a dû marcher deux heures et finit en 21ème position en 7h49) et enfin Bruno Manitas, 26ème en 8h21.
    En fin de journée Nicole, la femme de Gérard, nous paya un coup à boire pour son anniversaire... et après on est allés dîner en ville.

    Étape 9 -> Angles-sur-l'Anglin (Vienne) - St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - 68.8 km

    Pour cette étape assez longue, 69km, parce que supérieure à la moyenne quotidienne (64km), JB avait constitué deux groupes, celui des 10 plus rapides de la veille dont je ne faisais heureusement pas partie et le « reste du monde ». Notre groupe partait à 6h00 et l’autre à 6h30.
    Nous n’étions pas nombreux à avoir pensé à prendre la frontale et je me retrouvai ouvreur dès le départ donné. D’abord la rude montée partant du château pour amener au village, que j’effectuai en marchant, puis un long faux plat où je me mis à courir et quelques hectomètres plus loin je me retrouvai seul en éclaireur, personne n’ayant réussi ou tenté de suivre mon rythme. J’avais une fois de plus le MP3 vissé sur les oreilles et réglé en mode aléatoire. Les km défilèrent et je rangeai la lampe dans ma pochette ventrale. Je transpirais abondamment, mais l’air encore frais me rafraîchissait. Néanmoins il faisait lourd et je pensais déjà à ma stratégie de ravitaillement : quelle quantité de liquide boire et quelle nourriture avaler ?
    Premier ravitaillement, les écarts étaient paraît-il importants avec mes suiveurs. Mon GPS annonçait une moyenne totale supérieure à 10km/h. Je traversai la commune de Le Blanc, accompagné quelques temps par les gendarmes qui se rendaient à la caserne devant laquelle la course allait passer. Ensuite, la campagne, le désert, avec de temps à autres une voiture arrivant en face roulant à vitesse excessive. C’est sans doute habituel pour les premiers de rencontrer ce genre d’automobilistes qui par la suite doivent lever le pied constatant qu’il n’y a pas un seul et unique joggeur, mais une armée fluo d’oranges et de citrons pressés. Au km 26, Jean Jacques Moros me reprit la demie heure de son départ décalé, puis ce fut au tour de René (km28) et un peu plus tard Titi Douriez (km36).
    Les kilomètres défilèrent à plus de 10 jusqu’au 40ème km environ et le ravitaillement N°3. Là, je pris mon temps et repartis un peu usé par mon rythme soutenu des premières heures. Je me fis rejoindre par Jobst, puis Erwin et je commençai à rentrer dans le dur : les routes à longues lignes droites sans trop de portions ombragées n’étaient pas pour me redonner l’envie de remettre les gaz. Au sortir du ravitaillement suivant, je savais que la mi-course allait arriver, au km57, et je commençais à repenser à ma mésaventure de l’an passé où j’avais eu une nouvelle petite tachycardie qui m’avait contraint à marcher et m’arrêter m’allonger à plusieurs reprises. J’y pensais et je contrôlais mon allure et mes sensations pour ne pas la déclencher. Je reconnus mes lieux d’arrêts et avec un certain soulagement je pointai au ravitaillement suivant, le dernier. Guy me rattrapa et me dit qu’il n’allait pas pouvoir me suivre, moi qui en repartais. Un quart d’heure plus tard … il me dépassa comme un avion avec Carmen à ses trousses. Comme l’an dernier, je me retrouvais avec cette excellente coureuse allemande qui cette année donnait tout son potentiel car non touchée par de quelconques blessures. Elle me proposa de terminer avec moi ce que j’acceptai sous réserves que je puisse la suivre. Mais elle n’a pas eu à ralentir, elle était quand même un peu fatiguée et je me suis accroché dans la dernière longue côte qui menait à l’arrivée. On finit ensemble, mais elle a couru une demie heure de moins que moi car faisant partie du groupe des 10 rapides elle était partie après mon groupe des « seconds couteaux ». Ce départ décalé m’a donné la chance d’arriver dans le top 10 (9ème) car Catherine M et Vincent P ont mis 2’ de plus que moi, ce qui ne serait pas arrivé sans doute si nous étions partis ensemble.
    J’étais satisfait de cette étape, établissant par là même ma meilleure performance sur mes 6 TG, performance améliorée de plus de 10 minutes. En ce qui concerne les copains, ils ont été très ralentis par leurs blessures anciennes ou naissantes et j’avais un peu le cœur gros de les savoir en galère.

    Étape 10 --> St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne) - Bourganeuf (Creuse) - 60.8 km

    Étape chaude et humide, tellement le taux hygrométrique était élevé : j’étais déjà trempé de sueur au bout de 10 minutes, le temps de quitter St Sulpice et d’entrer dans la campagne encore embrumée. Le paysage était agréable, les routes assez belles avec de nombreux virages, montées ou descentes. J’accélérai comme à mon habitude après quelques km d’échauffement, mais je sentis vite que je ne pourrais pas courir aussi vite aussi longtemps que la veille. Mais mon allure me convenait et je prévoyais déjà quelques difficultés pour la seconde partie de l’étape. Le groupe des 10 avait depuis longtemps creusé le trou et seul Jean Michel avait couru à mon rythme avant de lâcher prise. Je gardais néanmoins en vue au gré des lignes droites Thierry P. L’ombre et la relative fraîcheur lourde du petit matin avaient maintenant laissé place à une chaleur plus brute et je souhaitais trouver des portions de route avec de l’ombre. Je rattrapai Erwin, souffrant d’une sciatique, le dépassai et filai vers Bourganeuf où ma 100ème arrivée d’étape de Transe Gaule m’attendait. Il restait de longs km au soleil avec du dénivelé, mais je m’accrochai et le soulagement fut égal au bonheur de terminer sans trop de bobos cette 100ème. Le chrono n’était pas le meilleur de mes TG - deuxième temps, à plus de 5 minutes - mais me satisfaisait.
    Les copains, JP et Vincent sont arrivés beaucoup plus tard et après une grosse journée comme on ne le souhaiterait à personne ils étaient vidés, mettant de longues minutes à récupérer et sans doute à cogiter. Heureusement, quelques heures après tout était redevenu comme avant, avec rigolades et chambrage comme il se doit.
    Le lendemain, une petite mais chaude étape nous attendait, il fallait récupérer, hors du gymnase, véritable étuve, si bien que nous nous sommes installés dehors à l’ombre.

    Étape 11 --> Bourganeuf (Creuse) - Peyrelevade (Corrèze) - 48.8 km

    Au départ de Bourganeuf, JB avait prévu le Champagne que nous n’avions pas bu la veille lors de mon arrivée pour fêter ma 100ème étape de TG. Quelques coureurs ont accepté de prendre une petite gorgée de cette boisson pétillante qui n’est pas habituellement servie aux ravitaillements. La TG s’est embourgeoisée certes un peu au fil des années, mais quand même pas au point de proposer du Champagne aux ravitos !
    Le départ donné, il fallait gravir une quinzaine de marches puis s’élancer sur une pente s’enraidissant au fil des mètres, laissant espérer au bout de 800m qu’elle s’adoucisse, mais qui reprenait de plus belle quelques centaines de mètres plus loin. Il n’y eut qu’au bout de 1500m où elle redevint « correcte ». Ensuite ça descendait un peu puis ça commençait à tournicoter et au bout d’un certain temps ça se remit à grimper. Pendant ce temps là, j’avais eu le temps de m’échauffer et de me retrouver en seconde position du groupe des seconds couteaux, derrière Jean Michel Frémery qui était parti assez vite comme il a l’habitude de le faire.
    Je sentais que le temps était lourd, parfois avec des zones où l’on trouvait l’air tiède ce qui de bon matin n’était pas très agréable d’autant plus qu’une journée quasi caniculaire avait été annoncée.
    Au gré des virages et des espaces boisés ou non, on alternait fraîcheur bienfaisante et atmosphère suffocante. Je suivais JM à distance me promettant de ne pas aller le chercher et que de toute façon je le reprendrais avant la fin de l’étape, comme d’habitude. Le bougre, il a tenu jusqu’au second ravitaillement, après Royères de Vassivière, km25, mais JM étant un excellent descendeur et je ne me focalisai pas sur sa course mais me concentrai sur la mienne pour ne pas froisser mes releveurs ou quelqu’autre tendon par inadvertance. C’est qu’il fallait rester prudent et lucide 24h/24 ou plutôt du début de l’étape jusqu’à la fin !
    Dans la montée vers Faux la Montagne, j’avais creusé l’écart, ne me retournant même pas pour vérifier si quelqu’un était encore dans mes pas. A Faux, nous eûmes droit comme tous les ans depuis 4 ou 5 ans à une fête lors de notre passage, avec speaker et ravitaillement : ça reboostait.
    Je savais que le reste de l’étape n’était pas facile et bien sûr je n’avais plus la niaque pour redonner un coup d’accélérateur. Ainsi je finis assez difficilement l’étape et commençai à tirer des plans sur la comète pour évaluer le temps final quand je croisai deux demoiselles à bicyclette, des touristes ai-je tout de suite pensé ou des vététistes. Mais l’une d’elle me héla : c’était Chantal qui nous avait fait la surprise de nous rendre une petite visite, aux copains du forum et à moi. Je lui dis que la fin était proche non que j’étais mourant ou agonisant, je parlais de l’arrivée. Les filles se sont donc remises en route pour aller à la pêche au Gouzy (poisson nîmois renommé pour sa faculté à faire se déclencher la bonne humeur ) et au JP (poisson tarnais tout aussi apprécié pour son humour et sa gentillesse). Les pauvres, je pensais à eux qui allaient se prendre la route en plein cagnard !
    Je finis mon étape un peu fatigué, heureusement sinon je n’aurais pas compris pourquoi je n’arrivais plus à avancer depuis plus d’une heure. Pas de record cette fois-ci, même avec le nouveau site d’arrivée, à l’entrée du gymnase, j’avais été meilleur en 2007 et 2008, passant sous les 5h. là, je me contentai d’un bon petit 5h12’, soit d’une moyenne de 9,3km/h (loin des 10 des deux années citées précédemment). Les copains sont arrivés très marqués et fatigués par cette pourtant courte étape. Heureusement que l’après-midi se déroula d’une manière très sympathique et conviviale avec Guy, JP, Vincent, Chantal, Gigi ainsi que la famille de JP. Les soucis de la course mis de côté, c’est la bonne humeur et les parties de rigolade qui avaient pris le dessus. Mais le repos aussi, allongés sur nos serviettes de bain comme à la plage à l’ombre de grands sapins au bord d’un lac. Il le fallait bien avant le gros gâteau qui nous attendait le lendemain : 76km avec une météo tout aussi chaude annoncée.

    Étape 12--> Peyrelevade (Corrèze) - Mauriac (Cantal) - 75.5 km

    L’étape épouvantail de cette TG, non seulement en raison de son kilométrage (76) mais surtout à cause de la chaleur annoncée. Le départ pour tout le monde avait été avancé à 6h, avec une partie neutralisée de 800m pour rejoindre l’intersection avec le parcours de la course.
    J’avais prévu d’anticiper sur les effets de la chaleur en plaçant avant le départ une ceinture porte-bidons supplémentaire que je devais prendre au km51, au ravitaillement à la sortie de Neuvic. Cette bouteille devait me servir à m’arroser.
    Le départ en montée nous amena jusqu’au site des arrivées et départs des éditions antérieures, devant les restaurant où nous avions péniblement dîné la veille, en raison de la chaleur étouffante qui y régnait. Ce matin, une pluie d’orage nous avait un peu humidifié quelques minutes avant le baisser de drapeau et en haut de la côte il faisait déjà assez doux, voire trop chaud pour un début d’étape. J’étais parti dans le groupe de tête, à l’arrière de celui-ci toutefois pour ne pas faire « désordre ». La montée, j’adore, alors au bout d’un moment voyant que ça n’avançait pas assez vite, je me permis, sans demander l’autorisation, de dépasser certains coureurs habitués au top 10. Erwin m’accompagna et j’étais suivi par Vincent P, Guy, Thierry et Jean Michel. A Millevaches, le compte n’y était toujours pas : j’ai beau les compter tous les ans, il n’y en a jamais le même nombre, de vaches. J’étais passé à presque 10 de moyenne depuis le départ et ça roulait tout seul, sauf qu’une pente plus forte allait calmer mes ardeurs. Jusqu’au ravitaillement du km16, je gardai bien en vue Erwin, mais mon « pit stop » dura plus longtemps que celui de tous les autres si bien que j’en repartis en dernier. Entre-temps, je m’étais bien amusé avec un petit moulin en plastique sans doute tombé d’une fenêtre de voiture lâché par un enfant qui devait le tenir. Je l’avais ramassé et je m’amusais comme un gosse à le tenir d’une main le regardant tourner tout en courant. Je repris seulement Jean Michel et gardai les autres dans ma ligne de mire sans céder à la tentation de repasser devant. A Meymac, j’étais encore bien, toujours avec mon petit moulin, et je fus accompagné un temps par Laurent Saint Martin, Transe Gaulois de 2008 venu courir l’étape du jour avec nous pour se préparer au Spartathlon. Au ravitaillement du km 40, peu avant Palisse, j’étais revenu sur Guy et Thierry et je me débarrassai de mon petit moulin que je glissai dans ma poche où gisait déjà ma frontale du matin. Guy nous fit un truc que je n’ai pas saisi tout de suite : il fit demi tour, sans doute avait-il oublié quelque chose en repartant trop vite. Quand il revint à ma hauteur, il me dépassa tellement vite que je me retournai pour voir si quelque taureau furieux le poursuivait : mais non ! il était peut-être pressé d’aller rendre visite à Paulette, la marraine de la TG. En tout cas, moi je pris le temps de m’arrêter deux minutes lui faire un petit bonjour, ce que beaucoup de coureurs ont fait d’ailleurs.
    Un peu plus loin, je reprenais Guy, à la dérive et je n’étais plus qu’avec Thierry, enfin, avec pas tout à fait car nous avons fait l’accordéon un moment avant qu’il ne me dépose pour de bon peu avant Neuvic que j’atteignis en 5h12, avec un passage au km49 en 5h06, soit plus vite que la veille sur la même distance. Mais, hier il n’y avait plus qu’à prendre sa douche, aujourd’hui il me restait 27km, environ 3h avec un rapide coup d’œil dans la table de 9. En théorie les 3h car je comptais mettre un peu moins mais mon arrêt au ravitaillement fut une nouvelle fois très long, le temps de mettre ma nouvelle ceinture porte-bidon, et quand j’en repartis, ma moyenne avait sérieusement baissé : pas grave car la descente qui devait arriver allait me redonner de la vitesse… Et bien non ! J’étais comme scotché à la route, qui ne descendait pas vraiment et le revêtement n’était pas pour améliorer les choses. L’ombre était devenue rare et la chaleur commençait à devenir inquiétante. De plus, au moment où j’aurais pu me lâcher un peu, il y avait des travaux et la route était dans un sale état avec sable, graviers plus ou moins gros et ornières dangereuses pour les chevilles en cas de croisement avec une auto. La descente fut une vraie galère et j’imaginais déjà le calvaire de la remontée. Tant pis, j’avais qu’à aller moins vite, me suis-je dit et j’ai arrêté de chouiner pour me reconcentrer sur ma descente périlleuse à … 9km/h ! Mais des releveurs en bonne santé doivent se payer parfois de cette façon, plus ou moins frustrante. Le passage sur le pont préfigurait la chaleur qui ne tarderait pas à venir lors de la montée, une fois les zones boisées dépassées. La fin fut un gros calvaire (tiens, comme hier, mais je n’avais pas les deux petites cyclistes pour me redonner un peu de jus). J’ai attendu le dernier ravito où il n’y avait que de l’eau, même pas de grenadine ou de menthe pour mes bouteilles dont l’eau n’allait pas tarder à tiédir et à devenir difficilement buvable.
    J’ai fini « à la ramasse », me ressaisissant juste pour le passage dans le centre du village de Mauriac pour ne pas donner une image trop négative des sportifs d’ultra que nous sommes et j’arrivai au gymnase en 10ème position, très loin des mes records passés, mais satisfait de n’avoir pas trop morflé.
    Il y eut de la casse dans le peloton, on verrait le lendemain qui allait s’en remettre ou pas.

    Étape 13 --> Mauriac (Cantal) - Aurillac (Cantal) - 64,3 km

    L’étape aux 4 cols, avec un passage au point culminant de la TG, au col du Legal, avec sa descente vertigineuse « qui fait pleurer les releveurs » après la traversée touristique de Salers, un paysage magnifique où l’horizon découpé montre la chaîne des Puys. De quoi passer une belle journée … ou pas ! Tout dépendait de la manière dont seraient assimilées les étapes quasi caniculaires de la semaine qui venait de s’écouler. Dans le meilleur des cas, cette dernière semaine devait pouvoir permettre de dérouler, de lâcher les chevaux qu’on avait tenus sous la bride lors des 12 premières étapes.
    Le départ fut donné dans une relative fraîcheur vite devenue tiédeur et les organismes pour beaucoup d’entre-nous allaient devoir patienter plusieurs longues minutes avant de donner pleine mesure ou au moins le minimum syndical. Je suis parti comme d’habitude dans les dix-douze premiers et je mis du temps avant de passer la barre des 9,5km/h de moyenne. Le lever de soleil sur les montagnes me distrait quelques temps et j’attendis le premier poste de ravitaillement pour faire le point. Ça pouvait aller, mais ma vitesse de réserve me semblait limitée, donc je me contentai de suivre à distance un petit groupe étiré composé de Erwin, Thierry P., Jean Michel et un peu plus à l’avant, Catherine M. J’atteignis Salers (km19) en un peu plus de 2h et je pris mon temps pour traverser cette petite ville fortifiée, sachant que nous avons emprunté les ruelles étroites, sinueuses et pentues de ce village touristique. A la sortie du village, j’empruntai la fameuse descente où je me surpris à trouver un bon rythme, parfois à plus de 11km/h, ce qui me fit rattraper les coureurs de devant, sauf Cathy. En me rapprochant de Fontanges, j’accélérai un peu pour voir si j’en avais sous le capot et si j’allais pouvoir me faire plaisir dans l’ascension du premier col.
    Au sortir du ravitaillement N°2, au pied du col, je repris la route en dernière position du groupe et je remontai progressivement JM, Cathy et Thierry. Seul Erwin continuait de bien avancer et je me dis que ce n’était pas pour me déplaire. Mais la montée devint de plus en plus difficile et dans un état de fatigue avancée je basculai au Legal non sans m’être arrêté au ravitaillement N° 3 quelques minutes pendant lesquelles Thierry et Cathy repassèrent devant. Je n’allais plus les voir, sinon au détour d’un lacet ou au ravitaillement suivant. Parfois, le soleil et la chaleur devenaient pénibles à partir du marathon, mais heureusement qu’il y avait beaucoup de zones boisées que je traversais avec un certain soulagement. Le ravitaillement du km48 allait me permettre de prendre une bouteille supplémentaire comme la veille, qui me servirait à m’arroser. Plus on avançait, plus le vent se levait, à moins que ce ne soit dû au changement de cap de l’itinéraire. Sur la route des crêtes, sorte de chameau à mille bosses, j’ai beaucoup souffert, de l’accumulation des km, de ma non possibilité de relancer et de la chaleur des rayons du soleil. J’étais seul, personne en vue ni devant, ni derrière, je fis le décompte de la distance qu’il restait au fil du défilement des bornes kilométriques. La fin me permit d’accélérer pour repasser au-dessus de 9km/h à mon GPS, ce qui en réalité ne sera que de 8,936km/h (JB ayant arrondi la distance à 64km alors que mon GPS avait trouvé 64,3).
    A la fin, je vis que j’étais 9ème de l’étape, performance ternie par l’annonce de l’abandon sur blessure de Vincent P. En ce qui concerne les copains du forum, Gouzy termina un quart d’heure derrière moi, mais content d’avoir pu reprendre un rythme de course à peu près normal. Nadine est arrivée un peu après, puis JP toujours très fatigué mais devenu un peu philosophe se fixant des mini objectifs de visites durant la semaine (mercredi, c’est le jour où Chantal revient nous voir, jeudi c’est la famille de JP…). Guy a galéré toute la journée : releveurs, tendons, brûlures dues au soleil sur le bas des tibias (là où les releveurs font mal). Souhaitons-lui de ne pas connaître à nouveau ce genre de journée galère. Bruno avait l’air serein, mais fatigué, recherchant l’ombre pour se reposer. Titi a fini 3ème, lui aussi un peu éprouvé par cette étape et sans doute par toutes les précédentes qui commencent à peser ; mais il a un gros moral et toujours le sourire. Demain, direction St Cyprien sur Dourdou ; la canicule est toujours d’actualité à moins que les orages viennent ajouter un peu de piment dans cette TG pas mal épicée depuis Roscoff.

    Étape 14--> Aurillac (Cantal) - St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - 60,5 km

    Seconde étape de la descente kilométrique (après 68 hier, 61 ce jour et 58 puis 54 pour les deux jours suivants) qui devait permettre à tous les coureurs de gagner du temps de course et donc de récupération avant les deux « septuabornaires » de la fin de semaine devant se terminer par un grand plouf dans la Méditerranée.
    Pas trop de pression, mon prédécesseur au général était trop loin (6h d’avance) et celui qui me suivait était à plus de 5h. Guy était encore devant moi, mais vu les blessures dont il souffrait, je pensais que lors de cette 14ème étape il devait mettre plus de 2h de plus que moi, sauf bonne surprise et une totale rémission de ses bobos. Je démarrai un peu moins rapidement que d’habitude, laissant un groupe d’une douzaine de coureurs prendre la poudre d’escampette. Je les vis s’éloigner de moi de plus en plus au gré des grandes lignes droites. Mais mon objectif du jour était de faire du jus et de ne pas me mettre dans le dur. Je saivais qu’avec 5 TG déjà courues, il y avait une grosse confiance et une bonne maîtrise des situations de course, il n’empêche qu’on n’était jamais à l’abri d’un coup dur. Qu’aurais-je eu à gagner d’aller chercher Jean-Michel ou Vincent ou même un des 8 premiers ? Rien sinon des blessures. C’était donc dans cet état d’esprit que je fis mon étape, me faisant charrier par les accompagnateurs de Titi qui me disaient que puisque j’avais fait 11ème, puis 10ème et hier 9ème, aujourd’hui je devais faire 8ème. Ce challenge aurait pu m’intéresser si je ne ressentais pas des signes de fatigue depuis deux jours, et comme j’avais envie de faire les deux dernières pour le plaisir, donc de pousser un peu la machine, je souhaitais récupérer lors des plus courtes journées.
    La longue descente vers le Lot, qui un temps aurait pu m’amuser, fut un moment totalement déplaisant : d’abord, ça ne descendait pas vraiment au début, puis au moment où ça commençait à descendre, il y avait des travaux et des graviers plus ou moins gros sur la route, sans parler des voitures entraînant avec elles des nuages de poussière, et quand enfin le revêtement redevint plus lisse, le soleil tapait car la route n’était plus à l’ombre. J’ajouterai qu’avant la descente, le parcours était assez vallonné malgré la beauté des paysages traversés. Là, je m’étais peu à peu usé et n’avais plus les ressources pour lever les genoux et relancer une fois la route penchant dans le bon sens. La fin fut longue et je commis une erreur de débutant en oubliant mon bidon d’arrosage au dernier ravitaillement. Heureusement qu’il y avait deux points d’eau sur les 10 derniers km ! Quand j’arrivais, Vincent G, Thierry et Jean Michel avaient déjà fini depuis quelques minutes et ma 11ème place me convenait. Je n’aurai pas réussi à refaire le retard qui s’était accumulé depuis Aurillac. L’après-midi me permit de me restaurer d’une grosse salade composée suivie d’un steak frites, le tout arrosé de panachés bien frais. Et au dessert, la glace ne me suffisant pas, j’en reprenais une autre.
    Pendant la course, nous avions appris que le gymnase ne serait pas disponible et que quelqu’un essayait de trouver une solution. Nous avons emménagé dans des Algeco, servant d’école provisoire pour les enfants du village. Il faisait chaud, nous sommes allés sur l’herbe du parc voisin pour nous reposer à l’ombre.

    Étape 15--> St-Cyprien-sur-Dourdou (Aveyron) - Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - 56.3 km

    La nuit dans les Algeco s’est bien passée, comme il n’y avait pas de lumière ni de WC, je suis parti au village avec la frontale vers 4h du matin pour aller aux toilettes et commencer à me préparer. J’avais eu chaud toute la première partie de la nuit, puis il avait commencé à faire frais vers le milieu de la nuit. Et je ne dormais plus vraiment depuis un moment quand je me dis qu’au moins « ça » ça serait fait. Au retour, je me recouchais et somnolais avec plaisir, comme lors d’une grasse matinée en quelque sorte. Les rituels de préparation passés, le départ fut donné et 10 furieux dont je faisais partie ont pris la tête du groupe, Vincent G. se permettant de se placer devant les leaders de la course. Je restais calé à l’arrière de ce groupe dont la tête prenait peu à peu ses distances. Seul Erwin restait en vue, une fois que j’avais dépassé Thierry P. et Jean Michel. Peu avant Marcillac, je commençais à fondre sur Vincent G qui prenait une sorte de mur, l’inconscient qui était parti très (trop) vite, surtout après sa fin d’étape de la veille.
    A Marcillac, au km11, passé à près de 10,5km/h de moyenne, commençait une longue et forte montée de 4km. Je m’étais préparé à accélérer (ou à attaquer) à cet endroit, et seul Erwin m’accompagna puis il prit de l’avance. Derrière, plus personne ne suivait et je remis une seconde couche histoire de voir si j’avais les cannes. Au ravito du km15, je repartais alors que mon seul poursuivant vaillant (Thierry) y arrivait. Je repris ma chevauchée, pour atteindre Rodez en moins de 3h (pour 29km). Au ravito N°2 je ne traînai pas et continuai ma balade. Le parcours allait devenir un peu plus cabossé après Rodez et l’alternance de bosses et de creux commença à me ralentir. J’attendais le km 43 moment où l’on prenait une longue route en descente d’environ 10km. Je courais à 11km/h environ, relâché, sans personne en vue ni devant ni derrière. C’était une constante cette année, j’avais pratiquement couru mes étapes tout seul après les 5 premières effectuées avec les copains JP et Gouzy. Au bout d’un moment, je commençai à me demander où était placé le ravitaillement suivant prévu au km47 et que j’avais passé depuis 2 bornes. JB me dépassa en voiture pour me demander si tout allait bien et je lui dis que le ravito du km47 n’était pas au bon endroit, ce qui ne me gênait pas encore car il me restait de la boisson à la grenadine, mais je pensais à ceux qui allaient mettre 30’ de plus pour rallier ce poste. Il fonça voir et fit déplacer le ravito en le remontant de 3km en amont. Entre-temps, j’étais arrivé au point pour remplir mes bouteilles avant qu‘il n’y ait plus personne. Enfin, il ne restait plus que 8km, donc pas trop longtemps pour arriver. Il y avait toutefois 5km de montée et ça m’a un peu ralenti. Mais je terminais tranquillement, m’offrant une belle 8ème place, de quoi faire plaisir aux amis de Titi qui ne manquèrent pas de venir me féliciter.
    Titi a fini 3ème, en souffrant peut-être d’un releveur, Nadine exténuée mais ravie d’en avoir terminé, Bruno qui faisait une belle place aussi (4ème ADDM), JP en gérant sans enflammer plus son releveur arriva encore après, suivi d’assez loin de Gouzy qui avait explosé peu après le début de la côte de 4km en début d’étape. Grosse ombre au tableau, l’abandon de Guy, trop handicapé qui dut baisser pavillon à Rodez. Le soir, l’hébergement était prévu dans un grand hangar où il faisait chaud et le temps semblait tourner à l’orage. Cela devait apporter de la fraîcheur qui nous avait déjà accompagnés pendant la majeure partie de l’étape.
    Chantal est venue nous voir cela faisait bien plaisir de voir son sourire. Elle s’occupa de certains en leur offrant des glaces.
    Le lendemain, une plus petite étape nous attendait, qui se terminerait chez Victor, l’enfant sauvage, dans une salle plus que moyenne tant en taille qu’en qualité. Mais à force de s’embourgeoiser sur la TG, on en deviendrait presque exigeant !

    Étape 16 --> Cassagnes-Bégonhès (Aveyron) - St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - 53.4 km

    La possibilité d’avoir de la pluie nous avait été annoncée au départ de l’étape et je m’étais donc muni d’un poncho, bien calé dans mon petit sac banane, prêt à être sorti en cas de forte pluie. Le temps était lourd, à peine frais, et dès le départ le parcours montait. Je suis parti dans le groupe des 10/15 premiers, ne cherchant pas tout de suite à m’accrocher aux sous-groupes qui se constituaient. J’avais pour moi d’être assez bon en côte et au train j’avais prévu de remonter les quelques téméraires partis à l’arrache dès potron-minet. Mon rythme me convenait, pas de douleurs, comme d’habitude depuis le début de la TG, ou alors des toutes petites « habituelles » que j’avais apprivoisées (bursite, psoas…) ; la pente augmenta ce qui me fit revenir sur les gars de devant (pas ceux du top sept, trop forts). JB qui courait l’étape avec nous me rejoignit et nous avons parcouru plusieurs km en tapant la discute, bien sûr de la TG, mais aussi de la TransEurope 2012 au niveau de l’intendance dont nous sommes à un certain degré chargés par Ingo.
    De ce fait, le ravitaillement N°1 arriva tellement vite que je m’aperçus que j’avais oublié de boire une de mes deux bouteilles, ce qui au milieu de l’étape pouvait s’avérer être une faute sévère. Je me rattrapai et remplis à nouveau mes deux bouteilles (50 + 33cl), je pris quelques bouts de melon et de saucisson ainsi qu’une banane pour la route. Cap sur Lincou, second ravitaillement, avec une belle descente où j’envoyai à 11,5km/h sans prendre de risques inconsidérés, il n’aurait plus manqué que ça ! Lincou, km26, marquait le début des choses sérieuses avec une belle route de 10km, ombragée jusqu’au km8, et toute en montée. Je me régalais, ne puisant pas dans mes réserves, avec toujours un œil sur le cardio pour ne pas passer de l’autre côté de la force. Les différents virages et changements de versants de la vallée me permettaient d’apercevoir ceux qui étaient loin, très loin devant, à environ 15 ou 20 minutes et quand ce fut mon tour d’être rendu là-haut, j’essayai d’apercevoir ceux qui étaient encore en bas : il n’y en avait pas beaucoup, donc j’en déduisis qu’ils étaient assez proches derrière moi. Après le ravitaillement N°3, au sommet de la montée, on basculait dans la descente, d’une demi-douzaine de km avant de remonter un peu puis de replonger vers Plaisance où nous attendaient le ravitaillement N°4 et le passage du 1000ème km de la TG.
    Jusqu’alors, le temps avait été assez frais, avec l’ombre des forêts et la couverture nuageuse, mais après le ravitaillement la route était en plein soleil, celui-ci tapant aussi fort que lors des étapes chaudes qu’on croyait passées. Ce fut laborieux, mais comme ça montait encore avant la plongée vers l’arrivée, j’essayai de courir à 10km/h sachant que la dernière partie serait plus pentue et m’obligerait à ralentir. Je me fis passer par Ian, même pas courtois, sans aucun signe d’encouragement, surtout après les moments passés à le consoler lors de son abandon de l’an dernier dès l’étape N°3. J’essayai de m’accrocher pour finir avec lui, mais j’ai senti comme il se retournait sans cesse que ça n’en valait pas la peine, qu’il allait allumer encore plus. A l’arrivée, même pas un regard de sa part, ni même des félicitations comme on a l’habitude d’en donner. C’est le genre de type qui doit se la péter de faire une place dans les dix. J’ai attendu d’avoir des nouvelles des copains, pas très rassurantes pour Vincent G qui était au bord de l’abandon. Nadine arriva quand je revenais de ma douche puis ce fut au tour de JP, suivi de Bruno et nous avons attendu Vincent qui arriva dernier en 9h34 à un quart d’heure du cut-off.
    J’avais de la peine pour lui. J’espérais que le lendemain il pourrait s’accrocher et aller au bout, la dernière étape étant une formalité quand on quitte St Pons de Thomières.

    Étape 17 --> St-Sernin-sur-Rance (Aveyron) - St-Pons-de-Thomières (Hérault) - 69.4 km

    L’étape où l'anglais et moi nous sommes réconciliés.
    Le départ de l’avant dernière étape fut donné après la traditionnelle photographie où tous les coureurs sont assis sur les marches des escaliers, devant la statue de Victor, l’enfant sauvage. Les premiers 400m avaient été neutralisés en partie afin d’éviter qu’il ne se produise la même mésaventure que celle arrivée l’an dernier à Michel Robert, un coureur belge qui était tombé dans les escaliers et s’était tordu la cheville, heureusement sans gravité car il avait fini dans les 5 premiers de la TG 2010. Une fois ce trail urbain passé, JB lâcha ses grognards pour le début de l’ascension du premier col, comme ça, à froid dès le matin ! Bien entendu, qui dit « montée » dit « Fab attacks » et je croquai à pleines dents dans la côte. Délicieuse à souhait quoiqu’un peu tiède pour l’heure matinale, mais je savourais chaque virage, chaque relance. Et dire que d’habitude, hors Transe Gaule, je n’appréciais guère les pentes. Là, c’était différent, l’organisme s’était habitué et la côte me permettait de ne pas trop me diéséliser. Au premier col, de Peyronnenc, au km 15,5, j’avais bien avancé (1h42’) et quand je repartis du ravitaillement installé à cet endroit, j’aperçus un coureur qui y arrivait, seul. Le trou était fait, je pouvais me dégourdir les pattes dans la partie descendante qui précédait la nouvelle montée vers le second col, le col de Sié, qui fut toutefois un peu moins facile à négocier. La circulation s’était densifiée et les automobiles et les camions venaient troubler la quiétude de ce cadre pourtant très champêtre et forestier. Peu après le col de Sié, une forte descente de 2km nous amenait à Lacaune où se trouvait installé le second ravitaillement. Je n’y traînais pas, personne en vue ni derrière ni devant je continuai ma progression solitaire. Même pas besoin de mettre la musique, je ne m’ennuyais pas et je m’amusais à calculer ma vitesse en chronométrant le temps passé entre deux bornes kilométriques. Cette partie, en montée, était plus rude que les précédentes, mais elle finit vite et laissa place à une longue descente une fois atteint le col du Picotalen. La descente vers la Salvetat me permit de dérouler, 1h31’ pour 15,3km, sachant que j’avais effectué un arrêt au ravito N°3 et fait quelques pauses en marchant. Le poste de ravitaillement passé, km48, un raidillon de quelques hectomètres nous attendait ; je l’effectuai en marchant avant de reprendre la course une fois la route rejointe. Ça commençait à être dur et je dus m’armer de patience pour atteindre le col N°4 (col de la Baraque, km54) puis le suivant (col du Cabaretou, km59) où le ravito N°5 était positionné. A partir de là, il ne restait que 10km environ, en descente sur une belle route avec un peu de circulation, camions, autos et camping-cars. Je dévalais à 11km/h environ, avec des pointes à 11,5. A 500m de l’arrivée, en fin de descente, je me retournai et fus surpris d’apercevoir arrivant comme une bombe et comme hier, Ian, mon fameux copain qui m’avait grillé sans même un regard. Trop vexé et un peu rancunier, je décidai de placer une mine et je me mis à accélérer pour passer à 15km/h, ce qui aurait été de la folie en temps normal, mais pas sur l’avant dernière étape, et j’arrivai 2 secondes avant l’anglais, levant le poing de rage devant les yeux éberlués de JB, Christian et Charles charger d’officier aux arrivées. Je me gardai bien de faire le premier pas pour féliciter Ian, mais au bout d’un certain temps nous nous sommes serrés la main en s’expliquant cordialement sur le pourquoi des deux arrivées, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Et pour ne pas rester sur un malentendu, nous nous sommes réconciliés, l’un comprenant l’autre et chacun s’excusant de sa conduite assez peu cavalière en la circonstance. Nous avons partagé le verre de l’amitié, que le syndicat d’initiative de St Pons nous avait préparé et avons attendu que d’autres coureurs arrivent avant d’aller au gymnase avec la navette.
    Ce soir-, tout le monde était bien arrivé, avec plus ou moins de bonheur et de souffrance, certains ayant même eu droit en prime à de la pluie et au froid. La nuit allait être courte, un premier départ ayant lieu à 5h pour les blessés et les moins rapides, un second à 6h pour la majorité des coureurs.

    Étape 18 -->St-Pons-de-Thomières (Hérault) Gruissan-Plage (Aude) - 72.1 km [Total = 1147 km]

    6ème étoile ! C’était la récompense prévue à la fin de cette dernière étape. Ce matin, au réveil, il y avait déjà beaucoup d’animation dans la salle, les coureurs les moins rapides devant partir à 5h et nous, les moins lents tout comme les très rapides, à 6h. Les préparatifs s’effectuèrent sur le mode « c’est la dernière fois que je fais ceci, ou cela », les rituels qui ne le seront plus dès le lendemain matin où le sommeil prendrait fin à la même heure que pendant la TG. Sans doute que l’esprit serait hésitant entre rêve et réalité : c’est quelle étape aujourd’hui ? Puis viendrait la raison qui reprendrait le dessus et me remettrait dans le bain de nouveaux préparatifs, ceux pour rentrer chez moi. Pas de crémage des pieds, ni de pansements à mettre sur les zones de frottements, pas besoin de choisir l’équipement ni de déposer dans les caisses de ravitaillement les différents en-cas…
    Notre départ, donné à 6h07, soit précisément une heure après le groupe de fin de classement, s’effectua sous un début de pluie, pas forte, mais rafraîchissant l’atmosphère déjà relativement froide de ce petit matin. Je descendis les 2 premiers kilomètres sans forcer, sans chercher à m’accrocher à quiconque, je ne voulais pas passer l’étape au taquet, simplement être frais après Narbonne, là où ça deviendrait chaud dans tous les sens du terme. La montée du col de Sainte Colombe, en pente assez régulière, sans véritable raidillon, fut agréable mais poussive : pas envie de donner un coup d’accélérateur. Fred Gallais (TG**) m’accompagna jusqu’au sommet et nous avons bavardé de choses et d’autres (TG, TEFR et autres courses) si bien que le temps passa vite. Comme il est aussi bon grimpeur que modeste descendeur, je le lâchai rapidement après le col et me retrouvai seul. Ma vitesse oscillait entre 10,5 et 12 km/h, selon la précision des bornes kilométriques et les sensations étaient excellentes. Le passage au ravitaillement me permit de voir que devant le trou avait été fait et que des coureurs habituellement derrière en profitaient pour jouer les filles de l’air. Pendant la descente vers Aigues-Vives je dépassai Sigrid, Don et Jean Claude (km 16 à 17) pourtant partis à 5h. Un peu après, je repris d’autres coureurs avant d’atteindre le ravitaillement N°2. En en repartant, je dépassai Vincent, sans oublier de l’encourager pour le calvaire qu’il s’apprêtait à vivre. Blessures physiques, mais aussi cassure mentale, la somme des deux pouvait le faire abandonner à tout moment et j’espérais qu’il s’accroche pour conquérir son étoile de finisher. Je poursuivis ma promenade et arrivai au ravitaillement N°3 (km34), le dernier avec des bénévoles présents. Je pris ma ceinture porte-bidon en plus des deux bouteilles déjà dans mon sac à dos. Je préférais prévenir une éventuelle remontée de la température. Ça devenait difficile, les jambes ne tournaient plus aussi facilement qu’en début d’étape et l’arrivée au canal ne fut même pas un soulagement. Je me fis passer par Laurent Martini puis par Wilma que je ne cherchai pas à suivre. Le long du canal, ma vitesse avait beaucoup chuté et ma moyenne encore de 10 à l’entrée de Sallèles d’Aude passa à 9,6. Le ravitaillement sauvage à l’épanchoir de Gaihousty me permit de remplir mes bouteilles, avec de la grenadine et de l’eau. J’allais être tranquille jusqu’à Narbonne, cheminant à l’ombre, croisant des péniches ou des bateaux de plaisance. Lors de l’arrivée à Narbonne, sur le quai, était installé un nouveau poste de ravitaillement, tenu par des membres de la famille de Daniel Müller. J’avais la possibilité aussi de rendre une petite visite à Jérôme et à Marie qui tenaient une boutique de chocolaterie pas loin de l’itinéraire. Jérôme était venu la veille au soir à St Pons me rendre visite. On se connaît depuis 2006 quand il était venu me voir avec sa femme au col du Legal, et depuis, tous les ans, il est un fidèle visiteur, qui lors de quelques éditions nous a fournis en flans, gâteaux énergétiques et même en pain. Un chic garçon qui avait lu mes récits qui l’avaient fait rêver. Compliment suprême quand il dit que l’été il attend deux événements avec impatience : le Tour et la Transe Gaule. Après Narbonne, les 17 derniers kilomètres furent assez laborieux, comme pressenti malgré ma prudence. Je me fis rattraper par Thierry et à nous deux nous refîmes notre retard sur Jean Michel. Le dernier ravito, sauvage, au km62, face au camping, me permit de remplir une dernière fois mes bouteilles et je repartis avec mes deux acolytes. Mais chacun préférant courir à son rythme, l’arrivée étant trop lointaine, je laissai Thierry partir et m’intercalai entre lui et Jean Michel. A 4 km de l’arrivée, je décidai de couper mon effort et de laisser Jean Michel revenir sur moi pour terminer avec lui, s’il était d’accord. Nous avons donc fait la partie sur la piste cyclable ensemble et avons franchi la ligne d’arrivée sur le sable de la plage de Gruissan, main dans la main. 13èmes ex-æquo, en 7h26’ environ, j’étais satisfait d’avoir tenu une bonne moyenne (9,6 environ) ce qui au final me rapproche des 9,3km/h.
    Les embrassades habituelles à l’arrivée, la fierté d’avoir conquis une sixième étoile de finisher, de terminer dans le top 10 (9ème), je ne réalisais pas tout de suite. Maintenant ça allait être l’heure des récompenses puis du repas de Gaulois : qui serait le barde ? Vincent, il le mériterait pour l’ensemble de la fin de sa TG, et peut-être allais-je réaliser que j’allais devoir prendre un rendez-vous chez mon tatoueur et compléter ma constellation.

    A+ Fab****** (et oui, il y en a 6 maintenant !)


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  • CR étape N°1

    Je suis arrivé, en 15ème position avec mon copain Jean Pierre, en 6h43' environ pour 56,7km et tout ça suffit à mon bonheur.

    J'étais tellement inquiet avant le départ, pour mon dos qui me gênait, pour mes éventuels problèmes d'arythmie cardiaque (due sans doute au cumul de stress d'avant grand événement comme celui-là) que ce soir je suis hyper heureux d'avoir bouclé cette étape sans véritables soucis.

    J'avais tellement rêvé d'être là, j'avais récemment tellement cauchemardé de ne pas pouvoir passer le premier virage que plus les km passaient plus je me sentais rassuré.

    Certes, demain sera un autre jour et je peux rapidement déchanter (et déjanter aussi) mais tout ce qui est pris est pris.

    J'ai promené mon petit Clément, petit personnage en rapport avec le projet pédagogique de ma femme et de sa classe de l'école de La Chevrolière. Il a vu du paysage et ne tardera pas à raconter ça aux enfants. Je vous en livre quand même quelques éléments : on a quitté Skagen à 9h après une petite allocution du maire (qui a indiqué qu'il y a un marathon à Skagen le 6 octobre, à bon entendeur salut) et tout de suite nous avons couru sur une piste cyclable d'abord au bord de la route puis au milieu des dunes. Le paysage, un peu lunaire, avec de temps à autres des forêts de résineux, nous a apporté un peu de quiétude et nous a bien préparés à appréhender cette première étape de manière positive. Vers le km 35, le parcours est devenu un peu accidenté et les quelques bosses que nous avons franchies nous ont prouvé que le Danemark n'était pas un plat pays (mais ça je le savais déjà).

    Avec Jean Pierre, nous avons vite trouvé que de courir ensemble nous rassurait l'un comme l'autre et nous avons bavardé, c'est peu de le dire.

    Et le temps et les km ont passé et nous ont rendu la tâche moins difficile. C'est un véritable ami ce gars du sud ouest et je ne sais pas comment aurait été l'étape si j'avais dû la courir tout seul.

    Bien, il est déjà 18h et c'est l'heure de dîner, alors je vous quitte non sans regret car j'aurais eu tant de choses à ajouter mais le temps est compté sur les étapes.

    A demain si vous le voulez bien, en tout cas j'espère avoir une connexion.

     Amitiés à tous ou bisous pour ceux que je connais bien.

     Fab

    CR étape N°2

     

    "Fab il a envoyé du lourd", voilà ce que j'ai entendu aujourd'hui une fois que j'avais pris ma douche et étendu mon linge sans avoir oublié de prendre une petite bière (ou plutôt 2, et comme les allemands ne fournissent que des formats 50cl, et je sais que pour la population des "djeuns" ce n'est pas un bon exemple, mais il faisait soif...).

    Je suis parti dans le groupe des "lents", de ceux qui hier ont terminé après la 8ème place, et rapidement je me suis retrouvé dans les premiers non sans avoir commencé l'étape tranquillement avec mon copain Jean-Pierre. Mais il s'est arrêté pour un "pit stop avec vidange incluse" et j'ai continué pensant qu'il allait me rattraper rapidement. Mais que nenni ! Et moi je me sentais de mieux en mieux et tournais entre 9,5 et 10,5km/h sans forcer et selon le profil de la route. Le Danemark est considéré comme un pays plat, mais hier on a eu plus de 200m de dénivelé positif et aujourd'hui un peu plus de 300m. 

    J'ai vite rattrapé le coureur qui s'était détaché et que j'avais en point de mire (Milan) et donc je me suis retrouvé devant. Les sensations étaient au top, seule ombre dans ma progression : j'étais un peu ennuyé d'avoir fait faux bond à mon camarade de course et je me faisais tout un cinéma comme quoi il allait me reprocher mon ingratitude ou autre chose. Mais j'étais bien dans mon rythme, pas de douleurs, les kilomètres défilaient tout seuls, le temps passait vite jusqu'à Aalborg. La traversée de cette grande ville fut longue et les traversées de rues n'étaient pas faciles avec le respect de la signalisation routière : attendre pour traverser que le petit piéton soit vert, utiliser les passages protégés... habitudes que nous n'avons pas forcément installées en France. Mais, j'ai été chanceux car beaucoup de passages étaient au vert à mon arrivée. 

    Stéphane Pélissier me reprit l'heure de décalage (il est parti à 7h et nous à 6) au ravitaillement au début de la ville (km40) et fila en conservant son rythme de 12km/h. A ce ravitaillement, on nous a proposé de la soupe chaude (ou froide) et je me suis arrêté en pensant que du salé ça allait faire du bien pour le reste de l'étape car le temps commençait à devenir chaud : le soleil avait percé la couverture nuageuse et les dernières heures de course s'annonçaient assez difficiles. Une bonne hydratation était nécessaire et je m'attardais quelques minutes pour boire. Au ravitaillement suivant, en sortie de ville, au km 49, Robert Wimmer (vainqueur de la TransEurope 2003 et 4ème de l'édition 2009, actuellement second au général) me dépassa et je le gardais en point de mire pendant un long moment : bonne idée car j'aurais pu ne pas voir l'entrée du chemin qui nous faisait éviter une route plus longue et en plein soleil. Cette petite portion de chemin, bien rafraîchissante m'a rappelé les footings ou sorties à vélo faits dans le marais poitevin avec Isa ma belle sœur et Pascale ma femme. Un peu de nostalgie des bons  moments d'avant TransEurope ne fait pas de mal et permet de se reconcentrer et de serrer les dents au moment où la fatigue mentale et musculaire se fait sentir. Il restait environ 12km et je me projetais sur un "moins de 7h" pour cette étape de 63,5km. La fin n'était pas très agréable : longue piste cyclable, certes en site propre et donc sans risque de se faire ennuyer par les voitures ou autres véhicules. Quelques cyclistes m'ont quand même dépassés (et eux, ils avertissent en sonnant quand ils nous doublent, pas comme dans certains autres pays dont le mien). La ligne droite précédent l'arrivée dans la ville étape était d'une longueur telle (4,5km) que j'apercevais avec ma vue de lynx le coureur allemand qui m'avait dépassé au ravito d'avant. 

    Après quelques longues minutes sous la chaleur et surtout sous le soleil, j'arrivais enfin aux portes de la ville et après quelques changements de direction je franchissais l'arche d'arrivée en Xème position (3ème mais les 6 autres partis après moi allaient s'intercaler devant, alors j'ai terminé 9ème). Et j'ai gagné le droit de faire la grasse matinée car l'organisateur m'a mis dans le groupe de ceux qui partiront à 7h au lieu de 6h. J'ai l'ai malin maintenant car j'arriverai demain bien après la moitié du peloton je pense.

    Ce n'est pas grave, j'essaierai de ne pas trop flâner en route. Je risque quand même de passer une seconde journée en solitaire.

    Il y aura 65,7km, ce n'est pas la mer à boire.


    Allez, il est 18h on vient de sonner le rappel pour aller dîner. Je vous quitte.

    A demain j'espère.

    Fab 

     

    CR étape N° 3

     

    3ème étape longue de 65,7km, temps gris et frais à souhait. Routes à circulation parfois sans pistes cyclables et donc assez dangereuses quand deux camions se croisaient. 480m de dénivelé, donc il y avait de la côte et en plus j’ai eu la malchance de tomber sur le chien (et sa maîtresse) les plus c… du Danemark : il a failli me mordre et pour l’éviter j’ai failli aller sur la route au moment où des véhicules arrivaient. Voilà le tableau.

    Je suis parti dans le groupe N°1, celui des « moins rapides » suite à ma requête de la veille auprès de l’organisateur, sachant que je ne me sentais pas assez fort pour intégrer le groupe N°2 qui partait une heure après. Vu la météo du jour, j’aurais pu dormir une heure de plus, mais cette heure, je ne l’aurais pas eue après mon arrivée et je n’aurais pas pu faire tout ce que j’avais à faire c'est-à-dire m’installer, laver mon linge, l’étendre, prendre une collation (omelette, pommes de terre et bacon) comme hier et bavarder avec les copains autour d’une bonne mousse.

    Rapidement je me portais en tête de ce groupe avec 5 ou 6 autres coureurs et peu à peu nous avons fait le trou. Je me suis progressivement détaché pour courir à mon rythme et pas à celui des autres. Ma vitesse était quand même moins élevée que celle d’hier et les sensations du matin étaient assez bonnes malgré le ressenti des 120km effectués depuis Skagen.

    Plus le temps et les km passaient, plus je me disais que ça ne servait à rien d’appuyer sur le champignon et qu’une série de 7 ou 8 étapes à plus de 70km nous attendait dès le lendemain. Je me fis d’ailleurs rattraper et dépasser par un coureur norvégien que j’essayais de ne pas perdre de vue pendant la traversée de la ville d’Hobro ce qui est assez réconfortant et évite les hésitations. Nous sommes restés à vue quelques kilomètres puis il s’est détaché progressivement. Les paysages traversés étaient composés de champs cultivés (blé et autres plantes) et, comme depuis le départ de l’extrême nord, les moissonneuses batteuses étaient de sortie. J’ai pu admirer de nombreuses fermes, différentes de celles qu’on rencontre en France, traverser des villages ou des hameaux typiques avec leurs maisons de briques rouges jointoyées de blanc ou d’autres coloris faisant ressortir chaque brique. La route était parfois toute droite et au loin on apercevait des véhicules qui allaient mettre plusieurs minutes à venir nous croiser.

    Je me suis fait reprendre par Stéphane et Robert, partis une heure après, aux alentours du 40ème km, comme hier (pour Stéphane), mais hier j’avais – comme lui – 10 minutes d’avance par rapport à aujourd’hui. Beaucoup sont allés moins vite qu’hier : est-ce le contre coup de la course sous la chaleur qui a déshydraté les organismes ? Est-ce l’accumulation des kilomètres qui a fatigué la majorité des transeuropéens ? Est-ce la route parfois sans espace protégé qui a fait ralentir ? On peut émettre toutes les hypothèses, ça ne changera rien.

    J’ai eu quelques soucis avec mes chaussettes et mes chaussures, croyant qu’il y avait un petit caillou ou un mauvais pli, je me suis arrêté à de nombreuses reprises. Cette perte de temps et la baisse de rythme conséquente ont profité à d’autres coureurs qui m’ont rattrapé. Mais seul un autre norvégien réussira à me distancer. A la fin de l’étape, j’étais encore dans le top 10, content d’en avoir fini.

    Pour demain, de la pluie est annoncée sous forme d’averses entre deux éclaircies. Espérons que ça ne soit pas trop humide et que je ne doive pas mettre le poncho.

    Plus que 61 étapes et « jusqu’ici tout va bien » comme dirait l’autre.

    A demain j’espère pour la suite de mes aventures nordiques. Pour le moment on a de la chance, les hébergements proposent une connexion internet gratuite. Mais un jour on n’aura peut-être pas l’occasion d’envoyer des CR. Alors j’en profite.

    A+Fab

     

    CR étape N°4

     

    Aujourd'hui première étape de plus de 70km d'une série de 8 consécutives si je me souviens bien. 

    Pour marquer le coup, et en plus comme c'était ma fête, on a arrosé ça, enfin on a été arrosés.

    Lever à 4h : il pleut dehors.

    Petit déjeuner à 5h : il pleut toujours dehors.

    Départ à 6h : il pleut encore, alors le poncho est de sortie.

    Pendant les premières heures, ça va tomber modérément, mais je suis bien couvert. Seules les chaussures en prennent un peu et deviennent lourdes.

    Quand ça s'arrête, j'ai bien avancé, je suis encore second de mon peloton, mais les jambes commencent à être lourdes : la pluie n'a jamais été bonne pour des jambes fatiguées.

    Une fois l'eau arrêtée donc, des nuages défilaient et laissaient parfois passer les rayons du soleil.

     

    Les paysages prenaient alors tout leur éclat : j'avais l'impression de traverser tour à tour les Deux Sèvres, la Creuse, l'Allemagne du nord, enfin ce sont les différentes facettes du Danemark dans cette région. Les fermes tous les 500m ou 1km étaient séparées de grands champs de blé, de pommes de terre et progressivement ces cultures ont laissé la place au maïs.

    Ce qui est drôle dans ce pays mais qui ne m'a pas étonné car j'y étais déjà allé, ce sont les petites guérites où les gens peuvent acheter des pommes de terre en laissant 10 KR (1,40€ environ) dans une petite boîte, sans personne pour vérifier. J'ai vu aussi que les livreurs de journaux ne se posent pas de questions existentielles : ils balancent les quotidiens devant les maisons et parfois, j'ai vu des journaux dans les fossés ou sur la route (ça, c'est peut-être le vent qui les y a poussés). Notons que les journaux sont emballés dans des poches plastiques, bien sûr.

     

    Alors, au niveau météo, pour revenir à la course, la pluie continue avait laissé la place à des averses et j'ai joué à un jeu rigolo : essayer d'enfiler le poncho en plein vent surtout quand je me faisais croiser par des camions. Je me suis retrouvé plusieurs fois dans un champ (non, là je blague, mais parfois j'aurais pu décoller tant le souffle des mastodontes me déséquilibrait). On est passé à côté d'une carrière et une vingtaine de camions ont transité pendant mon passage sur cette route.

    Un peu plus loin, là où le parcours était assez vallonné, c'était un tracteur de la DDE locale qui passait une sorte de brosse tournante pour aider l'eau de pluie à s'écouler plus vite et à ne pas raviner les bas côtés, déjà bien ravagés comme ça.

     

    Avec toutes ces péripéties, le temps a passé, les kilomètres aussi, mais avec l'impression qu'ils passaient moins vite que le temps. Plus loin, après m'être arrêté déguster la soupe chaude traditionnelle du poste de ravitaillement N°4 (des fois c'est le N°5) je me suis fait doubler par la tête de course et par un second coureur parti dans mon groupe.

    La fin était difficile, mais je me la suis rendue difficile, je ne vais pas passer mon temps à trouver des excuses sur la météo ou le dénivelé.

    J'ai terminé dans les 10 premiers encore une fois, quelques coureurs ont perdu leur chemin et ont perdu, par là même, du temps. Le fléchage n'était pas évident à suivre pour peu qu'on coure en bavardant (n'est-ce pas JB et JP ?).

     

    Il est 18h, le repas est prévu à 800m à pieds d'ici, et je dois rentrer mon linge avant. Alors je vous dis à demain en souhaitant avoir encore une fois une connexion.

     

    Demain étape de 73km et des brouettes, alors prudence car il reste des kilomètres.

     

    à+Fab

     

    CR étape N°5

    La plus longue pour le moment : 72,2km et de longues lignes droites, un fort vent latéral et pas de pluie sauf quelques gouttes en fin d'étape pas suffisantes pour mouiller le maillot. Deux grandes villes à traverser : Vejle (très connue des footballeurs nantais en raison du camouflet reçu contre cette petite équipe danoise en 72, venue l'emporter à Saupin alors que les nantais caracolaient en tête du championnat de France : imaginez, pour les fans du FCN, c'est comme la défaite du Brésil en 50 pour les supporters brésiliens, mais en pire !) et puis Kolding, grande ville portuaire. 

     

    Reprenons depuis le matin:

    Lever à 4h après une bonne nuit dans la petite salle mise à notre disposition à la place du gymnase occupé jusqu'à 21h par les handballeurs. On était les uns sur les autres (voir photos du 22/08)

    Départ à 6h après tout le rituel du lever, je me retrouve dans un petit groupe de 6 /8 coureurs qui peu à peu s'étire. Arrivé sur la route principale, je suis Neil, le coureur anglais et nous courrons ensemble pendant la première partie de l'étape, du départ à la sortie de Vejle (ravito du km 22). Là, je me suis progressivement détaché, laissant Neil et les deux coureurs nous ayant rattrapés au gré des arrêts aux feux tricolores (Ria Buiten et Eric Derivaz) et j'ai profité d'être en forme pour tailler la route. Cet état de bien-être dura jusqu'à Kolding où la ville et ses différents changements de directions et arrêts aux feux m'ont un peu perturbé. Stéphane m'avait dépassé depuis le km 39, et là, je me fis doubler par Trond et Robert (notons que ces coureurs étaient tous partis une heure après moi). Kolding étant un port, nous y sommes descendus puis il a fallu remonter ce qui fut assez dur. Donc j'ai par la suite accusé le coup et me suis contenté d'une petite allure surtout que les routes étaient faites de longues lignes droites. La piste cyclable était certes moins dangereuse que le bas côté des routes empruntées principalement jusqu'à présent, il n'empêche que le vent fort de côté fut très gênant. Pas de haies pour en atténuer les effets.

    J'ai fini par arriver au bout de 8h27', encore 9ème et 1er du peloton des seconds couteaux, si l'on peut dire.

     

    Les autres français dont je ne parle pas souvent vont relativement bien :

    Stéphane gagne encore une fois.

    Jean Claude a terminé 6ème malgré le temps perdu en fin d'étape en se perdant dans la ville étape.

    Jean Pierre et Jean Benoît finissent ensemble avec Frédéric Borel.

    Les autres après, mais ils semblent aller bien, même si Patrick a un peu souffert dans les lignes droites en plein vent.

     

    Ce soir nous sommes dans un grand complexe sportif, il y a des matches de hand et de basket, mais nous, nous occupons une grande salle de basket et hand très bien insonorisée. On n'est pas les uns sur les autres, c'est déjà ça.

    Demain, l'étape sera longue, 78,5km et nous fera quitter le Danemark pour entrer en Allemagne. L'hébergement se fera sous une grande tente et si besoin certains pourront installer leur tente de camping. Selon la météo, je verrai.

    Y aura-t-il, comme chaque jour au Danemark, une connexion ? Rien n'est moins sûr. Alors peut-être à demain pour le CR, sinon Pascale en rédigera un petit en fonction de mon appel téléphonique.

     

    PS : pour ceux à qui j'ai envoyé des SMS : Orange me fait payer le hors forfait alors je ne vous en envoie plus pour le moment, tout rentrera dans l'ordre en France, dans longtemps et beaucoup de kilomètres.

     

    à+Fab qui va ramasser son linge qu'il espère sec et se coucher.

     

    CR étape N°6 (rédigé au soir de la 7ème ).

    Parce que je n’ai pas de connexion depuis que nous avons quitté le Danemark, j’ai pris du retard dans la rédaction de mes comptes-rendus.

    Ces deux étapes ont aussi en commun d’avoir de gros kilométrages : plus de 78 pour la 6ème (plutôt plus de 79km en réalité à cause d’un changement de lieu d’hébergement) et plus de 74 pour celle d’aujourd’hui.

    Je les ai négociées toutes les deux comme celle d’avant, la 5ème, où je m’étais détaché quelques hectomètres après le départ. Et j’ai tenu un rythme de 9 à 10 km/h afin d’arriver à passer à la 5ème heure les 45km. Bon, à chaque fois j’étais légèrement au-dessous (plutôt 44km que 45) mais je compte dans cette vitesse les arrêts aux ravitaillements. Ma vitesse de course est au début plus proche des 10 à l’heure.

    La 6ème étape, où l’on quittait les locaux de l’école qui nous avait accueillis, démarra sous un temps frais et gris assez plaisant car le risque d’avoir trop chaud était écarté au moins pour les heures de la matinée. Sur les routes, souvent bordées de pistes cyclables au début, le trafic était assez important et quand on a couru sur une voie très fréquentée sans piste cyclable, nous n’avions qu’un petit bas-côté d’un mètre de large au maximum pour évoluer. Nous avons traversé une dernière ville importante au Danemark (Abenra), une ville portuaire, industrielle et balnéaire de fond de fjord, et vers le 57ème km nous avons franchi la frontière. Oh, peu de changements quant au trafic, mais peu à peu le style des habitations se faisait différent bien que souvent dans le même registre : pavillon à un étage dont les murs de briques sont recouverts d’un enduit masquant à peine les briques. Beaucoup de centres commerciaux, de brasseries, d’entrepôts…

    Avant l’arrivée, la dernière partie fut assez fastidieuse, même si le passage à la périphérie de Flensburg s’effectua sur des pistes cyclables et à travers des lotissements. La partie le long de la voie ferrée Hambourg-Danemark était fatigant, sans zones de protection quand se croisaient des véhicules roulant souvent vite.

    J’arrivais 9ème en 9h11’ et mon temps me convenait malgré un dernier tiers d’étape plus que poussif.

    La ligne d’arrivée tant attendue mit du temps à se présenter à nous parce que l’organisation a changé le lieu d’hébergement : couloirs d’une école primaire au lieu d’un barnum dans le camping.

    Une fois de plus on était serrés comme des sardines, mais au moins il n’y aurait pas à risquer de prendre une averse en pleine nuit et de plier la tente mouillée à l’aube.

     

    Le repas fut pris dans les couloirs mêmes où nous allions dormir, et le petit-déjeuner aussi. Un peu spartiates les conditions !

     

    CR de l’étape N° 7.

    Ce matin, le départ fut donné à 6h précises comme d’habitude et après avoir rejoint la route principale, après quelques centaines de mètres nous devions traverser une voie ferrée qui ferma ses barrières scindant alors le peloton en deux. J’avais déjà pris la tête du groupe et je ne fus pas stoppé. Cette étape dans son ensemble était tracée pour suivre les pistes cyclables à quelques exceptions près quand il a fallu prendre un chemin d’exploitation entre des cultures de maïs et dans une zone où éoliennes et lignes à haute tension cohabitaient.

    Ma course fut calquée sur l’étape de la veille, je caracolais en tête jusqu’à ce que Peter, l’homme à la trottinette me dépasse puis c’était au tour de Stéphane, enfin, d’habitude c’était comme ça, car aujourd’hui ce fut Trond le norvégien qui me passa le premier suivi à un demi-kilomètre de Stéphane qui s’était arrêté plus longuement au ravitaillement n°4 de Thomas, celui où l’on peut prendre une soupe chaude ce que je ne manque jamais de faire.

    Par la suite, le tracé de la TransEurope fut interrompu le temps de traverser un canal (Ostsee-Kanal) qui relie la Mer du Nord à la Baltique. Il y avait un bac à prendre et quand j’y suis arrivé, il venait de partir. Le temps de traverser, de revenir puis de repartir sur l’autre rive, il s’était passé 11 minutes. Mais j’étais le seul coureur à bord. Quand je repris la course j’aperçus plusieurs coureurs de l’autre côté qui attendaient que le bac revienne. Si comme pour moi le bac devait attendre que de gros navires passent afin de traverser, mes poursuivants n’allaient pas regagner du temps sur moi, mais s’ils étaient arrivés juste au bon moment, c’était tout bénéfice pour eux. En fait, certains ont gagné du temps, d’autres en ont perdu.

    La suite de l’étape fut difficile, comme prévu, et je terminais avec Henry, Markus et Jean-Claude, tous partis une heure après moi. Temps total : 8h47’ et une place de 7ème de l’étape car deux des coureurs me précédant au classement général se sont blessés et ont fini avec du retard. Du coup je ferai partie du groupe des « rapides » et partirai à 7h : ça me pendait au nez.

    Ce soir ce fut restaurant, à 800m de la salle et demain le petit déjeuner se prendra au même endroit.

     

    Il est 22h, je coupe l’ordinateur et souhaite poster rapidement ces deux CR. Je dois dormir aussi.

    A+Fab

     

    CR étape N°8

    On est dimanche soir, je suis allongé sur mon matelas en attendant qu’on nous appelle pour dîner (18h). J’en profite pour écrire rapidement mon petit CR.

    L’étape N°8 s’est bien passée, je suis parti avec le groupe des 7h et ça fait bizarre de se retrouver en si petit comité pendant une heure, une fois les coureurs de 6h partis. J’ai pu m’allonger sur un gros tapis avant le départ pour me relaxer et j’ai pu prendre mon temps pour me préparer.

    Le départ donné, je me suis retrouvé avec Neil Bryant, l’anglais de Bristol, et rapidement nous avons été distancés par les 6 autres coureurs plus rapides que nous. Nous sommes restés toute l’étape ensemble et avons bavardé en anglais. C’est là que je vois qu’il n’y a qu’en pratiquant sur le tas qu’on progresse. Mon rythme semblait un peu trop rapide à Neil et j’ai donc essayé de ralentir en faisant des pauses marchées afin de maintenir une bonne allure de 9,3km/h. A mi-parcours nous étions toujours sur les bases de 9km/h. Nous avons commencé à doubler la queue de peloton à partir du second ravitaillement et par la suite, nous sommes remontés sur plus de la moitié des coureurs. Il y a eu beaucoup de belles pistes cyclables aujourd’hui avec plusieurs passages en forêt. Nous étions au nord de Hambourg. La population locale était de sortie soit pour aller à une sorte de fête des enfants ou de la famille nombreuse, soit pour faire du sport (vélo, jogging…) soit encore pour effectuer une petite balade dans les nombreux espaces verts et forêts.

    Plus on s’approchait de l’arrivée, moins on rattrapait de coureurs et dans les 5 derniers km nous n’avions plus personne en vue quand soudain à 1500m de la fin de l’étape nous avons reconnu JB, JP et Fred B. Nous n’avons pas cherché à les rejoindre, mais on sentait bien que leur rythme était irrégulier alors que nous nous étions remis à courir sans nous arrêter marcher. J’avais appris à Neil une accommodation personnelle de la méthode dite de Cyrano consistant à courir 15’ puis à marcher 30’, ce que je fais depuis Skagen. Toutes les 45’, je marche un peu plus longtemps (1’) pour grignoter une barre de céréales. Le premier ravitaillement ne propose que des boissons et ce matin le petit déjeuner était loin. Donc sur la fin de l’étape, finie l’alternance et retour à une course régulière (8,5km/h environ). Nous avons terminé avec les trois compères qui ont eu l’idée de ralentir peu avant la ligne. Main dans la main, nous avons essayé de franchir l’arche d’arrivée pas assez large pour 5, mais nous avons été crédités du même temps (enfin, presque parce que Neil et moi avons mis 1h de moins que le trio français parti à 6h.

    Ce soir, j’ai eu un peu de mal à m’organiser et j’ai attendu la publication des résultats pour faire la demande auprès d’Ingo l’organisateur de partir à 6h et pas à 7 comme il avait l’intention de faire. Nous sommes 4 dans ce cas de figure, trop lents pour côtoyer les 6 premiers qui nous ont pris plus d’une heure sur cette étape comme à eu près chaque jour depuis la première étape. Un coureur du top 10 a été contraint à l’abandon souffrant d’une contracture à une cuisse ne lui permettant pas de tenir les délais. Des délais que notre ami Fred G. a frôlé étant retardé par une erreur de route et une forme un peu déclinante. Espérons pour lui que cela s’arrange car vu le menu qui nous attend dès demain, ça risque d’en faire coincer certains : 79km dont les 22 derniers le long du canal de l’Elbe puis 76,9km presque entièrement le long du dit canal puis encore une ou deux à plus de 70. Quand on en sera là, une grosse partie difficile sera passée, mais qu’est-ce qui nous attendra alors ? On verra et prenons d’abord les étapes comme elles se présentent.

     

    A bientôt.

    Fab

     

    CR Etape N°9 :

    Toujours pas de connexion, pourtant nous sommes en Allemagne. En France aussi, les soirs d’étapes on sera à la recherche de la Wifi et on n’en trouvera pas. Moi j’en aurai grâce à mon téléphone portable, mais mon forfait étant limité, je ne pourrai pas en faire profiter beaucoup les copains.

    L’étape la plus longue depuis le départ a donné lieu à 3 abandons : une coureuse (Marie Jeanne n’a pas pris le départ, n’ayant plus l’envie dans la tête et dans le corps de mener l’aventure plus loin), un coureur japonais et Eric Derivaz, parti blessé de Skagen et qui a souffert trop rapidement de blessures dites de compensation sur l’autre jambe. Dommage, le club « France » voit deux de ses membres laisser le reste de la troupe continuer sans eux : ils vont nous manquer.

    Mon étape dont j’ai pris le départ à 6h a commencé comme les précédentes où je suis parti dès l’entame. La traversée des faubourgs de Hambourg m’a permis de creuser un écart conséquent sur le reste du groupe et j’ai tenu le rythme de 9,5km/h jusque vers le km 20 où le temps passé au ravitaillement a fait baisser un peu la moyenne. Dans ma tête, je m’étais fixé d’atteindre le km 45 en 5h (9 de moyenne) et j’y suis presque parvenu, ayant perdu du temps sur le chemin assez technique dans la forêt ainsi qu’aux ravitos.

    Je me suis fat rattraper par Christian Fatton et Neil Bryant (mon camarade de la veille) au 5ème ravitaillement et avec le coureur britannique nous avons continué ensemble comme la veille. Christian, lui, s’était légèrement détaché et conservait 400m d’avance, marge suffisante pour nous devancer de 2 minutes au final. Avec Neil, on a géré la portion d’une vingtaine de km le long du canal de l’Elbe qu’on suivra demain pendant plus de 60km. Nous terminons encore dans les dix premiers, 8èmes ex-æquo.

    J’ai eu le temps de laver et de faire sécher mes affaires, d’aller acheter quelques boissons et petits pains au lait pour grignoter à l’arrivée.

    Demain, journée longue et sans doute usante car le chemin de halage le long du canal est certes bien entretenu, mais recouvert de gravillons très abrasifs pour qui ne lèverait pas assez les pieds sans compter les invités qu’on est obligés de chasser sous peine d’attraper des ampoules.

    Demain, donc, je mets les guêtres. Je pars avec le grand groupe, à 6h.

    Il se fait tard maintenant, je vais enregistrer mon CR. J’espère que je pourrai l’envoyer demain.

    A + Fab 

     

    CR Etape N°10

    Le canal ! J’avais mis tant de fois cette étape dans mes futurs plus mauvais souvenirs que plus on s’en approchait plus je la redoutais et la peur a finalement accouché d’une souris si je peux me permettre l’expression.

    Je suis parti dès le départ sans me poser de questions. J’avais mis les guêtres pour ne pas avoir à m’arrêter toutes les cinq minutes pour retirer les petits graviers de mes chaussures, j’avais rempli mes bouteilles de jus de raisin acheté la veille dans un petit supermarché discount comme il y en a à profusion en Allemagne, j’avais mis ma tenue en mode optimiste, c'est-à-dire sans le poncho, et j’avais placé quelques barres de céréales ou chocolatées dans mon holster et dans mon petit sac banane, avec un MP3 et d’autres bricoles. Mes gris-gris aussi font partie de la panoplie : un petit pistolet en plastique trouvé sur la route lors de ma première Transe Gaule, un petit porte-clés du guide du routard, deux petits mousquetons, mon petit drapeau breton offert par Christophe le responsable du site de Yanoo.net, le tout attaché par un lien à mon holster. Un peu de papier toilette, des lingettes bébé, un petit flacon de gel hydro alcoolique, deux épingles de nourrice…

    La course est partie sur la route et nous avons rejoint le canal de mes rêves au bout de 6km juste après le 1er ravitaillement où je ne remplis ma bouteille que pour compléter les quelques centilitres consommés jusque-là. Un petit passage dans une haie et voici le canal, aussi majestueux que la veille, peut-être encore plus dans la lumière du jour naissant donnant aux nuages une teinte rose rouge. Calme et silencieux je le longeais avec sérénité pensant quand même que d’ici quelques heures j’allais sans doute souffrir, certainement même, mais je voulais profiter au maximum de ce que j’étais venu chercher sur cette course. Le second ravitaillement placé 8,7km après le premier n’était pas encore prêt tellement j’étais allé vite (enfin, vite pour moi et … pour eux) et je pris simplement de quoi remplir ma bouteille. Au troisième ravitaillement, même chose, j’arrivais trop tôt, mais je pus quand même emporter de quoi grignoter (banane, gâteaux au chocolat) et remplir mes bouteilles tout en buvant de l’eau. J’avais creusé un tel écart avec mes poursuivants que je n’osais même pas me retourner pour voir toute l’avance prise. Le ravitaillement suivant, le 4ème, au km 34, me permit de me poser un peu et de déguster une soupe chaude. Je rencontrais des coureurs venus faire la fin de l’étape, à savoir un marathon environ. Je suis reparti prudemment parce qu’on passait une écluse et qu’il fallait monter de 20m environ sur une courte distance puis une fois retourné le long du canal j’envoyais une nouvelle fois la sauce. Cet état de forme allait durer hélas trop peu de temps et au ravitaillement suivant, j’avais déjà commencé à ralentir. Entre-temps, Stéphane m’avait dépassé suivi de peu par Peter, l’homme à la trottinette, et en me retournant, je ne vis que les trois coureurs invités. La suite du parcours le long du canal fut assez fastidieuse. Les graviers parfois assez gros me gênaient considérablement m’obligeant à lever les pieds un peu plus hauts ce qui est fatigant à la longue. Un peu de pluie vint trouver ma chevauchée, mais elle cessa avant de devenir trop handicapante.

    Le temps passé sur le canal me permit de constater que le trafic des péniches est assez soutenu et que de nombreux ponts permettent de le franchir. Les trois derniers ravitaillements étaient très espacés : 12,6km entre le 5ème et le 6ème, plus de 10km entre le 6ème et le dernier et une fois celui-ci passé, il restait quand même plus de 11km. On devait sortir du canal à 1km environ de l’arrivée, Mais j’eus la surprise de voir un panneau nous disant de prendre des escaliers pour prendre un pont et finir les 3,5 derniers km sur de la route, du vrai bitume. Je jetais un coup d’œil lors du passage sur le pont pour vérifier que personne ne me suivait de près ni de loin. Je finis donc mon étape tranquille, plus d’une heure après les 6 premiers, mais je terminais quand même 7ème, c’est dire le fossé qu’il y a entre eux et nous autres du peloton des seconds couteaux.

    Après l’arrivée je pus constater l’accueil chaleureux des gens de Stüde, mais aussi voir que le local d’hébergement était tout petit, déjà aux trois-quarts rempli (par les japonais et les 6 premiers) et je trouvais quand même une place pour m’installer. J’allais prendre ma douche froide sous une tente type militaire, je lavais mon linge et l’étendais, le rituel habituel.

    Mes copains JB et JP sont arrivés plus tard et je leur offrais une bière et une Bratwurst pour les requinquer. Quelques bières et saucisses plus tard, je leur ai montré le lieu d’hébergement et les douches.

    L’heure du dîner arriva vite et après deux assiettes de goulasch sans légumes ni féculents nous sommes retournés dans la salle afin de préparer les affaires pour demain.

    Maintenant que tout est prêt, je tombe de sommeil alors qu’il n’est que 20h30. Je vous laisse et espère pouvoir poster ce CR le plus tôt possible.

    A+Fab

     

    CR Etape 11

    A l’heure où vous lirez ces lignes, plusieurs étapes seront déroulées, je pense, car au vu de la première semaine en Allemagne, nous n’avons toujours pas la possibilité de nous connecter. Certes, le gymnase qui nous accueille ce soir est encore vaste, la nourriture suffisante et bonne, typique de la région, le temps, beau, nous permettant de rester se détendre sur la partie en herbe ayant servi d’arrivée.

    Ce matin, il faisait bon à 6h, après un petit déjeuner copieux, j’avais de bonnes sensations et décidé de mettre mon MP3 « spécial Tupac » pour me faire les 20 bornes sur le canal comme si ce n’était qu’un petit footing du dimanche matin.

    Ce canal, que nous ne reverrons plus, il fallait en profiter, et c’est ce que j’ai fait. Je suis encore parti devant mais je n’ai pas réussi à creuser un écart suffisant sur certains de mes poursuivants car il y avait plusieurs coureurs dits d’étape qui s’étaient inscrits, et ça, c’est assez déstabilisant car ils courent en bavardant, sont frais et vont un peu plus vite pour certains. Quand on sent quelqu’un derrière soi, c’est assez pénible surtout quand on ne veut pas se retourner pour voir qui c’est. Avec Neil, l’anglais, nous avons fait une partie du canal ensemble et avons laissé ces coureurs d’un jour nous devancer, car ils nous auraient emmenés sur un faux rythme.

    A la sortie du canal, j’étais toujours avec l’anglais, et nous sommes restés plus ou moins ensemble, avec Ambros l’autrichien.

    Cette étape comportait deux parties distinctes : la première avec donc le canal brumeux et ses péniches et oiseaux apparaissant au petit matin au détour d’une courbe ou au moment où la brume se levait, avec aussi ses petites routes de campagne menant d’un village à peine réveillé à un autre.

    La seconde partie, beaucoup moins plaisante, nous fit emprunter des routes à circulation, parfois, souvent même, sans piste cyclable et comme le soleil était devenu plus fort, ces routes ne présentaient pas toujours des portions ombragées. Ce maillage de routes devait nous faire passer au-dessus d’autoroutes, de lignes de chemin de fer, de canaux… A la sortie d’une ville, le passage à niveau s’est baissé au moment où nous nous en approchions : nous avons dû patienter 5 minutes pour que les deux trains express passent. Personne n’a osé risquer sa vie à transgresser bêtement le règlement et à passer sous les barrières.

    Certains coureurs avaient profité de l’occasion pour recoller au binôme que Neil et moi formions. A partir de ce moment, j’ai un peu coincé, ne parvenant plus à maintenir une cadence minimale pour rester dans le sillage de mon compagnon qui se détachait peu à peu, et ce ne sont pas les deux derniers ravitaillements qui ont pu me le permettre.

    J’ai fini l’étape un peu fatigué comme tous les autres jours, quelques minutes derrière Neil, autant de temps devant l’autrichien, mais avec encore une belle avance sur les suivants.

    Après la course, les rituels de l’installation, de la douche, de la lessive et de la collation m’ont pris un long moment, mais je pus trouver quand même un moment pour me reposer, tant physiquement que mentalement. Ce soir, je suis prêt à affronter l’étape de demain longue de 76km avec quelques reliefs : nous attaquons les monts du Hardt avec des passages au-dessus de 700m.

    Je vous laisse, je vais dormir.

    A+Fab

     

    CR Etape N° 12

    Jusqu’alors, nous n’avions pas eu de véritables côtes, quelques variations de relief au Danemark, quelques unes plus modeste en Allemagne, mais aujourd’hui nous avons rencontré de vraies bonnes montées, certes pas alpines, mais de quoi faire ralentir l’allure.

    Dès le départ, d’ailleurs, le parcours commençait à s’élever et je suis parti sur un rythme tranquille mais efficace de telle manière que plus personne n’était à vue après une bonne demi-heure de route. Au premier ravitaillement, au bout d’une longue ligne droite, je pus m’apercevoir que personne derrière moi n’était en vue. Ingo, présent à ce poste de ravitaillement pour superviser le travail des bénévoles me chambra un peu en me disant que j’allais trop vite. Du 9,5km/h de moyenne pourtant, c’est mon allure de départ habituelle. Je l’ai maintenue encore quelques kilomètres pour atteindre le second ravitaillement où je pris le temps de manger un peu et de refaire le plein de ma bouteille. Les kilomètres défilaient, le paysage était sympa, il n’y avait par contre pas trop de pistes cyclables mais les automobiles n’étaient pas encore très nombreuses. Plus on avançait, plus les collines se faisaient proches et le ciel s’assombrissait de plus en plus. Il a plu, au début quelques gouttes éparses qui au fil du temps se sont transformées en véritable pluie qui trempe. Donc je sortis mon poncho que j’enfilai pour poursuivre mon périple vers les reliefs du Hardt. Comme toujours après 4 ou 5 heures de course, je commençais à ressentir les prémices d’une baisse de régime. Je me trouvais en pleine campagne, slalomant le long d’une voie ferrée sur la quelle un mignon petit train rouge et blanc circulait de manière assez régulière. Ce doit être comme un omnibus qui dessert les villages des alentours. Stéphane me rattrapa et me dépassa ce qui me rassura quelque peu, j’avais cru un moment avoir raté un embranchement et m’être égaré. Une petite flèche rouge me redonna du courage car me confortant sur mon choix de route. Parfois il y a de ces grands moments de solitude où simplement un rappel de fléchage peut vous redonner du peps.

    Je finis l’étape un peu éreinté, ne m’étant fait dépasser que par 4 des 7 coureurs partis une heure après moi. Au final, je suis 7ème en 8h52’05.

    Quelqu’un vient de couper le courant dans la salle, il est 21h, alors je vous quitte.

    Demain je pars à 7h, c’est la rançon de la course en tête.

    A+Fab

     

    CR Etape N° 13

    Ça commence à bien faire les patelins en campagne sans zone pour se connecter ! J’écris ça, mais je n’ai rien contre ces petits villages. On a tellement vécu dans le luxe au Danemark et on s’est tellement rendus esclave de l’internet que là, après plus d’une semaine de dur labeur on aimerait bien pouvoir donner des nouvelles un peu plus détaillées que les SMS laconiques car très coûteux (merci mon opérateur, et les autres, d’être aussi ringards et de ne pas proposer des forfaits européens. On est en Europe ou quoi ? Mais il y a tellement de sous à brasser sur le dos des vaches à lait que nous sommes.)

    Bon, je reviens à la course.

    Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur et l’avantage de partir à 7h, avec les 6 premiers du classement général et des étapes en général. J’ai bien aimé, je me suis retrouvé seul ou presque, comme si j’étais dans l’autre groupe, à cette différence près que les 6 avaient pris la poudre d’escampette. Enfin, plus exactement, 5 des 6 car Jean Claude est parti prudemment et je l’ai suivi lui demandant si ça le gênait que je reste derrière lui. Peter, avec sa trottinette, aussi est parti lentement, il souffre un peu en début d’étape et le profil des premiers kilomètres n’étaient pas pour lui donner possibilité de se lancer. En effet, dès que ça monte, il a du mal à patiner.

    Au premier ravitaillement, j’étais sur des bases identiques à celles que je suis d’habitude, idem au second. Cette étape fut très vallonnée et parfois certaines montées entre 10 et 15% m’obligeaient à marcher quand l’alternance course-marche m’était difficile. Dans les descentes, je pouvais me lâcher un peu et combler le différentiel de vitesse pour redonner à ma moyenne un niveau « normal ».

    J’ai commencé à rattraper des coureurs partis une heure avant moi après seulement à peine 18km, puis au fur et à mesure, j’en ai dépassé d’autres jusqu’au moment où il s’écoulait de plus en plus de temps pour rattraper ceux plus en avant. J’ai dépassé Jean Pierre mon camarade de la première étape qui avait un jour sans trop d’énergie. Les paysages étaient beaux et variés : campagne vallonnée, grands champs cultivés et moissonnés, forêts de résineux ou d’autres essences. Peu de véhicules, mais en raison de l’étroitesse des routes et de l’absence de pistes cyclables sur notre étape, il fallait quand même se méfier. Parfois, c’était comme si les voitures ou les camions avaient décidé de se croiser juste au moment où je passais. Donc direction la bande herbeuse et un petit signe gentil (oui, j’ai bien dit gentil) de la main. Systématiquement quand je croise quelqu’un, je fais un signe de la main et souvent le conducteur me répond de la même façon.

    Plus l’étape avançait, plus je ressentais un peu de fatigue et j’avais hâte que cela se finisse. Mais je dois reconnaître que j’en suis encore au stade où d’être là est un véritable plaisir. Je sais pourquoi je cours : pour tous ces moments magiques de la course et de l’après course.

    J’ai fini à la 6ème place, Jean Claude n’ayant pu revenir sur moi en fin d’étape et ceux qui étaient partis à 6h n’ont pas pu cette fois bénéficier de « l’aspiration » provoquée par mes départs rapides. Je plaisante, mais je sais qu’il est plus facile de courir avec quelqu’un en vue devant que poursuivi par un groupe qui donne l’impression d’attendre que vous soyez dans le dur pour vous dévorer tout cru et vous laisser sur place.

    Mes copains sont bien arrivés, en tout cas en assez bon état, plus moral que physique pour certains et inversement pour d’autres, mais leur force réside dans le fait de ne rien laisser transparaître, de ne jamais chouiner. Bravo les gars.

     

    Bon, je dois me coucher car les lumières vont s’éteindre bientôt.

    A+ Fab

     

    CR 14ème étape.

    La plus courte depuis plus d’une semaine devait permettre de bénéficier d’un peu plus de temps de repos. Ça a été le cas, et l’étape s’est à peu près bien passée sauf que j’ai souffert d’ennuis gastriques à deux reprises pendant la course. Mon organisme ne doit plus supporter de boire des quantités importantes de jus de pomme et sans doute qu’une certaine fatigue s’est installée au niveau intestinal.

    Le fait que l’étape ait été plate n’a pas contribué à me permettre de conserver une bonne moyenne. Certes, celle de ce jour, si l’on décompte les deux longs arrêts techniques, aurait été ma meilleure depuis le départ, mais je n’ai pas eu la sensation de facilité que j’avais espérée. Peut-être suis-je un peu trop optimiste, voire inconscient de vouloir jouer le chrono, mais au bout d’un moment, et c’est habituel chez moi, il me faut ma dose de piment, de risque mais pas inconsidéré.

    Je n’ai pas de bobos, pas de douleurs hormis celles dues à l’accumulation des km, mais ce ne sont pas des tendinites ni des inflammations. Je n’ai aucune ampoule et les seuls véritables dommages concernent les frottements des vêtements que je traite avec de la pommade spéciale.

    Je finis cette étape avec un autre coureur français.

    La soirée au restaurant fut sympa, la salle d’hébergement très petite et envahie par les mouches.

    A+Fab

     

    CR 15ème étape.

    Et bien à l’heure où je rédige ce CR je peux dire que j’ai vécu une journée extra et surtout très inattendue.

    D’abord, la nuit dernière je n’ai pratiquement pas dormi d’abord en raison de ma gastro (3 levers en pleine nuit), parce qu’aussi mon matelas est percé et que je me suis rapidement retrouvé à même le sol et enfin, comble de l’horreur, des centaines de mouches avaient envahi notre hébergement. Elles venaient se poser sur mes jambes ou sur mon visage, alors je me suis emmitouflé dans mon duvet et j’ai enfilé mon bonnet en plus de mon masque de relaxation pour faire le noir. Au réveil, si l’on peut dire, je suis retourné plusieurs fois aux toilettes et au moment du départ, je n’en menais pas large, craignant la baisse de régime au bout de quelques km.

    Je faisais partie du groupe des 6h, le plus nombreux, et au moment du départ un épais brouillard envahissait la nuit. Je démarrai tout de suite devant accompagné d’Ambros, l’autrichien, et nous nous sommes vite détachés. Mes impressions étaient positives, pas de mal au ventre, les jambes semblaient avoir assez de force pour me mener sur du 9,5km/h et le début du parcours sur une piste cyclable fut assez facile à suivre malgré l’obscurité. Les deux premiers ravitaillements passés, toujours en compagnie de l’autrichien, le jour était bien levé et le brouillard se dissipait peu à peu nous permettant de constater que ceux qui nous suivaient étaient hors de vue.

    Nous sommes arrivés vers le 20ème km sur le parcours du semi-marathon de Fulda, organisé ce jour, et de voir les panneaux kilométriques à partir du km10 défiler lentement avait de quoi casser l’ambiance. Or il n’en fut point ainsi et au fur et à mesure que nous approchions de Fulda plus nous commencions à voir de l’animation.

    Il se produisit alors quelque chose d’exceptionnel vers la borne 17 du semi : un peloton énorme composé d’une majorité d’enfants souvent accompagnés par des adultes emprunta notre itinéraire et pendant une dizaine de minutes je courus avec, et dans, ce peloton, devant zigzaguer à de nombreuses reprises pour éviter les enfants qui marchaient ou qui changeaient brusquement de trajectoire. Je me demandais alors si j’allais réussir à suivre notre fléchage spécial et après quelques hésitations je le retrouvais : il nous menait directement sur le stade où avait lieu l’arrivée des courses d’enfants. Je me demandais si j’étais bien là où il fallait, j’hésitais, j’aperçu Ambros bloqué derrière des ganivelles qui ne savait pas où il fallait continuer. Un membre de la TransEurope m’aperçut et me dit qu’il fallait que je fasse un tour de piste avant de ressortir et de continuer ma route. J’ai fait un 400m ! Avec les petits ! Mais quand j’en eus fini, je ne savais pas par où ressortir. Une personne m’attrapa par le bras pour me guider et je pus enfin sortir de cet événement sportif (2300 coureurs) et poursuivre mon aventure vers Gibraltar.

    Je rattrapais l’autrichien et nous avons refait route commune pendant que le parcours était plat. Par la suite, nous avons retrouvé la route et c’est à ce moment que je décidai de prendre les devants et de ne plus les lâcher. Rapidement mon compagnon de route ne put suivre et je me retrouvai enfin en solo, ce que je préfère quand j’ai les jambes. Quelques moments de doute concernant mon estomac dérangé, mais vite passés, sans doute parce que je ne buvais que du cola dilué dans de l’eau. Je pris aussi plusieurs petits toasts et gâteaux pour m’alimenter et éviter un éventuel coup de pompe.

    Stéphane me rattrapa plus tard que d’habitude (km 43) et j’étais au-dessus des 9km/h de moyenne depuis le départ. Une longue montée suivie d’une aussi longue descente ont fait remonter ma moyenne qui à chaque ravitaillement descend un peu (1’30 à 4’ d’arrêt en moyenne selon de type de poste). Je me fis dépasser par trois autres coureurs du top 6 et sur la fin, Christian Fatton, l’international suisse, me dépassa au gré d’un ravitaillement moins long. Il prit 50m d’avance et le connaissant, je savais qu’il ne lâcherait pas l’affaire. Donc par prudence et économie pour les jours à venir, j’optais pour un suivi de loin, d’autant plus qu’il ne restait que 7km à faire.

    Je finis content d’avoir « survécu » à ce que je croyais être une étape galère et je me contente de ma 7ème place à plus de 9km/h de moyenne, soit ma meilleure depuis Skagen.

    Nous sommes installés dans une belle salle et le seul bémol est que les douches sont froides.

    18h, c’est l’heure de dîner.

    A+

     

    CR 16ème étape

    Départ à 6h dans la nuit sous un pâle éclairage lunaire, j’avais pris une lampe de poche pour ne pas rater les changements de direction et prendre rapidement mon rythme de course.

    Après seulement 500m, je m’aperçus qu’il faisait moins frais que prévu et que ma tenue avec mes manchons aux bras, mes gants et mon buff allait s’avérer très vite inutile. De plus, c’est à ce moment que j’ai vu ce qui nous attendait : 2km de montée indiquée à 16% ! Je me résolus rapidement à stopper la course et à adopter une marche rapide ce qui me permit de creuser l’écart sur mes poursuivants sauf sur mon copain de voyage, Fred Gallais, qui est un véritable chamois. Une fois arrivé au sommet de la côte je repris la tête et profitai de la descente pour redonner à ma moyenne une valeur « digne » de mes dernières sorties. Une longue et très sérieuse descente m’attendait par la suite et c’est l’instant que je choisis pour m’arrêter faire une pause technique. Jean Benoît en profita pour prendre la tête du peloton des « 6h ». Je le rattrapai en quelques hectomètres et nous avons fini la descente infernale en marchant pour ne pas nous abîmer les releveurs. L’autrichien, le même qu’hier, ne se posa pas de questions et prit les devants. Une fois le profil du parcours redevenu correct, ni trop plat, ni trop pentu, je le rejoignis et le passai. De nouveau en tête, j’accélérai encore et passai tous les postes de ravitaillement en premier. Ce n’est qu’après le 4ème ravitaillement que Stéphane me dépassa puis Henry peu après le 5ème.

    Il commençait à faire chaud et l’ombre se faisait plus rare, alors que jusqu’à présent nous avions eu des lisières de forêts et de belles haies pour nous protéger du soleil. Il y avait du vent, relativement doux, pas trop chaud qui me rafraîchissait car ma tenue était trempée de sueur. Mais plus on avançait, moins la sensation de fraîcheur était réelle et j’espérais trouver aux ravitaillements des seaux d’eau pour y tremper ma casquette.

    La fin d’étape fut difficile et je ne pus conserver mon allure de « table de 9 » : 45ème km en 5h, 54ème km en 6h… je suis légèrement redescendu sous le « neufaleur » mon vieux pote de la dernière TEFR et de certaines Transe Gaule.

    Je finis l’étape fatigué, mais avec une bonne fatigue, de celle qui s’estompe vite. C’était plus mental que physique même si j’ai mal aux jambes. C’est normal, en un quart de la TransEurope on a couru autant que sur les 18 étapes de la Transe Gaule.

    Ce matin avant le départ, le groupe des français s’est réuni pour faire la photo des 1000km franchis hier vers le km 13 de l’étape, un peu avant Fulda.

    C’est tout pour aujourd’hui, je vais dormir car demain il y a encore une longue étape (73km) qu’il faudra négocier sans trop de peine puis viendra ensuite une petite série d’étapes au kilométrage décroissant.

    A+Fab

     

    CR 17ème étape

    73km de prévus pour cette dernière longue étape avant une petite série régénératrice de 4 étapes inférieures à 70km.

    La météo fut très agréable, il faisait bon quand on est partis, je n’avais pas pris de gants ni de manchons et seule ma lampe de poche était de sortie, vite devenue inutile dans l’aube naissante sous un beau ciel clair.

    Je démarrai une fois de plus avec Ambros en tête et nous avons ouvert la voie pour les autres coureurs qui n’avaient pas à se demander par où il fallait passer dans la ville encore endormie. Nous avons emprunté quelques rues piétonnes et pavées, le long de l’église et d’échoppes encore fermées tout en nous posant la question de savoir si nous étions sur le bon itinéraire. Heureusement le fléchage nous conforta dans notre cheminement et bien vite nous sortîmes de la ville pour progresser sur une belle piste cyclable qui serpentait à travers les champs.

    Christian Fatton et Jean Benoît se portèrent à notre hauteur et bientôt nous ne fûmes plus que tous les quatre à tailler la route loin devant les autres. Avec JB, nous avons discuté et laissé le Suisse prendre les devants tout en le gardant à vue. Au 1er ravitaillement, il accentua son avance, ne s’attardant que quelques secondes tandis que JB et moi prenions tout notre temps pour refaire le plein en eau et coca.

    L’autrichien en profitait aussi pour recoller. Les premières heures se déroulèrent comme cela et il fallut un passage à niveau pour que le Suisse prenne vraiment de l’avance : il est passé une minute avant JB et moi qui nous retrouvâmes bloqués par un train. Ambros, l’autrichien revint sur nous par la même occasion.

    Nous avons couru ensemble avec JB jusqu’au ravitaillement N° 4 (km 42) et là, comme il restait plus longtemps que moi, je repartis quelques minutes avant lui et je me retrouvai seul au pied d’une belle bosse. Une fois au sommet, je continuai mon effort et accélérai pour essayer de remonter sur Christian, mais il avait trop d’avance et je me contentai alors de gérer ma course. Je suis arrivé dans une ville où une longue descente indiquée à 20% allait me contraindre à marcher afin de ne pas mettre en péril mes releveurs. La traversée de cette ville importante ne fut pas aisée en raison de travaux qui masquaient le fléchage, mais je réussis à m’en extirper et à rejoindre la campagne plus calme et rassurante.

    Le soleil était là, la chaleur modérée à cause d’un petit vent agréable faisait que je prenais du plaisir à accélérer un peu sur les parties plates et à gérer les côtes et les descentes comme je le souhaitais. Pas de douleurs, la seule interrogation concernait la distance entre les postes de ravitaillement habituellement comprise entre 8 et 10 km mais qui aujourd’hui faisait de 10 à presque 12 km. J’avais soif, mais possédais de l’eau et du coca dilué en quantité suffisante pour atteindre le poste suivant.

    Je trouvais des fontaines pour mouiller ma casquette et en repartais à chaque fois ravigoté.

    La fin d’étape proposait une belle montée d’1 km et demi avant une redescente de 3 km ce qui me rendit la fin moins pénible que dans d’autres cas. Je finis 7ème, à plus de 10 min du Suisse et devant JB et l’Autrichien de 2 ou 3 minutes.

    Ce soir nous sommes hébergés dans une chapelle rénovée et maintenant, les lumières venant de s’éteindre, je suis contraint d’abréger mon CR.

    A+Fab

     

    CR 18ème étape

    En nombre de jours de course, aujourd’hui nous avons fait l’équivalent d’une Transe Gaule, mais en réalité nous avons effectué près de 130km de plus.

    Aujourd’hui, l’étape avait une longueur de 65,2km, soit juste au-dessus du kilométrage moyen, mais ce fut une des plus difficiles sinon la plus difficile depuis Skagen. Il y a eu beaucoup de dénivelé avec de grosses bosses à passer proposant des pourcentages allant de 12 à 20%.

    La première se présenta quelques hectomètres après le départ et une fois que j’avais jaugé mes camarades de course et leur forme, je décidais d’accélérer brusquement dans cette forte montée. Je lâchais tout le monde et m’envolais vers le sommet dans l’obscurité car nous étions rentrés dans une forêt. Je ne me suis pas trop posé de questions quant à l’itinéraire à suivre : je ne voyais pas les flèches et elles devaient être rares de toute façon. Dans la descente qui suivit, je remis les gaz et arrivai dans une vallée sur une piste cyclable et au détour d’un franchissement de pont ou lors d’une bifurcation, je me rendis compte que seul un coureur me suivait, de loin.

    Au 1er ravitaillement, j’avais de l’avance telle que lors que j’en repartis 50 secondes après, personne ne pointait ses runnings.

    Je dus faire une pause dans les bois, 5 bonnes minutes au total, et j’aperçus Christian Fatton, le coureur suisse accompagné d’un coureur d’étapes qui n’avait commencé à courir qu’à partir du 10ème km, passer. Ils ne m’avaient pas vu et j’ai appris plus tard qu’ils se sont mis à accélérer pour essayer de me rattraper sans savoir que j’étais derrière eux. Jean Benoît et Eilolf le coureur norvégien me cueillirent au moment où je sortais des bois et nous fîmes route commune jusqu’au 4ème ravitaillement, en restant plus ou moins au contact selon les côtes et les descentes qu’il fallait négocier.

    Le norvégien plus à l’aise depuis que ses blessures se résorbent avançait trop vite pour moi et je ne cherchais pas à revenir sur lui une fois qu’il s’était détaché.

    Avec JB, nous nous sommes quittés au ravitaillement n°4 où il prit plus de temps de pause que moi. Là, le profil du parcours redevint humain et je pouvais envoyer la sauce.

    J’ai poursuivi sur une allure de 9,5 à 10km/h jusqu’au dernier ravitaillement en pleine agglomération d’une ville importante (Heilbronn). Après, je devais chercher les flèches et faire attention aux sorties d’usines et autres entreprises. Je finis par arriver avec la joie de constater que l’étape s’était bien passée.

    Christian me prend 20’ et le norvégien 10’, mais je ne cours pas pour les battre, je cours pour me faire plaisir même si mon mental veut ou fait que j’aime bien faire une bonne place au classement quotidien.

     

    A+Fab

     

    CR 19ème étape : petite étape nerveuse.

    Déjà 2 semaines sans connexion internet et j’ai survécu ! Par les temps qui courent, eux aussi ils ont le droit de courir (les temps), c’est rare de pouvoir s’affranchir de l’outil in-dis-pen-sa-ble à la survie de toute l’espèce humaine.

    Bon, je démarre ce CR comme j’ai démarré l’étape ce matin : avec plein de malice et je peux dire que le résultat final a été positif.

    Parti à 6h, dans l’obscurité dans laquelle on devinait quand même le parcours, je suis resté un peu plus longtemps que d’habitude avec mon groupe. Mais au bout d’un kilomètre, l’appel du large se fit sentir et j’accélérai, d’abord en douceur pour ne surprendre personne sur cette petite piste cyclable au calme loin des bruits de circulation. Ensuite, je passai la seconde et me détachai vraiment, laissant les copains à quelques encablures. La fin de la voie tranquille fut brusque et je me retrouvai sur une route avec de la circulation. Les gens partaient bosser, les pôvres, et certains étaient un peu nerveux au volant d’où le titre de ce CR. Pendant un trop long moment je suis resté très attentif afin de ne pas me faire toucher par un rétroviseur d’un véhicule arrivant en face de moi lorsque le bas-côté ne me permettait pas de plonger dans le maïs ou autre champ. J’ai survécu, comme le reste des coureurs je précise, mais j’étais content d’avoir pris la tête de la course (et celle des automobilistes un peu fadas) car je n’avais personne devant moi qui m’aurait masqué l’arrivée trop rapide d’une BMW ou autre Audi.

    Aux ravitaillements, je me suis aperçu que je n’avais creusé qu’un petit trou sur la concurrence, à peine assez grand pour quitter chaque ravitaillement sans que mes poursuivants ne me voient. Mais je me faisais plaisir à courir à 10 km/h voire plus et ma moyenne était proche de 10 si l’on compte le temps passé à remplir ma bouteille et à grignoter. J’ai aussi conservé mon alternance course-marche de 15’ courues pour 30 secondes marchées, ça me permettait de récupérer et de penser à boire mon mélange 2/3 coca 1/3 eau. Fini le jus de pommes qui donne des maux de ventre !

    L’étape, mine de rien n’était pas si plate que ça : 700m environ de dénivelé positif, mais délayés sur l’ensemble de l’itinéraire contrairement à hier. C’est passé même si les bosses de la dernière partie furent moins faciles à appréhender. Christian Fatton qui était resté derrière toute la journée me rattrapa à la faveur de ravitaillements plus brefs que les miens et maintenait son avance dans les côtes qui lui font moins mal que les descentes où je lui reprends un peu de temps d’habitude.

    Sur la fin, je déroulais et le laissais prendre un peu d’avance sans chercher à revenir. Nous avons eu une belle dernière montée, à 15% au moins pour finir et s’il n’y avait eu Daniel qui prenait des photos, je crois que j’aurais marché.

    Je finis 7ème de l’étape en 6h45’. Mission accomplie avant les deux courtes étapes (58km chacune) qui viennent et le gros morceau kilométrique qui s’annonce (74,5/82,6/79,5) tout comme notre entrée en France, dès lundi. Là, j’aurai de la connexion !

    Ce soir, Philippe Grizard nous quitte, il a abandonné ce matin après une douzaine de km. Il reviendra sur la course vers le 17 septembre.

    A+Fab

     

    CR étape 20 : les tontons flingueurs.

    Courte étape. Beau temps très frais au départ (8°). Silence bucolique des premiers kilomètres effectués sur une piste cyclable puis dans un chemin forestier. Allure prudente dès le départ, pas encore bien réveillé…

    Rien ne présageait une étape rapide, sinon qu’en tête du groupe des « 6h » nous nous retrouvions encore tous les quatre ensemble, Ambros, Christian, Jean Benoît et moi-même, suivis de très près par Eilolf puis les autres coureurs qui s’égrainaient sur le parcours.

    Mais JB avait décidé de se faire plaisir et accéléra peu à peu nous laissant nous faire distancer avec un pic de 2’30 à un moment donné. Au gré des ravitaillements et des arrêts « techniques », notre groupe de quatre changeait de leader, mais JB reprenait à chaque fois les devants. Les traversées de villes ou de grands carrefours peuvent aussi créer quelques écarts selon qu’on se repère facilement ou non, selon que l’on a du trafic ou de la chance avec un passage entre deux flots de véhicules. A ce petit jeu, je ne suis pas trop mauvais et je me retrouvais avec JB, comptant une avance substantielle sur les copains. Nous avons alors évoqué l’état d’euphorie que procure le fait de mener et nous avons pris quelques relais pour accélérer le tempo. Risqué ? Inconscience ? Non, tout simplement le plaisir de courir et de survoler le bitume ou le gravier des chemins. Cette ivresse non pas des cimes mais de la tête de course dura quelques minutes jusqu’à ce que quelques petites bosses viennent nous rappeler qu’il y avait encore plus de 40 étapes à faire.

    Retour à la normale donc, et rythme un peu moins soutenu, avec le bonheur d’avoir vécu ce petit quart d’heure de folie. Christian nous rattrapa et nous dépassa encore à la faveur d’un ravitaillement où il ne perd quasiment pas de temps contrairement à nous qui prenons le temps de boire et de manger. Eilolf aussi nous rejoignit et nous laissa finir notre soupe ou nos gâteaux en nous laissant sur place. Bon, nous revoilà tous les deux à battre la campagne et en se disant qu’on avait été fous de prendre des risques. Sur la fin, à 5 ou 6 km du but, nous avons passé la rivière Neckar et une longue montée se présenta. Je la commençai en ayant encore de bonnes jambes, mais quand la pente se durcit, je me mis à ralentir et à alterner course et marche tout en ahanant (style Fab pour ceux qui m’ont déjà supporté) JB restait derrière en embuscade tout en se marrant de m’entendre parfois parler tout seul (j’avais le MP3 sur les oreilles et essayais sans doute de chanter ou de répéter les paroles des chansons que j’écoutais). Soudain, Stéphane apparut et aussi soudainement nous laissa sur place. Peu de temps après, ce fut Trond, le Norvégien, qui arriva moins vite et JB en profita pour prendre l’aspiration et le suivre. Je mis quelques secondes avant de réagir et 50m avant de me rendre compte que le duo allait trop vite pour moi. Tant pis, je les laissai filer. Arrivé chez Ingo, la ville de Horb Am Neckar, une dernière furieuse montée m’attendait et ce fut un soulagement quand je franchis l’arche d’arrivée en un peu plus de 6h (moyenne proche de 9,5).

    Nous fûmes bien accueillis juste en face de l’Hôtel de ville et j’en profitai pour me désaltérer d’un grand panaché à la limonade non sucrée et pour me sustenter de deux Bratwurst avec petit pain et moutarde. Je me fis aussi un petit dessert en achetant un gâteau. 1h et demie après je rejoins le gymnase où j’avais le temps devant moi pour me reposer et préparer la suite de la course.

    Demain, 58km encore qui nous rapprocheront encore un peu plus de la France mais aussi des trois longues étapes de dimanche, lundi et mardi. Mais ça, ça sera une autre histoire, savourons chacune des journées les unes après les autres.

    A+Fab

    CR étape 21 : « Il voyage en solitaire » ou « Il est libre Max »

    Ce matin, au départ, une longue descente abrupte est venue réveiller les releveurs et pour ne pas prendre de risque de faire pleurer les miens, je restais en retrait des kamikazes ou des habitués des routes descendantes. Une fois ce petit quart d’heure passé et le temps que je me réhabitue à de la route plate et que je fasse le point sur mon ressenti matinal, je pouvais commencer vraiment à courir plus relax (Max). Je rattrapais Gilbert, Ambros et un coureur d’étape puis un japonais, Makoto, partis devant et je pris le leadership de ce groupe des « 6h ». La piste cyclable sur laquelle nous avons couru serpentait dans la vallée du Neckar et était coincée entre la voie ferrée d’un côté et la rivière de l’autre. La route principale passait plus haut ou en contrebas selon la largeur de la vallée qui était bien boisée sur les flancs des deux versants montagnards. Le soleil se levait et donnait un aspect rougeâtre aux hauteurs puis il illumina les habitations installées sur les hauteurs. Ce paysage me rappela celui de la partie nord de l’Italie, quand nous arrivons dans le Tyrol vers l’Autriche. Certes, les montagnes étaient moins hautes ce matin. J’étais en tête, mais je dus faire un arrêt en urgence dans les bois. Ainsi Ambros me passa et se détacha. JB qui était en embuscade passait au moment où je sortis de mon pit stop et nous fîmes route commune (ça donne l’impression de déjà vu tout ça). Quelques parties à fort dénivelé me firent ralentir voire marcher mais après plusieurs kilomètres je finis par rattraper Ambros et le laissai sur place. Les kilomètres suivants, alternant des passages dans des villages à peine réveillés et des chemins de graviers en forêt, me permirent de prendre mon rythme et de me détacher vraiment. Aux ravitaillements suivants, personne n’arrivait quand j’en repartais et l’esprit libre je continuais à tracer ma route. Ainsi je profitais du paysage et j’alternait des périodes rapides avec d’autres plus lentes, c’était selon le profil de la route, l’ombrage, la circulation, la forme, l’envie…

    Je m’attendais à devoir escalader une longue côte, un peu comme celle d’hier, pour arriver à St Georgen, mais ce ne fut qu’une succession de faux-plats, montants ou descendants, des côtes qui semblaient descendre et des descentes qui semblaient monter. C’est dire que je devais être impatient d’arriver et de profiter de tout le temps libre libéré par une arrivée juste après midi.

    D’ailleurs, c’est ce que j’ai fait après l’étape. Une fois la douche brûlante prise, le linge lavé et étendu, la valise un peu rangée et les affaires pour le lendemain préparées, j’ai pu aller faire quelques courses d’appoint pour les jours suivants et je me suis aussi acheté de quoi manger pour changer des omelettes patate bacon de Thomas. J’ai pique-niqué devant le gymnase, dans un espace de jeux pour les enfants, à l’ombre et je me suis changé les idées ce qu’on n’arrive pas à faire quand on se repose dans les salles d’hébergement.

    Hier soir nous avons dîné dans un restaurant chinois, à Horb, avec buffet à volonté. Le piège était de trop manger. Ce soir, on remet ça paraît-il, encore dans un restaurant asiatique avec le même système de buffet à volonté. Il faudra bien se nourrir car demain 74,5km nous attendent, les 35 premiers sans doute sur une route qui montera vers un col à partir duquel nous aurons 40km de descente vers Bad Kreuzingen, dernière ville-étape d’Allemagne. Les 82,6km du surlendemain nous feront traverser la frontière et se terminera à Valdoie dans la banlieue de Belfort.

    A+Fab

     

    CR étape N°22 : 22 comme mon numéro de dossard.

    J’ai passé une bonne nuit, un peu bruyante jusqu’à minuit parce que des jeunes s’amusaient dans le quartier, on était samedi soir. Mais au réveil, je n’avais plus trop envie de dormir, même si une petite grasse matinée me ferait beaucoup de bien. C’est la carotte pour la fin octobre.

    On est parti à 6h, dans le frais-mais-pas-trop, la journée s’annonçait chaude, même si nous allions courir à une altitude dépassant par moment 1000m. Je restais prudent dans la première longue descente, comme celle de la veille et je laissais partir les coureurs plus agiles dans la pénombre. Au pont qui marquait la fin de la descente et le début d’une longue et paisible montée aux pourcentages encore digestes, je commençais ma remontée progressive et pris la tête du groupe habituel. Je me détachais progressivement quand la côte devint un peu plus raide et je me faisais plaisir car le corps et la tête étaient en osmose. Le paysage du jour naissant était magnifique, je ne dirai pas féerique, mais je me régalais. « La montagne ça vous gagne » comme le dit une publicité et c’est vrai que ces paysages inhabituels pour moi, résidant dans l’agglomération nantaise qui possède aussi je le reconnais de superbes paysages pour qui sait les regarder, me donnaient envie d’y revenir un jour en promenade afin d’e faire partager ces moments de plénitude.

    Bon j’arrête de m’égarer dans des paroles qui doivent en avoir endormi certains.

    A propos d’égarement, je me retrouvais peu après le ravitaillement N°1, après une longue descente sur un chemin barré par de la rubalise. Je demande à un homme de faction au carrefour si je pouvais passer, en suivant le fléchage de la TEFR, il me répondit par l’affirmative et donc tout content de passer du bitume au chemin caillouteux, je reprenais ma foulée certes un peu moins aérienne qu’avant. Quelques kilomètres plus loin, une flèche m’indiquait de poursuivre tout droit puis une autre (double celle-là) me disait de tourner à gauche et de prendre un chemin qui monte dans la forêt. Après quelques secondes d’hésitation, Ambros qui m’avait rattrapé et moi, nous décidâmes de suivre la direction de la forêt. Au bout d’un moment, comme nous ne voyions plus de marques, nous nous sommes arrêtés et sommes redescendus d’où nous venions, trouvant face au même dilemme Jean Benoît, Eilolf, Neil et Jean Claude. Que faisons-nous ? Nous nous risquâmes à reprendre le chemin qui allait tout droit et nous nous rassurâmes de trouver enfin une autre flèche. Plus loin, le même problème survint et nous avons suivi le fléchage le plus logique, celui qui nous ramenait vers la route. Mais après un demi-kilomètre, il n’y avait plus de marquage. Encore embarrassés, Ambros et moi décidions de continuer malgré tout sur la route qui devait bien mener à la ville indiquée sur le road-book. Les autres ont préféré faire demi-tour et suivre le chemin. Au bout du compte, nous retrouvâmes notre itinéraire et nous rassurâmes. Les autres, on espérait qu’ils ne se soient pas perdus.

    Il y avait une compétition de VTT dans la ville que nous devions traverser et je pense que le débalisage n’était pas dans le but imbécile de nous faire nous perdre comme il arrive sur certains trails mais d’indiquer aux cyclistes le chemin à suivre.

    Au ravitaillement N°2, Ambros et moi pointions avec plus de 2 minutes d’avance sur Jean Claude qui était bien revenu suite à son choix de prendre l’autre itinéraire. Là, on arrivait sur la course de VTT et dans le même sens. La voiture ouvreuse suivie de la moto officielle nous passèrent puis un groupe de 4 ou 5 cyclistes déboula dans la descente à 60km/h en me frôlant. Un second peloton suivit quelques minutes après et passa aussi très près de moi. La descente sinueuse nous emmena sur une route où nous quittâmes le parcours de ce marathon cycliste et la tranquillité revint. J’en profitais pour me détendre en me relâchant dans la longue descente qui suivait et afin de me préparer à entamer une longue montée. Au gré des lacets, je voyais où étaient les poursuivants, et Ambros qui est meilleur descendeur que moi fut à nouveau lâché dans la montée. Je continuais en me faisant plaisir mais aux limites de la souffrance, les cuisses brûlaient mais le cœur suivait sans monter en pulsations. De temps à autres, je marchais quelques mètres afin de mieux relancer par la suite.

    Arrivé en fin de longue montée, une non moins longue descente prit place et je la descendais en déroulant et en faisant bien attention à ne pas me blesser. Une nouvelle grosse montée devait nous faire quitter la Forêt Noire et prendre une longue route vers Freiburg (Fribourg). En cette belle matinée de dimanche, nous n’avons pas pu courir tout le temps de manière sereine car nombreux étaient les automobilistes qui partaient passer la journée dans la forêt ou ailleurs et nous n’avons pas arrêté de croiser du monde ce qui parfois était très dangereux. J’ai dû à plusieurs reprises faire un saut sur le bas-côté voire dans le fossé pour éviter une voiture dont le conducteur, assassin en puissance, n’avait pas voulu faire un petit écart. Il y en a un qui s’est ramassé mes gâteaux dont j’avais fait provision au ravitaillement précédent sur le pare-brise. Je me suis promis de prendre une pierre pour le prochain abruti qui ne me respecterait pas, mais la raison prit le pas sur l’énervement et je ne mis pas à jouer au Petit-Poucet-Vengeur avec mes petits cailloux.

    Arrivé à Freiburg, la traversée de la ville ne se fit pas trop laborieuse, étant attentif au fléchage, respectant les feux tricolores et les passages piétons, je me retrouvais de l’autre côté et il ne me restait plus alors qu’une bonne douzaine de km à parcourir. Le soleil était déjà haut dans le ciel et la dernière partie n’offrait pas beaucoup d’ombre. Nous étions sur une piste cyclable bordée d’une part par la route principale et de l’autre par de la vigne. Parfois quelques arbres me permettaient de marcher un peu à l’ombre avant de reprendre la course. Derrière à quelques centaines de mètres, il y avait Ambros et je me dis que je me devais de l’attendre afin de finir avec lui. Nous avions été compagnons de galère le matin quand nous nous étions égarés, il m’avait toujours eu en point de mire pendant l’étape, alors je me décidais à ralentir et à 300m de l’arrivée je l’attendis et lui demandai s’il voulait bien qu’on termine ensemble. Je crois que ce geste l’a un peu ému et de concert nous avons fini l’étape dans un chrono assez inattendu de 8h01’, pour 1km de plus que prévu.

    Ce soir, on a un grand gymnase pour dormir, j’ai déjà commencé à me reposer et maintenant je profite du frais dehors pour taper ces quelques lignes. Demain, après à peine 15km nous sortons d’Allemagne et entrons en France. L’étape sera longue, 82,6km, plate au début avec la traversée de la plaine d’Alsace et donc du Rhin, de son canal, de ses autoroutes et voies de chemin de fer ? Ça sera moins bucolique qu’aujourd’hui, mais peut-être la fin d’étape nous fera-t-elle retrouver un semblant de tranquillité.

    A partir de demain, je devrais avoir une connexion internet, et à l’heure où vous lirez ces lignes, j’aurai posté ce CR.

    A+Fab


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  • CR étape 23

    Nous avons quitté l’Allemagne ce matin et profité une dernière fois de la tranquillité de ses pistes cyclables. Partis dans l’obscurité qui a obligé la plupart des coureurs « sérieux » à porter une veste de sécurité nous avons vu le soleil se lever (en nous retournant tout de même car nous filions plein ouest) et au loin nous pouvions apercevoir le Massif Vosgien dont on reconnaissait le Ballon de Guebwiller. Mais les Vosges, ce n’était pas au programme pour le moment, elles devaient être abordées aux 2/3 de l’étape.

    Le premier à passer en France fut JB suivi d’Eilolf, le 3ème c’était moi. Ce départ qui semblait tranquille s’était avéré être assez rapide toutefois. Nous étions à 10km/h et plus parfois, alors quand nous avons franchi le Rhin, puis le canal latéral nous avons pu mesurer l’écart entre les 5 premiers et les autres.

    La suite du parcours allait s’avérer délicate car dangereuse avec la circulation automobile sur de longues lignes droites sans bas côté pour se réfugier en cas d’attaque de poids lourds ou de voitures. Une fois ces interminables tronçons routiers digérés, j’ai pu enfin trouver un rythme plus détendu et néanmoins tout aussi rapide. Le revêtement grossier de la route s’adoucit aussi et j’engrangeais les bornes. Ma moyenne cumulée depuis le matin était proche de 10, environ 9,7km/h, et une des raisons à cela était que je passais moins de temps à me ravitailler. Jusqu’au N°6, je ne restais pas plus d’1’ à 1’30 et rien que ça ça conforte une moyenne. Au ravito de la soupe, je ne m’attardais pas non plus car elle n’était pas prête : on allait trop vite avec JB et Eilolf.

    Je décidais d’accélérer encore un peu au sortir du ravito tenu par Gégé et Nicole où j’appris qu’un de nos futurs lieux d’hébergement avait décidé de ne plus nous recevoir (La Châtre). Ça m’a bien pris la tête et pour me calmer, je passais à la vitesse supérieure. J’ai tenu bon jusqu’à une dizaine de km du but, même si j’avais chaud et que je recherchais de l’ombre et de quoi tremper ma tenue.

    Je finis un peu moins vite, m’octroyant 5’ de marche pour récupérer et penser déjà à l’étape de demain qui fera 79km et nous mènera à Noisdans le Ferroux où nous allons dormir dans des gîtes et manger de la cancoillotte, plat régional.

    Un peu de stress ce soir au moment du dîner : le traiteur n’avait encore rien livré à 18h30 et avec Nicole nous sommes allés voir ce qui se passait. Comme on était lundi, le traiteur avait eu du mal à trouver du pain, et comme c’est son jour de fermeture, il n’a pas pu aller le prendre avant. Mais tout est rentré dans l’ordre et tout le monde a été ravi d’avoir des salades à volonté avec viande froide, pain, fromage et dessert. On est en France, c’est moi qui m’étais occupé de trouver le traiteur, j’en étais tout ému.

    Je vous quitte car demain sera un autre long et difficile jour de course. Espérons simplement que nous ne soyons pas en danger au moment des heures de pointe sur les départementales franc-comptoises. Aujourd’hui un coureur s’est un peu blessé en chutant après avoir évité une voiture qui ne s’était pas écartée. Un petit tour chez le médecin et le voilà réparé.

    A+Fab

    CR 24ème étape

    Dernière longue étape de la triplette à plus de 75 bornes (240km en trois jours) on va avoir deux jours de semi repos : 48km demain et 55km après demain. Je vais avoir le temps de me reposer ce que je n’ai encore pas pu faire aujourd’hui après mon arrivée étant sollicité à gauche et à droite pour régler des problèmes d’organisation (paiement des hébergements et repas).

    Ce matin, au départ, la nuit était noire malgré un timide croissant de Lune un peu flou dans un ciel semi couvert. J’avais consulté la météo et on annonçait l’arrivée d’orages pour l’après-midi et dans la soirée. J’avais ajouté à ma tenue un poncho que j’ai placé dans mon petit holster à côté de ma seconde bouteille remplie d’eau celle-là, l’autre, tenue à la main contenant une boisson glucosée pétillante et citronnée. J’avais aussi emporté ma frontale parce que je me doutais que le parcours ne nous ferait pas prendre le centre de Belfort et j’ai eu le nez car quelques hectomètres après la sortie de la ville, nous nous sommes retrouvés sur une piste cyclable dans le noir. Je menais donc un petit groupe de 4 ou 5 qui n’avaient pas prévu de lumière. La lampe était indispensable et je me demande comment ils auraient fait si je n’avais pas ouvert la route.

    Plusieurs kilomètres ont passé et nous avons rejoint la route, calme où le jour commençait à se lever et donc ma lampe n’était plus indispensable. Le premier ravitaillement devait se trouver au km 10, mais une erreur de pointage GPS l’a déplacé sur une autre route à 150m du lieu où il aurait dû se trouver. Je n’ai pas hésité à continuer ma route sachant que j’avais ma seconde bouteille, mais ceux qui étaient partis sans rien ont dû faire le détour avant que le ravitailleur ne revienne se placer au bon endroit.

    Après cette petite péripétie, nous n’étions plus que deux devant, Christian Fatton qui avait des jambes toutes neuves par rapport à la veille et moi. Nous avons continué notre échappée et le parcours devint un peu vallonné ce qui n’était pas pour me déplaire. De longues portions de route au revêtement abrasif m’obligeaient à lever un peu les jambes et à ne plus adopter ma foulée rasante. Jean-Claude Le Gargasson, touché aux releveurs depuis plus de 10 jours, me rattrapa et me lâcha progressivement. Il pouvait enfin reprendre sa vraie place, celle du groupe des rapides et je ne le revis plus de la journée sauf quand de longues lignes droites dégageaient la vue à plus de 2 ou 3km.

    Christian revenu en forme, Jean Claude reparti comme au début de la TEFR, je pouvais retourner « jouer dans ma cour » sorte de Ligue 2 de la TransEurope. Je n’ai ni l’étoffe ni le niveau pour jouer dans la cour des grands et si j’ai pu faire parti de cette sorte de Ligue 1 de la TransEurope ce ne fut qu’occasionnellement en fonction des aléas de la course.

    La journée fut de plus en plus laborieuse surtout une fois que le premier orage éclata : une bonne pluie qui cessa une fois que j’avais fini d’enfiler le poncho. Mais comme j’avais mis 5’ à me décider de le sortir, j’étais bien trempé. Le vent qui soufflait en rafale et souvent face à nous me sécha assez rapidement et je pus remettre le poncho à sa place. Bien sûr, on ne peut pas gagner à tous les coups, un nouvel orage arriva et je réussis à anticiper et à mettre – tout en continuant de courir – le joli poncho rouge qui devait étonner sinon faire rire les automobilistes croisés à ce moment. Là, la pluie redoublait et j’arrivais juste au ravitaillement de Gérard et Nicole quand j’aperçus un jogger en contre sens : c’était Martial Lanoue qui avait participé à la Transe Gaule 2007 mais qui avait été contraint à l’abandon au bout de quelques étapes, suite à une inflammation des releveurs. Il pleuvait fort, mais je ne voulais pas m’éterniser pour ne pas me refroidir et je repris ma route pataugeant

    dans les flaques. La pluie cessa peu avant l’entrée dans Vesoul et je rangeais alors pour la dernière fois j’espérais mon imper de fortune. C’est à ce moment que revint sur mes pas l’autrichien Ambros et que le premier du peloton des rapides partis à 7h me dépassa (Trond, le norvégien). Je ne fus pas étonné sachant que Stéphane devait encore avoir mal à cause de sa sciatique ce qui devait l’empêcher de courir à son rythme habituel.

    La traversée de Vesoul fut laborieuse et je dus laisser Ambros s’en aller, ne cherchant pas à le rattraper ce qui m’aurait coûté plus que cela m’aurait rapporté.

    La fin fut interminable et mon GPS indiquait déjà 79km que le village d’arrivée n’était pas encore vraiment proche. Je finis en 8ème position, avec 8h36’ de course dans les pattes.

    Après, l’installation dans les gîtes, la douche, le lavage du linge, l’étendage, la collation et l’hydratation, tout ça me prit du temps et au moment où j’allais enfin pouvoir me reposer en m’allongeant sur mon lit, on est venu me chercher pour régler des problèmes d’intendance, ce qui m’a pris 1h30 ! Il fallait aller voir les propriétaires des gîtes pour payer, mais comme les organisateurs n’étaient pas d’accord sur le nombre de personnes à compter ni sur le nombre de places occupées, il a fallu discuter (et moi je suis l’interprète qui parfois n’arrive pas à tout comprendre ou à tout traduire dans cette discussion de chiffonniers). On a réussi à trouver un arrangement et les propriétaires des gîtes ont été très sympathiques en ne comptant pas tout.

    Après il fallait transmettre des nouvelles, positives, concernant une ville étape où l’hébergement avait été annulé par le propriétaire de la salle. Nicole a réussi à convaincre la Mairie de cette ville de nous prêter une auberge de jeunesse qu’elle a mise en vente. Donc de ce côté-là aussi, ça m’a bouffé de l’énergie et j’espère que ça sera tout pour les petits soucis extra sportifs.

    Sur ce je vais poster mon CR puis éteindre et dormir.

    A+Fab

     

    CR étape 25

    Faisant partie du groupe des « lève-tard » en raison de mon bon classement sur l’étape d’hier, j’ai pu me préparer tranquillement pour cette courte étape.

    La nuit dans le gîte s’est bien passée, même si à 4 nous étions un peu à l’étroit dans une chambre faite pour 6. Mais les sacs et valises occupent plus de place que des personnes.

    Ce matin, le petit déjeuner fut pris au Matchiko, le restaurant qui nous avait servi à dîner la veille au soir (cancoillote, plat régional que m’avait fait découvrir Claude Gilard lors de la Transe Gaule 2011. A ce propos, je répare un gros oubli : il est venu nous voir à Valdoie il y a deux jours et sa visite nous a bien fait plaisir.)

    Le rangement de affaires et la préparation pour l’étape me prit plus de temps, mais j’en avais gagné un peu plus si bien que j’ai aussi pu faire du tri et du rangement dans mes affaires.

    Le départ fut donné à 7h précises, juste une heure après le groupe précédent, et je me retrouvais rapidement … bon dernier, ce qui est peu habituel pour moi. Je ne m’en faisais pas plus que ça, sachant que j’allais pouvoir courir à mon rythme, sans personne à me coller aux basques.

    Les premiers kilomètres, d’échauffement, passés, je pris une allure de croisière confortable et remarquais que j’étais à plus de 10km/h. mais même comme ça, je ne revenais sur personne.

    Au premier ravitaillement, je reprenais quand même Christian et Markus que je passais et je me rapprochais ensuite d’Ambros, parti encore plus vite que moi. La jonction se produisit vers la mi-course où nous avions déjà commencé à doubler des coureurs du groupe parti à 6h. Un petit signe ou mot d’encouragement pour chacun d’eux, un peu de compassion pour ces forçats de la route dont beaucoup souffrent pendant que je les laisse quasiment sur place. J’ai déjà été à leur place, naguère, et je sais ce que ça fait.

    Le parcours devint un peu accidenté et j’accélérais la cadence, j’adore attaquer dans les côtes. Je dépassais Ambros et le laissais courir derrière. Je devais être 5ème virtuellement, mais je ne le savais pas. Je poursuivis mon effort jusqu’au dernier ravitaillement où je ne m’arrêtais que pour remettre du cola dans ma bouteille, sans prendre le temps de boire une soupe. L’arrivée était trop proche pour que je reste flâner.

    Christian me rattrapa peu après et me laissa sur place, ainsi je me sentais un peu soulagé de n’avoir pas à essayer de le reprendre. J’ai fini avec Markus, jamais très loin derrière, et les derniers kilomètres ont paru oins longs.

    Moins de 5h pour 48,3km en 4h46’, une belle 6ème place ex-æquo, ni blessure ni courbatures, le bilan du jour est très positif. Moralement, après un coup de fatigue sans rapport avec la course mais plutôt en lien avec les à-côtés de la course (intendance par exemple), ça va mieux. J’avais trop de pression quant aux contacts que j’avais moi-même pris pour la course au niveau hébergement et restauration, que dès qu’il y avait un petit hic, je me prenais tout de plein fouet.

    Bon, il est tôt, 15h45, je poste ce CR et me repose.

    A+Fab

     

    CR 26ème étape

    Après la soirée d’hier où vers 17h une réunion dans la cour de la mairie, ancienne cour de l’école publique sans doute, fut programmée par les élus locaux qui nous ont offert le kir originaire de la région, nous avons pris notre repas sous barnum car il n’y avait pas assez de place dans les deux petites pièces de la salle polyvalente. La réactivité et les bonnes initiatives de la Mairie sont à noter, et le repas apporté par le traiteur que j’avais contacté dès décembre dernier semble avoir contenté tout le monde tant au niveau qualité que quantité. (NB : Traiteur « Le Colvert » à Gray)

    La nuit s’est bien passée malgré le très peu de place pour installer toutes nos affaires et tout notre matériel de couchage. Certains japonais ont même préféré aller dormir dans les vestiaires du stade où se trouvaient les douches.

    Comme je faisais partie du groupe des plus rapides, je devais partir à 7h15, les moins rapides de la veille partant à 6h15. Ces horaires légèrement décalés sont la conséquence de la nuit qui se prolonge de plus en plus du fait de notre avancée à la fois vers l’automne et vers l’ouest. Bientôt on partira à 6h30 puis sans doute à 7h quand nous serons dans le Massif Central.

    Je suis parti dernier du groupe et je le suis resté un bon moment. Mais j’étais un peu fatigué et n’avais pas envie de lutter à chercher à rattraper Christian et Markus. La pluie s’était invitée dès le départ et je mis quelques km à me rendre compte qu’elle était partie pour durer, ainsi j’enfilais mon poncho que je garderai jusqu’à 15km du but.

    La première partie de l’étape était plate, avec parfois un faux plat, mais pas de quoi fouetter un chat. Il n’y avait pas beaucoup de circulation et cela permettait de courir tranquillement sur les longues portions de route droite. Peu après le second ravitaillement je commençais à dépasser des coureurs de « 6h15 » et petit à petit je remontais le peloton éparpillé sur le parcours. Les grandes parties dégagées permettaient d’apercevoir au loin les prochaines « victimes » sur qui je mettais de plus en plus de temps à fondre. Je dépassais aussi Stéphane qui recommençait à souffrir de son bassin et de douleurs aux jambes.

    Après la mi-parcours, les côtes arrivèrent et il fallait les franchir. Après chacune d’elle j’espérais que ce soit fini, mais arrivé au sommet je m’apercevais qu’il y en avait une autre, puis encore une autre. Cela a duré une grosse dizaine de km et ce n’était pas fini.

    La fin approchait et je commençais à fatiguer et à avoir mal aux pieds qui étaient trempés. Le revêtement des routes de cette étape n’ont pas facilité ma foulée rasante.

    Je finis en moins de 6h, objectif atteint, à la 9ème place car des coureurs partis à 6h15ont terminé en moins de temps que moi.

    Demain, il y aura 83km, soit 28 de plus qu’aujourd’hui. Ce sera un autre morceau à bien gérer avant les étapes de samedi (83km elle aussi) et de dimanche (73km « seulement »). On aura franchi la barre des 2000km et il faudra continuer à être vigilants pour les 35 étapes restantes.

    A+Fab

     

    CR 27ème étape

    Le départ du groupe dans lequel j’ai été placé fut donné à 6h15 pour cette longue étape vers Avallon, où 83km nous attendaient. Il faisait nuit et il y avait du brouillard. J’avais donc come quelques coureurs prévu de prendre ma frontale et de mettre une tenue de sécurité pour être visible des éventuels véhicules roulant sur notre itinéraire si tôt le matin.

    La route pour quitter le village était pendant quelques centaines de mètres en descente et rapidement une longue montée se présenta devant nous, dans le noir. Je suis à l’aise les petits matins brumeux et frais au réveil dans les montées et j’ai donc attaqué tout de suite la côte. J’ai fait attention à n’allumer ma frontale que lorsqu’il y avait des carrefours ou des véhicules arrivant en sens inverse. Le reste du temps, je l’éteignais afin que derrière on ne puisse pas m’avoir en point de mire. Je n’avais pas envie d’emmener du monde sur mon porte bagages et j’en connais quelques uns qui pourtant aiment bien se faire piloter, surtout s’ils n’ont pas voulu s’encombrer d’une lampe. Mon avance s’est rapidement accrue au point que je ne voyais personne dans la pénombre qui me suivait. Une fois j’ai eu une hésitation à un embranchement de deux routes n’étant pas certain d’avoir suivi le bon chemin, mais en revenant 10m en arrière, j’ai vérifié que le fléchage m’orientait sur la route que j’avais choisie. Ça me fait souvent douter de ne pas voir le fléchage et je me dis que je vais continuer quand même et que si je me trompe, alors j’aurais fait un mauvais choix. Mais la vie est ainsi faite qu’il faut toujours faire des choix au risque que certains soient mauvais. Bon, sur le coup j’ai eu tout bon et j’ai pu poursuivre en en remettant un petit coup puisque les flèches aperçues plus loin m’avaient conforté dans mon option.

    Au premier ravitaillement, j’avais une grosse avance, idem aux deux suivants. Nous avons eu à escalader successivement plusieurs côtes comme celles que j’avais étudiées quand j’étais à la fac de Géographie. Et du coup, comme hier, je me suis dit que ce seraient d’excellents travaux pratiques pour faire comprendre aux étudiants ce qu’est un profil convexo-concave, pour leur faire sentir la différence de végétation entre un versant exposé plein est d’un autre plein ouest. Après le 30ème km, le relief se calma et nous avons atteint Semur en Auxois qui a un long mail ombragé sur plusieurs centaines de mètres. En me retournant, je ne vis personne derrière malgré une visibilité à perte de vue.

    Il restait quelques petites côtes, mais jamais très longues et souvent nous avons couru sur de très longues portions de routes droites et interminables. Les lignes de TGV étaient parfois le long de notre itinéraire ou alors nous devions emprunter des passages souterrains ou des ponts pour les franchir.

    Stéphane, parti dans le même groupe que moi car un peu blessé et en convalescence, me rattrapa après le 50ème km et me dépassa. Derrière, j’apercevais très loin un coureur habillé en route. Qui ? Je le saurai plus tard quand il m’aura rattrapé, s’il y parvient. La route prévue sur le road book fut modifiée en raison de travaux sur un pont d’autoroute et nous avons dû suivre une déviation. Quand je me rendis compte que cette déviation allait nous ajouter environ 3 km au final, je commençais à baisser un peu le pied. 3km, ça fait environ 20’ quand on lâche un peu le rythme et je sentais que la fatigue arrivait. J’ai pris mon mal en patience et je poursuivis mon étape en espérant seulement n’être dépassé que par des coureurs partis à 7h15 et pas par ceux de mon groupe. C’est ce qui se passa, Robert puis Henry furent les seuls à me dépasser. La fin de course vers Avallon fut très belle, les habitations, moulins, châteaux, bâtisses d’un autre temps rénovées ou laissées en état donnèrent une petite note touristique à cette étape.

    Avallon ! (les kilomètres) Le panneau d’entrée était situé à 4km de l’arrivée ce qui laissait penser que la fin allait être en côte car on apercevait sur les hauteurs de nombreuses habitations. En effet il a fallu remonter sur la côte pour trouver la ligne d’arrivée près du gymnase d’une cité populaire.

    Je finis 6ème, fatigué mais content de ma journée. Demain, rebelote, encore 83km, mais pas du 83 qui en faisait presque 86 comme aujourd’hui.

    Il fait tout noir maintenant dans le gymnase je vais poster puis éteindre.

    A+Fab

     

    CR étape 28 :

    Une étape en France un week-end, ça a du charme parce que beaucoup de personnes peuvent venir nous voir, et pour moi, ça a été l’occasion de voir Pascale, ma femme, Hélène (ma sœur) et Eric son ami. Nous avons aussi eu de la visite d’un trio nantais (Thierry Viaux, Philou Favreau et Dominique Chaillou), d’un breton transegaulois (Bruno Rouiller) et d’autres transegaulois (Didier Arpaillange et Xavier Servel).

    Au niveau intendance, j’ai pu échanger ma valise défoncée contre une autre moins volumineuse, je me suis aussi débarrassé d’affaires que je n’avais pas encore portées et j’ai récupéré deux ou trois bricoles en contre partie.

    Le soir je suis allé au restaurant, cela m’a bien changé les idées surtout après la longue étape que je venais de courir.

    Parti à 7h15 grâce à mon étape de la veille, j’ai été accompagné toute la journée par Thierry Viaux qui s’était inscrit pour faire cette étape. Nous sommes partis en dernier du groupe des 7h15 et le parcours du début a montré que cela n’allait pas être une simple formalité : il y aurait du dénivelé et pas beaucoup de descentes pour rattraper le temps passé à grimper. De plus, après les plus de 85km de la veille, on repartait pour du 83,3km ! Le rythme était pourtant bon mais la moyenne demeurait moins élevée que ces derniers jours et mon objectif de mettre moins de 9h avait du plomb dans l’aile.

    Il y a eu des moments où j’arrivais à relancer et à courir à plus de 10, d’autres où j’étais contraint d’alterner course et marche. Heureusement que Thierry m’encourageait à repartir, à m’accrocher, même s’il a couru presque toute l’étape derrière moi. Parfois il prenait quelques dizaines de mètres d’avance afin que j’aie un point de mire.

    Nous avons eu droit à quelques encouragements particuliers : « Allez le troupeau de Viaudx ! » surtout quand nous courions le long de pâtures où paissaient incrédules de jeunes vaches charolaises. La présence sur la course de copains ainsi que la perspective de voir Pascale, Hélène et Eric en fin d’étape m’ont boosté sur la fin pour terminer cette journée, mais j’étais bien fatigué. La surprise aussi fut grande de voir que le problème de salle avait été résolu et que j’allais pouvoir prendre rapidement une bonne douche. Il était presque 16h30 quand je franchis la ligne d’arrivée dans le site des Forges Royales de Guérigny, au demeurant fort joli.

    La soirée fut reposante et quand je me couchais sur mon nouveau matelas apporté par Pascale en échange des deux que j’avais crevés depuis Skagen, je m’endormis rapidement, n’étant réveillé que par un feu d’artifice tiré vers 23h. je devais prendre le départ avec le groupe des 6h15, une heure de sommeil en moins ça coûte cher.

     

    CR étape 29 :

    Au réveil, j’avais la forme ; l’entrecôte frites de la veille après les œufs meurette suivis d’un bon dessert, le tout accompagné d’un bon panaché et d’un petit verre de vin m’avaient redonné du peps. Je me préparais tranquillement essayant de me familiariser avec mon nouveau matériel (valise, sac…) et quand vint le moment du départ, j’étais prêt à ingurgiter les 73km proposés. Dès le début j’étais bien, dans la tête et dans les jambes, et je me calais derrière Ambros et JB qui progressivement ont adopté un rythme soutenu. Je ne cherchais pas à combler le retard sur l’autrichien qui s’envolait petit à petit. J’avais JB en point de mire et ça me permettait de ne pas me prendre trop l’esprit à chercher ma route.

    Nous avons franchi la Loire à Fourchambault et pour une fois, on prenait la direction de l’ouest au lieu du sud quand je traverse ce fleuve dans ma région. D’un côté, vers l’aval, le paysage était dégagé et en amont, un épais brouillard semblait bouillonner au-dessus de l’eau. Au loin, nous étions sur une longue ligne droite, j’apercevais les deux échappés et je m’accrochais pour ne pas les perdre de vue. Mieux vaut être derrière et observer que de servir de point de mire. Le temps resta frais et donc agréable jusqu’à midi et j’avais alors déjà rattrapé et dépassé JB qui passait plus de temps que moi aux ravitaillements, mais Ambros n’était plus visible devant depuis de longues minutes. Au village de Neuilly en Dun, midi sonnait à l’église et j’eus droit à une ola faite par le trio nantais auxquels se sont rajoutés Marie et Marcel, les bénévoles de la Transe Gaule qui m’avaient bien encouragés quand en 2005 j’avais connu les affres de la blessure aux releveurs. Ça m’a redonné un second élan et comme par magie, Ambros réapparaissait au gré des lignes droites et je voyais que je gagnais du terrain sur lui. Je fis la jonction à 15km du but et lui dit que je n’avais pas envie de continuer à combattre et que si on terminait ensemble ça serait sympa. Il acquiesça et nous avons donc cheminé côte à côte ou l’un derrière l’autre selon la configuration de la route et l’importance de la circulation. Deux bolides nous dépassèrent, Robert et Henry, et nous les gardâmes en point de mire le temps de passer au dernier ravitaillement. La suite fut un peu laborieuse car la route n’était plus ombragée et une dernière grande ligne droite de 5km devait nous faire atteindre Charenton du Cher où l’arrivée était programmée devant le dojo. Sur la ligne droite, Ambros s’était peu à peu détaché et je parvenais difficilement à conserver une distance me permettant de terminer avec lui. Alors quand j’arrivais près de la banderole d’arrivée, j’eus la surprise de le voir arrêté qui m’attendait. Ce geste a été très sympa de sa part sans doute parce que je lui avais déjà fait la même surprise en Allemagne et aussi certainement en raison du grand respect qui existe entre nous.

    Nous étions allés vite pendant cette étape bouclée en 7h31’ et nous avons terminé à la 5ème place ex-aequo.

    Cette journée fut marquée par la mauvaise nouvelle de l’abandon de Markus, coureur suisse, en proie à des douleurs dues à une hernie inguinale. Nous avons été très affectés car c’est un coureur très sympathique qui depuis quelques jours luttait sans doute déjà touché par son problème de hernie. D’autres coureurs ont eu aussi de grosses difficultés, sans doute à cause de l’accumulation des km depuis 3 jours : plus de 240 ! D’autres commencent à se sentir mieux mais conservent la conduite de prudence guidée par le souvenir de leur mauvaise passe.

    Pour moi tout baigne, mais je sais trop que tout peut arriver et ce à n’importe que moment de la course ou du hors course pour m’enflammer. Je prends ce qui vient au jour le jour tout en pensant aux suivants. Demain ce sera une étape courte, je partirai avec le groupe des 7h15, j’espère que la chaleur de la mi-journée ne me pénalisera pas trop.

    Pascale, Hélène et Eric sont repartis cet après midi après m’avoir installé mon barda et lavé mon linge. J’ai pris une bonne collation avant leur départ et ensuite j’ai pu aller dormir une heure et demie simplement agacé par les mouches qui squattent le dojo dans lequel nous sommes hébergés.

    A+Fab

     

    CR 30ème étape

    Comme nous avions franchi le 2000ème km de notre Grande Traversée de l’Europe hier, la tradition déjà instituée en 2009 s’est perpétuée et nous avons donc fait une photo de groupe entre français. Bien sûr qu’en 2000km certains nous ont quittés et nos pensées allaient vers eux.

    Markus, le coureur suisse qui a abandonné hier et un coureur japonais incapable de marcher ce matin au réveil – sinon à la manière de Robocop – nous ont laissés à 31. Déjà 18 abandons ! Souhaitons que la liste ne s’allonge plus. Au moment de la photo j’étais très ému par ces deux arrêts et j’en avais les larmes aux yeux.

    Je faisais mon retour en L1, en fait je « payais » ma belle étape d’hier terminée avec Ambros à une 5ème place dont je n’aurais même pas pensé un jour que cela fusse possible (hum, excusez pour l’éventuelle faute de conjugaison, mais je ne parle pas souvent français en ce moment, plutôt allemand et anglais).

    Le départ un peu plus tardif procure des avantages non négligeables : on a le temps de se préparer et on ne se bouscule pas aux sanitaires ou ailleurs ; on part et le jour est déjà levé ; en revanche, la circulation automobile est plus dense et je me retrouve souvent tout seul – ce que j’aime bien – mais en queue de peloton. Et ce matin, au bout de 30’ je ne voyais déjà plus personne devant. Les 8km de route en quasi ligne droite, avec le soleil levant dans le dos, donc en pleine face des automobilistes, m’ont fait passer une heure pas très agréable. Arrivé à St Amand Montrond, qu’il fallait traverser, ce n’était pas mieux, passant d’un trottoir à l’autre, devant suivre le fléchage et regarder tout autour les éventuels dangers, alors je fus très content quand je me retrouvai à l’autre bout de l’agglomération. Un dernier giratoire à franchir puis le Berry s’offrait à moi. D’abord une petite montée pour me régaler et mettre mes sens en éveil d’une autre manière que lors des 90 premières minutes. Ensuite je vis au loin un petit groupe de coureurs facilement reconnaissables à leurs tenues orange ou jaune fluo ou rouge. C’étaient mes copains Jean Pierre, Christophe, Patrick et Fred G qui étaient solidaires les uns des autres et s’encourageaient mutuellement afin que ce petit grupetto rallie l’arrivée dans les délais. Ils avaient de l’avance sur le cut off d’après mes calculs. Je les encourageais en les dépassant puis continuais ma remontée du peloton par l’arrière en doublant les japonais, qui ne sont plus que 10 en course mais dont certains qui ont abandonné refont des étapes entières ou partiellement. J’ai toujours l’impression qu’ils sont plus nombreux que ça encore et à chaque fois que j’en dépasse un il m’encourage tout comme je le fais moi-même depuis le début. Ils m’aiment bien car je fais des efforts de communication avec eux et je leur ai offert 6 bouteilles de vin de la région nantaise et angevine qu’ils ont appréciées.

    La remontée se poursuivit et j’arrivai derrière un duo dont un des éléments n’était pas à sa place habituelle : le pauvre Christian Fatton vidé de toute énergie n’avançait plus et était encouragé par Gérard Bertin resté quelques temps à ses côtés. Ensuite les coureurs à rattraper étaient de plus en plus rares mais je repris Christian Marti, Gilbert, Wolfgang et un dernier japonais. Il était prsde midi et le soleil commençait à devenir chaud. La campagne légèrement vallonnée alternait de longues portions de route sans ombre et quelques passages en zones boisées qui rafraîchissaient un peu. Au ravitaillement N° 3 je crois, j’eus le bonheur de revoir Jaquemine, Charles et Jeanine ainsi que les M&M’s (Marcel et Marie) tous bénévoles sur la Transe Gaule. Un petit arrêt pour les embrasser et c’était reparti pour boucler les plus de 20 bornes qui restaient à faire.

    Je revins à 3km de la fin sur Fred Borel avec qui je finis l’étape. On a passé ces km à bavarder et à rigoler ce qui fait du bien et fait passer le temps.

    L’arrivée à La Châtre était au bout d’une série de ruelles qui suivent le chemin de St Jacques de Compostelle et nous avons franchi l’arche de fin d’étape main dans la main. Contents et un peu fatigués aussi.

    L’hébergement se fait en auberge de jeunesse et je rédige ce Cr depuis mon lit, celui du haut, dans une chambre où se sont regroupés deux allemands et mon copain autrichien.

    C’est l’heure de vous quitter et de dormir, même si je ne pars qu’à 7h15.

    A demain. Fab

     

    CR étape 31

    Triste journée que ce mardi 18 septembre. Presque qu’un mois jour pour jour que nous avons quitté Skagen et aujourd’hui nous ne nous retrouvons plus qu’à 30, Stéphane Pélissier ayant été contraint à l’abandon, n’arrivant plus à avancer. Le corps ne pouvant plus l’emmener sur des bases lui permettant de rester dans les délais, la tête a aussi lâché et sa décision témoigne d’un extrême courage. Nous avons tous été très affectés par cette succession d’abandons à ce stade de la course où l’on pensait que tout le monde arriverait à gérer sa mauvaise passe, en étant patient et en serrant les dents. Mais parfois la douleur est trop intense et fait lâcher prise.

    Je l’avais rattrapé après moins de deux heures de course, étant parti à 7h15 soit une heure après lui, et déjà je voyais qu’il était en difficulté mais je pensais qu’après un plus long moment de réadaptation à la course avec douleur il allait reprendre au moins une allure lui permettant de rallier l’arrivée dans les délais. Mais à l’avant dernier ravitaillement, la nouvelle de son arrêt prématuré tomba et j’en fus très bouleversé.

    Pour le reste, l’étape fut anecdotique la pluie fine tombant à partir de 15km avant l’arrivée tout comme le temps gris qu’il a fait toute la journée me confortèrent dans mon choix de partir à 7h15 au lieu de 6h15.

    Les paysages agricoles, les vallons, la traversée de la Creuse, les villages, les fermes… je les ai regardés, c’était beau et calme à la fois. Quelques véhicules, utilitaires, camions, tracteurs, me rappelant fréquemment qu’il fallait rester vigilant, j’appréciais les longues montées et descentes en lacets. Aujourd’hui les postes de ravitaillement étaient espacés en moyenne de 8 à 9km ce qui permet d’y arriver assez vite et de ne pas s’encombrer de trop de poids. Ça donne un petit objectif de moins d’une heure et ça permet de garder le rythme sans s’endormir dans un train-train qui s’avère souvent laborieux. J’aime relancer quand je me sens mou et c’est ce que j’ai essayé de faire aujourd’hui.

    Ce soir, le restaurant de St Sulpice les Feuilles nous a proposé un bon repas, chaud avec un dessert – une île flottante – sans aucune commune mesure avec ceux des repas allemands ou traiteurs.

    Je vais me préparer à dormir, même si mes pensées vont certainement aller vers Stéphane. J’espère qu’il va rebondir, d’abord guérir puis revenir sur la course, même si ce ne sera plus la même chose. Le challenge de voir Gibraltar persiste.

    A demain

    Fab

     

    CR étape 32

    Encore bouleversé par l’abandon de Stéphane a qui j’ai dit au revoir au moment du départ (à 7h15 pour moi ainsi que les 4 premiers du classement général) j’ai mis du temps à rentrer dans la course. D’une part il faisait frais et malgré ma tenue adaptée je ressentais un peu le froid, d’autre part le parcours s’est vite montré vallonné et je n’étais pas encore bien réveillé musculairement. Bien sûr qu’aussi me trottait dans la tête ce que devait ressentir Stéphane au moment où il nous a vus quitter St Sulpice les Feuilles. Pour essayer de ne plus y penser, j’ai commencé à calquer mon allure sur celle de Jean Claude qui était parti prudemment mais qui court un peu plus vite que moi. Tantôt j’étais devant à la faveur d’une descente, tantôt il reprenait les devants quand les côtes arrivaient. Il faisait jour et donc il n’y avait aucune difficulté à retrouver sa route, mais de toute façon je la connais presque par cœur, l’ayant déjà suivie 6 fois lors de mes Transe Gaule. J’avais mis le pilote automatique et laissais défiler les kilomètres, faisant attention à ne pas rater le début d’un petit chemin de 1500m en plein virage et en pleine côte. Je me rappelais les noms des lieux-dits et des villages, en revanche le positionnement des postes de ravitaillement était différent car avec la TEFR on les trouve tous les 8 à 12km alors que sur la TG les deux premiers sont situés aux km15 et 30 environ.

    Au second ravitaillement, après La Souterraine, je commençais mon opération « rattrapage » des attardés du groupe de 6h15. Aujourd’hui, ce furent une demi-douzaine de japonais qui « passèrent à la casserole » en premier suivis – si l’on peut dire, car ils étaient derrière – par les Dalton (j’ai nommé Fred G, JP, Patrick et Christophe) et ensuite j’ai pu déguster un peu de rab de japonais avant de ne plus avoir personne à croquer. Je tourne un peu ce récit à la dérision, ce n’est pas dans le but d’être malveillant envers tous ces coureurs extrêmement courageux mais malheureusement dans l’impossibilité actuellement de pouvoir donner leur véritable potentiel. J’ai beaucoup de respect pour eux et c’est un peu ma famille avec qui on partage autant les mauvais moments que les bons (mais après l’étape, le partage).

    La température s’était adoucie mais restait agréablement fraîche, surtout au sortir des longues montées où j’avais bien transpiré pour garder ma vitesse. Les descentes, d’abord abordées lentement pour ne pas provoquer de blessure, se sont peu à peu faites de plus en plus rapidement, sans dépasser certaines limites où ça m’aurait mis en danger. Je me sentais à l’aise, parfois un petit doute sur une légère douleur ou un petit tiraillement me faisaient ralentir pour vérifier si c’était durable ou pas et deux minutes après c’était oublié.

    L’arrivée à Bourganeuf était un peu différente que sur la TG : on est arrivé directement au gymnase sans passer par la Tour Zizim où d’habitude nous nous arrêtions de courir. Le parcours dans la ville en fut donc aussi modifié et un dernier raidillon m’obligeant à marcher freina mon enthousiasme avant une dernière relance à 500m de l’arrivée. Je finis 5ème à une vingtaine de secondes de Jean Claude. Mon étape s’était bien passée, ça me remontait un peu le moral suite à ces dernières 24h et tous ces mauvais moments.

    Demain, 72,6km vers Meymac via le Lac de Vassivière et Millevaches. Ça va être beau mais long et vallonné.

    A+Fab

     

    CR étape 33

    Il y a des jours comme ça où on ne sait pour quelle raison on a un gros coup de blues alors que pourtant tout s’est très bien passé dans la journée. C’est peut-être la tension nerveuse qui provoque cet état et sans doute qu’après avoir écrit ce petit Cr je n’aurai plus aucun nuage noir dans la tête.

    On peut graviter dans le haut du classement, n’avoir aucun soucis physique, réussir ce qu’on avait prévu, mais on n’est pas à l’abri d’états d’âme après la course.

    L’étape fut belle, longue comme prévu, vallonnée à souhait pour ceux qui aiment les longues montées et les descentes et le départ fut donné par un temps clair mais très frais.

    Les premiers hectomètres pour rejoindre la route de Royère de Vassivière s’effectuèrent en sens interdit, dans une rue piétonne puis tout en restant sur du plat nous avons rejoint la sortie de la ville et c’est à ce moment-là qu’une forte montée se présenta. Obligé de marcher de peur de me blesser car pas encore échauffé je perdis rapidement de vue le groupe avec lequel je suis parti. Seul Peter et sa trottinette restèrent scotchés à la route et Peter fut obligé de marcher car il ne pouvait plus pousser avec ses jambes. Une fois ce raidillon franchi, le parcours redevint humain et je pus donc recourir. Il y avait une grosse vingtaine de kilomètres avant de redescendre sur le Lac de Vassivière et je savais que ça allait me prendre plus de 2 heures. Deux ravitaillements étaient prévus dans la montée ce qui me donnait de petits objectifs intermédiaires. Parfois la montée s’adoucissait et même certaines portions de descente permettaient de redonner un peu de vigueur à ma moyenne qu’ainsi j’arrivais à maintenir aux alentours de 9,3km/h. Je voulais arriver à la faire remonter au-dessus de 9,5 avant Faux la Montagne, en bénéficiant de l’élan que la descente vers le lac devait me redonner.

    Je commençais à rattraper les mêmes coureurs qu’hier, à peu près dans le même ordre et mon passage le long du lac m’apporta un peu de nostalgie car je repensais évidemment au séjour effectué ici en juillet avec Pascale et aux promenades et randonnées que nous y avions faites. A Faux la Montagne, comme sur la Transe Gaule, un comité d’accueil nous guettait et j’eus droit aux encouragements de rigueur.

    La suite de l’étape alternait forêts, lacs et champs, le soleil était présent mais ses rayons n’étaient pas forts et j’appréciais. Je m’étais débarrassé de mon coupe-vent au ravitaillement n° 3 mais j’avais conservé les manchons, buffs et gants tant que je n’avais pas trop chaud. Je décidais de tout retirer mais de les placer dans mes poches afin de les avoir sous la main dès l’arrivée pour les laver sans attendre que la bannette du poste de ravitaillement soit arrivée à la salle d’hébergement.

    Peyrelevade, habituellement terme de l’étape correspondante sur la Transe Gaule, se présenta (km 49) et je me dis qu’il y avait encore près de 24km à faire, dont une partie en descente, certes, mais avec aussi de beaux faux plats montants, à commencer par les 7km qui suivaient. Au bout de ces 7km, j’arrivai au croisement d’une route un peu plus fréquentée et j’apercevais de trois-quarts arrière la chaîne des Puys et Monts d’Auvergne. C’était magnifique.

    La route menait à Millevaches, nous étions sur le plateau et de loin j’apercevais plusieurs coureurs que j’allais peut-être rattraper avant Meymac. Mon rythme était meilleur puisque la route était en descente légère, mais j’avais apprécié d’accélérer dans la montée depuis Peyrelevade. Mon compte à rebours kilométrique était en marche, j’émettais des suppositions quant à mon heure d’arrivée et cela me redonna encore plus d’énergie.

    L’arrivée à Meymac après une succession de longues montées et descentes me permit de me souvenir qu’après Avallon, c’était la seconde ville où tout gamin j’avais été en colo. D’habitude, à Meymac, on y passe simplement pour continuer vers Mauriac, mais aujourd’hui c’était le lieu d’arrivée de cette 33ème étape de la TEFR.

    Je termine de nouveau 5ème, gagnant le droit de partir demain avec le groupe de 7h30 (et oui, on décale encore d’un quart d’heure, l’autre groupe partant à 6h30). Ça me plaît bien car je cours seul derrière les autres et je ne suis pas à essayer de remonter sur mes 4 compagnons de grasse matinée qui sont trop rapides pour moi. Aujourd’hui, nouveau changement de leader : c’est Henry Wehder qui a pris le maillot jaune en distançant l’ancien premier de près de 30 minutes. Moi, je reste calé à la 5ème place et quand j’y pense … ça me fait tout drôle. Mais je ne m’enflamme pas, je ne combattrai pas coûte que coûte pour la conserver si des coureurs devaient essayer de remonter au classement. Mon objectif reste quand même de toucher le rocher de Gibraltar.

    Je vous laisse et vous dis à demain, après une courte étape de 52km à peine où nous devrions aller sans doute un peu plus vite mais de toute façon arriver en début d’après midi voire avant pour les bolides.

    Fab

     

    CR étape 34

    Courte étape, mais beaucoup de dénivelé aujourd’hui, avec un temps « comme il faut » au départ de Meymac, pas trop frais voire même un peu chaud eu égard à la tenue que j’avais passée (la même que la veille où des gelées étaient venues blanchir les herbes). Mon départ prudent me permit de commencer à ressentir de bonnes sensations quand soudain je fus pris d’une abondante hémorragie nasale. Le temps de m’en apercevoir et le coupe-vent et mon mouchoir étaient souillés. Je dus m’arrêter mettre du papier dans ma narine et je repris mon chemin vers Combressol puis Palisse. Je changeais deux fois de papier avant de voir que l’hémorragie avait cessé. Je n’avais pas perdu de temps pour autant et ma moyenne était correcte compte tenu du fait que la portion plate des premiers hectomètres avait été suivie de montées et de descentes pas encore trop prononcées.

    La sensation de chaleur du départ avait disparu dès le premier changement de vallée et je me demandais si j’allais devoir courir avec le coupe-vent sali ou non. Au premier ravitaillement je décidai néanmoins de m’en débarrasser et la suite me donna raison car la température redevenait progressivement idéale même si les passages en sous bois étaient plus frais. Les kilomètres défilaient et le temps semblait aussi passer plus vite. Le dépassement des premiers attardés fut un peu plus tardif que ces derniers jours, sans doute à cause de la longueur modérée de cette étape. J’étais toujours avec Jean Claude ce qui en quelque sorte me donnait l’assurance d’aller à un bon rythme. J’étais tellement pris dans ma course que je ne l’avais pas vu s’arrêter dans les bois et je pensais au bout d’un moment qu’il avait pris une grande avance, profitant du fait qu’il est très bon en côte. Ce n’est qu’au 3ème ravitaillement, à Neuvic, que je m’aperçus qu’il était derrière moi. Cela ne changeait rien à ma course et j’abordais la descente vers la Dordogne avec envie même si je me souvenais que la véritable pente commençait au bout de plusieurs kilomètres de faux plats. Quand on l’atteignit, on était à l’ombre, et la foulée se déroulait toute seule, sans nécessité de relancer ou de freiner.

    Arrivés au pont qui franchissait le fleuve, j’avais repris une centaine de mètres d’avance sur JC et au dernier poste de ravitaillement il me rattrapa et me distança régulièrement pour finir avec 4’ d’avance sur moi. Sur cette dernière partie de l’étape, au lieu-dit La Besse, je me souvins avec nostalgie du ravitaillent placé ici en 2005 et tenue par Jacques Sirat qui s’était allongé dans son hamac en nous attendant. (Si tu me lis, Jacques, je te salue l’ami). La fin de l’étape n’était pas encore plate, quelques faux-plats montants puis une petite descente et enfin la remontée vers le centre de Mauriac précédèrent l’arrivée que je fis en compagnie de Neil, avec qui j’avais couru au début de la TransEurope mais à qui je venais de reprendre l’heure d’avance de son départ plus matinal.

    5ème encore, pas trop fatigué, un peu certes et c’est normal après les 2350km déjà effectués en 34 jours (2 Transe Gaule en kilomètres). Il en reste encore beaucoup (plus de 1800) et il faut continuer de faire attention, sinon plus qu’avant car la route est longue et usante.

    Demain, une belle étape de montagne se présente à nous avec des passages de cols (le Col du Legal à plus de 1200m), de jolis villages (Salers, Fontanges…) et une arrivée à Jussac au bout d’une longue descente dont la première partie propose une pente à 15% au moins. Attention aux releveurs !

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 35

    L’étape de la Transe Gaule dite des 4 cols nous était proposée aujourd’hui dans le cadre de la 35ème étape de la TransEurope, avec une petite modification – et même plusieurs – dont notamment le lieu d’arrivée : Jussac au lieu d’Aurillac. La différence n’était pas très importante au niveau du kilométrage (quelques km de moins à faire qu’on aura demain en plus), elle ne le fut pas non plus au niveau du dénivelé total car nous avons franchi comme d’habitude les 4 cols habituels. En ce qui concerne l’hébergement, le gymnase est aussi vaste qu’à Aurillac, aussi « propre » mais les sanitaires sont de plain pied et les douches chaudes. Le repas du soir aussi était meilleur car pris dans un restaurant au lieu d’être pris sur place livré par un traiteur.

    Revenons à la course.

    Le matin était doux contrairement à ce que j’avais craint et une certaine humidité régnait. Le départ à 7h30 fut donné alors que le jour finissait de se lever, la circulation était très peu dense, je n’eus pas trop de difficultés à me mettre en route. Certes je me fis rapidement distancer par le groupe des 4 habituels auquel se sont ajoutés Jean Benoît et Ambros, auteurs d’une belle étape hier.

    Je ne cherchais pas à les rattraper, mais je tenais aussi à ne pas trop me faire distancer sur ce début d’étape que je savais plat. Je savais aussi que des belles côtes allaient se présenter et qu’à ce moment j’aviserais sur ma conduite à tenir. Respectant mon code de conduite – 15’ de course 30 secondes de marche pour boire – j’avançais quand même à près de 10km/h et quand vint le premier relief, je revins sur mes deux acolytes et les laissai sur place quand la pente se fit plus tendue. Je poursuivis mon effort, à la limite de me mettre dans le rouge, mais j’avais besoin de faire monter un peu les pulsations cardiaques et de ressentir le début de brûlure aux quadriceps. C’est une sensation agréable que j’arrive à contrôler et quand je veux récupérer, je n’ai qu’à baisser légèrement la vitesse et tout rentre dans l’ordre. Au ravitaillement peu avant Salers, je ne voyais plus ni JB ni Ambros et quand je repris la route – on partait directement vers Fontanges sans passer dans les ruelles piétonnières comme sur la Transe Gaule – je pus me préparer à la longue et forte descente qui suivait. J’avais déjà commencé l’opération « rattrapage des derniers » en l’occurrence les japonais, puis ce fut au tour des copains français dans les portions moins pentues de cette vertigineuse descente. La bifurcation vers Fontanges me calma un peu et je gérais en pensant que d’ici 5km allait commencer l’ascension du premier col. Un ravitaillement se trouvait juste au pied de la longue montée et j’y rejoins Jean Claude et Trond. Ils repartirent avant que j’aie fini de me ravitailler et je ne revis plus Jean Claude, très à l’aise quand ça « côte » (synonyme personnel des verbes grimper ou monter), par contre je dépassais Trond avec qui je discutais en anglais et qui me racontait avoir vu traverser devant lui une vingtaine de cochons sauvages (sans doute des sangliers). En effet, j’avais aperçu quelques véhicules de chasseurs ou gardes forestiers dont les passagers étaient en tenue.

    La longue montée vers le col m’obligea par moment à alterner marche et course afin de me ménager des plages de récupération car je continuais quand même « d’envoyer ». Le premier col franchi, je me concentrais sur le second à venir, le col de Legal (1231m) et son poste de ravitaillement. Trond me rattrapa juste avant et y arriva avant moi. Je me ravitaillais tranquillement et aperçut au loin Ambros qui n’avait pas tant décroché que ça. J’étais de nouveau remotivé pour faire une belle descente sachant qu’il y est très performant lui aussi. Le troisième col (Bruel) en descente suivie d’une partie remontant un peu vers le dernier col fut avalé goulûment mais je n’avais plus très faim pour la partie que je trouvais longue avant le carrefour où nous devions descendre vers Jussac. Quand j’y parvins, je fus soulagé de voir qu’il ne restait que 9km à peine à parcourir et que j’avais de la marge sur l’arrière. J’aperçus Ambros quand je quittais le dernier ravitaillement à 7km du but et pendant tous ces kilomètres je me disais que ça serait bien de l’attendre s’il n’était pas trop loin derrière moi une fois arrivé à l’entrée de Jussac. C’est ce que je fis quand j’aperçus qu’il n’était qu’à 2 ou 300m. Je me mis à marcher et l’attendis afin que nous puissions franchir ensemble la ligne d’arrivée. Il était content, et moi aussi, de notre 5ème place ex-æquo. J’avais été un peu gourmand à un moment pour imaginer l’éventualité de pouvoir revenir sur Jean Claude (3ème) et Trond (4ème), mais je suis trop juste encore pour jouer dans la cour des grands. Henry Wehder gagne une nouvelle fois creusant encore un écart sur Robert Wimmer, second.

    Tout va bien, ça va être l’heure d’éteindre, donc je poste et me couche (en fait je suis déjà couché pour taper ce CR).

    A+Fab

     

    CR étape 36

    Et de deux Transe Gaule ! Et oui, 36 jours de course, soit en équivalent TG deux fois la traversée de la France, mais en ce qui concerne le kilométrage, on a fait encore plus que ça : 2482,9km pour 2300km pour 2 TG.

    La forme est toujours là même si aujourd’hui j’ai été un peu moins véloce que prévu. La faute à l’étape d’hier et à son dénivelé qui m’est un peu resté dans les jambes, la faute aussi à un départ où le vallonnement était assez important m’empêchant de bien m’échauffer avant d’entamer les brusques montées et les descentes qui suivaient, la faute encore à un fort vent contraire qui nous a gênés à la sortie d’Arpajon sur Cère au moment où nous devions attaquer une longue montée. Arrivé au second ravitaillement, car j’avais volontairement ignoré le premier trop proche du départ, j’étais déjà bien entamé et quand j’en suis reparti, je me suis dit que l’étape ne serait pas aussi simple que je l’avais espéré.

    Ambros et les 4 autres membres du groupe des lève-tard m’avaient déjà bien distancé et quand je réussis à revenir sur l’autrichien, ce ne fut que l’espace d’une petite heure. Ensuite, il me distança progressivement et mit à profit ses facultés de descendeur pour irrémédiablement me laisser derrière lui. A Cassaniouze, village faisant partie d’une association de communes aux noms burlesques, il n’avait que 2’30 d’avance et au final, après 12km de descente et 14 de faux plat il en avait 10’ environ. Mais mon étape globalement s’est bien passée, j’ai réussi à limiter la casse et j’en ai doublé plusieurs, des coureurs, qui étaient plus en difficulté que moi. Certains vont mieux, certes, mais d’autres s’enfoncent de jour en jour dans la souffrance et sont contraints de courir dans la douleur et sans plaisir pour atteindre le but de chaque étape.

    Aujourd’hui il y avait un pot offert par la mairie de St Cyprien sur Dourdou et j’ai reçu un t-shirt en cadeau de la part des membres du club organisateur d’une course locale (Course des Découvertes et des Thermes) qui a lieu le 1er dimanche de juillet. C’est une course nature dans les environs de Decazeville. Le repas du soir aussi fut apprécié sous forme de plateaux repas avec l’aligot régional.

    Je vais terminer ce CR en vous disant à demain, après l’étape courte de 57,8km avec quelques portions de route dangereuse –on sera lundi matin et les gens iront travailler- et pas mal de dénivelé avant et après Rodez. De plus, la météo ne s’annonce pas très réjouissante avec de la pluie au programme. Mais en attendant, passons une bonne nuit et on verra bien demain ce qu’il en est.

    A+Fab

     

    CR étape 37

    Etape idéale pour tester ses réflexes et l’art de l’esquive dans les fossés. Un lundi matin, croiser des Aveyronnais partant au travail en voiture s’annonçait comme un beau challenge en plus de celui de mener l’étape à son terme. Le parcours – qui est la copie conforme de celui de la Transe Gaule – avait prévu de nous soulager quelque peu de la dangerosité de l’itinéraire le plus court. A partir du km 11, nous allions pouvoir souffler un peu et nous retrouver sur une longue montée de 10% sur 4km.

    Quand le départ fut donné, j’avais déjà intégré tous ces paramètres. Restait celui, plus aléatoire, concernant la météo : des orages et donc des pluies étaient annoncées et un vent parfois fort était aussi prévu. Nous sommes partis à 7h30, il faisait gris mais pas de pluie. Notre groupe de 7 s’élança rapidement et comme d’habitude je me retrouvais bon dernier mais en essayant cette fois de ne pas lâcher trop d’espace afin de revenir plus facilement une fois échauffé. C’est ce que je fis après une demi-heure de course où, le profil en faux plat montant m’aidant bien, je commençais à revenir puis à laisser derrière mes copains Ambros et JB. J’accélérais encore quand la machine montrait qu’elle pouvait donner plus et je dépassais même Jean Claude, me retrouvant à quelques dizaines de mètres derrière Trond. La circulation jusqu’alors avait été agréablement peu dense et les quelques véhicules roulant encore trop vite nous avaient bien respectés en se déportant quand ils nous croisaient.

    Marcillac, 10,5 km, premier ravitaillement passé en moins d’une heure, puis la traversée du village que je connais par cœur et enfin le début du raidillon de 4km. Je continuais sur ma lancée et grimpais comme un cabri la première partie menant jusqu’à un lacet en épingle à cheveu où je pris quelques mètres pour marcher, boire et me relancer. Jean Claude m’avait rattrapé et distancé peu à peu, c’est un excellent grimpeur qui semble ne jamais piocher contrairement à moi qui fais du bruit quand je commence à être dans le dur. Trond restait à portée de vue, en revanche derrière je n’apercevais plus mes compères Ambros et JB. En pleine montée, il commença à pleuvoir, d’abord modérément puis ensuite un peu plus fort, mais les haies et les arbres protégeaient bien du vent latéral et de la pluie. Arrivé en haut de la côte, on bifurqua sur notre droite et la pluie se fit plus gênante ; je me retrouvais trempé mais sans envie de mettre le poncho, il ne faisait pas froid. Je doublais 10 japonais en l’espace de 2 ou 3 km puis ce fut au tour de mes copains français, Fred G, Christophe et Patrick. Au ravitaillement N°2, nous étions ensemble sous une pluie battante, les tables où se trouvaient boissons et nourriture avaient du mal à rester en place, les ravitailleuses étaient trempées et frigorifiées. Je ne m’y attardais pas et redémarrais en espérant que ça se calme un peu. La déviation prit fin et je me retrouvais sur la route à grande circulation vers Rodez, croisant des camions qui m’obligeaient à tenir ma casquette à la main. Le danger venait de l’arrière, non pas que je craignais un retour de mes poursuivants, mais j’avais peur à chaque fois qu’un véhicule qui arrivait de l’arrière se faisait doubler par un autre véhicule qui me frôlait. Ce n’était pas de tout repos. Vivement la piste cyclable que je savais proche, et encore un peu de concentration jusque là.

    La piste cyclable marqua la fin de la première partie de l’étape et je rattrapais Trond qui lui aussi s’était épuisé à lutter contre la pluie, le froid, le vent, les voitures… arrivé à Rodez, je connaissais encore une fois l’itinéraire le plus direct pour rejoindre la route vers Le Monastère, ainsi je pouvais anticiper les changements de direction. Je dépassais encore d’autres coureurs, notamment Jean Pierre qui allait mieux depuis deux étapes.

    Au ravitaillement N° 3 (Le Monastère) je pris une soupe et repartis vers la suite de mon étape. Ça remontait, ce n’était pas pour me déplaire, et j’accélérais encore un peu pour rejoindre les routes plus tranquilles qui suivaient. Prochain objectif, le km 42 où une route tout en descente douce allait me mener jusqu’à Pont de Granfuel, à moins de 8km de l’arrivée. En bas de cette longue descente, Ambros me rattrapa – décidément le copain autrichien est un coriace – et nous avons couru ensemble quelques hectomètres avant que le profil de la course ne redevienne pentu et me permette de reprendre une bonne avance. A 2km du but, j’avais creusé un gros écart et je me dis qu’Ambros étant un meilleur descendeur que moi il n’aurait aucun mal à me rattraper d’autant plus que j’avais ralenti la cadence dans le but de finir avec lui. Mais personne en vue derrière, alors quand j’entrai dans le village, je trouvai une murette sur laquelle je m’assis pour l’attendre. Au bout de deux minutes, toujours personne en vue, alors je me relevais et marchais tranquillement vers l’arrivée, le guettant afin de finir avec lui. Mais au bout de 4 minutes, comme il ne venait pas je franchis la ligne et … 30 secondes après il déboucha enfin de la ruelle. J’étais un peu désolé de l’avoir attendu soit de trop soit pas assez. Il ne m’en a pas voulu.

    L’hébergement de ce soir est sous un hangar, au sol bétonné mais poussiéreux. Les douches étaient au stade à 800m de là et nous y sommes allés en véhicule – celui des japonais. Le syndicat d’initiative nous a offert un pot d’accueil et j’ai eu le temps de faire quelques course à la supérette d’à côté. Ce soir, on a dîné au restaurant et tout le monde est bien vite rentré pour se coucher. Il va faire frais cette nuit et j’espère que la météo de demain sera meilleure qu’aujourd’hui. Certes il n’y a que 54,8km à faire, mais sous le grand beau ce serait quand même mieux.

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 38

    Quitter Cassagnes-Bégonhès au lever du jour quand la météo est douce et quand le corps attend sa dose de kilomètres, ça procure un sentiment jubilatoire et le plus difficile dans l’affaire ce fut pour moi de canaliser ce trop plein d’envie d’aller vite dès le départ. Pourtant je ne laissais pas ma part au chien et je démarrais l’étape en essayant de ne pas laisser mes compagnons de route de 7h30 me distancer et comme le profil du début d’étape était plutôt en montée qu’en descente, je pris rapidement la mesure de l’effort à accomplir pour me détacher petit à petit. Et comme hier j’avais fini un peu au ralenti après avoir fait la descente sans me lâcher, j’avais décidé de tenter de descendre un peu plus vite. Je passais à La Selve (km 8) en 44’ puis dans la remontée vers Requista je maintenais mon rythme et passais au km 19 en 1h48’. Ensuite la belle descente vers Lincou et le franchissement du Tarn confirmaient que mes jambes avaient du jus (km 25 en 2h21’) et le 3ème ravitaillement juste au pied d’une longue montée de près de 10km me permit de prendre un peu de temps pour déguster une soupe et prendre quelques gâteaux pour la suite. Ambros m’avait rattrapé et distancé le temps que je déguste mon breuvage chaud et salé, mais à peine un kilomètre plus loin je l’avais déjà rattrapé et je le laissais sur place en accélérant. Risqué ? Je ne sais pas, mais quand on a les jambes qui peuvent vous emmener sur un rythme un peu supérieur à celui des jours précédents, on ne refuse pas de se laisser aller et de se faire plaisir. J’arrivais en haut de la longue montée, m’étant fait doubler par Jean Claude que j’avais distancé quelques temps avant – au moment de la descente sur Lincou – et mon chrono indiquait 3h16’ soit une montée de 9km effectuée en 55’20’’ (dénivelé 300m). Toujours à plus de 10 de moyenne je fis la descente vers Plaisance, d’abord lentement le temps que les jambes et le reste du corps se rappellent la posture idéale à prendre, puis de plus en plus vite tout en gardant à l’esprit que le jeu pouvait s’avérer très dangereux. Je rattrapais à nouveau Jean Claude, moins à l’aise en descente qu’en montée, et je touchais Plaisance en 4h13’ (km44) non sans m’être ravitaillé 2km auparavant. La suite fut un peu moins facile car il fallait tout de suite embrayer sur une série de côtes et de faux-plats très souvent en plein soleil qui commençait un peu à devenir chaud. J’ai tenu jusqu’à 6km de l’arrivée où je connus un petit coup de mou qui m’obligea à m’arrêter et à marcher un peu (perte de temps 4’) ce qui permit à Jean Claude de repasser devant. Je repris la course en me méfiant, ayant un peu mal au ventre, mais je repris mon rythme progressivement une fois l’alerte passée. Derrière, j’avais entraperçu Ambros à quelques centaines de mètres de moi et comme le profil de la fin d’étape était en montée je me suis dit qu’il ne pourrait pas me revenir dessus avant le village d’arrivée et que s’il descendait bien, au pire on finirait ensemble. Il ne me rattrapa pas et cette fois, je ne cherchais pas non plus à l’attendre. Je franchis la ligne d’arrivée en un peu plus de 5h18’ l’étape n’étant pas exactement identique à celle de la Transe Gaule il y avait au moins 1200m de plus à faire afin d’arriver directement au gymnase nous hébergeant à la sortie de St Sernin sur Rance (total 54,8km).

    J’étais content d’avoir bien pris du plaisir à faire cette étape. Demain, au programme on aura une longue série de cols pour atteindre Saint Pons de Thomières sur une étape longue de près de 73km.

    Nous avons eu de la visite aujourd’hui : Paul Macombe et Marie Thérèse Salvat (Transe Gaulois 2011, qui seront encore là demain), Maurice Chénais (TG 2011) qui prépare les 100km de Millau. C’était sympa de les voir sur le parcours même si je n’ai pas eu le temps de m’arrêter les saluer. Mais on s’est vus après et c’était bien sympa.

    J’ai eu le temps de prendre une collation après la douche puis de me reposer pendant une heure et demie. Ce soir, nous avons dîné au Lycée et maintenant que j’ai fini d’écrire ce CR, je vais aller dormir. A demain. Fabrice

     

    CR étape 39

    Dernière longue étape en France : Saint Sernin sur Rance – Saint Pons de Thomières, plus de 72km au programme avec quelques cols à franchir et de belles descentes pour les digérer, d’autant plus qu’une des descentes nous menait à La Salvetat.

    Le départ depuis le site d’hébergement rallongeait – comme pour l’étape de la veille – notre étape de 1300m environ et nous n’avons pas pris le même itinéraire que celui proposé par JB sur la Transe Gaule pour quitter la ville. Pas de ruelles peu éclairées et pas d’escaliers glissants aux marches inégales et dangereuses, mais à la place un petit détour pour rejoindre la route qui descendait moins violemment. Une fois le pont franchi, la route s’est mise à monter et cette longue montée dura jusqu’à un col au km17. Je fus lâché par mes 6 compagnons de route et je me résignais à continuer l’escalade à mon rythme qui pourtant ne semblait pas si lent que ça. C’étaient les autres qui avaient accéléré et je ne m’en suis plus préoccupé préférant me concentrer sur les kilomètres restants. J’avais mis la musique un peu plus fort dans mes écouteurs – n’en déplaise à certains – pour m’isoler complètement du reste du monde. C’est ma façon de gérer quand je suis dans le dur. 1h47 quand même pour les 17 premiers kilomètres et presque 600m de dénivelé, j’étais loin d’être lent.

    Une descente de quelques kilomètres me permit de reprendre un peu de vitesse et j’entamais mon second col que je passais en 2h49 (km 27). Il pleuvait un peu depuis quelques minutes et je me couvris pour éviter d’attraper froid surtout dans les portions exposées au vent. Suivit une descente infernale de 3km entre 15 et 20% par endroits pour atteindre la ville de Lacaune où se trouvait le poste de ravitaillement N°3. J’avais rattrapé JB qui en avait fini avec sa chevauchée mais Ambros était très loin devant, trop pour que je puisse le rattraper. C’est qu’aujourd’hui j’ai découvert qu’il est aussi très fort en montée alors que jusqu’à présent il n’était bon qu’en descente. Nous avons eu la surprise de rencontrer Emmanuel Fontaine qui fait partie de l’équipe de France des 24 heures récemment médaillée par équipe tant au championnat d’Europe que du Monde. Il avait couru 251km lors de son championnat. Là, il est venu spécialement pour nous encourager ce qui nous a fait très plaisir.

    La côte qui suivait Lacaune (5km dénivelé 250m) démarrait fort et j’eus du mal à courir tout le temps. Je relançais néanmoins dès que le profil s’adoucissait et quand j’eus atteint le sommet de cette montée je ne me souvenais plus qu’une longue descente de plus de 13km allait me permettre de reprendre des forces. Cette descente débouchait sur la ville de La Salvetat. Une fois la rivière l’Agout franchie, un raccourci de 2km sur un chemin d’abord bitumé puis caillouteux de 2km de long nous a fait monter de 200m en évitant une série de lacets sur une route où la circulation pouvait être dangereuse. Au sortir de ce chemin, reprendre la route normale, toujours en côte, fut un vrai soulagement surtout pour les cuisses qui brûlaient de l’effort précédent. Un petit effort de 8km plus ou moins vallonné, avec alternance de hauts et de bas, puis ce serait la descente vers St Pons, descente de 10km environ à 6% de moyenne.

    Je me lâchais peu à peu dans la descente pour maintenir voire réduire si cela était encore possible l’écart avec Ambros que je ne voyais pas. J’eus une nouvelle surprise en rencontrant mon ami Jérôme rencontré en 2006 sur la Transe Gaule et qui depuis cette date vient tous les ans me rendre visite. Comme il était pâtissier, il a gardé l’habitude de nous apporter des gâteaux et demain à Lézignan-Corbières, il doit venir nous offrir des flans : c’est un gars très gentil, avec le cœur sur la main. Avec sa moto il m’accompagna quelques centaines de mètres puis il fila jusqu’à l’arrivée pour me laisser finir mon étape sans ralentir. Je suis content d’avoir réussi à limiter la perte de temps sur Ambros (8’) et aussi d’avoir chipé la 5ème place de l’étape à Jean Claude qui d’habitude me dépasse et me laisse sur place quand ça monte. Mais là, ça descendait et j’étais plus à l’aise.

    Ce soir, il s’est remis à pleuvoir, mon linge ne va pas sécher dans les vestiaires, on verra demain s’il fait beau après l’arrivée car j’aurai du temps, l’étape ne faisant que 50,8km.

    A+Fab

     

    CR étape 40

    La montée vers le Col de Sainte Colombe maintes fois effectuée lors de mes Transe Gaule m’a laissé des souvenirs impérissables, tels que lors de l’édition 2005 où j’étais parti avec Gérard Denis et Sigrid Eichner à 4h30 car blessé – j’avais vu ce matin-là des étoiles filantes – ou encore quelques années plus tard quand je courais pour essayer de terminer l’étape sur le podium ou cette autre année où je bataillais ferme pour garder à distance Sebastiaõ le Brésilien qui voulait me reprendre ma place au classement. Cette ascension marquait le début de la dernière étape, celle où l’on conquiert une étoile.

    Ce matin il ne s’agissait que de la 40ème étape de notre longue transhumance vers le sud de l’Europe. L’étape, de surcroît, était plus courte et nous avons quitté l’itinéraire de la Transe Gaule en pleine descente du col, avant Rieussec, pour découvrir une magnifique petite route sans circulation pour prendre la direction de Minerve. Cette route tranquille montait, d’abord de manière assez abrupte, puis redescendait nous faisant admirer au fil des kilomètres et des nombreux méandres une vallée au fond de laquelle se trouvait un non moins magnifique petit hameau, Boisset. Ce paysage de toute beauté me fit oublier un peu que mon ami Ambros était devant. « L’adversaire est l’ami qui vous fait progresser » est, me semble-t-il, la devise de la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail) et j’ajouterai que cet adversaire me permet de me surpasser et donne un peu de piquant ou de saveur – selon la difficulté de l’effort à fournir – à la course sans quoi je m’ennuierais certainement.

    « Oh le fou ! » entends-je d’ici. Oui, peut-être, mais la dose de plaisir est telle que tous les petits tracas éventuels – fatigue physique et mentale, risque de début de blessure, défaillance, etc – sont mis de côté. Je cours mon rêve, je sais raison garder, mais aussi j’ai besoin de cette débauche d’énergie.

    Après cet épisode de course dans cette région où la végétation était encore majoritairement composée de pins, nous sommes arrivés au sommet d’une longue et forte montée d’où un tout autre paysage tout aussi magique nous apparut : la vallée, si l’on peut la nommer ainsi tellement elle est vaste, était recouverte de nuages qui donnaient l’impression d’être une mer blanche. Seuls les sommets de collines du Minervois dépassaient et ressemblaient à des îles (avec quelques éoliennes en guise de cocotiers). La longue descente pouvait faire gonfler la moyenne pourtant déjà assez conséquente, mais je n’arrivais toujours pas à faire la jonction avec l’autrichien, très fort, trop fort en ce moment pour moi. Au ravitaillement N°3, celui de la soupe, j’arrivais quand il en repartait et je consultais mon chrono pour constater qu’il avait 1’30 d’avance, le temps que je boive ma soupe. Je repartis et au bout d’un certain temps, une fois le joli village de Minerve contourné, je me dis qu’il avait accéléré car je ne le voyais plus. Comme ça remontait assez fort, je remis un peu de bois dans le fourneau et attaquait la côte avec gourmandise et … inquiétude aussi. En haut, personne à l’horizon sinon des attardés du groupe de 6h30 et je me dis qu’il avait lui aussi mis le turbo. Deux heures durant j’allais mener la chasse ne revenant jamais sur lui, ne l’apercevant même pas. Au village d’Azillanet puis plus loin à Olonzac je pensais toujours être à sa poursuite, puis soudain à un ravitaillement, je jetai un coup d’œil derrière et vit … mon bon Ambros ! Que s’était-il passé ? Je le saurai plus tard, il s’était trompé de route peu avant Minerve et dut faire deux kilomètres de plus.

    Donc j’avais couru après un coureur qui était non pas devant moi, mais derrière moi. Rassuré de ne pas prendre un autre éclat après celui d’hier (-8’) je finissais mon étape en roue libre en pensant que s’il me rattrapait et même passait devant il ne me prendrait pas grand-chose.

    Arrivé à Lézignan-Corbières, à un carrefour avec des feux tricolores, je regardais derrière et ne l’aperçus pas. Je traversais le carrefour (au piéton vert bien sûr) et confondis le sens de la flèche et pris la direction de droite au lieu de gauche… je me retrouvais au bout de quelques centaines de mètres perdu dans la ville. Je fis demi-tour et vis que la flèche indiquait l’autre direction. J’avais été troublé par la présence d’un véhicule à l’arrêt juste devant d’où ma confusion. En colère contre moi-même et un peu contre le flècheur je repris la course en essayant de combler les minutes perdues et j’aperçus devant à 100m Ambros sur lequel j’essayais en vain de revenir. Il franchit la ligne quelques secondes avant moi, tout étonné de me voir derrière lui comme je le fus quelques kilomètres plus tôt. Il m’expliqua la raison de son retard et je me dis maintenant que la morale a été respectée, car sans son erreur il aurait néanmoins terminé devant moi.

    A l’arrivée, Jérôme mon copain de Narbonne avait apporté une quarantaine de flans pour les coureurs et je me régalais. Il m’avait aussi fait quelques courses pour les jours à venir. Très sympa. J’ai pris ma douche, lavé mon linge et nous sommes allés ensuite tous les deux dans une brasserie déguster une entrecôte frites avec un grand panaché. Le temps avait été beau toute la journée, le soleil et la chaleur de l’après-midi donnait des airs de vacances à cette journée où l’étape courte a favorisé la récupération.

    Demain, direction Estagel. Nous abordons le pied des Pyrénées, je crois, ou tout au moins nous nous en approchons. 66km de course avec un dénivelé correct (500m). Ça devrait bien se passer, espérons que la météo reste aussi belle qu’aujourd’hui.

    A demain

    Fabrice

     

    CR étape N°41

    L’étape du jour nous faisait passer des contre forts du Massif Central à ceux des Pyrénées en traversant une partie du pays Cathare ainsi que le terroir des vins de l’Aude (Corbières). La route que nous avons prise était globalement tranquille et le peu de circulation n’a pas été gênant. Le dénivelé était globalement digeste, les montées ou descentes ni très fortes ni très longues. La météo fut douce à souhait si bien que j’avais allégé ma tenue dès le départ, ne mettant qu’un t-shirt et un cuissard, et des chaussures bien évidemment.

    Je suis parti avec le groupe des 7h30, nous étions 6, et je me retrouvais comme d’habitude rapidement avec mon ami Ambros, soit devant soit derrière, mais jamais côte à côte, et toujours à une distance raisonnable (entre 20 et 50m) pour ne pas se gêner, car c’est très pénible d’avoir un « colle-bottes » toute la journée dans son sillage.

    Le tempo adopté fut rapide dès le départ et les 10 km/h étaient l’allure minimale. Qui aurait pensé que j’aurais été encore capable de courir à cette allure après plus de 40 jours de course et plus de 2700km ? Mais je suis monté en puissance et je me suis habitué peu à peu à cette allure. Bientôt les premières pentes des Pyrénées vont sans doute faire baisser la vitesse car on ne grimpe pas un col à 1500m comme une petite côte de 5km.

    Avec l’autrichien, nous avons toujours été en vue l’un de l’autre, une sorte de marquage « à la culotte » comme on dit au foot, et j’étais bien content qu’il n’aille pas plus vite.

    La végétation que j’avais le temps de regarder était composée d’arbustes à feuilles persistantes, ce qui marque un profond changement avec celle –hormis quand il y avait des forêts de résineux – que nous avions eue jusqu’alors. Finis les chênes, hêtres et autres arbres à feuilles caduques, sauf peut-être aux abords des villages avec leurs alignement de platanes. J’ai vu beaucoup d’oliviers mais ce qui dominait quand même dans la région, c’était la vigne. Beaucoup d’endroits ont déjà été vendangés, d’autres étaient en train de l’être lors de notre passage et au détour d’une ruelle dans un village ou au passage devant un viticulteur des aromes de marc de raisin titillaient nos narines. Parfois, une débroussailleuse en plein travail exhalait des odeurs de plantes fraîchement coupées telles que le fenouil sauvage ou de thym.

    J’avais l’esprit occupé par tout ce beau paysage, mes pensées passaient d’un petit endroit pittoresque à un autre, me donnant envie d’y revenir en vacances pour avoir le temps de s’y arrêter et d’en profiter. Là, avec la course, certes on ne va pas aussi vite qu’à vélo ou en voiture, mais ça défile quand même et comme je n’ai pas d’appareil photo, j’emmagasine des souvenirs et des images. Me paraîtront-elles aussi magiques quand je reviendrai ?

    L’arrivée suite à une descente de quelques kilomètres permit à mon compagnon de route de creuser un petit écart qu’il avait déjà fait en ne s’arrêtant pas au dernier ravitaillement contrairement à moi qui y « perdais » 30 secondes. Après, plus moyen de revenir et il a conservé moins d’une minute à l’arrivée. J’ai encore plus de 6h40 d’avance au général sur lui, mais je me méfie d’une éventuelle défaillance qui me ferait perdre une heure par jour ou même plus. Donc la vigilance est toujours de mise afin de ne pas me blesser.

    A demain, dernier jour de connexion certaine, après, ce sera une autre histoire. On verra bien.

    A+Fab

     

    CR étape 42

    Cette étape courte nous a fait quitter Estagel et les Corbières par une petite route tranquille, mais en montée, de 5km débouchant sur un Col à 200m d’altitude qui nous a offert un magnifique panorama sur la vaste plaine où se situe Perpignan et les villages alentours. Lignes à haute tension, autoroute et encore de grands espaces viticoles meublaient peu à peu le paysage. En arrière plan, la chaîne des Pyrénées avec comme point de repère le Pic du Canigou (2784m). Les 5km de descente qui suivirent le col me permirent de digérer l’entame en côte et sur la partie plane qui continuait la descente je pus apercevoir les éclairs qui zébraient le piémont pyrénéen et les nuées de pluie qui tombaient. Ça, c’était promis on allait se le prendre sur la tête, et l’option poncho choisie ce matin lors de la préparation de ma tenue était la bonne. J’étais à une allure assez correcte (environ 10,5km/h) les jambes étaient bonnes, le bombé de la route pas trop méchant malgré quelques bosses et creux. Pezilla la rivière, Le Soler, Ponteilla, autant de villages typiques de cet arrière pays perpignanais cassaient la monotonie de l’étape. La montée commença vraiment à partir du 27 ou 28ème kilomètre, après le village de Fourques, mais la pluie n’avait pas attendu pour nous tremper, néanmoins j’étais bien abrité du vent sous mon poncho. La côte jusqu’à Llauro fut pénible à gravir sous l’orage et je sentais que je n’avançais plus aussi bien que lors des étapes du Massif Central. Après le village, il y a eu du rab de côte : 2km avant enfin de basculer dans la descente. Mais celle-ci fut tout aussi difficile à faire, le froid, l’humidité, les rafales de vent, les voitures qu’on n’entendait qu’au dernier moment ne permettant pas d’être très serein. J’avais fait déjà un choix : celui de ne pas partir à la poursuite de mon camarade de compétition autrichien. Il semblait très à son aise et je ne voulais courir aucun risque qui eût pu compromettre la suite de ma TransEurope, même si le cœur m’en disait.

    La vallée du Vallespir était apparue un peu dégagée et laissait espérer du temps meilleur pour la suite. J’ai vite perdu espoir de trouver du soleil quand un second orage rendit la pluie encore plus forte. Les 7km de descente assez forte débouchèrent sur la ville de Céret qui une fois traversée nous laissait 10km de montée via les villes de La Forge, Amélie les Bains (rebaptisée Amélie les Bains Douche pour l’occasion). La circulation automobile, les trottoirs inondés, les routes elles aussi gorgées d’eau et de flaques, le fléchage peu visible, tout se liguait contre moi. C’était l’impression donnée par cette étape qui restera sûrement comme une des moins agréables que j’ai faites.

    L’arrivée à Arles sur Tech, au complexe sportif de la Baillie, fut un grand soulagement. Trempé, fatigué, je n’avais qu’une hâte, de me doucher pour me réchauffer, mais avant il fallait s’installer et devant l’ampleur de la tâche je commençais à déprimer. Je me repris vite et préparai tout mon matériel que j’installai dans la salle. Une fois douché et après une petite collation, ça allait beaucoup mieux et j’eus le temps de me reposer.

    Demain, la longueur de l’étape (65km) masque sa véritable difficulté : départ de l’altitude 275m, passage du Col d’Ares (1513m) 35 kilomètres plus loin, bascule en Espagne pour une trentaine de bornes en descente pour atteindre notre première ville-étape espagnole. San Joan de les Abadesses. Je n’ai qu’un souhait, que la météo soit plus clémente que celle d’aujourd’hui, car passer un col à plus de 1500m par temps pluvieux ça doit presque donner des températures proches de 0°.

    On verra bien demain.

    Ce soir, je suis un peu triste de ne pouvoir être avec ma famille pour fêter les 20 ans de ma fille, Lucile. Restaurant, cinéma, elle va m’envoyer un MMS avec la photo de groupe au restaurant. On se rattrapera fin octobre quand je serai de retour, on se fera un deuxième repas d’anniversaire.

    A+Fab

    CR étape 43

    Dernier jour de septembre, dernière fois que nous courions en France. Le départ d’Arles sur Tech au moment où le jour se levait fut meilleur que ce que j’espérais. Le temps était doux, relativement, et surtout sec. La route principale que nous avons rejointe au bout de 400m était calme et elle nous fit traverser la ville que nous n’avions atteinte la veille puisque le centre d’hébergement était situé à l’entrée de l’agglomération. Quand nous avons quitté Arles, la route s’est mise à monter, mais doucement si bien que j’ai réussi à trouver une bonne cadence de course. Il y avait 34 kilomètres de montée avant d’atteindre le Col d’Ares et de passer en Espagne. Ça me paraissait long avant d’y parvenir et mentalement il me fallait trouver quelque chose qui me fasse passer le temps et les kilomètres plus vite. J’essayais de penser à plein de trucs sans rapport avec la course et quand je passais une borne kilométrique je me disais qu’il ne restait plus que tant à faire.

    Après Prats de Mollo, la pente devint plus raide et je commençais à ralentir le rythme, trouvant que l’alternance course marche pouvait me faire passer ce cap difficile. Un peu plus haut encore, après le troisième ravitaillement situé à 4km du col, la côte se fit encore plus rude et je n’avançais plus très vite. Quand je parvins au sommet, en 3h41’ pour 34km, je savais qu’il ne resterait que 31km à courir, dont la plus grande partie en descente. Cette dernière commença de la plus belle des manières car autant le revêtement routier en France jusqu’au col avait été très inégal en qualité, autant celui de la route espagnole était lisse : un vrai billard ! Je trouvais rapidement mon allure de croisière, entre 11 et 12km/h et les bornes défilèrent. Bien sûr, le pourcentage de la descente avait été trop important pour que je continue de croire que ça allait durer jusqu’à l’arrivée. Une montée nous attendait pour rejoindre Camprodon et la suite ne fut plus aussi pentue, même si elle comportait beaucoup plus de descentes que de côtes. La circulation automobile était peu intense, mais il fallait quand même se méfier dans les virages serrés ou lors du croisement de deux véhicules.

    Le paysage côté espagnol ressemblait beaucoup à celui rencontré côté français lors de l’ascension du col, mais peu à peu j’ai remarqué que la végétation était plus verdoyante du côté ibérique. Les villages et les habitations que j’ai à peine eus le temps de regarder sont différents de ce qu’on a vu dans le Haut Vallespir, côté français, beaucoup de maisons étant construites en briques jaunes. Beaucoup de drapeaux catalans aux bandes rouges et jaunes, avec une étoile blanche sur un triangle bleu, étaient accrochés aux balcons des immeubles.

    Nous sommes encore à près de 800m d’altitude et l’étape de demain devrait continuer de nous faire descendre, sur 15km, en douceur, puis une remontée de 8km à fort pourcentage nous fera ralentir et ensuite ce sera de la tôle ondulée. Mais je me méfierai car je ne connais pas les contreforts pyrénéens du côté espagnol et le dénivelé total prévu sera proche de 900m pour seulement 55,6km. La prochaine ville d’accueil sera Berga, c’est une ville assez importante de plus de 15000 habitants. Espérons que l’hébergement et les sanitaires seront meilleurs que ceux d’aujourd’hui car deux petites salles froides et des douches tout aussi froides n’ont pas réussi à nous réchauffer après l’étape où la température n’a pas excédé 14°. Heureusement que le repas servi dans une grande salle de sport nous a bien réchauffés.

    A+Fab

    PS : j’ai fini l’étape en 6h33’22 pour 65,1km (à peine 10 de moyenne) mais sur la seconde moitié, j’ai tourné en 2h52 pour 31km. Je suis encore 6ème et ne perds que 7’ sur « mon autrichien préféré ».

     


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  • CR étape 44

    J’ai trouvé un restaurant dans lequel j’ai mangé avec Jean Benoît, Jean Pierre, Christophe et Patrick. Cette courte étape (56km) nous a permis d’avoir du temps pour nous avant les trois prochaines qui nous feront courir 74, 65 et surtout 82km. On aura certainement moins de temps pour aller se faire plaisir après l’étape, tout dépendra de la configuration des lieux et de la proximité des restaurants.

    L’étape d’aujourd’hui s’est bien passée, j’ai couru à une moyenne de près de 10,5km/h sachant que le dénivelé total approchait les 800m voire peut-être les 900m. Le temps était agréable, un peu frais au départ, mais le fait que le profil de l’étape nous proposait une quinzaine de kilomètres en descente légère (avec quelques remontées néanmoins) j’ai pu rapidement trouver une allure me permettant de garder à l’œil mes accompagnateurs (Jean Claude, Ambros…).

    Le premier ravitaillement passé, il était tenu par Gérard et Nicole, je ne bus qu’un verre de cola et repartis assez vite pour ne pas me faire trop distancer par les autres. Le 15ème km marqua un changement d’itinéraire et par la même occasion le début d’une longue montée de 8km. Le début fut assez tranquille mais quand la pente s’amplifia, je commençai à peiner, mais ce qui m’a rassuré c’était qu’il n’y avait pas que moi. Je revins rapidement sur Ambros et Jean Claude au moment où le second ravitaillement arriva et je profitais de mon court arrêt pour passer devant l’autrichien. Pas longtemps certes, mais juste ce qu’il fallait pour lui mettre la même pression que celle qu’il m’avait mise en prenant un départ très rapide (plus de 11km/h). Je ne voulais pas perdre plus de 10 minutes sur lui lors de cette courte étape et je ramais pour rester le plus longtemps possible au contact et à ce moment, d’être devant me rassurait.

    La montée, dans le brouillard, se finit et une descente courte suivit, pendant laquelle je me fis reprendre et je pris mon adversaire en chasse afin qu’il ne me prenne pas trop de temps. Il ne m’en prit pas jusqu’au troisième ravitaillement où je fis comme lui, ne prenant pas de soupe qui d’habitude me fait perdre 2 minutes par rapport à lui et comme je marchais quand même un peu afin de manger mes gâteaux il me prit une centaine de mètres que je comblais dans la montée qui suivit. Nous sommes restés ensembles ou proches encore quelques kilomètres avant que progressivement sa « machine à essorer les concurrents » se mettre en marche. Aux pointages que je faisais, il avait 1’30 d’avance puis 2’ et petit à petit je ne pouvais plus vraiment savoir de combien il me distançait. Sur un pont à côté d’un barrage à 6 ou 7km de l’arrivée, j’avais environ 3’30 de retard et je me dis que ça allait et que je ne devrais pas perdre plus de 10’ dans l’histoire. Avant d’arriver à Berga, une longue et forte montée de 3km suivie de 2,5km de descente en ville nous attendait et j’ai limité les dégâts, ne concédant que 6’ au final je crois.

    L’arrivée devant un beau et grand gymnase, sous le soleil, ça réchauffe bien les cœurs après ces derniers jours froids et pluvieux ou humides. Les Pyrénées, nous y sommes encore, et demain sans doute qu’il faudra s’en prendre encore quelques contreforts, mais on nous avait prévenus qu’en Espagne on allait souffrir. Du plat il ne devrait pas y en avoir beaucoup et j’aime mieux ça.

    Je vais retourner au gymnase pour me reposer. Il est 17h15, je poste de CR et vous dis à bientôt au gré des connexions.

    A+Fab

     

    CR étape 45

    Longue étape au relief encore montagneux, mais l’Espagne du centre n’est pas un plat pays, météo au top, frais le matin et en altitude, ombre et descente vers Guissona sur une belle route. Tout était réuni pour que je passe une bonne journée, bonne mais longue. Remarque : je trouve long de passer plus de 7h sur la route, mais les autres qui y passent plus de 10h, comment doivent-ils la trouver leur journée ?

    Je suis parti dernier de mon groupe de 7, restant au contact (à moins de 200m) de mes camarades de jeu. Le profil prévoyait qu’après une entame de 7 km environ nous allions commencer à monter pour passer de 700m à 900m en 7km. La route était de bonne qualité, les bords assez larges pour cohabiter avec les autos et camions. Une fois ce premier mont gravi, une courte descente de 3 bornes suivie d’une remontée de 2km me permettaient de reprendre le contact avec Ambros et de le laisser derrière. J’avais bien senti qu’il était moins en forme que les autres jours, mais ça m’avait déjà fait cette impression les autres jours et il avait quand même réussi à finir devant moi. Mais aujourd’hui, j’ai vite vu qu’il ne suivait pas. J’en ai remis une bonne couche au moment où d’habitude je gère les événements et du coup, il n’a pas suivi pendant les 7km de descente, pourtant son point fort habituellement. Après le kilomètre 27, le parcours était un peu en tôle ondulée et il fallut attendre le 35ème km pour remonter pendant 12 bornes. Ce n’était pas très violent comme pente, et je réussis à trouver un bon rythme. Au sommet, du moins je pensais que ça l’était, nous attendait une autre partie de tôle ondulée pendant à peine 10km avant de vraiment redescendre sur Guissona. 9km de belle route pour passer de 800m à 400m. j’étais bien et j’ai pu donner encore un peu plus rattrapant au fil des kilomètres les derniers coureurs partis à 6h45 (nous on est partis à 7h45). Seuls deux résisteront, Jean Benoît et Makoto le japonais, qui descend bien. Un dernier effort pour gravir une côte violente à ce moment de la course (3km pour monter de 100m) puis le retse en roue libre, voyant que derrière j’avais dû creuser un trou important. Résultat, 7h15’ pour 74,4km (le site indique 75,5km) et donc j’ai encore tourné à plus de 10 de moyenne. Je suis moi-même étonné de cette forme et il va falloir que je guette le moment où je serai peut-être moins bien pour ne pas risquer la blessure qui me gâcherait la fin de cette TransEurope. J’ai repris presque une quinzaine de minutes à l’autrichien que je garde à distance raisonnable (6h30’).

    Ce soir, nous avons de la connexion, et j’ai lu mes mails, dont un qui m’a effondré quand j’ai appris le décès accidentel du fils d’un copain de mon club (Laurent). La fatigue, mais surtout le choc de cette nouvelle ont fait que pendant plusieurs minutes j’étais inconsolable. J’ai une grosse pensée pour Laurent et comme je suis très loin, je voudrais lui témoigner toute mon amitié pour qu’il réussisse à surmonter ce drame, mais le peut-on vraiment ?

    A côté de ces aléas de la vie, le reste n’a que peu d’importance et donc je vous laisse et vous dis à demain.

    A+Fab

     

    CR étape 46

    La journée s’annonçait belle au niveau de la météo, et elle le fut : on se serait cru en été et, même en Bretagne des étés avec du grand beau temps comme ça c’est rare. 13° seulement au départ et plus de 25° à l’arrivée. Très peu d’ombre car nous avons suivi une longue route relativement droite, peu vallonnée, sans arbres la bordant, et on a même suivi l’autoroute sur une voie parallèle. C’est dire que la compensation d’avoir du beau temps était quand même minime par rapport à l’ennui généré par ces longues lignes droites. Heureusement, les bas côtés et la circulation n’ont pas ajouté beaucoup d’éléments négatifs à cette journée coincée entre deux longues étapes. Ce ne fut pas de la récupération, mais je n’ai pas « tapé dedans ».

    J’ai encore tourné à plus de 10km/h à la poursuite du drapeau rouge et blanc avec l’aigle ou le faucon, emblème de l’Autriche. Il est arrivé 7’ avant moi et ne m’a pas repris ce que je lui avais « chipé » la veille. Mais le bougre est coriace et il attaque dès le départ. J’avais mis, comme hier, mon MP3 afin de me couper du monde et de penser à autre chose qu’à lui faire la chasse. Mais j’avais néanmoins toujours un œil à l’horizon.

    La journée a passé relativement vite, je calculais qu’avec ma vitesse et les 67,4km d’inscrits sur le road book je mettrais environ 6h30 et à deux minutes près, c’est ce que j’ai fait. Sur le site, ils mettent qu’on a fait 66,7km ; je ne saisis pas leur manière de les compter et surtout ensuite de les officialiser.

    Je n’ai pas de bobos, c’est le principal, et je m’apprête à passer la longue étape de 83km de demain. Il risque de faire chaud, il n’y a pas de difficulté particulière mise à part une montée assez forte à partir du km45 : on montera de 350m sur 9km. Ce qui rendra l’étape peut-être moins passionnante c’est les longues lignes droites que nous risquons d’avoir lors des premières heures de course. La fin sera plus variée car après la descente nous aurons des bosses régulièrement espacées d’environ 4km et ce, jusqu’à l’arrivée.

    Ce soir, nous avons encore eu un excellent dîner. Les espagnols sont très accueillants et le personnel qui nous a préparé et servi le repas a été très sympathique. Salade de pâtes avec ananas, surimi, dés de jambon, en entrée, puis saucisse grillée avec des chips en plat principal et un fruit en dessert. Le tout a été arrosé d’eau bien fraîche ou de vin rouge local que les japonais ont comme à leur habitude plus qu’honoré. J’ai rarement vu des picoleurs comme eux ! Ils sont fans des vins européens. Mais ils ne crachent pas non plus sur la bière d’après course. Et le lendemain, ils sont toujours vaillants, souriants même dans les plus difficiles épreuves. On ne les entend jamais chouiner et ils encaissent leurs bobos sans mot dire.

    Je vous quitte pour ce soir où comme depuis notre entrée en Espagne nous avons de la connexion sans code et sans frais. J’espère que demain ça sera pareil. La contrepartie est que les douches ont encore été froides. Mais en été, enfin ici on s’y croit, on les a trouvées assez bonnes quand même.

    A+Fab

     

    CR étape 47

    Nous avons couru aujourd’hui notre dernière très longue étape (de plus de 80km j’entends, car il reste encore le trio de 70/77/76 dans trois jours) et en plus de la longueur il fallait composer avec une seconde moitié très vallonnée ainsi qu’avec la chaleur dans cette région d’Aragon très aride. Il y avait tout au long du parcours du début d’étape des plantations d’arbres fruitiers (pêchers, amandiers, oliviers…) et plusieurs usines ou entreprises dont l’activité est en rapport avec ces productions fruitières. Les villes m’ont semblé quasi désertiques, même si le peu d’habitants présents nous regardait passer avec étonnement. Il doit y avoir aussi beaucoup de travailleurs saisonniers. Les bâtiments construits en brique rouge ne sont pas très beaux, mises à part quelques habitations de personnes un peu plus riches et qui ont essayé de donner un certain cachet à leur demeure.

    Quand nous sommes partis ce matin, il fallait traverser Lérida (Lleida) et ce ne fut pas une mince affaire de repérer le fléchage. Je me suis retrouvé dernier du groupe avec Jean Claude et nous nous repérions en suivant les autres qui étaient partis vite. Bien sûr quand ils se sont retrouvés perdus, cela a fait notre affaire car nous les avons rattrapés et une fois le groupe reconstitué, nous avons retrouvé notre chemin. Robert prit la tête du groupe et … c’était moi qui le suivais. Je suis même passé devant pendant un quart d’heure car je trouvais qu’il n’avançait pas assez vite pour mon rythme. Au premier ravitaillement, je stoppais pour un arrêt technique de telle façon qu’il passe le premier car je ne me voyais pas prendre mon ravitaillement avant les cadors. J’ai néanmoins poursuivi mon effort et restais second ou troisième assez longtemps puis les autres, Henry, Trond et Jean Claude ont repris leur place devant. Le seul qui ne m’avait pas rattrapé c’était Ambros qui avait été lâché.

    Les longues portions de route interminables et droites par moment étaient assez fréquentées, mais les bas côtés étaient encore assez larges pour que nous puissions courir tranquilles. Parfois une traversée de petite ville, parfois un giratoire ou un petit chemin permettant d’éviter la route principale nous changeaient de la routine, mais ce fut quand même un début d’étape laborieux malgré la vitesse de course (10,5km/h). Je passais le marathon en environ 4h et je savais qu’à partir du km 45 on allait changer de profil de course : ça allait monter et parfois assez fortement. Nous avons longé l’Ebre puis l’avons franchie en prenant un long pont d’où je voyais que derrière il n’y avait personne en vue. Un second pont un peu plus loin marqua le début de la montée : 9km environ où je peinais, le temps de me réhabituer à la côte et parfois au gré d’un faux plat ou d’un pourcentage moins élevé je relançais, ou j’essayais. Arrivé en haut, la descente fut la bienvenue, mais je mis quelques hectomètres avant de prendre une bonne allure. Jusqu’alors, le temps avait été frais, un peu de brume empêchant le soleil de réchauffer trop vite l’atmosphère. Mais quand nous fûmes sur les hauteurs, malgré la température encore agréable due à l’altitude, je sentais que le soleil n’allait pas être un bon allié.

    La vallée de l’Ebre a laissé la place à un paysage de western où j’avais toujours l’impression que des indiens allaient nous attaquer du haut des falaises. C’était beau, il y avait parfois de vieilles constructions en ruines d’autres servant de lieux de visites pour les amateurs de vieilles pierres. Il faisait chaud, mon cheval avait soif, au loin je croyais apercevoir les Daltons… Non, je n’avais pas d’hallucinations, c’était juste pour voir si vous suiviez. En guise de Dalton, c’étaient les coureurs du groupe parti une heure avant que je voyais au loin et que j’allais bientôt reprendre. Ce ne fut pas facile car la succession de violentes bosses suivies de non moins violentes descentes ne me permettait pas d’aller à un rythme de course régulier et je commençais à fatiguer. Je n’étais pas le seul car je rattrapais Trond avec qui je suis resté jusqu’à la fin de l’étape. Nous sommes arrivés en haut de la dernière bosse pour découvrir que Caspe, la ville étape, était perchée sur une hauteur qu’il allait falloir escalader. Ce fut moins difficile que prévu, mais sans doute était-ce parce que la fin de l’étape se profilait.

    Nous avons fini ensemble, 4ème ex aequo ce qui fait ma meilleure place depuis Skagen. J’ai repris quelques minutes à mon adversaire autrichien qui, comme dans la partie d’échecs que nous faisons depuis un bon mois, devrait essayer demain de reprendre du temps. On se tire la bourre, mais on se respecte et c’est sympa quand on se serre la main après les étapes en se félicitant l’un et l’autre.

    Cette étape marque le changement de province, nous ne sommes plus en Catalogne mais en Aragon (Sarragosse) et petit à petit, vers le sud ouest nous allons retrouver des montagnes pour je crois arriver dans la Mancha. On verra quand on y sera, en attendant il y a deux courtes étapes à faire (44km demain et 60 après demain) alors profitons-en pour nous refaire une santé.

    Aujourd’hui, Fred Gallais a renoncé à aller plus loin dans la douleur, son genou l’inquiétant de plus en plus et sa vitesse n’assurant plus une arrivée dans les délais. Ça m’a fait de la peine, mais je n’ose pas imaginer ce qu’il a dû endurer avant de jeter l’éponge et la dose de courage qu’il lui a fallu pour prendre cette décision et l’accepter.

    A demain

    Fabrice

     

    CR étape 48

    Une courte étape pour « se reposer », en tout cas pour mettre moins de temps que sur les autres et pour pouvoir bénéficier de temps à soi.

    Nous avons quitté Caspe dans la fraîcheur du jour se levant, le ciel était dégagé, et il fallait en profiter. La suite de la journée n’allait peut-être pas rester aussi tempérée. Le début de l’étape, en montée pas trop prononcée avec quelques portions quand même plus pentues, s’est bien déroulé. Je me suis vite mis dans le rythme et j’espérais tenir l’allure le plus longtemps possible sachant qu’après une douzaine de kilomètres on allait vraiment commencer à monter. Je courais à un peu plus de 10 à l’heure et je me trouvais en 4ème position, Ambros et Trond n’ayant pas suivi mon allure alors que je n’avais pas l’impression de tout donner. La côte me fit ralentir et après 5 bons kilomètres je me retrouvais sur le plateau avant la redescente après 3km de faux plat vers la vallée. Kilomètre 24, plus que 20, le temps passait vite et c’était mieux ainsi. Jusqu’alors, le soleil n’avait pas été bien vaillant, du brouillard ou des brumes de chaleur avaient envahi les hauteurs ce qui nous avait protégés et bien rafraîchis.

    Mis à part dans ces montagnes basses où la route était un peu plus sinueuse, le reste du temps on a couru sur de longues lignes droites et de part et d’autre on voyait de petits cañons ou des plantations d’arbres fruitiers, toujours les pêchers, les amandiers et autres oliviers. Parfois, les canaux d’irrigation, souvent à sec, bordaient des zones de verdure où paissaient des moutons. Mais c’était rare.

    Le long faux plat menant pendant 20km jusqu’à Calanda, parfois bosselé, passa rapidement, j’avais toujours la musique de mon MP3 et comme j’étais seul, je ne me posais pas de questions. Je doublais parfois des concurrents partis 45’ avant (c’était un « cadeau » d’Ingo) mais pour le reste, c’était la grande solitude du coureur de fond. Quelques conducteurs klaxonnaient pour m’encourager et je ne manquais pas de les saluer de la main.

    L’arrivée dans une zone semi aride, avec un collège et le complexe sportif en point de mire, était précédée par un passage dans une rue où une fête foraine était en train de s’installer. C’est le week-end qui commence.

    J’ai fini 4ème de l’étape, tout seul cette fois, et j’ai l’impression que ma journée a été bonne.

    Seul hic au programme : pas de connexion internet. Ainsi, ce CR vous le lirez avec plus de 24h de retard.

    A+Fab

     

    CR étape 49

    Notre groupe de départ s’est étoffé de 4 coureurs et nous sommes donc partis à 10 (+ le « trottinetteur » Peter) à 7h45. Le ciel était découvert et la journée s’annonçait chaude. Le dénivelé prévu était de plus de 1000m au total, avec des passages de cols à 1250m et une ville d’arrivée située à plus de 1000m d’altitude (Escucha).

    Les 15 premiers kilomètres en faux plat montant principalement ce qui n’écartait pas quelques bonnes petites portions plus rudes se passèrent assez bien. Notre petit groupe explosa vite et Henry, Robert et Jean Claude se détachèrent facilement. J’étais avec Jean Benoît, Trond et Ambros ; nous n’étions pas regroupés, mais espacés de quelques dizaines de mètres et le reste du groupe de 7h45 se retrouva vite assez loin derrière. Toujours de longues lignes droites sur une route de bonne qualité avec assez d’espace pour cohabiter avec le peu de véhicules la fréquentant. Quelques villes ressemblant à celles déjà traversées les jours précédents, le même genre de cultures sur ces plateaux parfois tronçonnés par des rivières aujourd’hui à sec. Paysage aride digne des westerns spaghetti, avec, pour faire plus vrai, les vautours ou autres oiseaux de proie survolant les collines. Quelques cultures en terrasse, beaucoup d’autres avec des systèmes d’irrigation (arrosage ou canaux), beaucoup de bâtisses en ruines. C’est à travers ces paysages de désolation, mais néanmoins superbes car dépaysant par rapport à ceux que nous voyons toute l’année, que nous traînions notre peine. La chaleur commençait à devenir gênante surtout dans les parties montantes et sans ombre. Parfois au détour d’un cañon nous nous retrouvions face au vent qui avec l’altitude progressive nous donnait un semblant de fraîcheur.

    C’est que du 15ème km au 33ème, nous étions passés de 600m à 1000m et par la suite nous allions rester sur un haut plateau entre 900 et 1250m. Ce plateau n’était pas vraiment plat tronçonné par d’anciens cours d’eau qui lui ont donné un profil très accidenté avec de belles bosses à escalader puis à dévaler.

    A 5km de la fin, une belle descente nous amena au pied d’Escucha, et après un dernier effort pour remonter dans la ville, JB, Trond et moi-même étions contents d’en avoir fini. Nous nous étions regroupés à 2km du but dans la longue et dernière descente. Nous avons fini 4èmes ex aequo.

    A+Fab

     

    CR étape 50

    Enfin de la connexion !

    Je suis dans une brasserie avec Jean Pierre, Patrick et Fred Gallais en train de siroter un panaché (ou deux même) et j’en profite pour écrire mon CR du jour. Il fait chaud, plus de 25° dans les rues de Teruel. C’est l’été, ce dimanche faisant penser aux vacances tant les gens sont de sortie.

    Bon, revenons à la course. D’abord, ma 4ème place du jour n’est pas due à ma vitesse et à ma belle étape, Trond qui avait largement fait le trou, plus de 5’, a trouvé le moyen de perdre l’itinéraire de vue et s’est retrouvé sur une mauvaise route. Quand il est arrivé, je ne le savais pas et j’ai constaté qu’il avait un sacré retard.

    Sinon, l’étape a commencé plein pot en côte, 6km de montée entre 5 et 7% au réveil, ça use bien, puis après une petite descente où on aurait pu récupérer un peu, longue de 9km, il fallait remonter encore à 1400m ou plus pendant 3km. Les éoliennes étaient mes seules compagnes car avec les autres coureurs on était dispersés sur la route, à une centaine de mètres les uns des autres. La fraîcheur bienvenue faisait que la transpiration était modérée et je suis plutôt resté en dedans sachant que j’avais une réserve de « puissance » au cas où. Je n’ai pas eu à m’en servir, considérant cette étape comme une journée de transition avant les deux prochaines (77 et 76km) et l’apparition de quelques petites courbatures ou douleurs depuis une semaine m’incitent à la prudence, même si j’aime bien « envoyer » un peu.

    Il restait plus de 50km quand j’avais atteint le dernier sommet de 1400m et le paysage changea petit à petit. La verdure refit son apparition et les terres rouges devinrent de plus en plus présentes. Une ancienne ligne de chemin de fer, dont il ne subsiste que d’anciennes gares ou de vieux entrepôts désaffectés, nous fit de la compagnie pendant de très longs kilomètres. Les espagnols ont parfois tenté de tirer parti de ce patrimoine historique, témoin des activités minières d’antan. Ils ont mis certains sites en valeur et on avait l’impression encore une fois de traverser les grands espaces que l’on voit dans les westerns. Toujours pas d’indiens par contre. Les villages, on ne les traversait pas car des déviations de bonne qualité – comme la route sur laquelle nous avons couru – avaient été aménagées. Très peu de circulation en ce dimanche d’octobre, sans doute parce que la région n’est pas fortement peuplée, mais souvent des petits coups de klaxon d’encouragement nous faisaient lever la tête et répondre d’un geste amical.

    Je suis arrivé en un temps d’un peu plus de 7h pour 69,6km ce qui montre que ma moyenne est un peu moins élevée que lors des étapes de ces derniers jours. Il ne reste que 14 jours de course, rien n’est joué, il faut continuer à être prudent, surtout lors des deux prochains jours où l’on va courir plus de 150km. La chaleur modérée jusqu’à présent le restera-t-elle ? Je le souhaite parce que ça permet de ne pas taper de trop dans les réserves.

    A demain, j’espère, si j’ai une connexion.

    Fab

     

    CR étape 51

    Après un repas tardif qui s’est terminé au-delà des 20h30, je suis allé me coucher et j’ai mis la radio pour écouter le « Classico » Barça-Real en direct sur une radio espagnole. Je me suis endormi après la fin du match toujours avec la radio branchée dans mes écouteurs et je me suis réveillé un peu plus tard dans la nuit pour tout couper.

    Ce matin, j’étais en forme malgré ce temps de sommeil raccourci et comme je n’avais pas pu me reposer dans l’après-midi pour cause de connexion dans un café, j’avais peur de ne pas avoir la pêche.

    Je me suis préparé et je suis parti dans le 3ème groupe, celui de 7h30, 30’ après le second et une heure après le premier.

    La sortie de la ville fut assez compliquée, avec des montées et des descentes assez fortes et quand je me suis retrouvé enfin sur la route plate j’étais soulagé. Une quarantaine de kilomètres de semi-descente (on est passé de 880m à 750m d’altitude en 40km) sur une route assez étroite par rapport à celles empruntées depuis l’entrée en Espagne, où il fallait faire attention aux camions du lundi matin, ainsi qu’aux autres véhicules déboulant dans les courbes comme s’il n’y avait personne, tout ça ça use un peu le mental et comme les jambes étaient un peu douloureuses, je me suis mis sur un faux rythme un peu tranquille pour anticiper la grande montée qui nous attendait à partir du km 40. J’étais avant dernier de mon groupe, seul Christian Fatton n’avait pas réussi à suivre, et j’ai dû m’arrêter pour une envie pressante, laissant les autres compagnons de ce groupe partir devant. Je ne m’en fis pas une montagne, sachant que je souhaitais gérer l’étape tant que les douleurs seraient présentes. J’ai compté jusqu’à 5’ de retard sur l’autrichien, les autres étant déjà très loin devant.

    Au pied de la côte qui devait nous faire passer de 750m à plus de 1300m en 11km, j’avais fait la jonction avec Ambros et je montais à mon rythme, ne le lâchant pas avant 5 ou 6 km. Après, je ne le revis plus et malgré de longues périodes de marche et d’autres d’alternance marche-course, je continuais de creuser l’écart. Plus on montait, plus il faisait chaud et moins il y avait d’ombre. C’était usant, mais pas autant que le vent de face que nous avons trouvé une fois le passage du Puerto (le Col). Moi qui pensais dérouler dans la descente, je dus piocher pour maintenir un bon tempo. Mais j’avais du mal à tourner à plus de 10km/h. j’avais repris beaucoup de coureurs partis 1h ou 30’ avant moi, et là, il n’y en avait plus beaucoup en vue, sinon Fred Borel et Neil, l’anglais, ainsi qu’un japonais et Wolfgang, un allemand.

    Le profil de cette partie descendante n’était pas très prononcé et j’eus le temps d’admirer le paysage. Autant avant le col c’était verdoyant et parfois nous avions cheminée dans des gorges ressemblant un peu à l’Ardèche, autant après ce fut le retour de terres sèches où paissaient néanmoins quelques troupeaux de moutons encadrés par leur berger et les chiens de troupeau.

    De longues lignes droites firent de cette fin d’étape une partition monotone dont on aimerait que cela cesse au plus vite. Le plus vite, ce ne fut pas le cas, mais comme j’avais été patient, la fin finit par arriver et avec soulagement je franchis pour la 51ème fois l’arche d’arrivée. Un peu plus de 8h pour 77km, ça me fait du 9,5km/h de moyenne, rythme un peu poussif par rapport aux dernières sorties, mais je pense que l’organisme – commandé par le mental - commence à dire « Vas-y mollo, Gibraltar n’est plus très loin, tu n’as plus rien à gagner, par contre tout à perdre. »

    Au final, je suis 6ème de l’étape, Jean Benoît – parti 30’ avant ayant profité de l’ « aspiration » derrière Jean Claude quand il l’a rattrapé – terminant l’étape avec 5’ de moins que moi.

    Ce soir, après une petite sieste d’1h30, nous sommes allés dans un excellent restaurant (d’où je peux rédiger puis envoyer ce CR) et maintenant, je vais vous laisser en souhaitant avoir demain la possibilité d’envoyer mon CR de l’étape suivante.

    A+Fab

     

    CR étape 52

    La plus longue des dernières étapes avant Gibraltar ne s’annonçait pas facile car elle survenait après trois autres étapes de 60, 70 et 77km. Un kilomètre de moins qu’hier à faire sur un parcours moins vallonné, mes prédictions de chrono étaient de l’ordre de 7h45 si je ne connaissais pas de problème majeur. La chaleur prévisible à partir de midi allait-elle me faire ralentir ? C’est avec toutes ces petites interrogations que je pris le départ ce matin à 7h30, dans le 3ème groupe, où nous n’étions que 6 (Henry, Robert, Trond, Jean Claude, JB et moi).

    Dès le début mes jambes étaient bonnes et cela me rassura car j’avais quelques douleurs aux adducteurs depuis deux ou trois étapes. Le train mené par Robert n’était pas trop rapide et je maintenais un écart « visible » avec les 4 de devant, seul Jean Claude était resté un peu derrière comme il le fait souvent, le temps que la machine s’échauffe. Les gars de tête de course ont l’habitude d’optimiser, plus ou moins à bon escient pour certains, les trajectoires et coupent donc de ce fait leurs virages. Quand au loin une longue courbe à droite se profile, on reste à droite de la chaussée et, comme les routes espagnoles sont larges et leurs bas côtés spacieux et bien entretenus, on ne craint pas d’être happés par quelque véhicule. Nous étions donc dans cette configuration quand les 4 hommes de tête qui m’avaient pris entre 200 et 500m ne virent pas le fléchage à gauche de la route qui disait de prendre la route de Boniches. A droite moi aussi, mais ayant l’avantage d’avoir révisé mon road-book, j’ai eu un doute et je suis retourné sur la gauche de la route pour voir les flèches de plus près : il fallait bien aller à droite ! Je criais pour rameuter les étourdis et je me retrouvais en tête du groupe avec une bonne avance puisque le temps qu’ils fassent demi-tour et qu’ils reprennent la bonne direction, les écarts avaient doublé en ma faveur. Seul Jean Claude ne s’était pas fait avoir puisqu’il était encore derrière moi à ce moment. Je passais au premier ravitaillement en tête au grand étonnement des bénévoles et je leur expliquais le pourquoi de la chose. Robert fut le premier à me rattraper et il me remercia, tout comme l’ont fait les autres par la suite.

    Cette anecdote avait eu comme conséquence de me redonner des jambes et ma moyenne dépassait les 10 et approchait les 10,5km/h. Pas mal pour un lendemain de grosse étape, mais je me résolus à réduire la cadence car il restait du chemin, plus de 60 km avant l’arrivée.

    Je commençais à rattraper des attardés du premier groupe puis certains du second. La température était encore agréable, fraîche, mais avec le lever du soleil et son apparition au-dessus des montagnes, je savais qu’on allait avoir chaud. Les ravitaillements n’étaient pas trop éloignés les uns des autres aujourd’hui et c’était une bonne chose pour ne pas se faire surprendre par la soif. Entre 6,5 et 8,5km, ça donne un passage toutes les 40 à 50 minutes pour remplir ses bouteilles et grignoter quelque chose.

    Bientôt la vallée ombragée se termina et nous nous sommes retrouvés de nouveau sur un haut plateau après une énorme montée de 3km avec des portions à 10% que je négociais en marchant car je n’avais pas envie de perdre trop d’énergie. Il restait encore une trentaine de kilomètres à faire, soit environ 3h sinon plus selon mon état futur.

    La partie qui suivit, sur le plateau, avec quelques montées, quelques descentes et surtout plein de faux-plats face au vent qui devenait chaud ne proposait plus d’ombre. Les camions quand ils me croisaient me scotchaient littéralement à la route et j’anticipais en baissant la tête et en tenant ma casquette que je n’avais pas envie d’aller rechercher dans les buissons ou au-delà des barrières de sécurité.

    J’étais poussif, mais j’avais déjà décidé de ne pas m’acharner à essayer de courir à la limite, ainsi j’alternais souvent marche et course. La fin fut interminable, mais quand l’arrivée fut atteinte, en 7h50’ à peine, j’étais content quand même de mon étape. Je finis 7ème, JB étant resté devant et deux autres coureurs du groupe parti à 7h ayant mis deux minutes de moins que moi. Seul Trond n’a pas eu assez de force pour courir aussi vite qu’il le faisait auparavant. Il a lâché un peu, souffrant encore de dérangements intestinaux.

    Maintenant, tous les coureurs sont soulagés d’avoir vu la fin de cette série de longues étapes et les trois prochains jours vont permettre à tous de se refaire une santé, à commencer par l’étape de demain, longue (ou courte) de 39km.

    A+Fab

     

    CR étape 53

    La plus courte étape de la TransEurope 2012, même pas un marathon ! Et bien elle s’est bien passée malgré un classement inférieur à ce que j’ai fait ces derniers temps. Pourtant, ma moyenne reste correcte, mais ce sont les autres, encore à la bagarre, qui sont allés plus vite qu’à l’habitude. Je n’ai pas cherché à les suivre, préférant savourer et gérer tout en ne prenant pas de risque qui puisse me plomber la fin de cette merveilleuse aventure.

    Le parcours fut plat, malgré quelques petits faux plats, et le temps fut tout aussi estival que depuis que sous sommes descendus des Pyrénées.

    Je suis parti assez vite, avec Jean Benoît dans mon sillage, et après 2h j’avais déjà fait plus de 21km. Ainsi il ne me restait que 18km à faire et je décidais alors de couper quelque peu mon effort et de finir en « roue libre », pas si libre que ça, quelques douleurs aux adducteurs venant perturber ma course. J’ai eu surtout des difficultés quand il fallait repartir des postes de ravitaillement car le passage de l’arrêt à la course s’accompagnait d’une difficile période de réadaptation.

    Je me suis fait dépasser par des coureurs qui reviennent en forme mais qui sont déjà très loin de moi au général et qui ne risquent pas de revenir sauf en cas de récidive de 2009.

    A ce propos, demain soir ce sera la fin de la 54ème étape et je vais tout faire pour prendre le départ de la N°55. A ce moment, j’aurai conjuré le sort qui m’avait laissé à l’hôpital le 12 juin 2009 et qui avait vu la caravane continuer son périple vers le Cap Nord sans moi.

    Je ne vais pas y penser, je savourerai en temps voulu. Ce que je sais, c’est qu’il ne reste que 11 jours et moins de 630km à faire. Demain, l’étape sera longue de 57km environ, et je vais continuer de gérer les choses comme depuis deux ou trois jours, en essayant toutefois de retrouver quelconque plaisir, car la lassitude commence à se faire sentir. C’est sans doute comme quand on sent l’écurie mais que celle-ci est encore lointaine. La moitié de l’Espagne (et même plus) a été traversée, souhaitons que le reste soit aussi sympathique. L’Espagne du « milieu » est très accueillante et comme le temps est au beau fixe, les terrasses des cafés sont souvent agréablement peuplées.

    Bien, sur ce, je vous laisse et vous dis à demain s’il y a de la connexion.

    A+Fab

     

    CR étape 54

    40 mois, depuis le 11 juin 2009, se sont écoulés. Pourquoi le 11 juin 2009 ? Parce qu’il s’agissait de ma dernière étape de la TransEurope 2009 et que le lendemain je n’avais pu prendre le départ pour cause d’opération en urgence pour un doigt de la main infecté. Il restait alors plus de 722km à faire en 10 jours, et j’en avais fait 3764,8 si ma mémoire est encore intacte.

    Cette année, nous avons parcouru 3606,8km (soit 158 de moins) et il ne nous en reste que – si l’on peut dire – 569,1 à faire (153 de moins qu’en 2009). Les conditions sont très différentes cette année : nous sommes moins nombreux, l’ambiance est meilleure (relation de cause à effet sans doute), l’Espagne en automne propose un climat meilleur que celui de la Suède à la fin du printemps, en tout cas moins contrasté et plutôt orienté vers le beau grand temps chaud que vers la froidure et la neige. Pour l’instant, la nourriture aussi est meilleure et les hébergements sont assez spacieux avec des sanitaires corrects pour pouvoir contenter tout le monde.

    C’est avec tous ces éléments dans la tête que j’ai pris le départ de cette 54ème étape ce matin. Nous étions 9 dans notre groupe et le train fut relativement modéré sur les premiers kilomètres. Peu à peu, les plus rapides se sont détachés et sur les nombreuses longues lignes droites on les apercevait de plus en plus loin. Un vent de ¾ de face a soufflé pratiquement dès le début de l’étape et quand nous croisions un camion, on se retrouvait scotché à faire du surplace.

    J’ai couru toujours à proximité de Jean Benoît, tantôt devant, tantôt derrière et parfois je lui proposais de s’abriter du vent quand celui-ci était véritablement handicapant. Entre le km 9 et le km 12, la ligne droite s’est interrompue pour nous faire prendre une petite vallée, donc avec une descente puis une remontée. Ensuite, ce fut à nouveau le vaste plateau et ses longues portions de routes rectilignes. De temps à autres, nous devions escalader un pont, comme celui sur la ligne de TGV espagnole Madrid-côte Est, ou au-dessus d’une route à grande circulation. Ça ne changeait rien à la monotonie du paysage avec des champs de maïs, ou d’autres fraîchement retournés où affleuraient des pierres, ou encore des plantations d’arbres fruitiers.

    Vers le milieu de l’étape, nous avons commencé à apercevoir le changement de programme qui nous attendait : une barrière montagneuse qui allait nous faire passer du plateau de 700m à plus de 900m d’altitude mais en plusieurs kilomètres une grosse quinzaine environ.

    Le vent était toujours défavorable et je choisis l’option « course sur le côté droit de la chaussée » (très large) pour ne plus me faire clouer sur place par les gros camions. A 11 kilomètres de l’arrivée, nous avons enfin changé de route, plus calme et aussi mieux exposée par rapport au vent qui était passé de côté voire de ¾ arrière. En revanche, le vallonnement était plus important mais cela me permit de retrouver un bon rythme de course pour terminer cette étape au plus vite. Jean Benoît, un moment distancé quand mes jambes me permirent d’accélérer dans les montées, me reprit et nous avons fini l’étape ensemble. Il a chuté à un kilomètre de l’arrivée, se prenant les pieds dans une branche qui traînait sur le bord de la chaussée, heureusement sans trop de bobos, juste quelques écorchures.

    Le chrono s’arrêta sur 5h55’55 et la place de 6ème ex-æquo nous contenta, tellement cette étape avait été difficile.

    Demain matin, en prenant le départ de la 55ème étape, j’aurai une pensée pour la mésaventure que je connus 40 mois auparavant, mais je ne vais plus focaliser là-dessus par la suite, l’objectif étant d’atteindre Gibraltar, en pleine forme de préférence.

    A+Fab

     

    CR étape 55

    Je suis arrivé à terme de cette 55ème étape et j’ai ainsi conjuré le mauvais sort de 2009.

    Cette étape s’est mieux passée que celle d’hier, même si j’ai ressenti les mêmes douleurs au bout de 15km. Les adducteurs puis le bassin sont un peu « fatigués » par la succession des jours et des kilomètres et ça tire un peu de partout.

    Le profil de l’étape était un peu plus accidenté et ce n’était pas pour me déplaire car la platitude n’est pas mon fort sur les longues distances. Bien sûr, j’aurais préféré ne pas attaquer tout de suite la montée, mais on ne pouvait pas y échapper : 6km pour passer de 900m à 1050m, avec parfois des passages à près de 10%.

    Nous étions 7 dans le groupe des « moins matinaux » et je suis toujours resté soit 5ème soit 6ème en ayant comme objectifs de ne pas trop traîner en route afin de passer le moins de temps possible sur le bitume et de ne pas pousser l’organisme afin de ne pas souffrir. Le vent encore défavorable a ajouté à la difficulté de maintenir un bon tempo de 5’45/km et ma cadence oscillait – en fonction des côtes et des descentes, des parties abritées ou non – entre 6’15 et 5’30. Pendant longtemps j’étais à plus de 10 de moyenne générale, mais j’ai pris un peu de temps aux ravitaillements et j’ai aussi souvent eu recours à des moments de marche.

    L’itinéraire emprunté entre le km 6 et le km29, fait de bosses et de creux, nous a montré que cette région, fort exposée aux vents, était aussi par voie de conséquence très fournie en éoliennes. Nous en avons vues des dizaines qui tournaient presque toutes. Parfois des forêts nous abritaient pendant quelques hectomètres, mais une fois sur les plateaux défrichés et cultivés, nous nous reprenions le vent de plein fouet. Les cultures céréalières souvent de blé déjà moissonné alternaient avec des plantations d’arbres fruitiers. Sur le bord de la route il y avait aussi beaucoup de petits chênes avec de petites feuilles. Les fossés ou bas côtés étaient rocailleux et souvent jonchés de détritus.

    Une fois arrivé à la moitié de l’étape, ou un peu plus que la moitié, la route descendait et en 15km nous avions perdu 250m, ce qui avait eu aussi comme conséquence de redonner un peu de « jus » à la moyenne, poussive jusque là. Les paysages changèrent aussi et nous nous sommes retrouvés dans une longue vallée bordée de massifs montagneux (les sierras) dont les pentes accueillaient des cultures ou plantations d’arbres fruitiers. Beaucoup de bâtisses en ruines, quelques sommets de collines témoin d’une occupation historique de seigneuries avec des restes d’enclos ou de fortifications de pierres. Nous avons souvent cheminé sur les routes de Don Quichotte qui aujourd’hui ont été remises en état pour le tourisme.

    Le temps était frais à souhait et on apercevait sur les chaînes de montagnes de gros nuages noirs qui devaient apporter des orages et de la pluie. Ce n’est qu’une fois arrivé et installé dans l’hôtel où j’avais réservé une chambre avec Jean Pierre et Jean Benoît que nous avons eu le droit aux orages et à la pluie, qui n’ont pas duré, simplement le temps de prendre la douche puis de se restaurer.

    L’hébergement dans un garage ne m’avait pas inspiré et j’ai bien fait de prévoir l’hôtel car tout y sera réuni : repas du soir et petit déjeuner. En plus de la douche chaude et d’un bon lit moelleux, toutes les conditions sont réunies pour me relancer vers Gibraltar.

    A+Fab

    PS : pas de connexion ce soir, alors ce CR sera lu en différé.

     

    CR étape 56

    Après une reposante nuit à l’hôtel dans un vrai lit, une longue étape nous attendait, 65,6km, une des dernières grandes avant Gibraltar – il n’en restera qu’une de 72, une de 62 et une de 60, les autres pouvant être considérées comme des courts moments de course même si le dénivelé sera parfois assez important. Nous avions eu un bel orage la veille au soir et la question du matin concernait la météo du jour. Au réveil, ça allait, le ciel était dégagé et la température ambiante fraîche mais pas froide, avec un petit peu de vent, sans rapport avec celui de la Mancha qui faisait tourner les moulins de Don Quichotte naguère et les éoliennes qui les ont remplacés depuis.

    Je suis parti et me suis retrouvé rapidement le dernier du groupe des 7, n’arrivant pas à suivre le rythme foldingue imprimé dès le départ par mes collègues. Je mis quelques minutes à me faire une raison et je refusais de lutter ce qui m’aurait peut-être provoqué quelque désagrément.

    Les 32 premiers kilomètres, en faux plat descendant, avec alternance aussi de quelques montées un peu plus prononcées et de descentes du même type, m’ont fait néanmoins adopter un rythme autour de 10,7km/h pendant la première heure puis ma moyenne est progressivement passée à 10 quand j’atteignis le km 32. Les arrêts aux ravitaillements ayant été plus longs qu’à l’habitude afin de bien m’alimenter.

    Les 20 km suivants ont été moins faciles à négocier, sur un parcours plat malgré quelques bosses légères et je n’avais qu’un hâte, que mon décompte mental pour atteindre la ligne d’arrivée passe le plus vite possible. Pour cela, j’avais mis la musique et je me permettais des petits moments de marche pour récupérer et retrouver un peu d’envie.

    Au kilomètre 52, je me suis retrouvé au pied d’une longue et forte montée et j’eus beaucoup de peine à la gravir en courant ; ainsi j’alternais marche et course. Devant, les autres devaient déjà avoir pris une grosse avance, ça faisait plusieurs heures que je ne les voyais plus, mais j’avais décidé de les ignorer afin de ne pas me mettre de pression inutile, que je fasse 7ème ou 5ème était pour moi la même chose et vue l’avance que j’avais sur mon suivant au général, je n’avais pas de crainte.

    Lorsque j’en eu terminé avec la première montée, 4500m et plus de 100m de dénivelé, la route redescendait pendant 2km puis … remontait jusqu’à l’arrivée où je faillis perdre mon chemin.

    Je finis à une moyenne modeste de moins de 10km/h, mais content d’être là. Demain, petite étape de moins de 50km, où tout devrait aller comme il faut, je vais la gérer tranquillement tout en essayant de préserver mon droit au départ avec le groupe des lève-tard.

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 57

    Etape courte, mais pas d’envie ce matin au départ. Une forte montée pour débuter la séance ( 3,6km pour D+ 100m suivie d’une trop courte descente (1,8km pour D-50m) puis d’une nouvelle côte (2,2km pour D+50m), tout était réuni pour commencer à souffrir sans s’être véritablement échauffé. Les 12km de longue descente qui suivirent ne furent même pas suffisants pour faire remonter la moyenne au-delà de 10. Mes arrêts aux postes de ravitaillement de plus en plus longs traduisent bien du peu de volonté de m’arracher qui m’animait. Je repris quand même un peu de vigueur quand il fallut grimper la seconde difficulté (sur trois) de la journée. 8km pour un dénivelé de près de 200m, sur une route sans abri, sans ombre, mais comme il n’y avait pas de vent, ce n’était pas trop laborieux, la beauté du paysage, avec des cultures d’oliviers à perte de vue, et les chaînes de montagnes des sierras à l’horizon, faisaient que je passais quelques temps à l’observer et donc à ne plus penser aux douleurs aux quadriceps qui se faisaient de plus en plus pressantes.

    J’ai mentalement réussi à faire que cette étape pourtant courte ne devienne pas une galère et j’ai touché le but en 5h00’03’’ : raté les moins de 5h prévus, mais l’essentiel étant d’être parvenu jusqu’à Baeza sans bobos et blessures, j’ai atteint l’objectif principal.

    Demain, encore une courte étape (50,6km au lieu de 48,7 aujourd’hui) et j’espère mettre un peu moins de temps qu’aujourd’hui si le dénivelé n’est pas trop méchant et si surtout l’envie revient et les douleurs n’apparaissent pas trop rapidement.

    A+Fab

     

    CR étape 58

    Dernière semaine de course. Etape courte. Météo fraîche le matin, mais devenant douce au fil des heures. Grande ville de plus de 100000 habitants à l’arrivée. Dénivelé annoncé de l’ordre de 600m en positif et de 1000 en négatif. Départ dans le groupe des rapides…

    Tout était réuni pour que cette étape soit une belle occasion de reprendre goût à cette fin de TransEurope. De plus, les 11 premiers kilomètres étaient en longue descente, une fois sorti de la ville de Baeza.

    Et bien, la journée fut loin de celle espérée. Pourquoi tant de lassitude à ce moment de la course alors que je devrais être content, serein, et profiter au maximum des dernières étapes ? Je ne le sais pas moi-même. J’ai peut-être, sans doute même, trop donné depuis le début de cette course et aujourd’hui, tout comme depuis quelques jours, je sature. J’aimerais finir en roue libre, mais physiquement je ne le peux pas car après une heure de course je ressens toujours une douleur au niveau du quadriceps droit ce qui au fil du temps me tire sur le bassin et déclenche une gêne à ce niveau. Et mentalement, j’ai du mal et je ne supporte plus les arrivées où certains, attendant depuis longtemps car partis une heure avant, font des réflexions qui ne passent pas (ou plus) quand on a été toute la journée sur la corde raide. Les tensions – il y en a toujours sur ce genre d’aventure de plus de deux mois – sont exacerbées par la fatigue. Espérons que cela ne gâchera pas la fin de la TransEurope. Mon système de « défense » étant de m’isoler pendant la course où je mets le MP3 puis après où j’ai envie de rester seul, loin du bruit.

    Reprenons l’étape, après le franchissement du Rio Guadalquivir, au km 11. S’en suivit une longue montée d’une dizaine de kilomètres, sur une route à grande circulation en travaux car elle va bientôt se transformer en autoroute. Pas beaucoup de possibilité de regarder le paysage alors que dans la descente qui précédait j’avais vu des oliviers et encore des oliviers, mais aussi une large vallée surplombée par une chaîne de montagnes d’altitude sans doute proche de 2000m pour certains de ses sommets. La moyenne que j’avais adoptée jusqu’au bas de la descente était de l’ordre de 11,8 km/h et une fois le ravitaillement passé, comme ça remontait, cette moyenne fléchit pour retomber à 10,7 au bout de la seconde heure de course. Heureusement que le parcours nous fit quitter la grande route pour en emprunter une plus calme et aussi plus belle : beau revêtement, alternance de bosses et de creux, et … toujours les oliviers. Vers le km 30, nouveau virage à 90° pour trouver une route qui montait très fort alternant bitume et graviers, alternant aussi ensuite d’autres montées et descentes avec des pourcentages proches de 10% par endroits. Les oliviers la bordaient de chaque côté mais le panorama était agréable à admirer, au risque de se casser la figure si l’on ne regardait plus où l’on mettait les pieds. Ma vitesse avait de nouveau chuté car je n’hésitais plus à alterner course et marche et comme je prenais un peu plus de temps aux ravitaillements, j’étais sur du 9,3 de moyenne entre deux postes de ravitaillement et j’étais passé sous les 10km/h pour l’étape. Néanmoins je taillais quand même la route.

    La fin fut de nouveau pénible ; j’avais l’envie mais plus les forces, alors je pris mon mal en patience et regardais mon GPS pour suivre le décompte jusqu’à la ligne d’arrivée. Celle-ci se trouvait après un périple de plus de deux km dans la ville de Jaén, avec tout ce que cela comporte d’incertitudes dans la direction à prendre car le fléchage n’était pas forcément évident à repérer. Le road book et le fléchage n’étant pas toujours en adéquation, je me suis parfois retrouvé face à un dilemme tant que je ne voyais pas les stickers rouge fluo : devais-je prendre à gauche ou à droite ? Quand on est en fin d’étape et qu’on n’a qu’une envie, celle d’en finir, cela peut énerver. C’est un peu dans cet état que je suis arrivé et ceci peut expliquer que je n’ai pas supporté certaines réflexions ou remarques acerbes une fois l’arche d’arrivée franchi.

    Bon, demain ça ira mieux – j’espère – et comme l’étape est plus longue (60km) avec un gros dénivelé, il va falloir se préparer à mettre au moins une heure de plus.

    Nous sommes hébergés dans le gymnase de l’Université de Jaén et nous avons dîné au restaurant universitaire. C’est une grande fac abritant plusieurs milliers d’étudiants. La ville semble belle car à flanc de montagne et les habitations sont de plus en plus typiques de l’Andalousie.

    A+Fab

     

    CR étape 59

    Avant-propos

    Le CR rédigé chaque soir raconte ce qui s’est déroulé lors de la journée et donc on peut s’apercevoir en en lisant deux ou trois de suite que les états psychologique et physique sont soumis à de grosses variations à 24 ou 48 heures d’intervalle. Et quand on ne peut pas se connecter deux jours de suite, on écrit quand même un CR et lorsqu’on a une possibilité de se connecter, on envoie le tout. Ainsi, le lecteur doit être mis en garde s’il lit à la suite les CR.

    Si j’ai commencé ce CR par ça, c’est qu’aujourd’hui l’étape 59 s’est mieux passée que celle de la veille. Je suis arrivé tout aussi fatigué physiquement, mais mentalement j’ai mieux terminé. Pourtant l’étape ne fut pas facile, mais la façon de l’appréhender fut quelque peu différente. J’ai essayé de laisser toute forme de pression de côté, ne m’occupant que de ma course, ne regardant pas celle des autres.

    Le départ de Jaén en pleine heure de pointe ne fut pas très aisé et il fallait faire attention au fléchage à chaque carrefour. Plus de deux kilomètres de ville la plupart du temps en montée, puis ce fut la descente courte mais pentue qui nous fit sortir de l’agglomération. La route aperçue plus loin dans le fond de la vallée semblait monter assez tranquillement et je pensais que ça allait être assez facile d’atteindre le col ou ce qui pouvait ressembler à un col. Hélas, en vérité on nous fit emprunter une magnifique piste cyclable qui débutait par une portion à très fort pourcentage qui m’obligea à marcher. Par la suite, cette voie semi piétonne et cycliste continuait de monter en faisant de longs lacets. Tout au long il y avait des sculptures et des panneaux rappelant l’occupation préhistorique des lieux ou montrant que le paysage avait servi de modèle pour des peintres. C’était distrayant et faisait oublier la difficulté de la côte. Après 8km de cet itinéraire magnifique mais aussi difficile, nous avons atteint le « col » pour ensuite descendre fortement sur la route principale pendant plus de 3km.

    Par la suite, l’itinéraire devint plus tranquille, nous avons quitté la route principale, et les 14km de montée relativement modérée (+ 300m) furent moins périlleux que les 4km à 10% annoncés la veille, même si parfois un petit coup de forte pente nous attendait.

    Jusque-là, ma course avait été prudente et je l’avais gérée de telle façon à me faire plaisir, alternant marche et course quand j’en ressentais le besoin. Le second poste de ravitaillement étant placé à plus de 12km du premier, j’avais emporté une petite bouteille de jus d’ananas en complément afin de ne pas me retrouver en manque de boisson.

    Une longue descente d’abord régulière puis un peu bosselée me permit de faire remonter ma moyenne qui n’était que de 9,3km/h en fin d’ascension. Les jambes tournaient bien, j’avais quand même mal au quadriceps droit et un peu aux reins, mais je courais bien entre 10,5 et 11,5km/h. J’avais repris quelques décimales (9,6km/h de moyenne globale au km50) et je me disais que la fin allait pouvoir se négocier de belle manière et que je pourrais arriver en étant content de la journée. Certes il restait une douzaine de kilomètres et le parcours était maintenant bosselé, mais l’essentiel était préservé. Je finis 8ème et satisfait de ma journée, même si sans les douleurs cela aurait été meilleur.

    Demain, nous arriverons à Puente Genil où j’espère pouvoir me connecter et poster ce CR et celui de la veille.

    A+Fab

     

    CR étape 60

    Le départ dans la fraîcheur en pleine montée qui oblige à marcher au bout de 200m ça calme les ardeurs des plus téméraires et comme je n’avais pas envie de me faire mal, j’ai pris tout mon temps afin de bien m’échauffer. J’avais vu que la montée faisait environ 5km, bien sûr pas à un pourcentage aussi fort que celui des premiers 500m, et qu’il faudrait être patient avant de pouvoir retrouver un rythme de course « normal ». (passage au km 6 en 39’30’’).

    La descente qui prit la suite, d’environ 6km elle aussi, fut négociée plus rapidement et au km 12 j’étais à presque 10 de moyenne pour l’étape. Bien entendu, je souhaitais avant tout engranger afin de me permettre par la suite de gérer au cas où. Les premières douleurs ont fait alors leur réapparition, au quadriceps droit encore et toujours, si bien que je me suis dit de ne plus essayer de forcer et de continuer mon petit bonhomme de chemin clopinant parfois, mais souvent en essayant de me concentrer sur ma foulée pour tenter de limiter la gêne.

    Jusqu’au kilomètre 17, le parcours était peu accidenté, alternant parties montantes et d’autres descendantes, puis nous sommes arrivés à un endroit où nous avons pris une piste cyclable, ancienne ligne de chemin de fer réaménagée, et après une forte montée pour l’atteindre nous avons pu courir tranquille pendant une douzaine de kilomètres. J’étais relativement lent, mais j’avançais quand même. Quand on a quitté cette voie verte, on a rejoint la route principale qui descendait encore pendant quelques kilomètres, jusqu’au 47ème, et alors une forte montée pour traverser une ville nous attendait. Je la fis en marchant afin de me retrouver sur le plateau ? Là, les oliviers et la vigne dominaient le paysage. Ça changeait que de voir tout le temps les oliviers !

    Les plus de 20km en descente principalement, malgré quelques remontées bien usantes, ne furent qu’une formalité, pas facile à faire, mais qui s’est faite. Le bonheur d’avoir fini cette 60ème étape n’en fut que meilleur.

    Je vous laisse car la bibliothèque où je me suis réfugié pour rédiger et poster ce cr va fermer.

    A+Fab

     

    CR étape 61

    Aujourd’hui, nous avons franchi le 4000ème kilomètre depuis Skagen. On en était au marathon de cette 61ème étape et il ne restait à parcourir que 12km ;

    Jusque-là, l’étape s’était bien passée pour moi, j’étais partie assez rapidement par rapport aux dernières étapes où j’avais été un peu fatigué. Le départ en montée, en ville de surcroit, s’est bien passé, il fallait être attentif aux changements de direction et aux trottoirs, mais j’étais bien concentré et les jambes « avaient envie » de faire quelque chose aujourd’hui. Bien sûr, après 9km (51’) une longue ascension nous attendait et ces 8km se déroulèrent relativement bien. (km 17,4 en 1h40’).

    La suite, sur un plateau bosselé, n’empêchait pas de continuer à courir à bonne allure, en l’occurrence 10km/h environ pour moi, et mes sensations restaient bonnes, même si la douleur aux quadriceps et adducteurs commençait à se faire sentir. Pendant plus de 25km, cette tôle ondulée sur une route pas très facile à suivre car les bas côtés étaient très étroits voire inexistants, permettait de continuer d’engranger les bornes. Le passage du marathon, qui coïncidait avec celui des 4000km depuis le Danemark, marqua néanmoins un changement : le fort vent commençait à devenir véritablement un ennemi et je commençais à puiser avant la longue montée où, au sommet, il y avait des éoliennes heureuses de tourner grâce au vent fort et régulier. 3500m et 150m de dénivelé positif, ça casse bien l’allure et je me fis reprendre par Jean Benoît au dernier ravitaillement. Sans nous concerter, nous avons pris des relais dans la descente et sur le plat afin de lutter contre le vent. C’était efficace et nous avancions assez bien. La ville approchait et quand nous avons fait les 2500m séparant le panneau d’entrée de la ligne d’arrivée, nous étions soulagés d’en avoir fini avec cette 61ème journée de course : plus que 3 ! Encore 160km environ à faire en trois étapes, cela ne devrait plus poser de soucis majeur, il suffira d’être patient. Demain, vendredi, on annonce de la pluie, denrée rare sur cette TransEurope et surtout dans cette partie de l’Espagne. Espérons que nous n’en souffrirons pas trop afin de profiter pleinement de l’arrivée à Ronda après plus de 63km. La ville est au bout d’une longue et forte montée, mais elle est très jolie.

    A demain pour un autre CR.

    Fab

     

    CR étape 62

    Après une nuit un peu difficile en raison du bruit de la musique qui accompagnait un cours d’aérobic et de ceux provenant de la salle de musculation et aussi parce que mon 3ème matelas commençait à se dégonfler peu à peu, je me réveillai assez fatigué en ayant bien envie de faire une petite grasse matinée. Je m’octroyais 30’ supplémentaires car mon départ était prévu à 8h, puis je me levais enfin pour prendre le petit déjeuner. Celui-ci passe de moins en moins bien car il y a toujours les mêmes choses et je commence à en être écœuré. Je m’étais acheté des petits pains au lait et du chocolat la veille ainsi je pus me faire un peu plaisir. Le café au lait aussi ne m’inspire plus d’autant qu’il est souvent moins que tiède. La météo annoncée n’était pas bonne non plus, les fortes pluies de la veille dans la région Andalouse ayant causé quelques dégâts.

    Donc, beaucoup d’éléments étaient réunis pour que cette journée soit difficile, le dénivelé annoncé étant assez important (+550m en 22km + toutes les bosses à passer).

    Le départ fut donné sous une pluie très éparse dans la fraîcheur et l’obscurité de ce 19 octobre, deux mois jour pour jour après notre départ de Skagen. Les 22 premiers kilomètres ne furent pas trop compliqués, je passais la 1ère heure avec 10,7km et la seconde avec 20,4km au compteur. La suite fut moins facile car nous avons quitté la route principale pour courir sur une moins fréquentée mais plus accidentée et très endommagée par les fortes précipitations du mois dernier et par celles de la veille. Les coulées de boue ou mini glissements de terrain avaient laissé leurs traces sur le macadam ce qui rendait le sol glissant et les chaussures très lourdes avec la boue qui collait.

    Une fois cette partie terminée, nous avons repris une route à forte circulation où tour à tour nous avons vu des convois militaires, des camions transportant des Porsche et des Ferrari, des groupes de motards de la police, des véhicules d’intervention –pompiers et prompts secours – ainsi que de belles voitures de sport conduites par des britanniques. A tout ce trafic, il faut ajouter les autres véhicules, automobiles, camionnettes et camions habituels. Le paysage était devenu au fil de l’ascension du col de plus en plus montagnard, quelques cultures d’oliviers subsistant, des arbres et arbustes verts poussant là où il leur était possible de le faire. Le reste était plutôt rocailleux avec peu de végétation.

    Une fois arrivé au col je fus un peu soulagé d’avoir de la route descendante, surtout après 22km de montée même pas trop forte. La descente pas franche dura jusqu’à la fin de l’étape soit les 16 derniers km qui furent assez longs.

    Au total, la journée fut relativement belle au niveau météo, un peu moins en ce qui concerne la course, mais le principal est que je suis arrivé au bout. Plus que deux étape, ça sent l’écurie ! Petite ville demain soir pour nous accueillir. Peut-être y aura-t-il une connexion, en tout cas, ce soir, il n’y a rien. Donc vous lirez ce CR en décalé.

    A+Fab

     

    CR étape 63

    Après une mauvaise nuit passée dans une minuscule pièce surpeuplée dont la porte grinçait dès que quelqu’un l’ouvrait et la fermait pour aller aux toilettes, sur un matelas crevé, coincé entre de gros ronfleurs, à côté de deux grands gymnases où se sont déroulés des matches de foot en salle jusque vers 22 heures voire plus, avec de surcroît un petit déjeuner tout aussi peu appétissant qu’à force il dégoûte de le prendre (mais il faut bien se nourrir quand même) servi sans lumière car personne n’a trouvé comment remettre l’éclairage de la salle en marche, cette étape s’annonçait un peu compliquée.

    Le départ, avec la traversée de Ronda, très jolie ville dont nous n’avions rien vu la veille, se fit dans l’obscurité et il fallait avoir l’œil pour repérer le fléchage. Peu à peu nous avons découvert le charme de la ville mais rapidement nous en sommes sortis pour retrouver une route d’assez bonne qualité mais qui commençait par grimper. La montée n’était pas trop forte et les 8km pour passer de 680m à 1030m d’altitude se passèrent bien malgré la fraîcheur de l’atmosphère.

    Le profil de l’étape était annoncé comme très vallonné avec une succession de bosses et de creux jusqu’au 40ème kilomètre. Mais le paysage, montagnard, avec des villages perchés dont les maisons aux façades blanches faisaient ressortir la beauté, nous faisait quelque peu oublier l’effort à faire pour grimper. Au col du km 30, une surprise nous attendait : le panorama nous montrait le rocher de Gibraltar situé à une quarantaine de km de là à vol d’oiseau, avec en arrière plan l’Afrique, le Maroc et son arrière pays montagneux. Entre les deux on devinait la mer Méditerranée et on pouvait apercevoir les gros navires qui transitent de ou vers l’océan Atlantique. Dans la descente, je ne quittais plus le rocher des yeux, but final de notre épopée. Mais il faudrait attendre encore pour le toucher. La végétation dans la descente n’était plus composée d’oliviers, peu à peu nous avons vu des plantations d’orangers. Les 12 derniers km je les fis à plus de 11 voire de 12km/h tellement j’avais hâte d’en finir et comme je me sentais bien, j’en ai profité. J’ai fini avec Jean Benoît et Gilbert parti 30’ avant nous et dernier coureur du groupe « matinal » que nous avons rattrapé.

    Le gymnase est mieux que celui de la veille, le repas par contre même s’il était bon dut se prendre dans un restaurant situé à un gros kilomètre de la salle. Comme si on n’avait pas assez couru comme ça ! Enfin, c’est la dernière nuit dans un gymnase, demain ce sera l’hôtel et la fin de cette TransEurope.

    A+Fab

     

    CR étape 64

    Ça y est ! Je suis enfin finisher d’une transcontinentale !

    Honnêtement, 3 heures après l’arrivée, je ne réalise pas encore car je n’ai pas eu d’émotion particulière sinon celle d’avoir fini cette dernière manche. J’ai envoyé des SMS à ma famille et aux proches amis et leurs réponses pleines de bonheur ont quand même déclenché quelques frissons. On a attendu les copains et de voir leur joie ça aussi ça faisait quelque chose

    La journée s’est-elle bien passée ? J’ai souffert, de ma chute de la veille dans les douches, et parce que dans ma tête j’avais aussi un peu « coupé » l’envie. Il fallait faire cette dernière étape, je l’ai faite, sans saveur particulière car je n’avais plus le moteur pour aller à une vitesse qui m’aurait convenue. Certes je ne mets que 5’ de plus que ce que j’avais prévu, mais j’ai été laborieux. J’ai fini avec Neil, compagnon des premières étapes danoises et allemandes, et avec Fred Borel, les deux benjamins de la course (moins de 40 ans). Bravo à eux d’être allés au bout.

    J’avais emporté l’appareil photo et j’ai quand même passé les premières heures de course à mitrailler à gauche et à droite à la manière d’un japonais (NB : certains coureurs japonais ont pris des centaines de photos par jour !). Je trouvais le paysage joli, mais les mots me manquent pour le décrire, alors des photos seront plus « loquaces » et je ferai moins d’erreurs d’interprétation.

    J’ai couru pendant les trois premières heures sur un rythme de plus de 10km/h, mais les temps de pause aux ravitaillements ou pour marcher de temps à autres ont fait baisser ma moyenne à environ 9,7km/h. cela est très anecdotique car le but de cette journée était d’arriver au bout sain et sauf.

    J’ai quand même réussi à mettre moins de temps en 64 jours sur cette TransEurope (pour 4178,5km) que lors des 54 que j’avais faits en 2009 (3764,8km). Il est vrai que cette année ma moyenne générale, d’environ 9,35km/h ce qui correspond à celle de ma seconde meilleure Transe Gaule, m’a permis d’économiser beaucoup de temps et donc de fatigue ainsi que de matériel. On use moins les chaussures quand tout va bien.

    La météo a été bien fraîche, froide même au moment du départ car il n’y avait pas de nuages, et au fur et à mesure qu’on s’est rapproché de Gibraltar, qu’on n’apercevait même pas contrairement à hier, les nuages sont venus couvrir le ciel. On a progressivement atteint cette grande zone urbanisée et industrialisée dont les usines, raffineries et autres unités de production ou de traitement pullulaient. Au dernier poste de ravitaillement, on a enfin découvert le rocher de Gibraltar, mais il restait encore plus de 6km à faire, le long des raffineries et dans les rues des petits villages avant La Linea, lieu de l’arrivée.

    Un dernier round sur le remblai et l’arche d’arrivée se profilait. On a terminé en croisant de nombreux promeneurs, certains étonnés, d’autres nous encourageant.

    Des photos, des boissons, des bises… puis ce fut l’hôtel où je me suis installé et où j’ai pris ma douche, refait mes sacs pour que demain je n’aie pas de mal à prendre l’avion. Ce sera une autre histoire, en sorte une 65ème étape pas si facile que ça. Demain soir, à 20h30 mon avion devrait atterrir à Nantes, après une escale et un changement à Londres. Je croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de soucis.

    On verra, l’essentiel étant d’être allé au bout de mon aventure.

    Merci à tous ceux qui m’ont encouragé.

    A+Fab

     


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  • Transe Gaule 2013

    Le dimanche 11 août, je pris le train pour rejoindre Roscoff, lieu de départ de ma 7ème Transe Gaule. Au fil des étapes j'avais prévu dans la mesure du possible de mettre en ligne un petit CR que j'aurai rédigé en fin de journée, comme je l'ai fait depuis 2005, année de ma première grande traversée.

    Le départ a été donné du pied du phare de Roscoff pour un petit prologue de quelques kilomètres (5 environ) pour rejoindre Saint-Pol de Léon qui marquait le véritable début de cette longue course pédestre de près de 1200km.

     

    1/ mardi 13 août : ROSCOFF – Plounévézel 68 Km (68 Km)

     

    J’ai passé une drôle de journée, sur la route, prenant un départ rapide car je sentais que j’étais bien, après le prologue de presque 6km que j’avais couru comme un échauffement, largement en dedans, marchant dans les côtes et essayant de réduire l’allure dès que la descente m’emportait. Je me suis chronométré pour le fun et j’ai vu que j’avais mis 37’45 pour les 5,4km.

    Donc une fois le départ officiel donné, un peu avant la ligne de départ de la course Saint-Pol Morlaix, j’ai commencé à courir à mon allure d’entraînement, à environ 10km/h et j’ai tenu ce rythme jusqu’au premier ravitaillement où je ne me suis arrêté qu’une petite minute histoire de boire et de remplir ma bouteille vide. Je suis reparti sur le même tempo mais le profil de la route a commencé à s’élever et j’ai donc ralenti car je ne pouvais pas aller plus vite. Jusqu’au second ravitaillement j’ai tenu la moyenne, mais après, progressivement je suis rentré dans le dur. Avancer me paraissait de plus en plus difficile, j’ai décidé d’alterner plus fréquemment la course et la marche. C’est dans cette seconde partie de l’étape aussi que l’ombre a commencé à se raréfier. Je suis parvenu à boucler l’étape néanmoins dans un temps honorable qui constitue mon second meilleur chrono sur cette ouverture de Transe Gaule. Ceci explique pourquoi j’ai un peu souffert pour arriver à Plounévézel. Des débuts de crampes sont apparus. J’ai sans doute payé une mauvaise hydratation avant la course et même la veille ainsi qu’une alimentation et un ravitaillement trop succincts lors des dernières 24h. A mon chrono, j’ai vu que j’avais mis 6h55’19 pour les 62km.

     

    2/ mercredi 14 août : Plounévézel - Pontivy 64 Km (132 Km)

    Pas de séquelles au réveil de la galère de la veille. Il faisait frais au départ, presque froid, et je me demandai si je n’aurais pas dû prendre un foulard pour éviter d’attraper mal à la gorge. Je pris un départ du même style qu’hier, en un peu moins rapide toutefois et je me retrouvai avec quelques uns de mes compères de la veille. On a discuté puis chacun est progressivement rentré dans sa course. La mienne prit une tournure comme j’aime bien : j’ai commencé à accélérer, me sentant de mieux en mieux et je me suis retrouvé avec mon copain – frère d’armes – Jean-Pierre avec qui j’allais finir l’étape. Que de souvenirs de courses ou plutôt d’étapes passées ensemble ! J’ai passé une excellente journée, sans trop voir le temps filer. Néanmoins sur la fin ce fut un peu dur, le soleil étant plus fort et l’ombre moins fréquente. De plus, les 4 ou 5 km avant l’entrée de Pontivy ne sont jamais aisés, avec la circulation. Même le nouvel itinéraire pour rallier la nouvelle ligne d’arrivée semblait interminable. On a passé la ligne ensemble avec JP en 7h09’32 pour 64km (ou un peu plus).

    Le lendemain une longue étape nous attendait. On verrait.

     

    3/ jeudi 15 août : Pontivy - Guer 75 Km (207 Km)

     

    Première grosse étape partant de Pontivy pour rallier Guer. Météo annoncée : temps ensoleillé et chaud. Heureusement que nous sommes partis à 6h30 et que les 19 derniers km se sont courus sur une voie verte. J’ai démarré l’étape en prenant un rythme relativement lent, laissant s’échapper les 6 ou 7 meilleurs de notre groupe des « moins rapides ». Les 6 premiers du général devaient partir une heure après. La sortie de Pontivy fut longue car nous sommes partis du gymnase et pas de la place habituelle. Bilan : 1km presque en plus qu’il fallait ajouter aux 75 prévus. La chevauchée sur cette longue route un matin du 15 août était moins dangereuse que lors des jours de semaine habituels. Il n’y avait que très peu de camions, mais plusieurs tracteurs et autres machines agricoles. Mais on n’était jamais en danger, ayant le temps de les voir arriver. Jusqu’au km 40 environ, j’étais avec d’autres gars, Robert et Renaud par exemple et petit à petit j’ai pris un peu d’avance, n’alternant pas aussi souvent la course et la marche qu’eux. Néanmoins, ils firent la jonction au poste de ravitaillement de Ploermël. Mais je suis reparti sans tarder et ils ne m’ont pas suivi. Je pensai qu’ils allaient revenir progressivement pour qu’on fasse la voie verte ensemble, mais je ne les vis plus et j’ai continué. Jean Jacques, le leader m’avait repris son heure depuis le km 47 et je m’attendais à voir d’autres coureurs du second groupe me passer. Seul Alain me dépassa sur le sentier ombragé et je me mis en tête de le suivre en haussant l’allure. J’ai tenu jusqu’au ravitaillement après les 6 premiers km de la voie verte et peu à peu il se détacha et disparut loin devant. J’avais quand même remonté ma moyenne en tournant à plus de 10km/h. Je suis arrivé en établissant ma seconde meilleure performance sur cette étape malgré les quelques hectomètres supplémentaires. 8h04’35 pour 75 km(ou plutôt 76km). Comme pour la première étape, j’étais fatigué mais content d’avoir fait le job.


    4/ vendredi 16 août : Guer - Châteaubriant 67 Km (274 Km)

     

    Quand on court un peu plus vite la veille, le lendemain on se calme un peu, en tout cas au début. Le nouvel itinéraire – la suite de la voie verte d’hier – s’avéra être un bon terrain de mise en jambes et les 11km de long passèrent assez rapidement à plus de 10 de moyenne. Pour quelqu’un qui voulait se « calmer », c’était plutôt mal parti ! Une fois retourné sur l’ancien itinéraire, la route, les choses rentrèrent dans l’ordre et j’essayais de bien dérouler afin de retrouver une certaine aisance un peu difficile à avoir dès que la route montait. Avec Renaud et Robert nous reprîmes Jean Michel, parti un peu vite comme à son habitude, puis Jean Pierre, et tous les quatre nous avons couru ensemble pendant plusieurs km. Arrivés au ravitaillement 3 à la Dominelais, JP et moi-même repartîmes avant eux et comme la veille je pensai qu’ils allaient revenir progressivement. Ils nous avaient toujours en point de mire mais peu à peu ils décidèrent d’alterner marche et course ce qui les a empêché de revenir. Quant à JP et moi, nous prenions des relais de 2km chacun par moment et de cette façon nous avons tenu la moyenne que nous nous étions fixée. La fin fut difficile, c’est normal, mais nous avons terminé ensemble en 7h20’32, ravis de notre journée qui avait été relativement fraîche et donc agréable avec une petite pluie qui n’a pas duré et qui nous a bien fait plaisir.


    5/ samedi 17 août : Châteaubriant - St-Georges-sur-Loire 71 Km (345 Km)

     

    Le départ fut donné à 6h31 et je profitai de la rue descendante pour imprimer tout de suite un rythme que j’allais conserver, ou essayer, pendant le plus long temps possible. Trois coureurs seulement devant moi, pas très loin, et qui n’avançaient pas beaucoup plus vite, il n’en fallait pas plus pour que je leur emboîte le pas. Jusqu’à la sortie de Châteaubriant nous restâmes étalés sur 100m puis quand nous prîmes la route d’Erbray, cela s’espaça. Un autre coureur nous doubla peu avant le km 7 (Hervé) et j’en profitai pour passer devant Jennifer et Roland dont la vitesse en ce début d’étape ne convenait plus. Étais-je en train de faire une bêtise ? Je connaissais le profil de l’étape et savais que la première partie était peu accidentée ainsi je voulais engranger des km avant les premiers véritables reliefs. Les autres coureurs derrière notre petit quintette n’étaient pas si loin et certains nous ont même rejoints au ravitaillement du km 16. Je continuai sur mon rythme de 10km/h encore pendant un bon moment, étant alors 4ème de ce groupe des partants de 6h30. Il faisait gris et un peu lourd, j’étais trempé de sueur et je buvais autant que je pouvais afin d’éviter de me retrouver déshydraté. Au second ravitaillement, plus personne en vue ni devant ni derrière et je continuai donc sur ma lancée. Au 3ème poste de ravitaillement, j’aperçus Jean Jacques au loin qui m’avait presque rattrapé, mais il mit plus de 6km à me doubler, ne cherchant pas à aller plus vite qu’à son allure de croisière. Avant dernier poste de ravitaillement, à Villemoisan que je quittais au moment où Rémy et Jean Pierre arrivaient : un petit signe de la main et je filai sachant qu’ils me rejoindraient sous peu. Ils mirent quand même plus de 8km à faire la jonction, au niveau de St Augustin des Bois. A ce ravitaillement, nous décidâmes de faire la suite et la fin de l’étape ensemble. Christian et Pierre, du groupe des 7h30 nous doublèrent et JP nous demanda alors de continuer sans lui les 4 derniers km. Il se sentait fatigué et ne voulait plus tirer sur l’organisme. Rémy et moi avons fini l’étape ensemble en 7h33’. C’était ma meilleure 5ème étape de mes 7 déjà courues.

    Le soir le repas était assuré par mon frère Laurent et son amie avec leur camion : ils nous firent une délicieuse paella. Ils devaient nous quitter le lendemain soir après l’étape et je savais que beaucoup de coureurs allaient regretter le confort que la restauration rapide d’après-course pouvait apporter. On ferait « à l’ancienne », on irait dans les supérettes se ravitailler les soirs où les repas ne seraient pas prévus.

    Une petite modification était prévue pour l’étape suivante : une quinzaine de km seraient à effectuer sur une ancienne voie verte, faisant éviter de nombreux vallons des coteaux du Layon.

     

    6/ dimanche 18 août : St-Georges-sur-Loire - Doué-la-Fontaine 53 Km (398 Km)

    Sur mes anciens parcours d’entraînement lors des 15 premiers km, cette étape a souvent constitué une journée de plaisir. Les souvenirs ressurgissaient par paquets et les paysages me firent revenir plus de 20 ans en arrière, mais comme j’y passais presque tous les ans depuis 2005, d’autres bons ou moins bons moments revinrent aussi.

    Le départ fut donné devant le château de St Georges sur Loire, la température était déjà douce. Comme le ciel était couvert, on espérait ne pas avoir trop chaud.

    Les 6,5km menant à Chalonnes – où j’ai habité – se sont bien passés, j’avais quitté le groupe des 8 ou 10 qui avait déjà pris un certain retard sur les coureurs de tête. Mais le rythme de ce groupe n’était pas celui que je souhaitais suivre, donc je me mis à prendre le sillage d’Hervé qui ne voulait pas avoir à trop bavarder avec un peu tout le monde même si c’est sympa et parfois assez drôle.

    A la sortie de Chalonnes, premier raidillon et je me mis à marcher afin de manger une barre énergétique, à mi-distance entre le départ et le 1er poste de ravitaillement. Charles m’avait déposé sur place à ce moment et je ne le reverrais plus de la journée, sauf en point de mire pendant les 10 km suivants. Le ravitaillement à St Aubin de Luigné se fit rapide, juste le temps de remplir une bouteille et d’échanger ma vide contre une pleine déposée dans le bac R1 ce matin avant le départ et en emportant quelques gâteaux à grignoter, je repris ma course, en solo cette fois. Nouveauté de cette année, à la sortie du village au lieu de franchir le Layon, nous empruntâmes la voie verte jusqu’aux abords de Thouarcé. Cette voie verte était très agréable, jolie, fraîche et comme je ne connaissais pas cette partie, j’en appréciai encore plus sa découverte. Un peu bitumée par endroits, la plupart du temps le revêtement était composé de terre stabilisée avec quelques gravillons. J’avais bien soutenu mon allure, dépassant Hervé qui ressentait une petite gêne et préférait ralentir, ainsi j’arrivai au poste de ravitaillement N°2 (km 28 environ) poursuivi à quelques centaines de mètres par un petit groupe qui je pensais allait me rattraper. Il n’en fut point car arrivé à Thouarcé, je ne vis plus personne derrière. Passé ce dernier village, il restait 14km et la route n’était pas très agréable dans ce sens où le revêtement grossier râpait les chaussures si on avait une foulée trop rasante. J’ai dû penser à maintes reprises à lever un peu plus les genoux afin de ne pas trop éroder mes semelles. La fin fut, comme toujours sur cette étape, assez longue à venir et je commençai à ressentir un peu la chaleur malgré le vent. J’arrivai en 5h28 établissant une nouvelle fois ma meilleure moyenne bien que cette année il faudrait la recalculer avec la véritable distance (52 au lieu de 53km). Mais, ce n’était pas important en soi, ça me montrait juste que j’étais sur les mêmes bases qu’en 2011 et j’étais ainsi un peu rassuré sur mon état de forme. Le lendemain, on quittait la région pour arriver à Monts sur Guesnes.

    Laurent, mon frère dont c’était l’anniversaire ce jour (50 ans), et son amie nous quittèrent. Il allait falloir se réhabituer à faire des courses dans les supérettes ou à déguster des Bolino juste après les arrivées. Avec le camion pour préparer une grande variété de sandwiches ou de plats chauds, ils avaient été très appréciés par la majorité des coureurs.


    7/ lundi 19 août : Doué-la-Fontaine - Monts-sur-Guesnes 58 Km (456 Km)

     

    Une petite pensée pour Laurent, mon frère, ce matin au moment de partir. Cet après-midi à l’arrivée il n’y aurait pas de camion pour se ravitailler. Si j’ai passé une belle première semaine, ils en étaient pour beaucoup. Je pensais revoir Rudy au départ pour nous accompagner quelques km, mais comme il devait travailler au zoo, il n’a pas dû réussir à se libérer. Il était venu nous voir la veille et c’était sympa.

    Je pris le départ avec mes camarades, à 6h31. Sur la ligne, il y avait inscrit 398 soit le nombre de km déjà effectués depuis Roscoff. Que ça passe vite ! Dans deux jours ou au début de la 10ème étape on serait à mi-parcours. On n’y était pas, il y avait encore du boulot avant.

    Donc je quittai Doué et arrivai rapidement sur la célébrissime Voie Bonnot du nom de son génial inventeur qui a participé à la Transe Gaule à zéro abandons (2005, j’y étais aussi) et à la TransEurope 2012, il est accessoirement créateur de l’Ultra Trace de Saint-Jacques, course à étapes suivant les chemins de St Jacques de Compostelle depuis Le Puy-en-Velay jusqu’à St Jean-Pied de Porc. Mon rythme était bon, je n’étais pas tout seul à tenir ce train relativement rapide. Qui suivrait ? Qui se détacherait ? Qui devrait ralentir ? C’était une sorte de poker menteur amical qui se jouait et moi, j’étais aux anges, ça m’amusait, c’était comme ça que je voyais les courses. J’avais déjà emprunté ce parcours et beaucoup de souvenirs revenaient, comme si c’était hier, je savais à l’avance où marcher, où me ravitailler en attendant le vrai ravito d’après Montreuil Bellay. Je me détachai peu à peu accompagné des deux plus jeunes du peloton, Charles et Angel avec qui je discutais un peu. Ils avaient déjà de l’expérience et je n’avais rien à leur apprendre, de toute façon ils étaient grands et assumaient leur stratégie. A Montreuil, la montée au château me fit marcher et récupérer, je les laissais partir devant, derrière les autres copains étaient proches. Au ravitaillement, une première cassure dans le groupe s’opéra. Hervé, Charles et moi ne nous y attardions pas et prîmes une bonne avance. Roland le suisse n’était pas loin, par contre devant, les autres étaient déjà hors de vue depuis un bon moment. Les villages défilaient, à flanc de coteau : Coulon, Antoigné, Pouançay, St Léger, et d’autres lieux-dits aux noms tout aussi exotiques.

    Charles « s’envola » , je repris Hervé et arrivai avec lui au second point de ravitaillement. La suite, je connaissais et je n’appréciais que modérément, mais cette fois elle allait bien se passer, en tout cas je trouvai un bon rythme et le conservai malgré le soleil et la chaleur qui s’amplifiait. J’atteignis Loudun et son ravitaillement, j’y stoppai à peine le temps de boire une soupe chaude et salée, de manger des morceaux de melons et de pêche, j’échangeai ma bouteille pour une pleine et remplis l’autre qui était vide. J’avais repris l’habitude de courir avec une bouteille dans chaque main (2 fois 50cl), plus une petite « de secours » dans mon holster (33cl). La traversée de Loudun me fut plus facile que lors de mes derniers passages et je fus rapidement sur ma copine la D14 (voir les épisodes des saisons précédentes). Là, j’engrangeai les bornes et malgré la chaleur et un fort soleil, je parvins assez facilement à en venir à bout. C’est que dans la tête me trottait l’idée d’établir mon meilleur score sur cette étape depuis que je la fais. Pour cela, il fallait mettre moins de 6h03’. Roland me rattrapa et peu à peu prit ses distances, je n’allais même pas essayer de le suivre, ça aurait été bête de couler une bielle pour finir avec lui. Le classement, jusque-là il n’y en avait pas mais tout le monde savait où il en était, ne constituait pas ma priorité, ce que je visais, c’était de faire mieux que ce que j’avais fait les années précédentes ; ce challenge était mon moteur. Jusqu’alors, j’améliorais mes temps sur certaines des étapes, mais aurais-je assez de force pour monter encore plus en régime, comme je l’avais fait en 2007 et 2008 ? On verrait, ça laissait un peu de suspens pour les deux semaines à venir.

    Après le dernier ravitaillement, je vis encore Roland qui s’éloignait et je repartis après avoir bien bu et rempli une seule bouteille. La voie verte se présenta pour 4km avant les 1500 derniers mètres. Là aussi je courus à un bon rythme, les moins de 6h étaient en vue si je ne m’étais pas planté dans les prévisions. Je débouchai du chemin un peu ombragé qui m’avait redonné de l’énergie et je fis la fin en déroulant quitte à marcher lors de la dernière montée. Je passai l’arche à 12h30 soit 5h58’ après avoir quitté Doué. Record perso pour cette étape. J’avais fait le job.

    Surprise à l’arrivée, je reçus un t-shirt offert par Sébastien, qui faisait aussi la TG, et qui était auto entrepreneur et concepteur de t-shirts de la marque Courtoujours. Un barbecue était installé et je pris des saucisses grillées accompagnées de pâtes préparées par Jean-Claude Le Gargasson et sa femme ; ça me rappela qu’il y a un an on courait ensemble la première étape de la TransEurope, tout comme Jean-Benoît et Jean-Pierre.

    Une fois le rituel effectué, douche fraîche bienfaisante, linge lavé et étendu, c’était à mon tour de me reposer avant les festivités du soir : vin d’honneur offert par la Mairie puis repas au restaurant qui allait rouvrir rien que pour nous.

    Ensuite, une bonne nuit avant une nouvelle étape, un nouveau challenge.

     

    8/ mardi 20 août : Monts-sur-Guesnes - Angles-sur-l'Anglin 63 Km (519 Km)

    Devant le château de Monts sur Guesnes, notre groupe de 52 prit le départ sous les ordres du Maire peu après 6h30 pour une étape de longueur moyenne menant à Angles sur l’Anglin. La célèbre D14 allait nous servir de ligne pour écrire une nouvelle page de notre Transe Gaule. Les quelques blessés ou convalescents espéraient passer une journée meilleure que la précédente, certains sachant déjà qu’ils devraient serrer les dents pour atteindre l’arrivée dans les temps.

    Je suis parti vite – un peu trop ? On verrait ça plus tard - et j’ai emboîté le pas de Christian et Alain dont l’allure de début d’étape me convenait. Cette portion de D14 n’était pas si désagréable que ça sur ses 15 premiers km ainsi je tenais une bonne moyenne pour virer au ravitaillement N°1 en 1h30’. La « hiérarchie » était globalement respectée, même si Charles avait passé la vitesse supérieure, suivi de loin par Jean-Michel. Christian restait prudent et effectuait de nombreux arrêts pour réajuster un pansement et Jobst était encore dans le milieu du groupe de l’arrière. Les km qui menaient à Châtellerault devinrent de moins en moins faciles surtout parce que la circulation automobile se densifiait et parfois m’obligeait à me mettre sur le bas-côté quand il y avait des croisements avec des camions.

    La traversée de cette ville moyenne se passa relativement bien, mais de devoir être attentif à plein de choses, de sauter d’un trottoir à un autre, de devoir attendre que les feux soient au vert, un coup de fatigue arriva juste avant le ravitaillement N°2. Rémy m’y rattrapa et nous fîmes la suite de l’étape ensemble. D’abord à distance (100m) puis peu à peu nous avons vu qu’il était moins monotone de pouvoir échanger quelques mots de temps en temps. Et de taper la discute, ça faisait avancer et les km paraissaient moins longs. La forte pente de Targé puis les coteaux vallonnés vers Senillé ont réduit notre cadence de course de manière significative, mais au moins nous avons pu récupérer quelques forces pour la longue portion de route menant à Pleumartin une fois le ravitaillement N°3 passé. C’est là que j’eus un bon coup de mou : mon allure au début de cette route et jusqu’au passage des 500km (km 44 de l’étape) était encore de 10km/h et avec Rémy nous faisions quelques relais afin de relancer l’un et de reposer l’autre. Peu à peu la cadence passa à 6’10/km puis à 6’20 et je ressentis le besoin plus fréquent de marcher, ne serait-ce que quelques dizaines de mètres.

    Km 50, Pleumartin, plus que 13 bornes à faire. Le ravitaillement passé, Jobst nous avait rattrapés et laissés sur place depuis un bon quart d’heure, nous fîmes la jonction avec Jean-Michel qui n’allait plus aussi bien qu’au petit matin. Il ne nous suivit que 500m puis nous nous détachâmes irrémédiablement pour continuer à assurer l’étape et une moyenne assez satisfaisante compte-tenu de la chaleur, même si le vent la tempérait. Les derniers km, comme d’habitude quand on a joué avec le feu, s’avérèrent rudes à avaler mais avec Rémy nous étions quand même parvenus à les faire sans trop mollir. Je ne battais pas mon record de l’étape, il y avait 7’ de trop, mais au final j’étais satisfait.

    Le folklore à Monts sur Guesnes, c’est qu’il n’y avait pas de douches, alors une installation sommaire avec un jet d’eau froide nous permit de nous laver. J’ai rusé en mettant de l’eau chaude (grâce à une bouilloire) dans ma petite bassine en plastique et je pus me rincer à l’eau tiède sans pousser les cris comme les autres l’avaient fait avant moi. La salle des fêtes en revanche était toujours aussi belle et bien aménagée. On y dormirait bien avant la longue étape du lendemain (69km).

    Après un petit repos, je suis allé faire du tourisme dans le village. C’est l’avantage de ne pas être blessé et d’être arrivé en début d’après-midi (13h15). Le soir, dîner aux restaurants (il y en avait deux au choix), payés par l’organisation comme ceux des 5 prochaines étapes.

     

    9/ mercredi 21 août : Angles-sur-l'Anglin - St-Sulpice-les-Feuilles 69 Km (588 Km)

     

    Une longue étape (69km) avec du relief nous attendait aujourd’hui. Après une nuit assez bonne, seulement réveillé en sursaut une demi-douzaine de fois par une porte que les « pissous nocturnes » ne retenaient pas et qui donc claquait juste à côté de l’endroit où j’avais installé mon couchage, je me sentais en assez grande forme. Vous savez, et je l’ai déjà vécu à de nombreuses reprises, comme quand on a l’impression de n’avoir pas couru la veille. Et bien en ce matin où la pleine lune allait se coucher, j’envisageais de me faire un peu plaisir.

    Le départ du bas du château en ruines s’effectua dans une forte pente où seulement quelques gars coururent. Les autres dont je faisais partie ne commencèrent à courir qu’en haut de ces 150m pentus. Je me suis vite retrouvé dans le groupe des poursuivants, de celui qui ne pouvait rester au contact des rapides, et mon allure augmenta au fil des premiers km.

    Je savais que jusqu’à Le Blanc, c’était une belle route tranquille avec quelques bosses et c’était assez aisé de tenir le 10 voire le 10,5km/h. Comme la plupart du temps, je marquais une courte pause tous les quarts d’heure pour boire et toutes les 45’ pour manger une barre de céréales ou un Twix.

    Après Le Blanc, je pris la route de l’école de gendarmerie puis filai sur Belâbre où se tenait le second ravito. Je franchis le joli pont fleuri, suivis une longue route vallonnée mais tranquille menant à Lignac. Au fil des bornes, je me retrouvai avec Jennifer, Roland, Alain, qui n’était pas en grande forme, Rémy et Hervé. Nous avions dépassé Charles au poste de ravitaillement et pensions le revoir mais il n’en fut rien. Avec Rémy, nous laissâmes Roland et Hervé se détacher et nous restâmes ensemble.

    De Lignac jusqu’à Chaillac, ce fut une longue route au revêtement rugueux obligeant à faire l’effort de lever les pieds pour ne pas faire du rap (pour ne pas râper les semelles, je précise). Cette portion fut laborieuse, mais le train que nous avions adopté fit passer le temps assez vite. A Chaillac, se trouvait le ravitaillement N° 4 et il n’y avait plus que 19 voire 18km à courir, soit 2h environ. Nous repartîmes, apercevant Hervé loin devant et Jennifer loin derrière. La succession des montées et descentes nous permit d’alterner course et marche ; chaque portion ombragée était la bienvenue, nous rafraîchissant, et comme il y avait un peu de vent, on n’avait pas trop chaud.

    Passage à Beaulieu puis au dernier ravitaillement avec le tour d’un petit étang en prime et il n’y aurait plus que 7km à faire pour finir l’étape. Avec Rémy, on égraina les km pour finir enfin par la dernière montée vers l’arrivée à St Sulpice les Feuilles. 7h20’ de course qui s’étaient bien passées au final.

    J’ai eu le temps de faire plein de choses l’après-midi, notamment des courses pour refaire mon stock de boissons et de barres chocolatées. Le soir, le dîner au restaurant fut très copieux. Ensuite, après avoir rédigé un petit CR, il était grandement l’heure de me coucher.


    10/ jeudi 22 août : St-Sulpice-les-Feuilles - Bourganeuf 62 Km (650 Km)

     

    Au revoir Angles sur l’Anglins et bonjour la Creuse et le Limousin dans lequel nous étions déjà depuis hier. Petit matin frais, mais bonne chaleur avec beaucoup de soleil prévus, alors il fallait s’être bien préparé et notamment les boissons qu’on pouvait mettre dans les caisses de ravitaillement. J’avais préparé mes trois bouteilles de coca dans lesquelles j’avais mis de la grenadine avec de l’eau. Les bouteilles portent des noms, c’est la nouvelle mode de Coca Cola et j’ai pris l’habitude de déposer au R2 Alexandra, au R3 Caroline et au R4 Élise ; ça changeait des boissons habituelles qu’on trouvait sur les tables. Je m’étais fait aussi 2 autres bouteilles que je transportais, l’une dans la main, l’autre dans le coffre (surnom de mon holster) et ainsi je pouvais tenir du départ au R1 puis une fois de nouveau remplies avec du coca je pouvais tenir jusqu’au R2. A ce moment, on avait déjà fait environ 30km et à partir de là je portais deux bouteilles dans mes mains, « à l’ancienne », c'est-à-dire comme lors de mes premières courses d’ultra puis à étapes.

    Le départ donné, Jean-Benoît avait pourtant prévenu, les quatre ou cinq bolides s’emparèrent de la tête de course et prirent une mauvaise direction. Je me suis bien amusé à les rappeler pour les remettre dans le droit chemin, mais je me disais que ce serait la dernière fois (non, je rigole). La route est vite devenue bosselée, de longues montées et de courtes descentes, parfois l’inverse, mais au total il y avait plus à monter qu’à descendre : on se rapprochait peu à peu de la montagne, c’était normal.

    Dans le petit groupe qui s’était formé derrière les rapides, je courais à une allure un peu poussive et je me demandais si c’était l’effet des côtes ou celui de la fatigue qui tout à coup viendrait me rappeler qu’on ne court pas impunément la moitié de la France sans ressentir quelque usure.

    Je fis un pit-stop, nom donné aux arrêts imprévus dans la nature ; je perdis plus de 3’ dans l’histoire. On venait de franchir le km 595, synonyme de moitié de Transe Gaule. Tant pis pour le temps perdu, mais du coup, j’avais gagné un objectif et je me mis tranquillement et sans paniquer à tenter la remontée vers ceux qui m’avaient distancé.

    Au R1, toujours personne de repris, je poursuivis sans véritablement forcer, cela aurait été risqué et bête tout ça pour quelques minutes de perdues, et progressivement j’ai commencé à apercevoir des silhouettes portant des tenues de couleur visibles de très loin. Au R2, je passai deux ou trois gars, puis je continuai et en dépassai encore un autre puis rattrapai un petit groupe informel de trois arrêtés au R3. On était au km 40 et mentalement je me dis que ce qui restait (22km) n’était qu’un bon semi-marathon, donc que je pouvais poursuivre sur ma lancée. Au R3, comme sur la TransEurope (là c’était le R4 ou R5) on pouvait demander une soupe et même de par cette chaleur, j’en avais besoin pour avoir un goût salé qui change des boissons sucrées devenues tièdes et à peine buvables. Je refis le plein, échangeais Alexandra contre Caroline. J’étais avec Charles (26 ans), Angel (20 ans) et Jennifer (la politesse ne doit pas dévoiler l’âge des demoiselles), nous étions suivis de peu par Alain et Hervé et un peu plus derrière suivaient Renaud, avec son rythme régulier, puis Jean-Michel.

    Je bavardai avec Angel, très à l’écoute de conseils et très demandeur aussi, puis j’entrepris de me lâcher un peu pour voir et surtout en prévision du lendemain : je voulais savoir si je pouvais démarrer en côte et poursuivre l’effort assez longtemps. Pas assez à mon avis sur la première tentative, mais quand j’en remis une seconde couche dans la montée suivante, ça allait bien mieux. Ainsi, je passai le R4, au revoir Caroline bonjour Élise, et franchis les multiples bosses qui suivaient plus ou moins rapidement. Je marchais de temps en temps pour bien récupérer et boire le coca sans que cela fasse Champagne, je m’arrosais avec une autre bouteille pour ressentir un peu de fraîcheur et de fil en aiguille j’atteignis le R5. Plus que 5km à faire, mais encore deux ou trois montées dont la dernière à 15% minimum. J’arrivai à Bourganeuf, devant le gymnase, en 6h32’, bien placé car seulement 7 coureurs étaient déjà arrivés avant moi.

    En consultant mes archives, j’ai vu que je n’avais pas battu le temps de l’an dernier sur cette étape lors de la TransEurope (à 5’ environ), mais que j’avais établi mon nouveau record sur une étape 10 de la TG, de quelques secondes, qui datait de 2008, ma meilleure année.

    Voilà, au final j’étais content et je croyais que j’avais bien préparé les deux jours qui venaient : 49km puis 75km. Mais sur la TG on ne pouvait jamais être sûr de rien, il pouvait s’en passer des choses. On verrait.


    11/ vendredi 23 août : Bourganeuf - Peyrelevade 49 Km (699 Km)

     

    Bourganeuf nous laissa partir à 50, Olivier Forti ayant abandonné hier. La descente de la rue principale, à contre sens de la très faible circulation automobile se passa bien mais il fallait faire attention aux trottoirs et aux poteaux. Après cette trop courte partie en descente puis plane nous sommes arrivés au pied de l’habituel raidillon commençant la route vers Royères. Plusieurs centaines de mètres que beaucoup, dont moi-même, firent en marchant et quand survint une certaine platitude du terrain, c’était pour mieux raidir la montée. Après ces 1500 premiers mètres, la route redevint « normale » et je pus commencer véritablement à courir. La montée vers Royères n’est pas uniforme et les portions de descente succèdent aux côtes jusqu’au km 6 où ça ne faisait plus que monter. Plus loin, des morceaux plats ou en descente encore permettaient de récupérer. J’avais commencé à faire quelques accélérations pour me tester et voir si je pouvais envoyer un peu. Je m’extirpai progressivement du petit groupe dans lequel j’étais resté jusqu’alors, mais ceux de devant n’étaient plus à portée de vue depuis belle lurette.

    J’étais rentré dans ma course et je cherchais à me faire plaisir dans l’effort au lieu de subir les évènements. Le passage au R1 fut bref, le temps de remplir ma bouteille de menthe et je repris ma chevauchée solitaire, comme j’aime bien. Ce n’était pas une lutte contre les autres coureurs mais contre moi. Je savais quels chronos j’avais déjà réalisés sur cette étape et l’objectif était de m’en rapprocher (4h48’ en 2008 et 4h54’ en 2007).

    La fin de la montée fut différente des autres éditions, un « raccourci » qui n’en était peut-être pas un la rendait moins dangereuse au cas où un gros camion de bois nous aurait croisés.

    La descente vers le lac puis le R2 me permirent de constater que derrière il n’y avait plus personne en vue. Un rapide arrêt et … à force de parler j’en ai oublié ma bouteille (j’espère qu’Alexandra ne se vexera pas, je rappelle que c’est le nom de ma bouteille pour ceux qui n’avaient pas lu les épisodes précédents) et après 400m j’entendis quelqu’un qui m’appelait loin derrière pour m’en informer. Tant pis, je fis sans, d’autant plus que le R3 n’était qu’à 10km à peine et que le temps était frais à souhait.

    Toujours personne en vue devant, je me dis qu’ils avaient mis le turbo, mais je ne m’en faisais pas plus, j’avais mon étape à assurer. Comme toujours, la montée vers Faux la Montagne portait bien son nom, presque en haut j’aperçus Françoise Paralluelo, la maman d’Angel, assise sur le banc des Gaulois à attendre son fils. Ce banc est situé en plein virage, en pleine montée et constitue un appel au repos et à la contemplation du paysage … pour qui n’aurait pas un chrono à assurer. Le passage au R3 fut rapide et j’appris alors que Hervé et Jennifer n’étaient pas devant moi, mais perdus sur une erreur d’itinéraire. Cela expliquait pourquoi personne n’était visible devant. La suite, il restait 15km, fut encore agréable malgré la percée franche du soleil qui rendait les parties de routes non ombragées de plus en plus chaudes, et dès que de l’ombre se présentait, je n’hésitais pas à changer de côté pour courir. Le R4 à 6km du but fut rapidement passé, juste histoire de prendre ma bouteille « Élise » et de repartir. La partie finale réservait une modification, Nicole qui flèche tous les jours le parcours a trouvé une petite route permettant de couper l’itinéraire et d’éviter qu’on ne le prenne deux fois (aujourd’hui puis demain au départ). Je franchis la ligne en un peu moins de 5h, à 10’ de mon meilleur score de 2008, mais j’étais ravi de ma journée, sans souffrance.

    Pour l’étape suivante 76km étaient au menu. La météo devait tourner à l’orage, j’espérais qu’on les éviterait.


    12/ samedi 24 août : Peyrelevade - Mauriac 76 Km (775 Km)

     

    Pluie au réveil, à 4h30, de quoi me demander ce que je faisais là. Mais une fois ce paramètre intégré, je me levai et tel un robot je procédai à ma mise en tenue : pansage des zones sensibles, crémage d’autres endroits irrités et enfilage du maillot, du cuissard et des chaussures. Ensuite, je rangeai ce dont je n’aurais plus besoin avant le départ, allai remplir mes bouteilles, avec du sirop de citron cette fois, et alors seulement j’allai prendre mon petit déjeuner. Petits pains au lait et Nutella que j’avais achetés, ne supportant plus le pain et les confitures proposées, et un bol de café au lait.

    Il pleuvait toujours et je préparai, après ma petite vaisselle, mon poncho, ma frontale (un départ à 6h s’effectue dans la nuit, surtout quand il pleut) et mon petit sac banane dans lequel je mis des Twix et des KitKat (pas la bouffe pour les chats, mais la gaufrette au chocolat). J’allai déposer dans les bacs R2 à R5 des bouteilles (celles aux prénoms féminins plus une de boisson énergétique achetée hier) et je commençai le grand pliage : lit, sacs, valise que je mis dans le camion.

    Vint le briefing de Jean-Benoît, important pour se tenir au courant des éventuels changements et des consignes particulières. Il pleuvait toujours, un peu plus fortement que la bruine qui nous avait réveillés. Le poncho bien installé, une lampe clignotante dans le sac à dos, la frontale bien positionnée et ce fut l’heure du départ.

    Rapidement je me mis en tête avec Pierre, servant de guide avec les leds clignotantes qui montraient le chemin aux poursuivants. La route plate pendant 800m laissa ensuite la place à une bonne montée aussi longue et la sortie du village fut vite atteinte. Pendant encore plusieurs hectomètres, les lampadaires montraient la route et quand il n’y en eut plus, la frontale devint indispensable. Avec la grisaille et la pluie, le jour n’était pas prêt de se lever. Seul Renaud suivait mon allure, Pierre avait pris le large mais je ne me retournai pas non plus pour voir qui était où.

    J’ôtai le poncho une fois la pluie arrêtée, vers le 6ème km et je me retrouvai encore plus mouillé en-dessous : les effets conjugués de la pluie et de la sudation sous le plastique avaient trempé ma tenue entièrement. Je n’avais heureusement pas froid et une fois arrivé au sommet de la côte, je savais que la route descendait jusqu’à Millevaches km10. La suite du parcours fut une succession de longues montées suivies de longues descentes et ça me plaisait, me permettant de courir à 10,5 voire 11km/h par moments.

    Au R1 je me débarrassai de mon débardeur et de ma frontale car ma vitesse faisait que je n’avais pas froid et le poncho était rangé dans mon holster au cas où. Seul Renaud arriva quand j’en repartais.

    La traversée de Meymac, après une très longue descente, marqua la fin de la première partie de l’étape que j’avais découpée mentalement en 4.

    La seconde partie, tout aussi vallonnée, me permit de continuer à courir à un bon rythme et de rester proche des 10 de moyenne. Au R2, je m’alimentais un peu plus et j’étais tout seul ce qui n’était pas pour me déplaire car j’aime rester maître de mon allure.

    Au R3, la soupe de Marie et Marcel me redonna du jus et je pus même faire un bref arrêt pour saluer Paulette, arrêt traditionnel des coureurs dans son épicerie. J’en étais au marathon. Allez Fab, plus que 35 bornes. Les km défilèrent ensuite et j’arrivai à la fin de mon 2ème tronçon : km 50, Neuvic.

    La 3ème partie était composée d’une route à circulation d’abord pas très pentue, descendante principalement, mais comportant aussi de nombreuses remontées. Quand vînt le début de la vraie descente je la dévalai en me freinant, en faisant attention à ma foulée et à ma pose de pied, parfois à une allure proche de 12km/h. Au R4 je fis un court arrêt et je poursuivis jusqu’au pont sur la Dordogne au km 64 ou 65. Plus que 11 ou 12km. Fin de la partie 3.

    La dernière portion de mon étape ne fut pas la plus facile : longue montée et retour de la pluie. Je la courus sur une base de 7’/km car je pris souvent quelques moments pour marcher. Jean-Jacques me dépassa, il m’avait repris une heure, ce sera le seul. De fil en aiguille je réussis à arriver à Mauriac, après avoir fait un arrêt éclair au R5. Temps final sous les 8h qui était mon objectif, ce fut limite. C’est vrai aussi qu’il y avait plus près de 77,5km que des 75 ou 76 recalculés selon l’endroit exact du départ. Belle moyenne quand on considèrait la météo et la longueur de l’étape.

    Une belle étape de montagne avec des cols nous attendait pour la journée suivante : je salivais déjà, pour peu que la météo soit propice à un bon déroulement de la journée.


    13/ dimanche 25 août : Mauriac - Jussac 64 Km (839 Km)

     

    Les jambes n’étaient pas trop lourdes au départ de Mauriac et rapidement je trouvai mon allure de croisière, 10km/h. Je m’étais couvert, en prévision d’éventuelles averses et de fraîcheur. Le groupe de tête s’éloigna rapidement et j’étais dans les premiers du groupe qu’on pourrait appeler celui des poursuivants. Je mis 1h55’ pour arriver à Salers (km19) et après la visite « obligatoire » du village en suivant l’itinéraire concocté par le race director, j’entamai la descente vertigineuse vers Fontanges, avec le début à près de 15%. Fontanges passé en 2h30’ avec un petit détour devant une belle statue de la vierge blanche située sur un petit mont. Les 4km de faux plat en remontant doucement vers le pied de la montée vers le col me permirent de faire la jonction avec Jan et Roland et une fois le ravitaillement du km29 passé je pus attaquer la longue montée vers le Legal. 1h07’ de montée, seulement entrecoupée d’une portion descendante pour relancer la machine, et le ravitaillement N°3. Entre temps j’avais dépassé Pierre en panne sèche que j’avais dépanné d’une barre de céréales et je sentais que derrière les autres coureurs étaient loin mis à part Roland repassé devant et Ian resté au contact.

    Après le col, ce fut la descente, celle qui fait remonter la moyenne et le R4 pointa son nez assez vite. Après, ça remontait un peu, même beaucoup, et même encore plus que dans mes souvenirs. Mais je savais qu’après la côte il y avait la descente alors je patientai. Nouveauté sur la Transe Gaule, la route vers Jussac qui empruntait à l’identique celle que l’on avait suivie sur la TransEurope et non plus la route des Crêtes jusqu’à Aurillac : 9km de belle et forte descente puis un long faux plat pour atteindre enfin Jussac après 6h46’ de course pour 64km. (Je finis 7ème, comme hier).

    La pluie s’est mise à tomber une demi-heure après mon arrivée, j’avais eu de la chance.

    Le lendemain nous attendait une autre longue étape rendue difficile par la traversée d’Aurillac et la sortie où l’on allait croiser des centaines de véhicules. Si le temps redevenait beau, ça irait sinon, ça allait être assez costaud avant d’atteindre les paisibles routes de campagne qui arriveraient vers le km15 ou 20.


    14/ lundi 26 août : Jussac - St-Cyprien-sur-Dourdou 69 Km (908 Km)

     

    69km, de Jussac à Saint-Cyprien sur Dourdou. « Du beau, du bon, du bosselé » pour plagier la pub d’une marque de vin cuit, c’était ce qui nous attendait. Deux départs, les 5 plus rapides de la veille quittant Jussac à 7h30 soit une heure après nous.

    Je me mis tout de suite en jambes, ne désirant pas « faire traîner les choses » comme on dit. Les 8km menant jusqu’au niveau de l’ancien départ à Aurillac étaient assez vallonnés et je les courus avec Alain David venu faire l’étape comme « journey runner ». On a discuté et les difficultés du parcours ont semblé bien atténuées. Il resta avec moi jusqu’au R1, km14, à la sortie d’Arpajon sur Cère ; nous tenions un bon tempo et j’ai continué sur ma lancée une fois qu’il avait ralenti pour attendre un autre coureur. Je passai au km20 après Senilhès sur des bases de 9,3km/h, moyenne basse en raison du fort dénivelé avant, pendant et juste après Aurillac. L’itinéraire quittait la route à forte circulation à partir de ce moment et je décidai de mettre mon MP3 afin d’être en mode « voyage ». Je ne voyais plus depuis très longtemps les 3 coureurs me précédant (Carmen, Pierre et Jan) donc la route était pour moi tout seul. Je me régalais comme je le faisais depuis quelques étapes, depuis que j’avais un peu accéléré. Lafeuillade en Vézie (km28), le R2, puis La Capelle del  Fraisse (km31) ont défilé à toute allure; il ne restait que 13km de belle route d’abord vallonnée puis descendante sur plusieurs kilomètres ce qui me permit de faire remonter la moyenne et d’être dans de bonnes dispositions pour effectuer les 2 ou 3 km pour atteindre Cassaniouze. La traversée du village, assez joli et désertique malgré cette heure de milieu de matinée, brisa la monotonie de la route départementale. Peu après la sortie du village, juste après la station service, on prit à gauche la direction de Conques et de la vallée du Lot qu’on devait franchir après une grosse douzaine de kilomètres de descente. Belle portion de route tranquille malgré quelques voitures où je pus tourner entre 11 et 12km/h. J’eus la chance de démarrer cette partie de descente sur « Stairway to heaven » de Led Zeppelin et là c’était magique. Je repris Jan en difficulté dès que la route descendait et le lâchai irrémédiablement. Le paysage au détour d’un virage faisait apparaître la vallée du Lot, les piscines, les gîtes, les campings… ça me donnait l’impression d’être en vacances (en fait je l’étais, mais ce n’était pas pareil que les vraies vacances). La fin de cette belle descente fut marquée par le franchissement de la rivière sur l’ancien pont de Coursary, désaffecté, puis ce fut la jonction avec la route principale : encore une quinzaine de kilomètres avant l’arrivée. Comme j’étais bien, sur le plat je continuai de tenir mon tempo de 6’/km avec régulièrement une pause à la marche de quelques secondes afin de boire et de recharger les accus. David, photographe officiel de la course me prit à plusieurs reprises, il le faisait depuis Roscoff et c’était sympa de la voir, ça cassait la monotonie à certains moments de la journée.

    Dernier ravito, le R5, passé aussi rapidement que le R4, le temps d’échanger ma bouteille vide contre une pleine en emportant quelques gâteaux à grignoter en courant, puis Conques-Faubourg (en bas) et le plot marquant les 2 derniers km. Je vis que ça allait être juste pour faire moins de 7h comme en 2008, mais je poursuivis mon effort quand même. Jean-Jacques me surprit en me dépassant à 500m du but, il déroulait tranquillement à 14 tandis que je n’étais qu’à 11. Au final, je finis 8ème, en 7h01’, à 2’ de mon record mais 2’ plus rapide que lors de la TransEurope. Donc la satisfaction était de mise une fois la ligne franchie. La suite : rituel puis repas au restaurant, repos, apéro offert par la municipalité de St Cyprien, restaurant à nouveau puis rédaction et postage de ce CR et je me couchai. 


    15/ mardi 27 août : St-Cyprien-sur-Dourdou - Cassagnes-Bégonhès 58 Km (966 Km)

    La douce pente menant de St Cyprien sur Dourdou à Marcillac, sur une longueur de 10km, fut une bonne mise en condition pour le reste de l’étape. Les véhicules roulant très vite venaient de temps en temps nous rappeler d’être constamment sur le qui vive. Les Aveyronnais sont peut-être des gens très sympathiques mais beaucoup deviennent de véritables chauffards dès qu’ils ont un volant entre les mains. Arrivé sain et sauf à Marcillac, km10 en 1h, il restait un km avant de quitter cette route dangereuse et grimper pendant 4km à plus de 10% : ça calme !

    La montée dans laquelle j’alternai course et marche me permit de me détacher un peu du groupe avec lequel j’étais. Nous n’étions pas un groupe compact, mais dispersé sur quelques centaines de mètres. Au R1, km 15, seul Jan avait repris le contact et nous sommes repartis à peu près ensemble sur la route bosselée mais en partie descendante menant vers la route de Rodez. On avait évité des zones à risques, nous allions en retrouver une nouvelle pendant 5km. Enfin arrivé sur la piste cyclable je pensais pouvoir retrouver un bon rythme, mais j’étais incapable de relancer, donc je me dis qu’on verrait après le R2 et la sortie de la préfecture de l’Aveyron. km 29 : 3h de course.

    La grande montée dans Rodez puis la descente vers le Monastère ne me rassurèrent pas et quand Renaud me rattrapa vers le km 35, il fut étonné de voir que je tournais à un rythme poussif. Mais je m’étais un peu « endormi » sur une allure intermédiaire et ne parvenais plus à accélérer. Le R3, km 38 en 4h marqua enfin le début d’une partie plus plaisante, sans circulation et j’espérais que ça aille mieux. Avec Renaud, nous avons plus ou moins décidé de rester ensemble et que selon la forme de l’un ou de l’autre un de nous pouvait se détacher. Parfois il menait, d’autres c’était moi, mais nous faisions souvent la jonction. Ce rythme me convenait et à lui aussi semble-t-il.

    Le retour sur une grande route nous permit de remettre un peu les gaz car la route descendait pendant 8km environ. De la belle descente où nous n’avions pas à freiner même si notre allure frisait les 12km/h. Après quelques km la pente devint moins forte et l’allure baissa d’elle-même ce qui permit à Renaud de revenir sur moi au R4. Les derniers km avec une longue montée de 5km puis une descente de 2km furent laborieux. J’étais fatigué mais souhaitais en finir le plus rapidement possible. Nous franchîmes ensemble l’arche d’arrivée en 6h06’, à une moyenne de 9,5km/h pour l’ensemble de l’étape. 9èmes ex-æquo, nous étions contents de notre course ensemble.

    Installation dans le hangar, navette pour aller aux douches, étendage du linge, repas de Bolino, repos … pot offert par la Mairie, passage chez le coiffeur, quelques courses et repas du soir. Que le temps défila vite. J’avais préparé mon matériel pour le lendemain et avant de dormir je rédigeai ce CR que j’allais poster dans la foulée.


    16/ mercredi 28 août : Cassagnes-Bégonhès - St-Sernin-sur-Rance 55 54 Km (1020 Km)

     

    Une courte étape de 54km avant la longue et montagneuse de demain. Quelle stratégie adopter ? Se reposer en courant tranquillement afin de ne pas compromettre l’étape longue ou donner quand même et on verrait le lendemain ?

    La nuit fut froide dans le hangar et le réveil fut difficile car il fallait oser sortir le bout du nez dans la froidure. Je réussis cet exploit puis commençai à m’échauffer en prenant un café et en grignotant quelques pains au chocolat. Les rituels effectués, je repris un second petit déjeuner et finis de ranger mon matériel.

    Le départ donné, je mis quelques hectomètres à m’habituer au frais et comme j’avais prévu de quoi me couvrir chaudement, j’ai rapidement trouvé la température assez agréable. La montée des 5 premiers km me permit de bien arriver échauffé afin de descendre assez vivement vers La Selve. J’étais avec Alain et Hervé pas loin derrière, nous dévalions à presque 12. Nouvelle montée puis redescente puis montée à nouveau vers Réquista, km19 franchi en 1h50. A la sortie de la ville Alain et Hervé qui m’avaient un peu lâché comptaient une centaine de mètres d’avance que je n’ai jamais pu combler. Cette longue descente de 5km menait à Lincou, km25 (2h23’) et au R2. On était au pied de la longue montée vers le R3, situé au km 35 et accessoirement passage du km 1000 de la Transe Gaule (3h27’). J’étais tout seul, mes compagnons avaient pris trop d’avance pour que je fasse la jonction sans risque. Je les apercevais parfois et constatais qu’ils possédaient plus de 3’ d’avance. Après le R3, le parcours tout en descente menait à Plaisance, km44 (4h18’) et le R4 avait été positionné juste à la sortie de ce village. Ce dernier poste de ravitaillement de la journée me permit de changer ma bouteille vide contre une pleine. Je finis les 10 derniers à un rythme assez soutenu et je franchis l’arche en 5h19’ pour 54km. Beau chrono pour une belle étape, à seulement 10’ de mes meilleures des années 2007 et 2008. L’enfant sauvage, Victor, nous attendait comme toujours, à quatre pattes l’air de vouloir rugir (c’est une petite statue située devant la salle où nous étions hébergés. Installation sommaire, mais on a réussi à s’y mettre d’autant plus que beaucoup ont préféré aller à l’hôtel juste en face.

    L’après-midi fut longue à souhait (je suis arrivé peu avant midi) et je pus faire plein de choses et surtout me reposer. Du long nous attendait pour le jour suivant, du relief accidenté avec plus de 1400m de dénivelé. Aujourd’hui nous n’en avions eu que 900 environ. La fin, les 11 derniers km sont en descente vers Saint-Pons de Thomières, alors il faudrait être fort avant pour se laisser glisser tranquillement vers la vallée.

     

    17/ jeudi 29 août : St-Sernin-sur-Rance - St-Pons-de-Thomières 70 69Km (1090 1089Km)

     

    Comme j’avais terminé dans les 12 premiers hier, ce matin je faisais partie du groupe des « 7h30 », ceux qui avaient le droit de faire la grasse matinée. Cela ne m’empêcha d’être réveillé comme les autres, à 5h, et de me préparer comme si je devais partir avec le groupe des « 6h30 ». J’eus le temps de faire du rangement, de reprendre un autre petit-déjeuner et ce fut l’heure du départ. Les premiers mètres furent difficiles, nous devions prendre une ruelle étroite jonchée de pièges, de descentes courtes mais rudes et même d’une descente d’escaliers périlleuse avant d’atteindre la route. Heureusement il n’y eut pas de blessés.

    Le petit groupe s’étira rapidement et j’en fermais la marche. Pourtant je n’avais pas l’impression de manquer de jus, mais je me fis distancer peu à peu, avec l’impression de voir le train partir sans moi. Je commençai à me poser des questions : pourquoi est-ce que je n’arrive pas à les suivre ? C’était peut-être eux qui allaient plus vite que ce que j’étais capable de faire ? Enfin, après quelques km, il ne me restait plus en vue et au loin que Mickaël, l’allemand qui était un peu blessé en ce moment, et Jan dont j’avais connu des départs plus rapides. Un peu avant le col je commençai à revenir sur les derniers du premier groupe, je leur avais repris déjà 1h et je pensai à eux en imaginant qu’ils allaient passer plus de 10h sur la route. A chaque fois je glissais un petit mot d’encouragement ou je me permettais même de marcher quelques mètres pour bavarder brièvement. Cela me donnait aussi un peu de temps de récupération. Le R1, au 1er col (15,5km en 1h36’), me fit du bien, mais mes congénères du groupe 2 n’étaient plus en vue du tout. J’imaginais prendre en fin de journée un gros éclat s’ils continuaient d’avancer aussi vite. La descente vers Lacaune, qui ne commença qu’après quelques km, me fit du bien et j’arrivai au R2 après 2h55’ de course pour 28 ou 29km. La suite débuta par une très forte montée que j’effectuai en marchant puis quand le profil s’adoucit un peu je pus alterner course et marche. Il n’y avait que 4km pour atteindre le 2ème col, celui du Picotalen (km32 en 3h21) et la suite nous amenait à La Salvetat après une longue descente de plusieurs km, seulement interrompue par quelques faux plats montants et le R3 au km40 (en 4h02’).

    La Salvetat et son ravitaillement N°4 (km 49 : 4h51) marquèrent le début de la dernière grosse difficulté du jour. Une longue montée, d’abord dans un chemin très pentu qui permettait de couper quelques lacets (pas ceux des chaussures bien sûr) puis sur la route principale où le trafic des camions et autos était parfois dangereux. Les routiers étaient sympas et s’écartaient quand ils nous voyaient, les automobilistes étaient un peu moins attentionnés. L’arrivée au 3ème col, ne marquait pas la fin de la partie pentue (col de la Barraque, km 55 en 5h34), il restait à atteindre le 4ème et dernier col avant la descente de 10km vers St Pons. Au dernier col, je rattrapais Alain qui ne voulait plus trop forcer et qui me demanda si je voulais finir avec lui. Du col du Cabaretou (km 59 en 6h00) à l’arrivée, 10km plus loin, nous avons mis 54’. Dans la descente, je le suivis la plupart du temps et je m’accrochais pour ne pas qu’il soit obligé de trop ralentir. L’arrivée franchie avec Alain en 6h54’ me rassura. Je n’avais pas couru en-dedans contrairement à l’impression poussive du début. Je ne battais pas mon record sur l’étape mais m’en approchais à 4’ près. Une autre étape à 10km/h et ma moyenne générale remontait peu à peu pour passer j’espérais les 9,5 le lendemain .

    C’est une semi nouvelle étape qui se présenterait avec l’arrivée à Moussan via le col de Ste Colombe et Minerve. Les 30 premiers km seraient les mêmes que ceux de l’étape de la TransEurope de l’an dernier. Le reste serait du nouveau mise à part le tronçon du côté de Sallèles d’Aude le long du canal déjà emprunté par la Transe Gaule. On verrait.


    18/ vendredi 30 août : St-Pons-de-Thomières - Moussan 60 Km (1150 Km)

     

    Avant-dernière journée sur les routes de Gaule, qui commença par la longue mais jolie montée vers le Col de Sainte Colombe où je franchis mes 8000km de Transe Gaule depuis 2005. Il y a quelques jours, Daniel Müller avait passé le cap des 10000km de TG. Il ne me reste que 2 TG pour faire aussi bien, mais lui aura continué sans doute, et j’espère, à accumuler les km de TG.

    Au sommet du col, j’étais bien, à 10 de moyenne et la descente qui suivit se présenta à point nommée pour récupérer tout en continuant de faire monter ma moyenne. Au km 13 et quelques, le parcours de l’ancienne TG fut abandonné et celui de la TransEurope 2012 poursuivi. On passa à Boisset après une longue et parfois vertigineuse route en forte descente, le paysage était magnifique et de temps à autres j’y jetais un coup d’œil tout en me concentrant sur ma foulée. Il ne manquerait plus que ça, de se faire mal sur un moment d’inattention ! Le profil s’inversa, on franchit le village de Boisset (km 18 en 1h46’) et le raidillon long qui suivit allait un peu casser ma cadence. J’alternais course et marche et constatais que mes accompagnateurs matinaux continuaient peu à peu de se détacher. Mais je courais contre moi-même, éventuellement en jetant un coup d’œil sur les proches du classement (qui n’était pas officiel mais qu’on regardait tous plus ou moins, on n’était pas là pour faire uniquement du tourisme non plus, c’était une compétition quoi qu’on en dise) et mon objectif du jour était de ne pas en prendre de trop dans la musette (de minutes bien sûr). Mon matelas était épais mais il pouvait rapidement se dégonfler au vu de la forme olympique de certains en troisième partie de TG. J’essayais de gérer sans maîtriser tous les paramètres, mais ça, j’adorais, ça m’obligeait à envoyer même quand la fatigue et l’effort constant commençaient à faire mal aux jambes.

    Au sommet de cette rude ascension, on déboucha sur un paysage grandiose : le Massif de la Clape qui serait au menu du lendemain et la Méditerranée, but ultime de notre périple. La descente sur Minerve fut un pur régal malgré les imperfections du revêtement et quand Jean Benoît nous a dit qu’on traverserait le village, même si ça allongeait le parcours, on en prit plein les yeux : cañon, village très typique aux ruelles étroites, aux boutiques d’art ou d’autres produits locaux, l’ensemble sous des couleurs variant selon l’orientation des rues. Bref quand on en est ressorti, on était revigoré. Le ravitaillement 2 qui suivit permit de lâcher ses émotions et ressentis sur ce beau morceau de course.

    La suite s’avèra moins amusante. La Caunette, qui n’a pas de lien de parenté avec Lacaune traversée la veille (non, ce n’est pas sa fille) au km 32 (en 3h10’) puis Paguignan et ensuite Bize-Minervois (km 47, 4h41’) tous ces villages me virent quelque peu en difficultés : je ne pensais pas que ça allait être aussi vallonné, alors je découvris que ce nouvel itinéraire (on a quitté celui de la TransEurope après Minerve) était très accidenté et fatigant.

    Les km ne passèrent pas assez vite à mon goût, mais ma patience et mon acharnement allaient être récompensés. On atteignit le Canal de la Robine puis Sallèles-d’Aude (km 56, 5h40) et ensuite on prit le pont Eiffel duquel on ne descendis pas comme auparavant par la gauche, mais par la droite sur une sorte d’arête bétonnée débouchant dans un champ de maïs. Là, ce fut de la pure course d’orientation : repérer les flèches, retrouver la sortie de ce qui s’apparentait à un labyrinthe végétal sur quelques dizaines de mètres et quand soudain je débouchai sur la route en voyant qu’il ne restait plus qu’à peine 2km je commençai à me dire que mon étape s’était bien déroulée quand même. Je dus ralentir quelques instants afin de rappeler Mickaël, le coureur allemand de devant qui venait de se tromper de route. Il ne m’entendit pas, j’essayai de le poursuivre, mais il était trop loin. J’aperçus Jeanine et l’avertis afin qu’elle puisse le réorienter quand il se serait aperçu de son erreur. J’arrivai à Moussan après plus de 6h09’ de course (pour 61km en réalité) et constatai que mon matelas de minutes avait bien fui mais pas de manière si catastrophique que ça. Le lendemain je pourrais donc lutter pour essayer de conserver la majeure partie de mes 44’ d’avance sur mon poursuivant.

    Super accueil à Moussan, repas comme ceux qui ont marqué les festivités de fin de TG les autres années, à la différence près qu’il restait une étape de 40km à courir avant d’atteindre la mer.

     

    19/ samedi 31 août : Moussan - GRUISSAN-Plage 40 Km (1190 Km)

     

    3 départs de programmés au matin de cette dernière levée, pas de bagages à faire et à charger dans les camions : on reviendrait ici après l’étape du jour et les congratulations mutuelles de chacun des membres de la caravane, coureurs, bénévoles et accompagnateurs. Le soleil brillait déjà quand je partis avec le groupe des 12 « meilleurs » de la veille sauf Carmen, autorisée à partir dans le second groupe. Mon objectif : ne pas perdre plus d’une minute au km sur ces 40 bornes. Cela paraissait facile, mais quand celui contre qui vous jouez est très fort et capable de courir à 14km/h, vous vous demandez combien vous allez en prendre. Cela partit très vite, on était à 12 à l’heure et j’étais déjà distancé mais je ne m’affolais pas, « il » ne pouvait pas tout me reprendre aujourd’hui si je maintenais ce tempo. Moussan-Coursan, 10,5km en 55’ puis Vinassan en 1h19’ (km15), le R1 rapidement passé le temps d’échanger 1 bouteille vide contre 2 pleines déjà préparées la veille au soir. Les cadors n’étaient déjà plus en vue depuis une éternité et je me distrayais en pensant au débours que je devais compter à ce moment.

    Vinrent les contreforts du Massif de la Clape, au demeurant fort jolie petite montagne, mais qui ne serait pas du gâteau car la pente devint assez pesante et la jonction avec une route à forte circulation rendit la course assez périlleuse. Pas ou peu de bas-côtés, beaucoup d’automobilistes qui ne respectaient pas les coureurs, qui ne s’écartaient pas et qui parfois klaxonnaient pour nous témoigner leur mécontentement. Bref, je n’avais sans doute encore jamais vu autant d’abrutis derrière un volant que lors de cette étape. Ils surpassaient ceux croisés dans l’Aveyron, c’est vous dire ! Arrivé vivant au sommet, le R2 me permit de remplacer mes anciennes bouteilles par deux nouvelles et de porter mon sac à dos ce qui me libèra une main ; km 23 en 2h06’.

    La descente et l’arrivée à Narbonne-Plage ne furnt pas très plaisantes malgré la beauté du paysage, la mer, les montagnes alentours, mais trop occupé à essayer d’éviter les chauffards, je gâchai un peu mon plaisir. Km 27 en 2h26’ et enfin la route bleue, de celles qui vous calment malgré le revêtement un peu rugueux et le manque d’air et d’ombre. Le chemin vers Gruissan était encore long, il restait 13km soit 1h15’ si tout allait bien et je commençai à payer l’énergie dépensée dans la montée puis la redescente de la Clape.

    Le panneau Gruissan me libèra quelques instants avant que je ne réalise qu’il restait encore 5km. 3h10’ pour 35km, j’avais tenu une bonne moyenne, mais maintenant il fallait penser à finir vite pour ne pas regretter les atermoiements durant l’épisode des chauffards. Je remis deux ou trois bûches dans la chaudière et attisai le feu. Je vis que JB nous faisait lécher les bords de l’assiette, il nous faisait faire le tour de la ville le long des étangs sans nous faire couper dans le village. C’était long, c’était difficile, mais ça en valait peut-être le coup. Quand je fus sur la piste cyclable et que j’aperçus le plot des 2km avant la fin, je remis une accélération pour arriver enfin sur la plage. Là, il restait 200 ou 300m de sable mou à passer et je sprintai presque comme lors d’un contre la montre. Quand je passai l’arche, je vis que j’avais conservé pour 7’ ma 9ème place. 10,8km/h de moyenne sur cette étape, ça me permit de constater que j’en avais gardé un peu sous la semelle.

    Les embrassades et toutes les effusions de joie qui suivirent rendirent ce moment encore plus grand. Ma 7ème étoile avait été valeureusement conquise et j’avais réalisé ma seconde meilleure traversée de la France (à la moyenne).

    Je ne m’étendrai pas sur la suite de la journée, j’y reviendrai peut-être plus tard.

    à+Fab******€*



    7 commentaires
  • Ce qui est difficile quand on a couru à ce jour 127 étapes de la Transe Gaule et 118 des TransEurope, c’est de trouver matière à raconter l’étape du jour sans avoir à radoter. Ceux qui ont déjà lu les CR précédents doivent se barber car ils peuvent avoir l'impression que c’est toujours la même chose. Pour cette édition de 2014, j’aurais aimé changer un peu – Je vais essayer – pour narrer les 1190km qui m’ont mené de Roscoff à Gruissan.

    Transe Gaule 2014


    1/ mardi 12 août : ROSCOFF – Plounévézel 68 Km (68 Km)

    C’était devenu un rituel pour moi de rallier Roscoff et de prendre le départ de la Transe Gaule mais à chaque fois c’était un recommencement. Je ne partais jamais avec des certitudes, juste avec l’expérience accumulée lors de mes 7 premières participations à ce qui constituait mon feuilleton de l’été.

    Après le prologue non chronométré de 6km de Roscoff à St Pol de Léon, une petite mise en jambes permettant de s’échauffer et de vérifier l’état général du bonhomme et de la tenue, nous sommes partis à 9h17 de la gare de St Pol pour les 1184km restants. La première étape faisait 62km en plus des 6 du prologue.

    Je démarrai vite. Et oui, comme un débutant ou un kamikaze ou comme quelqu’un qui veut se rendre la course difficile. J’avais adopté mon rythme de footing habituel (10,5km/h) sachant que je ferais des pauses de marche tous les quarts d’heure. Les sensations étaient bonnes et il y avait quand même plusieurs autres concurrents devant moi. J’atteignis Penzé en 1h01’, soit 2’ plus vite que l’an dernier et 6’ plus vite que lors de mon année record. Des coureuses et des coureurs venus de Taïwan et Hiroko, coureuse japonaise, m’encadraient, pas de potes français avec moi : JJ Moros et Stéphane Pélissier étaient déjà loin devant et les autres compatriotes derrière, pour le moment. Je me sentais bien, donc je continuai sur ma lancée après le ravitaillement N°1. Je passai à Pleyber-Christ en 2h18, avec encore plus d’avance sur le Fab des TG précédentes (c’est contre lui que je courais ! ). La pluie s’invita alors mais j’eus de la chance de ne prendre que la fin de la grosse averse et d’avoir été protégé par les arbres quand ça s’est mis à vraiment pleuvoir. Pas nécessaire de sortir le poncho, la prochaine éclaircie devait me sécher.

    Mon sac à dos acheté récemment et étrenné sur le Semi-Raid du Golfe m’avait bien été utile. Je pus me ravitailler à ma guise, recharger les bouteilles et les ranger dans les poches faites pour cela sans me prendre la tête. J’avais mis la musique car le temps commençait à me sembler long et je n’avais personne à qui parler, n’ayant pas fait taïwanais ou japonais en seconde langue.

    Passage au marathon en 4h23’ puis aux 50km en 5h13’, je me disais que sauf accident, j’étais sur les bases de mon record sur cette étape ; encore fallait-il ne pas se planter !

    J’admets l’aspect périlleux de la chose, mais une Transe Gaule sans prise de risque, ça devenait une Transe Gaule monotone. D’habitude je n’en prenais pas si tôt dans l’épreuve mais je voulais me tester. La fin de l’étape fut quelque peu laborieuse, mais à y regarder de plus près, pas si difficile que ça. Passage à Poullaouen en 5h48 (encore du temps de grappillé sur mes TG passées) et arrivée sans rechercher à revenir sur les deux coureurs que j’entrapercevais au loin puis de moins en moins loin devant moi. Je n’aurais rien gagné à les rattraper car j’aurais fini avec eux.

    Je me contentai de cette 11ème place sur 48 (puisque tout le monde avait atteint Plounévézel avant le cut-off) en 6h32’41 pour 62km.

    J’avais amélioré ma meilleure marque sur cette étape de près de 8’. Je ne pensais pas pouvoir être capable de remettre ça lors de l’étape du lendemain. On verrait après une bonne nuit de repos.

     

    2/ mercredi 13 août : Plounévézel - Pontivy 64 Km (132 Km)

     

    Départ comme hier, sauf qu’il faisait à peine jour (à 6h30 il fait plus noir qu’à 9h17). Tant pis, je partis sur un rythme assez rapide pour moi et je me retrouvai dans les 10 avant d’avoir atteint Carhaix pourtant situé à 2,2km de Plounévézel et en plus en ayant marché dans les côtes : j’alternais 25 foulées puis 10 pas de marche, mais comme ça m’ennuya vite de compter et je poursuivis l’alternance en côte à mon instinct. Derrière, personne ne me revenait dessus, mais ceux de devant m’avaient largué. A Carhaix, je m’arrêtai regarder les statues des sœurs Goadec, un taïwanais croyant que j’étais perdu m’indiqua le chemin à suivre et je repris ma course. Sortie de Carhaix, je rattrapai une taïwanaise et Jean Michel puis une fois l’horizon bien dégagé je me mis à accélérer. 6km d’échauffement puis je trouvai enfin le rythme de croisière pour le plus longtemps possible j’espérais.

    Au Moustoir, km8, en 46’, j’avais 4’ d’avance sur mon record de 2008 puis à Paule, km14 en 1h24 j’en étais à 6’ de gagnées. Le ravito pris en 1’15 (c’est précis car mon GPS a enregistré ces données) je continuai tranquillement vers le prochain objectif : le début du canal situé au km26 et où se situait le second poste de ravitaillement. Glomel , km18 en 1h50, puis le début du canal à Pont Aofred en 2h33’ pour 26km (10’ d’avance sur le meilleur Fab). Le canal comme à son habitude était calme, beau, bucolique, avec de temps à autres quelques promeneurs avant de rencontrer un groupe de taïwanais lâché pour la circonstance en mode récréation. A mon passage, les encouragements et appareils photos y allaient de bon cœur. Je fis un arrêt « petit-caillou-à-la-con-dans ma chaussure » et m’aperçus que je n’étais plus seul : Hervé me suivait et se rapprochait doucement. Pas grave car il avait un niveau supérieur au mien. Par contre j’étais étonné de ne pas voir certains coureurs qui étaient devant moi la veille. A la sortie du canal, Hervé ne m’avait pas encore rattrapé, je fis une autre pause du même type que la précédente, en plus long car de vider les deux chaussures ça n’était pas évident, mais ça soulageait et évitait de provoquer des ampoules dont je n’avais aucunement besoin.

    Km 35 en 3h29 avant l’arrêt, 3h32 après et Hervé en profita pour me passer devant. Je ne le revis plus sinon au début de loin au gré d’une ligne droite. Patrick Poivet me rattrapa aussi et après avoir discuté quelques secondes il se détacha peu à peu. Je le gardai en point de mire quelques temps (plus d’une heure) mais à la longue et parce que les lignes droites se faisaient plus rares, je ne le revis plus. Je me retournais de temps à autres afin de voir qui allait à son tour venir me croquer : personne ! Même Stefano, l’italien avait été assez distancé pour ne plus être en vue. Je m’arrêtai au ravito des M&M’s , Marcel et Marie fidèle couple de bénévoles depuis l’édition de 2005 qui proposait une bonne soupe où je pris mon temps pour la déguster, et après ce km 40, l’étape avait débuté depuis 4h05’ quand j’en repartis, commença alors la partie la moins intéressante de l’étape. Mon impression fut renforcée par le fait que les forces commençaient aussi à baisser, chose normale que j’avais bien provoquée à l’image d’hier. Je passai le marathon en 4h19’ (soit 4’ de moins qu’hier) puis le km 50 en 5h09’ (toujours à -4’). Ravito 4 au km 48,5 en 5h environ, avec de longues lignes droites où celui qu’on apercevait au loin avait plus de 5’ d’avance. En bout de ligne droite, de la montée !

    Allez, plus que 14km avant l’arrivée et l’alternance des côtes et des descentes me plaisait bien même si quand j’étais en côte j’espérais qu’une descente arrive et inversement, quand j’étais en descente je voulais de la montée. Allez comprendre ! Cahin-caha, j’atteignis le dernier ravitaillement à partir duquel il ne restait en principe que 7km. Je remplis une dernière fois mes bouteilles et je repris la route avec son trafic de voitures et de camions qui ne permettaient pas de se reposer la tête : j’étais toujours sur le qui-vive, on ne sait jamais, il y a tellement d’abrutis au volant qu’on pouvait très bien en rencontrer un, d’ailleurs j’en avais vu quelques spécimen heureusement sans avoir été trop gêné. La partie entre l’entrée de Pontivy et le nouveau lieu d’arrivée, déjà comme l’an dernier, ne me parut pas si longue que par le passé. Sans doute boosté par le bon chrono que je devais faire et par un classement tout aussi sympa, je déroulai et franchis l’arche en 6h42’02 à la 8ème place. Content d’avoir amélioré mon meilleur temps sur cette étape et d’y avoir fait une belle place.

    La météo toute la journée avait été très agréable, les nombreux arbres bordant le parcours ayant fourni de l’ombre, je n’avais pas eu trop chaud, ni froid. J’avais néanmoins fini tout trempé de sueur et la lessive après la douche était assez copieuse.

    En cette veille de première longue étape, j’avais bien sûr gagné le droit de dormir une heure de plus car mon départ était prévu à 7h30 avec les 7 coureurs qui ont fini devant moi et à 6h30 pour les moins rapides du jour.

     

    3/ jeudi 14 août : Pontivy - Guer 76 Km (208 Km)

     

    Nous avons tournicoté dans le gymnase, les huit premiers de l’étape de la veille, quelques temps à attendre le départ une fois que le peloton des 6h30 était parti. J’observais le rituel des Taïwanais avant l’étape : un échauffement basé sur une sorte de stretching, puis des gammes de pose de pied ou d’équilibre. Intéressant mais je ne le souhaitais pas le faire pas au risque de me blesser, moi qui étais souple comme un verre de lampe.

    Je remangeai un en-cas avant de prendre le départ non sans avoir participé à la photo immortalisant ce groupe des 8 (2 Taïwanais, 1 Allemande, 5 Français dont 3 de Loire-Atlantique). Départ prudent pour la traversée de Pontivy puis une fois sur la grande route je pris mon rythme laissant momentanément mes deux compères ligériens derrière, sachant qu’ils me croqueraient aux alentours du marathon. La circulation devint de plus en plus importante, les voitures roulaient vite, les camions étaient nombreux, mais à part deux ou trois fois, on a réussi à cohabiter ; la vigilance était néanmoins obligatoire. Se succédaient de longues portions de routes monotones avec des lignes droites où l’on apercevait des coureurs au loin, ceux que j’allais rattraper peu à peu, et quelques parties vallonnées un peu plus tranquilles. J’étais sur les mêmes bases que les jours précédents (4h23 au marathon, 5h12 aux 50km) mais arrivé à Ploermel, je commençai vraiment à en avoir plein les bottes. La traversée de cette ville animée après un passage assez long au ravitaillement s’avéra longue et les derniers hectomètres pour atteindre la voie verte furent tout aussi laborieux. C’est là que ma moyenne chuta un peu, chose que j’allais essayer de réparer sur la partie plane de 18km qui m’attendait. Comme je suis compétiteur et que je n’avais pas d’informations sur les coureurs me suivant au général mais partis une heure avant moi, je me décidai de prendre le taureau par les cornes et de jouer mon va-tout. J’adoptai une cadence de 5’30 au km, repris quelques coureurs du groupe 1 et je me fixai peu à peu l’objectif de finir l’étape de 76km en moins de 8h. Pour cela, il ne fallait pas mollir et même si je m’arrêtai aux deux ravitaillements, brièvement, même si je procédai à plusieurs vidages de chaussures envahies par des petits cailloux provenant du revêtement de la voie verte, je réussis à tenir mon objectif : 7h58’15. 8ème place, que je conservais au général aussi, creusant un peu plus l’écart avec mes concurrents directs de derrière à qui je reprenais plus de 20’. Ceux de devant ont aussi augmenté leur avance sur moi comme ça j’étais tranquille, je n’avais qu’à regarder derrière.

    Après l’étape, l’enchaînement de toutes les tâches à faire me prit tant de temps et d’énergie que je ne trouvai pas la moindre petite parcelle de temps pour écrire mon CR. Chose qui fut réparée le lendemain soir.

     

    4/ vendredi 15 août : Guer - Châteaubriant 67 Km (275 Km)

     

    Comme hier, je faisais partie du groupe N°2 qui devait partir 30’ après le groupe N°1. Trente minutes d’attente, c’était mieux qu’une heure et ça allait me permettre de remonter les coureurs du groupe 1 plus rapidement. Le départ fut donné sous un beau ciel bleu dans lequel il ne manquait encore que le soleil qui devait se la couler douce sous la couette, mais nul doute qu’une fois levé, il allait nous redonner du chaud au cœur et au corps. En attendant, la voie verte bordée d’arbres était bien agréable et ses 11km passèrent relativement rapidement. J’y ai dépassé plusieurs coureurs, certains un peu ralentis par la fatigue ou des débuts de blessures, d’autres plus prudents désirant récupérer de la longue étape de la veille.

    Un 15 août, on pouvait s’attendre à ce que les routes soient désertes, mais nous avons croisé beaucoup de motos se rendant à la bénédiction annuelle de Porcaro par où nous étions passés hier. Des voitures troublaient aussi notre quiétude donc comme la veille il fallait redoubler de prudence. La traversée de Guipry puis de Messac où nous avons franchi la Vilaine marquait comme tous les ans la fin de la première partie de l’étape. La seconde était moins intéressante, faite de lignes droites sans bas-côté mais avec de nombreuses portions ombragées. Les villages se succédaient et je dépassais progressivement les coureurs du groupe 1.

    Mon allure était encore correcte, passage au marathon en 4h22 et aux 50km en 5h11, mais je sentais que ça devenait difficile. Ce qui renforça cette impression c’était le temps que je mis pour rattraper, doubler et lâcher les coureurs du premier groupe, mais en y réfléchissant bien je me dit que c’était normal car leur allure était supérieure à celle des autres doublés précédemment. Certains en profitèrent aussi pour rester un peu avec moi, voire repasser devant, comme Angel ou Kelvin, d’autres ne furent pas distancés tout de suite et restèrent un moment à quelques dizaines de mètres derrière.

    Aux ravitaillements, j’avais trouvé un rituel quotidien qui semblait me convenir : le matin, je déposais dans les caisses des bouteilles de sirop de citron ou de pamplemousse et quand j’arrivais aux ravitos, je faisais l’échange rapidement ou je remplissais mes bouteilles vides et je pouvais manger en même temps. Je débutais l’étape en prévoyant de grignoter quelque chose au bout de 45’ puis après 2h15’ de course, sachant que le ravito N° 1 était environ à 15km du départ et le suivant à environ 30km. La suite les voyait être espacés de 10km en moyenne.

    La fin de l’étape fut dure, j’avais maintenu une bonne cadence pour essayer de revenir sur les deux seuls que je n’avais pas rattrapés mais ils avaient senti le coup venir et n’avaient eu qu’à augmenter légèrement leur vitesse pour me maintenir loin derrière eux. Au final, je mis 7h05’44 pour 67km, un peu déçu de n’avoir pas tenu le 9,5km/h de moyenne (là ça faisait 9,4 environ) mais j’étais satisfait d’avoir augmenté l’écart avec mes poursuivants. Lors de la prochaine étape, on finirait de traverser la Loire-Atlantique pour nous rendre à Saint-Georges sur Loire. 71km assez vallonnés. J’espérais que les fortes pluies qui avaient perturbé l’après-midi ne viennent pas gâcher l’étape pour laquelle je repartirais une nouvelle fois dans le groupe des 8 plus rapides, 30’ après les autres.

     

    5/ samedi 16 août : Châteaubriant - St-Georges-sur-Loire 71 Km (346 Km)

     

    Au moment du départ, nous avons appris que Jean-Jacques Moros, alors en tête du classement général, ne prendrait pas le départ : coup dur, encore une fois sur la TG. J’en avais vu des coureurs abandonner et pour beaucoup ça m’avait toujours attristé. Et ce matin-là ça faisait encore plus mal au cœur tant Jean Jacques était un garçon attachant.

    Tous les 7, puisque nous étions un de moins, nous sommes partis sous un temps clair et frais à souhait : tout laissait penser que cette longue étape allait bien se dérouler. Bien sûr, c’est quand on s’y attend le moins qu’il se passe quelque chose et à peine 1500m de parcourus que je fis une extrasystole qui déclencha une tachycardie. Je m’arrêtai, m’accroupis comme je savais le faire, respirai tranquillement et le cœur revint à un rythme normal. Bon, il allait falloir être vigilant pensai-je alors et 10’ après, ça recommença. Je m’arrêtai à nouveau : surtout ne pas paniquer ce qui entretiendrait le phénomène. Cela se passa encore en 30 secondes et je repris la route, pas très fier et surtout je commençai à me faire des scénarios catastrophe. Ma femme qui me rejoignit en voiture me demanda si ça allait et je lui expliquai que j’avais plus de crainte d’avoir à tout stopper que d’avoir du retard sur mes prévisions. Elle me rassura et je continuai en me disant que mon allure de course n’était pas si lente que ça. D’ailleurs je commençai peu à peu à doubler les coureurs du groupe parti 30’ avant. Suivront deux autres petites arythmies que je calmerai de le même façon. Une belle journée de merde s’annonçait.

    Je passai à Erbray, km 10,4 en 1h05’, donc je n’avais pas trop perdu de temps dans l’histoire et j’atteignis le 1er ravito à Petit-Auverné en 1h42 pour 16,4km. Je remontai tranquillement le peloton et je me rassurai progressivement quant à mon état de forme : de bonnes jambes, une bonne allure, un mental regonflé car les problèmes de rythme cardiaque semblaient avoir disparu. Je n’ai pas vraiment pu apprécier le paysage, assez monotone et sans doute parce que mon esprit était quand même orienté vers les sensations afin d’anticiper tout nouveau soucis. Néanmoins, j’avançais relativement bien, passais les ravitos en ne gaspillant pas de temps 50s pour le 1er, 45s pour le 2ème, 2’40s pour le 3ème où je pris quand même le temps de bien m’alimenter, 40s pour le 4ème. J’avais remonté presque tout le groupe des 6h30 et passai le marathon en 4h25, les 50km en 5h13, soit dans les mêmes eaux que sur les étapes précédentes. Je finis avec Gwen Quéant qui venait courir sa seconde étape et qui m’avait battu de 44 secondes la veille. Il tenait à finir avec moi, mais comme il était parti une demi-heure avant moi, je lui avais « mis » 30’, mais notre petit jeu avait été sympa et avait fait passer le temps et surtout oublier mes soucis de début d’étape. 6ème de l’étape, 7ème au général, avec un record d’étape battu de plus de 5’. La journée avait mal commencé, elle s’est mieux terminée.

    A noter qu’il ne faisait pas bon d’être multi étoilé ce samedi, car non seulement, JJ Moros avait-il stoppé, mais Marie-Jeanne n’avait pu rallier l’arrivée pour de gros problèmes de dos, tandis que les deux plus étoilés, Don et Daniel avaient terminé aux deux dernières places. Alors, je me dis que j’avais eu chaud moi aussi.

     

    6/ dimanche 17 août : St-Georges-sur-Loire - Doué-la-Fontaine 53 Km (399 Km)

     

    Nous partîmes tous ensemble du gymnase pour rejoindre en groupe et en marchant le château de St Georges pour un départ à 6h45. Cette petite étape était plate sur les 7 premiers km, dans la vallée de la Loire, puis bosselée à souhait sur les 25km suivants dans les coteaux du Layon, la fin étant moins intéressante car sur une longue route assez fréquentée, même pour un dimanche.

    Je partis vite (trop ? je ne sais pas) et j’ai pourtant rapidement été lâché par un groupe de 7 coureurs dont Hervé Rozec avait pris la tête. Je me sentais bien, mais tout comme hier, je dus stopper deux fois dans les 4 premiers km pour les mêmes raisons qu’hier. Pénible à la fin, mais je n’ai pas stressé et me suis contenté de repartir après m’être fait dépasser par beaucoup de coureurs. Le passage à Chalonnes au km 6 en 38’ me montra que je n’avais pas perdu tant de temps que ça et une fois la ville passée je me mis en tête une stratégie alternant course et marche en montée et course sur le reste. Le ravito N°1 fut atteint en 1h31 pour 14,8km, où je ne m’attardai que 40 secondes, le temps d’échanger mes bouteilles contre des pleines préparées le matin avant la course, je repartis à l’assaut des coureurs de devant. J’en rattrapai progressivement quelques uns et quand je me portai à la hauteur de mes potes Philou Gallou et JP Richard, je décidai de rester un peu avec eux.

    Le temps passe vite quand on court à plusieurs et qu’on bavarde, et malgré une dernière arythmie cardiaque qui me força à les laisser reprendre un peu d’avance, je remis les gaz et les laissai continuer ensemble. Mon objectif était, au départ de l’étape, de mettre 5h18’ (10km/h pour 53km) mais je dus me rabattre sur le plan B (moins de 5h30’), alors il ne fallait pas traîner surtout qu’il me restait deux coureurs à reprendre : une Taïwanaise et Jean Michel Fremery qui semblait avoir des ailes. Je ne mollis pas mais eux non plus alors quand j’arrivai à Doué, je ne rattrapai que la Taïwanaise, à 300m du but, pour terminer avec elle. JM était arrivé plus d’une minute avant nous. Le bilan de la journée n’était donc pas négatif, je n’échouais que de 58 secondes pour mon plan B et ne battais pas mon record de près de 3’, record établi l’an dernier alors que nous avions eu un parcours moins vallonné avec une longue portion de voie verte que Jean-Benoît a supprimée car certains coureurs l’avaient trouvée monotone. C’est vrai qu’au niveau paysages, on avait été une nouvelle fois servis. Les coteaux du Layon et auparavant le passage sur la Loire constituent des sites agréable à traverser.

    Maintenant qu’on avait franchi la Loire, on attaquerait la seconde semaine et ses plaines et plateaux à grandes cultures. Ce sera un autre paysage, mais tout aussi joli.

     

    7/ lundi 18 août : Doué-la-Fontaine - Monts-sur-Guesnes 58 Km (457 Km)

     

    Deuxième semaine, encore 43 rescapés. Pas trop de dégâts dans le peloton, mais des releveurs qui sifflaient et des tendinopathies qui apparaissaient en plus des sempiternelles ampoules ou coups de soleil. Veinard, je l’étais quand je constatais qu’en ce début de deuxième partie je n’avais rien, mis à part mes petits problèmes d’arythmies cardiaques que je ne savais pas dans quelle catégorie placer.

    Le départ de Doué la Fontaine au sortir de la nuit se fit dans une bonne ambiance, sans doute la moins grande longueur d’étape de la veille et de celle d’aujourd’hui avaient-elles remonté le moral des troupes. C’est vrai que la traversée de la Bretagne avec l’allongement des distances des étapes précédant la Loire avaient pesé sur les organismes. Je courus les 3 premiers kilomètres avec Rudy, venu faire son footing matinal avec nous, mais je dus le laisser continuer avec les copains au bout de quelques temps en raison d’une nouvelle tachycardie. 30 secondes de pause pour bien respirer et me calmer et je repartis. Trois autres arrêts du même type allaient venir perturber ma bonne marche mais je n’ai pas cédé pas à la panique et me suis reconcentré pour continuer ma route. Sur mon tableau de marche, j’accusais alors un débours de plusieurs minutes et plusieurs coureurs avaient pris la poudre d’escampette. Je me mis en tête de les reprendre un à un si plus aucun arrêt imprévu ne surgissait. A Montreuil-Bellay, je comptais encore 5’ de retard sur mes plus belles étapes et au loin j’apercevais des coureurs (Jean Michel, une Taïwanaise, Patrick) alors que je venais de repasser devant Angel. Le vallonnement me convenait et après le second ravitaillement, je dépassai et laissai sur place mes prédécesseurs. Au ravitaillement de Loudun, Patrick me reprit et nous avons traversé la ville ensemble, ensuite il profita de sa bonne vitesse de base et d’une partie plus roulante pour s’éloigner progressivement. Il me prendra 8’ en 14km. Je finis bien cette étape, mais n’avais pas réussi à atteindre mon objectif (5h48’ option gourmande, moins de 6h option tentée et réussie l’an dernier, plus de 9,5km/h soit mettre moins de 6h06’ 3ème option) : je terminai en 6h08’39 mais content quand même car j’avais repoussé encore un peu plus les coureurs situés juste derrière moi au général. A Monts sur Guesnes, nous avons enfin pu occuper le gymnase terminé depuis 4 ans mais qui comportait des malfaçons interdisant toute occupation humaine. Il fallait toutefois laisser les chaussures à l’entrée et porter les valises, mêmes celles à roulettes, mais c’était un luxe par rapport à la salle exiguë mise à notre disposition les autres années. Le pot à la Mairie fut suivi du repas au restaurant ; ce furent des moments sympathiques, resserrant les liens entre les coureurs surtout ceux qu’on ne voyait pas souvent car arrivant plus tard. Seul bémol à cette belle journée – sans compter la pluie qui s’est invitée en fin d’étape – c’était l’abandon de Mathieu Fréville, trop handicapé par ses releveurs et qui ne put assurer un tempo suffisant pour atteindre Monts dans les délais. A noter aussi les 2,5km de rab d’Hervé, le vainqueur de l’étape qui avait été trop vite et qui avait suivi un marquage erroné de la part du flècheur. Le fléchage ça ne doit pas être évident à faire même pour quelqu’un d’aguerri, je ne sais pas si je serais capable de l’assurer sans moi-aussi me tromper, même si j’ai une bonne maîtrise de l’itinéraire de la TG.

     

    8/ mardi 19 août : Monts-sur-Guesnes - Angles-sur-l'Anglin 63 Km (520 Km)

     

    On nous pose souvent la question : « Qu’est-ce qui vous fait courir ? ». Il aurait fallu venir courir la première heure de cette étape pour comprendre. Nous sommes partis à 42 coureurs peu après 6h30 sous un ciel complètement dégagé, il faisait donc frais un peu aussi. C’est encore une fois parti vite, même moi, mais j’ai su me contrôler pour revenir à un rythme moins soutenu. Mais je piaffais d’impatience de voir si j’allais une nouvelle fois avoir mes ennuis. Et bien, pendant plus d’une heure, je n’ai rien eu, j’ai anticipé les extrasystoles et n’ai pas déclenché de tachycardie. 6 coureurs se sont vite détachés, un mini groupe de 6 s’est formé derrière, dont je faisais partie, puis derrière, la file des autres coureurs s’étalait sur la route légèrement vallonnée menant à Châtellerault. Je restai en retrait de ce mini paquet car je trouvais que le rythme adopté était un peu trop rapide et je voulais rester à l’écoute de mes sensations. J’avais quand même mis la musique pour penser à autre chose et pour profiter du paysage d’une autre façon.

    9,7km/h de moyenne pour la première heure, j’étais sur de bonnes bases et quelques côtes un peu plus pentues ont commencé à venir perturber ma cadence. J’en profitai pour tester ma capacité à monter sans alterner course et marche et sans faire augmenter trop le rythme cardiaque. En haut d’une côte, j’eus une petite alerte, je m’arrêtai pour récupérer, moins de 30 secondes, et je repartis en me demandant s’il allait y en avoir d’autres. Au premier ravitaillement, je ne stoppai que le temps d’échanger mes bouteilles et de prendre une banane et deux biscuits, 50 secondes au total, et donc je remontai et dépassai peu à peu tous les coureurs du groupe de poursuivants. Seuls Jean Michel et Patrick étaient restés devant, mais à moins de 200m. L’arrivée à Châtellerault puis sa traversée se déroulèrent bien, je passai au ravitaillement N°2 en 3h06’ et j’en repartis juste avant mes deux compères. Seul Patrick arriva à me suivre et me dépassa au ravito N°3, juste au début de la longue route menant à Pleumartin. 4h03’ au km 39,5 me convenaient. Sur cette longue portion sinueuse et vallonnée située entre Châtellerault et ce troisième ravitaillement je pris du plaisir à constater que plus aucun ennui n’était venu me perturber, ainsi, au début de la D14 que naguère j’avais appris à détester j’avais encore plein d’énergie et la volonté de ne pas mollir, au contraire, j’avais envie d’en remettre une seconde couche. Patrick étant trop rapide sur le plat n’eut pas de mal à me distancer alors je me fixai un nouveau challenge : essayer de revenir le plus possible sur Stefano, le coureur Italien, parti avec les 5 premiers du général.

    A Pleumartin, après 10km effectués en 1h01’ (passage au marathon en 4h20 et au 50ème km en 5h09’) j’appris qu’il avait une dizaine de minutes d’avance sur moi, et que Patrick était intercalé entre nous deux. Beau challenge en perspective. L’objectif de faire moins de 6h30’ se dessina mais ma marge était ténue, il ne fallait pas flâner et trop regarder les papillons ou autres bestioles. C’était redevenu vallonné et sinueux, avec quelques portions ombragées bienvenues.

    J’atteignis mon objectif chronométrique mais Stefano conserva toutefois 5’ d’avance sur moi à l’arrivée. J’avais limité les dégâts et en fin de compte je m’étais rassuré quant à ma faculté de pouvoir accélérer dans la seconde partie d’étape. Je finis 8ème en 6h29’47 et restais 7ème au général.

    En fin de journée, Nicole nous offrit l’apéro pour son anniversaire, puis nous allâmes au restaurant à 19h30 avant une nouvelle nuit que j’espérais bonne. Un autre jour se lèverait après cette nuit avec 69km à courir sur une étape entre Angles et Saint Sulpice les Feuilles que j’avais surnommée l’étape érotique en souvenir de Serge G. (Gainsbourg bien sûr).

     

    9/ mercredi 20 août : Angles-sur-l'Anglin - St-Sulpice-les-Feuilles 69 Km (589 Km)

     

    La nuit fut bonne malgré de nombreux réveils et quand je décidai de me lever, la lumière n’était pas encore allumée. Je me préparai tranquillement, allai manger et rangeai tout mon barda. Lors de cette 8ème TG, j’étais mieux organisé que les années précédentes et je n’étais plus en retard aux briefings. J’anticipais le soir et préparais tout ce dont j’avais besoin le lendemain matin sans avoir à le chercher partout et à mettre sens dessus-dessous mes affaires pour me rendre compte que ce que je cherchais était juste là, devant mon nez. (Oui, vous aussi ça vous est arrivé ?).

    Le départ fut donné de l’endroit où nous finîmes la veille et donc la rampe descendante devint la rampe ascendante : sans doute pas loin de 15% sur 100m, ça échauffe vite les jambes ! Une fois là-haut, je me retrouvai en compagnie des 5 premiers, enfin, juste derrière et je me décidai alors à continuer sur le même rythme. Je fus largué rapidement et rejoint par Angel et Stefano. Nous courûmes de concert pendant un certain temps et je dus faire remarquer à Angel qu’il allait peut-être un petit peu trop vite. Il me dit que j’avais raison et que ses parents lui avaient conseillé de toujours rester derrière moi, de ne jamais être devant. Mais il ne les a pas beaucoup écoutés et s’est détaché malgré tout. Je refaisais la jonction à chacune de ses pauses « buissons » et il profitait de mes portions de marche pour m’alimenter pour reprendre le large. J’étais quand même sur du plus de 10km/h de moyenne et quand je vis que je passais les km en 5’45 à 5’55 et qu’il me lâchait néanmoins, je me dis qu’il filait à 11 au moins. Au premier ravitaillement, j’avais repris les devant, non pas pour chercher à le distancer, mais parce que j’avais juste échangé mes bouteilles vides contre des pleines préparées le matin avant le départ. J’ai tenu le 10 de moyenne jusqu’au 40ème km environ, mais au ravitaillement N°3 je pris 2’ pour m’alimenter – soupe, coca et gâteaux – et quand j’en repartis, ma moyenne avait baissé. Elle ne repassera plus au-dessus des 10, bien au contraire, donc je vis que je n’avais pas encore le gabarit pour tourner à cette allure sur une étape. Passage au marathon en 4h18’ puis aux 50km en 5h08’, je maintenais donc quand même une cadence intéressante. Mes deux compères (Angel et Stefano) étaient toujours dans les parages, mais ça ne me gênait pas du tout, ça mettait un peu de piment dans l’étape. Derrière, les poursuivants étaient loin.

    Au ravitaillement de chez Nicole et Françoise, je commençai à vraiment sentir la fatigue me tomber dessus. Je m’accrochai en courant dans les côtes le plus possible – il fallait s’habituer aux prochaines étapes montagneuses – et dans les descentes je déroulais difficilement. A 7km de la fin, au dernier ravitaillement, Angel m’annonça qu’il m’attendrait mais je lui dis qu’il devait filer, qu’il était en train de faire une belle étape et que je le rattraperais si j’étais assez costaud pour ça. Je ne le fus pas et il fila vers une belle 6ème place bien méritée. Je terminai avec Patrick revenu du diable vauvert en battant quand même mon record sur cette étape (de 40 secondes environ). 7ème ex-æquo en 7h13’30s je n’en demandais pas tant.

     

    10/ jeudi 21 août : St-Sulpice-les-Feuilles - Bourganeuf 62 Km (651 Km)

     

    Qu’il a fait froid ce matin-là au réveil. Les 6° au lever prévus par JB n’étaient pas une blague. Le gymnase en proie aux courants d’air dès l’allumage des projecteurs était une véritable glacière. Je me préparai en me couvrant bien et le trajet à pied pour rallier le départ me permit de voir que ça allait bien. Pas de douleurs, pas de muscles raidis, pas de sensation de froid. Je pris un départ rapide, pourquoi pas, et me retrouvai derrière un groupe d’habituels et peu à peu la hiérarchie se mit en place. Angel prit quand même les devants du groupe de poursuivants car les 5 leaders étaient déjà loin et je ne le revis que plus loin au gré d’un de ses fréquents arrêts techniques. Je consultai ma montre et remarquai que les 9,7/9,8km/h me convenaient. J’arrivai au premier ravitaillement en 1h32’ pour 15km et on me demanda si j’avais vu Angel. Il s’était trompé de chemin dans la ville et quand je repartis du ravitaillement, je l’aperçus qui revenait dans le sens inverse de la course. Il me rattrapa rapidement et je ne le revis plus avant un moment, et quand je l’apercevais c’était de loin. Je récupérai et dépassai Stefano et Patrick. Au second ravitaillement, km28 en 2h52, je pris un peu mon temps pour bien refaire le plein et anticiper les 12km ou plus qui me séparaient du ravitaillement N°3. Nous courions sur des routes tranquilles, ombragées, fraîches, la température était idéale, mais je transpirais abondamment.

    La dernière fois que j’aperçus Angel, ce fut quand j’arrivai au ravitaillement N°3, celui des M&M’s (Marcel et Marie qui nous avaient offert un apéritif la veille au soir pour leurs 50 ans de mariage) et comme à mon habitude j’y restai un peu plus longtemps afin de prendre une soupe, quelques rondelles de saucisson, un peu de melon, des morceaux de pêche et d’ananas ; pas étonnant que je sois un des seuls à prendre du poids sur la Transe Gaule. Le temps aussi d’échanger mes bouteilles contre des pleines, et je me retrouvai à nouveau avec Stefano et Patrick à mes trousses. Comme j’étais un relativement bon grimpeur, pas aux arbres vous aurez compris, je distançai de nouveau le coureur Italien et ne vis plus non plus Patrick. A l’avant dernier ravito, km50 en 5h18 (passage au marathon en 4h28’, soit moins vite qu’hier) j’étais tout seul et je me dis que les 12km qui restaient allaient être longs. Seule interrogation : une course cycliste devait emprunter la fin de notre étape (le tour du Limousin) et je n’avais pas d’informations sur le parcours de la fin de l’étape. Allait-il être modifié ? Je verrais en temps voulu. A peine sorti de ces pensées, Patrick déboula de derrière comme à son habitude et après avoir discuté quelques secondes, me laissa scotché au bitume. Je n’avais pas le niveau pour le suivre.

    Au dernier ravitaillement, il n’était plus en vue depuis longtemps et j’appris que la course passerait un peu plus tard et que je ne devrais pas être gêné. Je terminai péniblement car une très forte montée précédait les 500 derniers mètres. Le chrono indiquait 6h31’40s soit mon meilleur temps sur cette étape lors d’une Transe Gaule, le vrai record datant de la TransEurope où j’avais mis 4’ de moins pour exactement le même itinéraire.

     

    11/ vendredi 22 août : Bourganeuf - Peyrelevade 49 Km (700 Km)

     

    La plus courte étape de la Transe Gaule, si l’on exceptait l’ultime qui mènera les coureurs sur la plage de Gruissan, pouvait s’avérer piégeuse. Quelle stratégie adopter ? Se réserver en vue de la suivante de plus de 75km ? Y aller à fond et advienne que pourra ? Se faire plaisir ? J’avais choisi mon option : me faire plaisir et comme le plaisir de faire une belle étape rapide n’a pas d’équivalent, j’avais opté pour un petit peu de la deuxième option. Le départ fut poussif pour traverser Bourganeuf et surtout à la sortie de la ville quand sur 1500m le pourcentage avoisinait les 10 voire les 15% par endroits. Donc j’eus du mal et je me retrouvai bientôt lâché par des coureurs qui sont le plus souvent derrière : René, Alain, Angel, Stefano, JP et Philippe… Quand le profil devint plus correct, je me trouvai un petit rythme entre aisance musculaire et respiratoire et remontai peu à peu ces coureurs sauf Alain et Stefano qui avaient de bonnes jambes. Le profil n’était plus à la montée stricte, beaucoup de portions descendantes, de faux-plats montants ou descendants se succédèrent, cela permettait de faire remonter la moyenne : j’étais encore à moins de 9. Le passage au Compeix, km 7 en 46’, puis le passage au ravito N°1 km14 en 1h25’ me confirmèrent que la moyenne allait mieux et moi aussi. Je venais de dépasser Hervé qui ne pouvait plus vraiment courir sans ressentir ses douleurs au genou et à la hanche. La suite du parcours soi-disant en côte vers Royère de Vassivière était bien agréable ; des côtes, il n’y en avait pas vraiment et je me dis qu’elles seraient beaucoup plus difficiles vers Faux la Montagne et même vers l’arrivée.

    Au passage à Royère km22 en 2h13, j’avais presque retrouvé ma moyenne « objectif du jour » de 10 à l’heure. A ce moment, j’étais 5ème, j’avais dépassé mes compagnons de la montée dans le dernier raidillon vers ce village. Dans la descente je déroulai et atteignis le ravito N°2 en 2h34’ pour 26km. Pile poil du 10 de moyenne ! J’étais content et connaissant la suite jusqu’à Faux la Montagne, je repartis du ravito en maintenant la cadence. Le long du lac de Vassivière, je me remémorai les vacances passées en famille ici il y a quelques années. L’ombre qui était pratiquement présente tout du long depuis le départ maintenait une bonne fraîcheur : temps idéal pour courir, mais je savais qu’après le lac il y avait une partie un peu découverte où le soleil allait peut-être chauffer un peu. Je mis de l’écran total pour protéger mes tatouages, les nouveaux, comme je le faisais tous les jours depuis Roscoff. Souvent, Étienne l’accompagnateur d’Alain me rattrapait en voiture pour me demander si ça allait et pour trouver un endroit où se garer pour attendre Alain. Il était avec Mathieu qui avait abandonné suite aux blessures aux releveurs de la première semaine. Ils étaient sympas et on se marrait bien. Ils me prirent en photo peu avant Faux là où se trouvait le banc baptisé « le banc des Gaulois » par JB.

    Quand j’arrivai à Faux, en 3h27’ pour 34,2km, j’eus droit aux honneurs du comité d’accueil de la ville au niveau du 3ème ravitaillement. Speaker, musique, applaudissements… de quoi en repartir boosté. Un petit coup d’œil en passant vers l’étoile gravée en creux dans un bloc de granite au niveau du camping (je ne sais pas si beaucoup savaient qu’il y avait ça ici) et dans la descente au loin j’aperçus un coureur non identifié, mais en jaune fluo quand même. Qui était-ce ? Curieux comme tout, je me dis que je n’allais pas tarder à le savoir. Je mis 7km pour le rattraper : c’était un Taïwanais, le plus petit des deux de tête, et je pensai qu’il était cuit – ce qu’il était sûrement avant qu’il ne s’aperçoive que je lui revenais dessus. Après le ravitaillement N°4 au km42,3 en 4h13, au bord d’un lac, le Taïwanais repartit et dans la montée il s’arrêta pour prendre des photos. Je le dépassai en pensant qu’il ne suivrait pas. Il y a beaucoup de coureurs, surtout chez les asiatiques, qui détestent se faire dépasser en courant, alors ils s’arrêtent, font semblant de faire quelque chose ou nous applaudissent. Lui, il s’était arrêté prendre des photos et je ne pensais pas que 10’ après il allait me déposer sur place et me distancer d’1’30 sur la ligne d’arrivée. Mais je reconnaissais qu’il était quand même beaucoup plus rapide que moi. Je finis en 4h55’51s à la 5ème place, loin derrière Stéphane vainqueur de sa 3ème étape, mais pas si loin de Carmen, seconde, et de l’autre Taïwanais. Derrière moi, Stefano et Alain finirent ensemble, à 9’, puis suivirent Angel, René, Jean Michel… dans l’ordre « habituel » du classement. Seul Hervé était porté manquant dans la tête de course. Il arriva beaucoup plus tard, avec des coureurs à qui il prenait souvent 2 ou 3h. Mais quand on est blessé et qu’on est contraint de marcher pour ne pas avoir trop mal, il faut savoir l’accepter, ce qu’il avait fait. J’espèrais pour lui que les jours prochains allaient s’avérer meilleurs afin qu’il fasse une seconde partie de TG pleine de plaisir.

    2 départs étaient programmés pour le lendemain : l’un à 6h et l’autre à 6h30. Je ferais partie du second groupe. L’étape est longue : Peyrelevade – Mauriac 75km au moins ; beaucoup n’arriveraient qu’après 18h voire même plus tard.

    12/ samedi 23 août : Peyrelevade - Mauriac 76 Km (776 Km)

     

    Il faisait froid quand on se réveilla dans la salle. Dehors aussi, mais pas autant qu’on le craignait la veille.

    Nous partîmes relativement groupés, si l’on peut parler de groupe quand on est 5, et je me rendis compte que je n’avais pas trop de mal à suivre. Carmen se détacha progressivement puis Stéphane l’imita peu après. Les deux Taïwanais étaient devant moi mais à moins de 100m. Il faisait encore sombre et on commençait à apercevoir les hauteurs environnantes, les petits reliefs boisés et les prairies. La route montait mais c’était facile à ce moment de la course. Dans la longue côte pas très raide nous commençâmes à dépasser la queue du groupe parti avant nous, c’est là qu’on se disait que lorsqu’on les reverrait, on serait entrain de dîner. Au km7, on rejoignit la route de Millevaches, une longue ligne droite ondulée sur laquelle on distinguait les autres coureurs tous équipés de tenues fluo, jaune ou orange, très bien visibles de loin. Je passai devant un des deux Taïwanais et j’atteignis Millevaches en 54’ pour 9,250km. Je me sentais des ailes et commençai à me dire que j’étais bien parti pour titiller mon record sur cette étape (7h30 pour 75km en 2007, 3ème place avec Jochen Höchele). Aujourd’hui, il y avait un kilomètre de plus mais l’objectif restait le même. La partie après le village était vallonnée, le ravitaillement N°1 s’y trouvait au km 14,3 (1h24’) puis une longue descente menait à Meymac. Là, j’accélérai un peu afin de tenter de reprendre le second Taïwanais. Nous arrivâmes tous les trois ensemble, son collègue nous ayant rattrapés, à Meymac en 2h05’ pour 21,8km. Après Meymac, les deux ont accéléré un peu et j’ai été lâché. Je les voyais disparaître à chaque virage, mais je me rassurai en constatant qu’ils ne me reprenaient plus beaucoup au fil des km et des successions de montées et descentes. Le ravitaillement N°2 me permit de rattraper Hervé qui était encore gêné par sa tendinite du TFL, km 28,7 en 2h45, mais à ce moment-là, il repartit et se mit à augmenter sa cadence ; ainsi il me distança de manière progressive et irrémédiable en l’espace de quelques kilomètres. J’eus à cet instant de la course un petit souci de rythme cardiaque et j’en profitai pour m’arrêter et récupérer assis sur une murette, vidant à l’occasion une de mes chaussures d’un caillou sans doute imaginaire. Mon cœur reprit sa cadence normale et je repartis. Cet arrêt marqua le début d’une baisse de régime générale. Plus de Taïwanais à l’horizon, ma moyenne redevenue normale, passage au ravitaillement N°3 en 3h59’ pour 40,3km puis arrivée à Neuvic en 4h58’ pour 49,2km.

    J’espérais beaucoup faire remonter ma moyenne avec la descente vers la Garonne, mais sur les 15km, il n’y en avait que 8 de franche descente. Au ravitaillement N°4 à la sortie de Neuvic, je refis le plein de mes bouteilles et engloutis des bout de melon, d’ananas et de saucisson. Je dus manger trop vite et sans tout mâcher, alors je fus indisposé quelques kilomètres plus tard car les boissons ne passaient plus, « bloquées » avant l’estomac. J’essayai de vomir sans y parvenir et je dus ralentir. Une fois ce petit moment désagréable passé, j’eus du mal à retrouver un rythme de course intéressant et j’effectuai donc la descente sans pouvoir me relâcher. Les passages au ravitaillement N°5, km 60 atteint en 6h04 puis au pont sur la Garonne (km 64 en 6h30) me confirmèrent que mon objectif était mort car il restait alors 12km dont au moins 6 de bonne montée. Je dépassai un des deux Taïwanais, restai à moins de 50m de l’autre – je les avais rattrapés en fin de descente – et j’espérais encore finir devant eux. Je me dis que j’allais peut-être finir 3ème, mais c’était sans compter sur les bonnes courses réalisées par Angel et Patrick, partis 30’ avant moi et que je n’avais pu contrôler.

    Au final, dans la douleur, je franchis la ligne en 7h53’38, quand même à la 6ème place, juste derrière le Taïwanais que je n’avais pu rattraper. Stéphane gagna devant Angel puis Carmen, Patrick, le Taïwanais et moi.

    Globalement, j’étais content quand même malgré une très mauvaise gestion de mon étape. J’avais voulu tenter quelque chose mais n’avais pas eu les moyens de le réussir.

    L’étape de montagne du lendemain qui se terminerait à Jussac nous ferait traverser Salers et franchir 4 cols. Dénivelé prévu : 1064mcontre quand même plus de 1000 ce jour !

     

    13/ dimanche 24 août : Mauriac - Jussac 64 Km (840 Km)

     

    Après les fortes averses de fin de journée d’hier, on pouvait craindre d’avoir un temps maussade pour cette étape aux 4 cols. Au lever, nous étions rassurés, il faisait sec et à peine froid.

    Le départ commun fut donné à 6h30’ et tout de suite 4 des 6 premiers du classement général ainsi qu’Angel se retrouvèrent devant moi. La hiérarchie du classement général semblait respectée, il ne manquait plus qu’Hervé dont on ne savait pas s’il était en voie de guérison ou non et Patrick, habitué aux départs prudents. Je fus vite au courant de l’état d’Hervé, ce dernier me dépassant après à peine 10km, Patrick étant tout près de moi. Au bout de 14,6km, au 1er ravitaillement, je constatai que j’étais sous les 10km/h (1h29’) mais je me sentais bien, mis à part que je trouvais quand même que dans les petites montées j’avais les jambes lourdes, ce qui s’est confirmé un peu plus loin quand une nouvelle bosse se présenta. Je pensai que la montée vers le col du Legal allait être difficile si ça continuait ainsi. Salers, km 18,6 en 1h55’, que nous visitâmes grâce au parcours fléché par JB, me permit de prendre mon temps pour m’alimenter. Je mangeai la banane prise au ravitaillement, bus bien et entamai la descente digne du « Salers de la peur », descente à faire pleurer les releveurs, muscles jambiers fréquemment hyper sollicités et enflammés sur les courses à étapes chez les « novices », mais il peut aussi y avoir des cas de récidive chez certains anciens. Une fois la forte pente aux lacets serrés franchie, la suite permettait de relancer un peu la cadence. A Fontanges, km 24,6 pour 2h30’ de course, je vis que mon débours par rapport aux prévisions n’était pas si important que ça, mais nous n’avions pas encore commencé l’ascension du premier col. Au ravitaillement N°2, au pied de la montée, km 28,7 pour 2h56’, je pris mon temps pour bien reprendre des forces et je me retrouvai avec Patrick. Devant, tous les autres avaient déjà pris une grosse avance mise à part Carmen aux prises avec des problèmes intestinaux. Comme je le redoutais, la montée fut laborieuse, je ne pus pas courir tout le temps et j’optai pour l’alternance course-marche, alternance qui se fit de plus en plus fréquente avec des temps de marche supérieurs aux temps de course : mes jambes étaient de véritables poteaux de bois, je n’arrivais pas à faire partir les douleurs dues à l’acide lactique. La fatigue des dernières étapes sans doute, où j’avais quand même bien tapé dans le stock d’énergie. Il y avait des vaches qui faisaient tinter leurs cloches, cela donnait un peu de sel à cette fade montée. Quelques sources se présentaient permettant de mouiller la casquette même s’il ne faisait pas trop chaud. Je passai le premier col, le Col de St Georges, au km 32, en 3h24’, puis la courte descente avant de reprendre l’ascension vers le Legal me confirma que je n’allais pas faire une grosse performance. Km 38, en 4h08’ avec le 3ème ravitaillement auquel j’arrivai exténué, vidé de mes forces ; il fallait faire quelque chose, heureusement que la descente allait commencer pour faire de la borne et remonter la moyenne jusque-là pas folichonne. Je dévalai à plus de 10 voire 11km/h tout en restant prudent, je passai le 3ème col, le Col de Bruel en 4h37 pour 42,5km, et le dernier, celui de la Croix de Cheules en 5h10’ pour 48,3km. Le parcours ensuite nous fit prendre la route des crêtes de laquelle la vue était magnifique par ce beau temps ensoleillé. Nous quittâmes cette route au km 54 pour entamer une nouvelle descente périlleuse vers Marmanhac où se situait le dernier ravitaillement (km 58 pour 6h12’ de course). Allez Fab, plus que 6km ! Je les fis à une allure assez convenable sur une longue route plate ou avec quelques faux-plats pas méchants. J’arrivai à Jussac en 8ème position, après 6h50’36s, à plus de 9,3 de moyenne. L’an dernier, j’avais mis 4’ de moins, donc globalement, la mauvaise impression physique de cette journée fut tempérée par ce chrono « correct » mais en-deçà de mes estimations gourmandes (moins de 6h45’ à moins de 6h30). Le 1er arrivé fut Stéphane devant un Hervé renaissant puis un Angel toujours aussi fougueux, suivirent les Taïwanais, Patrick et Carmen. Moi je fus le 8ème suivi d’Alain et de René à 10 et 12’ environ derrière. Encore une longue étape se projetait le lendemain via Aurillac : 69km. On arriverait à St Cyprien sur Dourdou, tout près de Rodez.

     

    14/ lundi 25 août : Jussac - St-Cyprien-sur-Dourdou 69 Km (909 Km)

     

    Ce fut une nouvelle belle étape malgré un début poussif en raison de la succession de bosses assez raides puis la traversée d'Aurillac. Jusque-là ça pouvait aller puis comme prévu nous avons rencontré la circulation mais ce ne fut pas si laborieux que je ne l'aurais pensé et avais déjà vécu à plusieurs reprises. Mais un grand ouf de soulagement fut poussé quand j’arrivai sur la petite route tranquille vers Cabrespine et La Feuillade en Vezie.
    Les jambes allaient de mieux en mieux et je pus dévaler les deux descentes vers Cassaniouze puis vers Grand Vabre. Stéphane gagna l’étape devant un Taïwanais (le plus grand des deux du haut du classement) puis suivirent Angel et Stefano qui avait réussi à mieux monter les côtes et qui descendait aussi à 14km/h. Patrick, Carmen et moi finissions en à peine 5' et j'en profitai pour améliorer mon chrono de plus d'une minute. Derrière, Hervé qui avait eu un coup de mou puis le second Taïwanais (le plus petit) et le duo Alain-René complétèrent le haut du classement. Par rapport au reste du groupe des transe gaulois de gros écarts avaient été creusés. Il faisait chaud l’après midi (plus de 25°) et ceux qui sont allés à la piscine ont bien eu raison, pour être en pleine forme le lendemain sur du plus court (58km) avec quelques bosses raides et de longues descentes ainsi qu'un faux-plat montant pour finir. Nous étions installés dans le hangar à bestiaux où il faisait chaud et allions y passer la nuit.

    15/ mardi 26 août : St-Cyprien-sur-Dourdou - Cassagnes-Bégonhès 58 Km (967 Km)

     

    La douceur nous a accompagnés dès le départ de cette courte étape et le ciel couvert promettait une journée agréable et pas trop chaude. Le peloton s’est rapidement étiré peu après le départ et un groupe de 6 prit les devants. Je suivais à distance respectable sans chercher à faire la jonction. Je ne souhaitais pas partir trop vite, néanmoins j’avais l’objectif de passer à Marcillac en 1h maximum, avant la raide montée évitant la route « de la mort ». Au sommet nous attendait le ravito N°1 (km15). (Marcillac : 59’30 pour 10,250km ; ravito N°1 : 1h03’ pour 14,750km). Je n’avais pas rattrapé les 6 de devant : Stéphane, les 2 Taïwanais, Carmen, Angel et Stefano. La route légèrement bosselée pour nous mener à Rodez était calme et assez plaisante. Au moment où je m’attendais à ce qu’on rejoigne la route dangereuse, le fléchage nous indiqua de tourner à gauche et de suivre un chemin caillouteux. Super bonne trouvaille de Nicole (pendant la MilKil de juin) et ce nouvel itinéraire nous raccourcit l’étape de près de 1000m. Surtout, nous avons tous évité de nous mettre en danger en croisant tous les abrutis à grosse voiture qui sont les rois de la route. Et des comme ça, on en croisera des dizaines en fin d’étape. Plus leur voiture est grosse moins ils doivent en avoir dans le cerveau. Heureusement, les routiers étaient sympas et attentifs quand ils nous croisaient. Je leur faisais à chaque fois un petit signe de remerciement de la main. A l’entrée de Rodez, après avoir cheminé sur une piste cyclable pendant 4 ou 5km (3h01’ pour 29,2km) il fallait être vigilant pour ne pas s’égarer, même si je connaissais la route, on ne sait jamais, un changement de dernière minute pouvait avoir modifié le parcours.

    Le ravitaillement N°2 situé juste au pied d’une forte montée me permit de prendre du temps pour récupérer et grignoter quelques bouts de melon, saucisson et pêche. Allez, direction Le Monastère puis la route assez fréquentée vers le ravitaillement N°3 qui allait marquer le début de la partie la plus tranquille de l’étape (3h53’ pour 36,7km). Vivement le km 42 qui marquerait le début de la longue descente vers Pont de Grandfuel. J’avais repris du temps sur Carmen et Stefano que je pouvais apercevoir de temps à autres au gré des lignes droites, et quand j’arrivai au km42, Stefano n’était qu’à 100m devant moi. Bien sûr, il me distança dans la descente. Ma moyenne en profita pour remonter et repasser au-dessus de 9,4km/h, l’objectif final étant de faire moins de 6h pour 58 (ou 57) km. Je déroulais à 12km/h sans gêne particulière, tout en maintenant la vigilance au niveau maximal car les chauffards aveyronnais n’hésitaient pas à doubler dans notre dos ou de face même quand le véhicule dépassé se déportait pour nous éviter. Au ravito N°4 (km 46,5 en 4h54) il ne nous restait plus que 10 bornes, le coup était jouable. Je le jouai et je réussis mon contrat même si la route remontait relativement fortement pendant 5km. J’avais repris Stefano, l’Italien, avant la fin de la montée, mais sachant qu’il y avait 2,5km de descente avant la ligne d’arrivée, je ne me faisais pas d’illusions quant au final : il allait me reprendre facilement la minute d’avance au sommet et m’en remettre une ou deux par-dessus. Au final, je mis 5h56’26, Stefano était arrivé 1’30 avant et Carmen 1’ avant lui. Stéphane fut de nouveau vainqueur devant les deux Taïwanais puis Angel, Carmen, Stefano et moi. Hervé arriva ensuite devant René, Patrick et Jean Michel.

    La pluie s’était invitée à 10km de la fin de cette étape et cela faisait du bien. Par contre, le linge n’a pas séché et il faudrait trouver le temps dans l’après-midi du lendemain après l’étape de le faire sécher, à Saint-Sernin sur Rance. On allait franchir au km 35 le 1000ème km depuis le départ de la TG ; ça se fêterait et on aurait peut-être une petite coupe de quelque chose qui pétille. On verrait. De la pluie était encore annoncée pour le début de matinée. Journée ponchos en perspective si cela se confirmait.

     

    16/ mercredi 27 août : Cassagnes-Bégonhès – St-Sernin-sur-Rance 56 Km (1023 Km)

     

    Au petit matin dans le hangar encore baigné dans la nuit, les coureurs et bénévoles se sont peu à peu réveillés. La lumière n’était pas encore allumée, mais déjà les plus matinaux commençaient leur longue et minutieuse préparation afin de prendre le départ de cette nouvelle étape, la 16ème, relativement plus courte de 56km (54 + le nouveau site d’arrivée situé à près de 1500m au-delà de l’ancienne ligne d’arrivée). Ce rituel matinal, chacun avait appris à l’optimiser, comme des robots encore engourdis par les efforts des jours précédents, par la nuit pas trop fraîche mais pendant laquelle on a pu mesurer la quantité de fortes pluies qui avaient résonné sur le toit du hangar dans lequel nous avions pris place. Le linge de la veille, lavé et étendu n’avait pas séché totalement, on le mettrait ce soir si la météo le permettait. Le petit déjeuner, ritualisé lui aussi, avec café noir ou au lait ou thé, c’était selon l’appétit de chacun, accompagné de tartines de pain tranché ou de pain frais tout chaud venant de chez le boulanger local. Pour ma part, je n’avais pas assez d’appétit pour le pain et la confiture, je m’étais donc acheté quelques jours auparavant des pains au chocolat et j’avais une réserve de Nutella dans ma valise au cas où. J’avais prévu que mon stock dure jusqu’à Gruissan, c’est dire que j’en avais encore une bonne dizaine à dévorer. Mes bouteilles avaient été préparées la veille (lavage, rinçage et remplissage aux 9/10èmes d’eau) je n’avais plus qu’à leur ajouter du sirop de pamplemousse, le citron m’ayant donné quelques aigreurs d’estomac ces derniers jours et j’avais encore en réserve une bouteille de sirop de framboise. Je passai ensuite au pliage du sac de couchage, au rangement des sacs annexes, ceux qui me permettaient de « délayer » tout le bazar que j’emmenais mais qui disparaîtraient dès la fin de la Transe Gaule. J’appliquai ensuite mes pansements protecteurs sur les tétons afin de ne pas avoir de brûlures en fin de journée. Je mis les chaussettes et les chaussures, sans appliquer de crème protectrice dont je n’avais plus besoin, les pieds étant tannés par les presque mille bornes de faites depuis Roscoff. Ce fut ensuite le tour du lit de camp d’être plié et rangé dans le camion. J’enfilai mon sac à dos que je remplis : papier wc, crème solaire, écran total pour protéger les nouveaux tatouages, deux mini Bounty, un Lion, mes deux bouteilles d’eau avec du sirop et mon mini roadbook que j’avais de plus en plus de difficultés à lire, mes bras n’étant plus assez longs pour une lecture de loin. Mais, je le connaissais par cœur et il servait plus à me divertir qu’à me guider. Le rituel quotidien ayant été bien suivi et déjà retentirent les coups de sifflet de JB, le race director, afin de procéder au briefing. Ensuite, ce fut le moment de caler les GPS, puis survint le coup de sifflet marquant le départ. Bien sûr, pour une fois, mon GPS ne trouva pas de satellite et j’étais bon pour utiliser le GPS intégré, celui qui me permettait de connaître ma position pendant l’étape que j’avais déjà courue plus de 7 fois pour celle-ci, car lors de la TransEurope nous avions emprunté cet itinéraire.

    Je partis dans les premiers, comme d’habitude, et rapidement je vis que le train n’était pas si rapide que les jours précédents. La route montait pendant 5km, ça calmait les éventuels kamikazes ! Par la suite, les Taïwanais, Stéphane et Angel se détachèrent, suivis de Carmen, Patrick, René, Stefano et moi. Derrière ça suivait pas très loin, mais je ne me retournais pas pour vérifier qui suivait et qui était lâché. Le bornage de la route n’était pas très régulier et quand j’atteignis le haut de côte, je pensais que j’étais à plus de 10 de moyenne. En réalité, je ne devais être qu’à 9,5 d’autant plus que j’avais eu une petite alerte qui m’avait fait marcher une petite minute. Dans la descente, j’envoyai les kilomètres en moins de 4’, mais ces km ne faisaient que 900m et lorsque j’arrivai au premier point de repère kilométrique en 47’ à La Selve au km 7,7 j’ai constaté que j’étais sur un bon tempo mais pas aussi fantastique que les bornes kilométriques me le laissaient penser. Le ravito N°1 au km 13 après une autre montée, me confirma ma bonne marche (1h18’) et mon nouveau point de repère était placé au panneau d’entrée de Réquista au km 19 (1h56’) après une bonne montée. Après avoir traversé ce village, la descente vers Lincou fut agréable, malgré un revêtement grossier et quelques véhicules un peu rapides. Lincou (km 25,6 en 2h33’) est un très joli petit village que j’aurais pu visiter mais alors j’aurais perdu du temps et surtout le rythme que j’avais trouvé. Je passai donc directement au second poste de ravitaillement au pied d’une sérieuse montée de plus de 9km. La côte me permit de dépasser Carmen et je me suis surpris agréablement en voyant que je montais sans avoir besoin de marcher. Le ravitaillement N°3 était situé tout en haut, en fin d’ascension au km 35 atteint en 3h32’ ; j’avais bien couru avec quelques moments où j’avais alterné marche et course quand j’avais eu besoin de manger, de boire ou tout simplement de récupérer. En bas de la descente qui suivit nous franchîmes le 1000ème km de la TG depuis Roscoff au niveau de Plaisance au km 44 atteint en 4h27’. Le dernier ravito s’y trouvait. Il ne restait que 11km environ que j’effectuai sous un beau soleil. Heureusement que c’était encore le matin car j’aurais eu chaud. Il y avait encore de l’ombre, pas autant que lors de l’ascension puis de la descente précédentes, mais les petites zones protégées du soleil permettaient de se rafraîchir. Je finis l’étape seul, en 6ème position, en 5h36’35s à près de 9,9 de moyenne pour 56km (il y avait sans doute un peu moins) suivi de près par René et Yvonnick, Carmen et Hervé. Les autres de devant m’avaient bien distancés. Ce fut Angel qui remporta l’étape en 5h00’. Bravo petit champion ! Suivirent Stéphane, les deux Taïwanais et Patrick, tous à plus de 10 de moyenne ce qui leur valut de prendre le départ à 7h demain, tandis que nous, on devrait partir à 6h30. L’étape étant relativement longue (69km) le dénivelé important la rendrait encore moins facile. En revanche, la beauté des paysages marquerait une nouvelle fois les esprits, pour un peu que le soleil soit de la partie dès le matin. Assister à un lever de soleil sur les montagnes et contre-forts du sud du Massif Central, ça n’avait pas de prix.

     

    17/ jeudi 28 août : St-Sernin-sur-Rance – St-Pons-de-Thomières 69Km (1092Km)

     

    Les paysages traversés rendirent cette étape très belle comme prévu, avec un lever de soleil sur les massifs montagneux tandis que des bancs de brume recouvraient le fond des vallées.

    En revanche, j’eus du mal à rentrer dans cette longue chevauchée vers St Pons. Le départ donné, nous empruntâmes un nouvel itinéraire passant par la vallée du Rance composé de montées et de descentes aussi raides les unes que les autres, puis ce fut enfin la jonction avec le parcours classique, sur D33 vers Poustomy, le tout nous faisant économiser 500m sur la distance totale ramenée pour l’occasion à 68,5km. Ce qu’on avait gagné en distance avait été assez énergivore mais d’un autre côté on avait évité les dédales de ruelles avec ses passages où des escaliers pentus et glissants nous auraient fait risquer la chute.

    Je commençai à retrouver un peu de jambes dans la longue montée vers le premier col, mais je sentais que j’étais à la limite et que je n’avais pas de réserve de puissance pour accélérer une fois bien rentré dans l’étape. De plus, quelques petits désagréments gastriques me contraignirent à faire un court arrêt, court arrêt qui permit à deux coureurs de passer devant moi (Yvonnick et Stefano) et aux trois autres partis devant (Hervé, René et Carmen) de creuser un peu plus l’écart. Le groupe des 5 premiers de la veille était parti 30’ après nous, je savais qu’il n’allait pas déjà me reprendre tout ce temps. La montée qui me paraissait interminable se termina enfin quand j’arrivai au col de Peyronnenc où tronait le ravitaillement N°1 (en 1h50’ pour seulement 16,4km). La moyenne était inférieure à 9km/h ! Il fallait vite se reprendre. J’avais rejoint Yvonnick et Stefano avec qui j’allais faire l’accordéon pendant les 12 km suivants selon que la route montait ou descendait. Le second col, de Sié, atteint en 3h05’ pour 28,7km, précédait une courte mais très forte descente vers Lacaune où le ravitaillement N°2 était installé. Ce fut le point de départ de la seconde partie de l’étape : 3,5km de montée vers le col du Picotalen (km33 en 3h40’) suivis par une longue descente vers la Salvetat sur Agout (celui de l’eau pétillante). Cette partie était en pente douce au début, avec un revêtement grossier souvent composé de graviers puis cela s’amplifia et le changement de département – on arrivait dans l’Aude – fit que le route se transforma en un beau billard bien lisse. Je pus allonger la foulée et commencer mon opération « repasser au-dessus des 9km/h de moyenne ». Le ravitaillement N°3 me permit de rattraper Carmen, toujours accompagné de Stefano et Yvonnick. La Salvetat (km48 en 5h05’) marqua alors le début de la 3ème partie de l’étape : une forte et longue montée vers le col suivant, celui de la Baraque (km 54,2 en 5h55’). J’alternai course et marche, distançant Stefano sur le chemin raide du début mais restant à une distance raisonnable d’Yvonnick que je rattrapais de temps à autres. Le dernier col (le Cabaretou km 58,6 en 6h21’) constituait le début du dernier des 4 tronçons que je m’étais découpés mentalement avant l’étape et cette dernière partie constamment en descente pendant 10km fut propice à faire remonter la moyenne. 48’ pour descendre 10km, j’avais mené un bon train et j’arrivai à St Pons en 7h12’56s pour 69km à la 8ème place, derrière Yvonnick, René, Hervé (qui avait gagné l’étape) et 4 coureurs des 5 du second groupe. Nous avions eu un beau temps devenant chaud par endroits, comme si un énorme ventilateur pulsait des volutes d’air tiède, quelques parties ombragées apportant de la fraîcheur, un beau ciel bleu, un horizon dégagé… un paysage de vacances et de carte postale s’était offert à nous pendant toute la journée. Cela faisait oublier que ce ne fut pas facile du tout, mais après une bonne nuit de repos, je repartirais frais comme les autres matins. L’avant-dernière étape de 61km menait de St Pons à Moussan, via le col de Sainte-Colombe et Minerve puis le long d’un bout du canal du midi. Ça allait encore être beau mais peut-être difficile car le vallonnement y est encore conséquent.

    18/ vendredi 29 août : St-Pons-de-Thomières - Moussan 60 Km (1152 Km)

     

    Pour cette avant-dernière étape de la Transe Gaule 2014, rien n’avait changé dans le rituel de préparation, il fallait juste être prêt un tout petit peu plus tôt pour se rendre au départ en navette. Il faisait doux dans la pénombre et le jour n’allait pas tarder à se lever. Le ciel était partiellement dégagé, mais on devinait qu’il n’allait pas faire trop chaud tout de suite. Le départ donné, un bon groupe me précéda et je ne souhaitai pas me mettre dans le dur trop tôt car la montée vers le Col de Sainte-Colombe, je la connaissais bien et je savais qu’après 1500m de descente ou de plat, ça monte d’abord tranquillement et que parfois ça monte un peu plus fortement. Je contrôlais mon allure au GPS et constatais que j’étais à moins de 9,5km/h. L’objectif de cette étape était de tourner au moins à 9,7 pour ne pas faire baisser la moyenne générale. Mes compagnons de route à ce moment étaient Stefano, Yvonnick, Patrick, Carmen et Alain. Les autres, Stéphane, Angel, Hervé, les deux Taïwanais et René avaient creusé l’écart. Je les apercevais au loin quand la route tournait ou lorsqu’on voyait l’autre flanc de la montagne. Le franchissement du col en 1h04’ pour 9,6km m’obligea à allonger la foulée dans la descente et je fis remonter cette satanée moyenne après laquelle je courais aux alentours de 9,6 en bas de la 1ère descente puis après un petit raidillon qui me permit de bien m’alimenter avec un Lion que je dévorai, la crinière incluse, je repris ma belle allure de descendeur pour atteindre Boisset (km 18,6 en 1h54’). Je titillais les 10 de moyenne au pied d’une longue montée qui menait vers un panorama sur toute la partie sud du département et au-delà même. Par contre, pas de mer en vue, des nuages bouchaient l’horizon lointain. La montée fut difficile, mais je refis le retard sur certains de mes compagnons et je creusai encore plus l’avance que j’avais sur d’autres. Angel avait été déjà repris bien avant cette montée. Arrivé en haut de cette belle montée où le paysage était tout aussi magnifique que celui de la descente, je savourai l’idée de pouvoir remettre une accélération dans la descente vers Minerve. Du 12km/h environ pour atteindre ce village faisant partie des plus beaux villages de France. On traversa Minerve (km 28,6 en 2h53’), JB nous ayant concocté un petit détour de derrière les fagots. Je me régalai de ce beau site, de son canyon et de ses belles vieilles bâtisses. En en ressortant, Patrick me rattrapa et nous arrivâmes ensemble au ravitaillement N°2 puis au loin nous avons aperçu René et l’un des deux Taïwanais qui ne devaient plus compter que 5 ou 6’ d’avance. Les villages défilaient, d’abord La Caunette, au km 32,9 en 3h20’ avant le retour de l’alternance montée-descente dans le vignoble du Minervois, Paguignan, au km 39 en 3h57’ et enfin Bize-Minervois au km 47 en 4h47’. Pendant toute cette longue partie, je ne cessai pas de lutter contre moi-même, je voulais arriver au début de la dernière portion plate avec un matelas conséquent sur mes prévisions. Objectif atteint, je quittai le dernier ravitaillement au km 51 après 5h11’ de course. Plus que 10km et j’avais rejoint René, suivi de près par Alain tandis que Patrick produisit alors son accélération habituelle de fin d’étape. Je restai en meneur d’allure avec mes deux compères pendant 5km puis au train, je continuai sur le même tempo et je les lâchai.

    Je finis l’étape à la 5ème place en 6h08’01s soit mieux que l’an dernier (de près de 2’). Hervé avait gagné, devant Stéphane, Patrick auteur d’une belle fin d’étape lui permettant de faire un podium, puis le « grand » Taïwanais. Ensuite, ce fut moi suivi de René et Alain, Yvonnick, Stefano et Carmen.

    La dernière étape longue seulement de 40km nous mènerait le lendemain à Gruissan en passant par le Massif de la Clape où l’on risquait de retrouver de la circulation. Départ à 7h, arrivée des premiers vers 10h15 et des derniers pas après 14h, cut-off oblige. Pour ma part, deux options se présentaient : course peinarde pour finir sur un mode plaisir ou course en moins de 3h55’ pour faire mieux à la moyenne que l’an dernier.

     

    19/ samedi 30 août : Moussan - GRUISSAN-Plage 40 Km (1192 Km)

    Après une bonne soirée à Moussan, assez festive eu égard au fait que le lendemain se déroulait la dernière étape, courte de surcroît, inférieure à la distance du marathon, nous nous levâmes comme d’habitude avant 5h30. Les lumières devaient s’allumer à 5h30, mais les organismes habitués à s’éveiller un peu plus tôt n’avaient pas eu le temps de se dérégler. Cette dernière étape, celle de l’apothéose pour tous, le premier comme le dernier, s’annonçait belle, le ciel dégagé et la douceur ambiante lui donnant enfin une tonalité estivale. D’ailleurs, il fallait se préparer à avoir chaud aux alentours du Massif de la Clape, vers 9h30/10h. Le départ fut donné à la même heure pour les quarante, contrairement à l’an dernier ce qui avait posé des problèmes concernant l’ordre « logique » des arrivées sur la plage.

    C’est parti vite, Hervé effectuant un démarrage directement après le coup de sifflet de départ. Il fut suivi par Patrick et Stefano. Je ne le savais pas, mais Hervé lorgnait sur la troisième place qu’il souhaitait chiper au Taïwanais (le plus petit). Pour ma part, je partis moins vite que l’an dernier où le 12km/h était de mise afin de protéger ma 9ème place. Là, je ne craignais plus personne au général étant isolé entre le 6ème (Patrick) et le 8ème (René). J’étais donc environ 15ème au bout de quelques kilomètres, suivant le binôme Jean Pierre - Philou dont l’allure me convenait. L’an dernier, ils avaient mis 3h40’ (et moi 3h42’) et suite à une erreur de calcul de ma part dans le cumul des temps depuis le début à Roscoff, je croyais qu’il fallait que je mette moins de 3h54’ pour conserver ma seconde meilleure moyenne de mes 8 Transe Gaule. La pression était donc quand même là. Après 45’, j’eus envie de faire une pause technique et mes amis en profitèrent pour continuer leur route et me prendre 3’, le temps de mon arrêt. Je m’arrêtai au ravitaillement N°1 en 1h31’ pour 15,9km et après 2’ d’arrêt, je retrouvai quelques bonnes sensations, d’autant plus que de derrière étaient revenus sur moi Jean Michel, Yvonnick et Kelvin. Ils ne me dérangeaient pas plus que ça, mais je me mis comme objectif de rattraper ceux de devant plutôt que de me faire rattraper par ceux de derrière. JB avait noté à la craie sur la route aux points clés les temps de passage des premiers : km12 : Stephano en 53’, Hervé et Patrick en 57’ je crois ; je passai là en 1h10’ environ. Km20 : Hervé et Patrick 1h32’ (moi 1h57’), semi 1h38’ (moi 2h04’). Donc, j’avais une idée de l’avancée de mes copains nantais. J’étais poussif dans la montée vers la Clape que je passai en 2h18’ (km 23,2) et une fois là-haut, un paysage superbe s’offrit à mes yeux : la Méditerranée avec au fond vers l’Est, Sète et le Mont Saint-Clair (lieu d’arrivée de la MilKil ou 1000km de France) et à l’horizon vers le Sud Ouest, la chaîne des Pyrénées avec le Canigou, souvenir de la TransEurope qui m’avait fait passer à cet endroit en 2012. La descente s’avéra périlleuse en raison du flot de véhicules de plus en plus nombreux à nous croiser et du manque de bas côté pour se ranger quand certains ne daignaient pas se décaler. J’en frôlai des rétroviseurs dans la montée, et je crus que dans la descente ça allait être pareil. Or, JB avait trouvé un chemin très caillouteux et fortement pentu nous permettant d’éviter les dangers occasionnés par le grand nombre de voitures. On prit donc ce raccourci faisant économiser plus de 500m, mais ce fut assez périlleux quand même. Je rattrapai ensuite, dans le restant de descente vers Narbonne-Plage, mes amis JP et Philou avec qui je décidai de finir l’étape, au sortir du deuxième et dernier ravitaillement (km 26,3 en 2h35’). J’avais fait une croix sur mon hypothétique chrono de moins de 3h54’, en tout cas je n’avais plus envie de lutter et préférai terminer au rythme de mes amis. Nous avons fait les 13 derniers kilomètres ensemble, en bavardant et rigolant de temps à autres, mais surtout avec dans la tête que bientôt surviendrait la banderole de fin de TG. Nous sommes arrivés ensemble, laissant passer Elfio et Jean-Michel. 13èmes ex-æquo, en 3h56’23. A plus de 10km/h de moyenne quand même ! J’eus, au moment de mon arrivée, certainement plus d’émotions que lors de toutes les autres arrivées sauf peut-être la 1ère où j’avais tant souffert, mais où l’arrivée était plus une délivrance qu’une conquête.

    Il faisait beau, il y avait du vent, la mer était à deux pas, alors après une petite boisson rafraîchissante, j’allai me baigner et appréciai ça malgré ma frilosité légendaire. Je mis 10 bonnes minutes à entrer dans l’eau, mais une fois dedans, j’y restai longtemps… et j’y retournai plusieurs fois.

    Cette arrivée fut festive, comme souvent, mais là, puisqu’il était tôt, nous n’étions plus pressés alors nous en profitâmes un maximum. Il restait 4h avant de reprendre le bus vers Moussan, alors avec tout ce temps libre, on savourait.

    Voilà, ma 8ème Transe Gaule s’était achevée sur une bonne note, je réalisais ma seconde meilleure moyenne, près de la meilleure datant de 2008, à plus de 9,6 de moyenne, je finis 7ème, mon meilleur classement, le même qu’en 2007, et surtout, à aucun moment je n’ai été blessé. J’avais juste été perturbé par des arythmies cardiaques à un moment donné de cette longue traversée.

    Stéphane Pélissier a gagné l’épreuve qu’il avait bien maîtrisée, ne cherchant que rarement à creuser les écarts, pensant plus à bien gérer et à ne pas prendre de risques, pensant plus à prendre du plaisir qu’à se faire mal. Bravo l’ami, tu l’as méritée celle-là ! Le second était Taïwanais, déjà second du Tour de Taïwan par étapes, puis Hervé Rozec complèta le podium, revenu de loin pour chiper cet accessit au deuxième Taïwanais. En 5ème position et vainqueur chez les femmes, Carmen (3ème victoire je crois en 4 participations), suivait Patrick Poivet qui s’était bien amusé sur les dernières étapes et qui avait montré qu’il était un redoutable finisseur. J’étais 7ème et suivaient René, Angel, Stefano, Yvonnick et tous les autres.

    En 2015, pas de Transe Gaule pour cause de Tour de France pédestre auquel je ne pourrai pas participer (pas de congés et budget limité), alors je me tournerai vers une course que je rêvais de faire depuis un moment : la Loire Intégrale. En 17 étapes, on partira de la source du plus long fleuve français pour finir à son embouchure côté sud, à Saint-Brévin.

    à+Fab******€**

     


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  • Voici la liste des étapes de la Loire Intégrale 2015. Vous pouvez aller directement sur le site pour obtenir tous les renseignements que vous souhaitez : http://www.loireintegrale.fr/

    Sous cette liste, les participants sont présentés ainsi que les bénévoles sans qui ce genre d'aventure ne pourrait exister.

     

    Etape 1 Mer 5 Août

    Mt Gerbier de Jonc - Goudet (43) 50 km 51 km

    camping « Au bord de l’eau » Goudet

     

    Etape 2 Jeu 6 Août

    Goudet - Retournac (43) 59 km 109 km

    camping « les Ribbes » Retournac

     

    Etape 3 Ven 7 Août

    Retournac - Saint Rambert (42) 57 km 166 km

    camping « Frécon Vieux » Saint Just-Saint Rambert

     

    Etape 4 Sam 8 Août

    Saint Rambert - Saint Jodard (42) 60 km 226 km

    complexe sportif

     

    Etape 5 Dim 9 Août

    Saint Jodard - Chambilly (71) 62 km 288 km

    complexe sportif de Chambilly

     

    Etape 6 Lun 10 Août

    Chambilly - Gannay sur Loire (03) 72 km 360 km

    complexe sportif de Gannay sur Loire

     

    Etape 7 Mar 11 Août

    Gannay sur Loire - Fourchambault (58) 69 km 429 km

    camping «Camping de la Loire» Fourchambault

     

    Etape 8 Mer 12 Août

    Fourchambault Cosne-Cours sur Loire (58) 58 km 487 km

    camping «Camping de l’île» Cosnes sur Loire

     

    Etape 9 Jeu 13 Août

    Cosne-Cours sur Loire - Saint Père sur Loire (45) 71,5 km 558,5 km

    camping «Le Jardin de Sully» Saint Père sur Loire

     

    Etape 10 Ven 14 Août

    Saint Père sur Loire - Orléans (45) 53,5 km 612 km

    camping « Gaston Marchand » Saint Jean de la Ruelle

     

    Etape 11 Sam 15 Août

    Orléans - Vineuil (41) 59 km 671 km

    camping « le Val de Blois » Vineuil

     

    Etape 12 Dim 16 Août

    Vineuil - Montlouis sur Loire (37) 61 km 732 km

    camping « les peupliers» Montlouis sur Loire

     

    Etape 13 Lun 17 Août

    Montlouis sur Loire - Savigny en Véron (37) 67 km 799 km

    camping « la Fritillaire» Savigny en Véron

     

    Etape 14 Mar 18 Août

    Savigny en Véron - Ste Gemmes/Loire (49) 70 km 869 km

    camping « Le grand Jard » Sainte Gemmes/Loire

     

    Etape 15 Mer 19 Août

    Ste Gemmes sur Loire - Oudon (44) 70 km 939 km

    camping « La Tour » Oudon

     

    Etape 16 Jeu 20 Août

    Oudon - Frossay (44) 62 km 1001 km

    camping «Le Migron » Frossay

     

    Etape 17 Ven 21 Août

    Frossay - Saint Brévin (44) 24 km 1025 km

     

    LES PARTICIPANTS

    de cette 3ème édition 2015

     

    1. LARCHER René (35) France : 100 km,24 heures,6 jours Antibes, 8 jours Monaco,Etoile Savoyarde, Transe Gaule

    2. VALDERRAMA Jean Louis (13) France : 100 km, 12h de St Fons,48h,6 jours Antibes,Ultr'Ardèche,Raid Morbihan,Transe Gaule

    3. HILDEBRAND Carmen Allemagne : Etoile Savoyarde,Transe Gaule,Swiss Jura Marathon,UTSJ, Ultr'Ardèche,UltraTour Léman

    4. CLAISSE Christiane (80) France : marathons, 100 km, 24 h, trail Guerlédan, Orléans-Océan

    5. POIVET Patrick (44) France : Orléans-Océan, Loire Intégrale, Transe Gaule, Armorbihan

    6. VIAUD Fabrice (44) France : marathons, 100 km, 24 h, Armorbihan, Transe Gaule, Transe Europe

    7. TARIS Jean (86) France : raid Morbihan, tour du lac Léman, Ultr'Ardèche, 6 jours antibes, Mil'Kil

    8. BOURGEOIS Marie-Cécile (80) France : 100 km,24 h, trail du bout du monde, Orléans-Océan

    9. CAILLE Dominique (85) France : Transe Gaule, grand raid golfe, 100 km, grand raid des pyrénées

    10. JAOUEN Jean-Benoît (29) France : Deutschlandlauf 2005,Horb-Berlin,Trans Europe 2012,Tour de Taiwan 2013, Mil'Kil 2014

    11. ROUSSET Patrick (44) France : marathons, 100 km, 24 h, Transe Gaule

    12. BOREL Frédéric (35) France : raid Montpellier-Valencia, grand raid golfe, 24 h, Transe Gaule, Mil'kil, Transe Europe 2012,

    13. LACHMANN Hans Allemagne : 100 km, GTA, Swiss Jura Trail, Andalus Trail

    14. FOUILLET Christian (86) France : 24 h, Gd raid de la réunion, Ultra Morbihan, 100 km

    15. MOLTENI Stefano Italie : Transe Gaule, Nove Colli, Spartathlon, Badwater

    16. CHARUEL Annie (35) France : 100 km, 24 h, raid du golf

    17. SIMONS Marie-Jeanne (31) France : Loire Intégrale,Transe Gaule,Horb Berlin, UTSJ, Diagonale des fous,Everest Sky race...

    18. BROERSEN Jos Pays-Bas : 100 km, Etoile Savoyarde, Swiss Jura,Transe Gaule

    19. SAINT MARTIN Laurent (82) France : 100 km, 24 h, 72 h, Etoile Savoyarde, Transe Gaule

    20. KOMAR Ewald Allemagne : Deutschlandlauf, Transe Gaule, UTSJ, Horb-Berlin, Baltic-Run, BalticNonstop, Swiss Jura, 100 km

     

    L'EQUIPE DE BENEVOLES :

     

    Clara : cuisinière

    Nicole,Danièle, Mireille : ravitaillements

    Gérard, Dominique, Bernard, Jacques, Jean-Louis, Xavier : montage des barnums,...

    Annie et Domi : intendance, logistique, ravitaillements, fléchage


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  • Etape 1 Mer 5 Août

    Mt Gerbier de Jonc - Goudet (43) 50 km 51 km

    camping « Au bord de l’eau » Goudet

     

    Sur ADDM:

    Ambiance brouhahaesque au bar du camping de Goudet où le Maire nous a offert un pot d'accueil et d'amitié.
    La 1ère étape s'est bien passée sous une grosse chaleur avec du dénivelé "en veux-tu en voilà".
    Victoire de Patrick Poivet devant Laurent Saint-Martin puis viennent Carmen et Stefano. Ensuite Crocman, JB, René et moi.
    Pour la suite, consultez mon compte FB (y a le droit de copier-coller) ou jetez un coup d'oeil sur yanoo.
    Là on part manger puis dodo car demain le départ sera donné pour tous à 6h30.
    Pendant le repas ou après le repas Bernard va nous jouer quelques morceaux de musique.
    Loire intégrale = plaisir intégral
    A+Fab******€**

    Sur FB:

    1ere étape faite. 5h31 pour 50km++ 7eme exaequo. Bon début mais la montagne et la chaleur m'ont bien achevé. Super paysages et super ambiance.
    1er Patrick p 4:31
    2em Laurent SM 4:56
    3EM Carmen 5:02
    4em Stefano 5:05
    5EM Jean Louis crocman 5:25
    6E JBJ 5:28
    7EXAEQUO René L et moi-même 5:31
    9em Dom Caillé 6:03
    10em Fred Borel 6:29
    On attend les suivants
    A+

    https://connect.garmin.com/modern/activity/855863991

     

    Etape 2 Jeu 6 Août

    Goudet - Retournac (43) 59 km 109 km

    camping « les Ribbes » Retournac

     

    Sur ADDM:

    La piscine est ouverte ce soir jusqu'à 22h et certains coureurs sont en train d'en profiter après cette journée de forte chaleur.
    Demain le départ est avancé à 6h car il va encore faire chaud pour aller à l'arrivée près de St Etienne.
    Aujourd'hui beaucoup ont souffert et plusieurs sont arrivés "cramés".
    Patrick Poivet a assuré après être parti prudemment. Ses proches suivants ont connu des fortunes diverses mais Laurent et Carmen ont complété le podium.
    Chez les seconds couteaux, le petit match amical à 3 s'est poursuivi et c'est JB qui m'a devancé et Crocman arrive juste après alors qu'il était devant nous toute la journée, mais la chaleur et la petite accélération "jibéesque" à quelques encablures de Retournac a eu raison de sa ténacité.
    Après vient René qui n'a pas voulu reprendre de risques et ensuite il y a un trou d'1 h comme hier. Stefano a payé cher son étape d'hier.
    Je vous laisse car les yeux se ferment tout seuls.
    A+Fab******€**

    Sur FB:

    2ème étape avec du dénivelé au début (parcours "dromadaire" puis succession de plat-faux-plats avec progressivement la montée en température (entre 30 et 36°). Meilleure gestion de ma part même si à la fin je n'ai pu revenir sur JB;

    https://connect.garmin.com/modern/activity/856875819/share/0?lang=fr

     

    Etape 3 Ven 7 Août

    Retournac - Saint Rambert (42) 57 km 166 km

    camping « Frécon Vieux » Saint Just-Saint Rambert

     

    Sur ADDM:

    Petite journée "galère" aujourd'hui alors que j'avais les jambes pour avaler les longues montées et descentes : mon coeur m'a fait le coup de la chamade à 5 reprises. La première, alors que j'avais laissé filer les bolides, est survenue après 2 km et j'ai dû m'allonger 5' pour faire passer la tachycardie. Je me suis alors retrouvé avec Fred Borel et j'ai commencé à rattraper d'autres coureurs jusqu'à Marie-Jeanne. La seconde arythmie se produisit alors et comme par enchantement un banc me tendait les bras. Je m'y allongeais à peine 2' et je repris la route. J'étais à 7 de moyenne depuis le départ ! La descente qui suivit me permit d'atteindre le ravitaillement 1 10' après les hommes de tête (Jean Louis "crocman et Laurent) et 8' après Patrick et Jb suivis de René.
    Je n'ai plus été ennuyé avant le marathon.
    Entre temps j'avais assisté à l'arrêt de Carmen, épuisée, en larmes. Elle avait souffert de la chaleur la veille déjà et n'avait plus de forces. A ce ravitaillement 2, ça m'a bouleversé, et il a fallu repartir. J'avais refait mon retard sur René et Jb avec lesquels j'ai passé sans encombre le R3.
    La montée qui suivait me permit de rester au contact des deux compères et après une belle partie de yoyo ou d'accordéon, je ressentis les nouveaux symptômes d'une arythmie cardiaque que je gérais comme la précédente.
    Après une laborieuse montée j'étais avec Jb et René nous suivait à distance quand nous atteignîmes le haut de cette dernière longue ascension. Or le coeur remit ça au moment où je retrouvai avec plaisir Robert et Martine Bertin venus nous faire une petite visite bien sympathique.
    Le temps de faire baisser le rythme cardiaque et de me ravitailler, ce qui prit 8' environ, je suis reparti avec 12km à faire dont 7 ou 8 de descente. Avec la chaleur et les rares portions ombragées, je ne parvenais pas à me relâcher.
    Avant de suivre un chemin pour atteindre l'arrivée, une 5ème et dernière fois le palpitant s'est emballé. Je l'ai vite géré, j'étais un peu désabusé et avec Jb on a fini l'étape ensemble, pas trop fatigués à 7' derrière René mais à plus d'une heure des 2 premiers.
    Bien sûr, au classement ça fait "joli" de devenir 4ème, mais j'aurais préféré faire une autre moyenne que les 8,3 du jour.
    J'ai bien récupéré et je n'ai aucune douleur et aucun bobo digne de ce nom.
    Je vous laisse car demain le départ est à 6h comme aujourd'hui.
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    Etape hécatombe avec 3 DNF à cette heure. Je finis avec JB juste derrière René 3ème. Patrick encore vainqueur devant Laurent. Carmen n'a pas eu assez de forces pour aller au terme de cette étape. Crocman a trouvé l'étape trop courte et est allé faire un peu de tourisme (il n'a pas regardé les flèches et s'est quelque peu rallongé. Hans vient d'arriver en 6eme position. A+

    https://connect.garmin.com/modern/activity/857754624

     

    Etape 4 Sam 8 Août

    Saint Rambert - Saint Jodard (42) 60 km 226 km

    complexe sportif

     

    Sur ADDM :

    Crocman a des ailes et le match à 4 ou 5 pour la 3ème place a sans doute tourné court aujourd'hui.
    JB, René et moi avons fini ensemble à une belle 5ème place certes mais à 1h10 de Crocman, à 1h22 de Laurent et Stefano (qui ont marché les 5 derniers km !!! ) et 1h41 derrière Patrick.
    Pas de blessure, juste un gros manque de jus et de faire du 8 à l'heure fait plus mal que de voir les gros écarts avec la tête de course.
    Hier, même genre d'étape sauf que JB n'a pas pu suivre quand avec René on faisait des relais pour se motiver.
    Et encore on a de la chance que Stefano se soit égaré hier imitant Crocman la veille.
    Hier toujours : gros orage ayant inondé la tente où nous devions dormir et les affaires dans ma valise ont été trempées. Cet aprèm il fait beau, ça sèche.
    Bon, tout va bien quand même (j'allais écrire "Tout baigne")
    L'ambiance est comme toujours au top.
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    https://connect.garmin.com/modern/activity/860209233

     

    Etape 5 Dim 9 Août

    Saint Jodard - Chambilly (71) 62 km 288 km

    complexe sportif de Chambilly

     

    Sur ADDM:

    Crocman a des ailes et le match à 4 ou 5 pour la 3ème place a sans doute tourné court aujourd'hui.
    JB, René et moi avons fini ensemble à une belle 5ème place certes mais à 1h10 de Crocman, à 1h22 de Laurent et Stefano (qui ont marché les 5 derniers km !!! ) et 1h41 derrière Patrick.
    Pas de blessure, juste un gros manque de jus et de faire du 8 à l'heure fait plus mal que de voir les gros écarts avec la tête de course.
    Hier, même genre d'étape sauf que JB n'a pas pu suivre quand avec René on faisait des relais pour se motiver.
    Et encore on a de la chance que Stefano se soit égaré hier imitant Crocman la veille.
    Hier toujours : gros orage ayant inondé la tente où nous devions dormir et les affaires dans ma valise ont été trempée. Cet aprèm il fait beau, ça sèche.
    Bon, tout va bien quand même (j'allais écrire "Tout baigne")
    L'ambiance est comme toujours au top.
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    5ème étape avec un passage devant le château de la Belle au bois dormant. La sorcière du coin a dû me jeter un sort car j'ai perdu mes jambes : pourtant après l'orage d'hier et ma valise inondée je pensais avoir eu mon compte...
    Donc hier pas de FB ni de remplissage des blogs qui sont restés tels que je les avais laissés avant la LI.
    Mes compagnons de galère sur le chemin le long du canal de Roanne à Digoin. Du 8 de moyenne ! Et même pas blessé, il doit y avoir un truc qui fait masse.
    Hier, ce fut à peine mieux et la fîn fut assez poussive (tout comme le reste de l'étape d'ailleurs).
    Souhaitons que les jours prochains je puisse accélérer un peu pour retrouver une moyenne "décente" à moins que je n'aie pas le niveau de mes ambitions.
    On est à l'apéro-musical puis on va dîner et allet se coucher.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/860209125

     

    Etape 6 Lun 10 Août

    Chambilly - Gannay sur Loire (03) 72 km 360 km

    complexe sportif de Gannay sur Loire

     

    Sur ADDM:

    Désolé de n'avoir pu poster qu'un petit CR hier, une cascade de péripéties est venue s'ajouter à la très mauvaise journée passée à escargoter sur les routes de la LI : d'abord j'ai dû relaver et mettre à sécher les affaires trempées par l'orage de vendredi puis il a fallu attendre que l'intérieur de la valise sèche aussi; ensuite le grand rangement , la préparation de la tenue pour le lendemain, les autres rituels, et quand il a fallu aller se coucher (et oui le temps passe vite sur la LI) je me suis méchamment entaillé un doigt avec mon rasoir en voulant prendre ma brosse à dents. Donc gros saignement que je n'ai réussi à endiguer qu'au bout de 30' avec l'aide de Nicole et de son vernis magique.
    Pas le courage après de réécrire quelque chose.

    L'étape d'aujourd'hui fut aussi assez difficile pour moi, je n'arrivais pas à suivre le rythme de JB et René et les 4 premiers d'hier ont rapidement pris de l'avance même si Patrick reste un peu en retrait. Un peu vallonné au début, le parcours nous a fait passer par le reste du canal de Digoin puis on a suivi une voie verte.
    J'avais rattrapé JB et René avec qui je suis resté pendant plusieurs km. René s'est détaché et j'ai continué avec JB qui n'avait pas beaucoup d'énergie. J'ai connu quelques petits soucis de moteur récurrents que j'ai gérés en marchant et après le ravitaillement 4 je me mettais à accélérer et lâchais Jb. J'ai couru à 9 de moyenne jusqu'au R5 malgré mes quelques arrêts La suite fut un peu moins rapide mais je voulais limiter la casse et la perte de temps par rapport à Stefano et René. Ils étaient largement meilleurs que et ont fini loin devant. Les derniers km furent laborieux et un tendon (du côté de ma bursite) a commencé à siffler.
    Je finis plus d'1h40 derrière Patrick environ 1h derrière Laurent, Stefano et Crocman, 25' aprés René mais 15' devant Frédéric, suivi de Hans puis JB (40' environ derrière moi).

    La commune qui nous accueille est toute petite (400 âmes) mais elle nous met à disposition sa salle des fêtes pour dormir et comme presque à chaque étape on eu un verre de l'amitié offert lui aussi.
    Mes yeux se ferment, je coupe.
    A+Fab******€**

    Sur FB:

    Très longue étape où les jambes étaient encore lourdes. Par contre au niveau météo on a eu de la chance, il y avait des nuages et la température n'était pas trop élevée.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/861257047

     

    Etape 7 Mar 11 Août

    Gannay sur Loire - Fourchambault (58) 69 km 429 km

    camping «Camping de la Loire» Fourchambault

     

    Sur ADDM:

    Bonsoir
    L'ordi est de sortie alors j'en profite rapidement pour donner des news de la septième étape.
    1er Patrick, 2ème Stéfano, 3ème Laurent, 4ème Jean Louis, 5ème moi, 6ème René (à 4' seulement : il est costaud en ce moment et difficile à décrocher), 7ème JB...
    J'ai eu de meilleures sensations et j'ai réussi à courir des portions de 10km entre 9,3 et 9,8 km/h, mais avec les ravitos ça plombe dur la moyenne qui reste inférieure à 9 sur l'ensemble de l'étape.
    Celle-ci fut assez jolie dans l'ensemble, mais une longue ligne droite pour démarrer à froid le matin alors que vous avez gagné des points pour le concours de Mister catastrophe (j'ai renversé mon bol de café manquant de peu Patrick assis en face de moi : ça, ça vous met une grosse pression pour la journée, et JB pas en reste a fait la même chose ! A mon avis on a dû croiser une mauvaise fée ou respirer un nuage toxique on a été élus boulets d'or de la journée.)
    Mal au tendon d'Achille pendant les 30 premières minutes puis beau lever de soleil et le canal avec de l'ombre, des cyclistes, des bateaux, des écluses...
    Les sensations sont revenues et j'espère surfer sur cette nouvelle dynamique demain et les jours suivants.
    Les autres copains et copines vont plus ou moins bien, certains ayant des douleurs (releveurs, ampoules, tendinites dues au dévers...)
    Je vais me coucher maintenant car demain il n'y a que 58km mais 34° sont annoncés, alors départ à 6h.

    à+Fab******€**

    Sur FB :

    Meilleures sensations aujourd'hui à partir du 20ème km. La première demie heure fut laborieuse (tendon d'achille) puis une fois chaud, j'ai pu courir à une allure progressivement de plus en plus rapide. S'il n'y avait pas les trop longs temps passés aux ravitaillements qui lissent la moyenne, ma cadence aurait été plus élevée (6'10 à 6'30 au km). Mais je suis encore loin des 4 premiers. Beau parcours le long du canal latéral à la Loire puis sur la piste cyclable "La Loire à Vélo", avec de l'ombre sauf à la fin hélas.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/862366615

     

    Etape 8 Mer 12 Août

    Fourchambault Cosne-Cours sur Loire (58) 58 km 487 km

    camping «Camping de l’île» Cosnes sur Loire

     

    Sur ADDM :

    Des news de l'étape 8.
    Très belle et assez sympa au niveau de la tranquillité : voie cyclable (LAV) et levée. J'aurais pu ajouter ombragée, mais seulement les plus rapides ont bénéficié de longues portions bordées d'arbres, les "moyennement" rapides ont eu un peu de soleil en plus et à partir de la moitié du peloton, ça a été plutôt chaud chaud chaud !
    Un abandon sur blessure (suite à une autre blessure d'avant LI) : Dcelui de Dominique Caillé qui s'est résolu à stopper ses souffrances au ravitaillement No 2 (22/23km).
    De mon côté, j'ai pris un départ prudent mais toutefois plus rapide que lors des étapes récentes. Les bolides étaient partis devant et vite, René et moi nous ne les voyions plus, sauf JB à plusieurs centaines de mètres. J'étais donc accompagné de René avec qui nous avions décidé de faire route commune, signant un pacte moral de non "agression" ce qui, compte tenu des conditions météo, nous convenait.
    Nous tournions à 6'20/1000 et à 9 de moyenne "lissée" par les ravitaillements. Il faisait bon, nous avons vu notre petit trio de campeuses qui suivent la même route que nous depuis la source de la Loire.
    Au ravito No3 nous avons dépassé JB et nous comptions alors plus de 30' de retard sur le 4ème (JeanLouis ou Stefano ou Laurent).
    L'allure devenait moins rapide mais > à 8,5 et on s'arrangeait pour faire des pauses marchées dès qu'il y avait un pont à franchir.
    La fin fut difficile en raison d'un gros manque de portions ombragées et la hâte d'en finir se faisait de plus en plus pressante.
    Il y avait 1 km de moins que prévu (mon GPS me donna même une distance globale de 56,5km au lieu des 58 annoncés).
    Nous avons fini 5èmes ex-aequo en 6h33, pas très loin derrière Jean-Louis qui s'est encore un peu égaré (c'est quand qu'ils fabriqueront des crocs avec GPS intégré ou détecteur de fausse route ?)
    Le 1er : Patrick, suivi de Laurent et Stefano (ou l'inverse)
    7ème : Fred Borel, 8ème : JB, 9ème : Hans Lachman, 10ème Marie-Jeanne...
    Demain, longue étape 71,5km. Franchissement du pont canal de Briare.
    Vivianne courra avec nous ( pour faire les 2 étapes qu'elle n'avait pas faites en 2013.
    Fort risque de pluie voire d'orage ce qui fera peut-être chuter la température car 36 degrés ça plombe bien les organismes mais par contre le linge sèche plus vite
    Allez, c'est l'heure du dodo alors je vous dis à demain.
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    Très belle étape en partie à l'ombre pour ceux qui ont eu la chance de courir plus vite mais pour les autres ce fut le grand soleil et la chaleur (34° voire plus) qui va avec. Sancerre au détour de la piste Loire à Vélo nous est apparue dominant la vallée de ce long fleuve tranquille qu'on n'a pas beaucoup vu. On a suivi une bonne partie de son canal latéral. Un arrêt sur blessure de Dominique Caillé nous a tous chamboulé quand on l'a appris au dernier ravitaillement. J'ai fait pratiquement toute l'étape avec René Larcher, on finit ensemble mais que les 10 derniers km furent pénibles car sans ombre sur l

     

    Etape 9 Jeu 13 Août

    Cosne-Cours sur Loire - Saint Père sur Loire (45) 71,5 km 558,5 km

    camping «Le Jardin de Sully» Saint Père sur Loire

     

    Sur ADDM :

    Salut à tous
    Vite fait un petit cr de la journée.
    Etape longue et difficile pour moi surtout dans les 20/25 derniers km. Pourtant il n'a pas fait trop chaud et j'ai eu la chance de finir longtemps avant l'orage qui a trempé les 5/6 derniers coureurs.
    Un abandon précoce ce matin : Christian qui souffrait trop des jambes pour se lancer dans une épopée épique sur les routes et chemins de cette étape.
    Patrick gagne à nouveau devant le duo Laurent-Stefano puis vient JL Crocman, Vivianne, René et moi ensemble (merci à eux de m'avoir attendu et même traîné comme un boulet sut la fin ). Suivent Fred Borel à 5', JB à 10', Hans, Marie-Jeanne et ensuite c'est le trou de plus d'une heure pour voir finir sous la pluie Jos, Ewald et enfin les deux inséparables Kiki et Marie-Cécile, juste limites cut-off (qui ne sera pas éliminatoire). Elles souffrent, une a de sérieuses ampoules aux pieds. Leur courage est immense et elles finissent avec néanmoins un beau sourire.
    Demain, petite étape nous menant à StJean de la Ruelle à côté d'Orléans).
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    Etape No 9 que j'ai trouvée longue et difficile sur la fin. Pourtant la météo a été clémente sauf pour les 5 derniers qui ont eu un bel orage.
    J'ai couru entre JB et René pendant un moment puis ça s'est inversé, René est passé devant et JB derrière. Vivianne a couru tour à tour avec nous, nous apportant un peu de sa fraîcheur et de sa bonne humeur.
    Quelques photos des paysages rencontrés au fil des km : château de Gien, Pont canal de Briare, château de Sully.
    A+

    https://connect.garmin.com/modern/activity/864526260

     

    Etape 10 Ven 14 Août

    Saint Père sur Loire - Orléans (45) 53,5 km 612 km

    camping « Gaston Marchand » Saint Jean de la Ruelle

     

    Sur ADDM :

    10ème étape courue sous une météo favorable : couvert, venteux à souhait, tempéré...
    Beaucoup de temps à longer la Loire sur la levée (monotone au bout d'un certain moment), sur des pistes cyclables style billard ou style trail, très peu de route ouverte aux autos... On était tranquille.
    J'ai de nouveau fait route commune avec René avec qui chacun à son tour on fait le meneur d'allure. 5km avant Orléans nous avons pris un itinéraire traversant un parc où les coureurs locaux doivent souvent s'entraîner puis une fois la Loire franchie pour passer au nord, il restait 4500m de quais à se coltiner. Heureusement qu'il y avait quelques petits lièvres pour nous booster ainsi nous avons réussi à rester au contact de JB qui nous avait largement distancés dès le départ.
    1 : Patrick et Stefano
    3 : Laurent
    4 : Crocman
    5 : JB
    6 : René et moi
    8 : Fred Borel
    9 : Hans...
    A noter l'abandon de Marie Cécile qui souffrait de grosses ampoules.
    Nous ne sommes plus que 13 encore en lice, mais Jean revient demain tenter de finir la partie Orléans-océan.
    Demain : 59km toujours le long de ce fleuve sinueux qu'on traversera 3 fois pour finir sur la rive gauche (sud).
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    Belle petite étape qui m'a fait prendre des portions de levée que je connaissais déjà. Beaucoup de longues courbes à négocier pour suivre les méandres de la Loire : les runnings ont crissé dans les virages !

    https://connect.garmin.com/modern/activity/865340297

     

    Etape 11 Sam 15 Août

    Orléans - Vineuil (41) 59 km 671 km

    camping « le Val de Blois » Vineuil

     

    Samedi 15 Août

    Sur ADDM :

    11ème étape où nous avons craint jusqu'au moment du départ de devoir courir sous la pluie. Ça n'avait pas arrêté de la nuit ! Heureusement pas de dégâts dans les paquetages comme la semaine dernière.
    Nous avons donc quitté Orléans en deux vagues, les moins rapides dès 6h et les autres (dont je faisais partie) 30' plus tard.
    Comme tous les jours, la "bande des cinq" nous distança très rapidement, et comme tous les jours je me retrouvais avec René. On part lentement et on garde l'allure le plus longtemps possible. Ça semble nous convenir à tous les deux et comme cela crée de l'entraide je me vois mal aller lui "piquer" la courte avance qu'il possède sur moi au général (8'). D'ailleurs, en serais-je capable et à quel prix ?
    Donc presque parfait copier-coller des dernières étapes : on revient sur JB au ravitaillement N.3 ou 4 et on finit ensemble.
    L'allure moyenne (6'45/km) tient compte du temps passé aux ravitaillements : entre 3 et 5' soit environ 15 à 20' sur une étape. C'est quand même beaucoup à mon avis mais je n'arrive pas à faire moins.
    Beaux paysages très proches du fleuve aujourd'hui où les chants ou cris des nombreuses variétés d'oiseaux m'ont fait penser qu'on se rapproche de l'océan (encore plus de 300km à faire néanmoins).
    Au général, le podium a changé, Stefano chipant la 3ème marche à Crocman qui m'a fait essayer des crocs qu'il a en réserve : va-t-il me convertir ? Je vais en acheter une paire qui au pire remplacera mes sandalettes qui font rire tous ceux qui me voient marcher avec ou ça servira pour le jardinage si je commence à en faire
    Allez, demain il y a des châteaux à visiter alors je coupe et je dors.
    A+fab******€**

    Sur FB :

    Après avoir quitté le point le plus septentrional de la Loire, nous redescendons vers le sud-ouest. Là, on la côtoie vraiment, la Loire, et ses myriades d'oiseaux : cygnes, sternes, oies sauvages, canards etc. Le temps maussade de fin de nuit s'est soudain calmé pour nous permettre de courir au sec, malgré un vent de face soutenu. Quelques beaux panoramas et beaucoup de cyclistes en de jour férié.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/866608805

     

    Etape 12 Dim 16 Août

    Vineuil - Montlouis sur Loire (37) 61 km 732 km

    camping « les peupliers» Montlouis sur Loire

     

    Sur ADDM :

    Et oui, JB avait mangé du lion et a failli nous dévorer tout cru.
    Quand on est partis pourtant rien ne laissait penser qu'on allait faire une étape digne de celles que j'ai connues sur les TG et TEFR.
    JB est parti tranquillement au train avec Stefano. La distance nous séparant de la tête de la course ne me semblait pas aussi importante que lors des dernières étapes mais après un moment je n'apercevais plus personne devant si ce n'est Patrick qui démarre rarement à toute blinde.
    J'étais encore avec René mais je piaffais d'impatience d'augmenter le rythme car je ne voulais pas laisser trop de champ libre à JB.
    Or au premier ravitaillement situé au km 14, je constatais qu'il avait pris la tête de la course avec Stefano et qu'ils étaient déjà passés depuis 10' !
    J'avais laissé René qui n'avait pas pu me suivre - je courais alors à 5'35/5'45 au km- et je me disais qu'en fin de journée ça pouvait faire un éclat de près de 3/4 d'heure de la part de JB. Mon objectif : rester à moins de 15' au 2ème ravito et à moins de 20' au suivant.
    Je n'oubliais pas non plus que nous passions à côté de châteaux illustres (Blois, Chaumont, Amboise) et de sites remarquables, alors je profitais pour coupler récupération et tourisme en prenant quelques photos. La traversée d'Amboise un dimanche d'été ne fut pas simple tellement il y avait de monde en voiture ou à pied. Et il ne fallait pas rater l'endroit où il fallait monter sur les hauteurs.
    Nous avons longé la Loire de loin en passant sur les coteaux sud et là c'était donc vallonné. La météo fraîche au départ s'adoucissait et il y avait beaucoup de portions ombragées. Vignes, champs de maïs et autres cultures, ça changeait des roseaux et autres bouleaux des bords de Loire.
    Mon débours s'amplifiait et était de 20' à l'entame du dernier tronçon. Avec un peu de persévérance je pouvais espérer moins de 30' au final et je me doutais que j'allais prendre aussi cette 5ème place au général tant convoitée.
    Mon frère me fit la surprise de venir me voir avec son fils et j'ai poursuivi mon effort, mais l'allure était moins vive (6'20/1000).
    J'arrivais au camping avec 26' de retard sur JB, 5' sur Crocman que j'avais presque rattrapé au gré d'une de ses nouvelles portions hors circuit.
    René est arrivé une vingtaine de minutes après moi en ayant toutefois couru à une moyenne record.
    Patrick et Stefano finissent ensemble suivis de JB, Laurent, Crocman, moi, René, Fred...
    Belle journée en définitive malgré le fait que mon avance sur JB s'est réduite à 1h45 et qu'il reste 5 étapes. Il m'a mis la pression, mais j'aime bien car ça me permet de forcer un peu et donc de courir à des allures de la TG (9,6 de moyenne).
    Et comme on est des guerriers tous les deux, le match va être passionnant.
    A+fab******€**

    Sur FB :

    Ce n'était pas prévu d'augmenter mon allure aujourd'hui, mais les circonstances de course m'y ont poussé tant et si bien que j'ai couru à des vitesses aux alentours de 10km/h. Les arrêts aux ravitaillements furent dans l'ensemble moins longs que lors des jours précédents, et il y avait un objectif de ne pas perdre trop de temps sur un concurrent sérieux au général. Conséquence, mon compère des jours passés s'est retrouvé lâché et n'a pas pu suivre ma cadence. La traversée d'Amboise et la fin ne furent pas aisées : beaucoup de gens en week-end ou vacances; les jambes devenaient de plus en plus lourdes. Belle étape avec traversée du vignoble et chrono convenable.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/867440843

     

    Etape 13 Lun 17 Août

    Montlouis sur Loire - Savigny en Véron (37) 67 km 799 km

    camping « la Fritillaire» Savigny en Véron

     

    Sur ADDM :

    Au soir de la 13ème étape, je constate qu'il ne reste plus que 225km à faire en 4 jours : 70,5 + 69,5 + 62 + 23.
    Donc deux étapes un peu plus longues, une "moyenne" et une courte.
    J'espère que les deux prochaines journées vont aussi bien se passer que celle d'aujourd'hui.
    Pourtant ça avait mal commencé pour moi, mon tendon d'Achille droit me faisant souffrir à chaque foulée et une fois passé, c'est le coeur qui s'emballe (j'ai l'habitude et je sais gérer) et j'ai dû m'arrêter quelques minutes sur un banc qui passait par-là. Une fois revenu à un rythme normal, je repris la course et entamais une remontée progressive du peloton avec lequel j'étais parti.
    La traversée de Tours ne me fit pas perdre de temps et j'arrivais au ravitaillement N.1 (km14) en constatant que comme la veille JB m'avait repris déjà 10'. Je me disais que j'allais prendre cher et je repartis en essayant de limiter les dégâts. Je rattrapais les coureurs du 1er groupe partis 30' avant nous et au loin j'aperçus une silhouette qui m'était familière : JB ! Il a manqué un fléchage et a fait 1km de rab au moins. Alors, je me dis que j'avais eu de la chance et me mis en quête de rester au moins en contact visuel.
    A un moment, nous passions sur une route bordée de champs de maïs dont certains étaient en plein arrosage, je vis Jb faire demi tour et revenir vers moi en sprintant. Il voulait simplement éviter le retour du jet d'eau tournant dont il n'avait pas bien évalué la trajectoire.
    Sur ce, la jonction était faite et nous allions donc rester ensemble, ou à vue, jusqu'à l'arrivée que nous avons franchie côte à côte.
    Entre temps, nous avions eu le droit de nous faire filmer par France 3 Centre.
    C'est encore Patrick qui gagne devant Stefano et Laurent puis JL Crocman, JB et moi, Frédéric, René, Marie-Jeanne...
    Ce soir comme pratiquement tous les soirs un pot fut offert par la Mairie.
    Demain 70,5km au programme avec passage sur les quais de Saumur...
    à+Fab******€**

    Sur FB :

    Etape où nous avons longé la Loire puis le Cher et encore la Loire. Quelques beaux châteaux hélas trop excentrés pour qu'on puisse les admirer, quelques beaux villages comme Savonnières avec son reflet dans le Cher et ses gabares mouillées au bord de la rivière. La route de la levée avec un peu de circulation (autos et vélos) fut longue mais heureusement il y avait de belles parties ombragées. Nous sommes dans le pays des vins de Chinon, non loin aussi de Bourgueil et demain on attaque le saumurois. La Loire, c'est aussi réputé pour ses châteaux que ses vignobles.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/868670452

     

    Etape 14 Mar 18 Août

    Savigny en Véron - Ste Gemmes/Loire (49) 70 km 869 km

    camping « Le grand Jard » Sainte Gemmes/Loire

     

    Sur ADDM :

    Pour cette 14ème étape, je n'avais pas prévu ce scénario, j'étais même plutôt à me demander dans quelle galère j'allais me retrouver.
    Or, après quelques hectomètres, suite au départ à allure modérée mais néanmoins rapide du G5 (Stefano, Laurent, Crocman, JB et Patrick), je me suis accroché à eux en visuel et j'ai vite constaté que je ne me faisais pas distancer, en tout cas moins que lors des précédents départs.
    Donc ça m'a permis de parfaire à la fois mon échauffement et ma confiance.
    Les km défilant à plus de 10km/h, le 1er ravitaillement arriva vite puis ce fut le passage de la Vienne et la levée vers Saumur où je me plaçais en 4ème position, place que je n'allais plus quitter de la partie. J'utilise le mot partie car ce fut comme lors de certaines étapes des TG ou TEFR passées où je me suis bien amusé. Bon ça a duré le temps que je fasse un gros écart sur les poursuivants car les 22 derniers km ont été plutôt laborieux.
    J'ai pris le temps de faire quelques photos (château de Saumur, villages de caractère, embarcations sur la Loire avec un beau soleil levant...)
    La météo a été à la hauteur avec de la fraîcheur jusque tard dans la matinée, beaucoup de zones ombragées et du grand soleil parfois caché par des nuages bienvenus.
    Nous avons couru sur la route de la levée où il y a eu un peu de circulation et nous avons encore vu beaucoup de cyclistes.

    Demain la longueur de l'étape avoisine celle d'aujourd'hui (70 km environ) et nous arrivons dans notre département à Patrick et moi. Des visites sont attendues.
    A+Fab******€**

    Sur FB :

    1/ D'abord 2 anniversaires, le premier hier qui correspond à mes 10ans de courses à étapes. En effet le 17 août 2005 je prenais le départ de ma 1ère Transe Gaule avec 23 autres coureurs. Nous serons tous finishers de cette édition.
    Le second anniversaire est celui de mon petit frère, aujourd'hui, et cela a décuplé ma motivation pour tenter un petit truc sympa. Je me suis démené pour aller chercher une belle 4ème place.
    Tout a bien commencé quand j'ai constaté que j'arrivais à suivre le groupe de tête et quand j'ai essayé de maintenir cette allure (5'40/5'50 au km) j'y suis parvenu sans me mettre dans le rouge.
    J'ai vu les 3 premiers, de loin, jusqu'au 3 ème ravitaillement puis ils ont continué à me distancer progressivement. Derrière, seul Jean-Louis (Crocman) restait à distance "convenable".
    J'ai même eu le temps de prendre quelques photos.
    Au final je me constitue un petit matelas confortable sur mes poursuivants ce qui va me permettre de faire les prochaines étapes sans pression.

    2/ Longue étape où il m'a pris de démarrer aussi vite que les garçons qui font la course en tête depuis quelques étapes. J'ai été surpris de voir que je parvenais à suivre leur rythme sans taper dans mes réserves (en tout cas c'était mon impression et la fin de l'étape allait me rappeler que j'avais quand même un peu entamé ces dites réserves). Boosté par le fait aussi de constater que peu à peu certains de ce groupe se laissaient décrocher, je poursuivais mon effort et restais calé à la 4ème place que j'ai défendue jusqu'à l'arrivée. De beaux écarts avec les poursuivants me permettant d'avoir un petit matelas de minutes assez confortable pour voir venir les deux prochaines étapes.
    Aujourd'hui j'ai aussi fait cet effort pour l'anniversaire de mon frère.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/869979682

     

    Etape 15 Mer 19 Août

    Ste Gemmes sur Loire - Oudon (44) 70 km 939 km

    camping « La Tour » Oudon

     

    Sur ADDM :

    J'ai fait le malin hier avec crocman et aujourd'hui il m'a réduit en bouillie
    Je n'ai pourtant pas musardé en route mais il avait chaussé ses crocs de 7 lieues

    Aujourd'hui, Patrick Poivet arrivait chez lui ou presque et il tenait vraiment à marquer son territoire en gagnant l'étape sans partager. 6h24 pour 69,7km.
    Derrière, l'entente Crocman/Stefano suivie de Laurent...
    Puis un grand vide... et soudain débouche René qui m'a rattrapé à 10km du but avec qui j'ai fini l'étape ex-aequo comme il y a peu de temps encore.
    Vient ensuite Fred Borel.
    On a ensuite attendu un peu, toujours personne en vue. Après la douche et le linge, est arrivé un JB assez marqué à qui les jambes ont rapidement fait défaut pendant cette longue étape.
    Les autres concurrents sont arrivés au compte-goutte jusqu'après 19h pour la dernière.
    Cette étape a alterné les parties agréables de part les paysages proposés et la configuration de la route avec de longues parties interminables de route sur la levée de Loire surtout qu'on ne la voyait plus beaucoup alors la Loire.
    Demain on passe "chez moi" et j'espère faire bonne figure entre les km 27 et 34.
    Il y aura 62km puis 23 le lendemain pour conclure ce périple ligérien.
    à+fab******€**

    Sur FB :

    Longue étape (encore) avec de longues lignes droites sur la levées de Loire (j'ai l'impression d'avoir déjà fait ce commentaire plusieurs fois ces derniers temps). Heureusement les jolis points de vue et la richesse de la Loire au niveau paysage m'ont diverti. Fin très poussive de ma part, mais je n'avais plus rien à gagner ni à perdre.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/870867135

     

    Etape 16 Jeu 20 Août

    Oudon - Frossay (44) 62 km 1001 km

    camping «Le Migron » Frossay

     

    Sur ADDM :

    Avant dernière étape aujourd'hui, d'Oudon à Frossay en passant par chez moi.
    Une partie du parcours ne m'était pas inconnue (le marathon de Nantes, mes circuits d'entraînement et des balades à vélo m'y avaient amené) et je savais que ma famille allait venir me voir passer.
    Le démarrage fut poussif car je n'avais pas envie de partir vite d'une part et que mon tendon met toujours un certain temps avant de ne plus me faire mal. Du 9/9,4 de moyenne me convenait et seuls 4 coureurs s'étaient détachés (Patrick, Laurent, JL Crocman et JB). Stefano a été malade toute la nuit et vite il s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas aller aussi vite que lors des dernières étapes. Je suivais de très loin le groupe de tête et pas loin derrière il y avait René.
    Au R1 je ne vis personne des 4 de devant puis au R2 je rattrapais JB avec qui je poursuivais ma route.
    Au R3 ma famille m'attendait et ça m'a fait du bien, mais mentalement peu à peu j'ai lâché.
    Au R4 nous avons vu René nous reprendre et nous avons poursuivi à 3 + François Fouques venu courir l'étape. Il a déjà fait la Loire intégrale.
    La presse était là sur le canal de la Martinière et on nous a filmés. Au R5, elle était là aussi et nous a interwievés JB et moi. Le reportage passait à 19h ce soir.
    René est reparti pensant que nous allions le rattraper mais 5' de questions ajoutées aux 5' pour se ravitailler, ça fait beaucoup.
    La dernière partie fut longue le long du canal, mais aussi très jolie.
    Laborieusement nous avons terminé en 7h05 à 10' de René et très longtemps après les 3 premiers.
    Crocman reprend la 3ème place à Stefano, bien malade et sans forces.
    Demain, 23,5km à faire pour boucler ma 1ère Loire Intégrale.
    A+fab******€**

    Sur FB :

    16ème étape où je suis passé sur mes chemins et routes d'entraînement. Ma famille est aussi venue me voir passer au ravitaillement N°3 (Bouguenais). Fin un peu difficile le long du canal inteminable de la Martinière.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/872788994

     

    Etape 17 Ven 21 Août

    Frossay - Saint Brévin (44) 24 km 1025 km

     

    sur ADDM :

    L'arrivée au pied du Pont de Saint-Nazaire (un peu après quand même) fut comme pour toutes les arrivées des dernières étapes de ce genre de courses un grand moment de délivrance. Je n'ai pas fait éclater ma joie de manière éxubérante, ce n'est pas mon style et il me faut toujours quelques minutes pour débrancher le mode "cours-ne-te-pose-pas-de-questions-oublie-tes-douleurs-tu-te-reposeras-quand-tu-seras-arrivé". J'étais un peu désabusé d'avoir tant peiné pour une simple petite histoire de 23km, comme si j'envais fait 40 avant.
    C'est la fatigue peut-être.
    Mais je me suis rattrapé depuis l'arrivée et entre tous les coureurs, finishers et non finishers, bénévoles, organisateurs et accompagnateurs nous avons fêté ça.
    Je viens de rentrer à la maison et je vais tout faire pour éviter que le spleen vienne me gâcher ce moment de retrouvailles avec ma famille.
    Et puis je pourrai retourner courir dès demain car le corps va encore m'en redemander.
    Cette année, j'ai manqué de gaz et ma moyenne est inférieure à celle des dernières TG ou TEFR. Donc l'entraînement va s'orienter vers l'objectif de regagner les 0,5 à 1 km/h manquants au final.
    Mais je suis néanmoins content de ce que j'ai fait.

    Il n'y a pas de recette pour réussir, il y en a pour échouer. A chacun de trouver celle qui lui convient le mieux. Mais ne faisons pas croire que tout le monde peut se permettre de ne jamais s'entraîner (ou de ne pas faire beaucoup de km en course à pied) et de réussir des courses à étapes de plusieurs semaines. Ceux qui réussissent ne sont pas nombreux et quand on prend le départ de ce genre d'épreuves on doit savoir que rien n'est écrit à l'avance, que des outsiders sont tout à fait capables de bien y figurer.

    à+Fab******€**

    Sur FB :

    Dernière étape de la Loire Intégrale 2015. Fin du canal dans la brume du petit matin au rythme des coups de fusils des chasseurs de gibier d'eau (heureusement que le road runner n'est pas un gibier d'eau, mais de route ! ). Arrivée à Paimboeuf, comme il n'y avait pas de ravitaillement de prévu, j'ai fait une halte dans une boulangerie pour acheter un flan et un coca. Une fois reparti, j'étais tout seul avec ma petite accompagnatrice à vélo qui ne devait me suivre que la première moitié de l'étape, les potes de devant m'ont pris plus de 500m et je ne les ais plus revus. La suite de l'étape se fit le long d'une route avec des véhicules roulant assez vite malgré le brouillard. Les 5 derniers km ont été moins pénibles mais toutefois difficles car sur des chemins sablo-caillouteux. L'arrivée comme toutes les arrivées de courses à étapes fut un moment de joie que je n'ai pas montrée tout de suite car j'avais cravaché dur pour me remettre dans le rythme. Mais après, je me suis lâché comme tous mes compagnons finishers de cette 3ème Loire Intégrale, organisée de main de maître par Annie et Dominique Chaillou, épaulés par un groupe de bénévoles aux petits soins.

    https://connect.garmin.com/modern/activity/872786191

     

    Classements publiés ultérieurement.


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  • Loire Intégrale 2015

    (mise à jour 19/04/2020)

    Je viens de terminer cette 11ème course à étapes de plus de 1000km effectuée en 10 ans. Cette année, il n'y avait que 1025km pour effectuer la descente de la Loire depuis sa source jusqu'à son embouchure. Vraiment sympa à vivre comme aussi de voir de merveilleux paysages.
    Voici donc le récit de ces 17 étapes.

    Étape 1 - Mer 5 Août
    Mt Gerbier de Jonc - Goudet (43) 50 km (camping « Au bord de l’eau » Goudet)

    Ambiance brouhahaesque au bar du camping de Goudet où le Maire nous a offert un pot d'accueil et d'amitié.
    La 1ère étape s'est bien passée sous une grosse chaleur avec de la montagne et donc du dénivelé "en veux-tu en voilà".
    Victoire de Patrick P 4h31’, 2ème Laurent SM 4h56’, 3ème Carmen 5h02’, 4ème Stefano 5h05’, 5ème Jean Louis crocsman 5h25’, 6ème JBJ 5h28’, 7èmes ex-æquo René L et moi-même 5h31’, 9ème Dom Caillé 6h03’, 10ème Fred Borel 6h29’, etc.
    Là on part manger puis dodo car demain le départ sera donné pour tous à 6h30.
    Pendant le repas ou après le repas Bernard va nous jouer quelques morceaux de musique.
    Super paysages et super ambiance. Loire intégrale = plaisir intégral

    Étape 2 - Jeu 6 Août
    Goudet - Retournac (43) 59 km 109 km (camping « les Ribbes » Retournac)

    La piscine est ouverte ce soir jusqu'à 22h et certains coureurs sont en train d'en profiter après cette journée de forte chaleur. Demain le départ est avancé à 6h car il va encore faire chaud pour aller à l'arrivée près de St Étienne.
    Aujourd'hui beaucoup ont souffert et plusieurs sont arrivés "cramés"avec du dénivelé au début (parcours "chameau" puis succession de plats-faux-plats avec progressivement la montée en température (entre 30 et 36°). Patrick Poivet a assuré après être parti prudemment. Ses proches suivants ont connu des fortunes diverses mais Laurent et Carmen ont complété le podium. Chez les seconds couteaux, le petit match amical à 3 s'est poursuivi et c'est JB qui m'a devancé, Crocsman arrivant juste après alors qu'il était devant nous toute la journée, mais la chaleur et la petite accélération "jibéesque" à quelques encablures de Retournac a eu raison de sa ténacité. Après vient René qui n'a pas voulu reprendre de risques et ensuite il y a un trou d'1 h comme hier. Stefano a payé cher son étape d'hier. Meilleure gestion de ma part, donc, même si à la fin je n'ai pu revenir sur JB. Je vous laisse car les yeux se ferment tout seuls.


    Étape 3 - Ven 7 Août
    Retournac - Saint Rambert (42) 57 km 166 km (camping « Frécon Vieux » Saint Just-Saint Rambert)

    Petite journée "galère" aujourd'hui alors que j'avais les jambes pour avaler les longues montées et descentes : mon cœur m'a fait le coup de la chamade à 5 reprises. La première, alors que j'avais laissé filer les bolides, est survenue après 2 km et j'ai dû m'allonger 5' pour faire passer la tachycardie. Je me suis alors retrouvé avec Fred Borel et j'ai commencé à rattraper d'autres coureurs jusqu'à Marie-Jeanne. La seconde arythmie se produisit alors et comme par enchantement un banc me tendait les bras. Je m'y allongeai à peine 2' et je repris la route. J'étais à 7 de moyenne depuis le départ ! La descente qui suivit me permit d'atteindre le ravitaillement 1 10 minutes après les hommes de tête (Jean Louis crocsman et Laurent) et 8' après Patrick et JB suivis de René.
    Je n'ai plus été ennuyé avant le marathon. Entre temps j'avais assisté à l'arrêt de Carmen, épuisée, en larmes. Elle avait souffert de la chaleur la veille déjà et n'avait plus de forces. A ce ravitaillement 2, ça m'a bouleversé, et il a fallu repartir. J'avais refait mon retard sur René et JB avec lesquels j'ai passé sans encombre le R3.
    La montée qui suivait me permit de rester au contact des deux compères et après une belle partie de yoyo ou d'accordéon, je ressentis les nouveaux symptômes d'une arythmie cardiaque que je gérai comme la précédente. Après une laborieuse montée j'étais avec JB et René nous suivait à distance quand nous atteignîmes le haut de cette dernière longue ascension. Or le cœur remit ça au moment où je retrouvais avec plaisir Robert et Martine Bertin venus nous faire une petite visite bien sympathique. Le temps de faire baisser le rythme cardiaque et de me ravitailler, ce qui prit 8' environ, et je repartais avec 12km à faire dont 7 ou 8 de descente. Avec la chaleur et les rares portions ombragées, je ne parvenais pas à me relâcher.
    Avant de suivre un chemin pour atteindre l'arrivée, une 5ème et dernière fois le palpitant s'emballa. Je l'ai vite géré, j'étais un peu désabusé et avec JB on a fini l'étape ensemble, pas trop fatigués à 7' derrière René mais à plus d'une heure des 2 premiers. Hans arriva en 6ème position Bien sûr, au classement ça fait "joli" de devenir 4ème, mais j'aurais préféré faire une autre moyenne que les 8,3 du jour.
    J'ai bien récupéré et je n'ai aucune douleur et aucun bobo digne de ce nom.

    Étape hécatombe avec 3 DNF. De plus, Crocsman a trouvé l'étape trop courte et est allé faire un peu de tourisme : il n'a pas vu le fléchage et s'est quelque peu rallongé.
    Je vous laisse car demain le départ est à 6h comme aujourd'hui.


    Étape 4 - Sam 8 Août
    Saint Rambert - Saint Jodard (42) 60 km 226 km (complexe sportif)

    Crocsman avait des ailes et le match à 4 ou 5 pour la 3ème place a sans doute tourné court aujourd'hui.
    JB, René et moi avons fini ensemble à une belle 5ème place certes mais à 1h10 de Crocsman, à 1h22 de Laurent et Stefano (qui ont marché les 5 derniers km !!! ) et 1h41 derrière Patrick. De mon côté, pas de blessure, juste un gros manque de jus et de faire du 8 à l'heure fait plus mal que de voir les gros écarts avec la tête de course.
    Un gros orage ayant inondé la tente où nous devions dormir mes affaires pourtant rangées dans ma valise ont été trempée. Mais la coque de ma valise est fissurée. Cet après-midi il fait beau, ça sèche.
    Bon, tout va bien quand même (j'allais écrire "tout baigne"). L'ambiance est comme toujours au top.


    Etape 5 - Dim 9 Août
    Saint Jodard - Chambilly (71) 62 km 288 km (complexe sportif de Chambilly)

    5ème étape avec un passage devant le château de la Belle au bois dormant. La sorcière du coin a dû me jeter un sort car j'ai perdu mes jambes : pourtant après l'orage d'hier et ma valise inondée je pensais avoir eu mon compte...
    Mes compagnons de galère et moi sur le chemin le long du canal de Roanne à Digoin à 8 de moyenne ! Et même pas blessé, il doit y avoir un truc qui fait masse.
    Ce fut à peine mieux que la veille et la fin fut assez poussive (tout comme le reste de l'étape d'ailleurs).
    Souhaitons que les jours prochains je puisse accélérer un peu pour retrouver une moyenne "décente" à moins que je n'aie pas le niveau de mes ambitions.
    On est à l'apéro-musical puis on va dîner et aller se coucher.



    Étape 6 - Lun 10 Août
    Chambilly - Gannay sur Loire (03) 72 km 360 km (complexe sportif de Gannay sur Loire)

    Une cascade de péripéties est venue s'ajouter à la très mauvaise journée passée à une allure d’escargot sur les routes de la LI : d'abord j'ai dû relaver et mettre à sécher les affaires trempées par l'orage de vendredi puis il a fallu attendre que l'intérieur de la valise sèche aussi ; ensuite le grand rangement , la préparation de la tenue pour le lendemain, les autres rituels, et quand il a fallu aller se coucher (et oui le temps passe vite sur la LI) je me suis méchamment entaillé un doigt avec mon rasoir en voulant prendre ma brosse à dents. Donc gros saignement que je n'ai réussi à endiguer qu'au bout de 30' avec l'aide de Nicole et de son vernis magique.

    L'étape d'aujourd'hui fut donc assez difficile pour moi, je n'arrivais pas à suivre le rythme de JB et René et les 4 premiers d'hier ont rapidement pris de l'avance même si Patrick est resté un peu en retrait. Un peu vallonné au début, le parcours nous a fait passer par le reste du canal de Digoin puis on a suivi une voie verte.
    J'avais rattrapé JB et René avec qui je suis resté pendant plusieurs km. René s'est détaché et j'ai continué avec JB qui n'avait pas beaucoup d'énergie. J'ai connu quelques petits soucis de moteur récurrents que j'ai gérés en marchant et après le ravitaillement 4 je me mis à accélérer et lâchai JB. J'ai couru à 9 de moyenne jusqu'au R5 malgré mes quelques arrêts. La suite fut un peu moins rapide mais je voulais limiter la casse et la perte de temps par rapport à Stefano et René. Ils étaient largement meilleurs que moi et ont fini loin devant. Les derniers km furent laborieux et un tendon (du côté de ma bursite) a commencé à me faire mal.
    Je finis plus d'1h40 derrière Patrick environ 1h derrière Laurent, Stefano et Crocsman, 25' aprés René mais 15' devant Frédéric, suivi de Hans puis JB (40' environ derrière moi). Au niveau météo on a eu de la chance, il y avait des nuages et la température n'était pas trop élevée.
    La commune qui nous accueille est toute petite (400 âmes) mais elle nous met à disposition sa salle des fêtes pour dormir et comme presque à chaque étape on a eu droit au verre de l'amitié offert lui aussi.
    Mes yeux se ferment, je coupe.


    Étape 7 - Mar 11 Août
    Gannay sur Loire - Fourchambault (58) 69 km 429 km (camping «Camping de la Loire» Fourchambault)

    J'ai eu de meilleures sensations aujourd’hui et j'ai réussi à courir des portions de 10km entre 9,3 et 9,8 km/h, mais avec le temps passé aux ravitos ça fait descendre fortement la moyenne qui reste inférieure à 9 sur l'ensemble de l'étape dont une partie s’effectua le long du canal latéral à la Loire puis sur la piste cyclable de "La Loire à Vélo" où les paysages furent assez agréables dans l'ensemble.

    Mais une longue ligne droite pour démarrer à froid le matin alors que vous avez gagné des points pour le concours de Mister catastrophe - j'ai renversé mon bol de café manquant de peu Patrick assis en face de moi et ça, ça vous met une grosse pression pour la journée, et JB pas en reste a fait la même chose ! A mon avis on a dû croiser une mauvaise fée ou respirer un nuage toxique : on a été élus boulets d'or de la journée.
    J’ai eu mal au tendon d'Achille pendant les 30 premières minutes puis après avoir assisté à un beau lever de soleil et admiré le canal avec de l'ombre, des cyclistes, des bateaux, des écluses, c’est allé un peu mieux.
    Les sensations sont revenues et j'espère surfer sur cette nouvelle dynamique demain et les jours suivants.
    Les autres copains et copines vont plus ou moins bien, certains ayant des douleurs (releveurs, ampoules, tendinites dues au dévers…)

    1er Patrick, 2ème Stefano, 3ème Laurent, 4ème Jean Louis, 5ème moi, 6ème René (à 4' seulement : il est costaud en ce moment et difficile à décrocher), 7ème JB...
    Je vais me coucher maintenant car demain il n'y a que 58km mais 34° sont annoncés, alors départ à 6h.


    Étape 8 - Mer 12 Août
    Fourchambault Cosne-Cours sur Loire (58) 58 km 487 km («Camping de l’île» Cosnes sur Loire)

    Très belle étape en partie à l'ombre pour ceux qui ont eu la chance de courir plus vite mais pour les autres ce fut le grand soleil et la chaleur (34° voire plus) qui va avec. Sancerre au détour de la piste cyclable de la Loire à Vélo nous est apparue dominant la vallée de ce long fleuve tranquille qu'on n'a pas beaucoup vu par contre.
    Un abandon sur blessure (suite à une autre blessure d'avant LI) : celui de Dominique Caillé qui s'est résolu à stopper ses souffrances au ravitaillement No 2 (22/23km).
    J'ai pris un départ prudent mais toutefois plus rapide que lors des étapes récentes. Les bolides étaient partis devant et vite, René et moi nous ne les voyions plus, sauf JB à plusieurs centaines de mètres. J'étais donc accompagné de René avec qui nous avions décidé de faire route commune, signant un pacte moral de non "agression" ce qui, compte tenu des conditions météo, nous convenait.
    Nous tournions à 6'20/1000 et à 9 de moyenne "lissée" par les ravitaillements. Il faisait bon, nous avons vu notre petit trio de campeuses qui suivent la même route que nous depuis la source de la Loire.
    Au ravito 3 nous avons dépassé JB et nous comptions alors plus de 30' de retard sur le 4ème (Jean Louis ou Stefano ou Laurent). L'allure devenait moins rapide mais supérieure à 8,5 et on s'arrangeait pour faire des pauses en marchant dès qu'il y avait un pont à franchir. La fin ne fut pas aisée en raison d'un gros manque d’ombre et la hâte d'en finir se faisait de plus en plus pressante. Il y avait 1 km de moins que prévu (mon GPS me donna même une distance globale de 56,5km au lieu des 58 annoncés).
    Nous avons fini 5èmes ex-æquo en 6h33’, pas très loin derrière Jean-Louis qui s'est encore un peu égaré (quand fabriqueront-ils des crocs avec GPS intégré ou détecteur de fausse route ?)
    Le 1er : Patrick, suivi de Laurent et Stefano (ou l'inverse), 4ème Crocsman, 5èmes René et moi, 7ème Fred Borel, 8ème JB, 9ème Hans Lachman, 10ème Marie-Jeanne...
    Demain, longue étape 71,5km. Franchissement du pont canal de Briare.
    Vivianne courra avec nous, pour faire les 2 étapes qu'elle n'avait pas faites en 2013.
    Fort risque de pluie voire d'orage ce qui fera peut-être chuter la température car 36 degrés ça use bien les organismes mais par contre le linge sèche plus vite
    Allez, c'est l'heure du dodo alors je vous dis à demain.


    Étape 9 - Jeu 13 Août
    Cosne - Cours sur Loire - Saint Père sur Loire (45) 71,5 km 558,5 km (camping «Le Jardin de Sully» Saint Père sur Loire)

    Étape longue et difficile pour moi surtout dans les 20/25 derniers km. Pourtant il n'a pas fait trop chaud et j'ai eu la chance de finir longtemps avant l'orage qui a trempé les 5/6 derniers coureurs. Un abandon précoce ce matin : Christian qui souffrait trop des jambes pour se lancer dans une épopée épique sur les routes et chemins de cette étape. Patrick gagne à nouveau devant le duo Laurent-Stefano puis viennent JL Crocsman, Vivianne, René et moi ensemble (merci à eux de m'avoir attendu et même traîné comme un boulet sut la fin ). Suivent Fred Borel à 5', JB à 10', Hans, Marie-Jeanne et ensuite c'est le trou de plus d'une heure pour voir finir sous la pluie Jos, Ewald et enfin les deux inséparables Kiki et Marie-Cécile, juste limites cut-off (qui ne sera pas éliminatoire). Elles souffrent, une a de sérieuses ampoules aux pieds. Leur courage est immense et elles finissent avec néanmoins un beau sourire. Demain, petite étape nous menant à St Jean de la Ruelle à côté d'Orléans).

     

     

    Étape 10 - Ven 14 Août
    Saint Père sur Loire - Orléans (45) 53,5 km 612 km (camping « Gaston Marchand » Saint Jean de la Ruelle)

    10ème étape courue sous une météo favorable : couvert, venteux à souhait, tempéré...
    Nous avons passé beaucoup de temps à longer la Loire sur la levée ce qui devint monotone au bout d'un certain moment même si j’en connaissais déjà des portions. Nous avons couru sur des pistes cyclables au revêtement tantôt style billard tantôt style trail, et sur très peu de routes ouvertes aux autos... On était tranquille et comme il y avait beaucoup de longues courbes à négocier pour suivre les méandres de la Loire, les runnings ont crissé dans les virages !
    J'ai de nouveau fait route commune avec René ; chacun à notre tour on menait l'allure. 5km avant Orléans nous avons traversé un parc agréable où les coureurs locaux doivent souvent s'entraîner puis une fois la Loire franchie pour revenir sur la rive droite, au nord, il restait 4500m de quais à se coltiner. Heureusement qu'il y avait quelques petits lièvres pour nous booster ainsi nous avons réussi à rester au contact de JB qui nous avait largement distancés dès le départ.
    1ers Patrick et Stefano, 3ème Laurent, 4ème Crocsman, 5ème JB, 6èmes René et moi, 8ème Fred Borel, 9ème Hans… A noter l'abandon de Marie Cécile qui souffrait de grosses ampoules.
    Nous ne sommes plus que 13 encore en lice, mais Jean revient demain tenter de finir la partie Orléans-Océan.
    Demain : 59km toujours le long de ce fleuve sinueux qu'on traversera 3 fois pour finir sur la rive gauche (sud).

    Étape 11 - Sam 15 Août
    Orléans - Vineuil (41) 59 km 671 km (camping « le Val de Blois » Vineuil)

    En ce 15 août, pour la 11ème étape, nous avons craint jusqu'au moment du départ de devoir courir sous la pluie. Ça n'avait pas arrêté de la nuit ! Heureusement il n’y eut pas de dégâts dans les paquetages comme ce fut le cas la semaine dernière. Nous avons donc quitté Orléans en deux vagues, les moins rapides dès 6h et les autres, dont je faisais partie, 30' plus tard.
    Comme tous les jours, la "bande des cinq" nous distança très rapidement, et comme tous les jours je me retrouvais avec René. On partait lentement et on gardait l'allure le plus longtemps possible. Ça semblait nous convenir à tous les deux et comme cela créait de l'entraide je me voyais mal aller lui "piquer" la courte avance qu'il possédait sur moi au général (8'). D'ailleurs, en aurais-je été capable et à quel prix avec un vent de face soutenu qui avait pris la place du temps maussade de fin de nuit ? Cette journée fut donc un presque parfait copier-coller des dernières étapes : on revint sur JB au ravitaillement 3 ou 4 et on finit ensemble. L'allure moyenne (6'45/km) tient compte du temps passé à chaque ravitaillement, soit entre 3 et 5', ce qui donne environ 15 à 20' sur l’étape. C'était quand même beaucoup à mon avis mais je n'arrivais pas à faire moins. Les beaux paysages d’aujourd'hui, au plus près du fleuve, où résonnaient les chants et cris des nombreuses variétés d'oiseaux (cygnes, sternes, oies sauvages, canards etc), m'ont fait penser qu'on se rapprochait de l'océan mais il restait encore plus de 300km à faire néanmoins. Nous avions atteint le point le plus septentrional de la Loire, nous redescendrons vers le sud-ouest par la suite. En ce jour férié, de nombreux cyclistes ont défilé sur les bords de ce long fleuve pas tranquille pour la circonstance.
    Au général, le podium avait changé, Stefano chipant la 3ème marche à Crocsman. Jean Louis me fit essayer des crocs qu'il avait en réserve : allait-il me convertir ? J’en achèterai une paire qui au pire remplacera mes sandalettes qui font rire tous ceux qui me voient marcher avec.


    Étape 12 - Dim 16 Août

    Vineuil - Montlouis sur Loire (37) 61 km 732 km (camping « les peupliers» Montlouis sur Loire)

    Et oui, JB avait mangé du lion et a failli nous dévorer tout cru.
    Quand on est partis pourtant rien ne laissait penser qu'on allait faire une étape digne de celles que j'ai connues sur les TG et TEFR. JB est parti tranquillement au train avec Stefano. La distance nous séparant de la tête de la course ne me semblait pas aussi importante que lors des dernières étapes mais après un moment je n'aperçus plus personne devant si ce n'est Patrick qui démarrait rarement à toute blinde. J'étais encore avec René mais je piaffais d'impatience d'augmenter le rythme car je ne voulais pas laisser trop de champ libre à JB.
    Or au premier ravitaillement situé au km 14, je constatais qu'il avait pris la tête de la course avec Stefano et qu'ils étaient déjà passés depuis 10' ! J'avais laissé René qui n'avait pas pu me suivre - je courais alors à 5'35/5'45 au km - et je me disais qu'en fin de journée ça pouvait faire un éclat de près de 3/4 d'heure de la part de JB. Mon objectif : rester à moins de 15' au 2ème ravito et à moins de 20' au suivant.
    Je n'oubliais pas non plus que nous passions à côté de châteaux illustres (Blois, Chaumont, Amboise) et de sites remarquables, alors j’en profitais pour coupler récupération et tourisme en prenant quelques photos. La traversée d'Amboise un dimanche d'été ne fut pas simple tant il y avait de monde en voiture ou à pied. Et il ne fallait pas rater l'endroit où on devait monter sur les hauteurs.
    Nous avons longé la Loire de loin en passant sur les coteaux sud et là ce fut donc vallonné. La météo fraîche au départ s'adoucissait et il y avait beaucoup de portions ombragées. Vignes, champs de maïs et autres cultures, ça changeait des roseaux, bouleaux ou saules des bords de Loire.
    Mon débours s'amplifia et était de 20' à l'entame du dernier tronçon. Avec un peu de persévérance je pouvais espérer moins de 30' au final et je me doutais que j'allais prendre aussi cette 5ème place au général tant convoitée. Mon frère me fit la surprise de venir me voir avec son fils et je poursuivis mon effort, mais à une allure moins vive (6'20/km). J'arrivais au camping avec 26' de retard sur JB, 5' sur Crocsman que j'avais presque rattrapé au gré d'une de ses nouvelles escapades hors circuit. J’avais beaucoup réduit mes temps d’arrêts aux ravitaillements.
    René arriva une vingtaine de minutes après moi en ayant toutefois couru à une moyenne record.
    Patrick et Stefano finirent ensemble suivis de JB, Laurent, Crocsman, moi, René, Fred...
    Ce fut une belle journée en définitive malgré le fait que mon avance sur JB se soit réduite à 1h45 et qu'il restait 5 étapes. Il m'avait mis la pression, mais j'aimais bien car ça me permettait de forcer un peu et donc de courir à des allures de la TG (9,6 de moyenne). Et comme on est des guerriers tous les deux, le match allait être passionnant.

    Étape 13 - Lun 17 Août
    Montlouis sur Loire - Savigny en Véron (37) 67 km 799 km (camping « la Fritillaire» Savigny en Véron)

    En ce jour de 13ème étape de la Loire Intégrale, je fêtais mon 10ème anniversaire de mon premier départ d’une course à étapes : c’était de Roscoff pour ma 1ère Transe Gaule.

    Au soir de cette 13ème étape, je constatais qu'il ne restait plus que 225km à faire en 4 jours : 70,5 + 69,5 + 62 + 23. Donc deux étapes un peu plus longues, une moyenne et une courte.
    J'espérais que les deux prochaines journées allaient aussi bien se passer que celle d'aujourd'hui.
    Pourtant ça avait mal commencé pour moi, mon tendon d'Achille droit me faisant souffrir à chaque foulée et une fois passé, c'est le cœur qui s'emballa et comme j'avais l'habitude, je savais gérer et je dus m'arrêter quelques minutes sur un banc qui passait par-là. Une fois revenu à un rythme normal, je repris la course et entamai une remontée progressive du peloton avec lequel j'étais parti.
    La traversée de Tours ne me fit pas perdre de temps et j'arrivai au ravitaillement 1 (km14) en constatant que comme la veille JB m'avait mis déjà 10' dans la vue. Je me dis que j'allais prendre cher et je repartis en essayant de limiter les dégâts. Je rattrapais les coureurs du 1er groupe partis 30' avant nous et au loin j'aperçus une silhouette qui m'était familière : JB ! Il avait manqué un fléchage et avait fait 1km de rab au moins. Alors, je me dis que j'avais eu de la chance et me mis en quête de rester au moins en contact visuel.
    A un moment nous passions sur une route bordée de champs de maïs dont certains étaient en plein arrosage, je vis JB faire demi tour et revenir vers moi en sprintant. Il avait oublié quelque chose au ravito ? Non, il voulait simplement éviter le retour du jet d'eau tournant dont il n'avait pas bien évalué la trajectoire.
    Sur ce, la jonction était faite et nous allions donc rester ensemble, ou à vue, jusqu'à l'arrivée que nous avons franchie côte à côte. Entre temps, nous avions eu le droit de nous faire filmer par France 3 Centre.
    C'est encore Patrick qui gagna devant Stefano et Laurent puis JL Crocsman, JB et moi, Frédéric, René, Marie-Jeanne…

    Lors de cette étape, nous avions longé la Loire puis le Cher pour de nouveau retrouver la Loire. Dans les parages se dressaient quelques beaux châteaux hélas trop excentrés pour qu'on puisse les admirer convenablement et plus longuement, quelques beaux villages se présentaient comme Savonnières avec son reflet dans le Cher et ses gabares mouillées au bord de la rivière. La route de la levée nous fit retrouver un peu de circulation (autos et vélos) et nous trouvâmes le temps long mais heureusement il y avait de belles parties ombragées. Nous étions dans le pays des vins de Chinon, non loin aussi du vignoble de Bourgueil et par la suite on attaquera le Saumurois. La Loire, c'est autant réputé pour ses châteaux que ses vignobles. Le soir comme pratiquement tous les soirs un pot fut donc offert par la Mairie afin de nous permettre de déguster quelques vins locaux.

    Le lendemain, il y aurait 70,5km au programme avec le passage sur les quais de Saumur...

    Étape 14 - Mar 18 Août
    Savigny en Véron - Ste Gemmes/Loire (49) 70 km 869 km (camping « Le grand Jard » Sainte Gemmes/Loire)

    Pour cette 14ème étape, je n'avais pas prévu ce scénario, j'étais même plutôt à me demander dans quelle galère j'allais me retrouver. Or, après quelques hectomètres, suite au départ à allure modérée mais néanmoins rapide du G5 (Stefano, Laurent, Crocman, JB et Patrick), je me suis accroché à eux en visuel et j'ai vite constaté que je ne me faisais pas distancer, en tout cas moins que lors des précédents départs. Donc cela me permit de parfaire à la fois mon échauffement et ma confiance. Les kilomètres défilant à plus de 10km/h, le 1er ravitaillement arriva vite puis ce fut le passage de la Vienne et la levée vers Saumur où je me plaçai en 4ème position, place que je n'allais plus quitter de la partie. J'utilise le mot partie car ce fut comme lors de certaines étapes des TG ou TEFR passées où je me suis bien amusé. Certes ce moment d’euphorie contrôlée n’a duré que le temps que je fasse un gros écart sur mes poursuivants car les 22 derniers kilomètres furent plutôt laborieux.
    J'avais pris néanmoins le temps de faire quelques photos : château de Saumur, villages de caractère, embarcations sur la Loire avec un beau soleil levant… La météo avait été à la hauteur avec de la fraîcheur jusque tard dans la matinée, beaucoup de zones ombragées et du grand soleil parfois caché par des nuages bienvenus. Nous avions couru sur la route de la levée où il y avait eu un peu de circulation et nous avions encore vu beaucoup de cyclistes.

    En ce jour d’anniversaire de mon frère, ma motivation avait été décuplée pour tenter un petit truc sympa. Ainsi je me suis accroché pour aller chercher une belle 4ème place. Au final je me suis constitué un petit matelas confortable sur mes poursuivants ce qui allait me permettre de faire les prochaines étapes sans pression.
    Celle du lendemain aura une longueur proche de celle de cette 14ème étape (70 km environ) et nous arriverons dans notre département à Patrick et moi. Des visites seront attendues.

    Étape 15 - Mer 19 Août Ste Gemmes sur Loire - Oudon (44) 70 km 939 km (camping « La Tour » Oudon)

    J'avais fait le malin la veille avec Jean Louis Crocsman et aujourd'hui il m'a réduit en bouillie
    Je n'ai pourtant pas musardé en route mais il avait chaussé ses crocs de 7 lieues

    Patrick Poivet arrivait chez lui ou presque et il tenait vraiment à marquer son territoire en gagnant l'étape sans partager. 6h24 pour 69,7km. Derrière, l'entente Crocsman/Stefano suivie de Laurent fit « le boulot ».
    Puis un grand vide... et soudain débouchait René qui m'avait rattrapé à 10km du but avec qui je finis l'étape ex-æquo comme il y a peu de temps encore. Venait ensuite Fred Borel. On a ensuite attendu un peu, toujours personne en vue. Après la douche et le linge, est arrivé un JB assez marqué à qui les jambes ont rapidement fait défaut pendant cette longue étape. Les autres concurrents sont arrivés au compte-goutte jusqu'après 19h pour la dernière. Cette étape a alterné les parties agréables avec de beaux paysages et des moments moins appréciés avec de longues parties interminables de route sur la levée de la Loire surtout qu'on ne la voyait plus beaucoup alors, la Loire.
    Nous étions rentrés dans mon département et on passerait "chez moi" le lendemain. Ainsi j’espérais faire bonne figure entre les km 27 et 34, quand je traverserais ma ville.
    62km puis 23km le lendemain nous restaient pour conclure ce périple ligérien. Il fallait en profiter pour les déguster car ce genre de course finit tellement vite !

     

    Étape 16 - Jeu 20 Août
    Oudon - Frossay (44) 62 km 1001 km (camping «Le Migron » Frossay)

    L’avant dernière étape aujourd'hui, d'Oudon à Frossay passait par chez moi.
    Une partie du parcours ne m'était pas inconnue - le marathon de Nantes, mes circuits d'entraînement et des balades à vélo m’avaient amené à en emprunter de nombreux tronçons - et je savais que ma famille allait venir me voir passer. Le démarrage fut poussif car je n'avais pas envie de partir vite et parce que la douleur à mon tendon d’Achille mettait toujours un certain temps avant de se faire plus discrète. Du 9 à 9,4 de moyenne me convenait et seuls 4 coureurs s'étaient détachés (Patrick, Laurent, JL Crocsman et JB). Stefano avait été malade toute la nuit et vite il se rendit compte qu'il ne pouvait pas aller aussi vite que lors des dernières étapes. Je suivais de très loin le groupe de tête et pas loin derrière il y avait René. Au R1 je ne vis personne des 4 de devant puis au R2 je rattrapais JB avec qui je poursuivis ma route. Au R3 ma famille m'attendait et ça me fit du bien, mais mentalement peu à peu j'ai lâché. Au R4 nous vîmes René nous reprendre et nous poursuivîmes à 3 accompagnés de François Fouques venu courir l'étape. Il avait déjà fait la Loire intégrale. La presse était là le long du canal de la Martinière nous avons été filmés. Au R5, elle était encore là et nous avons été interviewés JB et moi. Le reportage passerait aux infos à 19h le soir. René était reparti pensant que nous allions le rattraper mais 5' de questions ajoutées aux 5' pour se ravitailler, ça faisait beaucoup. Notre retard était trop important e la dernière partie fut longue le long du canal, mais aussi très jolie. Laborieusement nous avons terminé en 7h05 à 10' de René et très longtemps après les 3 premiers. Crocsman reprend la 3ème place à Stefano, bien malade et sans forces.
    Plus que 23,5km à faire pour boucler ma 1ère Loire Intégrale.

    Étape 17 - Ven 21 Août
    Frossay - Saint Brévin (44) 24 km 1025 km


    Dernière étape de la Loire Intégrale 2015. Du camping de Frossay nous avons fait la fin du canal dans la brume du petit matin au rythme des coups de fusils des chasseurs de gibier d'eau : heureusement que le road runner n'est pas un gibier d'eau, mais de route ! Arrivé à Paimbœuf, comme il n'y avait pas de ravitaillement de prévu, je fis une halte dans une boulangerie pour acheter un flan et un coca. Une fois reparti, j'étais tout seul avec ma petite accompagnatrice à vélo qui ne devait me suivre que la première moitié de l'étape, les gars de devant m'avaient pris plus de 500m et je ne les ai plus revus par la suite. De Paimboeuf jusqu’aux abords de Saint-Brévin il fallut cheminer le long d'une route croisant des véhicules roulant assez vite malgré le brouillard. Les 5 derniers km furent moins pénibles mais toutefois difficiles car sur des chemins sableux et caillouteux. L'arrivée au pied du Pont de Saint-Nazaire (un peu après quand même) fut, comme pour toutes les arrivées des dernières étapes de ce genre de courses, un grand moment de délivrance. Je n'ai pas fait éclater ma joie de manière exubérante, ce n'est pas mon style et il me faut toujours quelques minutes pour débrancher le mode "cours-ne-te-pose-pas-de-questions-oublie-tes-douleurs-tu-te-reposeras-quand-tu-seras-arrivé". J'étais un peu désabusé d'avoir tant peiné pour une simple petite histoire de 23km, comme si j'en avais fait 40 avant. C'était la fatigue peut-être. Mais je me suis rattrapé après l'arrivée et avec tous les coureurs, finishers et non finishers, bénévoles, organisateurs et accompagnateurs nous avons fêté ça.

    Cette 3ème Loire Intégrale avait été organisée de main de maître par Annie et Dominique Chaillou, épaulés par un groupe de bénévoles aux petits soins.

    Après le repas festif, je suis rentré à la maison et il fallait tout faire pour éviter que le spleen vienne me gâcher ce moment de retrouvailles avec ma famille. Et puis je pourrais retourner courir dès le lendemain car le corps m'en redemanderait encore.


    Lors de cette épreuve, j'ai manqué de gaz et ma moyenne fut inférieure à celle des dernières TG ou TEFR. Donc je savais autour de quelle séances l'entraînement devrait s'orienter dans l'objectif de regagner les 0,5 à 1 km/h manquants au final. Mais j’étais néanmoins content de ce que j'avais fait.

    Il n'y a pas de recette pour réussir, il y en a pour échouer. A chacun de trouver celle qui lui convient le mieux. Mais ne faisons pas croire que tout le monde peut se permettre de ne jamais s'entraîner (ou de ne pas faire beaucoup de km en course à pied) et de réussir des courses à étapes de plusieurs semaines. Ceux qui réussissent ne sont pas nombreux et quand on prend le départ de ce genre d'épreuves on doit savoir que rien n'est écrit à l'avance, que des outsiders sont tout à fait capables de bien y figurer.

    à+Fab******€**&

     

     


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  • La Transe Gaule 2016 vient de se terminer. Cette année je n'ai pas souhaité m'encombrer de mon PC et je n'ai donc pas pu mettre à jour ce blog comme je le faisais lors des autres éditions.

    Je vais vous raconter au jour le jour ces 19 jours en remettant les articles que j'ai postés sur les forum de course à pied :

    Le prologue. JB nous a demandé à Gwen Quéant et moi même d'être meneurs de revue afin d'éviter que des kamikases ne s'égarent dans la pampa bretonne.

    1ère étape courue en 6h40'48" pour 62km. 12ème place. Toujours assez difficile de rentrer dans le match même si j'ai eu des jambes pendant 40km. La fin fut moins évidente mais j'ai quand même réalisé un de mes meilleurs temps si ce n'est le meilleur (à vérifier).
    Beau temps parfois chaud au soleil et sans vent. Les zones d'ombre étaient les bienvenues. J'ai fait connaissance avec de nouveaux coureurs. L'ambiance est bonne. Nous étions quand même plus de 100 au repas d'hier soir.
    Je vais bien. Comme les soirs de première étape.
    Déjà deux abandons : un taiwanais et Don Winkley le coureur américain qui s'est retrouvé sans jus après 30 miles.
    Demain : même genre d'étape. On verra ceux qui confirment, ceux qui sont allés trop vite aujourd'hui et les prudents qui commencent à se lâcher.

    Un petit point après 2 étapes et 132km.
    Tout se passe bien sur la course, l'ambiance est bonne, on fait tous peu à peu connaissance et pour l'instant la météo est bonne : fraîcheur matinale, soleil avec nuages bienvenus, pas de vent, de l'ombre avec les nombreuses haies et zones boisées traversées.
    La course est intéressante à tous les étages, il y a déjà une certaine hiérarchie qui se met en place sachant que des impondérables peuvent venir la chambouler un petit peu.
    Demain, pour la relativement longue 3ème étape, il y aura 2 groupes, l'un partant à 6h30 et le second (dont je fais partie) à 7h.
    Il y a eu 2 abandons lors de la première étape mais l'ensemble des coureurs ne paraît pas touché par les blessures sérieuses. Pourvu que ça dure car c'est toujours un crève-coeur de laisser un compagnon sur le bas-côté.
    De mon côté, ça se passe assez bien, mais je sens que je suis un peu bridé surtout en côte. Alors je patiente. J'ai fait les 25 derniers km avec David Ardid et William Guillot. On a certes beaucoup bavardé mais on a bien avancé.
    Le CR ne serait pas complet sans quelques données chiffrées : (promis j'en mets peu)
    Mon temps global est mon 3ème meilleur sur mes 9TG. Ma moyenne me "déçoit" un peu mais j'avais peut-être - sûrement même - un peu présumé de mes forces. On verra dans les jours qui viennent et quand on aura franchi la Loire.

    PS: visites sympas de Paskal Le Nagard, Sylvain Ethoré, Maurice Chenais et hier de Rémy Dréau. J'espère ne pas en oublier.

    Salut tout le monde. 3ème étape finie mais que cela fut difficile pour moi ... et d'autres. Trop beau temps pour cette longue étape. 
    Et bien les jours se suivent et ... ne se ressemblent pas pour tous.
    Dans mon cas, j'ai connu quelques soucis d'arythmie cardiaque et une guêpe m'a piqué sur le bas du tibia. Donc d'une journée qui aurait pu être une belle journée, ça a donné une aventure compliquée. Bon, mon chrono en aurait satisfait beaucoup mais je n'étais pas parti pour faire plus de 8h15. J'ai mis 8h36' en étant à la ramasse après le km30, moment de la survenue de ma première crise. Après, ça n'a plus été pareil et j'ai donc dû gérer. Je finis 10ème ce qui tempère ma déception.
    D'autres coureurs ont certainement eu plus de difficultés que moi.
    Ce matin, 3 DNS, ce qui fait que nous n'étions plus que 43 participants.
    Il y a eu quelques défaillances et aussi quelques coups d'éclat et même des coureurs qui trouvaient que ce n'était pas assez long de courir 76km et qui ont rallongé l'étape de quelques bornes (n'est-ce pas Vincent?)
    Bon, c'est l'heure d'aller dîner.
    A demain pour des nouvelles aventures.

    4ème étape. Pas de jambes. Fini en rampant ( :-) ). Etape pas évidente en ce qui me concerne car plombé mentalement et physiquement par la difficile étape de la veille.
    Parti avec le 2ème groupe "gentiment" je me suis retrouvé serre-file assez vite, le temps que Gwen se mette en route. L'allure n'était pas très soutenue (9,4) et me convenait malgré des courbatures aux quadriceps.
    Une fois sorti de la voie verte (km11) je pensais pouvoir maintenir au moins ce tempo mais il n'en fut rien. Incapable de courir les côtes et autres faux-plats montants, j'étais bridé. Il faisait encore bon, frais, mais on sentait qu'avec ce beau soleil ça allait devenir ardu.
    J'ai remonté la fin du groupe des 6h30 moins rapidement que la veille jusqu'à ce que je n'aie plus assez de vitesse pour rattraper ceux de devant.
    J'ai rongé mon frein toute l'étape, gaspillant du temps aux ravitos. Bref, je n'étais plus dedans. Pourtant le coeur m'a laissé tranquille mais ce sont donc les jambes qui m'ont trahi.
    Je mets 1h environ de plus que mes temps "habituels" sur cette étape : 8h03. Je finis 13e et vais partir demain avec le groupe matinal de 6h30.
    Massages ce soir pour dénouer les muscles des jambes puis restau avec ma femme Pascale qui en a profité pour remporter les trucs inutiles que j'avais dans mes bagages.
    Demain, 71km, météo encore au grand beau temps, espérons que ma vitesse de course s'améliore car du 8,2 ça ne va pas le faire même si je ne suis pas blessé.

    5ème étape. 50 bornes comme hier, difficiles car je n'arrivais pas à mettre du rythme, puis les 20 dernièrés où je me suis donné un coup de pied aux fesses pour finir à une allure certes pas très rapide mais qui m'a permis de me rassurer et d'enfiler à nouveau ma tenue de guerrier.
    La chaleur était de la partie sur ce beau parcours vallonné. Je dois terminer 11ème de l'étape en ayant toutefois mis plus d'une heure de plus que mes meilleurs temps ( tout comme hier).
    Et bien je vais me contenter de ça, je n'ai pas le niveau pour aller chercher plus.
    Ce soir je ne vais pas faire la fine bouche malgré cette étape courue trop lentement à mon goût, mais quand je vois certains coureurs souffrir je relativise et me dis qu'il faut que j'arrête d'être insatisfait. Certains ont mis 3 à 4 h de plus que moi. 
    Je cours moins vite que les années passées, donc je mets plus de temps. Un point c'est tout.Je me suis quand même testé et rassuré quant à mon mental de fighter et ce sont les 20 dernières bornes qui en ont fait les frais.Temps toujours aussi estival, peu de zones d'ombre en fin de parcours, on a eu bien chaud. Heureusement que j'avais prévu le brumisateur et que je me suis bien alimenté et hydraté.À ce propos, la municipalité nous a offert un apéritif : du Côteaux du Layon. Et le repas du traiteur ne fut pas en reste.Demain, étape courte de 53km. Ça devrait permettre à beaucoup de se refaire une santé et de se regonfler le moral. A demain.

    6ème étape. Et encore une de faite ! Et comme j'aurais aimé que Pierre Chanteclair et Marie Doke puissent en dire autant ! mais leurs douleurs ne leur ont pas permis au moins d'arriver à Doué. On perd deux grands athlètes, deux amis.
    Aujourd'hui, le super beau temps qui ravit les vacanciers n'a pas été notre allié sauf en ce qui concerne les paysages qui ont été mis en valeur. Les 30 premiers km ont été un régal pour les yeux et c'est déjà ça de pris pour ma part car pour ce qui touche à la course elle-même j'ai encore été bloqué par mon traitement (bétabloquants). Je n'ai pas pu monter les côtes intégralement en courant car le coeur ne pouvait pas monter dans les tours : c'est le but du traitement mais c'est embêtant car je suis obligé de laisser les autres filer sans rien pouvoir faire... Et pour un warrior comme moi c'est comme lutter à main nues contre des chevaliers en armure.
    C'est ainsi et je ne vais pas me plaindre outre mesure parce que j'ai la chance d'être là et toujours dans la course à l'étoile.
    Demain est un autre jour et je vais essayer de faire changer la tendance qui les fait tous se ressembler (tiens, c'est le contraire de ce que j'affirmais il y a 4 ou 5 jours).
    Allez, après une bonne nuit dans la tiédeur de la salle, on remet tout à zéro et on repart tels des robots.
    Pourvu que certains de mes potes de course puissent faire toute l'étape en dépit de leurs blessures car le nombre d'arrêts est déjà trop important.
    A demain.

    7ème journée sur les routes de France. Déjà plus de 450km de parcourus. 9ème abandon aujourd'hui : cette épreuve est vraiment impitoyable et nous sommes encore 39 à prendre le départ demain (+ 2 qui reprennent après leur abandon du 1er jour).
    La journée a été chaude mais de 6h30 à 11h ça pouvait aller car les rayons du soleil n'étaient pas encore trop forts et il y avait quelques zones d'ombre.
    J'ai fait un début d'étape frustrant en laissant une grosse quinzaine de coureurs prendre peu à peu leurs distances et leur vitesse de croisière. Pour compenser j'ai mis le MP3 pour m'isoler et éloigner les mauvaises ondes. Les paysages des 30 premiers km étaient encore de toute beauté; on est passé des vignes aux cultures céréalières ou aux champs de melons non sans avoir admiré le château de Montreuil-Bellay au sortir d'un long sentier rocailleux (merci à Patrick Bonnot pour cette "carte postale" que je ne me lasserai jamais d'admirer.
    Après la mi-course, on reprend les routes assez tranquilles en ce jour férié puis une fois qu'on a traversé Loudun, on emprunte la fameuse D14. Là, il faisait chaud et autant les 45' précédent Loudun avaient été rapides (j'ai effectué un test pour voir si j'avais du répondant), autant cette longue partie de route sans ombre ni bas-côtés fut pénible. Je n'ai pas pu réaccélérer et je me suis contenté de mon allure plus que poussive. Ma moyenne étant meilleure que celle des derniers jours je n'étais pas déçu. Il fallait toutefois atteindre l'arrivée ce qui ne fut pas si aisé que ça d'autant plus que le soleil m'a fait avoir des hallucinations visuelles et sonores : j'entendais des tracteurs qui voulaient me dépasser et j'en voyais d'autres dans les champs (en fait il n'y en avait qu'un).
    Je finis content de ma journée même si je reprends encore de gros éclats mais le principal objectif est atteint : finir la journée sans bobos.
    David nous a quittés, peu avant le marathon, dommage qu'il se soit blessé au genou (tendinite du tendon rotulien).
    Demain, étape peu vallonnée et longue de 64km. De longues et interminables routes avec le retour des camions et de la circulation. C'est un paramètre supplémentaire à gérer.
    Pas de douche donc on se lavera au jet, sauf si je me paie l'hôtel. On avisera selon l'état physique et/ou psychologique.
    A+

    8ème étape. Et bien aujourd'hui, l'étape a dépassé ce que j'avais redouté : pas de vitesse, longues parties monotones et surchauffées, perte de l'envie de m'accrocher à une très hypothétique moyenne. J'ai pris mon ego, je l'ai rangé dans un coin de mon sac et je me suis fait une raison : arrêter de me prendre la tête avec le chrono et autres moyennes, cesser les comparaisons avec le Fab des éditions passées et récentes. Je consulte le classement, je ne suis pas hypocrite d'affirmer le contraire, et ça fait mal. Mais si ça peut me faire conserver la petite lueur qui me guide et me fait avancer... Je n'ai pas de blessure, sauf dans la tête, je vais poursuivre mon long, très long petit bonhomme de chemin.
    A+

    9ème étape. Cuit, cuit, cuit, le canari est cuit mais il est arrivé au bout de cette étape longue, chaude et de plus en plus vallonnée surnommée étape érotique (69km : je n'ai pas tout perdu notamment le sens de l'humour). Après quelques rafraîchissements à base de houblon, ça va déjà mieux et je me projette sur l'étape de demain "la chtite étape" (62km). A+

    10ème étape. On souhaitait de la fraîcheur, on en a eu : grisaille au départ puis pluie fine à modérée avec un peu de vent. C'était agréable et faisait baisser la température corporelle qui s'était enflammée ces derniers jours.
    Seuls inconvénients à la pluie c'est que lorsqu'on part en tee-shirt sans coupe-vent ni poncho et que le frais se transforme en froid vous essayez de trouver un bout de bâche ou un grand sac poubelle. Mais ça ne court pas les routes limousines. Dans un village il y avait une droguerie où j'ai pu acheter un poncho de secours. Il m'a servi une heure et la pluie s'est arrêtée. Second tracas, ce sont les pieds qui étaient trempés et ma crainte était d'avoir des ampoules. Je n'en ai pas eu ! Ouf.
    Encore une étape avec des dégats : 2 abandons à cette heure, dont celui de Vincent.
    Cette année, le record est déjà battu du nombre d'arrêts. A quoi est-ce dû ? Au trop beau temps de la première moitié ? Au grand nombre de néophytes ? Je ne sais pas.
    Demain étape courte mais pentue, départ décalé de 30' pour tous (7h).
    A+

    11ème étape. Etape courte et magnifique au niveau paysages. Le soleil a été de la partie mais il y avait pas mal d'ombre. Le dénivelé augmente peu à peu, l'organisme s'adapte bien.
    Je gère à mon allure 2016 qui ressemble étrangement à celle de mes débuts sur la TG, les blessures en moins. Mais quand j'arrive je suis aussi content que lorsque je mettais 1h de moins.
    Prendre le temps, c'est mon habitude, quand on parle du chrono, mais maintenant j'utilise la formule dans le sens de ne pas se presser. Et ça, c'est pas mal aussi pour aider à passer tout ce temps supplémentaire sur les routes reliant la Manche à la Méditerranée.
    A+

    12ème étape. De la pluie est venue doucher notre réveil; ça faisait du bruit sur le toit de la salle de Peyrelevade. Quand nous sommes partis, de la salle au lieu d'aller en haut du village (lieu d'arrivée de la veille) il pleuvait encore et nous mîmes pratiquement tous notre poncho.
    Départ de surcroit à la frontale, le convoi s'ébranla dans la nuit.
    Je mis du temps à trouver une cadence qui me satisfasse. A Millevache... pas de vaches ! Et même pas de panorama sur la chaîne des Puys !
    Meymac, après une route descendante qui a fait descendre mon heure prévisible d'arrivée de quelques minutes, a été traversée sans encombre et à la sortie Jean-Benoit avait inscrit sur la route à la bombe que je franchissais mon 10000ème km de Trans Gaule.
    Après cette 1ère partie on passe sur de petites routes très calmes où on peut courir détendu sans avoir à redouter les autos des vacanciers qui rentraient chez eux. C'était assez vallonné, très joli même sous la pluie.
    Après avoir traversé Palisse et ses jolis bâtiments (église, fronton avec des cloches, l'ancienne épicerie tenue autrefois pas Paulette, aujourd'hui décédée, plein de souvenirs me sont revenus en tête. J'avais mis le MP3 qui aide aussi à mettre du rythme dans ma course. Ainsi le village de Neuvic ne se fit pad attendre. La suite fut moins évidente qu'imaginée. La longue descente vers la Dordogne n'est pas une réelle descente sur les 5/6 premiers km et suand la pente fut plus importante je n'avais pas les jambes pour "envoyer".
    Le franchissement de la Dordogne marqua l'entrée simultanée dans le Cantal et en Auvergne. Cette longue montée, empruntée par les coureurs du Tour de France cycliste et dont subsistaient de nombreuses inscriptions au sol, je la gravis sans trop de soucis à mon grand étonnement, et bien sûr cet état "de grâce" ne dura pas assez longtemps. Je finis néanmoins l'étape dans un temps qui me convient compte tenu de mes dernières étapes.
    Demain, 4 cols au programme. On verra.
    A+

    13ème étape. Aujourd'hui j'avais décidé que si la première partie de l'étape se passait bien j'allais tenter de mettre un peu plus de vitesse dans ma course. Les 10 premiers km s'étant déroulés sans trop de soucis, je profitais donc des quelques portions vallonnées avant Salers pour placer quelques accélérations en descente puis en côte. Ça le faisait, ainsi une fois passé à Salers je pouvais entamer la descente sans beaucoup avoir à me retenir. Je restais néanmoins attentif aux sensations car une minute d'euphorie non contrôlée se paie cash en heures de galère sur les étapes suivantes. J'étais 7ème et je rattrapais le 6ème avec qui je suis resté jusqu’au pied du premier col. Le ravitaillement situé à cet endroit me fit perdre un peu de temps mais la montée vers le Col du Legal (1231m) me redonna confiance. Je laissais Angel Pallaruelo filer et me retrouvais avec Robert Miorin. Nous fîmes l'ascension chacun à notre rythme et atteignîmes le col quasiment au même moment. Je sentais que derrière ça revenait alors j'en remis une petite couche ... comme ça, pour voir. La descente fut rapide (11 à 11,5km/h) et je me retrouvais sur la route des crêtes avec Robert. Au km54 l'itinéraire nous fit quitter cette route et la longue et forte descente vers Marmanhac fut difficile car pentue et je craignais qu'un nombre important de coureurs reviennent sur moi et m'empêchent de savourer un "top 10".
    Seul Erwin Borrias réussit à me dépasser et je me faisais un peu violence pour ne plus me faire rattraper.
    La météo fut excellente, fraîche à souhait, parfois ensoleillée ce qui donnait de belles teintes aux montagnes.
    J'ai presque eu froid sur la route des crêtes mais j'étais bien, car la chaleur aurait sans doute rendu la fin plus difficile.
    Demain, 69km et de la circulation aux abords d'Aurillac : les vacances sont finies pour certains et la reprise du travail ne va pas les rendre tous compréhensifs de voir des coureurs sur le bas-côté de la route.
    A+

    14ème de l'étape.( Message posté dès l'arrivée) 6ème de l'étape. Content des sensations. Un peu chaud sur la dernière heure. Je suis au restau sur la ligne d'arrivée : steak frites, Monaco, dessert. La douche, le linge et la piscine ce sera plus tard.

    (CR rédigé après un peu de repos) Fab de retour ? Non. Il s'est juste un peu lâché. Au départ de Jussac, sous la fraîcheur (certains avaient même froid!), dans l'obscurité car le jour commençait tout juste à se lever, le groupe des 33 rescapés s'élança pour une longue journée de course ponctuée de nombreuses côtes, souvent raides, de descentes périlleuses pour les releveurs et d'une forte circulation aux abords d'Aurillac et lors de sa traversée (km 8 à 20) et sur les 15 derniers km. La chaleur était prévue, surtout à partir de 10/11h. Le parcours était souvent ombragé du km 20 au franchissement du Lot (km 54).
    Je suis parti juste derrière les 7/8 premiers et connaissant le profil du début je savais où et quand ça allait être difficile. Jusqu'à Aurillac je parvins à rester au contact de coureurs de mon niveau, puis la traversée de cette ville a quelque peu fait exploser le petit groupe que nous formions. Au ravito 1, un regroupement s'effectua et comme la circulation se densifiait nous nous plaçâmes en file indienne. Ne supportant pas d'être talonné par quelqu'un j'entrepris de monter la cadence dès que la route se mit à s'élever. Derrière, ça avait décroché et je m'employai alors à aller "taquiner" les 2 de devant. Je mis plusieurs longues minutes avant de les rattraper et de les dépasser.
    Dans la partie calme mais très vallonnée de cette étape, je poursuivis ma chevauchée afin d'augmenter les écarts avec les poursuivants.
    De longues et belles descentes me permirent de conserver une bonne avance quand vint la partie finale de 15km de route en léger faux-plat, souvent peu ombragée et dont la circulation était parfois dangereuse car les Aveyronnais.
    Je suis arrivé 6ème en 7h24.
    Ravi de ma journée, je m'installai directement au restaurant pour y déguster un steak frites et une tarte à l'ananas le tout accompagné de Monaco.
    Je m'installais après ce repas dans la salle puis allais me doucher, laver mon linge et me faire masser.
    Ce soir, de nouveau le restaurant : rôti de boeuf froid et Aligot suivis de desserts à base de chocolat.
    Demain et après-demain deux étapes plus courtes mais pas moins vallonnées nous attendent.
    Bonne nuit.
    A+

    15ème étape. Etape plus courte que les 3 précédentes, départ à la fraîche avec 11km de plat puis un gros "coup de cul" de 4 bornes. Le 1er ravito était le bienvenu. Ensuite parcours style tôle ondulée sur 6 km, un petit peu de trail pour éviter la route de Rodez et sa circulation. 2 km pour ralier la piste cyclable et ensuite la tranquillité jusqu'à Rodez (km29). Ravito 2. Jusque là, j'ai bien géré, surtout que ça a démarré fort (1h07pour 11km) jusqu'au pied de la 1ère montée sérieuse. La suite fut assez régulière avec alternance de montée et descentes douces. La partie trail m'a un peu coupé les jambes et une fois revenu sur la route "normale" je sentais que je ne pouvais pas aller beaucoup plus vite.
    Après Rodez le parcours cumule les creux et les bosses à une circulation relativement importante d'autos et de camions.
    Au R3 (km37), enfin une route calme mais sur 4km seulement puis c'est le retour sur la grande route avec de nouveau les camions et les voitures. Heureusement pendant une petite dizaine de km c'est de la belle descente.
    Le reste, les 7 derniers km, ne sont pas faciles : montée, véhicules, chaleur et un peu de fatigue. Les deux derniers en descente permettent de finir sur une note et une allure positives d'autant que Eddy Plume m'a accompagné pendant le dernier km.
    Bilan de la journée très satisfaisant. 9eme en 6h10, c'est mieux que ce que j'avais envisagé.
    A+

    16ème étape. A l'heure du repos encore plusieurs coureurs sont sur le bitume. Il fait très chaud et il n'y a plus beaucoup d'air comme on a pu en avoir ce matin.
    La relative fraîcheur nous a accompagnés pendant la majeure partie de l'étape et le profil varié de cette étape n'était pas déplaisant. Jusqu'à Requista j'étais bien, la longue montée pour y arriver m'a juste un peu ralenti mais je savais qu'ensuite nous replongerions vers Lincou. A cet endroit (km26) après le ravito 2, débute une longue montée que j'ai effectuée à presque 9 de moyenne. Au sommet, km 999 de la TG, km 35 de l'étape et ravito 3, j'ai pris le temps de m'alimenter afin de faire une belle descente jusqu'à Plaisance (9Km en 51'). La suite fut moins évidente car constituée d'une succession de faux-plats généralement peu ombragés et dont le bitume nous renvoyait la chaleur du soleil. J'avançais quand même bien ne me faisant plus rejoindre et limitant les écarts avec ceux de devant.
    Moins de 6h (5h49, pour 55km) cela me convenait avant les 69 ou 70 km de demain.
    A+

    17ème étape. Alors là, ce n'était pas prémédité du tout même si j'y ai déjà réalisé quatre fois de meilleures moyennes. Cette étape a commencé dans une semi obscurité, sur un itinéraire que je n'avais emprunté qu'une fois et je me trouvais alors dans le groupe de tête suivant notre ouvreur Jean-Benoît à vélo. Une fois sur la route la hiérarchie se remit un peu en place et je me retrouvais aux alentours de la 10ème place.
    Mon objectif pour cette étape était de ne pas perdre trop de temps sur mes poursuivants, de ne pas me mettre dans le rouge et de me faire plaisir.
    Quand j'ai atteint le 1er col, km16, je ne voyais plus les 5 ou 6 de devant mais j'avais dépassé quelques coureurs dans la dernière partie de l'ascension.
    La descente qui suivit puis la remontée vers le 2ème col s'effectuèrent assez aisément, sans puiser dans les réserves, ce qui me donnerait pour plus tard peut-être l'énergie nécessaire pour me faire violence. Le passage obtionnel par un champ qui fait économiser 500m du parcours n'a pas été facile, même en marchant les jambes brûlaient. La descente très abrupte qui suivait cette portion trail m'a offert la possibilité d'augmenter ma moyenne et de regagner du terrain sur les autres de devant comme de derrière. Lacaune km29, ravito 2, suivi d'une belle montée de 4,5km où je suis revenu sur 2 autres coureurs (Thierry et Angel) avec qui je restais jusqu'à La Salvetat (km 48). Au sortir du ravito 4, un chemin extrèmement pentu et caillouteux nous attendait. C'est là sans doute que j'ai creusé un peu les écarts et que je me suis rendu compte que je pouvais jouer la place : 4ème c'est pas "dégueux" pour un gars comme moi ;-) . Seul Angel m'a suivi un moment, jusqu'au dernier ravito. Là, ce fut le début d'une belle descente de 10km. J'ai tourné à 12km/h sans avoir trop à me forcer pour freiner, c'était la bonne pente sur laquelle je pouvais dérouler à cette allure de 5'/km.
    Quand j'ai franchi la ligne, j'étais satisfait de ma journée. Je n'ai pas regardé le classement depuis, j'ai juste vu les 3 qui me précédaient.
    Demain il y a encore du dénivelé sur les 61km qui nous mèneront à Moussan. Il y aura du soleil, du vent fort comme aujourd'hui qui permet de ne pas souffrir de la chaleur mais aussi de longues portions de route sans ombre. Mais ça c'est demain. Savourons aujourd'hui. A+

    18ème étape. Etape difficile à cause de la chaleur aujourd'hui mais comme c'était l'avant dernière elle ne portera pas à conséquences d'autant qu'au final je réalise un temps qui me plaît bien.
    Elle s'est déroulée de la même manière que l'étape de la veille dans sa première moitié mais la suite fut très différente en raison de la température ambiante, de l'absence de vent et du nombre peu important de zones ombragées.
    Je remontais certains concurrents partis vite et au moment où j'aurais pu faire la jonction je n'ai pas pu car les jambes ont commencé à tourner moins facilement. La chaleur rendait mes boissons écoeurantes car tièdes, les périodes de marche s'allongèrent, le besoin d'ombre était de plus en plus un obsession.
    Heureusement Sylvain Pogam était dans les parages et nous avons fait route commune jusqu'à la fin, nous permettant de nous arrêter dans un restaurant commander 2 cocas à emporter.
    La fin fut moins difficile comme ça. On met 6h47 pour 62km. On était contents de s'être entraidés.
    Demain, c'est le final. 40km et ... la plage.
    Ce soir et demain soir, nous sommes hébergés par un viticulteur qui nous prête son chais dans lequel on s'est installés. C'est spartiate mais c'est laTranse Gaule. On le savait.
    A+

    La 19ème et dernière étape, celle qui attribue l'ETOILE de finisher. Pour conquérir ma 9ème étoile il a fallu encore batailler ferme, contre moi-même, contre la chaleur et contre quelques automobilistes un peu agressifs. Par contre encore de beaux paysages, notamment en haut de La Clape.
    Et les derniers km avant de toucher au but, qu'on soit débutant ou multiétoilés, ça a toujours la même magie, ça provoque toujours la même intensité émotionnelle.
    Je suis allé directement dans la Méditerranée une fois l'arche franchi (après m'être débarrassé de mon sac à dos et de mes chaussures) : qu'elle était bonne et qu'est-ce que ça faisait du bien !
    A+

    Voilà, j'ai rattrapé mon retard dans la publication de mes CR. Ceux qui vont les découvrir vont sans doute penser que cette aventure a passé très vite et en effet, le temps a défilé à une vitesse ... alors que je n'ai pas couru très vite. Paradoxe.

    9ème étoile et je ne suis pas rassasié, prêt à remettre ça quand l'occasion se présentera. L'entraînement a déjà repris, dès le lendemain et va se poursuivre indéfiniment vers mes autres objectifs, à court, moyen ou long terme.

    à+Fab9*€&


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  • Etape1

    L'étape était scindée en 2 parties car la portion de voie qui relie l'île au continent est interdite aux piétons. 
    On a rejoint le départ après avoir marché 2km puis pris le train (1h) puis le car (45') puis on a marché dans le sable des dunes pour aller au bord de la mer d'où était donné le départ.
    Vent de face et pluie au menu mais de somptueux paysages parfois "lunaires" et des voies cyclables une fois la portion de plage et de dunes passée " façon Cléder".
    Le groupe d'environ 65 coureurs s'est étiré tranquillement sur ce ruban rugueux et sinueux slalomant entre des dunes d'herbe parfois fleuries parfois sablonneuses. J'ai trouvé mon rythme (9km/h pauses comprises) mais je ne l'ai tenu que 3h car après on avait une longue partie en aller-retour pour atteindre le bout de l'île et en revenir. Là ça a commencé à être longuet et donc pénible. 
    L'arrêt pour prendre le train et se ravitailler était donc le bienvenu.
    Mais il fallait attendre près de 2h le train pour repasser sur le continent en se gelant car dans les aubettes de train on était certes à l'abri du vent et de la pluie mais comme on était trempés... J'ai essoré mes chaussettes et mes semelles tant elles étaient mouillées.
    Une fois le train pris et descendus sur le quai nous nous sommes regroupés pour un restant d'étape de 26km au lieu des 38 prévus (pour permettre aux plus lents de ne pas arriver trop tard).
    Pour ma part, j'ai été "bien" pendant 12 km mais la fin a été difficile : plus de jambes, plus e vitesse. Donc j'ai souvent alterné course et marche. Le cœur m'a laissé tranquille.
    Demain on a 86km à faire. Départs à 5h pour les 15 derniers environ et à 6h pour les autres (dont je fais partie). Arrivée prévue vers 17h si je suis comme aujourd'hui voire plus tard.
    Les 4 copains sont devant moi, pas loin mais devant quand même. Je n'ai pas le niveau pour m'accrocher à eux.
    A demain pour de nouvelles aventures.

    Etapes 2 et 3

    3 étapes de courues : 60 + 86 + 77. Ça pique ! Je n'avais plus l'habitude de me traîner sur les étapes en plus de 10h voire comme hier en presque 12h.
    Pas d'essence dans le moteur encore en rodage, pas de jambes après une quarantaine de km. C'est long et en plus ça fait mal (quadriceps douloureux, des ampoules sous les pieds...).
    J'étais loin de m'imaginer vivre ces moments-là même si je savais que les étapes seraient très longues. 
    Donc le soir très peu de temps pour faire autre chose que de préparer la journée suivante.
    Pas d'accès au classement mais ce n'est pas gênant.
    Il faut que je passe le cap des 5 prochaines journées entre 70 et 90km et ensuite 2 jours de semi repos (60km).
    Je vous laisse ma pizza vient d'arriver.

    Etape 4

    Bon, on est au resto avec le 2e groupe. J'ai couru moins vite en moyenne qu'hier mais mentalement ce fut mieux
    On a traversé Hambourg en près de 3h avec une grosse trentaine voire plus de feux à passer tout en respectant la bonne couleur du feu. Du coup ça s'est transformé en méga safari-photo. 
    Mes ampoules m'ont gêné mais comme en courant ça faisait moins mal qu'en marchant ... alors j'ai couru et en plus tout seul car les compères allemands prennent trop de temps aux ravitos.
    Ce soir l'orage gronde. On a eu du beau temps mais les pistes cyclables sont souvent ombragées. 
    Hambourg est très "variée" : on a tout vu tout couru. Et notamment le tunnel sous l'Elbe après celui d'hier (sous le canal de l'Ost-see).
    Déjà quelques dégâts dans le peloton : certains vont apprendre le mot "releveur"en allemand.
    J'ai mis 11h40 pour 81km++ avec 79 d'annoncés. C'est certain que le mesurage n'a pas dû être facile à Hambourg surtout avec les longs escaliers qui menaient au tunnel.
    Demain les "vrais" horaires de départ vont être mis en place : Bob et Jean-Louis Vidal partent à 7h et Lionel, Crocsman et moi à 6h.
    Pluie annoncée suite à l'orage de ce soir.
    A demain j'espère... avoir le temps de faire un petit CR.

    Etape 5

    Etape annoncée à 70.7km mais avec la "TVA" ce fut encore une fois plus long (72 presque).
    3 heures de course à 8km/h avec un peu de musique pour me changer les idées. Il s'est mis alors à pleuvoir donc j'ai enfilé le poncho. Les chaussures bien trempées, mes ampoules sous les pieds me faisaient mal à chaque foulée et je ne pouvais pas marcher car cela était encore plus douloureux. J'ai, ainsi, engrangé les km. Bon, ce n'est pas une grosse récolte mais à 7,5/8 km/h on avance - certes lentement.
    Les coureurs partis à 7h m'ont dépassé, Jean-Louis Vidal en 1er (il gagnera l'étape), certains ont fait des erreurs de parcours, le fléchage au sol à la bombe n'étant pas très visible une fois dilué. Parfois des passages douteux nous furent proposés (dans un village où ça ne servait à rien de nous faire monter dans une impasse puis de nous faire rejoindre la route principale d'où nous venions; et d'autres bizarreries d'itinéraire).
    Je finis avec Jean-Louis "Crocsman" en 9h38' environ soit une petite moyenne de 7,3 environ. La fin fut difficile mes pieds me faisant encore plus mal.
    Heureusement que Stéphanie m'a aidé à soigner ces petits bobos.
    Demain : 78 sans TVA j'espère.
    Le moral est solide.
    À bientôt.

    Etape 6

    Etape très très difficile pour moi : 79km en 11h58' environ. Mal à chaque foulée sous les pieds à cause des ampoules.
    Je viens de me les faire refaire soigner car l'une d'entre-elles s'est mise à saigner. Demain je vais encore jouer à l'apprenti fakir qui marche pendant 90km sur des braises ou des clous.
    Fab, t'as voulu (re)voir l'Allemagne, tu es servi. Ça commence à se dégarnir dans les troupes.
    Demain, je n'arriverai pas avant 19h ou même 20h. Ça va être long et chaud et vallonné.
    à+

    Etape 7

    L'ampoule sous le pied gauche a ressaigné. L'infirmier m'a soigné et donné des bandes pour demain.
    Etape longue avec de la pluie après quelques km pendant plusieurs heures. Une fois la pluie passée du beau temps qui est rapidement devenu chaud (27 degrés).
    Jusqu'au 50e j'ai géré, les ampoules étant supportables, mais au ravito j'ai été soigné pendant 20' par l'infirmier. Les plaies étaient belles sans épanchement sanguin, il me changea mes pansements qui avaient roulé dans les chaussettes. Mais par la suite ce fut plus douloureux car il faisait sec. La fin après un bel orage fut très dure comme les jours précédents.
    J'ai mis mes sacs dans la salle, j'ai mangé directement, puis j'ai pris ma douche, lavé mon linge qui ne va pas beaucoup sécher, préparé mes affaires pour demain puis suis allé voir l'infirmier. Et il est déjà plus de 22h et certains arrivent encore.
    C'est la fin de la trilogie 79+90+83=252km sans compter les rallonges 1 à 2% par jour.
    Demain on entame une deuxième semaine avec 83 km puis des petites étapes de 60 et moins.
    On aura le temps de se reposer.
    Pour moi ça fait drôle de passer plus de 10 et même plus de 14h sur des étapes.
    À+ Fab

    Etape 8

    Étape d'aujourd'hui = copier-coller de celle d'hier en ce qui concerne la météo. Pluie au début puis quand on pense qu'on va finir les pieds au sec il repleut et en plus dans le dernier tiers on a eu un parcours très vallonné avec de nombreuses montées et descentes avec des pourcentages parfois supérieurs à 15% sur des chemins caillouteux. Donc mes ampoules qui m'avaient laissé tranquille jusqu'alors ont de nouveau "explosé". La fin fut très dure à passer d'une voie piétonne à l'autre, d'un chemin caillouteux à un autre... La montée vers le château de Solingen (10%) fut longue et l'arrivée aussi.
    13h13 pour 83km.
    C'est l'heure de dîner. A+

    Etape 9

    9ème étape, courte, donc potentiellement faite pour se reposer. Mais il y avait quand même 60km à faire et comme si cela n'était pas assez difficile il y eu les 16/17 premiers km en version trail, pas course nature mais vrai trail avec ses montées et descentes, ses revêtements plus ou moins douteux souvent glissants sinon rocailleux, avec pour nous en faire une bonne course d'orientation un fléchage difficile à voir quand on avait la chance de le voir. La pluie par-dessus le marché qui oblige à porter le poncho.
    J'en ai vu de toutes les douleurs (sans faute de frappe) car chacun de mes appuis est déjà douloureux sur bitume normal alors dès qu'il y avait un caillou, une racine, une flaque à éviter... vous imaginez les deux heures de galère que j'ai connues. Et d'autres souffraient encore plus que moi. Et beaucoup se sont trompés de sentiers.
    Une fois cette première partie passée on se dit qu'un peu de piste cyclable va nous redonner du peps, et bien ce ne fut pas le cas. La quinzaine de km jusqu'à Cologne fut difficile en raison du passage dans des villes, du franchissement de plusieurs feux, de l'état moyen des trottoirs.
    L'arrivée le long du Rhin nous soulagea un peu et on apercevait Cologne et certains de ses grands bâtiments, ponts et autres constructions portuaires.
    La traversée de cette grande ville fut longue et il se mit à pleuvoir de nouveau quand nous étions dans le centre. Nous avons franchi le Rhin par un pont ferroviaire et j'ai été très étonné de voir des milliers voire plus de cadenas qui y étaient attaché.
    Après Cologne je me suis dit que ça irait mieux physiquement mais je n'avais pas plus de forces et pas moins de douleurs.
    Je suis en train de réaliser un "Kolossal" exploit, celui de voire ma vitesse moyenne baisser de jour en jour. A peine plus de 6km/h aujourd'hui et dire que je ne peux pas marcher ou à peine. Je suis obligé de courir, mais à cette allure-là est-ce vraiment de la course ?
    La dernière partie de l'étape longeait pour une bonne partie le Rhin malgré une petite escapade du côté de Rodenkirchen, banlieue bourgeoise de Köln.
    Des bateaux de croisière, des péniches et d'autres barges faisaient la course avec nous, les "barges" en poncho ou en autre tenue de coureur.
    J'ai une nouvelle fois couru avec mon partenaire de course depuis quelques jours. Franck le numéro 15.
    Quand je suis arrivé j'avais mis presque 10h.
    Demain, 2 bornes de moins et ??? j'espère inverser mes statistiques.
    Il est annoncé de la pluie, mes pieds vont encore trinquer et ce ne sera plus de l'eau de Cologne, mais peut-être de la "Bonn eau" (on passe à Bonn).
    Bon, quand j'en suis rendu aux jeux de mots douteux il faut que je me couche.
    Alors à demain.

    Etape 10

    Merci d'abord à tous les messages de réconfort et d 'encouragements que vous m'avez envoyé.
    Je suis loin d'être désespéré, juste un peu désabusé car même si j'ai des ampoules qui ne sèchent pas, je n'ai pas la cylindrée pour accélérer une fois les douleurs mises de côté.
    Aujourd'hui je suis parti lentement et c'est un euphémisme que de le dire mais beaucoup moins qu'hier car nous avons directement pris la voie mixte piétons-cyclistes le long du Rhin.
    Bien sûr, il pleuvait et avec mon bon poncho vert je me démenais à essayer de rester régulier.
    7,3 de moyenne après 3h avec le passage à Bonn, accompagné par mon compagnon de route depuis plusieurs jours, Franck, avec qui j'ai beaucoup bavardé ce qui fait passer le temps.
    Un bolide, au pays de Schumacher et tout près du Nurbrungring (circuit auto allemand) c'est normal, nous dépassa : c'était Monsieur Vidal qui à près de 12 nous laissa sur place non sans nous avoir encouragés. Suivi un long moment après par le second Jean-Louis qui tournait de manière régulière à 10km/h au bas mot. Les mecs qui se marraient en début de DLL doivent avoir un peu mal aux joues aujourd'hui en constatant que peu importe la monture (les croc's) pourvu qu'on ait la vitesse c'est un proverbe qui s'applique bien ici.
    J'ai eu à partir du 40e un bon coup de mou qui a correspondu avec une erreur de parcours d'1km. En rogne ! La fin, avec puis sans pluie fut encore interminable car je n'avais pas le moteur ni le châssis pour envoyer ne serait-ce qu'un petit 8km/h. Et en plus, l'étape faisait plus de 58km. 59.5km plus mon km de rab. Le tout en 8h47 (mon record sur ... 100km) certes au siècle dernier.
    j'ai eu néanmoins du temps pour moi après l'étape car je suis arrivé en début d'après-midi.
    Il est 18h45 on est au restau puis après je vais aller me coucher.
    à demain.

    Etape 11

    Ce matin en partant on s'est tous dit qu'on aurait plus de temps de récupération. Ce n'est pas faux mais l'étape qui aurait pu être magnifique fut un peu ternie par un départ sous la pluie qui est devenue de plus en plus soutenue par la suite. Les premiers km nous firent prendre une route à assez grande circulation et je pensais aux consignes de sécurité de la Transe Gaule en constatant que, mis à part les français et quelques autres coureurs, tous les autres étaient en tenues sombres. Je veux bien passer aux feux piétons après avoir attendu qu'ils passent au vert même quand il n'y a personne à l'horizon, mais là j'ai du mal à comprendre. D'autant qu'ensuite nous avons suivi une route sur un étroit trottoir où nous recevions les éclaboussures des véhicules nous frôlant.
    Une fois le long du Rhin, le calme puis l'arrivée à Coblence, très jolie ville à forte histoire et connue aussi pour son université. Toujours de la pluie, le poncho était mouillé dehors et dedans. Un arrêt technique après avoir longtemps cherché "the place to be" puis je suis reparti à la poursuite de mon binôme, Franck, à qui j'avais de continuer.
    Quelques endroits au revêtement ingrat, beaucoup de flaques, cela devenait difficile pour moi d'avoir des appuis solides et non douloureux. Enfin la vraie piste cyclable où je pus dérouler sans trop de douleurs.
    Les km s'empilaient, pas vite, en tout cas pas aussi vite que ceux de Gunther et de JL Vidal tel un vieux lion accroché à ses basques. Ensuite Crocsman passant en courant d'air au ravito 3 où je constatais que ma chaussure droite était pleine de sang. Mince ! Mon ampoule a dû exploser. Tant pis on verra plus tard.
    La beauté des paysages de cette partie de la vallée du Rhin m'ont un peu redonné envie, il y avait de belles villes à traverser, de beaux châteaux hauts perchés, sentinelles contrôlant à une certaine époque les invasions ou les trafics commerciaux.
    Le Rhin, sur la portion suivie aujourd'hui, faisait de longs et beaux virages.
    Comme il est de coutume sur la DLL, le kilométrage fut supérieur de plus de 1,5 km à ce qui avait été annoncé et j'en pris acte alors qu'il restait encore une quinzaine. Ça m'a une nouvelle fois coupé les jambes.

    On est passés par Loreley et Sant-Goar jolie ville à la sortie de laquelle il ne devait rester que 6km. Long, long, long quand on n'est pas bien. On avait beau faire la course avec les péniches ou les bateaux de croisière ça restait interminable. La ville étape approchait et on cherchait la marque du dernier km.
    Rien ! 
    Comme dans certaines villes on a dû faire du tourisme en empruntant de très jolies petites voies pavées, passant devant des bâtiments très typiques.
    La cerise sur le gâteau fut la fin d'étape, tout en haut près du château. On était en bas, fallait donc monter tout là-haut. Mes pieds hurlaient silencieusement, j'ahanais et suivais mon compère Franck dans les escaliers ou sur la roche, pour arriver enfin à la banderole "Ziel".
    8h16' pour 54,4 annoncés plus la taxe quotidienne de 1,5 à 2km ça nous fait plutôt un bon 56km.
    Ce soir on est en auberge de jeunesse et on a bien profité des douches et du repas sous forme de buffet à volonté.
    Demain les départs sont prévus à 7h pour moi et les autres moins rapides, les ténors partant à 8h. La raison de ce décalage horaire est que le petit déjeuner n'est pas ouvert avant 6h.
    Bien voilà tout pour aujourd'hui. Demain je pense arriver vers17h au bas mot et les deux étapes suivantes font 77 et 88km. On remonte en charge.
    À demain, en moins long (le CR).

    Etape 12

    Allez! Plus qu'une semaine. 
    Ah !!! Déjà presque fini, on a déjà fait 12 étapes. C'est l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
    Aujourd'hui nous sommes partis à 7 h ou à 8h, petit déjeuner dans l'auberge de jeunesse oblige.
    Le départ après une courte montée nous a fait plonger dans la vallée du Rhin. J'étais bien pendant ces 1700m un peu raides à descendre. Mais le passage à niveau s'est refermé juste avant moi, laissant les 4 ou 5 coureurs s'étant échappés poursuivre leur route. 4' d'arrêt ça calme. J'ai eu du mal à remettre les gaz.
    L'allure sur la piste cyclable sans dénivelé fut néanmoins correcte si bien que la moyenne est devenue meilleure que celle des jours précédents. Hélas c'était sans compter sur un nouveau pit-stop "technique" (je ne vous fais pas un dessin mais entre le Rhin et la voie de chemin de fer il n'y avait pas de place et j'ai dû galoper quelques km avant de trouver la nouvelle "place to be".
    Donc encore 5 grosses minutes de perdues.
    J'ai réenclenché le miniturbo pour arriver à passer au 20e puis au 25e dans des temps inférieurs à ceux des dernières étapes.
    On a quitté Bingen et aussi le Rhin pour courir sur des routes dans le vignoble. Avec Franck nous entreprîmes de trouver une pharmacie pour achetet une crème qui soulagerait mes ampoules. Après 3 visites infructueuses nous en avons trouvé une. Arrêt total 12' pour changer une partie de mon pansement (protection des orteils qui avaient saigné hier).
    Nous sommes repartis et mon objectif était de revenir sur ceux qui nous étaient passés devant pendant notre long arrêt. Peu à peu on a réussi à en reprendre certains mais les autres étaient trop devant. La route était assez dangereuse et il n'y avait pas de piste cyclable et les alternatives trouvées nous ont fait passer par des chemins viticoles souvent escarpés. J'ai eu de plus en plus de difficultés à cause de ces voies au sol caillouteux ou herbeux avec quelques trous.
    C'était peut-être joli mais je n'ai pas réussi à en profiter regardant plutôt le chemin que le paysage.
    Ah oui! J'oubliais, une étape sans pluie n'est pas une vraie étape, heureusement ça n'a pas duré mais ça a bien trempé le poncho et les chaussures.
    La fin d'étape fut comme d'habitude difficile. Plus de jambes, beaucoup de circulation, pas de bas-côtés, du soleil et donc du chaud... Quand on est fatigué on voit le verre à moitié vide. Mais bon, avec mon pote allemand Franck nous sommes arrivés à bon port, sans rab kilométrique cette fois. 9h38 pour 66,7km, ça fait encore une super moyenne ! :-) 
    Demain 77km et après-demain 88km. Soit 2h de plus demain et encore 2 de plus samedi où on passera les 1000km.
    à demain.

    Etape 13

    20h passées. Je prends le frais après avoir mangé.
    L'étape numéro 13 s'est bien passée. J'ai mis entre 1h et 1h30 de moins que ce que je redoutais avant le départ.
    Avec Franck on est partis plus vite que d'habitude et la route tout comme la météo s'y prêtaient bien. Les ampoules sous les plantes se sont peu à peu mises à ne plus me faire mal. Nous avons commencé à 8km/h et + cette allure au gré des arrêts aux ravitos nous a quand même fait atteindre le km20 en 2h30 puis le 40e en 5h10.
    Nous avons traversé quelques villes touristiques dont Heildelberg où nous ne nous sommes pas attardés car les rues pavées y en a marre ! Elles ne me servent à rien car trop occupé à regarder où je mets mes pieds je ne peux même pas regarder les beaux monuments. Et puis je ne suis pas venu faire du trail-tourisme mais de la course à pied où on court.
    On a eu quelques sentiers caillouteux ou herbeux qui m'ont rappelé à l'ordre.
    Du groupe des 6h certains étaient loin devant et nous étions en tête d'un second groupe.
    Les 4 français m'ont repris l'heure de décalage. Ils vont bien. Mieux que les deux hommes hollandais qui ont dû arrêter ce matin. Je suis triste pour Erwin Borrias et Christian.
    Je ne raconte pas la fin c'est toujours pareil.
    Là, j'attends l'infirmier pour qu'il soigne mes ampoules puis je vais aller me coucher : on part à 5h pour 88km demain.
    A+

    Etape 14

    On a franchi la barrière symbolique des 1000km aujourd'hui, mais bien malin serait celui qui donnerait avec certitude et précision l'endroit où ce passage a été fait.
    Beaucoup d'incertitude sur le kilométrage de chaque étape sachant qu'il nous est annoncé une certaine distance le matin et en réalité nous en faisons très souvent plus, jamais moins en tout cas : "kein Rabatt".
    Aujourd'hui, en plus des 88km prévus, il y a eu près de 3 bornes de rab. Va savoir, le mesurage à la louche ça donne des différences surtout si on change de louche.
    C'était valable pour tous les coureurs, donc pas de jaloux. Mais c'est pénible.
    L"étape fut très vallonnée. Nous avons pris quelques routes à forte circulation, il fallait faire très attention. Puis pour nous soulager il y a eu des chemins certains gravillonneux, d'autres herbeux et parfois on en prenait des dangereux avec des risques de chute.
    Toute la journée cela a été une succession de montées et de descentes.
    Je vais poster car je m'endors sur mon portable.
    à bientôt.

    Etape 15

    15ème étape terminée en un peu plus de 8h (8h03') pour 54,8 + la TVA de 1,5% (à la louche) =56,3km.
    Il faut préciser que ces environ 1500m supplémentaires ont remplacé une grosse partie de trail. Je préfère les routes de montagne où je peux courir que les chemins forestiers montagneux où chaque appui est souvent une grosse prise de risque. 
    Cela a été comme hier au niveau du dénivelé mais avec 35 bornes de moins.
    Du soleil, de la chaleur, de bonnes parties entre les champs de maïs ou de blé sans ombre, des passages en forêt bienvenus (quand ce n'est pas boueux ou caillouteux), avec mon binôme on a bien avancé.
    On a tenu une bonne petite moyenne de 8 pour la 1e heure puis 7,5 au bout de 3h, celle-ci a été fortement plombée quand nous avons eu un massif entier à traverser par des sentiers raides et rocailleux ou boueux ou herbeux. Et dire que Henry nous y a dépassés en courant.
    La fin fut comme d'hab (va falloir que dans mes entraînements je ne fasse que des fins d'étapes) interminable, chaud, la marque du dernier km qui n'arrive pas...
    à demain.

    Etape 16

    Longue étape à rallonge (+2km) on est habitués maintenant. Les 3/4 ou plus le long d'un canal sur un chemin de gravillons ou de pierres.
    Notre groupe est parti vite car je me suis fait distancer alors que j'étais à plus de 8km/h. Avec Franck on est restés à notre allure le temps d 'atteindre puis de traverser Ulm. La suite : du canal bien ombragé... sauf les 11 derniers km sur route et en plein soleil.
    Globalement ça a été, on a tourné à plus de 7,5 de moyenne (9h05 pour 66,4 +2=68,4km) arrivé à 15h, j'ai eu du temps pour me soigner les pieds et me reposer.
    Demain je ne sais pas ce qui nous attends : en théorie 76km et de la chaleur. Donc départ à 5h.
    A demain.

    Etape 17

    Hier nous avions aperçu les Alpes dans le lointain, un peu comme on avait pu apercevoir le rocher de Gibraltar deux jours avant l'arrivée de la TransEurope 2012.
    Aujourd'hui, on s'en est tellement rapproché que nous sommes à leurs pieds.
    L'étape fut longue comme prévu (76,4km sans rab cette fois-ci) et le départ à 5h pour les moins rapides nous a permis de moins souffrir de la chaleur mais celle-ci est quand même arrivée rapidement.
    Le tempo adopté dès le début était de 7'20 à 7'30/km ce qui m'a bien fait avancer et grappiller quelques centaines de mètres avant l'habituel arrêt technique.
    L'objectif était d'atteindre les km multiples de 10 entre 1h15 et 1h20 puis le semi en 2h45 et d'avoir fait près de 32km en 4h.
    Avec Franck B. on s'y est tenu à peu près et par la suite il fallait poursuivre au moins sur du 8'/km.
    Il commençait à faire chaud et le paysage était magnifique avec en arrière plan les Alpes et tout autour de nous des collines cultivées ou en herbe où paissaient des vaches laitières portant des cloches autour du cou. Des passages dans des chemins, fait incontournable de cette DLL, et quelques portions de trail aïe aïe aïe plus une traversée de rivière sur un pont de singe sont venus perturber voire plomber notre belle moyenne.
    La fin fut chaude, l'ombre rare, les points d'eau nombreux (sauvages ou organisés) mais nous n'avons pas trop molli pour finir en 10h35'. Jean-Louis "crocsman", Bob Miorin puis dans les 5 derniers km Lonel Rivoire nous ont repris l'heure de décalage alors que Jean-Louis Vidal n'a pas chercher à accélérer sur la fin pour terminer avec nous.
    Ce soir ce fut restaurant en ville parmi les nombreux touristes avec un arrêt chez un glacier en revenant pendant que le tonnerre se faisait entendre et avant qu'il n'éclate sur Füssen.
    Demain lever et départ repoussés de 30' soit une mise en route à 6h30 pour tous. 59km de prévus avec encore un peu de chemin mais surtout on va monter à Garmisch pour finir au centre des congrès R. Strauss.
    A demain avant l'apothéose.

    Etape 18

    Etape n. 18. Courte mais pas plus facile que les autres avec encore énormément de chemins et de très difficiles parties de trail. Aucun plaisir sinon de voir qu'il ne reste que demain puis je rentre vite oublier. Il a fait beau, chaud et humide, j'ai été trempé toute la journée.
    Demain : montée après 5/6km de vallée. Cela sera du pur trail, du vrai, du coriace pendant une quinzaine de bornes, chose à laquelle je n'étais pas préparé car pas au courant. La durée moyenne de la montée est estimée entre 6h et 9h. Donc je pars à 5h pour pouvoir vite redescendre, me laver, tout plier et me casser.
    Ce soir dans Garmisch c'est la fête, les gens dansent, il y a de la musique. En fin d'après-midi, à la terrasse des cafés on a pu en écluser quelques unes de ces WeissBier tout en avalant goulûment quelques pâtisseries. C'est la seule note positive de ma journée.
    A demain pour gagner le bretzel de finisher.

    Etape 19

    Ça y est ! Je suis aussi finisher de la DDL 2017. Mais que cette dernière étape fut épique. Le Zugspitze ça se mérite et je suis devenu aujourd'hui un trailer-alpiniste.
    7h32 pour faire à peine 25km mais on s'est perdus ce matin (durée 45').
    Plein les mollets, plein les pieds mais aussi plein les yeux.
    A+

    Bilan à chaud :

    Après plus de deux heures à somnoler sur un banc à la gare de Munich-Pasing, en compagnie de Lionel Rivoire qui a choisi la même option que moi de rentrer en France le plus vite possible, je fais passer le temps à écrire un petit CR de la dernière étape.

    Très difficile car le résultat de plusieurs facteurs. Le premier est d'avoir fait le mauvais choix d'heure de départ. 5h, c'était bien pour retarder l'arrivée de la chaleur mais l'inconvénient c'est qu'une fois sorti de Garmisch on a suivi un torrent qui provenait de gorges très étroites dans lesquelles nous devions passer. Les plus d'1,75m devaient porter un casque ou faire très attention. Je n'avais pas pris la frontale et lors de sections de tunnels j'étais obligé de laisser aller devant ceux qui avaient apporté la leur...
    Une fois sorti de ce passage délicat nous cheminions toujours le long du torrent mais sur un beau chemin, si beau qu'à un moment nous sommes arrivés à une intersection. Le coureur de devant qui a toujours son GPS choisit de prendre des escaliers et nous l'avons suivi. Ça grimpait dur et une fois tout en haut pas de trace d'une quelconque direction menant au Zugspitze. On s'est retrouvés une petite vingtaine à se demander quoi faire et on a décidé de faire demi tour. En bas, encore 5' d'attente pour revérifier car là aussi il n'y avait aucun panneau ni fléchage.
    C'est à ce moment qu'arriva la tête du groupe parti à 6h et qui choisit l'autre option. Nous avons suivi.
    Peu à peu la forêt s'éclaircit la pente n'était pas très forte. Des coureurs nous doublaient profitant de nos 45' d'errance pour nous laisser sur place.

    Le sol devint de plus en plus caillouteux, de nombreux passages par dessus ou au travers de petits affluents du torrent se succédèrent. Ça faisait mal aux pieds heureusement que j'avais mis mes chaussures de trail. 
    Le chalet où nous pouvions acheter de quoi boire et manger (l'organisateur nous remboursant) arriva enfin. Je me pris 50cl de coca et deux sandwiches au jambon et au fromage. Après ce gros quart d'heure d'arrêt je repartis avec une bonne énergie. Ça tombait bien car la pente se faisait encore plus forte et sur de grosses pierres il fallait faire attention aux appuis. Presque plus d'arbres, du soleil, il faisait chaud. Les panneaux annonçant 10h puis 8h pour le Zugspitze faisaient peur même si nous allions plus vite que les randonneurs et que nous finirions au Sonnalpin un peu moins haut.

    Je reprenais ceux qui ne s'étaient pas arrêtés aussi longtemps que moi. J'espérais en finir avant 14 ou 15h.
    L'arrivée au second chalet fut un nouveau soulagement. Je fis une pause régénératrice rechargeant mes bouteilles et mon organisme. La dernière partie jusqu'au Sonnalpin avait une durée, annoncée sur un panneau, de 2h. Celle-ci fut très difficile parfois dangereuse mais tellement belle, quand nous slalomions entre les rochers et les moutons à la laine non frisée gentils comme de gros toutous somnolant dans les quelques portions herbeuses et les petites plaques de neige "éternelle". 
    Et ce fut l'arrivée où les accompagnateurs nous hélaient de loin et progressivement la tension se transforma en émotion, moi qui pensais que ça n'allait rien me faire.

     

     

    Conclusion (désolé pour de CR décousu mais dans le train vers Paris ça coupe pas mal. J'ai donc été contraint de tronçonner ce petit CR que vous recollerez vous-mêmes)
    Je finis donc avec mon compagnon de route, Franck Buka, qui m'a aidé autant que j'aie pu le faire, je donnais le tempo la 1e partie de l'étape, il me "tirait" lors de la 2nde.
    Ce fut une aventure extraordinaire et extrêmement difficile, sentiment exacerbé par les ampoules dont j'ai souffert depuis la deuxième étape. J'ai maudit je-ne-sais-qui pendant des heures où les chemins martyrisaient mes pieds, où mes appuis me provoquaient des maux de dos, où le fléchage nous envoyait à Pétaouschnock...
    Une fois l'objectif atteint - et pour une fois la notion de chrono et de classement m'a totalement laissé indifférent - je ne vais sans doute retenir que les bons moments, les meilleurs, en effaçant peu à peu mes nombreuses heures de souffrance de ma mémoire.
    Je remercie Oliver d'avoir mis sur pied cette course même s'il ne s'est pas rendu compte des difficultés proposées à chacun de nous.
    Merci aussi à son équipe de bénévoles.

    à+Fab9*€&δ


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  • CR de la DeutschlandLauf 2017.

    10 jours après, je commence à réaliser, tout en n'ayant pas fini de récupérer des efforts physiques et psychologiques fournis, ce que j'ai réussi à accomplir du 16 juillet au 3 août.

    La traversée de l'Allemagne du nord au sud, pas par la voie la plus directe mais par un itinéraire ressemblant plus à un long serpent, ce qui a donné plus de 1300km à effectuer en 19 étapes, sans journée de repos.

    Depuis le 17 août 2005 jusqu'au 3 août 2017, j'aurai donc fait 13 courses à étapes de plus de 1000km : 9 TranseGaule, 2 TransEurope (dont une inachevée après 54 jours de course), 1 Loire Intégrale et donc 1 DeutschlandLauf. Une par année. 319 étapes. 20760Km environ (j'attends le kilométrage officiel réel de la DLL2017, mais moi j'y ai fait 1328,7km).

    Cette dernière course à étapes en date, de Sylt jusqu'au Zugspitze, ne fut pas la plus facile et de loin. Divers facteurs sont entrés en jeu pour en faire la plus lente course à étapes de mes 13.

    La santé / le physique:

    Souffrant de tachycardies et d'arythmies cardiaques à répétition depuis de nombreuses années, mais que j'avais jusqu'alors toujours réussi à gérer, sachant comment faire redescendre les pulsations cardiaques quand une crise intervenait en pleine étape, j'avais constaté depuis quelques mois une plus grande fréquence de leur apparition sans pouvoir en analyser la cause. Avec le cardiologue on avait envisagé un traitement médicamenteux qui s'est avéré relativement efficace au début (été 2016) mais qui me bridait (avec les bêtabloquants la fréquence cardiaque était plafonnée et m'interdisait toute accélération) et n'empêchait aucunement l'apparition de crises.

    Cet hiver puis au printemps, suite à quelques malaises puis surtout suite à mon hospitalisation pendant un 24 heures, je décidais donc de passer à la solution proposée par mon cardiologue, à savoir une intervention chirurgicale pour pratiquer une ablation par radiofréquence. J'étais prêt, le calendrier me laissant le temps de récupérer et de reprendre un bon entraînement après l'opération prévue alors fin mai. J'annulais mes participations à l'Ultrathlétic Ardèche puis au Trail du Golfe. Mais le chirurgien repoussa la date de l'intervention pour la programmer fin juin soit à peine trois semaines avant la DLL2017. Cette intervention devant être plus complexe nécessitait que je sois endormi. Mes plans semblaient tomber à l'eau, je ne me voyais pas prendre le départ de cette course de 1300km sauf si pendant les deux semaines à peine de reprise de l'entraînement je ressentais de bonnes choses.

    La convalescence se déroula assez bien malgré la perte de un à deux km/h lors de mes premières sorties pendant lesquelles j'apprivoisais mon nouveau moteur.

    Donc quand je me suis rendu en Allemagne, c'était dans un fort état d'inquiétude de savoir si j'allais réussir déjà à atteindre la fin de la première demie étape puis celle de la seconde, etc.

    Les impondérables : météo, matériel, blessures.

    L'erreur initiale, mais à ce moment de la course je ne savais pas qu'il s'agirait d'une erreur, fut dans le choix des chaussures devant me permettre de faire la première étape. J'avais regardé les longueurs des 8 premières journées (entre 70 et 90km) et selon la distance une paire de chaussures particulière était dédiée. Pour cette première mise en jambes, courte, car faisant moins de 80km, et qui de 72km en théorie fut ramenée à 60km par l'organisateur afin que tous les coureurs puissent être à la salle avant une certaine heure, j'avais prévu une paire plus légère.

    Fatale erreur parce qu'avec la pluie de la première partie de l'étape mes chaussures se sont trouvées gorgées d'eau et, lors de la transition, je n'avais pas prévu de rechange ni de chaussettes ni de chaussures, je dus essorer mes semelles et mes chaussettes. Deux heures à attendre dans le frais, les courants d'air, puis dans le train, bondé où je suis resté debout ; après ce fut la descente du train et le nouveau départ sous un temps plus clément toutefois. J'ai vite senti que les sensations n'étaient pas les meilleures, déjà que lors de la première demie étape je n'étais pas non plus au top, mais ça, c'est normal, ça me le fait à chaque course à étapes.

    Les pieds dans tout ça ont payé. Le soir, je n'avais pas de si mauvaises sensations que ça, mais je ressentais une certaine sensibilité sous les plantes de pieds. C'est ce qui va commencer à faire mal dès le lendemain où des ampoules au niveau des deux plantes vont se former sur une étape de plus de 86km courue en presque 12h.

    Ces satanés pieds m'auront pourri la course. Je ne pouvais pas avoir d'appui sans douleur et je souffrais moins en courant qu'en marchant. Mais vu le grand nombre d'étapes où nous avons dû cheminer sur des sentiers caillouteux, par temps pluvieux, les ampoules n'ont jamais pu guérir et j'ai même quelques ongles qui ont bien morflé. Le soir, je me faisais soigner d'abord par Stéphanie puis par Patrick, l'infirmier de la course, mais tous ces soins ne m'ont pas guéri. Le matin je passais 45' avant les étapes à préparer mes pieds, à mettre des pansements protecteurs, à faire que l'étape puisse se dérouler sans que je souffre. Quand je restais sur la route, la douleur s'estompait en courant, mais il y avait toujours un endroit, chemin, trottoir pavé, portion de trail... pour enclencher de nouveau le mode « douleurs ».

    Aux ravitaillements, quand je m'étais trop longtemps arrêté, j'avais toutes les peines du monde à en repartir. Les premiers pas étaient extrêmement difficiles à réaliser et la reprise de la course encore plus ardue. Après les arrivées, je restais bloqué, comme si mes pieds étaient collés au sol, et cela se reproduisait aussi quand je prenais ma douche, au moment de retirer les chaussures. Une sorte de double crampe sous les plantes m'immobilisait et j'étais dans l'incapacité de me mouvoir. Il fallait aller au-delà d'un certain seuil de douleur pour réussir à arracher les pieds du sol. L'enfer ! Tout ça après des étapes de plus de 10 heures voire de 14h30 pour la plus longue. Heureusement que certains bénévoles m'ont aidé à installer mon couchage surtout quand il fallait aller dans des gymnases où on devait descendre une volée de 20 marches pour y accéder puis remonter deux étages pour aller se doucher. Ah, ils sont beaux et modernes les gymnases allemands, mais quelle idée d'en faire des labyrinthes en 3D !

    Les difficultés supplémentaires :

    fléchage, parcours souvent sur des chemins recouverts de gravillons ou de cailloux, parfois d'herbe, portions de trail, rallongement de la longueur des étapes par rapport à ce qui était prévu, pas de road-book papier, briefing incompréhensible effectué toujours à l'oral (sans support papier) à des heures où l'on aspirait plus à dormir qu'à enregistrer des informations importantes pour le lendemain, traversée de grandes agglomérations ou de villages pittoresques...

    Quand on a été habitués au confort des TG et TEFR ou même de la LI en ce qui concerne le fléchage, on a vite été déstabilisés avec celui de la DLL. Flèches à la bombe rose au sol, quelques stickers orange fluo mais disposés souvent de telle façon qu'on ne découvrait qu'au dernier moment si l'on devait tourner à gauche ou à droite voire même aller tout droit. De plus, avec la pluie et les nombreux chemins de terre, de cailloux ou autres revêtements, ce fléchage à la bombe disparaissait et nous laissait souvent face à un choix d'itinéraire à faire : va-t-on à droite ou à gauche ? Beaucoup de coureurs allemands avaient téléchargé sur leurs montres ou GPS l'itinéraire mais nous, les français, ne l'avions pas fait, comptant sur le road-book en papier. Mais point de road-book en papier!

    Le fléchage n'était pas toujours pertinent et nous faisait faire des détours à gauche, à droite pour rejoindre la prochaine piste cyclable et parfois ça a donné lieu à de mauvaises interprétations et des coureurs se sont rallongés sur certaines étapes de plusieurs kilomètres. Il nous est arrivé aussi de faire des détours inutiles en nous faisant quitter la route principale pour la reprendre plus loin sans raison évidente après avoir fait parfois un kilomètre de plus. Et combien de centres historiques de villes touristiques avons nous empruntés rien que pour faire du tourisme ! Je n'en avais rien à faire de ces beaux sites surtout que comme mes pieds me faisaient souffrir, je passais tout mon temps à regarder où j'allais les poser sur les pavés. Donc allongement inutile des étapes.

    Avec un road-book et le nom des villes traversées, on n'aurait pas hésité. Nous n'avions aussi aucune idée du dénivelé qui nous attendait le lendemain sauf en retournant jeter un coup d’œil sur le site ce qui n'était pas toujours évident le soir par manque de temps ou de connexion.

    Les allemands sont très respectueux du code de la route, du moins en apparence : à chaque feu, il fallait traverser uniquement lorsque le piéton était vert. Je conçois bien qu'on applique cette loi dans les grandes agglomérations, mais parfois en pleine campagne sans personne en vue cela tournait au ridicule.

    Autre point qui m'a fortement agacé : le kilométrage à rallonge des étapes ! Au moins sur 12 étapes le kilométrage final était supérieur au kilométrage annoncé, parfois avec des différences d'environ 3km ! Au final, j'ai compté que nous avions fait 19km de plus que prévu (sans compter les erreurs de parcours) et si on retire les 12km dont a été amputée la première étape, ça fait quand même 7 bornes de plus.

    Le temps perdu aux postes de ravitaillements ou ailleurs :

    Les postes de ravitaillements étaient globalement espacés de 10km, ce qui fait un temps de course d'environ 1h à 1h10 si on court à vitesse « normale » mais pour moi qui fut rapidement gêné par mes ampoules tout comme par le manque d'énergie qui m'empêchait d'accélérer, ces espaces inter-ravitos duraient 1h30 voire plus. Donc je m'y arrêtais un peu plus longtemps afin de me restaurer et de refaire le plein de mes bouteilles. Je courais avec deux bouteilles de 25cl dans mes poches de sac à dos et une de 50cl tenue à la main, et parfois avec une autre de 33cl dans la ceinture.

    Lors des Transe Gaule et même des TransEurope, j'avais gagné beaucoup de temps en raccourcissant mes arrêts aux stands, cette année j'ai pris mon temps, n'ayant rien à gagner.

    Je m'y suis même fait soigner mes pieds quand ceux-ci étaient trop douloureux.

    J'ai aussi effectué plusieurs arrêts dans des magasins, pharmacies, vendeurs de boissons... afin de refaire quelques emplettes (pansements, boissons fraîches...)

    Et je ne parle pas de tous les arrêts techniques.

    Mon duo avec Franck Buka.

    Après avoir effectué seul les premières étapes, je fis connaissance avec Stephan puis avec Franck. Nous avons fait les deux tiers de la course ensemble, une fois que Stephan a abandonné sur blessure. A deux, on s'est entraidés, c'est moi souvent qui menait le rythme du début des étapes jusqu'au 30ème km environ puis on inversait et c'est souvent lui qui prenait à son compte les derniers kilomètres, jamais faciles car la fatigue jouait pleinement son rôle sans compter les orages ou la chaleur ou les sentiers techniques ou les kilomètres supplémentaires à faire.

    On s'est bien entendus, on a discuté, on a bien ri, on a souffert, on est souvent passé d'un état d'euphorie à un gros coup de bambou ou inversement.

    Il y a des jours où j'aurais aimé aller plus vite, j'en avais les moyens je crois, mais je ne pouvais laisser tomber mon pote comme ça du jour au lendemain alors je décidais de rester avec Franck. C'est alors moi qui augmentais la cadence et comme il suivait sans peine on a pu faire quelques étapes à une allure un peu moins lente que d'autres.

    Conclusion :

    Au final, je redis que ce fut une belle grosse expérience, une belle grosse galère aussi mais je ne regrette pas d'y être allé, certainement parce que j'en suis revenu finisher.

    Si j'avais su ce face à quoi j'allais me retrouver, aurais-je annulé ma participation ? Sur le coup j'aurais dit oui ; je ne serais pas venu, mais après coup, je crois que j'aurais appréhendé cette course de manière différente.

    Pour les ampoules, rien n'y aurait changé, c'est une mauvaise gestion personnelle de mon matériel qui en est la cause.

    Pour ma convalescence qui était toute proche (moins de 20 jours après l'intervention) c'était à tenter sachant que de toute façon je n'aurais pas tapé les 15km/h et que une FC aux alentours de 120/130 pouvait suffire. Il m'a manqué juste un peu de vitesse de « croisière » pour engranger les bornes sans taper dedans.

    En revanche, pour tout ce qui est road-book, reconnaissance des étapes, du profil, des positions des ravitaillements, là j'aurais anticipé en téléchargeant et photocopiant toutes les étapes, je me serais fabriqué des mini fiches comme je l'avais fait pour la Transe Gaule.

    Les chaussures aussi n'étaient pas totalement adaptées aux divers chemins que nous avons empruntés. J'aurais pris une seconde paire de chaussures spécifiques pour le trail ou au moins mixte route-trail et je me serais entraîné sur ce type de parcours, il y en a un peu par chez moi.

    Pour le reste, les pertes de temps dues aux arrêts aux ravitaillements, aux prises de photos, aux achats pendants les étapes... tout ça aurait peut-être été moins chronophage et j'aurais sans doute couru plus souvent seul.

    Mais avec des « si » …

    à+Fab9*&€@

     

     

     

     


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  • Via Iberica 2017

    CR de ma première Via Iberica

     

    Revenu fatigué et déçu de ma DLL 2017 (Traversée de l'Allemagne en 19 étapes pour 1320km environ) mais fier toutefois d'être parvenu à en devenir finisher, je n'avais depuis pas eu l'occasion de me tester sur une autre course. J'avais simplement effectué des entraînements dans lesquels j'ai tenté d'incorporer des répétitions de fractions plus rapides mais celles-ci après deux ou trois semaines m'ont apporté des douleurs à un genou. Donc entraînement « minimaliste » uniquement en endurance.

    Je suis arrivé au départ de la Via Iberica sans véritables repères. Mais j'étais là principalement pour vivre une nouvelle course à étapes et vu le plateau des participants proposé, je savais de toutes façons que j'allais être loin de la tête et proche de la queue du classement. Peu m'importait, le bonheur d'être là primait.

     

    La première étape, d'Urdos à Jaca, 44,6km et plus de 1000m de dénivelé positif, démarra sous la pluie dans une atmosphère fraîche, directement en montée une fois la mini boucle dans le village effectuée.

    Peut-être suis-je allé trop franchement attaquer les premiers hectomètres d'où mes mauvaises sensations dans la partie suivante, là où la route monte mais pas très fortement. Obligé d'alterner course et marche plus tôt et plus fréquemment que prévu je voyais les autres coureurs partir devant et se détacher inexorablement. « Laisse le classement de côté, occupe-toi de ta course, pas de celle des autres ! » me répétais-je, mais c'est dur quand on est compétiteur de se résoudre à suivre de loin.

    Peu à peu les sensations sont redevenues positives et quand la montée se fit plus rude, au moment où on a quitté la route du tunnel pour emprunter celle du col du Somport, je trouvai mon rythme. Pas l'aisance souhaitée, mais une allure régulière avec des temps d’alternance course marche. Les paysages étaient beaux malgré les nuages bas empêchant de voir les sommets, mais au détour d'un long virage je pouvais néanmoins admirer les alentours, vallées, versants, habitations, animaux qui paissaient...

    Arrivé au col, en 1h44' pour 14,2km je me ravitaillai et remplis mes bouteilles afin d'effectuer la longue descente vers l'arrivée (trente kilomètres au moins). Deux minutes d'arrêt puis je repris ma route. Au début de la descente, ce ne fut pas facile car la pente était forte, mais au fil des kilomètres je réussis à me détendre et à courir à près de 12km/h tout en prenant garde de ne pas me blesser car le pourcentage de la descente était tel parfois qu'il m'obligeait à freiner ce qui n'était pas une chose facile. De beaux paysages se dévoilaient en même temps que le ciel se découvrait et le soleil vint réchauffer l'atmosphère et sécher mes affaires. Plusieurs villages contournés ou traversés dont Candanchu – station de sports d'hiver - Canfran et son ancienne gare – une des plus belles d'Espagne – ou Castello Viejo. 1h02' de descente pour 11,7km pour atteindre le second poste de ravitaillement, je n'avais pas traîné, ayant aussi conservé mon plan de marcher pour boire toutes les 15'. Après une minute d'arrêt au ravitaillement, le temps de boire et de remettre de l'eau dans ma bouteille je repartis. Nous avons traversé les beaux villages cités précédemment où les touristes avaient investi les lieux. Je repris ma route mais la descente était moins forte, donc les relances plus fréquentes. Pour arriver au ravitaillement N°3 je mis encore 1h02' mais pour 10,8km seulement. J'avais molli mais comme il ne restait que 7,5km à faire, je savais que cette première étape allait bien se finir.

    J'arrivai à Jaca en 4h39'55 pour 44,6km soit à 9,6 de moyenne environ. 13ème sur 22, il y avait donc plus de monde devant que derrière, mais l'important n'était pas là. J'avais réussi à rentrer dans ma course.

     

    La seconde étape, de Jaca à Fiscal, 45,6km et plus de 900m de dénivelé positif, commença dans la fraîcheur, voire même la froidure car sur les véhicules, certains avaient dû gratter le petit givre qui s'était déposé en fin de nuit. Le froid ne perdura pas longtemps et après quelques kilomètres, lorsque le soleil apparut de derrières les montagnes environnantes, on sentit vite ses rayons nous réchauffer. C'était assez vallonné dès le départ alors les allures se firent moins rapides qu'hier et nous sommes restés plusieurs kilomètres en vue les uns des autres. Peu à peu les écarts se creusèrent et je trouvai mon rythme au gré des montées et descentes qui se succédaient sur cette belle route avec des bas-côtés assez larges pour nous permettre de cheminer sans risques, même si la circulation était faible.

    Le premier point de ravitaillement arriva, dans le village de Sabinanigo, après 16,5km que je mis 1h42' à boucler. Trois minutes d'arrêt pour manger et recharger mes bouteilles et je repartis pour la seconde partie qui s'annonçait plus rude parce qu'en montée jusqu'au tunnel. Cinq kilomètres avant se trouvait le ravitaillement N°2. Je parcourus ces 14,7km en 1h40' donc j'avais ralenti et quand je quittai le dernier ravitaillement pour les quatorze derniers kilomètres, j'espérais que la partie de tunnel de Petralba long de 2600m et la descente qui suivait pourraient faire remonter ma moyenne de quelques dixièmes. Mais il y avait encore cinq kilomètres de montée où je perdis du temps (8' au km soit du 7,5km/h) avant de pouvoir enfin retrouver une bonne cadence qui me fit faire les neuf derniers kilomètres à plus de 10km/h.

    J’arrivai à Fiscal en un peu plus de 5h (5h01'10) pour 45,6km. Encore 13ème sur 20 car il y a eu deux abandons aujourd'hui.

     

    Troisième étape, de Fiscal à Alquezar, 76,5km et plus de 1500m de dénivelé positif.

    Deux départs ce jour ; je fus placé dans le groupe des rapides donc mon étape devait commencer à 7h. Je m'attendais à être rapidement distancé par l'ensemble des coureurs de ce groupe, il n'en fut rien, je suivais sans me faire franchement lâcher, au moins jusqu'au ravitaillement N°1. De profondes vallées nous entouraient proposant au détour des virages de superbes points de vue mais il fallait rester vigilant car il y avait quelques voitures et camions qui auraient pu être surpris par notre présence sur les bas côtés de leur route. Le gilet fluo et la frontale étaient d'ailleurs obligatoires pour le début de cette étape. Je passai au premier poste de ravitaillement en 1h23 pour 13,1km, avec un profil plutôt descendant qui allait continuer jusqu'au vingtième kilomètre avant de commencer la montée en deux temps jusqu'au kilomètre 37. Le second ravitaillement, situé au kilomètre 27,5 passé en 1h58', me permit de me poser un peu plus longtemps que d'habitude afin de manger de quoi tenir dans les côtes prévues pour la suite. Le ravitaillement n°3 étant situé à dix kilomètres du précédent, je savais que mon allure dégringolerait fortement. Ce fut le cas et l'arrivée au col pour ce troisième ravitaillement me fit du bien, j’avais couru 1h13' pour faire ces 10 kilomètres. Ensuite le parcours se bossela sur le plateau et le ravitaillement suivant situé un peu plus de 8 kilomètres plus loin (8,5km effectués en 55') juste avant une partie descendante d'une dizaine de kilomètres avec néanmoins quelques petites bosses à franchir marqua l'entrée dans les vingt derniers kilomètres. Nous avions quitté les Pyrénées pour entrer dans la Sierra de Guara. En nous retournant, nous pouvions néanmoins apercevoir la chaîne des Pyrénées et quelques sommets enneigés. Cette portion d'étape faisait du bien au mental surtout quand on savait qu’une longue descente de plus de quinze kilomètres nous attendait. Une fois « en bas » il ne resterait que les 4 derniers kilomètres en montée pour arriver au joli village d'Alquezar. Ce ne fut pas facile, même lors de la descente, alors comme je n'avais plus personne en vue ni devant ni derrière, je me dis que j'allais finir en roue libre, sans chercher à accumuler de la fatigue afin de me préserver pour les autres étapes à venir, toutes aux alentours de 70km.

    Ces 76,5km bouclés en moins de neuf heures me comblèrent (8h56'24) ainsi que ma 12ème place sur 18 (Il y eut encore deux abandons).

    Cette arrivée à 16h ne m'empêcha pas de profiter un maximum de ce village très pittoresque dans lequel j’ai aimé sillonner les ruelles et me perdre à admirer les montagnes qui l'entouraient. Je pense que c'est ce genre d'après-étape qui régénère physique et mental pour le lendemain.

     

    Quatrième étape, celle du lendemain du jour où l'après-étape m'a régénéré. Alquezar – Sariñena 68,8km et plus de 500m de dénivelé positif.

    Je faisais partie du groupe des moins performants de la veille et j'eus le droit à un départ dans le premier groupe, à 6h. J'ai adoré car je fis la course en tête, une fois les lampadaires du village laissés dans mon dos. Je trouvai une bonne cadence de course, sans doute aussi un peu sur-motivé de pouvoir distancer mes compagnons et de ne leur laisser qu'entre apercevoir ma lampe clignotante rouge que j'avais mise à l’arrière sur mon sac à dos. D'ailleurs, j'éteignis cette lampe après quelques kilomètres afin de me retrouver seulement guidé par ma frontale et j'avoue aussi que je ne voulais pas servir de point de repère pour mes poursuivants. Au premier ravitaillement, kilomètre 15,1 en 1h38' je ne m'attardai pas et constatai que derrière personne n'était en vue. Je repris mon échappée belle et découvrais au fil des kilomètres les nombreux petits villages annoncés dans la présentation de la course : c'était encore plus joli que je ne l'avais imaginé, surtout en contre-jour face à l'aube naissante. Les formes se découpaient dans le ciel orangé et montraient le style particulier de ces villages aragonais. Le profil de cette étape, jamais vraiment plat, n'était pas facile à dompter mais j'avançais quand même : le second ravitaillement passé en 3h12' pour 29,7km puis le suivant en 4h14' pour 39,7km pouvaient en témoigner. Par la suite, ça allait quelque peu se corser pour moi. Le changement radical de paysage n’y fut pas étranger. Après avoir suivi un chemin caillouteux, de ceux que j'ai haï lors de la DLL (traversée de l'Allemagne) mais cette fois-ci je les ai appréciés tout en espérant quand même revoir vite le bon bitume espagnol, je retrouvai la route. Je m'étais fait dépasser par Rémi et Alain partis une heure après moi. Trois kilomètres après, j’arrivai au kilomètre 50 où était positionné le ravitaillement N° 4 (passage en 5h27'). Un paysage de western s’étendait devant nous : des plateaux comme en Arizona où, si l'on regardait bien, on pouvait rêver d'apercevoir des indiens guettant la diligence. Trêve de plaisanterie, la descente qui suivit le ravitaillement fut un régal pour les yeux, un peu moins pour les quadriceps un peu courbatus par les nombreux kilomètres déjà parcourus. Les passages au-dessus de la LGV espagnole (Barcelone – Saragosse) ajoutèrent un peu de dénivelé, mais semblaient anachroniques dans ce paysage où l'on se serait attendu à voir des locomotives à vapeur comme dans « Il était une fois dans l'Ouest ». Dans cette zone, il commençait à faire chaud et je regrettais de ne pas avoir pris mon pulvérisateur, arme absolue contre les coups de chaud et qui évitait de tremper sa casquette dans le premier bac à eau venu (abreuvoir, fossé, fontaine improbable dans cette région...) ; accessoirement mon pistolet à eau pouvait aussi servir à me défendre en cas d'attaque d'indiens.

    Au kilomètre 59 atteint en 6h37', se situait le dernier poste de ravitaillement et ensuite il ne restait qu'à peine dix kilomètres pour boucler cette longue et belle étape. J'avais fait « mon étape », je me relâchai donc un peu et Markus me rattrapa malgré le profil descendant de cette dernière partie d'étape.

    Au final, je finis 7ème de l'étape, en 7h42'40 pour 68,8km, dont environ 17' passées aux postes de ravitaillement. (moyenne de presque 9km/h).

     

    Cinquième étape : Sariñena – Caspe, 72,6km et 600m de dénivelé positif.

    Départ à 6h30 dans le second groupe pour moi, le premier groupe étant parti à 6h et le troisième partant à 7h. Les huit premiers kilomètres se passèrent relativement bien avec un relief assez peu marqué mais la suite nous mit face à une ascension d'un col pas très élevé mais les 250m de dénivelé pour les 11km de montée ne se firent pas si aisément que ça. Au poste de ravitaillement n° 1 situé au kilomètre 15,7 atteint en 1h45', j’effectuai un arrêt de trois minutes, puis restaient encore six kilomètres de montée jusqu'au col de Sierra Alcubiere suivie d’une descente modérée d'une dizaine de kilomètres pour atteindre le ravitaillement n°2 (km 31,5 en 3h28'). De très longues lignes droites, sans ombre, sur des routes devenant progressivement de plus en plus fréquentées, rendirent cette étape un peu laborieuse. Heureusement les bas-côtés étaient larges comme la plupart du temps en Espagne. Les mauvaises odeurs trahissaient le contenu du chargement des très nombreux camions qui nous croisaient : des porcs qui partaient pour les abattoirs, tandis que dans des champs de vastes épandages d'engrais venaient s'ajouter à ces effluves parfois nauséabonds. Au loin, tout au bout de la route, s'il en existait vraiment un, on devinait la silhouette d'un coureur, on voyait disparaître les camions en se disant que la route allait descendre mais c'était tellement loin qu'il fallait plus d'un quart d'heure pour atteindre ce point de repère.

    La fin de notre cheminement sur le plateau laissa sa place à une longue descente pas très forte mais qui permettait de ne pas avoir à relancer la foulée. Nous étions encore à 17km environ de Caspe. Je ne cherchai pas à accélérer plus que de raison, et je commençai à ressentir une petite gène au niveau des coups de pieds et des jambiers : n'étaient-ce pas les releveurs qui se réveillaient au bon souvenir de ma première Transe gaule de 2005 ? Cela aurait été un comble au vu de mes plus de 20000km de courses à étapes accumulés depuis lors. Ce qui ajoutait à la longueur de ces lignes droites c'était que nous n'avons pratiquement pas traversé de villages mis à part les trois de la première moitié de l'étape (Pallaruelo de Monegros, Valfarta et Bujalaroz).

    Une fois en bas de la longue descente, on arriva sur le pont enjambant l'Ebre puis se présentèrent une succession de petites bosses plus ou moins pentues pour rallier l'arrivée devant l'hôtel qui nous accueillait. Je n’avais pas pris de risque et terminai laborieusement ces 72,6km en 8h20'50, dont presque 20' passées aux divers postes de ravitaillement. (moyenne 8,7km/h).

     

    Sixième étape : Caspe – El Pinell de Brai. 68,4km et environ 1100m de dénivelé positif. Passage dans 11 tunnels entre le kilomètre 53 et le kilomètre 63 sur une voie verte.

    Après début d'étape rendu difficile par le profil de la course, il y avait de nombreuses bosses, et à cause de mes douleurs aux jambiers, j'ai été contraint de découper mes chaussettes pour moins souffrir de la pression qu'elles exerçaient sur mes cous-de-pied. Ainsi je réussis peu à peu à rentrer dans mon étape. 1h53' s’écoulèrent pour que j’atteigne le premier ravitaillement (au kilomètre 16,4) situé en pleine montée. Ce n'était pas facile, mais je mis les douleurs de côté et suivis mon chemin. Les autres coureurs étaient déjà loin devant, mais Charles et Tristan restaient dans les parages, nous faisions une sorte de partie de yo-yo entre nous.

    Au kilomètre 28 environ, nous sommes rentrés en Catalogne, laissant derrière nous l'Aragon. Au premier coup d’œil, pas de gros changement de décor, sauf peut-être la présence de vignes que je n'avais pas remarquées auparavant. On n'avait jusqu'à présent vu que des oliveraies et des amandiers.

    Au kilomètre 29,5 le second ravitaillement se profila, j'y arrivai en 3h23' et une longue montée nous y attendait d’environ quinze kilomètres, avec entre temps le troisième ravitaillement passé en 4h47' pour 40 kilomètres de course. Une fois au sommet il fallait redescendre, et là, ça piquait fort dans mes guibolles. Impossible d' « envoyer », le frein moteur était enclenché et la prudence s'ajouta, me faisant ralentir alors que j'aurais aimé dévaler à 12km/h comme lors de la première étape. Un peu frustré avant d'arriver au quatrième poste de ravitaillement à l'entrée de Bot, une petite ville. 6h20' pour 52,5km et un très long arrêt de plus de 6' pour me ravitailler en liquide et en solide. La suite, pratiquement toujours en descente mais à peine perceptible, nous fit courir sur une voie verte, une ancienne voie ferrée, où pas moins de 11 tunnels allaient se succéder en dix kilomètres. C'était un paysage admirable qui s'offrait à nous entre deux tunnels : des gorges, des montagnes, des trous d'eau verte ou bleutée. Le port de la lampe frontale ayant été conseillé, voire exigé, je n'eus aucun souci à passer du grand soleil à l'obscurité des tunnels longs de 100 à 750m. Plusieurs groupes de cyclistes nous dépassèrent ou croisèrent ce qui apportait son lot de distraction.

    La fin de la voie verte coïncidait avec le dernier poste de ravitaillement : km 62,7 passé en 7h43'. Il ne restait plus que six kilomètres au grand maximum, mais dont les trois premiers étaient en montée. Il faisait quand même un peu chaud à cette heure de la journée. Au col, une vue superbe donnait sur El Pinell de Brai et ses environs qu'il fallait rejoindre par une bonne descente suivie d'une dernière remontée jusqu'à l'arrivée. 8h30' pour faire ces 68,4km, je n'avais pas été très rapide, mes douleurs m'ayant bien ralenti : 8,1km/h. J'espérais seulement que pour la dernière journée, il n'allait rien de passer me contraignant à ne pas atteindre la mer. Je passai donc la fin de la journée à essayer de ne pas y penser pour savourer le fait d'être là. D'autres étaient plus mal en point que moi, donc je ne m'étendis pas sur mes petits bobos.

     

    Septième et dernière étape : El Pinell de Brai – Riumar, 69,6km et plus de 700m de dénivelé positif.

    Ce devait être une fête, mais pour pouvoir la faire, il fallait d'abord arriver au bout du ponton sur le sable de la plage de Riumar. Je négociai bien le début d'étape, dans le noir, en montée pendant trois ou quatre kilomètres, je tentais de garder en vue les autres coureurs partis dans mon groupe de 6h30 afin de ne pas être trop tôt isolé. La descente raide qui suivit ces premiers kilomètres fut le début des douleurs aux jambiers, mais comme au kilomètre six on rejoignait une route plate, longeant l'Ebre, et je pus ensuite de nouveau courir sans trop souffrir. Au kilomètre dix, une longue montée de quatre kilomètres se présenta et j'alternai alors course et marche. Le jour commençait à se lever, il faisait encore frais. Les sensations devinrent meilleures. Par contre, une fois passé au ravitaillement situé peu après le col au kilomètre 14, là où les premiers (Gwen en tête suivi de Rémi) me reprirent les trente minutes de décalage de leur départ, la descente me rappela que mes inflammations étaient sérieuses et je dus mettre le frein et le ronger (mon frein) en me disant qu'il fallait que je reste patient, que les kilomètres allaient quand même défiler. Une fois en bas, la route est plane jusqu'au kilomètre trente ce me permit d’engranger les bornes (ravitaillement n°2 au kilomètre 26). J'avais dépassé les coureurs du premier groupe, partis à 6h, et j'étais dans le même secteur que Charles et Tristan qui s’étaient arrêtés plus que de raison pour se restaurer. Et lorsqu’on arriva au pied de ce qui semblait être une énorme montagne, la dernière difficulté proposée par la Via Iberica, je sus que j'allais avoir du mal à faire ces six kilomètres en montée dont certaines portions étaient supérieures à 10% et dépassaient même 15% de pente.

    Le troisième ravitaillement positionné au dernier col, au kilomètre 36,5 marqua la fin de la montée et aussi de ma période de sérénité malgré la pénibilité de cette longue ascension. Je ne pensais pas que la descente qui suivait allait si mal se passer : de forts pourcentages, dignes de ceux de la montée, en plus d'un revêtement assez bosselé, eurent raison de mon envie de m'accrocher. Mentalement je n'étais plus là et je me dis que les 32 derniers kilomètres allaient être une belle galère. Et ils le furent. Même les nombreux orangers, les amandiers, les oliviers, les vignes, puis le long de l'Ebre, les rizières, les nombreux oiseaux (hérons, aigrettes, ibis...) rien ne pouvait plus me redonner le goût de relancer la mécanique. J'avais trop mal, aux jambes et au mental. J'ai réussi néanmoins à arriver au bout de cette dernière étape, mais un peu dans le même état d'esprit que lors de la dernière étape de la DLL (traversée de l'Allemagne effectuée cet été) et la montée au Zugspitze. 9h28'05 pour 69,6km. D'ailleurs je ne célébrai pas mon arrivée comme je l'avais tant de fois déjà fait lors des Transe Gaule ou TransEurope. J'étais fâché avec moi-même essayant de retrouver le moment où j'avais pu flinguer ma course en déclenchant ces inflammations aux jambiers. Je pense que j'aurais dû découper mes chaussettes dès la seconde ou troisième étape, celles que je portais me serraient le cou-de-pied comme des bas de contention.

     

    Bon, j’étais quand même content et fier d'être allé au bout de cette course merveilleuse, très bien organisée, avec de nombreux coureurs et coureuses que je connaissais déjà et d'autres dont j'ai fait la connaissance. Un staff aux petits oignons avec les coureurs, des bénévoles toujours souriants aux ravitaillements, des hébergements sympas et de très jolis villages et paysages traversés.

     

    A+Fab*********€&δ~


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  • Via Iberica 2018

     

    Voici le récit de ma seconde Via Iberica :

    La Via Iberica a commencé pour moi par le trajet pour me rendre de chez moi à Urdos, lieu de départ de la course. Ces longues aventures pédestres n'auraient pas autant de saveur s'il n'y avait pas les longs voyages "avant" et "après".
    Mon voyage a débuté par un petit déplacement de chez moi qui réside dans une commune au sud de Nantes jusqu’au nord de Nantes pour prendre mon Ouibus de 0h15. Ce fut un long voyage peu confortable quand on a de grandes jambes ! J'ai somnolé à plusieurs reprises jusqu'à l'arrivée à 5h à côté de la gare de Bordeaux. Là, direction le hall de gare en slalomant parmi les pochtrons et autres tas de viande alcoolisés. Une fois à la gare, je réussis à trouver un banc pour me reposer et je somnolai à nouveau malgré le bruit ambiant. C'était fou, la nuit, la faune qui grouillait par-là ! Je pris mon TGV à 9h où il fallut cravacher pour ranger mes deux sacs. Et enfin je pus me détendre - sans dormir réellement. Je descendis à la gare de Pau où je dus attendre de longues minutes mon TER qui m’achemina à Oloron-Sainte-Marie d'où je rejoignis Urdos en car. Ensuite, j'essayai de me reposer mais avec la bande de joyeux drilles que j’avais retrouvée avec plaisir, je me dis que le repos ce serait pour le lendemain, après la première étape.

     
    1ère étape de la Via Iberica : Urdos - Jaca, 45,1km et plus de 1000m de dénivelé positif.
    Cette année nous sommes partis sous un beau ciel dégagé, il ne manquait que le soleil encore aux prises avec son escalade du versant est de la montagne.
    Après un petit tour de ville faisant augmenter la longueur de l'étape d’un demi kilomètre (pour qu’elle entre en compte sur le site allemand DUV qui tient à jour les courses d’ultra) nous avons pris la route menant au col du Somport. 14,5km de montée pour passer de 750m à 1650m d'altitude.
    Je négociai bien cette première partie mettant trois minutes de moins que l'an dernier (avec 500m de plus) tout en prenant le temps d'admirer les montagnes et vallées environnantes. Je basculai du côté espagnol en dixième position et entamai prudemment la longue descente vers Jaca. Je ne descendis pas aussi vite que l'année précédente pour éviter de me blesser mais je courus quand même à bonne allure si bien que je mis le même temps à quelques secondes près qu'en 2017 (4h40'35" pour 45,1km). Je finis huitième à presque 1h du premier mais pas très loin des quatre coureurs et coureuses me précédant.
    Pas de bobos, pas de douleurs spéciales, j’étais satisfait de cette entrée en matière.

    Le lendemain nous attendait une petite étape de 45km environ elle aussi, où j'espérais être aussi bien que lors de la première.

    2ème étape, Jaca - Fiscal, 45,6km et plus de 900m de dénivelé positif.
    Le départ fut donné à 8h30 pour le peloton entier, seul Alain Simon blessé avec une belle entorse à la cheville a dû renoncer à poursuivre l’aventure ibérique. Le temps frais rendit nécessaire le port de quelques vêtements spéciaux afin de bien se protéger le temps de voir le soleil apparaître une fois la première bosse digérée. Cette première partie de course nous proposa une alternance de montées et de descentes jusqu'au premier ravitaillement. Arrivé à ce point, 16,6 kilomètres, en 1h38, j'étais à plus de 10km/h. Les autres coureurs de devant avaient pris un peu d'avance et je continuais d'en apercevoir de temps à autres quand la route était rectiligne. Jusqu'au kilomètre 25 j'étais bien, mais je commençais à ressentir une petite baisse de régime. Gwen Quéant avait fait la jonction et nous avons couru de concert jusqu'après le tunnel non sans s'être arrêtés au second ravitaillement (km 31,2). Notre moyenne était passée de 10,1 à 9,1 en l'espace de 10km et je comptais sur la descente finale pour me refaire "une santé". Gwen encore gêné dans les descentes trop fortes se laissa décrocher. Je rattrapai Édith Doyen avec qui je finis cette étape à la 7ème place ex-æquo en 4h53'39" (soit 8' de moins qu’en 2017 : objectif atteint).
    Nous avions eu du très beau temps, relativement frais sauf en l'absence de vent où il faisait alors carrément chaud. Un autre abandon eut lieu aujourd'hui, celui de Jean-Michel Sotgi. Nous étions encore 25 en piste et certains se permirent même d’effectuer quelques kilomètres supplémentaires en s'égarant dans la "pampa".
    3 groupes de départ seraient constitués pour la 3ème étape avec des départs à 6h, 6h30 et 7h pour le mien. Presque 77km au menu avec plus de 1500m de dénivelé positif. Rien que d'y penser, ça calmait. Mais la récompense serait à l'arrivée : à Alquezar on pourrait admirer ce joli village typique de la région.

    3ème étape, Fiscal - Alquezar, 76,5km et plus de 1500m de dénivelé positif.
    À 7h, nous prîmes le départ à dix en comptant Gérard Denis sa trottinette. Il faisait nuit, la route étant étroite sans réel bas-côté, avec les quelques voitures que nous risquions de croiser, nous devions porter le gilet de sécurité, une frontale et une lampe rouge clignotante derrière. Il faisait frais mais le ciel était découvert. La longue descente d'une vingtaine de kilomètres environ se passa bien, mais nous n'avions pas pu profiter du paysage car au lever du jour nous nous étions retrouvés dans la grisaille des nuages bas. Nous avions rattrapé peu à peu certains coureurs des groupes des départs de 6h et 6h30. J'étais calé entre la 4ème et la 8ème place et notre petit "peloton" avalait goulûment ces beaux kilomètres sans effort. Arrivés à Sabananigo on quitta la route principale pour emprunter une route plus tranquille mais qui allait bientôt monter.
    Le groupe se disloqua rapidement et je me retrouvai lâché loin derrière, c'est du moins l'impression que j'avais. J'étais quand même bien et la succession de côtes puis de descentes ne me gênait pas du tout.
    Ainsi au fil des heures j'engrangeais les bornes. Dommage que nous n'ayons pas pu apprécier le paysage en nous retournant : cette année, point de chaîne des Pyrénées. En guise de consolation, pas de torticolis non plus.
    Une longue partie "montagneuse" se présenta, de celles où l'on aperçoit les coureurs de devant dans les lacets plus haut et quand on y passe, il s'est écoulé un bon gros quart d'heure. Même chose quand ou regarde en bas, une fois qu’on est en haut, et qu'on se dit que les copains sont loin derrière.
    Ça eut le mérite de faire passer le temps avant d'entamer la longue descente de 17 kilomètres environ qui nous conduisait au pied de la montée vers Alquezar.
    J'avais rejoint Tristan Lacherest avec qui je terminai ce long périple de 76,5km. Nous étions 5èmes ex-æquo et satisfaits de notre journée. Nous avions mis 8h27' (soit presque 30' de moins que lors de l’édition passée pour moi). Et cerise sur le gâteau, le soleil décida juste à ce moment-là d'apparaître de derrière les nuages.
    Quel beau village, Alquezar ! Surtout vu depuis l’endroit où nous étions arrivés.

     

    4ème étape, Alquezar – Sariñena 68,8km et plus de 500m de dénivelé positif.

    Devant une seconde "Clara" (bière mélangée avec du soda au citron) je me remémorai mon étape du jour.
    Départ d'Alquezar comme la veille à 7h, dans le noir, équipé de la même manière, nous avons emprunté les ruelles "pavées" ou "cailloutées" traversant le village avant de rejoindre la vraie route, puis celle de Huesca avec une belle pleine lune en guise d'éclairage.
    Les premiers kilomètres ne parurent pas passer rapidement, mais la nuit a tendance à déformer les sensations (le GPS étant une sorte de juge de paix quand il ne connaît pas d’interférences). Avec Édith, on fut souvent ensemble, comme d'habitude elle courait devant en descente et c’était moi dans les montées qui prenais les devants. Le 1er ravitaillement était loin du départ, 15 kilomètres et en sommet de côte, je m'y fis remplir ma bouteille et repartis aussitôt avec une banane à la main que j'avais prévu de manger plus tard. Les villages aux alentours se découpèrent peu à peu dans la lumière en contre-jour de l’aube naissante, mais le soleil restait camouflé derrière les hauteurs à l'horizon.
    Le second poste de ravitaillement se fit désirer car nous avions alors quitté cette belle petite route pour en rejoindre une autre non sans avoir transité sous une autoroute par une autre route fréquentée.
    La succession des ravitaillement était une manière de structurer le temps sur cette étape peu vallonnée mais comportant quand même quelques belles côtes. Après le ravitaillement n°3, un long passage sur une route de campagne où les odeurs d'épandage de lisier nous mena au pied d'une côte dans laquelle il ne fallait pas rater le début d'un chemin caillouteux de quatre kilomètres. Ce ne fut pas simple car la foulée n'était pas naturelle et il fallait éviter de trébucher sur une quelconque caillasse vicieuse.
    Au sortir de ce chemin, j’effectuai un petit arrêt technique pour enlever les intrus voulant voyager gratis dans mes chaussures et je repartis vers le ravitaillement suivant, celui d'où on apercevait un splendide paysage de western. Kilomètre 49, encore 20 autres à faire mais dont beaucoup en descente. Tristan était de nouveau avec moi, Édith pas très loin derrière, les quatre de devant à au moins 25'. Nous sommes restés ensemble pendant tout le western puis peu à peu nous nous sommes séparés, surtout Édith qui avait plus de jus que Tristan et moi. Popol (Philippe P.) nous rattrapa et il finit avec Édith.
    Au final, Tristan et moi avions couru 7h43'22" (j’avais mis 42" de plus que l'année précédente).
    Il avait fait beau et pas trop chaud, parfois le vent était venu apporter un peu de fraîcheur bienvenue.
    Sur la 5ème étape nous attendait une longue chevauchée de près de 78 kilomètres pour rallier Caspe.


    5ème étape : Sariñena – Caspe, 78km et 600m de dénivelé positif.
    Au menu, 78 kilomètres dont un nouveau tronçon de 30 kilomètres au moins nous évitant de longer la "route aux cochons" et ses ribambelles de camions, ses champs fortement odorants, ses fossés jonchés de nombreux détritus jetés des camions et cette longue ligne droite bosselée où un camion aperçu au loin mettait un quart d'heure pour arriver jusqu'à nous (15' j'exagère peut-être un peu).
    Bref, il était 7h quand notre 3ème vague fut lancée, dans la nuit encore profonde. La route était un peu éclairée par la lune et après quelques hectomètres de zone industrielle nous pûmes nous guider à la lumière de nos frontales devenues indispensables plus dans un objectif de sécurité que d'éclairage. Il fallait être vu par les conducteurs se rendant à leur travail pour la plupart.
    Notre groupe s'étala vite, avec cinq échappés dont je n'aperçus bientôt plus que le clignotement de leur lampe dorsale, obligatoire ou fortement recommandée. Derrière, je pensais être suivi de près par Édith et Tristan mais au détour d'une courbe je ne les vis pas. Je courus à 9,3 de moyenne jusqu'au ravitaillement 1 où je rattrapai des coureurs partis 30' avant moi. Peu après j'en dépassai certains partis 1h avant. La route montait pour nous faire accéder au plateau que nous allions traverser pendant plusieurs dizaines de kilomètres.
    Au second poste de ravitaillement je vis avec stupeur que Tristan avait abandonné et je mis quelques minutes pour le digérer non sans avoir tenté de lui faire changer d'avis.
    Je repartis à l'assaut du ravitaillement 3 (kilomètre 40,5) en étrennant la nouvelle voie, un beau chemin bien large et peu caillouteux. Là, il fallait avoir quelques idées pour faire passer le temps car j'étais seul et la route longue, longue, longue... J'allais revenir sur Pascal Perrotin et Christian Perchoc partis 30' avant moi quand je me mis comme la veille à saigner du nez. Je ne m'arrêtai pas mais dus néanmoins stopper cette petite hémorragie. Avec un bout de mouchoir dans le nez je continuai d'avancer mais les deux compères avaient repris de l'avance.
    Au ravitaillement 4 on sortit d'une longue ligne droite pour en reprendre une autre de cinq kilomètres avec à gauche et à droite des champs et à l'horizon des reliefs. Il commençait à faire chaud même si le vent parvenait à apporter une légère fraîcheur. Le ravitaillement 5, isolé dans un paysage ressemblant à ceux de l'Ardèche, se situait dans une belle longue descente sinueuse. A la fin de cette partie très agréable pour les yeux mais moins pour des organismes fatigués on débouchait sur l'ancien parcours avec de la circulation que nous avions évitée depuis le lever du jour. Courir sur les bas-côtés de cette route large mais avec encore plus de quinze kilomètres à faire fut un moment assez peu agréable à passer. Au dernier ravitaillement je pris des nouvelles des écarts et me rendis compte que je ne pouvais plus rattraper personne et que j'allais finir l'étape en solo. Mise à part une dernière hémorragie nasale à cinq kilomètres du but je terminai enfin cette très longue aventure. 7ème place en 8h54' pour 78km soit à une moyenne supérieure à celle de l'an dernier alors qu'on avait cette année cinq kilomètres de plus. J'espérais ne pas conserver trop de séquelles de cette étape pour passer une belle journée sur une belle étape avec du fort dénivelé.

     

    6ème étape : Caspe – El Pinell de Brai. 68,4km et environ 1100m de dénivelé positif.
    Mon étape du jour s'était encore bien passée, malgré une chute de la moyenne mais il y avait eu quelques circonstances de course qui avaient provoqué cette baisse d'allure. Le profil de l'étape d'abord avec plus de 1000m de dénivelé positif, et ensuite une partie de l'étape empruntant une partie du parcours du Rallye de Catalogne. De ce fait certains postes de ravitaillement durent être déplacés de plusieurs kilomètres.
    Au petit matin nous avions quitté Caspe encore sous un ciel partiellement dégagé avec la lumière de la lune qui nous servait parfois d'éclairage. Le groupe des sept dont je faisais partie s'étira, me laissant seul sixième suivi par Gwen Quéant. J'arrivai au ravitaillement après avoir monté une longue côte puis je basculai vers Maëlla. Là, je retrouvai Sylvain Ethore en proie avec des douleurs aux quadriceps qui l'empêchaient d'avancer comme il l'aurait souhaité. Après l'avoir encouragé je filai.
    Au second ravitaillement au kilomètre 31 je repartais quand Sylvain arrivait et j'aperçus au loin, devant, quelques silhouettes non identifiées que je remontai tranquillement à mon allure de croisière.
    Rendu au kilomètre 47 on devait prendre une petite route sinueuse pendant plus de cinq kilomètres. Mais ce fut à ce moment-là que nous nous retrouvâmes sur la route du circuit de Catalogne dont c'étaient les épreuves sur des routes ouvertes à la circulation. J'avais rattrapé Édith et nous avons alors effectué la descente ensemble, sur le côté droit de la chaussée pour raisons de sécurité : cinq kilomètres où les bolides rugissants nous croisaient tandis que d'autres véhicules nous dépassaient. Il y avait aussi beaucoup de piétons recherchant le meilleur endroit pour assister aux épreuves du jour. Nous avons rejoint Bot où nous avons marché pour nous frayer un passage dans la foule et retrouver la voie verte aux onze tunnels. Une fois sur cette piste tranquille, nous avons pu de nouveau courir et cheminer ensemble quelques kilomètres avant que je laisse Édith poursuivre à son rythme, plus lent que le mien, et que je file devant. Une fois sorti de la voie verte, j’entamai la dernière partie qui était en côte sur trois kilomètres avant de redescendre sur la ville que j'atteignis en 7h52'12" à la 5ème place.

    J’espérais encore mettre moins de 8 heures sur la dernière étape : je gardais de l'édition 2017 un souvenir mitigé de cette journée à cause d'une blessure aux releveurs. Là, je n'avais pas de bobos particuliers. C'était déjà ça pour apprécier encore plus ma 333ème étape depuis 2005.
    On allait devoir s’attendre quand même à une difficile et longue journée si en plus la météo annoncée était confirmée : de la pluie à tous les étages à partir de 9h ! Je devais partir à 7h car j'avais de nouveau fini dans les 6 premiers (5ème même), l'autre groupe démarrant à 6h.

    Septième et dernière étape : El Pinell de Brai – Riumar, 69,7km et plus de 700m de dénivelé positif.
    J’ai terminé 5ème en 7h56'50" et au classement général final j’étais 6ème.
    Cette ultime étape ne fut pas si simple car il a plu une grande partie de l'étape. Il y avait aussi deux grosses difficultés à franchir et, une fois dans le delta de l'Ebre, le vent s'est renforcé. Heureusement on l'a plus eu favorablement que contraire à notre avancée.
    Je suis parti à allure "normale" et me retrouvai vite dans les derniers du peloton des plus rapides. Une montée peu forte suivie d'une belle descente avaient créé rapidement des écarts qui me semblèrent insurmontables à ce moment de l'étape. Une fois dans la vallée de l'Ebre, je m'accrochai aux lampes arrières des coureurs de devant pour ne pas me faire irrémédiablement distancer. Au kilomètre 10 environ, une longue montée de cinq kilomètres se présenta : enfin un peu de sel ! Je commençai à trouver mon rythme et effectuai une belle remontée jusqu'à Popol (Philippe P.). Devant, Rémy, Gwen Quéant et Jean-louis Valderrama accompagnés Tristan revenu en "journey runner" batifolaient sur le bitume et écrasaient la concurrence.
    Suite à une erreur de calcul de ma part (je n'avais pas bien regardé le classement général) je pensais que Gwen allait être en mesure de me reprendre les 1h15' que je croyais avoir comme avance sur lui. Donc je poursuivis mon effort et me retrouvai provisoirement quatrième de l'étape. Au second ravitaillement je consultai les écarts et pronostiquais un débours supérieur à 1h20’ au final. Je maintins mon effort non sans difficultés et entamai la fameuse montée située du kilomètre 31 jusqu’au ravitaillement du kilomètre 36,5 à Tortosa.
    Je gérai la montée en marchant le moins possible sauf quand les pourcentages étaient supérieurs à 15%. Au col, après m’être ravitaillé, je basculai avec 28' de retard sur le caribou costarmoricain et comme j’étais un peu mal à l'aise en forte descente je prévis le pire.
    Au bas de la descente, mes jambes étaient assez douloureuses mais tournaient. Au ravitaillement 4, Christian Perchoc me rattrapa et nous avons couru ensemble jusqu'à l'arrivée. Heureusement que nous étions deux car cette partie de 22 kilomètres se serait avérée encore plus difficile à travers les rizières et autres marais sous un vent renforcé le plus souvent soufflant en notre faveur.
    Avec le passage au dernier ravitaillement j'appris que je perdais plus de 50' et donc je me relâchai car j'avais aussi constaté que je m'étais trompé dans l'estimation de l'écart avec Gwen qui était d’1h40' en réalité au départ de cette étape. Avec Christian on a néanmoins poursuivi notre effort pour rester sous les 8 heures au final. L'arrivée sur le ponton puis sur la plage quasi déserte sous un fort vent pour kitesurfers fut une délivrance et après quelques embrassades et congratulations nous sommes rapidement retournés nous abriter et nous réchauffer à l'hôtel.


    Voilà ma 14ème course à étapes était terminée, chiffre encore plus symbolique j'avais fini ma 333ème étape. Encore 32 et j'aurais une année de courses multidays dans les pattes.
    à+Fab

     


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  • DLL 1ère étape.
    Nous sommes partis sous la grisaille avec un vent du sud, donc souvent face à nous, mais il ne pleuvait pas contrairement à ce qui était craint. Le regroupement sur la plage fut assez bref et le départ fut donné à 8h20. Plus d'1km de plage puis les dunes et enfin la route. J'étais dans les premiers, surpris un peu mais les organisateurs avaient tellement rabâché qu'il fallait aller lentement que beaucoup se sont pris au jeu. J'étais avec Tristan Lacherest qui semblait être à l'aise et il ne tarda pas à me distancer pour rejoindre la tête de course. Manque de chance, les coureurs de tête ne connaissaient pas le parcours et on dut les appeler à une intersection pour leur dire qu'ils se trompaient. Du coup je me retrouvais en tête avec 2 autres coureurs qui se détachèrent assez rapidement. Peu à peu je me fis reprendre par les étourdis mais je m'en fichais car je trouvais que mon allure était correcte et je ne voulais pas tirer trop sur l'organisme. Je me suis arrêté 2 fois pour un vidage de chaussures car le sable de la 1ère partie commençait à me gratter les dessous des pieds et je ne voulais pas revivre le trop long épisode des ampoules de 2017.
    Le 1er ravito se situait après 17km de course, je remplissais mes bouteilles et grignotais quelques morceaux de bananes et de barres chocolatées. La fin de cette demi-étape fut longue car il y avait une interminable balade dans les marais le long de la voie de chemin de fer. Je finis cette partie en 2h53 pour 27km à mon GPS.
    Je me ravitaillais longtemps puis à l'abri du vent et du crachin, j'entrepris de me remettre de la crème sur les pied et de nettoyer mes semelles de propreté et de vider mes chaussures du sable qui pouvait y résider à nouveau.
    À peine avais-je fini que j'appris que nous allions prendre le 1er train pour repartir aussitôt du continent pour la seconde partie de cette 1ère étape.
    Je me ravitaillais à nouveau pensant qu'il allait y avoir un départ collectif mais j'appris que le chrono tournait et que le temps du voyage seul allait être décompté. Donc, surpris, je repris la route, au début d'un bon rythme puis peu à peu je dus ralentir : il faisait plus frais sous la pluie qui avait commencé à tomber lors de la transition entre l'île et le continent.
    La piste cyclable était agréable mais de longues lignes droites allaient tempérer mon ardeur et je me résignais à rester prudent et à terminer à une allure moins rapide. La fin fut longue là aussi - c'est une constante chez moi - et quand j'en eus terminé je constatais que mon GPS indiquait le même temps que la 1ère partie : 2h53.
    Bières, douche, bière, installation, bière, préparation des affaires pour l’étape suivante puis c’était déjà l'heure de manger : il n'était que 17h45 - l'heure habituelle de mon goûter - mais le lendemain une longue étape nous attendait (88km) donc on irait se coucher tôt pour pouvoir se lever à 3h30 pour un départ collectif à 5h.
    Voilà pour cette 1ère étape. Globalement j'en suis satisfait. On verra bien demain si mon optimisme sera toujours de mise.
    À+

     

    2ème étape où Tristan Lacherest a lâché les chevaux et moi plus modestement les poneys.
    La difficulté de l'étape tenait plus à sa longueur qu'à la variété des revêtements rencontrés.
    Je n'ai pas d'ampoules donc je peux courir vraiment à mon niveau même si la moyenne n'est pas folichonne.

    Nous sommes partis à 5h quelques-uns avec leur frontale, d'autres en tenue claire avec le gilet de sécurité et d'autres en tenue sombre. Certes, nous allions courir quelques bornes sur une piste cyclable, mais, il faisait encore sombre, nous avons pris une route sans bas-côté. De quoi entendre d'ici JB hurler. D'ailleurs, Oliver a remonté tout le peloton pour signifier qu'en cas de récidive il y aurait des sanctions allant jusqu'à l'exclusion. Nous, avec Tristan, on avait l'esprit libre car on portait le matos de base visible par les automobilistes.
    Je suis parti avec la tête de course ayant de bonnes sensations et aucune séquelle de l'étape d'hier. Mon allure se situait aux alentours de 9,7km/h (dixit mon GPS) et j'ai tenu cette vitesse jusque vers le km 35. Les arrêts aux ravitos ont fait baisser cette moyenne mais celle-ci resta pendant un long moment au-dessus de 9.
    La météo était bien comme il faut avec un peu de vent et parfois un peu de pluie tellement brève que je n'avais pas le temps de penser à sortir le poncho qu'il ne pleuvait déjà plus. Aux ravitos je c
    arburais au coca et remplissais mes bouteilles d'eau et d'iso (poudre de perlimpinpin qui redonne des forces sans avoir un goût trop sucré). Quelques bouts de bananes et barres de céréales suffisaient à me rassasier ou au moins à calmer ma faim.
    Je me suis retrouvé seul très souvent et parfois quelques troupeaux broutant dans les pâturages venaient me divertir. On a traversé
    plusieurs villages ou petites villes mais le parcours nous a souvent proposé des pistes cyclables ou des chemins caillouteux ou herbeux.
    D'habitude je n'aime pas mais cette année je me suis fait à l'idée que ça allait être monnaie courante alors j'apprécie tant que ce n'est pas trop boueux.
    Nous sommes passés par le tunnel sous le canal Oster-See (escalator, tunnel, escalator) et en en sortant il restait à peine 10 bornes que je gérais en prévision des prochains jours. Je finis 9ème et améliore mon temps de 2017 d'1h30 environ. Quelques coureurs commencent à payer au tarif fort leur journée d'hier.
    Demain on n'a que 77km pour arriver à Hambourg. Départ à 6h. On verra si les bières de ce soir vont avoir la même influence que celles d'hier.
    Bon, c'est l'heure de se coucher.
    À demain.

     

    DLL 2019. 3e étape. Temps idéal pour supporter l'interminable route menant à Hambourg : 33km de ligne presque droite, heureusement que la piste cyclable était relativement bien ombragée et la température comme il faut. Mon camarade de jeux, Tristan, a quitté la course. Je l'ai appris avant 11h, soit au ravito 3 (km 43). Ça m'a un peu bousculé sur le coup, mais là, je ne pouvais pas intervenir. J'espère qu'il rebondira rapidement. Bon, je vais manger, on nous appelle.
    À+ pour un "vrai" CR.

    Suite du CR de la 3ème étape.
    Le portable d'un individu qui n'a pas osé se dénoncer a sonné à 3h. Il a recommencé 5' plus tard. Le mal était fait, j'étais réveillé, mais pour un départ à 6h ça faisait un peu tôt. Je suis resté faire la grasse matinée jusqu'à 4h où quelqu'un a eu l'idée - je dirais lumineuse - de mettre en marche l'éclairage de la salle. Put..., il fallait que je trouve 3 autres mecs pour se faire une belote ou alors je devrais commencer à me préparer. J'ai choisi la seconde option car la belote n'est pas un sport national en Allemagne.
    Pour avoir du temps, j'en ai eu.
    Enfin l'heure du départ : 6h.
    Il faisait jour, pas besoin de frontale mais comme sur les premiers km on allait courir sur une route sans bas-côté et étroite, je me disais que JB aurait assisté à ça il aurait renvoyé sur le champ les inconscients vêtus de couleur sombre. Je n'ai pas vu l'arrière du peloton car je suis parti avec les cadors que je n'ai suivis que quelques km avant de rentrer dans mon "monde" où rapidement je me retrouvais tout seul. Tristan avait effectué un arrêt pour se débarrasser de son sac à dos trop gênant à son goût. Je ne le savais pas encore, c'était la dernière fois que je le voyais.
    Mon rythme était assez rapide mais à la lecture de mon GPS, il s'avérait être moins rapide que la veille.
    Pas grave, l'important se situait au niveau des sensations et comme souvent, j'avais l'impression de n'avoir pas couru la veille.
    Il faisait bon, les arbres gouttaient parfois, mais l'atmosphère était très respirable. Le groupe des rapides avait pris la poudre d'escampette je me retrouvais avec Frank Reichl et Wilma Dierx ainsi qu'avec deux autres coureurs mais nous ne formions pas de groupe en étant plus "étalés" que soudés.
    Les km défilaient (facile à imaginer quand on est en TGV et qu'on laisse ses pensées s'évader) mais là, c'était comme au ralenti.
    J'ai tenu le 9 à l'heure assez longtemps, jusque vers le km 36 (4×9=36) puis au gré des arrêts aux ravitaillements ma moyenne a baissé mais c'était prévu. J'appris au km 43 (ravito 3) que Tristan avait décidé de ne pas aller plus loin dans l'aventure mais je ne pensais pas qu'il allait quitter la course directement.
    La dernière partie de l'étape (33km en ligne droite ou presque jusqu'à Hambourg ) fut laborieuse et comme j'avais mis ma musique, c'est passé, lentement mais sûrement. Le flot ininterrompu des véhicules était impressionnant mais comme je m'étais coupé du monde avec mes playlist je n'en souffrais pas. Seuls de temps à autres des collégiens à vélo m'avertissaient d'un coup de sonnette de leur arrivée derrière moi.
    L' entrée dans Hambourg fut pénible car il y avait de nombreux carrefours à franchir et comme il est obligatoire d'obéir au diktat du petit piéton qui est tantôt rouge (« verboten » de passer ) et vert (là mon gars tu peux y aller mais grouille-toi car je n'ai pas que ça à faire) alors le débours a lourdement fait chuter la moyenne. Mais comme cela a dû être pareil pour tout le monde, ça ne pénalise personne.
    Au final , après un safari dans un quartier biscornu, je suis arrivé à bon port en 9h10 soit encore plus d'1h30 de gagnées si je compare avec 2017. Pas d'ampoules, roule ma poule ! C'est ma devise pour le moment.
    Au classement, j'ai fini 7ème et cela doit aussi être ma place au général.
    Demain, même nombre de km à peu près, avec la traversée de Hambourg et le passage dans le tunnel sous l'Elbe. Ensuite il paraît qu'il y a un tronçon de 40km en ligne droite comme aujourd'hui. On verra bien.
    Ce soir on a mangé italien et je me suis payé un dessert qui n'est pas prévu dans le "forfait repas coureur" : un tiramisu, mais il n'était pas fameux. Heureusement que la bière était bonne.
    Assez de blabla, à demain pour la suite de mes aventures en Allemagne.

    4ème étape.

    Et encore une de faite ! 9h44'21" (à mon chrono j'ai moins, ça doit être le temps-réflexe du chronométreur) pour 79,5km et une nouvelle 7ème place. Hambourg fut longue à traverser avec des arrêts aux feux tricolores ; donc au bout de 26km ... ouf, on en était sorti, mais pour se payer un marathon sur une piste cyclable, bien ombragée certes, mais au bord d'une route à grande circulation. Jusqu'au ravito 4 (km53) ça avait été et après ce fut plus dur. Mais on n'a jamais dit que ça allait être une promenade bucolique.
    Enfin, tout va bien pour moi. J'ai renforcé mon mental qui va être aussi blindé qu'un fourgon de la Brinks.
    Allez, je vais prendre ma douche et me reposer.
    A+

    La suite de mon CR.
    Donc Hambourg fut une longue séance de fractionné et une fois le tunnel sous l'Elbe passé on pouvait se ravitailler et repartir pour la grosse quinzaine de bornes pour enfin sortir de cette ville interminable. C'était beau notamment les passages sur le port et sur les ponts. Au 2ème ravito, on allait courir sur la piste cyclable d'une route pendant au moins un marathon avec de l'ombre heureusement mais aussi un flot quasi ininterrompu de circulation. Le remède : mettre sa musique et laisser le temps et les km passer. J'étais seul, parfois au ravito j'apercevais Wilma qui en repartait et inversement quand je le quittais je voyais arriver Frank. Je me réjouissais de voir à 10km de l'arrivée que nous allions quitter cette longue route mais ce qu'on y gagna, ce ne fut que la réduction de la circulation. Je franchis la ligne en 7ème position et restais 8ème au général (Je m'étais trompé avant-hier ). Encore 15' et on part alors, à ce soir.

     

    Bien arrivé au bout de cette 5ème levée effectuée sous un grand beau temps pas encore caniculaire mais ça devrait monter d'ici 2/3jours où un gros gâteau nous attend : 79 + 86 + 78 (environ).
    Aujourd'hui j'ai voulu consolider ma place (qui était 8ème au général ) et du coup je suis passé ... 6ème, grâce à ma 6ème place d'aujourd'hui et malheureusement en raison de l'abandon sur blessure d'un des favoris (Günther Naab).
    D'autres abandons ont eu lieu aujourd'hui, on fera le point ce soir quand tout le monde sera rentré.
    Temps de l'étape : 8h45 pour 74,5km (1h de gagnée sur celle, plus courte de 3km au moins s'il y a 2 ans ).
    À+ Fab

    (suite du CR) Alors, quoi raconter ?
    On est partis à 6h, il faisait frais mais c'était bon. J'ai suivi le groupe des sprinteurs quelques hectomètres puis j'ai préféré ralentir car ça ne me servait à rien de me
    pré fatiguer trop tôt alors qu'on était à peine échauffés.
    On a enfin rejoint une belle piste cyclable où je pouvais alors essayer de ne pas trop me faire distancer. Je voulais conserver un
    œil sur mes "encadrants" du classement général. Ça m'a fait conserver une allure de plus de 9,5km/h jusqu'au second ravitaillement puis aussi jusqu'au 3ème. Ensuite je m'étais fixé des petits challenges comme de ne pas descendre sous les 9km/h avant la 5ème heure de course. Par la suite, ce fut difficile d'autant plus que les positions des ravitos avaient été données sans tenir compte des modifications apportées à l'itinéraire. Table de 12 du 1er au 3ème puis la calculette s'est enrayée et 4 fois 12 devinrent 53! De quoi déstabiliser un Fab des mauvais jours, mais puisque la chasse était ouverte, je me suis adapté et j'ai contre-attaqué. J'étais 5ème sans le savoir et le 5ème du général était derrière moi. Mais avec plus de 3h d'avance c'est lui qui a dû me contrôler. En tout cas, ça a bien fait avancer le schmilblick. Le dernier ravito, chez un particulier du club local, avait été long à venir et en le quittant, il y avait une pancarte indiquant que l'arrivée se situait à 13km. Je ne les ai pas crus et j'eus la surprise de voir l'indication du dernier km alors que je pensais en avoir 3 autres à faire.
    Plusieurs abandons (4 à cette heure) donc nous ne serons que 34 au départ de 5h demain matin. L'étape est longue (78,5km) et il va faire plus chaud qu'aujourd'hui.
    On va faire deux étapes avec un départ à cette heure (86 et 79km).
    On verra comment on sera en fin de 1ère semaine.
    Les paysages d'aujourd'hui : champs de céréales moissonnées ou pas, prés où broutaient des
    bœufs et pas mal de zones boisées. Quelques champs d'éoliennes, des fermes typiques, des ponts sur l'Aller puis la Weser... De bonnes odeurs aussi, de la campagne.
    Allez, je vais dormir. À demain.

     

    6ème étape

    Arrivé 4ème de l'étape en 9h45 pour 79,6km. Départ à 5h et pas trop chaud jusqu'à 10h, après ce fut plus compliqué mais j'ai géré entre les ravitos et les commerces.
    Nous nous sommes vite retrouvés à 6 devant, en comptant Wilma qui n'est là que jusqu'à ce soir, et une fois sortis des chemins pour atteindre la route principale je dus rapidement faire une visite dans un champ de maïs, et quand j'en ressortis mes comparses étaient très loin et d'autres m'avaient dépassé.
    Je faisais ma course en écoutant le plus possible la voix de la sagesse laquelle se chamaillait avec celle de l'égo qui voulait que je fonce les rattraper.
    Je m'aperçus vite que je n'avais pas trop à m'en faire, voyant au loin où étaient mes camarades.
    Au 1er ravito, je fis déjà la jonction avec 2 d'entre-eux après en avoir dépassé 2 autres.
    Ainsi j'étais avec le 3e et le 4e, donc 5e. Cette hiérarchie restera telle qu'elle jusqu'après le ravito 2 où Mickaël et moi avons passé la vitesse supérieure. Je fus même devant lui quelque temps mais je n'ai pas insisté pour ne pas prendre de risques.
    Les ravitos se firent attendre car en raison de fête locale ou de travaux, les postes ont dû être déplacés.
    Il commençait à faire chaud, heureusement qu'il y avait de l'ombre mais certaines parties étaient en plein soleil. Je me disais qu'au 1er commerce j'allais m'acheter des boissons fraîches, ce que je
    fis : un coca, une eau pétillante et une eau plate (chacune de 50cl).
    Forcément 500m plus loin il y avait le ravito, tant pis, je n'y fis qu'un court arrêt pour manger.
    Il restait 23 ou 24km.
    Cette partie fut longue comme souvent quand l'allure baisse et le ravito 5 était à 9,5km de l'arrivée mais il était situé au début d'une portion de chemins ombragés car en forêt. Je me souviens y avoir souffert ça fait 2 ans mais cette fois c'est passé comme une lettre à la poste.
    L'arrivée fut une nouvelle fois une délivrance et je me suis activé à m'installer et à laver mon linge non sans avoir pris une bière.
    Demain, départ encore à 5 heures en espérant qu'il ne fasse pas chaud trop vite et que la distance annoncée soit la bonne : 86 à 87km, mais pas 90 !!!!
    À+ Fab

    7ème étape

    Un peu vanné et tanné par ce beau temps ensoleillé qui est peu à peu devenu chaud à partir de 9h, j'ai fini en un peu plus de 11h mais à la 4ème place que j'occupe aussi au général car deux coureurs n'ont pas pris le départ ce matin. Arrivé vers 16h, il a fallu attendre 18h pour pouvoir s'installer (matches de hand-ball), mais les douches étaient accessibles donc j'ai pu "m'avancer dans mes tâches domestiques" et aussi bien m'hydrater et me restaurer.
    Tout est prêt pour demain, mais je suis quand même marqué par la journée interminable que j'ai passée avec de l'eau tiède dans mes bouteilles et parfois aussi aux ravitos.
    À un moment, où j'avais envie de frais, j'ai vu un attelage festif de jeunes musiciens dont l'un d'eux par maladresse laissa tomber une cymbale sur la route. Comme je passais par là, je l'ai ramassée et les ai rattrapés pour la leur rendre. Pour me remercier ils m'ont offert une bière. Sympas les jeunes !
    Cela n'enleva en rien la fin de l'étape qui fut difficile, comme s'il y avait une rupture
    spatio-temporelle qui faisait rallonger les distances et accélérer le temps.
    Bon assez dit de bêtises pour ce soir, il faut que j'en garde pour demain : 78 ou 79km, avec un départ à 5h. Il va encore faire chaud.
    À+

     

    8ème étape

    L'étape du jour ne fut pas facile : chaleur + dénivelé à forts pourcentages + fatigue accumulée depuis 8 jours. Mais une nouvelle fois je suis 4ème de l'étape. 10h28’ pour 78 ou 79km.

     

    9ème étape

    8h50 pour 68km (4e ex æquo avec Mario, un spécialiste du trail qui court en five fingers) dont les 24 premiers en trail - j'avais mis mes chaussures de trail, bien m'en a pris car j'ai assuré - puis l'entrée et la traversée de Cologne où je me suis un peu inquiété car il y avait du monde et je n'ai pas toujours trouvé le fléchage au sol du 1er coup, puis la fin dont une partie le long du Rhin...

     

     

    10e étape dans la poche. 4ème en 7h01 pour 59km. 49km le long du Rhin sous une météo devenant de plus en plus chaude.

    Nous sommes partis à 6h, il ne faisait même pas frais et après 200m nous avons pris la voie mixte piétons-cyclistes qu'on n'allait quitter qu'après le km 49.
    Le jour se levait tranquillement, comme en osmose avec notre allure, tout du moins la mienne. C'est que certains lascars étaient partis sur un rythme élevé et parmi eux mes deux poursuivants au général. Pas de panique, je suis derrière et je vais contrôler, et ça tombe bien car comme depuis 3 jours j'ai l'impression de lambiner sur la route, j'ai décidé de repasser au-dessus des 9km/h. Jusqu'au R1 je tenais le 9,4. Oiseaux, péniches, joggers, cyclistes, il y avait du monde dans les parages et plus on s'approchait de Bonn plus ça s'intensifiait. Le soleil s'était levé et jouait avec les crêtes de la rive opposée ce qui donnait de jolies variations de teintes. J'étais déjà en sueur ainsi j'appréciais le petit vent de face qui me rafraîchissait. À Bonn, la piste cyclable devint assez fréquentée et il fallait faire attention entre les furieux du vélo, les mémères ou pépères à chiens et les autres usagers de cette partie en bordure du fleuve.
    Au gré des méandres, l'ombre se faisait
    ou plus rare ou plus fréquente, en tout cas elle était la bienvenue. Les km défilaient, j'avais rattrapé et dépassé Frank qui s'était arrêté pour des pauses techniques et j'apercevais au loin Mario avec qui j'ai fini hier. Je fis la jonction avec lui au 3e ravito puis je passais devant. J'allais terminer cette étape en solitaire. Pourtant, Mickaël ne me devançait que de quelques centaines de mètres et j'ai su que c'était dû à une erreur de parcours.
    Au dernier ravito Mike, un bénévole, m'offrit une glace à l'eau en tube qui me fit du bien pour les 8 derniers km.
    Content d'en finir car il faisait encore plus chaud et dans les terres il n'y avait pas de vent.
    J'étais de nouveau 4ème et le restais au général.
    À demain pour le CR d'une longue étape de 78km environ.

     

    11ème étape. 9h40 pour 79km sous un temps tiède au début à très chaud sur les 25 derniers km. Encore et toujours 4ème. Paysages superbes, plein de châteaux à en avoir le torticolis. À+

    CR un peu plus complet de cette 11ème étape.
    Nous sommes partis à 6h mais la frontale était conseillée car il y avait une portion de course en forêt et dans des chemins plutôt herbeux que caillouteux. Le duo de tête accompagné de 
    Frank Wiegand ouvrait la route et je me suis mis en tête de les suivre, de loin au bout d'un moment sans jamais les perdre de vue. Nous sommes arrivés à Coblence où on a suivi la Moselle ce qui m'a fait penser aux quelques personnes que je connais et qui y résident.
    Nous avons franchi cette rivière peu avant sa confluence avec le Rhin, et au Rheinecke nous avons suivi le coude fait par la rencontre de ces deux cours d'eau. Le ravito 1 nous y attendait et je fis la jonction avec le trio d'échappés.
    Je passais plus de temps qu'eux au ravito et ils me distancèrent assez rapidement.
    J'avais
    pris de l’avance sur mes poursuivants dont Mickaël, mais je savais que la journée allait être longue.
    Il faisait bon mais le taux d'hygrométrie devait être important car je transpirais tellement que maillot et short étaient trempés. Je poursuivais mon effort pour faire passer la moyenne au-dessus de 9 car dans la partie trail en forêt on avait dû marcher à plusieurs reprises. Ça allait, je maîtrisais mon allure et les sensations et les km défilaient. Second ravito au km 28 où je constatais que Mickaël n'étais pas loin, mais derrière je ne voyais personne d'autre.
    Les deux ravitos suivants étaient distants de 11km chacun ce qui donnait un élan différent que lorsqu'il y a 15km ou plus.
    Les paysages étaient magnifiques ce qui explique le nombre de bateaux de promenade sur le Rhin que j'ai aperçus et je ne compte pas les péniches. C'est qu'il y a de nombreux châteaux soit perchés en haut des collines environnantes soit dans les villes traversées. Jusqu'à Oberwesel, lieu d'arrivée d'étape en 2017, nous avions eu du temps correct, la couche de nuages réduisant les effets du soleil, mais nous sommes sortis de ce couvert nuageux et les rayons du soleil se firent plus forts.
    J'étais de nouveau devant Mickaël mais un arrêt technique me ralentit et il passa devant moi. Les deux derniers postes de ravitaillement étaient plus éloignés et faire 13 ou 14km ça prenait plus de temps que 3 de moins et la consommation d'eau se faisait aussi plus fréquente et plus importante. Je me suis arrêté acheter un coca, une eau pétillante et une glace avant d'arriver au dernier ravito tenu par les membres d'un club local.
    Il restait 13 p... de km et il fallait rester concentrer sur la méthode à suivre, à savoir ne boire que tous les 1500m et profiter des petites et rares zones d'ombre pour marcher.
    L'arrivée à Bingen fut comme un soulagement mais il testait encore 1500m principalement en montée pour atteindre la banderole de fin d'étape.
    Je finis encore 4ème, j'ai creusé un peu plus l'écart avec mes poursuivants pour ne pas avoir de mauvaise surprise à la fin. Je suis 4ème au général.
    Demain l'étape ne fera que 62km mais quelques portions de course dans les vignes sont prévues avec un bon dénivelé tant positif que négatif. Temps prévu : couvert et relativement frais au départ puis possibilité de pluie et ensuite soleil. Je vais prévoir le poncho, ça ne pèse pas lourd et ça dépanne bien.
    Bonne nuit, à demain.

    12ème étape

    Journée très chaude sur parcours pas évident (route sans bas-côté, chemins viticoles caillouteux ou herbeux, de bonnes petites bosses casse-pattes…). Ça a été dur d'où la moyenne tout juste à 8. Je finis avec mon copain autrichien Mario (qui court en five fingers). 7h42 pour 61km. Demain c'est 69km. À+

     Petit complément de CR car je n'ai pas envie de me coucher avant le soleil.
    Ce matin il faisait encore sombre et à peine frais quand nous avons démarré l'étape et vite fait nous avons dû nous mettre à marcher. C'est qu'on attaquait direct en montée pour plusieurs km avant de prendre une route sans bas-côté où nous avions été informés que le port d'une tenue claire était obligatoire. Ajoutons à cela la frontale, nous étions parés pour ces 61km.
    Nous avons rapidement quitté la route pour un chemin dans les vignes, puis d'autres entre les champs de betterave à sucre, d'oignons, de maïs ou d'autres céréales. Nous avons alterné fréquemment les deux types de parcours mais le revêtement des chemins était très inégal d'où une vigilance accrue pour ne pas provoquer un accident bête.
    Nous avons eu une grosse averse avec des grosses gouttes mais comme je ne suis pas un Luky Luke de la sortie du poncho du sac, l'averse était déjà terminée et moi un peu plus humide qu'avant.
    Je suis parti comme hier en essayant de conserver les hommes de tête à vue, mais il y avait aussi d'autres coureurs avec nous, ceux d'une seule étape, ceux de 3 étapes et ceux qui vont faire les 8 dernières. Ça a un peu faussé mon appréciation de qui était où, mais cela m'a distrait un peu.
    Au bout de quelques heures et après le ravito 2, je me suis retrouvé avec Mario, avec qui j'allais finir l'étape, mais nous ne sommes pas restés constamment ensemble car nous ne courons pas à la même allure et n'effectuons pas les mêmes pauses.
    Les paysages étaient encore beaux, c'est une partie modérément vallonnée que nous avons traversée où la vigne prédomine et donc il y a souvent eu de petits raidillons suivis de petites descentes pentues où il fallait chercher et trouver les bons appuis sur des caillasses mal calées. Vers 10h, le ciel s'est dégagé et il a fait rapidement chaud. Comme par bonheur, les ravitos était espacés de manière à ne pas avoir trop besoin de boire : 10km environ, par ce temps c'est bien. Avec Mario, nous avons peu à peu baissé la cadence, profitant de certaines côtes ou zones d'ombre pour marcher. Sur la fin, nous avons rattrapé un coureur de 3 étapes et avons fini avec lui.
    7h42' pour 61km ce n'est pas terrible, mais demain il y a 69km à faire et samedi ce sera 88km au moins. Donc pas besoin non plus d'ajouter de la fatigue qu'on rencontrera bien vite dans les prochains jours.
    À demain.

     

    13ème étape terminée encore et toujours à la même place. J'ai suivi les 2 premiers pendant une 30aine de bornes, à distance certes mais à vue, puis Mickaël m'a dépassé à son tour et je l'ai pratiquement toujours eu en point de repère. Il a encore fait chaud à partir de 10h et les ravitos étaient assez éloignés les uns des autres. J'ai apprécié les 2 ou 3 ravitos "sauvages". Demain, 88km et 32° de prévus, avec un départ à 5h.

     

    14ème étape

    Terrible étape terminée à la 4ème place ex-æquo avec 2 coureurs que j'ai attendus à 100m de l'arrivée. 11h21 pour 88km au moins avec tous les ingrédients pour en faire une étape-épouvantail : longueur, revêtements variés (chemins en herbe ou de graviers ou de cailloux grossiers, ou de branches d'arbres tombées au sol...), météo "Kanikulaire", dénivelé. J'ai survécu, après ça il ne peut plus rien m'arriver. Pas trop le temps d'en écrire plus, je suis trop fatigué. J'ai mangé, éclusé quelques panachés et je vais me coucher. À+

     

    15ème étape

    Bien arrivé à la 6ème place en 6h50 pour 55km et encore beaucoup de dénivelé et des chemins comme ces derniers jours. Heureusement que mes pieds sont encore en bonne santé.
    Ça a commencé directement par 5km en forêt sur un revêtement hétérogène mais dont certaines parties étaient faites de pierres blanches. Principalement en descente, je contrôlais pour ne pas me faire mal. Forcément d'autres plus à l'aise que moi sont partis vite si bien que je devais me retrouver 7 ou 8ème. Une fois la route retrouvée, je me suis mis en mode gestion. J'avais plus à perdre d'essayer de rattraper ceux de devant.
    Cette première partie était légèrement vallonnée, mais à partir du km 20 environ, on a commencé à rencontrer du bon gros dénivelé qui pique, qui contraint à marcher et qui vous donne des moyennes merdiques en fin de journée. Si en plus les chemins sont techniques...
    On a pris aussi des routes sans piste cyclable mais la circulation en ce dimanche matin n'était pas importante.
    J'ai fait la jonction avec Mario et nous sommes restés dans les mêmes parages pendant de longues heures.
    Les paysages de forêts, de champs ou de villages, de vallées et de collines faisaient passer le temps. Les cultures, en 3 jours, ont changé. Finies les vignes, place aux champs cultivés, labourés et autres herbages. Les fermes ont aussi peu à peu changé mais elles sont moins nombreuses et cette région est sans doute aussi orientée vers l'élevage.
    Du coup j'en arrive au dernier ravito où Mike et sa femme me propose
    nt comme tous les jours depuis une semaine une glace (Calippo) au coca. À chaque fois, c'est un plaisir hélas trop vite passé.
    Ainsi la fin d'étape se profile. J'apprends que je suis 5 ou 6ème selon la position de Mario. Le 2ème au général est derrière, victime d'un petit coup de fatigue. Mais 3 coureurs de "derrière" au général sont devant.
    Voilà, je vais me reposer avant le repas.
    À+

     

    16ème étape terminée. 8h05 pour 69km environ. 7ème place. Plus de 40 bornes sur un chemin longeant l'Iller, constitué principalement de graviers ce qui fatigue bien et use les runnings. La météo a été comme il faut, fraîche et sans soleil. Plus que 3 !

    Pour en revenir à la course, ce matin c'est parti fort. Certains le faisaient déjà fréquemment et lâchaient prise après quelques km ou dizaines de km pour que la "hiérarchie" se remette en ordre. Là, plusieurs coureurs sont partis comme des balles, des coureurs qui sont loin du podium au général et il a fallu se forcer un peu pour les garder en ligne de mire. Or avec l'entrée dans Ulm et ses carrefours avec des feux tricolores qu'il faut respecter on en a rapidement perdu de vu certains dont on se disait qu'ils n'iraient pas bien loin comme ça. Erreur, le break était fait et je me retrouvais bizarrement à la 9ème place, le 10ème me talonnant. Ma fierté ne pouvait pas laisser les choses se dérouler ainsi et d'un certain côté c'est une bonne chose car je n'aurais sans doute pas apprécié après coup d'avoir laissé filer l'affaire. Au bout d'une douzaine de km on avait traversé Ulm et nous avons longé un peu le Danube avant de suivre l'Iller. Celui-là, on allait se le coltiner jusqu'à 10 bornes de la fin et sur du revêtement que je n'apprécie pas : de grossiers cailloux avec parfois un peu de terre ou alors carrément de l'herbe.
    Alors que je filais bon train et que j'apercevais non loin devant un petit groupe, un arrêt technique express me stoppa dans ma tentative de remonter vers la tête de course.
    Bon, alors tout fut à recommencer et j'ai mis un sacré bon bout de temps à récupérer les 7 et 8èmes, puis le 6ème. Devant, c'était trop loin, même au gré de longues portions en ligne droite je ne voyais rien poindre à l'horizon. C'est qu'ils étaient costauds les 5 de devant, normal pour le leader et le 3ème au général, un peu pressenti pour mon pote Mario qui monte en puissance depuis une semaine, mais les deux autres, Martin, un jeune de 21ans et Manfred coureur sympathique et très fantasque, m'ont scotché.
    J'ai été un peu trompé par mon GPS (de merde, je me permets de le mettre car raquer près de 500€ pour un objet soi-disant fiable et qui vous crédite de 2km de plus alors qu'on n'en a pas encore fait 40, c'est bon pour la benne) je me croyais à 9/9,5 à l'heure alors qu'il fallait en retirer 0,5. Comme je ne forçais pas plus que ça, je me suis "endormi" sur cette cadence. Bien sûr les ravitos n'étaient plus synchrones et je pestais intérieurement. Bon, je n'étais plus tout seul, le second du général était derrière moi puis bientôt devant mais je l'avais en visuel. Au dernier ravito, au sortir de ce long chemin au bord de la rivière, j'apprenais qu'il restait près de 10km alors qu'à mon GPS il ne devait en rester que 7. Je voulais arriver en moins de 8h, ça allait être serré. Les feux tricolores m'ont aussi bien cassé l'allure ainsi que la traversée du centre-ville historique certes très joli et pittoresque mais je ne voyais toujours pas la fin de l'étape qui a quand-même fini par arriver. J'étais déçu et un peu en colère d'avoir 70,6km au GPS alors que les autres en avaient 2 de moins.
    J'ai compris après en regardant les détails de plus près pourquoi il m'avait trompé : à chaque arrêt au ravito ou autre, le GPS faisait comme si j'avais fait 200 ou 300m alors que n'avais pas bougé. Au total je retrouve ces près de 2 bornes supplémentaires.
    Le jeune Martin finit 1er ex-aequo avec le leader de la course Bernhard Münz et Manfred 3ème. Je n'ai pas vu le temps des 3 autres devant moi.
    Dernière nuit en gymnase, après on sera logés en hôtel ou bungalow. Demain on a 78km dont les 45 premiers sur route puis le reste en forêt avec une transition très fortement pentue.
    À+

     

    17ème étape

    3ème place aujourd'hui en 9h24'21" pour 77,9km. Parti dans la fraîcheur avec du brouillard recouvrant les sans doute très jolies collines bavaroises, j'ai opté pour une course tactique et d'attente avant une éventuelle attaque. Contre qui ? Je me le demande encore. En tout cas il n'a pas fallu longtemps pour que je me retrouve 3ème. Mon éventuelle crainte était que les bolides d'hier et avant-hier me rejoignent et me larguent.
    Après 45km principalement de route on est passé à la partie forestière de notre étape et cela a fait du bien car le brouillard s'était dissipé et avait laissé place à un beau soleil. Le sol de la forêt était sympa, sans trop de graviers, et je constatais que derrière ça ne suivait pas de près. J'en remis une couche, à savoir courir même dans les raidillons, c'est que j'y croyais à ce podium sur cette étape.
    Alternance route/chemins, sans problèmes, de superbes paysages avec en ligne d'horizon les Alpes. Plein de belles fermes et beaucoup de pâturages où se prélassaient des
    bœufs. Quelques analogies avec le Cantal et le Plateau de Millevaches.
    L'arrivée en plein centre touristique de Fussen, où je fus accueilli comme un héros. Ça fiche la chair de poule.
    En tout cas, content de ma journée où en fin de compte c'est avec moi-même que j'ai réglé les comptes.
    À+

    18ème étape

    2ème de l'étape ! 7h11'49" pour les 62km de cette avant dernière étape. Je me suis bien amusé et bien vengé de tous ces chemins très pentus et de ces ruisseaux qu'il fallait traverser à gué. Nous sommes au pied de tremplin de saut à ski. À+ pour un complément de CR. Là, je savoure un Apfelstrudel avec deux boules de glace et de la chantilly, avec une Weissbier bien sûr.

    Départ dans la fraîcheur, la tenue était un peu renforcée par un buff et des manchons pour protéger les bras. Le groupe est parti relativement lentement et je me retrouvais devant puis peu à peu je me fis rattraper et dépasser par 4 coureurs qui progressivement vont me distancer de plusieurs minutes. Je me faisais une raison, aujourd'hui je ne jouerai pas "les filles de l'air". Mais au second ravito, je me retrouvais avec 3 des 4 échappés. Je restais avec eux car le dénivelé s'y prêtait. Mais quand on court à plusieurs on perd du temps car quand l'un marche ou s'arrête pour une pause technique les autres l'attendent. En côte je trouvais le rythme trop lent et je décidais de mettre un petit coup de gaz pour me réchauffer et ne pas m'endormir sur ces allures de confort. Dans les chemins je poursuivais sur mon rythme tant en descente qu'en montée ne marchant que quelques dizaines de mètres quand le pourcentage était trop élevé. Il y a eu deux franchissements de ruisseaux où je ne voulais pas mouiller mes chaussures. Je réussis après maintes contorsions à les passer sans trop de difficultés. Je continuais grisé par ma 2ème position et comme Mickaël ne semblait pas vouloir à tout prix me rejoindre je creusais les écarts. Parfois il y eu de grands moments délicats et de souffrance au niveau des pieds lors de très sévères descentes sur de grosses pierres mal calées. Mais c'est passé et au moment de quitter le dernier ravito à 12km du but, je savais que sauf incident majeur personne ne me reviendrait dessus. La traversée de Garmisch par des voies piétonnières fut assez tranquille et quand j'arrivais presque au pied des sautoirs de saut à ski du complexe olympique, ce fut encore une fois un grand moment de bonheur.
    J'avais exorcisé ma grande aversion pour les chemins caillouteux qui plus est en descente. J'ai aussi pris ma revanche sur l'édition 2017 où ma démarche de canard en a marqué plus d'un.

     

    19ème étape

    Derrière étape terminée. Seulement 29km soit les 2/3 de la montée finale vers le Zugspitze qu'on n'a pas eu l'autorisation d'atteindre + le retour par les mêmes chemins. Je finis 2ème ex-æquo avec 3 autres coureurs en 3h54 environ pour ces 29km et 800de D+. On a eu de la pluie pour la partie retour.
    Je suis au pied du podium au général final mais tout autant fier que surpris.
    14ème course à étapes de plus de 1000km depuis mes débuts en 2005. 352 étapes et plus de 22000km. Et c'est pas fini...

     

    CR de la 19ème et dernière étape de la DLL 2019.
    Comme les prévisions météorologiques n'étaient pas bonnes en ce qui concerne l'ultime montée vers le Zugspitze, l'organisateur avait le choix entre nous faire faire un marathon "amélioré" de 45km dans la vallée et nous donner à courir sur les 14 ou 15 premiers kilomètres de l'étape initialement prévue et de faire demi tour pour revenir à notre point de départ. Au lieu des 21km de montée vers le plus haut sommet allemand, nous avons donc eu environ 29km à faire.
    Le départ fut donné pour tout le monde à 7h, frontale obligatoire et ravitaillement personnel conseillé. J'avais mis la tenue chaude, collant, deux t-shirts, veste imperméable, sac à dos avec de quoi grignoter et boire. Aux pieds, mes chaussures de trail. Certains sont partis avec leurs runnings "normales". Les deux premiers km sur bitume en légère montée me firent regretter mon choix, mais une fois dans les gorges du Partnachklamm sombres, étroites, humides et déconseillées aux plus d'1,70m, je fus bien content d'avoir pris tout cet attirail. Cette portion de l'itinéraire était très beau, mais il valait quand même mieux regarder où on mettait les pieds car l'eau torrentielle qui dévalait ces gorges faisait de belles flaques. Quand nous en fûmes sortis, le chemin redevint un peu plus facile et la course put reprendre normalement. Je passais devant l'endroit où il y a 2 ans un petit groupe de coureurs dont je faisais partie s'était mal orienté et nous avions alors monté des escaliers en bois puis suivi une route très pentue avant que la tête du groupe des étourdis s'aperçoive qu'on avait fait fausse route. Cette fois, avec Frank Reichl et Michael Kiene nous sommes restés sur la bonne voie. Bientôt rejoints par Julian et Mario Pelzel nous avons formé un petit groupe où chacun allait à son rythme mais où on s'attendait à certains endroits. Le revêtement et le dénivelé n'étaient pas trop techniques, mais quand nous sommes arrivés à une partie dont le sol était composé de grosses pierres, de celles que l'on trouve dans le lit des torrents, et quand la pente se fit plus raide, les difficultés à avancer se décuplèrent. Parfois une portion de descente venait rompre l'effort mais ce n'était pas pour moi une partie moins difficile car je manquais à plusieurs reprises de chuter. Cela ne semblait pas perturber mes comparses. Au prix d'efforts supplémentaires je restais au contact. Nous avons franchi un torrent en évitant de se tremper les pieds. Bernard Münz, le leader incontesté de cette édition nous croisa, il avait déjà atteint le chalet marquant la fin de la phase aller.
    Nous y arrivâmes quelques minutes plus tard et après une courte pause nous reprîmes le chemin du retour, croisant nos camarades. La partie "redescente" ne fut pas de tout repos et j'en bavais un peu. Je voulais ne pas faire ralentir mes potes avec qui on avait décidé de finir ensemble. Seul Mario a décroché. Nous avons dépassé ou croisé de nombreux randonneurs et peu à peu l'arrivée se faisait proche. Il fallait de nouveau repasser par les gorges, mais à cette heure, il y avait beaucoup de monde donc pas possible de courir. Les 2km restants, sous les encouragements des gens qui avaient vu le site d'arrivée et qui savaient ce qu'on était en train de terminer, furent euphoriques et le passage à 4 sous la banderole "Ziel" pas facile pour 4 gaillards comme nous.
    Voilà, ma DLL 2019 était terminée. 2ème avec mes 3 compères et 4ème au général. Du beau, du bon boulot.
    À+ (pour des CR de la Via Iberica)

     


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  • Via Iberica 2019. CR.

    1ère étape. 6ème sur 17. Pluie pendant les 20 premiers km avec du vent avant et après le col du Somport. Ambiance sympa à l'arrivée. Bières en terrasse avec enfin le retour du soleil (timide le soleil). Demain même distance et arrivée à l'hôtel de Fiscal. Les vacances commencent bien.

    CR 1ère étape de la Via Iberica.
    1ère étape, Urdos-Jaca. 45,1km.
    Nous sommes donc partis à 9h ce matin après un court briefing de Gilles et un petit mot du maire. Il pleuvait et le petit tour dans le village pour faire une étape digne d'être reconnue par le site DUV a rapidement montré que ça n'allait pas se calmer comme ça. Une fois revenus sur la route principale ça n'allait pas cesser de monter jusqu'au col du Somport situé à 14,5km de là. Nous étions tous équipés d'un gilet de sécurité rendu obligatoire par le fait que nous étions un samedi, que les camions avaient le droit de rouler et que les événements actuels en Catalogne pouvaient en faire fortement augmenter le trafic. Pendant les 7 premiers km la pente était moyennement forte et les camions heureusement peu nombreux. Maurice et Rémy à ses trousses avaient rapidement creusé l'écart suivis d'un Gwen en pleine forme et derrière nous étions 4 ou 5 à nous être extirpés du peloton. Une fois sorti de la route principale la pente devint plus raide et je commençais alors à rattraper Jean Louis et Carmen tandis que Marcus s'était peu à peu détaché et me devançait d'une centaine de mètres. Je n'allais pas réussir à conserver le contact. Au col j'étais trempé dehors et dedans car mon vêtement en gore-tex avait atteint ses limites et comme il n'évacue pas la sueur, celle-ci dégoulinait par les manches et ruisselait le long de mes jambes. J'avais froid aux mains et parfois un vent fort venait me ralentir, je ne pouvais donc pas oter ce vêtement. Au col, la fin de la montée et le 1er rabiot où je ne m'attardais pas juste après avoir bu un verre de coca et rempli ma bouteille. Un bout de banane pris pour plus tard et me voici dans la descente.
    Il fallait contrôler ma foulée car le risque de se blesser était grand de passer de 8 à l'heure à presque 11.
    Je dévalais la route et n'apercevais plus Marcus que lors de longues lignes droites ou de lacets vers la vallée. Au second ravitaillement je fis comme au précédent et je repartais sur les mêmes bases mais la pente s'était adoucie et parfois la route remontait. Cela devenait difficile, mon aisance avait disparu et je luttais à chaque foulée. Carmen me suivait à distance et lors du dernier ravitaillement elle me dépassait sans s'y arrêter alors que je prenais le temps de boire et de grignoter un gâteau.
    Je la voyais 100 ou 200m devant , petit à petit je réussissais à réduire l'écart mais à Jaca elle conservait néanmoins quelques secondes sur moi.
    J'étais content d'en avoir fini car je commençais à avoir quelques douleurs au bassin.
    Les paysages traversés étaient somptueux malgré la météo : montagnes, vallées, au fond desquelles on apercevait les cours d'eau, tantôt bordés de chemins tantôt longés par une ancienne voie ferrée. Les couleurs de l'automne et celles des pâturages ou des champs ou des forêts étaient agréables à regarder et aidaient à passer le temps.
    Une fois arrivé, une bière en terrasse puis une bonne douche chaude et mes douleurs s'étaient estompées.
    Voilà pour aujourd'hui.

    2ème étape. 4ème ex-æquo avec Gwen Quéant. Étape vallonnée sous un temps gris mais agréable.

    2ème étape de la Via Iberica. Jaca-Fiscal. 45,6km.
    Je suis arrivé tôt 4ème ex-æquo sur cette nouvelle courte étape et après avoir pris la bière rituelle d'arrivée, pris ma douche, lavé mon linge, préparé mes affaires, tenté de faire sécher mon linge au sèche-cheveux (désolé pour l'empreinte carbone), je viens de redescendre de ma piaule pour boire quelques bières et accessoirement accueillir Jean-Louis (Crocsman) qui a voulu faire une visite plus approfondie de la région en faisant 13km de plus; en mode touriste qui prépare l'Authentique Philippidès.
    Donc tout le monde est arrivé.
    L'étape a démarré sous la grisaille avec un fond d'air pas trop frais. Les "6 de devant" (dont je fais partie) d'hier sont partis comme des balles et bien vite Rémy et Maurice se sont détachés. Une succession de bosses donnait un peu de piment à ce début d'étape. Les collines autour de nous étaient un peu ravinées par les pluies de la nuit dernière, quelques troupeaux nous regardaient d'un air absent, à l'horizon des montagnes faisaient barrage aux gros nuages et aux pluies.
    On a eu de la chance du côté de la météo car il avait fortement plu pendant la nuit et ça allait recommencer sur Jaca.
    Après un bonne vingtaine de bornes on a rejoint la route nationale, large et peu fréquentée ce dimanche mais ça monte doucement et ça devient monotone. Donc pour ne pas m'ennuyer je décidais d'accélérer un peu et je me retrouvais 3ème. Ça a duré jusqu'au km 30 passé en 3h où Markus me rattrapa. Au ravito 2, on est repartis à peu près ensembles avec Carmen juste derrière. On a retrouvé la route principale et les 6km menant au tunnel sont devenus plus difficiles pour moi par fatigue et parceque la pente devenait plus forte. Markus me distança avant le tunnel et Gwen me rattrapa dans le tunnel après une belle remontée suite à son arrêt pour changer de chaussures. Après le tunnel nous sommes redescendus ensemble et avons passé la ligne à la 4ème place
    ex-æquo. Je gagne 18' par rapport à l'an dernier parce que j'ai passé moins de temps aux ravitos et à discuter avec d'autres coureurs et surtout parce que j'ai couru plus vite.
    Demain, direction Alquezar avec 76,5km au programme. Temps frais et nuageux le matin, éclaircies l'après-midi (18°). 1700m de D+.

     

    3ème étape où je finis 3ème ex-æquo avec le même coureur qu'hier, Gwen Quéant en 7h56' pour 76,4km. 20 bornes de descente puis les côtes sont arrivées : plus de 1100m de D+. Mais la forme est là. À plus pour un complément de CR.

    3ème étape de la Via Iberica : Fiscal-Alquezar. 76,4km.
    Je faisais partie du groupe des 6 plus rapides avec un départ à 7h alors que les 11 autres coureurs étaient déjà en lice depuis 6h. Il faisait nuit et l'équipement obligatoire (frontale, gilet rétro réfléchissant et lumière rouge clignotante à l'arrière) a bien été utile car les bas côtés étaient étroits et la circulation de plus en plus fréquente. Le parcours jusqu'au 20ème km était pratiquement toujours en descente et comme mes jambes répondaient bien je dévalais cette première partie à plus de 10,5km/h. Je me retrouvais donc 3ème de ce groupe, déjà loin derrière les 2 leaders. Le jour se levait et le paysage apparaissait peu à peu : une rivière coulait en contrebas dans une vallée plus ou moins étroite, comme dans un cañon.
    Arrivé à la 1ère ville importante nous allions quitter la route principale pour suivre celle vers Alquezar. Finie la descente, place aux bosses. Mais mon allure n'en descendait pas pour autant et je passais au km 30 à encore plus de 10 de moyenne. La variété des paysages et la quiétude de la route rendaient ces moments très agréables malgré la difficulté de l'enchaînement montées descentes. J'ai commencé à rattraper les coureurs du groupe des 6h après la mi-étape et j'étais content de voir que le niveau global est bon cette année. Nous avons traversé des vallées escarpées en prenant de longues routes sinueuses où à chaque lacet on découvrait un nouveau panorama.
    Je suis resté tout seul jusqu'à ce que 
    Gwen Quéant me rattrape : il m'avait en point de mire depuis plusieurs dizaines de km et il réussit à faire la jonction après le 50ème km. Nous sommes restés ensemble jusqu'à l'arrivée. Nous avons rattrapé tous les coureurs partis à 6h, les derniers à une dizaine de kilomètres d'Alquezar.
    Gwen ne voulant pas entendre parler du chrono je ne lui dis pas que nous allions mettre moins de 8h et nous avons décidé de faire les 4 derniers km en alternant marche et course selon le profil de la longue montée vers l'arrivée.
    7h56', 3èmes
    ex-æquo, nous étions content d'avoir su gérer la fin sans céder à la tentation d'en remettre une couche.
    Au général il est 3ème et moi 4ème.
    C'est l'heure du repas, je vous laisse. À demain.

    4ème étape de la Via Iberica : Alquezar – Sariñena 68,8km D+ 607m.

    Étape épique aujourd'hui, avec de la grisaille, de la fraîcheur et puis à partir du 55ème km de la pluie renforcée par un vent contraire assez fort. Jusqu'au 30ème j'étais bien, sur un tempo de plus de 10km/h, puis après le ravito 2 mon allure a un peu baissé. Le passage par un chemin caillouteux pendant 4km (du 43ème au 47ème) a été aussi un moment pas facile à négocier mais quand je suis retourné sur le bitume j'ai repris une cadence plus rapide. Après le ravito du 50ème km je pensais pouvoir continuer à courir aisément mais le vent s'est levé et le parcours a pris une direction qui nous le faisait arriver de face. J'étais dans "Los Monegros" paysage digne des western, mais quand la pluie s'est lâchée ce fut le début d'une grosse galère. J'enfilais le poncho pour ne pas avoir froid mais mon allure, en côte, n'était pas assez rapide pour me réchauffer et parfois des bourrasques me scotchaient à la route. Les 12 ou 13 derniers km ont été difficiles mais j'ai "mordu dans le bâton" et je me suis même permis d'accélérer sur les 4 derniers km pour finir 5ème en 7h06'23". Maintenant le problème consiste à trouver comment faire sécher les affaires pour demain. À+

    5ème étape, Sariñena – Caspe : 77,9km D+ 616m ;

    La plus longue et à mon ressenti, la plus difficile. 78km un dénivelé de 600m mais de longues routes interminables. 10km sur un chemin gravillonneux, des lignes droites dont une de 5km, mais par contre une météo correcte, sans pluie, ou alors elle n'a duré que quelques minutes, un vent pas trop gênant, et enfin du soleil pour les 20 derniers km.
    La journée aurait pu quand même être belle avec mon résultat (4ème en 8h27') mais ce soir je suis triste pour Rémy, le leader de la course jusqu'alors, qui a arrêté la course parce que très fatigué et n'arrivant pas à s'alimenter.
    Demain nouvelle longue journée avec presque 69km au menu et 1000m de dénivelé.
    À+

    6ème étape de la Via Iberica, Caspe - El Pinell de Brai : 68,4km D+ 1000m.

    Depuis le début de la Via Iberica j'ai amélioré mes chronos sur toutes les étapes et celle d'aujourd'hui la 6ème entre Caspe et El Pinell de Brai n'a pas fait exception : 7h14'10" pour 68,4km. Mais j'ai l'impression de quelque chose d'inachevé car je me suis "pris" 27' par mon suivant au général, à savoir Markus. Il termine 1er ex-æquo de cette étape avec Gwen Quéant, le leader du classement général s'étant perdu dans la voie verte qu'il a prise dans le mauvais sens. Je finis 3ème ex-æquo avec Carmen Hildebrand qui m'a attendu dans la dernière montée vers l'arrivée.
    Au premier ravitaillement, 
    Markus Jörg m'a rattrapé et en est parti un peu avant moi et je n'ai jamais réussi à le rattraper.
    Cette étape nous a fait arriver en Catalogne mais par une belle grande route "nationale" où les longues montées ou descentes étaient interminables : ceux qu'on apercevait devant et qui semblaient si proches étaient en réalité loin, loin, loin. Je faisais des pointages sur Markus et Carmen, tous deux devant moi, et je constatais que les écarts augmentaient régulièrement. Aux postes de ravitaillement j'en avais la confirmation quand les pointeurs m'indiquaient leurs horaires de passage.
    Les paysages ont peu à peu changé depuis hier et l'entrée en Catalogne s'est accompagnée de l'arrivée de la vigne. Il y a toujours des oliveraies et des "amanderaies" (j'ose le néologisme) et les alentours montrent bien que ça a "draché dur" ces derniers temps : des ravines, des coulées de boue, des zones encore très humides nous entouraient lors de nos longues portions sur la nationale.
    Après l'avoir quittée, on a pris une belle route à lacets sur l'itinéraire du rallye de Catalogne qui aura lieu ce week-end et à Bot, on a rejoint la voie verte et ses 11 tunnels jusqu'à ce qu'on reprenne une belle route en montée vers l'arrivée.
    Pas de bobos, un peu de fatigue bien normale et je suis prêt pour la dernière étape qui j'espère se courra sous un temps sec.
    À demain.

    7ème et dernière étape El Pinell de Braï - Riumar, 69,7km D+738m.

    Je finis 4ème et conserve la même 4ème place au général (3ème homme toutefois). Étape difficile car il a fallu lutter contre une hypothétique remontée de Markus que j'ai essayé de garder en ligne de mire ce que j'ai fait jusqu'au km 58.
    Le départ fut donné en fin de nuit à 7h et le ciel était dégagé, un croissant de Lune et des étoiles venant décorer le paysage dont on devinait les crètes accidentées. Nous étions encore en montagne. La longue descente vers l'Ebre que nous avons franchie pour courir sur sa rive gauche, beaucoup moins fréquentée que son opposée, me mit en chauffe et sur le plat qui suivit j'ai pu courir à un bon rythme supérieur aux 10km/h. La première difficulté au km 10 pour mener à un col au km 14 se fit relativement facilement même si en côte il faut se faire un peu violence pour maintenir une allure intéressante. J'étais 3ème à ce moment mais Markus n'était pas loin derrière. Objectif suivant, Tortosa où un gros morceau de bravoure nous attendait : 4km de montée en plusieurs tronçons où il m'était impossible de courir. Arrivé au col, Markus passa devant et je le suivais jusqu'en bas où je commençais à ne plus pouvoir faire la jonction. Les oliveraies bordaient cette route sinueuse et pentue, le soleil chauffait mais le vent apportait un peu de fraîcheur.
    Il restait 22km dont une bonne partie dans les rizières, puis le long de l'Ebre avant de retourner dans les rizières. La fin sur la plage fut belle en raison du temps ensoleillé et du fait que j'avais réussi à conserver ma 4ème place.
    Voilà, on est aux résultats et à la remise des récompenses. Je vous laisse. À+.


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  • 1ère étape

    Seconde partie de cette 1ère étape finie. Au final j'ai mis 5h30 pour 53km et je dois être 6ème juste devant Lionel Rivoire qui est arrivé quelques dizaines de secondes après. L'ambiance est bonne, nous ne sommes que 27 coureurs et avec le staff on doit être au maximum 50. Ça laisse du temps et de la place dans les salles où nous dormons.

    On a eu du beau temps, gris et venteux ce matin avant que le soleil perce les nuages puis de belles éclaircies cet après-midi où les portions de piste cyclable à l'ombre étaient bienvenues. Mon tendon d'Achille droit m'a bien titillé les 3/4 de l'étape ce qui m'a contraint à baisser le rythme mais c'est peut-être un mal pour un bien.

    Demain on part pour 79km peut-être sous la pluie alors ce sera une autre histoire.

     

    2ème étape

    Allez, ça c'est fait ! 4ème de l'étape. Bon, maintenant, bière(s), douche, linge, installation... à+

    Donc je reprends la ligne et fais un petit CR avant le repas et le dessert : test Corona !

    Aujourd'hui j'avais des craintes concernant mon talon droit et mis à part les premiers km je n'ai plus vraiment été gêné. Bon, j'ai fait comme j'avais l'habitude, j'ai sorti mon bâton de bois de mon sac et j'ai mordu dedans. C'est une métaphore bien entendu. En tout cas la douleur est partie se réfugier dans un coin de ma tête et m'a laissé tranquille. L'allure générale fut en baisse car les 79km dès le second jour risquaient de faire des dégâts si on partait la fleur au fusil. Je suis parti avec les gars du top 5, accompagné de Lionel. J'ai suivi de près puis de moins en moins près les 4 premiers du général de la veille et je les ai laissés filer, passant plus de temps au ravito qu'eux. Un long arrêt technique mit fin à mes velléités de les rattraper. Du coup je me suis retrouvé avec Heiko et Lionel Rivoiretrail.

    On ne courait pas vraiment ensemble mais on se voyait au gré des périodes de récupération de chacun.

    La météo a été bonne, pas de soleil, de la fraîcheur avec un petit vent parfois défavorable mais nous avons évité la chaleur et la pluie sauf lors des derniers 5km où le crachin s'est invité. Aux deux derniers ravitaillements j'ai poursuivi sur ma lancée et je suis passé peu à peu de la 7ème place à la 4ème et pour un peu j'aurais pu avoir la chance de revenir sur Didier Da Costa. Mais il n'y avait plus assez de km pour le reprendre.

    Le profil de l'étape était plat et certaines longues lignes droites étaient un peu monotones. Les paysages de la Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein étaient agréables, campagnards, avec des prairies, des animaux (vaches, veaux, moutons, chevaux...), quelques belles fermes et maisons aux toits de chaume, des champs de maïs et d'autres cultures. De belles forêts, nous en avons traversé certaines, et des villages quasi désertiques en ce dimanche de la fin août complétaient le tableau.

    Globalement, je suis content de ma journée malgré la survenue d'une ampoule à un des mes orteils dont l'ongle refuse toujours de tomber depuis les dommages subis lors de mes courses de juin et juillet.

    Demain c'est moins long mais tout aussi "boring" (monotone si l'on veut) et j'espère qu'il fera beau et sec tout comme le fait de ne pas souffrir de mon tendon et de mon ampoule.

     

    3ème étape

    Quand Fab fait du jardinage, il n'y va pas de main morte. 3ème au ravito 3 (km42) puis Kolossale erreur de parcours avec visite intégrale de la ville et de ses alentours. Plusieurs coups de fil à Oliver Hoffmann l'organisateur qui m'a aidé à me remettre sur le droit chemin. J'ai perdu 45 à 50' dans l'histoire pour 6km de plus. Je n'ai pas vu la flèche à l'entrée de la ville et la suite fut du grand n'importe quoi.

    Un peu triste ce matin d'apprendre que Didier Da Costa ne prenait pas le départ pour raisons familiales.

    Je vais me doucher et je reviens faire mon CR.

    De retour après avoir traité les affaires courantes.

    Donc ce matin nous sommes partis de Rendsburg sous un beau clair de Lune mais la frontale et le gilet de sécurité étaient obligatoires sous peine de ne pas pouvoir prendre le départ.

    Je suis parti avec les deux premiers de l'étape d'hier et je suis resté dans leur sillage jusqu'au ravito N°1, au km 14. Nous étions à 9,7km/h au moins pour moi mais j'avais des jambes et une fois réglé le différend

    avec mon talon j'ai pu allonger un peu la foulée. Le jour s'est levé peu à peu et la campagne nous a proposé toute une palette de couleurs, d'odeurs et de fraîcheur. À l'abri du petit vent qui soufflait, c'étaient les forêts et le retour à l'obscurité, dès que nous passions cette zone boisée nous retrouvions une bonne fraîcheur et les champs exhalaient diverses odeurs pas désagréables. Parfois une fois le soleil levé nous devions traverser un banc de brume et au détour d'un virage nous pouvions admirer les prairies où paissaient tranquillement des vaches, des veaux, des chevaux ou des moutons. Quelques exploitations voisinaient avec des unités de méthanisation et les odeurs de certaines étables ou de certains centres de stockage des produits végétaux destinés à la méthanisation étaient nauséabondes.

    Une fois le ravito 1 passé, le soleil a fait un dernier au revoir à la Lune et a commencé son règne pour la journée. Les routes et pistes cyclables étaient souvent bien ombragées ce qui rendait la course agréable.

    Peu à peu la circulation se fit plus fréquente, les gens partaient au travail et c'était la rentrée des classes pour les enfants de ce Lander, de cette région.

    Je passe la suite où je fus toujours tout seul jusqu'au ravito N°3, km42, mais sans déplaisir, pour arriver à l'épisode malencontreux qui m'a vu me perdre à cause d'un manque de vigilance. J'ai pourtant traversé la route comme indiqué par le fléchage mais je n'ai pas vu qu'il y avait une marque nous indiquant de prendre le sentier en face; ainsi j'ai pris le trottoir, solution la plus évidente pour moi à cet instant surtout que je semblais reconnaître l'itinéraire de l'édition passée.

    Bon, ceux qui ont déjà été souris de laboratoire dans une autre vie reconnaîtront les sensations d'être dans un labyrinthe et d'en chercher la sortie. Aujourd'hui je devais être le Mickey de service et je n'ai pas trouvé la sortie d'où l'appel à un ami, en l'occurrence Oliver, qui m'a remis sur les bons rails. Le tout m'a coûté ma 3ème place envisageable sur l'étape, 6km de rab et trois-quarts d'heure de présence sur la route en plus.

    Je ne vais pas me plaindre, je n'avais qu'à faire plus attention.

    Voilà. Je suis arrivé à 13h et j'ai eu le temps de me reposer et de préparer mes affaires pour demain où nous allons traverser Hambourg.

     

    4ème étape

    Bien arrivé en moins de 9h pour 76km. Je ne me suis pas perdu et pourtant les occasions de le faire étaient nombreuses lors de la traversée de Hambourg. Pas eu le temps de faire du tourisme, j'avais perdu trop de temps hier en essayant de retrouver mon chemin.

    Je finis 4ème après être resté longtemps avec Steven le 2ème de l'étape et Heiko le 3ème avec qui j'ai traversé Hambourg.

    Les classements du jour, au soir de la 4ème étape. On n'a pas beaucoup de recul, mais je constate qu'il n'y a pas de coureurs avec de gros soucis du type releveurs ou autres, mis à part les sempiternelles ampoules et brûlures dues aux frottements. L'ambiance est très bonne, le staff au top.

    Pour l'étape du jour, nous sommes partis à 5h et vite nous nous sommes retrouvés à 4 devant, les 3 premiers du général + moi (6ème alors). Dans la nuit nous avons serpenté dans des petits chemins où il fallait rester vigilant pour ne pas rater le marquage au sol.

    Le leader Klemenz s'est peu à peu détaché et nous ne l'avons plus revu avant l'arrivée. Mais avec mes deux compagnons de route nous avons couru à vue les uns des autres. C'est comme ça que nous avons traversé Hambourg sans trop de difficultés. Le temps était beau, la fraîcheur bien agréable, les km s'accumulaient. Le tunnel sous le canal de l'Elbe est toujours un moment particulier à vivre car il faut descendre au moins 200 marches, prendre le tunnel et remonter d'autant, le tout avec le port du masque obligatoire. Au sortir du tunnel il y a un ravitaillement et on se dit que le plus dur est passé. C'était sans compter les 10 ou 15 bornes pour quitter l'agglomération le tout en parallèle d'une forte circulation automobile. Heureusement que les pistes cyclables sont omniprésentes et comme de plus elles étaient ombragées cela rendait la difficulté moins ardue. Mes 2 compagnons m'ont tenu compagnie au gré des nombreux feux tricolores puis quand ceux-ci se sont raréfiés ils m'ont peu à peu lâché, je ne les rattrapais qu'aux ravitaillements et ils en repartaient quand j'y arrivais. Je les apercevais au loin mais je n'avais plus les moyens physiques de faire la jonction au risque de le payer très cher les jours suivants.

    À la banderole d'arrivée je vis qu'ils m'avaient mis 10 à 12 minutes. J'avais donc bien fait de rester sage.

    Demain, 2 départs : 5h pour les 7 moins rapides et 6h pour les autres. Encore 76km au menu.

    À demain.

    PS : Lionel Rivoiretrail s'est ajouté quelques km dans Hambourg n'ayant pas vu le fléchage. Mais il est bien arrivé.

     

    5ème étape

    5ème étape finie, 5ème place, mais j'ai beaucoup souffert de mes pieds après le 50ème km. Un fort vent défavorable n'a pas aidé à déplacer ma grande carcasse.

    Je procède aux rituels d'après course et je complète ce CR.

    Bien, un litre de coca et une bière de 50cl plus tard me revoici.

    Au départ de ce matin on nous a annoncé des risques de pluie, alors j'ai foncé au dernier moment sur ma valise pour en extirper mon vêtement de pluie. On est partis à 6h, 9 coureurs avaient pris le départ 1h avant nous parce que moins rapides. Le brouillard s'était bien installé et le lever du jour fut plus tardif, alors je continuai d'utiliser ma lampe. Nous sommes passés par des sentiers semi urbains jusqu'à ce qu'on retrouve la route principale que nous allions suivre - sur la piste cyclable - pendant de longues heures. C'était quand même agréable au début car tranquille et j'essayai de trouver une allure convenable, mais je sentais une petite douleur au talon et au tendon d'Achille qui ne voulait pas partir comme les jours précédents. Je dus laisser les 3 premiers me distancer et je me dis qu'il fallait rester vigilant. Au ravito N°2, je me fis dépasser par Angelika, la 1ère féminine que je gardai à vue quelques km avant de ne plus pouvoir la suivre. Je dépassai un à un ceux à qui j'avais repris 1h et à partir de ce moment je ne revis plus personne.

    Après Rotenburg, nous avons franchi l'Aller puis la Weser et quelques autres canaux. Les éoliennes pullulaient, les tracteurs oeuvraient dans les champs, les fermes sentaient comme peuvent sentir les fermes. Le ciel s'était un peu découvert et le soleil donnait de belles teintes à la campagne environnante. Le vent se fit plus fort surtout une fois sur la zone dégagée sans beaucoup de haies et nous l'avions de face ce qui entravait la course. La douleur ne voulait pas cesser et une fois le ravito du 50ème km passé j'eus maintes difficultés à courir régulièrement. De plus, de gros engins agricoles nous croisaient nous obligeant à nous mettre sur le bas-côté.

    L'arrivée au gymnase fut compliquée parce que des travaux en cours nous dévièrent et nous firent prendre des rues comme dans un labyrinthe.

    Quand je franchis l'arrivée, j'étais content d'être là mais assez fatigué d'avoir enduré mes douleurs aussi longtemps.

    Demain encore une longue étape avec 73km à assurer.

    Les bobos commencent à arriver dans le peloton, ampoules sous les pieds, symptômes précédant les inflammations des releveurs... Mais tout le monde est prudent et à l'écoute.

     

    6ème étape

    J'étais parti avec le groupe des forts en restant une centaine de mètres derrière n'arrivant pas à combler ce petit écart je fus surpris de voir qu'à de nombreuses reprises Steven (le 2ème du général) faisait des pauses pour s'étirer. Et comme je le dépassais au niveau du ravito 1 je me disais qu'il connaissait quelques soucis physiques. Je continuai ma route et me retrouvai avec Lionel à partir du second ravitaillement. Nous courions tout en discutant, c'était bien sympathique et je n'avais pas la force physique et mentale pour essayer de rattraper les 3 coureurs de tête (Klemenz, Angelika et Heiko). Le temps a passé plus vite comme ça et j'essayais de ne pas rester trop longtemps aux ravitos car chaque départ est très douloureux non pas que cela me faisse de la peine de quitter les sympathiques bénévoles, mais mon talon me faisait souffrir à chaque reprise de course.

    Vers le tiers de l'étape nous avons été surpris de rattraper Klemenz le leader de la course qui après avoir mis sa femme sur orbite et l'avoir lancée vers la victoire d'étape, s'est mis à ralentir, touché dans sa chair avec une cheville qui avait doublé en épaisseur. J'étais désolé de voir qu'une fois encore un des favoris était blessé. J'espérais que cela ne durerait pas.

    Nous avons essuyé deux belles averses mais les éclaircies qui suivirent nous séchèrent rapidement.

    Avec Lionel nous avons fini l'étape "pépères" un peu dans le style "les papis font de la résistance" Mocky et Lefèbvre en coureurs.

    Nous sommes montés à deux sur la boîte - expression imagée pour dire que nous étions sur le podium - qui l'eut crû ?

    Pour la récupération ce ne fut pas au top car nous avons passé plus de 2h30 au restaurant. Mais bon, c'est la vie.

     

    7ème étape

    7ème étape, courte, sans doute pas assez pour moi car j'ai fait du rab, environ 2,5km. Donc 63km au lieu de 60,5, à ce rythme je vais largement dépasser les 1400 km entre Sylt et le Zugspitze. Je finis 3ème après avoir longtemps été premier mais quand la première averse est arrivée puis le ravito 2 puis la traversée de Osnabrück je me suis fait rattraper par Angelika et Martin (23 ans, finisher de la DLL 2019 et membre du club des plus de 100 marathons allemand). Avec la succession des feux tricolores que nous sommes obligés de respecter, je n'ai pu conserver l'allure tenue depuis le départ (9,6km/h). J'ai commencé à avoir mal au talon droit et donc à boîter mais j'accumulais les km. J'ai repris les derniers coureurs partis 1h avant au ravito 3 puis je me suis retrouvé tout seul. Aujourd'hui on a eu un peu de dénivelé et quelques parties trail en forêt et les deux ne m'ont pas déplu. Après le dernier ravito, il ne restait que 9km, sans doute pas assez à mon goût et alors que j'avais été attentif toute la journée pour réussir à suivre le fléchage qui avait subi quelques dégâts des eaux en certains points cruciaux j'ai perdu le fil d'Ariane et n'ai pas vu où tourner. Ainsi je me suis retrouvé sur une route indiquant le nom du village mais sans fléchage, peut-être effacé par la pluie. J'ai poursuivi jusqu'à un certain point de non retour (le village était indiqué à 2km et à mon GPS il ne restait que 1 à 1,5km). Donc j'ai visité le petit village de Kattenverne fort pittoresque en soi, mais je ne suis pas là pour faire du tourisme, je reviendrai un jour pour en faire. Donc comme je ne retrouvais pas la salle de sport où était située l'arrivée, j'ai téléphoné à Oliver Hoffmann l'organisateur qui a envoyé quelqu'un me chercher à vélo (pour me guider). Et ce quelqu'un n'était pas n'importe qui : Klemenz le leader de la course jusqu'alors mais qui, sur blessure, n'a pas pris le départ ce matin. J'étais triste ce matin de voir qu'en une étape on avait perdu les 2 premiers du général.

    Malgré mon erreur de parcours je conserve la 3ème place de l'étape de peu avant Lionel Riton . Étape gagnée par Martin juste devant Angelika qui va peut-être prendre la tête au classement général.

    On a pris notre douche mais on attend que le gymnase se libère puis on va aller manger.

    Demain ? À chaque jour suffit sa peine et son plaisir. On en reparle dans 24h.

     

    8ème étape

    Nouvelle étape finie avec Lionel à la 3ème place ex-aequo derrière Angelika et Martin. Étape à rallonge, mais pas de mon fait, une déviation ajoutant 2km portant le total du jour à près de 76km.

    Je vaque à mes occupations et reviens compléter ce CR.

    Bises à ceux d'Éguzon !

    De retour après un buffet chaud dans le gymnase pour cette étape N°8.

    Ici, ce n'est pas l'été, c'est plutôt l'automne. Nous sommes partis en 2 groupes, à 5h et à 6h, sous la pluie. Frontales et gilets de sécurité une nouvelle fois obligatoires, nous avons bravé les intempéries. Je me suis mis derrière Angelika et Martin et j'ai attendu que mes douleurs des premiers km disparaissent peu à peu. Ça a duré un moment mais devant ça n'avançait pas trop vite pour que reste à vue des premiers. La pluie a cessé au bout de 20 bornes et par la suite la course fut moins difficile. Juste avant le premier ravitaillement, nous avons dépassé Heiko qui devait s'y arrêter après avoir couru 500km sur cette course. Je ne cherchai pas à revenir coûte que coûte sur Angelika mais j'essayai de contrôler Martin, le concurrent le plus "sérieux" capable de reprendre les plus de 4h d'avance que je possède sur lui en quelques étapes. Je ne bataille pas vraiment avec Lionel, on a des niveaux similaires même si nous ne gérons pas les étapes de la même façon. Et quand on se retrouve à 20 bornes ou moins de la fin, nous finissons ensemble. Il y a eu quelques passages sur des chemins, dans des forêts, le long de cours d'eau ou d'un canal et la traversée de la très pittoresque ville de Werne. Moi qui suis avec précision mon avancée je fus un peu dépité au dernier ravito d'apprendre que nous allions faire 2km de plus parce que des travaux sur un pont nous avait empêché de l'emprunter. Aux pointages des ravitaillements N°4 et 5 je demandai l'avance que possédait Martin et ceci me redonnait du punch pour ne pas baisser le pied. J'avais mal mais j'avançais. Lionel m'ayant rejoint nous avons uni nos efforts pour limiter le débours qui fut de 12' à l'arrivée.

    Nous terminons 3ème ex-aequo et au général je reste 2ème, mais 1er homme, Lionel étant 2ème juste à un quart d'heure derrière.

    Demain, étape plus courte, les deux départs sont repoussés d'une heure.

    J'ai préparé mes affaires, celles du jour, lavées, ne sont pas sèches. Je ne vais pas tarder à me coucher car je suis fatigué physiquement et nerveusement à force d'encaisser à chaque foulée les douleurs à mon tendon et au talon.

    À demain pour la suite de nos aventures teutonnes.

     

    9ème étape

    38, c'est le nombre d'années qui nous séparent, Martin et moi, et 9 minutes c'est ce qu'il m'a mis dans les derniers 10km, là où le parcours est devenu très accidenté avec des montées à plus de 10%. Il gagne l'étape et je suis second.

    Nous avons eu de la pluie toute la journée mais une fois parti on n'y pense plus.

    Donc quand nous sommes partis, on avait tous nos vêtements de pluie et j'ai rapidement osé prendre les devants suivi de deux coureurs présents pour la journée ou pour trois ou quatre jours. Martin ne tarda pas à faire de notre groupe un quatuor homogène. L'allure n'était pas rapide, une partie dans des chemins ne permettait pas de se libérer, mais ça m'arrangeait car la douleur au talon était assez présente. Nous avons passé le 1er ravito sans nous y arrêter, juste pour s'y faire pointer, puis ce fut pratiquement pareil au second. J'étais trempé mais mes chaussures n'étaient pas gorgées d'eau contrairement à ce que j'avais craint. Le marquage était assez bien visible malgré les effets de la pluie et à aucun moment je n'ai vraiment eu à chercher où aller. Le dénivelé est arrivé peu à peu et mes jambes répondaient tant que les pentes étaient "humaines". Au 3ème ravito je grignotais quelques gaufrettes et pris une demie banane pour la suite. Ces 3 premiers ravitaillements n'étaient espacés que de 10km et le 4ème était prévu après le marathon. On avait pris une voie verte puis débouché sur le début du vrai dénivelé. Après le ravitaillement suivit un tunnel et la traversée de Wuppertal où une longue rue à fort pourcentage permit à Martin de tenter une attaque à laquelle je répondis mais la pente trop forte me fixa mes limites. Je le laissai filer en espérant le rattraper plus loin mais je ne fis que m'en rapprocher sans pouvoir rester sur ses talons. Au ravito 5 il remit une dernière couche et je dus me résigner à conserver la seconde place. Quand j'arrivai, après une succession de montées et descentes avec des portions de chemins plus ou moins boueux, je n'étais pas trop déçu. Finir 2ème de l'étape me convenait d'autant que j'avais limité les écarts avec Martin et augmenté ceux avec mes poursuivants. Angelika avait prévu de faire l'étape tranquille et arriva une grosse vingtaine de minutes après moi après s'être perdue 2 fois.

    Second de l'étape et second au général, le bilan du jour est positif.

     

    10ème étape

    On a fait la moitié, un peu plus même, et cette 10ème étape s'est assez bien passée malgré une grosse baisse de régime après une partie de trail très technique et très accidentée où de nombreux arbres couchés étaient difficiles à franchir au vu de ma souplesse légendaire et je ne parle pas des 200 derniers mètres de cette partie à plus 20% de dénivelé négatif où les appuis étaient très difficiles à trouver. Par la suite, ma moyenne étant passée de 9,5 à 9,2 j'essayai de revenir un peu sur Martin qui avait profité de cette partie trail pour me distancer.

    Ensuite on a eu de la pluie, je me suis fait doubler par Angelika car je passai trop de temps à me ravitailler (pourtant j'ai hyper réduit mon temps de ravitaillement) ainsi je me suis retrouvé seul à limiter les dégâts. Je rattrapai Jürgen parti une heure avant puis Hilmar, du même groupe, et une fois Cologne passée, j'ai longé le Rhin. Je n'arrivais plus à retrouver du rythme et après le dernier ravitaillement situé à mi-parcours de la DLL (les Allemands disent "Bergfest" comme nous on dirait "faire la bascule" ) je suis reparti pour les 16 derniers km en ayant près de 25' de retard sur Martin. L"objectif devenait de perdre moins de 30' au final. C'était un beau challenge. J'y suis presque parvenu en concédant moins de 31'. 7h50'13" pour 69km, 3ème place et toujours second au général.

     

    11ème étape

    Cette étape de 65km, majoritairement courue le long du Rhin, était comme une étape de transition pour certains. Mais pas pour moi. Demain on a environ 80km, aujourd'hui j'ai fait l'étape comme hier et donc je me suis retrouvé en tête après quelques centaines de mètres et j'y suis resté jusqu'à l'avant dernier ravito où Angelika est passée devant, mais je suis resté dans son sillage jusqu'au dernier ravito.

    Entre temps, nous sommes passés par une déviation dans la ville de Sinzig en raison de travaux de réparations suite aux inondations de cet été. C'était impressionnant de passer par ces lotissements ravagés par les eaux, de voir ces maisons pas encore toutes réparées avec les traces témoignant de la hauteurs de ce raz de marée (presque 2m). Ce n'était pas facile de suivre le fléchage mais Félix a fait du bon travail et je ne me suis pas perdu. Félix, le flécheur, est un international Allemand sur 24 heures (et peut-être sur 100km) avec une marque à plus de 260km. D'habitude, il part à 4h en courant, équipé du matériel pour flécher, mais aujourd'hui exceptionnellement il est parti à vélo. Ça se comprend, il accuse un peu le coup.

    Avec Angelika, nous avons quitté Sinzig et retrouvé la quiétude du bord du fleuve rencontrant des promeneurs à pied ou des cyclistes. De temps à autres, il y avait une arrivée de bac traversant le Rhin, des hôtels restaurants, des bateaux de touristes faisant une croisière sur ce fleuve majestueux porteur d'une longue histoire, en témoignent les nombreux châteaux perchés sur ses hauteurs. Nous avons aussi vu les premiers vignobles depuis le début de notre traversée.

    Le ravito 4 s'est fait attendre et j'ai craint un moment que ses 4km de décalage avec ce qui était prévu allaient se rajouter aux 65 initialement prévus. Or il n'en fut rien, les ravitailleurs du poste 5 me confirmèrent qu'il ne restait que 13km conformément aux prévisions.

    Quand je suis arrivé, 7' après Angelika, j'étais content de ma 2ème place et je guettais le temps que j'allais reprendre à mes poursuivants. 13' environ. Je m'en contenterai.

    Demain, on a 15km de plus, je vais gérer comme j'aime à le faire.

     

    12ème étape

    12ème étape courue en grande partie le long du Rhin. Je finis second à 11 minutes d'Angelika et 7 ou 8 devant mes deux poursuivants, Hilmar et Martin, et avec un peu plus d'avance sur Jürgen et Lionel. Après, c'est le trou.

    Cette étape de 80km commença par la traversée de la ville de Mülheim-Kärlich au sortir de laquelle nous devions grimper une longue côte sur route d'abord puis sur chemins. Une fois là-haut, je constatai que j'avais distancé mes poursuivants sauf Angelika qui avait pris 100m d'avance. Ces 100m je les comblai au gré des arrêts aux feux tricolores aux abords de la ville de Coblence. Nous avons rejoint les bords de la Moselle puis atteint sa confluence avec le Rhin (Rein-Ecke). Cette ville est très belle et la quiétude de ses esplanades piétonnières nous faisait accumuler les km sereinement. Le ravito du 11ème km fut vite passé et je me projetai sur le suivant 11km plus loin. Je rattrapai les derniers coureurs du groupe de 5h, les encourageai, et relançai la machine pour essayer de creuser un peu plus l'écart avec ceux de derrière. La voie cyclable et piétonne le long du Rhin permet d'avoir tout le temps une belle vue sur le fleuve et sur les villes de l'autre rive. Sur les hauteurs de nombreux châteaux majestueux dominent le Rhin. Les villes vues de loin ainsi que les routes et voies de chemin de fer me faisaient penser aux trains électriques et aux paysages miniatures qu'on voit chez les maquettistes. Certains villages avaient des maisons dont les façades étaient colorées, avec le soleil de moins en moins timide cela faisait beau comme sur une carte postale.

    Le temps a passé, les km aussi mais pas tout le temps à la même vitesse. Les ravitaillements venaient casser la routine et la monotonie de certaines parties où nous suivions un lacet interminable. De temps à autre des bateaux de croisière nous doublaient mais à une allure telle que j'avais le temps de les regarder. Le soleil se fit de plus en plus présent et les quelques portions ombragées étaient savourées comme autant de moments de fraîcheur. Beaucoup de cyclistes et quelques joggeurs sillonnaient le long du Rhin et certains m'encourageaient.

    À 5 ou 6 km de l'arrivée nous avons quitté les bords du Rhin pour entrer dans Bingen que nous avons traversé d'abord sur du plat puis en escaladant une longue côte interminable à la fin de laquelle il restait toujours 2km au moins avant l'arrivée. La descente sur une petite route d'abord puis dans des chemins entre les vignes ne fut pas facile. La vue était grandiose sur un long lacet du fleuve et sur les vignobles des alentours.

    Je finis la descente rapidement ayant mal aux pieds à chaque appui sur des pierres et je fus soulagé de faire les 300 derniers mètres sur du vrai bitume.

    Les derniers devraient arriver vers 20h30. Nous, entre temps nous allons manger vietnamien, en nous faisant livrer.

    Demain, 60km, une sorte de journée de repos si l'on veut.

     

    13ème étape

    ... Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

    Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

    Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

    Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules

    Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement

    Dans la même prison le même mouvement...

    Petit parallèle avec Melancholia de Victor Hugo, quand on nous voit d'un oeil extérieur avancer péniblement le long des routes et sur les chemins.

    Aujourd'hui nous avons traversé le vignoble et beaucoup couru sur des chemins aux multiples revêtements : graviers, cailloux, terre, herbe, béton, asphalte, mixture entre tout ça à la fois, et le dénivelé ne fut pas en reste.

    Je suis parti avec le groupe de 8h, une heure après les moins rapides, et le soleil était déjà à l'oeuvre. Heureusement que le petit vent nous apportait un peu de fraîcheur car nul doute qu'après midi on allait avoir chaud.

    J'ai suivi le mouvement jusqu'au km 35 puis peu à peu j'ai ressenti le besoin de ralentir et de profiter des côtes à fort pourcentage pour marcher. Angelika s'était détachée depuis les premières hauteurs, j'ai longtemps couru avec Martin jusqu'à ce qu'il se détache lui aussi progressivement. Je n'ai pas cherché cette fois à répondre, mes plus de 5 heures d'avance au classement général me donnant un matelas confortable. Toutefois je ne voulais pas perdre plus de 15'.

    Je finis 3ème de l'étape derrière Martin et Angelika et ne concède qu'un quart d'heure. Lionel n'a pas voulu finir avec moi alors qu'il m'avait rattrapé, il me laissa arriver avant lui.

    Une fois la douche prise et le linge étendu, les affaires placées dans la salle exiguë, nous sommes tous les deux retournés en ville à pieds (600m) pour y déguster des glaces. Cela faisait du bien de se faire plaisir et nous avons pu aussi assister au passage des concurrents suivants.

    Ce soir, c'est restaurant juste derrière la salle. Seules les boissons seront payantes.

    Demain, "étape érotique" avec 69km au menu avant les "deux de 80 et plus" de ce week-end.

     

    14ème étape

    La 14ème étape nous menait de Worms à Angelbachtal : 69km. Certains sont partis prudemment car ce week-end deux étapes de 82 et 79km sont au programme avec du dénivelé. D'autres - dont je fais partie - ont démarré l'étape comme les autres jours, sans calculer. On s'est vite retrouvés à deux avec Martin, suivis de près par un groupe de quelques coureurs dont certains ne couraient qu'aujourd'hui ou ne participeront qu'à quelques étapes.

    Le soleil s'est levé avec notre départ et une certaine fraîcheur subsistait. Des portions de chemins succédaient à quelques portions de rues et de longues lignes droites dans une zone industrielle nous tenaient sur nos gardes car de nombreux camions allaient et venaient.

    Par la suite, nous avons pu être tranquilles sur un beau chemin bien ombragé où je pus régler mon allure. Nous avons rattrapé les coureurs partis 1h avant nous, comme d'habitude à partir du 15ème km puis au ravito N°2, Martin porta une petite attaque à laquelle je ne répondis pas, sans doute incapable de le faire. Au ravito 3, il comptait 5' d'avance et derrière moi je voyais Lionel et Angelika pas très loin.

    Le soleil se faisait plus pressant et je me réhydratais souvent, j'utilisais aussi mon petit brumatisateur de poche.

    Nous avons franchi le Rhin à Mannheim puis longé la rivière Neckar ce qui était sympa car réduisant les effets de la chaleur. Un pont plus tard - tiens, on dirait un titre de film - nous sommes passés au-dessus de l'écluse sur la Neckar, nous étions à Heidelberg, jolie ville, très connue pour je ne sais plus quoi (il me faudrait mon petit guide touristique de l'Allemagne), puis nous sommes repassés dans un nouveau vignoble. Sur notre gauche il y avait des hauteurs au pied desquelles se trouvaient les vignes et quelques arbres fruitiers. Au dernier ravito, nous étions ensemble avec Lionel , j'appris que Martin n'avait que 10' d'avance et était sujet à quelques troubles gastriques. Son avance allait fondre jusqu'à l'arrivée où il conservait néanmoins environ 5' d'avance sur nous.

    Ma journée s'avère très bonne en terme de résultat. Je ne sais pas si je pourrai gagner une étape d'ici la fin, en tout cas je vais essayer mais je ne veux pas d'une étape où on me laisse passer devant exprès.

     

    15ème étape

    Cette étape devait faire 81,9km mais suite à une "confrontation" avec la police locale, il a été décidé que les 10,8 premiers km allaient être neutralisés, chaque coureur ne devant pas porter son dossard. Le chronométrage démarrerait à partir du poste de ravitaillement N°1.

    On avait aussi le choix pour notre heure de départ et la majorité des coureurs opta pour partir à 5h et seulement 6 partiraient à 6h.

    Comme les 10,8 premiers km ne comptaient pas, je décidais quand même de les faire en courant tranquillement ce qui fit que je mis 1h21' pour rallier le ravito 1.

    Une fois là, nous devions reprendre nos dossards et quand nous repartions, notre temps était pris.

    Je suis reparti en 1er et décidai de ne pas m'occuper des autres. La forêt et le dénivelé avec des portions de trail ne me perturbaient pas, on avait assisté à un beau lever de soleil et je profitai de la fraîcheur régnant encore.

    Les postes de ravitaillement se succédèrent et je maintenais mon allure.

    Nous avons passé les 1000km au N°4 et à cet endroit il y avait encore 38km d'étape. Beaucoup de chemins herbeux, d'autres caillouteux ou gravillonneux me génèrent car il fallait rester vigilant et ne pas se tordre une cheville ou s'écorcher avec les ronces et autres buissons. Par la suite nous avons couru dans les vignes montant ou descendant des escaliers pas faciles à négocier ce qui me priva souvent de pouvoir regarder le paysage. On dominait la Neckar et les villes environnantes. Ce vignoble est très étendu et nous avons côtoyé des vignes et des arbres fruitiers ou des champs de betteraves ou de maïs. Parfois je cueillais des prunes qui m'apportaient un peu de variété dans mon ravitaillement.

    Au dernier ravito je rattrapai Oliver qui fléchait le parcours et l ne me restait qu'une grosse dizaine de kilomètres à faire. Pas les plus faciles et c'est là que je perds l'étape, m'octroyant quelques moments de marche.

    Je suis arrivé 1er mais une fois tous les coureurs passés sous la banderole d'arrivée et leurs chronos enregistrés, on m'informa que pour environ 2' j'étais second, la victoire revenant à un des 6 coureurs partis à 6h.

    Tant pis j'aurai essayé.

    Demain, encore 80km environ, toujours avec du dénivelé. On verra.

     

    16ème étape

    16ème étape terminée à la 4ème place. Tout comme hier je n'ai pas du tout apprécié les sections de trail où on ne pouvait pas courir.

    Dès le départ on a dû grimper dans le vignoble de Weinstadt puis prendre des chemins dont un assez long en forêt où lors d'une pause technique je me fis dépasser par tous les coureurs partis avec moi à 6h. J'entrepris une longue remontée et je dus à un coup de chance mon recollement à ce groupe qui s'était trompé de route. Martin était devant et avait pris une belle avance motivé par le fait de ne plus voir personne derrière.

    Je me résignai à rester à un rythme régulier me calant sur le duo Angelika-Patrick qui faisait course commune. Les premiers ravitaillements étaient régulièrement espacés (10/11km) ce qui me laissait la possibilité de ne pas y rester trop longtemps.

    À chaque fois je demandais les écarts avec Martin et j'escomptais ne pas arriver plus de 30 à 45' après. Mes presque 5h d'avance au général peuvent fondre au soleil comme un rien si je me relâche.

    Le summum du déplaisir fut la partie de trail entre le 40ème et le 43ème km. Je marchai à une allure très lente et ma moyenne une fois là-haut était descendue à 7,7km/h. Si je voulais faire moins de 10h pour les 80km théoriquement annoncés ce matin, il faudrait que je puisse courir à 8,5/9 sur les 40 derniers km. Pas évident car le dénivelé n'était pas fini.

    Le soleil était présent mais un petit vent donnait une impression de fraîcheur et les passages à l'ombre ou dans les forêts peu escarpées étaient bienvenues.

    Au dernier ravito, Martin avait plus de 45' d'avance sur moi et il restait 15km au moins jusqu'à l'arrivée sans autre point de ravitaillement. Cette dernière portion était aussi à découvert et une longue partie fut courue en ville car notre arrivée était située à Ulm, au bord du Danube.

    Je finis assez fatigué mais relativement content même si j'ai concédé 1h à Martin.

    Les deux étapes longues sont finies, demain ce sera 55km, le long du Danube pendant 1km puis le long de l'Iller. J'espère pouvoir contrôler mon jeune concurrent.

     

    17ème étape

    Cette 17ème étape était courte, ce n'était pas une raison pour se relâcher. Donc quand nous sommes partis, à 8h, le long du Danube, je suis resté dans le petit groupe constitué d'Angelika, de Martin, de Patrick, de Lionel et de Matthias. À 6, nous sommes restés en peloton jusqu'au 1er ravito où ce groupe s'est disloqué. Je pris la tête de course avec Martin, les autres suivant à quelques dizaines de mètres. Le Danube fut vite quitté pour être remplacé par l"Iller que nous devions suivre jusqu'au 45ème km. C'était ombragé et tant mieux car le soleil donnait donc nous courions dans une relative fraîcheur. Au second ravitaillement, Martin se détacha peu à peu et je ne parvenais pas à faire la jonction le laissant prendre 50m puis 100 puis un peu plus à chaque km. Il m'avait testé plusieurs fois et j'avais toujours répondu mais là, je me suis raisonné et ai décidé de ne pas chercher à le reprendre, je préférai courir à mon rythme. Je me fis reprendre au 3ème ravito par Patrick et Angelika qui tels des métronomes avançaient sur un bon tempo. Eux aussi me lâchèrent et bientôt je ne les plus eus qu'en point de mire.

    De 9,5 ma moyenne était passée à 9,3 et il y avait encore 20 bornes. Au dernier ravito, à 10km de Memmingem notre ville-étape, nous avons quitté le bord de l'Iller et pris des routes puis des chemins nous conduisant vers notre arrivée. La traversée de cette ville était jolie avec ses maisons colorées à colombages, ses canaux faisant penser à une autre Venise verte, puis ses faubourgs industriels jusqu'au complexe sportif.

    À l'arrivée j'ai vu que j'avais plus de 25' de retard sur Martin et que j'étais 4ème. J'ai encore plus de 3h20 d'avance au général pour 3 étapes. Ça devrait le faire mais je reste méfiant.

     

    18ème étape

    18ème étape où je reprends du temps à mes poursuivants les plus proches.

    Nous sommes partis à 6h, le jour commençait à peine à se lever mais rapidement nous nous sommes retrouvés dans la campagne. Un peu de brume accompagnait notre petit groupe de 6, le même qu'hier. Mais après 1km, Martin porta une attaque qui me donna l'impression que j'allais passer une sale journée. Je me résignai à rester au moins avec Angelika et Patrick que je distançai néanmoins peu à peu au train. Au 1er ravito, plus de Martin en vue, il devait déjà posséder plus de 5' d'avance en 10km. Au total, ça risquait de faire une bonne heure à l'arrivée.

    Mais au détour d'un virage j'aperçus un petit groupe de coureurs partis 1h avant dont un vêtu de rouge qui me rappela quelqu'un.

    Peu avant le ravito 2 je fis la jonction avec ... Martin qui n'avançait plus, touché par son étape de la veille et son départ très rapide de ce matin.

    (Je mange et continue ce CR plus tard)

    Bien, je suis de retour après une pizza, 2 bières et une glace avec un panorama agréable.

    Donc, je rattrapai et laissai Martin sur place et continuai sans pour autant accélérer car il restait une cinquantaine de km. Jusqu'à Kempen, j'ai été régulier mais une fois en ville les satanés feux de circulation m'ont bien freiné. Une minute d'attente par-ci, une ou deux autres par-là et Angelika et Patrick m'avaient repris. Je les suivis de loin sauf dans les montées où je revenais sur eux. Mais le "mal" était fait et je ne parvenais plus à relancer la machine pour rester en un contact durable. Mais Angelika n'est pas n'importe qui, elle est internationale autrichienne sur 24h, et sa régularité et sa gestion tout en sagesse de ses étapes en fait une coureuse très forte sur ce type d'épreuves.

    Entre le km 35 (3ème ravito) et le 45ème (4ème ravito), le dénivelé se fit plus rude et les longs chemins en forêt sur du gravier grossier ne m'ont pas encouragé à prendre des risques. Un 3ème larron en profita pour me "dézinguer propre et net" sur sa portion de course favorite - le trail - et me laissant sur place tout en fondant sur Angelika et Patrick qu'il avala en moins de temps que de l'écrire. Il gagnera l'étape d'ailleurs.

    Consolation minime, je profitais du paysage de cartes postales qui nous était offert depuis le matin.

    La suite ? Je suis arrivé 4ème sur 15 survivants avec une belle avance sur Martin que je repousse à plus de 4h au général maintenant. Lionel peut aussi souffler un peu en ayant repris un quart d'heure lui aussi à notre fougueux jeune concurrent pour le podium final.

    Demain, 70km avec un peu moins (?) de dénivelé et une arrivée à Garmisch, au niveau du tremplin de saut à ski olympique.

     

    19ème étape

    19ème étape bien terminée en 5ème position. Les parties de trail ont encore tout pourri ma journée, heureusement que les paysages ont été beaux. Et dans les vallées la chaleur s'est faite plus gênante.

    Je m'installe, me douche, me restaure, me réhydrate XXL, et je poursuis mon CR.

    De retour pour le CR.

    Départ à 7h pour notre groupe de 7, à la fraîche ce qui ne dura pas car des volutes d'air tiède vinrent rapidement se faire sentir. J'ai senti tout de suite que j'aurais du mal à suivre le rythme pourtant tranquille donné par le duo Angelika- Patrick. Je me débarrassai de ma douleur après quelques km puis laissai tout ce petit monde prendre un peu d'avance. Sur les 12 premiers km, on a longé le lac sur un chemin caillouteux qui ne me mit pas franchement à l'aise puis lorsqu'on retrouva le bitume des pistes cyclables ce ne fut jamais pour très longtemps. Un avant le ravito 1 j'ai pu admirer un beau château du style de ceux qu'on rencontre dans les contes de fée. Et après ce moment nous avons cheminé dans la campagne avec ses champs cultivés, ses pâturages, ses petits bois, ses fermes...

    Vers le 30-35ème km le dénivelé arriva d'abord sous forme de bosselettes, puis de bosses et enfin de vraies côtes.

    Et bien sûr, du trail bien pentu et limite dangereux avec des chaussures de course sur route. Là encore, j'en ai bavé. Quand je croyais que ces sentiers escarpés étaient terminés, d'autres survenaient un peu plus loin. Mes pieds et mes jambes n'en pouvaient plus mais je réussis à les remotiver pour éviter de passer trop de temps sur cette étape.

    Je parvins enfin à en venir à bout mais ce fut long.

    Demain, c'est l'étape finale, avec la montée presque jusqu'au Zugspitze. Les temps seront arrêtés au Sonnalpin puis les volontaires et courageux qui le souhaiteront pourront gravir le km restant jusqu'au Zugspitze.

    Départ 6h avec contrôle des sacs car là-haut il ne fera pas chaud et il n'y aura pas de ravitaillement sauf éventuellement si on s'arrête à un des deux restaurants-refuges pour se restaurer. On verra.

     

    20ème étape

    Le podium de cette 3ème édition de la Deutschlandlauf-das Original 2021 : 1ère Angelika Huemer-Toff 2ème moi, 3ème Lionel Rivoire.
    Cérémonie de remise des diplômes bien sympathique dans ce lieu chargé d'Histoire sportive.
    La dernière étape courue hier fut difficile en raison des 2000m de dénivelé positif pour 23km. Certes, les 15 premiers n'étaient pas effrayants bien que la 1ère montée à près de 20% me scotcha au bitume mais la suite fut moins ardue.
    À partir du km 15 la vraie montagne commença et ma moyenne de près de 6km/h jusqu'alors chuta de manière vertigineuse car là on ne parle plus en km/h mais en D+/h.
    J'étais souvent en difficulté car malgré mes chaussures de trail je dérapais fréquemment ou je butais sur des grosses pierres.
    Après environ 4h de crapahutage - à ce niveau on ne peut plus appeler ça de la course à pied - je m'arrêtai à un refuge-restaurant où je mangeai une assiette de charcuterie accompagnée de 50cl de coca et d'1l d'eau gazeuse. 25' après je repris la suite et la fin de mon avancée, il ne restait que 3,5km que je mis plus d'1h10 à faire. Les paysages étaient grandioses mais je ne pouvais trop les savourer, assez occupé à trouver où poser mes pieds et m'orienter pour ne pas me tromper de sentier.
    J'apercevais au loin le lieu de l'arrivée, si lointaine et si proche à la fois.
    Je franchis quelques névés où je prenais plaisir à mettre de la neige dans ma casquette et sous mon maillot pour me rafraîchir et au détour d'un nième virage je me remis à courir pour franchir la banderole d'arrivée.
    5h15', ça plombe une moyenne générale, mais c'est ma meilleure de mes 3 DLL. Normal peut-être car je finis 2ème au général contre 4ème il y a deux ans.
    Maintenant un peu de repos sera le bienvenu car j'ai souffert de ma bursite au talon droit depuis le début de cette aventure.

    à+Fab

     

     


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  • De retour d'une nouvelle course à étapes - ma 19ème depuis 2005 - je vous livre mon CR. Je rédigeais chaque soir quand j'en avais le temps et le courage un petit résumé de ma journée sur la route et je vous les retranscris tels quels sans peu de retouches.

    1ère étape de la Via Iberica : Urdos-Jaca, 45,4km.
    Ça ne s'est pas bien passé pour moi car peu après le 26ème km (lieu du second ravitaillement) j'ai eu un gros coup de barre.
    Jusqu'alors j'avais fait un début d'étape mieux que ce que j'espérai avec une montée au col du Somport en 1h52' (10' environ de plus que lors des éditions précédentes) sans trop de douleurs au talon et au tendon d'Achille. Il faisait beau mais frais et je m'étais bien couvert. Le paysage était somptueux car nulle brume ne venait le gâcher et le soleil éclairait les versants des montagnes faisant ressortir les belles couleurs de l'automne. Arrivé au col, je remplis mes bouteilles et pris une madeleine pour la manger plus tard. Pas trop soif, pas trop faim - était-ce une erreur de ne pas plus me ravitailler ? - je suis reparti. Une bonne dizaine de coureurs et coureuse (Edith) avaient déjà basculé vers l'Espagne. La descente qui me faisait un peu peur s'est bien déroulée jusqu'au 2ème ravitaillement (5'46"/km) je me freinais pour ne pas me laisser emporter par la pente et ne pas réveiller mes douleurs dues à mon épine calcanéenne. Le bas bas-côté était assez large pour cohabiter avec les autos et les quelques cyclistes escaladant le col vers la France.
    Je parvins à Canfran Pueblo, au km 26 après 3h de course, pour me ravitailler et en en repartant, il me fallut quelques hectomètres pour me rendre compte qu'il n'y avait plus de pilote à bord. Plus de jambes, plus d'essence dans le moteur et le cœur qui s'emballe un peu (arythmie). Je marchai un peu puis repartis mais les guiboles devenaient douloureuses et comme une chape de plomb vint m'alourdir les épaules. Mayday! Mayday! Je commençais à me demander ce qui se passait. Bien sûr, comme je ne suis pas un marcheur efficace, les coureurs de derrière m'ont peu à peu rattrapé et dépassé non sans s'être inquiétés de ce qui m'arrivait.
    J'effectuai quelques pauses, assis ou allongé dans une aubette de bus, mais rien n'y fit. Fataliste je me remis en route en me fixant l'objectif d'arriver à Jaca. J'avais été dépanné d'une pâte de fruits par Marie-Jeanne puis accompagné par l'ami Bob Miorin jusqu'au dernier ravito. Il ne restait plus que 7,8km et donc plus d'une heure si je continuais à trop marcher. Mes douleurs s'étaient réveillées et me faisaient de plus en plus mal si bien que les courtes portions courues devenaient de en plus plus rares.
    Je passai l'arrivée bien loin de mes temps habituels (+1h15 environ) et bien loin au classement qui à cette heure n'était plus ma préoccupation première.
    On verra demain si j'ai retrouvé la forme ou si cet état de fatigue va perdurer.
    Il a fait beau toute la journée et il n'a jamais fait trop chaud.
    Demain même distance à peu près avec un départ à 8h15 où il est prévu 3°. Il va falloir bien se couvrir.
    À demain pour de meilleures nouvelles.

    2ème étape de la Via Iberica : Jaca-Fiscal, 45,6km.
    Je n'en menais pas large au départ mais l'étape s'est bien passée. Pas de défaillance comme hier et peu de douleurs au talon, mais des douleurs quand même à certains moments.
    Nous sommes partis à 8h15 après une nuit assez perturbée par le bruit des turbines devant réchauffer la salle. Vers 23h alors que nous étions tous entrés dans une bonne phase de sommeil les "énormes et vieux ventilateurs" se sont mis à chanter pour toute la nuit.
    Un sommeil en pointillés, pas facile de récupérer dans ces conditions, mais j'ai quand même savouré de pouvoir faire la grasse matinée jusqu'à 6h15, heure à laquelle je me suis levé, habillé et mis en route pour le bar restaurant qui nous préparait nos petits-déjeuners. Heureusement que j'y suis allé tôt car l'attente fut longue et le petit petit-déjeuner frugal. De retour à la salle (à 400m de là) je me servis un bol de café et complétais mon repas avec du pain de mie et de la compote.
    Les préparatifs effectués ensuite et ce fut l'heure du départ, dans le froid. Je m'étais bien couvert et les premières foulées se sont avérées encourageantes car le coeur battait régulièrement et mes tendons n'étaient pas encore réveillés. 3 belles bosses à passer dans les 8 premiers km puis ce fut une belle partie de route droite en faux-plat descendant. Mon allure était plus conforme à ce que je souhaitais (entre 9 et 9,5 sur cette partie) si bien que je parvins au ravito 1 à 9,2 de moyenne. Bien sûr quand on s'arrête plus de 3' et qu'on repart en pleine montée à fort pourcentage, la moyenne en prend un coup mais j'étais content d'être là à cette heure-là.
    Béatrice, Ludovic et Jean-Michel m'avaient rattrapé, Sébastien était depuis longtemps passé devant après un départ tranquille, je me situais à mon niveau actuel.
    Peu à peu la bande des trois me lâcha et je la conservais néanmoins à portée de vue sans chercher absolument à les rattraper. On fit la jonction au ravitaillement n°2 et nous avons couru à peu près ensemble jusqu'au tunnel situé à 9km de l'arrivée. La montée s'était terminée 500m avant et notre groupe se disloqua dans les 2600m de ce tunnel. Fabrice Pellefigue nous rattrapa aussi et au sortir du tunnel il s'échappa peu à peu. Je descendais en restant concentré sur ma foulée pour ne pas augmenter la gêne au talon et pour ne pas non plus risquer de déclencher une nouvelle arythmie. Je finis en faisant la jonction avec Ludovic et nous franchîmes la ligne d'arrivée ensemble.
    5h11'23" pour 45,6km, je m'en contentais, même si c'était presque une demi-heure de plus qu'en 2019.
    Demain, je partirai dans le groupe des "7h", le second, celui où il y a les plus rapides. Les autres coureurs se mettront en route dès 6h.
    Ce sera long, très vallonné, il fera froid le matin et peut-être un peu plus que doux l'après-midi, on verra comment ça va se passer mais je ne vais pas prendre de risques, je vais courir à mon allure "actuelle" un peu plus basse que lors des autres éditions.
    À demain.

    3ème étape de la Via Iberica. Fiscal-Alquezar, 76,4km.
    Ça s'est bien passé pour moi malgré beaucoup de douleurs aux pieds mais l'essentiel étant de finir je ne ferai pas la fine bouche sur mon chrono. Je suis 10ème de l'étape.
    Un CR plus complet plus tard.
    De retour du repas, couché au rez de chaussée d'un lit superposé (Merci Gwen d'être allé dormir dans une salle annexe) je prends un peu de mon temps pour compléter mon CR.
    Je suis parti à 7h dans le groupe des rapides et je me suis vite retrouvé en milieu de peloton. Les leaders se détachèrent inexorablement et je creusais peu à peu un écart avec mes poursuivants. Il faut dire que le profil des 20 premiers km s'y prêtait bien car en descente douce pendant de nombreux km. Le seul soucis était de rester vigilant avec la circulation car les bas-côtés étaient inexistants pour s'y réfugier en car de croisement de véhicules. Nous étions tous équipés d'une frontale, d'une lampe rouge et d'un gilet de sécurité. Au premier ravitaillement je me fis rattraper par Edith et Sébastien tandis que Gwen prenait un peu de temps pour se couvrir car il avait froid : 5° au départ , ce n'est pas évident de se réchauffer aux allures auxquelles nous courions.
    Je restai au contact visuel avec mes trois camarades de jeu jusqu'à ce qu'on sorte de la route principale pour en rejoindre une plus tranquille pour... plus de 50km.
    Les montées allaient se succéder et je pris mon temps dans la 1ère pour manger une banane prise au 1er ravito. Je ne pus réussir à refaire la jonction avec Gwen et Edith. Jusqu'au 2ème ravitaillement je pris la mesure de l'alternance montées-descentes et je me rendis compte que mon talon commençait à se rappeler à moi. Je dépassai peu à peu les coureurs partis 1h avant, les encourageai, et continuai ma progression. Le soleil s'était enfin décidé à passer par dessus les sommets et les paysages s'en retrouvèrent encore plus beaux que ceux entrevus lors de la pénombre matinale.
    Les ravitaillements après le 2ème étaient espacés d'une dizaine de kilomètres ce qui me donnait des micro objectifs pour me motiver à toujours relancer et courir. Derrière, quand je me suis retrouvé sur le plateau à mi-chemin, on voyait la chaîne des Pyrénées avec le Vignemale et devant je devinais qu'après le plat reviendraient le dénivelé. Je devais tenir jusqu'au ravito 5 (km 55) car après il y aurait de la descente, mais comme j'avais de plus en plus mal au talon et au tendon d'Achille, ce n'était pas non plus évident de devoir gérer chaque appui. Mes plantes de pied étaient échauffées et je craignais d'attraper des ampoules.
    Fabrice Pellefigue m'avait rattrapé et nous fîmes un bout de chemin ensemble avant qu'il se détache car plus à l'aise que moi dans la longue descente de plus de 15 bornes qui suivait. En fait, il n'y avait pas 15km de descentes car plusieurs fois nous eûmes à remonter suite à un franchissement de pont par exemple. La compensation, c'était de pouvoir admirer cette partie assez aride où les torrents asséchés (ou presque) avaient raviné la vallée. La fin fut longue à arriver et je n'essayais plus de relancer coûte que coûte, les coups de poignard dans mon talon me rappelant à l'ordre très fréquemment.
    Je rejoignis Christian Fouillet (parti une heure avant moi) à 500m de l'arrivée après une rude montée vers Alquezar et nous fînîmes ensemble.
    J'étais content d'être enfin arrivé et je pouvais savourer boissons et collation d'après course.
    Demain, nous serons 10 à partir à 7h, et comme j'ai fini 10ème aujourd'hui, je risque fort de cheminer seul une bonne partie de la journée.
    À demain.

    4ème étape de la Via Iberica : Alquezar-Sariñena , 68,8km.
    L'étape s'est bien passée et comme depuis le 1er jour j'ai dû composer avec les douleurs, mais celles-ci n'ont pas été trop fortes.
    Nous sommes partis à 7h, une heure après les moins rapides de la veille. Il faisait nuit et nous étions équipés en conséquence. Je me suis vite rendu compte que les premiers allaient trop vite pour moi et je me mis à mon allure de croisière le temps de sortir d'Alquezar et de rejoindre la route principale. Je n'étais pas le dernier du groupe mais j'attendais mon heure pour que la hiérarchie se remette en place. Le jour se levait et l'horizon laissait deviner des formes que l'imagination de chacun interprétait différemment. Les km défilaient lentement mais sûrement et je savourais de ne pas avoir mal. Edith et Sébastien me doublèrent enfin et au ravito n°3, Fabrice Pellefigue fit la jonction. Il resta avec moi jusqu'au début du chemin empierré au km 42. Ensuite il se détacha et je ne pus jamais refaire mon retard. J'étais donc le 10ème et dernier de notre groupe. J'ai rattrapé quelques coureurs du premier groupe mais pas autant que ça. Je marquais à chaque fois le coup en les encourageant et leur souhaitant bonne chance.
    Après le ravito 4, au km 49 juste avant de descendre dans les cañons, je pris mon temps et repartis prudemment car il restait 20km et je commençais à m'économiser en prévision de l'étape suivante. Mais m'économiser je ne sais pas trop faire alors une fois la descente effectuée je relançai la machine pour arriver au dernier ravito avec Marie-jeanne Simons partie 1h avant avec qui j'avais fini la dernière montée en marchant et bavardant.
    Il ne restait que 10km maxi et je me suis un peu forcé pour passer sous les 8h, juste comme ça, pour le fun.
    Mission réussie. J'ai fini cette 4ème étape 10ème et au général je passe aussi 10ème. Je ne pense pas en bouger car devant ça va trop vite pour moi. Peut-être que quelqu'un pas loin derrière va me reprendre, on verra.
    À demain, après la longue étape vers Caspe, 77,7km avec de belles portions en ligne droite où la monotonie sera de sortie.

    CR de la 5ème étape de la Via Iberica : Sariñena -Caspe, 78,9km.
    Je n'ai pas eu le temps de faire un CR hier car je suis arrivé tard (16h30 passées) et le temps de prendre une collation, de monter m'installer dans la chambre partagée avec Markus, d'expédier les affaires courantes puis de me reposer, c'était déjà l'heure de dîner puis d'aller se coucher avec la prévision de me lever une heure plus tôt car j'avais été trop lent et mis dans le groupe partant à 6h.
    L'étape avait été longue et monotone, ainsi je me suis installé dans un faux rythme et je n'ai jamais pu augmenter mon allure, au contraire. Le 8,5km/h au passage du 1er ravito, après être sorti de la nuit en laissant désespérément les lumières rouges clignotantes de mes partenaires me distancer sans que je puisse faire quoi que ce soit, ne s'est pas amélioré par la suite, une fois rendu sur les plateaux où plusieurs longues heures de solitude m'attendaient. Je me mis en mode robot avec ma musique dans les oreilles et les morceaux de MC Solaar, Tupac ou autres Santana m'aidèrent à faire passer les km et le temps. Je visais les ravitaillements les uns après les autres et piochais foulée après foulée, luttant parfois contre la douleur quand elle se faisait plus intense. Je rattrapais quelques coureurs partis une heure avant, mais plus tardivement que les autres jours, j'apprenais aussi au fil de l'étape que certains avaient dû abandonner sur blessure ou grosse fatigue. Je n'avais pas à me plaindre, il y avait plus mal en point que moi et je pensais souvent à la journée compliquée que devait vivre Fabrice Pellefigue parti avec ses releveurs inflammés.
    Quand je suis arrivé, j'étais bien marqué et je constatai alors que j'étais 11ème et que j'avais gagné le droit de dormir une heure de moins le lendemain.
    Mais je n'avais pas de blessure invalidante donc pourquoi se plaindre ?

    CR de la 6ème étape de la Via Iberica : Caspe - El Pinel de Brai, 68,4km.
    Partir à 6h dans le premier groupe apporte quelques inconvénients mais aussi des avantages. Moins de sommeil d'une part mais une arrivée plus tôt d'autre part, tout comme le fait de pouvoir faire la course en tête sans guidage lumineux devant.
    Je suis parti devant directement et je n'ai plus lâché l'affaire de la journée ne me faisant dépasser seulement par Stéphane (au km 44) et Markus (au km 57). Je n'ai vu personne d'autre en dehors des ravitailleurs.
    J'ai couru 2 heures dans la nuit qui a bien estompé les difficultés et quand le jour s'est levé j'ai constaté que personne derrière était à vue. Je n'étais pourtant pas très rapide, 8,5km/h de moyenne en quittant le 1er ravito puis 8,5 encore au second. Le dénivelé qui suivit me fit ralentir un peu mais pas de manière significative.
    Je fus le 1er coureur à entrer en Catalogne vers le km 28 et je ne voyais toujours personne derrière. Après le 3ème ravito j'étais encore seul mais Stéphane me remonta dans les 5km suivants et me passa. J'avais hâte d'arriver en haut de la dernière longue montée afin de pouvoir descendre vers Bot et la voie verte et ses 13 tunnels. Beaucoup de cyclistes, des groupes d'ados et leurs encadrants, sillonnaient cette ancienne voie ferrée dans le même sens que moi, ce qui parfois me gênait car ils n'avaient pas d'éclairage dans les tunnels et déboulaient derrière moi sans voir que j'avais une lumière rouge clignotante sur mon sac à dos. J'avais ma frontale pour bien appréhender les éventuels obstacles dans les tunnels. Au sortir de cette voie verte il ne restait que 6km, Markus m'avait doublé au dernier ravito, et je ne lâchai pas prise pour finir en 8h13'. C'est beaucoup plus que lors des autres éditions mais j'étais ravi. J'ai terminé 8ème.
    Demain pour le départ de la dernière étape, j'ai réintégré le groupe de 7h.
    69km pour rallier Riumar sans doute sous la pluie. Je me couvrirai en conséquence.
    À demain.

    CR de la 7ème et dernière étape de la Via Iberica : El Pinell de Brai - Riumar, 69,7km.
    Les prévisions météo annonçaient de la pluie et nous en avons eu, toute la nuit avec le bruit amplifié par le toit de la salle qui nous faisait penser qu'il tombait des trombes d'eau. Certes il pleuvait au petit matin mais pas autant que ce qu'on avait craint.
    Le fait de partir à 7h me donna un peu plus de temps pour organiser mon sac de rechange que je prévoyais de mettre au ravito 4 (km 48). Je suis parti avec la veste de pluie, la frontale, le sac à dos et la lumière rouge clignotante à l'arrière. Les premières foulées étaient prudentes pour ne pas déjà tremper mes chaussures en courant dans les flaques d'eau et pour dépasser le stade de la douleur qui s'estompe après plusieurs longues minutes. Sur les 11 de notre groupe, j'étais 8ème mais les 7 de devant n'étaient plus que de petits points rouges lumineux s'éloignant de plus en plus de moi pour ne plus être visibles. Edith et Jean-Michel me rattrapèrent un peu avant la première ascension mais au pied de celle-ci je plaçai un démarrage dont je suis coutumier et les distançai. Au col, après le ravito n°1 (km 15 environ) je basculai dans la longue descente vers la vallée de l'Ebre. Je dépassai Fabrice Pellefigue en souffrance avec ses releveurs qui le torturaient à chaque foulée et je l'encourageai. Pour avoir connu ces moments de détresse physique et psychologique j'admirai son abnégation et sa détermination, mais un guerrier comme lui ne lache pas prise dût-il aller au bout de ses limites.
    Je me reconcentrai sur ma course et mes soucis physiques me parurent dérisoires bien que constamment présents. Je me ravitaillai rapidement au km 28 et aperçus Edith qui arrivait quand j'en repartis. Elle souffrait d'un de ses releveurs et se fit strapper. Je ne la revis plus. J'encourageai au fil des km Philippe, Florence, Jean-Michel Boiron, Christophe, Bob et Marie-Jeanne avant d'arriver à Tortosa où un mur se présenta à moi. Quelques courtes montées à très fort pourcentage où je dus marcher, quelques relances en descente ou en côtes "normales", j'avais mis ma musique pour me donner du tempo - le rap est parfait pour ces moments là- , et je parvins enfin au bout du bout de la dernière difficulté du jour et de la Via Iberica non sans avoir pris quelques secondes pour encourager Christian et Thomas Steinicke, mon ami de la Deutschlandlauf. Le ravito 3 tenu par Jean-Louis me permit de faire le point et j'entamai la longue descente vers le delta de l'Ebre. Je mentionnai dernière difficulté pour la montée précédente mais les premiers km de la descentes furent plus difficiles encore. Mes pieds venaient buter au bout de mes chaussures et me torturaient à chaque foulée quand la pente était trop forte, et si on ajoute à cela le réveil de mon épine calcanéenne sur son lit d'inflammation du tendon d'Achille on peut imaginer la saveur du menu que je dégustai. Bon, j'arrivai quand même en bas, au ravito 4 (km48) et échangeai ma veste de pluie, devenue inutile depuis longtemps car le temps était redevenu correct, contre mon débardeur. J'étais trempé "dedans" mais avec une température douce ça me rafraîchissait. Il restait 22km et pas forcément les plus beaux ni les plus faciles. Seule la partie sur la piste cyclable le long de l'Ebre fut relativement agréable et le ravito 5 tenu par Jocelyne à 12,5 du but me fit du bien pour appréhender l'interminable fin où plusieurs longues lignes droites donnaient l'impression d'une route sans fin.
    Quand je suis arrivé à Riumar il ne restait que quelques centaines de mètres avant de prendre la passerelle vers l'arrivée située sur la plage.
    Je passai la ligne d'arrivée en moins de 8h30 en ayant ajouté une nouvelle course à étapes à ma collection : 19 pour 390 étapes au total.

    À bientôt pour le récit de nouvelles aventures.
    Fab


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  • Et bien c'est reparti pour un nouveau feuilleton mais cette fois il n'est pas estival.
    Première étape entre Urdos et Jaca avec une petite variante : l'organisateur, Gilles, n'a pas reçu l'autorisation de nous faire courir sur le parcours habituel à partir du km 23 où il nous a fait prendre le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
    Un kilomètre de plus et du trail quasiment jusqu'à la fin mis à part des traversées de village et les 1400m de trottoir nous menant à l'arrivée à la sortie de Jaca.
    Nous sommes partis à 17 plus Gérard et sa trottinette à 9 heures précises. Le temps était couvert mais la température agréable même si le port d'accessoires pour ne pas avoir froid était le bienvenu.
    J'ai démarré dans le groupe de tête avec Rémi, Vincent et Casimir que j'ai suivi jusqu'au 7ème km puis j'ai perdu de vue les trois au fil des virages. Donc j'ai continué seul et j'ai atteint le col après 1h45 de course environ, course entrecoupée de périodes de marche pour récupérer ou grignoter quelque chose. La descente me permit de faire remonter un peu ma moyenne mais je retenais les chevaux car la crainte de déclencher à nouveau une de mes blessures en sommeil me rendait raisonnable et lors de la partie de trail je ne souhaitais pas galérer.
    J'avais prévu de mettre mes chaussures de trail juste au moment d'attaquer le chemin et JB m'avait proposé de lui confier un sac avec mes chaussures.
    Un pit-stop d'une petite minute et j'entamais la descente vers le chemin et les pierriers. Constamment sur mes gardes, il m'arrivait souvent néanmoins de buter sur des grosses pierres et même sur des petites tant qu'on y était mais à chaque fois je redressais la situation. J'atteignis le ravito de Nicole et rapidement m'y restaurai avant de reprendre le fil du chemin vers St Jacques.
    Mathias, un jeune coureur Allemand dont j'avais fait la connaissance sur la Deutschlandlauf me rattrapa peu après et je le suivis en restant à vue pendant plusieurs km et lors de la traversée du dernier village un peu après le 3ème ravitaillement la descente était trop abrupte pour moi et je me résignai à le laisser filer. Les derniers km furent assez éprouvants et heureusement que Stéphane Héloir, un des bénévoles, est venu faire la fin avec moi, de discuter ça me faisait oublier la fatigue et les douleurs naissantes.
    Je finis l'étape en 5ème position, presqu'une heure derrière Rémi le vainqueur du jour. J'ai mis 45 minutes de plus que lors de mes précédentes étapes "Urdos-Jaca" courues lors des Via Iberica mais ne nous faisant pas passer par les chemins.
    À demain pour la suite de cette aventure.

    2ème étape de la TransEspaña : on prend les mêmes et on recommence. À cela près que les 5 premiers de l'étape d'hier (dont je faisais partie) sont partis 1h après les 11 autres coureurs.
    De la fraîcheur pendant la 1ère moitié de l'étape puis peu à peu c'est devenu de moins en moins frais sans pour autant atteindre la grosse chaleur. Mais le soleil omniprésent en a fait rougir quelques uns.
    Pour moi, on va dire que ça a été jusqu'au 30ème km, bon, poussons même jusqu'au 40ème mais peu à peu j'ai commencé à réduire l'allure car mes plantes de pieds me chauffaient. Et j'avoue aussi que j'avais bien donné jusque-là. J'ai pratiquement couru toute l'étape avec Mathias, ne le laissant s'échapper que lors des 5 derniers km où je ne pouvais plus le suivre. Lui, il n'avait pas trop molli, mais moi j'ai fait beaucoup d'alternance course-marche et comme je suis lent à la marche et bien j'ai concédé près de 4' sur le jeune coureur Allemand.
    Après avoir bu quelques rafraîchissements, mangé, lavé mon linge, pris ma douche, étendu mon linge, installé mon matelas dans le gymnase et préparé mes affaires pour demain il ne me reste plus beaucoup de temps pour me reposer et pour écrire un petit CR.
    Mais chose promise, tant que j'assure je rédige.
    À demain pour la suite de la course.

    3ème ex-aequo avec Mathias "Pacman" sur cette courte étape rendue difficile par le vent contraire quasi permanent.
    1 abandon, Casimir, sur blessure au pied.
    Nous étions 7 plus Gérard et sa trottinette à prendre le départ à 8h de cette 3ème étape et tout de suite derrière Rémi et Vincent qui se sont détachés Lionel, Mathias et moi prîmes un bon tempo, environ 9,7km/h. Nous sommes restés à vue jusqu'au ravito de Fred Gallais peu avant le km 15 et comme je ne m'y attardai pas je me détachai et pris une petite avance de quelques centaines de mètres. Le paysage était agréable, les bords des routes étaient pleins de coquelicots et les champs alternaient blé, maïs ou d'autres céréales et parfois des oliveraies et des amanderaies venaient rompre la monotonie qui peu à peu s'était installée. Quelques collines, des éoliennes des villages que l'on traversait ou évitait, il n'y avait pas grand monde à part nous.
    Au second ravitaillement je repartis alors que mes deux compères en étaient encore loin et je me fixai l'objectif d'arriver au 3ème sans trop avoir puisé dans mes ressources. Le vent avait bien entamé l'organisme, les pieds me laissaient tranquille mais quand des bosselettes se présentaient je sentais que ça commençait à piquer un peu. Ces échauffements plantaires arrivent systématiquement après 30/35km et sont assez gênants dans les descentes.
    Après avoir quitté notre petite route tranquille nous prîmes une grande route pendant 2km avant d'en retrouver une plus bucolique. Mais ça devait monter pendant 6km avant de redescendre sur 6km aussi. La montée, succession de bosses et de creux au début, se fit plus forte sur les 3 derniers km. Je ne voyais personne derrière et me disais que j'allais finir seul 3ème mais c'était sans compter sur mes difficultés à redescendre, mes plantes de pieds me chauffaient, et Mathias effectuait une belle remontée (en descente, il faut le faire). Ainsi à 500m du but il me rejoignit et nous fînîmes ensemble.
    Au final, ce fut une belle étape mais il faut que je me mette dans la tête que ça va faire mal tous les jours, chose que j'avais un peu oubliée.
    Cette 401ème étape - et oui, hier j'ai oublié de fêter la 400ème - ne me donne pas plus d'assurance que si c'était la 1ère, il y a juste l'expérience qui peut jouer sur la manière de gérer les mauvais moments. Mais je suis si content d'être là.
    À demain pour la suite de cette aventure ibérique.

    4ème étape terminée en 4ème position. J'ai mis tout juste moins de 7h car ce ne fut pas facile du tout, surtout la fin. Je sais que si je veux faire des fins d'étapes sans souffrir je n'ai qu'à aller moins vite avant. Mais j'ai profité de la relative fraîcheur pour tailler la route, accompagné de Matthias Völkel et de Lionel Rivoiretrail avec qui j'ai fait toute l'étape sans toutefois qu'on reste ensemble. On se voyait de loin et on se retrouvait aux ravitaillements et chacun gérait sa course à sa façon.
    Le paysage était verdoyant là où c'était irrigué et j'ai trouvé qu'il y avait moins de zones arides que la veille.
    La température a commencé à monter, 24 à l'ombre, 29 au soleil, heureusement que le vent s'est levé et que certaines routes étaient bordées d'arbres nous apportant de l'ombre. Le vent était défavorable par contre ce qui a fait qu'on s'est un peu plus éreinté à lutter contre.
    Quelques portions de chemins pour éviter les routes à camions ont aussi réveillé les petits échauffements sous les pieds.
    Au final je suis content de ma journée mais j'appréhende celles de demain et de vendredi à plus de 75km chacune et avec des températures au-dessus de 30° de prévues. Il y aura aussi du dénivelé positif.
    3 départs : 5h30, 6h et 7h ( pour moi).
    Le CR de demain sera sans doute plus succinct.
    À demain.

    5ème étape aussi longue que ce CR.
    Nous sommes partis à 7h du matin de Fuendajálon et la température était déjà bien douce. 16,5 km pour atteindre le col mais sur une route qui n'a vraiment monté que sur les 3 derniers km, avec un ravito au 15ème.
    J'étais avec Lionel Rivoiretrail et Matthias Völkel mais comme les autres jours nous ne sommes pas restés groupés. Le tempo était beaucoup moins rapide que lors des jours précédents et la raison en était que les 75km et la chaleur prévue nous a rendus raisonnables.
    Je m'étais fixé des points de repères pour gérer mon étape : 15, 27, 37, 47,57 et 67, là où se situaient les ravitaillements. Facile de programmer, un peu moins de se rendre de l'un à l'autre.
    Il y avait du vent, le ciel était couvert, ça retardait le moment où on allait avoir chaud, mais j'étais trempé de sueur.
    Pas fatigué, ou un peu entamé, mais je n'avais pas la niaque pour relancer.
    Le paysage était beau avec des champs de céréales, de la vigne, des amandiers et encore quelques coquelicots.
    Par la suite on a pris une route avec un peu plus de circulation et ça ressemblait à une déchetterie continue tant il y avait des canettes dans les fossés et des lieux de décharge sauvage.
    Que c'est long quand tu ne cours pas vite ! Mais j'ai pris mon courage à deux mains et ai serré les dents quand il le fallait. Les 20 derniers km nous ont fait prendre un cañon où j'espérais avoir de l'ombre et du vent. Très peu en fait et aux ravitos les boissons étaient tièdes voire chaudes. Par chance au ravito de Françoise une personne est allée nous chercher des glaçons qu'avec Lionel nous avons mis dans nos bouteilles. Après 3km l'eau était redevenue tiède.
    La fin mit du temps à arriver mais elle arriva.
    Un peu plus de 8km/h, 4ème, comme d'habitude, j'étais arrivé très fatigué mais arrivé.
    Nuit à l'hôtel donc pas de temps à s'installer, pas de lessive, on verra demain.
    Même genre d'étape avec un petit peu plus de dénivelé.
    À demain.

    Petit CR de la 6ème étape, car à 7,4km/h de moyenne j'ai mis plus de 10h, mais je finis quand même à la 4ème place.
    75,6km, presque 1400m de D+, un vent défavorable digne des plus grandes régates, du soleil sur la fin et une température moyenne supérieure à 20, atteignant presque les 30 sous abri quand il y avait des arbres, des jambes un peu lourdes de la veille... donc une belle grosse journée de labeur.
    Nous avons quitté l'Aragon pour entrer en Castilla-la Mancha et je comprends mieux la lutte de Don Quichotte contre les moulins à vent. Paradoxalement, les éoliennes étaient à l'arrêt : quel gaspillage de vent !
    Bon, j'ai gagné à nouveau le droit de dormir une heure de plus et je partirai avec Rémi, Vincent et Matthias Völkel .
    Lionel Rivoiretrail a été très gêné par les mêmes conditions météorologiques et est resté très en dedans, sans doute pour mieux repartir demain.
    Un abandon à déplorer : Ludovic blessé au tendon d'Achille.
    À demain.

    7ème étape courue en 7h00'38 pour 56,1km - pile 8km/h. 4ème place à laquelle je suis abonné mais très très loin des 3 premiers. On ne boxe pas dans la même catégorie même si je pars avec eux.
    Aujourd'hui ce fut à " la va comme je te pousse " jusqu'au ravito 1 puis jusqu'au 2 et là ma course a commencé. 8km de montée pour passer de 1050 à 1400m mais en plusieurs épisodes avec des faux plats bienvenus et des montées un peu plus sévères et certaines descentes avec des pourcentages de l'ordre de 13°\°.
    Une fois atteinte l'altitude de 1400m, commença une longue descente mais elle aussi assez irrégulière au niveau pente. Nous étions dans un canyon et en ce samedi il y avait beaucoup de voitures et motos. Dans cette partie de 18km après le ravito 3 je pus faire repasser ma moyenne à 8 alors qu'elle était tombée à 7,5.
    Je n'ai pas eu de problème de douleurs ou autres, c'est juste que les grands moments de solitude ça use un peu.
    Je viens de finir mon entrecôte frites et mon pudding (ce sont des oeufs au lait ) et je vais aller rejoindre mon coloc Matthias Völkel qui est arrivé 1h avant moi.
    À demain.

    8ème étape terminée à la place habituelle, 4ème, mais à plus d'une heure du 3ème.
    Cette étape débuta en montée pendant 3 ou 4km ce qui me permit de me faire distancer rapidement par le trio avec qui j'étais parti. Pas de panique, je ne me souciai plus d'eux sachant que je n'ai pas/plus le niveau pour rester au contact. Alors je me suis mis en mode "Fab tu vas passer la journée tout seul" et j'ai commencé un travail d'introspection si on peut dire. Je n'en oubliais pas d'admirer le paysage, canyon et parois rocheuses où se côtoyaient rapaces et autres bêtes à cornes style chamois, mais locaux les chamois. Fréquemment je consultai le profil de l'étape pour voir quand ça allait remonter ou redescendre. À ce niveau là, mon petit gadget au poignet m'est bien utile (Garmin Fenix 6 pro, en tout cas j'ai la carte de l'itinéraire et ça vibre quand il y a des changements de direction ou si je suis hors parcours).
    1er ravito et déjà 9' de retard, en 15,4km, sur Matthias Völkel mais une grosse dizaine de minutes d'avance sur la tête du groupe parti 1h avant. Faudrait pas que ça me pénalise de partir 1h après les autres coureurs. Et je suis joueur et aime bien savoir où j'en suis. Bon ceux qui me connaissent savent que sans ça, sans cette pression, je ne serais pas motivé. Nous sommes passés sur une route évitant le tunnel et c'était rudement beau malgré une grosse montée et une non moins forte descente.
    Direction second ravitaillement, 16km plus loin où je passai au bout de 3h40 de course. Ma moyenne était autour de 8,5 et il n'aurait pas fallu qu'elle passe sous les 8 car il n'y avait pas trop de dénivelé aujourd'hui. Quelques petites bosses ou faux-plats mais où il ne m'était pas impossible de courir.
    La partie de l'étape qui suivit fut quand même longue et monotone, le soleil était à peine voilé et j'appréciais les plus ou moins longues zones d'ombre. Après le ravito 3, vers le km 45, nous avons quitté la route "nationale" CM 210" pour passer sur un chemin et puis sur une route tranquille et assez agréable. Mes pensées erraient à gauche et à droite et je me surprenais à admirer les fleurs du bas-côté de la route : coquelicots, fleurs violettes, blanches... Autour de moi des petits sommets arides barraient l'horizon, de nombreux champs labourés et ensemencés témoignaient de l'activité agricole de cette région quand même assez peu peuplée.
    À partir du ravitaillement 4, ce furent 10km de chemins un peu caillouteux et il me fallait rester concentré pour ne pas risquer de me tordre une cheville ou de me blesser au tendon tibial postérieur m'ayant bien handicapé l'an dernier.
    Quand je quittai le chemin, il ne restait plus que 6km sur route et j'avais hâte d'arriver.
    Ce soir nous sommes hébergés dans un hôtel dans des chambres de 10 à 12 personnes avec des lits à étages. Bon, j'en ai pris un où je dors au-dessous, mais avec tous nos bagages on ne peut plus trop bouger.
    Demain, 58km au menu avec du dénivelé encore et toujours. On verra.
    À+

    Alors, comment dire, par quoi commencer pour résumer cette 9ème étape ?
    Ce soir on a fait la moitié de la TransEspaña en nombre d'étapes (9/18) et en km (552/1081). Le plus difficile est-il passé ou à venir ? Certes les organismes commencent à être fatigués mais aussi à être habitués à enchaîner quotidiennement ces km. La météo a été jusqu'à présent relativement clémente avec néanmoins des après-midi de plus en plus chauds alors qu'au petit matin il fait souvent frais à froid.
    Pour cette journée, cette dernière avec relativement du gros dénivelé, il y a beau y avoir eu 10km de moins qu'hier, elle ne fut pas moins difficile que les précédentes.
    Nous sommes partis direct droit dans la côte et ça ne fait pas vite avancer le kilométrage. La descente n'a pas été assez longue pour faire remonter mon allure moyenne au-dessus de 9km/h. Et au premier ravitaillement les 15km m'avaient pris 1h43. 6' d'arrêt pour retirer le débardeur coupe-vent, m'alimenter et recharger mes bouteilles et je suis reparti à l'assaut du second "coup de cul" du jour. Les ravitaillements avaient été positionnés au pied de chacune des difficultés du jour (sauf le 3, en pleine descente mais peu de temps après une nouvelle montée). Autant il avait fait très frais quand nous sommes partis, autant dès que le soleil est passé au-dessus des hauteurs environnantes on sentait l'ardeur de ses rayons. Je m'étais badigeonné de crème solaire et protégé bras, mains et tête. Il y avait de nombreux arbres au bord de la route et le tracé de celle-ci était sinueux, donc nous avons eu de l'ombre assez souvent.
    Comme on va vers le sud, le soleil est derrière nous ou sur notre gauche et au fil des heures, il passe de face, mais ça tourne tout le temps ce qui m'a fait jouer avec ma casquette que je mettais tantôt à l'envers tantôt à l'endroit.
    Au ravito 3, quand j'ai recommencé à descendre, j'ai failli me faire bloquer par un troupeau de moutons que le berger déplaçait mais ma vivacité d'alors me fit accélérer à bon escient. Jusqu'à présent j'étais rentré peu à peu dans mon étape et avec la musique dans mon MP3 je savourais ces moments rien qu'à moi. Puissiez vous un jour connaître ces moments d'extase où l'effort est oublié, où les sens sont exacerbés mêlant le visuel au détour d'une courbe où la vue est magique, l'olfactif avec les différentes senteurs des fleurs, genêts entre autres, l'auditif avec une bande-son spéciale Carlos Santana, le tactile où la foulée est si légère que je ne ressentais plus les douleurs passées... un pur moment de bonheur !
    Bien sûr, comme tout rêve, qu'il soit éveillé ou pas, il y a un moment où il faut revenir sur terre mais j'ai "kiffé un max" comme disent les "djeun's".
    Le retour sur terre fut matérialisé par une nouvelle montée et un changement drastique de paysage. Moins d'ombre donc plus de chaleur, revêtement plus rugueux, passage dans un chemin puis longue portion vers une petite ville où se situait le dernier ravitaillement. En ce 1er mai, il y avait la fête de la vierge sans tête avec toutes les animations qui vont avec. Heureusement, j'ai raté la procession mais j'y ai gagné à croiser les beautés locales toutes plus court vêtues les unes que les autres. J'ai traversé la fête sans me laisser trop distraire et là, je l'ai vue ! Grande, longue, interminable, j'en eus les jambes coupées quelques instants avant de réaliser qu'il fallait que je m'y attaque sans tarder : il s'agissait, vous l'aviez compris, de la longue et forte montée qui se présenta à ce moment. J'ai choisi de la déguster avec modération en l'entamant en alternant marche et course puis en la finissant en marchant. Le goudron fit place à du chemin de pierres et cela dura trop longtemps à mon goût avant de repasser sur une portion d'asphalte. Nous sommes retournés sur la route principale pour les 5 derniers km.
    Quand j'ai franchi la ligne d'arrivée j'ai été soulagé car ça commençait à me chauffer un peu partout. Vite une boisson fraîche houblonnée pour épancher ma soif de frais puis un coca.
    Et ensuite, tout reprendre les rituels les uns après les autres afin de pouvoir se reposer.
    Demain, 69km avec peu de dénivelé mais le début de longues lignes droites. Va falloir gérer autrement et compter avec la température qui sera d'au moins 28° en milieu d'après-midi.
    À+

    10ème étape pas facile du tout malgré le faible dénivelé où j'ai encore fini 4ème mais de peu car Milka la Finlandaise partie dans le 1er groupe ne finit que 2 minutes derrière moi.
    J'ai donc gagné le droit de prendre le départ une heure plus tôt demain. J'y gagne au niveau soleil, j'y perds en ce qui concerne le sommeil. Et de partir en "grand groupe" (10 + Wilma et Saïd venus respectivement faire 5 et 9 étapes) ça va donner des points de repères à ceux qui vont essayer de rester au contact avec moi.
    Aujourd'hui je me suis retrouvé seul assez vite, en 4ème position et la course s'est bien passée jusqu'au ravitaillement 2. Route tranquille avec un revêtement assez bon et une fraîcheur que j'aurais aimé garder plus longtemps. Wilma revenait au contact à chaque ravitaillement et quand elle partit avant moi au 2ème (km 24) ce fut pour débuter la partie la plus escarpée de l'étape et ça montait tellement fort que nous avons marché une fois que je l'eus rattrapée.
    Km27, fin du chemin et retour sur la route qui continuait de monter mais tranquillement. À ce moment le soleil était plus vigoureux et je recherchais l'ombre sur le bord de la route. Le revêtement n'était plus si bien qu'avant et je courais souvent au milieu de la chaussée quand il y avait des raccords d'asphalte. Km 34 puis 44, 2 ravitos où je mangeais et surtout refaisais le plein en boissons car il fallait bien s'hydrater. Entre-temps, nous étions passés sur une hauteur avec des pinèdes qui étaient agréables à voir et sentir.
    Pour les 25 derniers km il n'y avait plus qu'un ravitaillement, donc il fallait tenir 13km en espérant trouver une fontaine ou un bar. Une fontaine, j'en ai trouvé une dans un village, mais point de bar. Des bénévoles et des accompagnateurs m'ont dépanné deux fois en eau ce qui me permit de ne pas finir tout déshydraté.
    Content comme toujours d'avoir ajouté une nouvelle étape à ma collection, mais ça a été très difficile.
    On verra pour la suite, mais il ne reste plus que 3 étapes de 60 à 63km, les autres n'en seront pas moins faciles à faire mais dans la tête ça passe mieux.
    À demain.

    Quel est le chemin le plus court pour aller d'un point à un autre ? Aujourd'hui, ce fut le sujet de notre travail dans le cadre de la 11ème étape. Vous avez 12h pour répondre.
    Bon, déjà je n'ai mis que 7h36 pour répondre à la question posée au départ. C'était la 11ème étape.
    Pourquoi partir dans ce délire ? Et bien nous sommes dans une région où les routes semblent avoir été tirées au cordeau. Une fois quittée notre ville étape de la veille (Pedro Muñoz) nous avons pris la route toute droite pendant plus de 6km puis, miracle, un virage pour passer au-dessus de la LGV espagnole et nous voilà repartis pour plus de 17km de "va tout droit, tu ne peux pas te tromper".
    En définitive, étant parti avec le 2ème groupe ( je rappelle qu'il y en a 3, le 1er partant à 6h, le 2ème à 6h30 et le 3ème à 7h30) j'ai pu profiter de la fraîcheur 1h de plus et comme le vent nous était aux 3/4 favorable le premier tronçon de ligne droite s'est bien passé. J'avais pris la tête dès le départ et ne comptais pas la céder. Sur le second tronçon, je fus rattrapé par une envie pressante qui me contraignit à m'arrêter un assez long moment, camouflé derrière des oliviers. Quand je repris le cours normal de mes pérégrinations vers le sud, j'avais été dépossédé de mon leadership par 4 coureurs. Je fis une extraordinaire remontada, quitte à prendre quelques risques mais cela paya car au ravito 2, j'arrivai quand seule Milka, la coureuse Finlandaise, en repartait. Je fis un bout de chemin avec Lionel Rivoire jusqu'à ce qu'on rattrape Milka qui se mit à rester à mon contact. Aux très longues lignes droites ont succédé des lignes droites moins longues mais comme le parcours devenait bosselé on s'en rendait moins compte. Nous allions globalement à la même allure mais nous ne faisions pas nos pauses marchées au même moment et nous ne courions pas à la même vitesse selon le dénivelé certes très peu marqué.
    Au ravito de Nicole, le 3ème, nous étions encore tous les trois ensemble avec Lionel et Rémi arriva, bien que parti une heure après, et nous dépassa. Il restait 25km et un seul ravito était prévu au km 50 soit 13km avant l'arrivée, et bien sûr en ligne presque droite.
    Avec Milka nous avons joué à "cours après moi que je t'attrape" et mine de rien c'est quand même plus efficace que de s'attendre car là, on ne perd pas de temps. Tantôt elle prenait 200m d'avance tantôt c'était moi. Et à la fin, dans la ville de La Solana, nous avons conclu un accord comme quoi on terminait ensemble.
    Bien content d'être là, c'est la ritournelle quotidienne de fin d'étape, mais à chaque fois c'est ce qu'on ressent.
    Pour moi ce sera, demain, la 410ème étape de toutes les courses à étapes que j'aurai faites, dont 400 supérieures à la longueur du marathon.
    Nous aurons 5km de moins à faire qu'aujourd'hui mais avec encore quelques restes de portions rectilignes.
    à+Fab

    12ème étape de La Solina à Castellar de Santiago, 58,4km.
    Je mets moins de 7h, c'était l'objectif N°1 car je ne savais pas si cette étape sans beaucoup de dénivelé allait être chaude ou tempérée et les organismes ayant déjà commencé à puiser dans les réserves personne n'est, au moment du départ, certain à 100% que cela se passe bien.
    Dans mon cas, je n'ai pas à me plaindre, je ne suis pas blessé malgré les séquelles des pépins qui, il y a encore peu de temps, me faisaient douter. Quand je débute l'étape, je suis assez rapidement rassuré, ou au moins fixé, sur ce que sera la journée sachant que les états physiques et psychologiques sont des variables mouvantes.
    Ce matin, il faisait à peine frais, la pleine lune rouge venait tout juste de disparaître derrière l'horizon ouest et le parcours nous emmena dans la direction opposée. Deux bornes pour sortir de la ville, pour s'extirper des différents giratoires et passages dans des zones industrielles et nous voilà sur - promis juré avait dit Gilles l'organisateur - la dernière longue ligne droite de la course. Cette ligne droite s'est laissée se faire dévorer par notre groupe, amputé d'un élément (Luc qui avait terminé à l'heure du dessert hier soir, blessé et trop handicapé pour repartir ce matin). Il fallait faire attention au traffic car le matin les gens partent au travail et ne s'attendent pas forcément à croiser des coureurs. Le soleil s'est levé redonnant de belles couleurs au paysage : champs, vigne, amandiers, oliviers... friches.
    Au loin nous fînîmes par apercevoir une église, réplique de celle de St-Jacques de Compostelle. Cette ville marqua la fin de la ligne droite et j'y pénétrai en 1er car les trous coureurs du groupe suivant ne m'avaient pas encore rattrapés.
    Après cette ville, la route proposa un peu de dénivelé et nous la quittâmes ensuite pour traverser de vastes étendues oliveraies. Ça faisait du bien de revoir quelques bosses et virages. Au gré des arrêts techniques individuels nous sommes retrouvés à 3 avec Lionel et Milka. Nous avons cheminé presque groupés jusqu'au second ravitaillement où Françoise nous avait préparé un ravitaillement plein de bonnes choses (tourte au thon, houmous, petits canapés au fromage ou autre) si bien que quand nous en sommes repartis les petites montées ne nous même pas effrayés.
    Quand ça monte, j'aime "envoyer la sauce" et je laissai peu à peu mes deux compagnons pour m'échapper. Je me sentais bien malgré les voitures et camions et surtout le très étroit bas-côté alors je dus rester concentré car dans tout pays il y a toujours un chauffard (honnêtement, ça m'a coûté de rester poli dans ce CR, mais il a dû comprendre en langage des signes ma pensée).
    Remi me déposa sur place peu avant le marathon, ayant brillamment comblé son heure de décalage et quand j'arrivai au ravito 3, il en repartit aussitôt. J'en fis de même quand j'aperçus arriver au loin Lionel et Milka. Je savais que la fin d'étape allait me convenir, un ravitaillement à 8km et il en resterait 8 autres avant l'arrivée, les montées allaient se faire un peu moins douces, donc seul le soleil et la chaleur pourraient mettre leur grain de sable pour enrayer la mécanique. J'eus de la chance des nuages et un peu d'air avaient décidé de se relayer pour m'aider à bien finir. Matthias Völkel me rattrapa à 2km de la fin, nous nous encourageâmes mutuellement et il me laissa sur place me servant néanmoins de guide à distance une fois entré dans la ville.
    Je franchis la ligne ne sachant pas que j'étais 3ème de l'étape suite à une défaillance de Vincent (4ème) très marqué par la répétition des efforts et des blessures qui viennent le gêner. J'espère qu'il va récupérer et bien repartir demain.
    Il n'y aura qu'un seul départ à 7h30 pour tout le monde, pour cause de petite étape 48,5km mais un peu plus de dénivelé). Ouf, je vais pouvoir dormir une heure de plus.
    À demain.

    Cette 13ème levée fut une très belle étape en ce qui concerne le paysage et cela a correspondu aussi au fait que nous sommes passés en Andalousie, notre dernière région d'Espagne à traverser.
    Il faisait encore un peu frais quand nous sommes partis tous ensemble à 7h30, le soleil était déjà levé mais subsistait un petit banc de brume dans une oliveraie située sur notre itinéraire. La campagne était belle, les reliefs alentours un peu plus prononcés que lors des épisodes en Castilla-Mancha et c'est d'ailleurs en haut de la première vraie montée de la journée que nous allions changer de région. Pas de gros bouleversement dans le paysage, mais cela marqua le retour de parties montagneuses, donc de routes sinueuses. La descente m'a permis de dérouler et comme j'avais fait le trou avec mes poursuivants, sauf les 2 premiers qui l'avaient fait à mes dépens, je ne les voyais plus, je basculai au 1er ravitaillement en 3ème position. Je pris le temps de bien me ravitailler et je repris ma route en solitaire, ce que je préfère car je n'arrive pas à me relâcher quand je suis avec d'autres coureurs. La descente devait durer jusqu'au km 20 puis après avoir traversé un village une longue montée de 6km se présenta. Je l'entrepris comme d'habitude en courant car la pente me le permettait et en me fixant des petits objectifs pour marcher quelques dizaines de mètres. Comme il y avait des zones d'ombre, souvent je me les fixait pour marcher. Ainsi, j'arrivai au ravitaillement n°2, la montée n'était pas totalement terminée, mais je remis les bouteilles à niveau, mangeai quelques petits toasts et me remis en route sans voir personne derrière, mais je soupçonnai aux applaudissements entendus un peu plus loin que Milka n'était pas loin. La fin de la montée, 2 ou 3km plus loin, laissa la place à une longue et très sinueuse descente. De beaux lacets, comme certains rencontrés lors de la dernière ascension, mais avec un paysage qui dévoilait ses atours au fil de mon avancée. Je pointai au dernier ravito, celui de Fred Gallais toujours prompt à échanger quelques blagues, et j'en repartis au moment où Gérard et sa trottinette arrivaient. Il y avait encore 10km dont 6 de descente avant d'atteindre la partie finale en montée jusqu'à la ville étape de Santa Elena. Au bas de la descente magnifique et très sinueuse, aux nombreux lacets dignes de ceux de l'Alpe-d'Huez, nous nous sommes retrouvés à devoir slalomer entre les pieds d'un long viaduc qui me fit penser à Millau. La dernière longue côte fut plus exposée au soleil que ne le fut la partie précédente, je commençais à avoir bien chaud mais avec mes boissons et mon petit pulvérisateur de poche je me maintenais à une certaine fraîcheur.
    Dans le village, une petite et rude descente, dont des escaliers, nous mena dans un endroit improbable où était placée l'arrivée. C'est là que nous dormirons ce soir et au final la salle bien que rustique est relativement fraîche. Dehors il fait plus de 30°. C'est la fournaise. Heureusement que tout le monde est arrivé.
    Tout le monde ? Non car Vincent n'a pu aller au-delà des 3 premiers km et a donc arrêté la course. Ça m'a fait mal au coeur, comme à chaque fois que quelqu'un que j'apprécie est contraint à l'abandon. Mais ses soucis de santé étaient trop sérieux pour continuer l'aventure sans risques.
    Et petit coup de théâtre : c'est Matthias Völkel qui remporte l'étape du jour. Remi arrivant 2 minutes après. Bravo aux deux.
    Demain, 63km mais ce sera moins vallonné.
    A+

    14ème étape.
    "L'adversaire est l'ami(e) qui te fait progresser".
    C'est le résumé de mon étape du jour où avec Milka, la jeune coureuse Finlandaise, nous n'avons cessé de nous attaquer et de contre-attaquer. Bien entendu, rien à voir avec les grands duels qui ont fait la légende du Tour de France cyclisme, mais quand elle est arrivée et qu'elle est venue me remercier, me devançant dans la démarche, je lui ai répondu que moi aussi je la remerciais.
    Toute la journée elle m'a eu en point de mire ou inversement, au gré des arrêts aux ravitaillements ou autres.
    Ainsi, nous avons fait une belle étape en ce qui concerne nos moyennes respectives, et si je la devance de 5 minutes à l'arrivée, c'est que j'ai placé une attaque progressive là où elle semble moins à son affaire, à savoir quand ça monte.
    Je passe sur le début de l'étape, le long de l'autoroute sur un chemin caillouteux parallèle, puis sur la traversée de Linarès où grâce à mon GPS je me repérai sans hésitations, et sur la sortie de cette ville pour atteindre le ravito 3.
    À ce moment je constate que je ne l'ai pas distancée et elle repart même juste avant moi de ce poste de remplissage de bouteilles et autres. Nous allons nous poursuivre jusqu'au suivant puis sur le plateau où nous étions cernés d'oliviers et où parfois on pouvait apercevoir la blancheur typique de ces villages andalous sis sur les hauteurs environnantes. Ce plateau se termina par une plongée brusque vers le Rio Guadalquivir puis la route se remit à monter tout aussi fortement. C'est à la fin du plateau que j'avais accéléré un peu, ayant consulté sur ma montre le profil restant d'ici l'arrivée. Pour chacun des 5 derniers km je pris environ 1 minute d'avance sur Milka et je me forçai à ne plus alterner course et marche même là où ça piquait les jambes.
    L'arrivée sur la place du village fut un bon moment pour savourer le travail accompli ce jour où rien ne m'y obligeait mais où comme dans tout bon plat, s'il n'y a pas d'assaisonnement c'est fade. Or je suis joueur et j'aime m'amuser et ne pas enfiler les étapes comme de simples perles d'un collier.
    On finit 3ème (moi) et 4ème (Milka).
    À demain.

    Cette 15ème étape de 58km fut une belle étape en ce qui concerne la beauté des paysages. Des oliveraies au début, avec des montagnes en guise d'horizon, puis ce fut au tour de jolis villages de se montrer sous de belles couleurs selon l'éclairage. Nous étions sur le plateau et le parcours était assez bosselé. Je fis un arrêt technique où me dépassèrent mes trois poursuivants, Philippe Mora, Milka et Lionel. Je les perdis de vue et tentai de les rattraper, mais en vain car je n'avais plus de jus. Je poursuivis ma route en me disant que dès que le relief proposera des montées je les rattraperai. J'ai attendu le km 31, le second ravitaillement, pour faire la jonction et je restai au contact quelques centaines de mètres avant de retrouver un peu plus d'allant et de monter à ma façon et surtout de me détacher progressivement. Nous entamions la partie montagnarde de l'étape.
    Au ravito 3, tenu par Fred Gallais, je repris ma route en solitaire et constatai que derrière mes poursuivants n'étaient pas loin. Ça avait commencé à grimper puis après 3 ou 4km à redescendre avant de remonter plus insidieusement plus on se rapprochait du ravito 4 tenu par JB. Je repris l'heure de décalage sur Thomas Steinicke et avec lui je discutai brièvement de la ressemblance du paysage avec celui de la dernière étape de la DLL, qui menait au Zugspitze. Il ne restait que 10km, dont 3 de montée, et je ne marchai plus que je ne courut.
    Enfin arrivé au col à plus de 1250m d'altitude, la descente qui débuta fut raide et je mis du temps à contrôler mon allure afin de ne pas me blesser, mon genou droit me titillait et les orteils commençaient à venir toucher le bout de la chaussure. De temps à autres je regardais derrière pour vérifier que personne n'était en train de revenir sur moi. Il restait un dernier gros kilomètre tout en montée forte avant l'arrivée où je terminai une nouvelle fois 3ème, de peu avant Milka qui avait dû faire une grosse descente, et Lionel qui la suivait de peu.
    Il a fait chaud sur la fin et demain on pourrait avoir 30° pour la fin d'étape.
    À demain.

    16ème étape, 53,4km, plus de 1000m de D+, un temps doux au départ devenant chaud sur les coups de midi.
    Parti avec le deuxième groupe, à 7h30, j'ai couru avec le frein à main les deux premiers km car la descente était trop forte en guise d'échauffement. Dès les prémices de la première montée je rattrapai Lionel, Milka et Philippe et me détachai peu à peu et quand on eut atteint le col, la descente me fit du bien et je pus alors me laisser porter par la gravité. Au ravitaillement 1 je repartis quand Milka arrivait et comme je n'y avais passé que 2 minutes, j'eus l'impression d'avoir creusé un petit trou. Mais la coriace Finlandaise ne se laissa pas distancer et elle me gardait en point de mire.
    Au ravitaillement 2, peu avant Alcala del Real, je repris la course après un arrêt de plus de 6 minutes et Milka y arrivait tout juste. La traversée de cette ville pittoresque fut difficile avec des rampes à 15% et je fus contraint de la faire en marchant la plupart du temps.
    Cette étape faite d'une succession de bosses et de creux, à l'image d'un chameau avec plus de 2 bosses n'était pas pour me déplaire car les montées ne duraient jamais trop longtemps et les descentes aussi.
    Les paysages encore et toujours en Andalousie étaient agréables et permettaient de tempérer les moments de moins bien. On a pu admirer la Sierra Nevada, mais sans savoir exactement quels en étaient les sommets tant nous étions cernés par les montagnes.
    Des oliveraies, des amandiers, des figuiers, des genêts...
    Moins d'ombre sur la fin, les 30° promis étaient là, il ne restait qu'une dernière montée avant la redescente de 1500m vers l'arrivée.
    3ème, à plus d'une heure du 2ème (Remi), après la douche et le lavage du linge, il fallait patienter jusqu'à 19h avant de pouvoir s'installer. Je suis allé dans un bar à tapas me restaurer et m'hydrater... et taper ce CR.
    À Demain pour l'avant-dernière étape de presque 60km.

    17ème et avant-dernière étape de cette TransEspaña 2023, 59,6km et plus de 900m de D+.
    3 groupes de départ avaient été constitués pour cette étape où la chaleur était annoncée : 2 coureurs sont partis à 6h, 7 à 6h30 et les deux premiers du classement général à 7h30.
    Il faisait encore nuit quand je débutai ma course, mais je n'avais pas prévu de frontale, et je n'en ai pas eu besoin même si par endroits on ne voyait pas bien la chaussée. Rapidement avec Philippe Mora nous avons pris les devants suivis de pas très loin de Lionel et Milka. Nous tenions un rythme de 10km/h au gré des descentes et des rares remontées peu difficiles. Nous allions passer les 10km quand je dus m'arrêter effectuer une pause technique où je perdis 5 bonnes minutes et 2 places. Comme souvent ces derniers temps j'entrepris une longue remontée et je parvins à dépasser Milka puis à rattraper Lionel. Pas de Philippe en vue, sauf au ravitaillement n°1 où je le vis partir alors que nous y arrivions avec Lionel. Je savais que le parcours allait devenir vallonné à partir du ravitaillement n°2 situé au km 28 et que la traversée de la ville de Loja allait sans doute me permettre de faire la jonction avec Philippe. En attendant, les km défilaient et parfois une petite côte donnait l'occasion de marcher un peu pour mieux repartir après. Après le km 19, nous devions quitter la route et en prendre une autre dont le revêtement n'était pas très bon, m'obligeant à lever un peu plus les pieds ce qui, compte tenu de ma foulée plutôt rasante, me procurait quelques gênes. De plus la route montait, parfois assez fortement. Une fois au sommet de cette partie laborieuse où le soleil commençait à taper un peu plus fortement, une longue descente se présenta vers Loja. Au gré des lacets sur cette route assez fréquentée j'apercevais Philippe qui comptait plus de 500m d'avance. Au ravitaillement n°2, nous fîmes la jonction avec Lionel et nous repartîmes quasiment ensemble. La traversée de la ville fut une nouvelle fois assez technique mais comme le fléchage était au top et que ma montre m'indiquait les changements de direction, je n'eus pas beaucoup de difficultés à me guider. Au sortir de cette ville de bonne taille, on avait fait plus de la moitié du chemin. Restait la partie la plus escarpée avec 25km de montée en une succession de bosses plus ou moins longues sur des routes avec un peu de circulation et des croisements de camions où il fallait rester vigilant. Au km 33, sur la route était indiqué : 1000ème km de la TransEspaña. Plus que 27 à peine avant l'arrivée ! Peu avant le ravitaillement n°3, Matthias Völkel me dépassa, m'ayant repris une heure en 36/37km puis peu après ce fut au tour de Remi de me dépasser. Tous deux avaient une foulée largement plus souple que la mienne, comme si ça ne grimpait pas. Au ravitaillement, je vis Matthias partir et quand j'y arrivai, Remi finit de se restaurer et repris sa route à la poursuite du jeune et très à l'aise coureur Allemand.
    Lionel arriva quand à mon tour je quittai cet avant-dernier ravito et je dus m'escrimer sévèrement pour retrouver un semblant d'allure de coureur. C'est que ça commençait à devenir difficile et il y avait encore un semi-marathon à faire. Je savais que la montée jusqu'à l'altitude de 1035m environ allait prendre fin au km 54 donc la patience était de mise. Je me ravitaillai rapidement chez Nicole et décidai de porter une petite attaque histoire de pimenter ces presque 12km restants. Je serrai les dents, raccourcis les temps de pauses marchées et ainsi je basculai dans la dernière descente soulagé d'avoir réussi à remettre les gaz. Un dernier faux-plat avant d'atteindre le village et ce fut l'arrivée. 3ème une nouvelle fois, toujours 3ème au classement général, il n'y a plus qu'à savourer la dernière levée prévue demain avec l'arrivée sur la plage de Malaga.
    À demain.

    18ème et dernière étape de la TransEspaña. Pas la plus facile car il y a eu du dénivelé sous forme d'une mutitude de bosses à passer et avec de longues descentes parfois supérieures à 10%.
    Nous sommes tous partis à la même heure, 7h30, et une fois la ville de départ traversée, je comptais plusieurs centaines de mètres de retard sur les 2 leaders et un bon hectomètre sur un groupe de 4 constitué de Philippe, Lionel, Luc et JB (ces deux derniers n'étant pas dans le classement). Je courais sans être véritablement relâché, je me retenais dans les descentes et alternais course et marche dans les côtes. Au ravitaillement 1, km 11, je n'avais pas bu plus qu'une petite bouteille de sirop de citron et je repris ma route non sans avoir bu et m'être restauré d'un bout de banane. Le ravito suivant n'était qu'à 8,5km plus loin et j'y passai plus de temps. Au loin j'aperçus Philippe qui n'était pas lâché et personne d'autre. Le col mit du temps à se présenter, je l'attendais avec impatience afin de pouvoir dévaler dans la descente.
    Ce ne fut pas facile car mon genou droit était douloureux et je devais contrôler chaque foulée pour ne pas chuter d'autant plus qu'à certains moments le pourcentage avoisinait les 13 à 17%.
    Au ravitaillement 3 je constatai que Philippe s'était rapproché ainsi je m'attendais à ce qu'il me dépasse. Ce fut chose faite un peu plus loin. Je rattrapai Jb avec qui j'allais faire une grosse dizaine de kilomètres. Je profitai des dernières bosses surprises pour continuer à courir et il ne me suivit plus jusqu'à ce qu'on atteigne la plage. Il n'y avait plus que 500m à faire sur une sorte de sable gris où avaient cheminé les engins de chantier redonnant une allure meilleure pour accueillir les futurs touristes.
    Je fus content d'être enfin arrivé au bout de cette TransEspaña, ma 17ème course de plus de 1000km, ma 16ème lors de courses à étapes.
    Comme à chaque fois il y eut des embrassades, des félicitations, des moments de joie, mais je sais que je ne réalise pas encore la portée de ce que j'ai fait. Avec du recul, la fierté reprendra le dessus, mais avant il faut savourer.
    Je finis cette aventure par un podium : 3ème place au général, à plus de 63 ans, va peut-être falloir que ça se rajeunisse dans le peloton.

    À bientôt pour de nouvelles aventures.

    Total : 130h17'07" pour 1079,8km. Classement : 3ème sur 10 arrivants (16 partants).

     à+Fab******€**&*δ~~δ~!Ɛ;;δ~Ɛñ


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  • CR DLL 2023

    1ère étape de 62km terminée. Je finis 2ème sur 11.

    Comme toutes les 1ères étapes de ces courses au long cours elle fut difficile et je le savais donc je n'ai pas cogité plus que ça.

    Nous sommes partis à 8h35 d'un petit pont de bois séparant le Danemark de l'Allemagne. Un début ressemblant un peu à la dernière étape de l'EVE avec quelques hectomètres de rues et trottoirs puis nous sommes rentrés dans le vif du sujet pour nous rappeler que nous n'étions pas là pour enfiler des perles et que la course s'appelle Germany On Trail et nous nous retrouvâmes dans une forêt bien escarpée et dont les chemins étaient entravés par des troncs d'arbres couchés et quelques petites zones où l'eau s'écoulait comme si une rivière voulait se former. J'étais en tête à l'entrée dans cette zone boisée, personne n'ayant eu l'envie de servir d'ouvreur. Forcément, ça m'a mis la pression et quand j'arrivais à des croisées de chemins et que mon GPS ne m'indiquait pas clairement lequel prendre je me retrouvais à attendre les coureurs me suivant.

    Une fois sorti de cette zone technique nous sommes arrivés au port que nous avons longé quelques km avant de faire un peu de tourisme et de passer dans des rues commerciales et touristiques.

    Une fois cette variété de paysages finie, nous sommes partis sur les routes, sur les trottoirs ou les pistes cyclables non sans manquer de s'arrêter de temps à autre pour respecter les feux de signalisation, sinon gare à l'élimination !

    Nous avons eu de la chance au niveau météo car le matin de 6h à 8h il a plu et pas qu'un peu. Le ciel s'est peu à peu découvert et parfois le soleil devenait bien chaud.

    J'ai pratiquement toujours été en tête jusqu'au ravitaillement n° 2 plus de par les erreurs de parcours de Klemens le plus rapide d'entre nous que par mon allure relativement prudente malgré tout. Quand il m'a dépassé à deux reprises, je ne savais pas que j'étais en tête, je le pensais loin devant.

    J'ai quasiment couru tout le reste, plus de 40km, seul, ne voyant deux de mes poursuivants qu'au moment des ravitaillements. Ils ne finissent pas loin derrière, mais avec les suivants les écarts sont déjà conséquents.

    Demain, étape de 80km principalement sur asphalte, deux groupes de prévus pour les heures de départ : 5h et 6h. Je pars dans le second groupe.

    L'ambiance est sympa bien que très feutrée.

    Ce soir nous dormons dans la salle réfectoire d'une école car il n'y a pas de lumière dans le gymnase.

    Je vais me coucher car pas de grasse matinée demain et un gros morceau de bravoure à passer.

     

    2ème étape

    Ce fut une très longue journée, presque 10h pour faire 80 bornes, quasiment tout le temps sur le bitume. À ce niveau j'étais plutôt dans mon élément mais cela ne retire en rien la monotonie de longues portions de pistes cyclables ou même de routes sans bas- côtés (et oui, même en Allemagne il y a des routes sans bas-côtés).

    Je suis parti relativement lentement, restant au contact du 1er au général qui lui aussi a démarré tranquillement. Notre petit groupe de 6 + 2 coureurs venus uniquement pour cette étape est resté compact pendant les 10 premiers km et ça a explosé au 1er ravitaillement (km10). Je suis reparti avec Klemens, le 1er, et les autres ont passé un peu plus de temps. Les autres ravitaillements étaient par la suite espacés de 15km environ ainsi il fallait prévoir son hydratation et son alimentation en conséquence. Je courais à une allure qui me convenait sur ce terrain plat et j'avais le temps de regarder et d'admirer le paysage, tout comme le lever d'un soleil rouge sur fond de brume. Des champs, des prés, des fermes, rien de très exceptionnel mais quand la quiétude matinale c'était agréable à vivre.

    Les autres ravitaillements au km25 puis au km 40 se sont bien passés et j'étais toujours deuxième ; j'avais doublé ceux du 1er groupe et ne voyais personne derrière. À partir du 4ème ravitaillement, j'ai ressenti le besoin de m'économiser car je ne voulais pas trop tirer sur la machine. J'ai alterné course et marche. Vers le km 68, à 12km du but, j'ai eu droit à un bel orage, j'ai eu le temps d'enfiler ma veste de pluie et j'ai pu redémarrer vers le ravito 5, le dernier où je ne m'éternisais pas et "fonçais" vers l'arrivée. Ce fut long mais j'ai eu droit à du chemin pas trop détrempé. La pluie a cessé, j'ai quitté la veste et suis arrivé en 2ème position, de peu car deux de mes poursuivants avaient presque réussi à revenir sur moi.

    Voilà le bilan de la journée : faut tout faire sécher !

    À demain.

     

    3ème étape, la dernière de la série de 3 où le bitume était majoritaire.

    Et les 10 derniers km m'ont montré que ce qui va suivre ne va pas être facile du tout.

    La journée a bien commencé, nous sommes partis, ceux du second groupe, à 8h et nous avons évité les fortes averses que nos copains du premier groupe ont essuyé au moment de leur départ.

    Nous avons couru dans des chemins et sur des trottoirs et comme il n'y avait pas de dénivelé et que les sentiers n'étaient pas détrempés je filais dans le groupe en restant sage. Les feux tricolores ont fait que le début de course fut saccadé : on court, on s'arrête, on repart etc.

    C'est un peu pénible pour trouver son rythme, mais ça permet de rester au contact du leader.

    Nous sommes entrés dans l'agglomération de Hambourg qu'on devait traverser. Beaucoup de chemins forestiers pour se rapprocher du centre ville ce qui était mieux que de se payer les feux.

    Les deux premiers ravitaillements, km 11 et km 25, ont permis aux différents groupes de se constituer. Klemens ne s'étant pas arrêté au 1er ravito, il nous laissa à trois (Jürgen Klopfer, Eckhard et moi) le suivre de loin puis les autres derrière étaient déjà loin.

    Une fois dans la ville, il fallait rester vigilant pour suivre le marquage et aussi le GPS sur lequel j'avais la trace de l'itinéraire à suivre aujourd'hui.

    Le passage dans le tunnel sous l'Elbe constituait un moment clé de cette étape avec des interminables escaliers à descendre puis le long tunnel et la remontée sur l'autre rive avec d'autres interminables escaliers. De plus, il y avait des touristes ce qui ne facilita pas la tâche.

    Au ravitaillement au sortir de l'escalier nous avions une magnifique vue sur Hambourg et son port.

    Je ne traînai pas et repartis après avoir refait le plein pour les 15 km suivants. Dans la zone portuaire, de longs boulevards succédèrent aux quelques ponts enjambant d'autres canaux et enfin après un dernier feu tricolore je suis entré dans un nouveau chemin. Peu vallonné au début, il se mit à monter nous faisant passer parfois par de belles volées d'escaliers un peu casse-pattes. Une partie de ce chemin, en bord de cours d'eau, n'était pas bien défrichée et entre les ronces, les orties et les arbres couchés je dus m'escrimer pour réussir à en ressortir entier. Quelques griffures aux jambes et au bras plus quelques démangeaisons dues aux orties plus tard et je me retrouvai à nouveau sur du bitume. Hélas pas très longtemps et jusqu'au dernier ravito on a alterné rues et chemins.

    Passé le dernier poste de ravitaillement il ne restait que 11km. Dans ma tête j'avais calculé qu'à 8 km/h ça allait faire une grosse heure et quart, mais c'était sans compter sur un parcours vraiment de trail avec des montées très abruptes (supérieures à 20%) et des descentes tout aussi pentues. De plus la présence de racines, d'ornières et parfois de pierres fit que je devais être constamment sur mes gardes d'autant plus que je n'avais pas prévu les chaussures adaptées à ce genre de revêtement. Je n'étais pas seul car avec Jürgen et Eckhard nous avions convenu de terminer ensemble. Certes, cette partie fut très jolie, avec de grandes étendues de bruyère sur un sol devenu de plus en plus sablonneux, entourée de pins : c'est la Heide. Nous fînîmes main dans la main en un peu moins de 7h30.

    À demain où 68km dans le même genre que les 10 derniers km nous attendent et la Heide va durer encore au moins 3 jours.

     

    4ème étape

    (Le matin avant le départ)Une heure encore à attendre avant de prendre le départ de la 4ème étape. 630m de D+ en majorité dans des chemins souvent bien escarpés. Nous ne serons que 4 à partir à 7h.

    Cela va être le vrai test pour savoir si mes "révisions" pendant l'été ont porté leurs fruits.

    À ce soir pour le bilan.

     

    Ce matin je postais un message dans lequel j'exprimais mes craintes pour la journée d'aujourd'hui.

    Au final, je suis autant surpris qu'heureux de voir que l'étape s'est bien déroulée. Certes ce ne fut pas une randonnée tranquille mais j'ai bien tourné et j'ai fini avec mes deux compères d'hier, même si nous n'avons pas couru de concert tout au long de la journée. Je passe moins de temps qu'eux aux ravitaillements mais ils vont plus vite que moi quand on court. Comme hier, nous avons fait la jonction après le dernier poste de ravitaillement.

    Ce fut une étape magnifique, nous sommes tout de suite rentrés dans le vif du sujet en reprenant dans l'autre sens le dernier km de la veille pour rejoindre le GR de la Heide. Nous fûmes stoppés quelques dizaines de secondes par un grand troupeau de moutons dont la bergère s'étonnait de voir des coureurs par ici à cette heure (en fait il était sept heures et quart ).

    Ensuite, le chemin tel à celui d'hier nous a fait traverser des forêts, des landes de bruyère, et d'autres belles étendues arbustives. J'étais content de rester au contact de spécialistes de trail (en tout cas plus que moi) et je ne forçais pas plus que cela, étant content quand ça montait car je pouvais refaire la jonction avec mes deux accompagnateurs et j'ai pu essayer de me lâcher parfois dans les descentes qui généralement ne sont pas mon fort.

    Il y a eu des moments magiques, si j'ose le terme, quand il fallut gravir une belle côte, entouré de bruyère, et au sommet de laquelle un panorama magnifique s'offrit à mes yeux. Je pris le temps de faire des photos que j'espère joindre après ce CR. J'étais seul à ce moment, mes deux acolytes étant restés un peu en retrait au ravitaillement. Je savais qu'à un moment ils me rattraperaient. Je fut peiné par contre au dernier ravitaillement d'apprendre qu'un coureur, Kay Giese , que je croyais devant n'était pas encore passé. Il était du groupe des 6h et je l'avais en ligne de mire depuis un moment mais au gré des sinuosités du parcours je ne me suis pas aperçu qu'il avait fait fausse route. Quand je quittai le dernier ravito, il y arrivait et était très peiné car son GPS était "kaputt" et ce fut pour lui très difficile de s'orienter même si le parcours était bien balisé en mode GR.

    Nous avons fini ensemble avec Eckhardt et Jürgen Klopfer bien contents que cette étape soit terminée.

    Maintenant, place à la préparation de l'étape de demain, la même qu'aujourd'hui avec moins de dénivelé et 2km en moins.

     

    5ème étape

    Cela devait arriver tôt ou tard, je suis descendu du podium après l'étape d'aujourd'hui. Je finis 4ème, plus d'une heure avant le 5ème, plus d'une heure après le 1er et 17 minutes après mes deux camarades de jeu de ces derniers jours.

    J'ai résisté comme je l'avais fait les deux derniers jours, notamment hier où c'était la première étape de trail. Je suis resté au contact visuel avec les deux inséparables et j'ai profité des ravitaillements pour repartir devant eux sachant que leur vitesse de course est supérieure à la mienne. Mais après le 3ème poste de ravitaillement j'ai peu à peu lâché prise, ne pouvant prendre de risques pour la suite et de toute façon j'étais limite limite au niveau de mon allure. Pourtant le parcours fut globalement plat, toujours dans la Heide, toujours aussi joli et de beaux tronçons de forêt ont limité la sensation de chaleur. J'avais du mal à "envoyer" comme on dit et inexorablement je laissais l'écart se creuser. Parfois sur un coup de chance je revenais sur eux, à l'occasion par exemple d'une erreur d'itinéraire de leur part, ou d'une portion où le dénivelé était un peu brutal, mais ils reprenaient petit à petit de l'avance. Alors, j'ai commencé à gérer, à me faire des petites pauses pour marcher et prendre le temps de manger une barre de céréales ou une pâte de fruits ou la demie banane prise au ravitaillement.

    Je n'ai pas laissé tomber, j'ai simplement eu besoin de retrouver du plaisir d'autant plus que mes pieds me faisaient un peu mal dans mes chaussures de trail quand on courait sur du dur ou sur des graviers.

    Maintenant que "ça, c'est fait" je vais pouvoir la jouer plus cool et reprendre l'objectif de départ qui était d'arriver à Passau en bon état.

    Ce soir nous dormons dans un hôtel à Soltau et demain il n'y aura qu'un seul départ, à 8h, si j'ai tout saisi des informations. C'est pour une question d'horaire du petit-déjeuner. Il y aura 66km dans le même style qu'aujourd'hui.

    À demain.

     

    6ème étape

    Et bien il y a des étapes qu'on a hâte de terminer et celle que j'ai vécue aujourd'hui en fait partie.

    Nous sommes partis tous ensemble à 8h, heure du petit-déjeuner oblige, et vite nous nous sommes retrouvés à 5 ou 6 en comptant un coureur venu faire l'étape de ce jour. Le temps était gris et rien n'augurait qu'on allait se prendre de belles grosses averses orageuses un peu plus tard. Une proportion de trail de 4/5 environ était au programme même si le dénivelé était limité (370m pour les 66km). J'avais chaussé une troisième paire de chaussures tout terrain et j'ai bien fait parce que les chemins avec les fortes précipitations sont vite devenus détrempés avec de grosses flaques ou de forts écoulements qui m'obligeaient à courir souvent sur les côtés herbeux mais pas aménagés pour être piétinés.

    Le groupe a petit à petit explosé et nous nous sommes retrouvés toujours les 3 mêmes ensemble. Cela a duré jusqu'au 3ème ravitaillement où je n'ai pu suivre le tempo de mes deux compagnons de route que je gardais néanmoins à vue jusqu'au dernier ravito. J'y arrivais 4 minutes après leur départ et ne les revis plus avant l'arrivée.

    Au niveau météo, on a été servis : pluie, orage, grêle et j'ai souvent eu à remettre la veste pour me protéger, ne la quittant que lorsque je croyais qu'on allait être tranquille. Mais c'était sans compter sur les aléas météorologiques et sur le fait que le parcours une nouvelle fois ne ralliait pas la ville d'arrivée directement, en moins pire qu'hier mais quand même. Il suffit de consulter le tracé de l'étape pour se faire une idée.

    Mais comme le leitmotiv est le trail pour cette épreuve, il ne faut pas s'en étonner.

    J'ai pas mal souffert de mes pieds car mes appuis étaient très incertains dans des chaussures trempées et sur un terrain assez accidenté (cailloux, ornières dans le sable, racines, monotrace pour un petit 36 et pas pour une grande carcasse comme la mienne etc).

    J'ai craint lors des 7 derniers km de m'être trompé de route car nous avons quitté la trace GPS officielle pour suivre un autre itinéraire marqué par Oliver et qui nous évitait je pense de nouvelles zones trop humides. Mais j'ai eu quelques doutes car le fléchage ressemblait à celui d'hier où sur la fin j'avais beaucoup tergiversé et emprunté un autre chemin que celui qui était prévu pour rejoindre l'arrivée.

    Les derniers 100m furent un peu "galère" aujourd'hui car le lieu exact de l'arrivée avait été déplacé juste devant le gymnase et donc il fallait en faire le tour, ce que le marquage au sol ne laissa pas deviner facilement.

    Mais je suis arrivé, encore 4ème mais assez loin de mes deux compagnons qui me prennent près d'une demi-heure.

    Tout était à laver et à faire sécher afin de pouvoir remettre certains habits demain.

    À demain.

     

    7ème étape

    Rien de nouveau sur la DLL, encore arrivé 4ème après être resté au contact de mes deux copains pendant plus de la moitié de l'étape. Et après, j'ai laissé filer car je ne veux pas me mettre dans le dur sur ces étapes pas trop vallonnées.

    Demain il y a 71km au programme, en grande majorité sur route et après demain on attaque les gros dénivelés. Donc la prudence est de mise d'autant qu'après une semaine de course les organismes commencent à souffrir mais aussi à s'adapter.

    Nous sommes hébergés dans un hôtel en plein dans le centre-ville ancien de Celle.

    On attend nos chambres et j'en ai profité pour me payer une glace à 3 boules et j'y retournerais bien après la douche.

    À demain où nous quittons la région de la Heide pour nous rapprocher de la Harz.

     

    8ème étape terminée. 71km tout plats, majoritairement sur route et pistes cyclables : ça aurait pu me plaire mais ... bof. À mon allure ce fut long. Je me suis fixé un petit objectif, celui de mettre moins de 9h, que j'ai atteint de peu.

    Il a fait beau, beaucoup de parties étaient agréables car ombragées. Nous avons carrément changé de paysage : moins voire plus de forêts et des champs labourés, d'autres de maïs, des prés avec des porcs, d'autres avec des moutons ou des chevaux. Très peu de vaches. Et puis la ville de Brunswick à traverser avec des feux, des chemins, des ponts...

    Bon, je retiendrai que j'ai encore fini 4ème et qu'on a passé les 500km.

    Ah oui, aussi j'ai dû passer les 6000km pour cette année, anecdote en soi sans importance.

    Demain on tape dans le gros avec du dénivelé mais paraît-il que les chaussures de route peuvent suffire. On verra, je placerai une paire de trail au ravito 3 ou 4 au cas où.

    À demain.

     

    Je me faisais toute une montagne de cette 9ème étape et pour cause, près de 1300m de dénivelé positif dont la plus grosse partie dans les 24 derniers km.

    J'avais donc prévu les chaussures de trail et les bâtons de course déposés dans la caisse de ravitaillement n°3, celui, le dernier, qui précédait l'attaque de la Hardt dont le point culminant se nomme le Broken.

    Les 40 premiers km ont permis de rester au frais car nous avons longtemps couru en forêt sans beaucoup de dénivelé. C'était gras parfois, un peu cahotique avec des racines, des arbres brisés ou des pierres. J'ai laissé les copains se détacher peu à peu car ils allaient trop vite et je ne suis pas un spécialiste du slalom entre les arbres et du saut de flaques d'eau ou de boue. Il faisait beau et quand nous sommes sortis de la partie forestière on a senti que la température allait être au chaud. Nous avons traversé Badharzburg qui est une ville très touristique et en ce dimanche ensoleillé ce fut encore une nouvelle partie de slalom entre les gens. Le 3ème et dernier ravitaillement s'y trouvait, avancé de 2km parce qu'il n'était pas possible au véhicule d'aller se positionner au lieu initialement prévu. Je pris mes bâtons et de quoi boire et grignoter. Quand enfin j'eus atteint le début de la montée je n'eus pas à utiliser mes bâtons et je courus en les tenant car la pente était douce. Petit à petit elle se raidit et je me mis à marcher. Ça m'a rappelé les randonnées récentes en Aubrac puis dans les Pyrénées. Je m'appliquai à bien me coordonner pour être le plus efficace possible. Parfois lors d'un faux-plat je relançais en courant quelques dizaines de mètres. J'avais calculé que pour effectuer les 12km jusqu'au sommet il me faudrait entre 2h et 2h15. Et une fois là-haut je devrais trouver un lieu où m'acheter de quoi boure et manger.

    La montée fut longue, mais c'était très joli. Nous sommes passés sur un barrage qui délimitait les anciennes Allemagnes de l'Est et de l'Ouest. Et une partie de la voie empruntée après marquait cette frontière je crois. Les 4 derniers km de cette ascension furent très difficiles car la pente était devenue très forte et nous avancions sur une voie bétonnée avec des trous espacés régulièrement et je ne pouvais utiliser mes bâtons.

    Une fois en haut, je constatai que j'avais fait du 5,8km/h pour ces 12km et la vue qui s'offrit à moi valait bien les efforts consentis. Je passai quelques secondes à contempler le panorama à 360° et je me décidai à aller manger un truc au restaurant. 2 gateaux et un demi litre de coca plus tard (une douzaine de minutes en tout) j'entrepris la descente assez raide sur le bitume passant devant la gare d'arrivée du train touristique (à 50€ la montée ça coûte une blinde, autant le faire à pied) et je profitai des bas-côtés gravillonneux pour y courir laissant l'asphalte aux touristes et aussi pour le bonheur de mes pieds qui étaient bien échauffés avec mes chaussures de trail.

    Je suis descendu à 9 ou plus tant que ça n'était pas trop technique mais sur la fin ce fut plutôt du vrai trail et je dus m'escrimer pour rester vigilant et ne pas me vautrer à la première pierre venue. Je fus accompagné lors du dernier km par Frank Linke qui m'aida à me guider jusqu'à l'arrivée où j'atteignis mon petit challenge de mettre moins de 9h, tout comme hier, mais avec 8km de moins.

    Rassuré sur ma capacité à gérer ce genre d'étape, celle dont je me faisais toute une montagne, je suis paré à encaisser la suite.

    À demain pour la suite de cette aventure de Fab en Teutonie.

     

    10ème étape

    Bergfest. Aujourd'hui, les Allemands ont appelé cette étape ainsi car il s'agissait du passage à la moitié du kilométrage total de la course. Alors, je m'attendais comme lors des dernières éditions à que le coup soit marqué, mais en réalité il n'y a rien eu du tout. Tant pis.

    En tout cas, cette 10ème étape fut difficile en ce qui me concerne. Nous sommes partis directement dans du dénivelé traversant un parc puis dans la forêt. Mais cette forêt avait semble-t-il subi quelques dommages car de nombreux arbres étaient coupés, d'autres s'étaient couchés et sur le chemin gravillonneux il y avait beaucoup de morceaux d'écorces ou de branches qu'il fallait éviter. J'ai démarré prudemment et j'ai rapidement perdu de vue les trois avec qui j'étais parti. Guidage GPS, donc pas de problème. Une pause technique assez longue et du coup je devais me retrouver loin derrière. Mais au ravito n°1 je fis la jonction avec mes habituels compagnons de début d'étape. Ils me distancèrent après et ce fut le début d'une longue descente mais sur des chemins difficiles à appréhender pour moi. Parfois je me revoyais en randonnée cet été quand certains chemins me donnaient des sueurs froides tant ils étaient techniques, pentus, en dévers et parsemés d'embûches. Là, j'ai pris cher comme on dit car je pensais qu'avec la descente j'allais faire remonter ma moyenne. Que nenni ! Donc mentalement ça repoussait ma possible heure d'arrivée au-delà de ce que je pensais.

    Donc toute la journée j'ai essayé de limiter la casse. Mon genou droit, le ménisque, me titillait sur les gros dévers, mon épine calcanéenne se rappelait à mon bon souvenir et mon tendon tibial postérieur devenait douloureux. Ça commençait à faire beaucoup. J'ai serré les dents et j'ai pensé au coureur qui avait abandonné au ravitaillement n°1, sur blessure ou sur trop grosse douleur au tendon d'Achille.

    J'ai avancé, à moins de 7,5km/h de moyenne et avec des pointes à 8,5 je ne pouvais pas être plus efficace. De longues portions d'herbe en bordure de champs ne permettaient pas de mettre le turbo.

    Mentalement il m'en faut plus donc je me suis accroché et je suis parvenu à rallier l'arrivée sous la chaleur naissante. Plus de 8h30 mais moins de 9h. Ça me convient.

    Je suis 5ème de l'étape car Kay Giese , parti à 6h, a été plus rapide que moi d'à peu près 5 à 10 minutes. Pas grave.

    Demain grosse étape de plus de 76km avec de tout : dénivelé, trail, route, soleil et donc chaleur.

    J'espère ne pas trop en baver. On verra.

    À demain.

     

    11ème étape

    Difficile journée aujourd'hui pour moi et si le physique a tenu le coup quelques failles sont apparues dans mon mental.

    Rarement j'ai terminé une étape dans cet état de détresse psychologique, il faut remonter aux étapes où j'étais blessé lors de la 1ère TranseGaule ou lors de certaines de la TransEurope 2009 en Suède.

    J'ai passé un bon début d'étape jusqu'au 1er ravitaillement au km 17 après une longue partie sur la route puis le passage dans la forêt où je réussis à bien me dépatouiller. On va dire que jusqu'au second ravitaillement (km 32) ça a aussi été, mais après je me suis retrouvé sur des terrains tels ceux des deux derniers jours : herbe haute, monotrace difficile à suivre (va essayer de poser les pieds dans une ornière de 20cm de large, un ça va mais l'appui suivant te fait tortiller du c.. et à force t'as plus l'impression de danser la lambada que de courir), chemins de grosses pierres, etc. Mes douleurs de la veille sont revenues et m'ont contraint de faire une alternance course-marche quand je sentais un peu trop mon genou. Nous sommes dans l'ancienne Allemagne de l'est et souvent les chemins sont pavés et les pavés n'étaient pas tous très plats. Peu à peu mon mental, mon point fort, s'est effrité. Et j'ai survécu jusqu'à Iéna lieu de l'arrivée non sans avoir traversé la ville après avoir descendu des centaines de marches depuis le belvédère d'où nous avions une belle vue sur cette métropole de l'ex RDA.

    Quand je suis arrivé, mes nerfs ont lâché et il me fallut 2 crêpes et une bière pour que le moral se regonfle.

    Plus le temps d'en raconter plus car je vais me coucher.

    À demain dans de nouvelles dispositions j'espère.

     

    12ème étape

    Au lendemain de ce gros coup de calcaire, je me demandais comment allait se dérouler la journée.

    Je suis parti avec le groupe des 6h, laissant mes trois anciens compagnons faire la grasse matinée 1h de plus.

    Il faisait frais mais traverser la banlieue de Iéna à cette heure était très agréable, il n'y avait pas encore de circulation, quelques vélos sur les voies cyclables et de quoi bien s'échauffer avant d'attaquer les chemins.

    Après 1h, j'avais fait 9km et mon décompte mental était enclenché. J'étais avec Kay ey nous avions vite décroché nos amis de ce groupe. Bien sûr, les premières côtes arrivèrent et l'allure en prit un coup d'autant que nous étions passés sur des terrains moins favorables à ma foulée rasante. J'eus du mal à suivre Kay et le laissai prendre les devants. La partie en forêt qui n'était pas si mal du coup se termina par une longue chevauchée à travers les herbes hautes et humides. Arrivé au ravitaillement n°1, je devais avoir 1 litre d'eau dans chaque chaussure ! Je me suis restauré, ai mis à niveau mes bouteilles et suis reparti à la poursuite de mon compagnon de route de la journée croyais-je. Mais l'ayant rattrapé assez rapidement, il me dit qu'il voulait ne pas aller trop vite, alors il me laissa filer. J'enfilai les bornes, la tête claire comme au lendemain d'un gros orage. À chacun des ravitaillements les bénévoles étaient ravis et étonnés de me voir revivre. La chaleur est montée petit à petit et je profitai de chaque portion d'ombre et des longues parties forestières. Mais je maintenais l'effort et ayant mis ma musique j'enquillais les bornes. C'était très vallonné mais je me suis surpris à courir dans certaines montées et à dévaler les descentes. Naturellement, il fallait que les chemins soient carrossables. Je me fis reprendre mon heure de décalage par Klemens après le dernier ravito et je trouvai alors que la fin devenait difficile car toujours constituée de montagnes russes.

    8h31 pour ces 63km, près de 3h de moins qu'hier et un mental redevenu normal.

    J'ai pu me reposer cet après-midi et prévoir une nuit plus courte car j'ai eu le choix de partir à 5h demain matin pour les 73km que fera cette 13ème levée. Il fera chaud, toute heure de soleil en moins sera bienvenue.

    Allez, en conclusion je dis "Tout baigne !".

    À demain.

     

    13ème étape

    Cette dernière longue étape (plus de 60k) de notre traversée de l'Allemagne par ses chemins ne fut pas facile mais j'ai atteint l'arrivée en un peu plus de 10h, objectif de faire moins raté de peu car il restait quelques petits raidillons dans les derniers km. Mais je suis satisfait de ma journée et d'être parti à 5h ce matin m'a permis de moins subir la chaleur que les derniers à être arrivés. Ils viennent juste de franchir la ligne d'arrivée presque 4h après moi.

    Je n'avais pas encore compris le concept du cut-off inversé et cela fait deux jours, depuis que je pars dans le 1er groupe qu'on me dit de ne pas courir vite afin d'arriver au 1er ravitaillement après l'heure indiquée basée sur une allure de 8' au km. Mais quand c'est le matin, que tu t'es reposé, que tes douleurs ne se sont pas encore réveillées, que le parcours est encore plat avec de l'asphalte, des trottoirs ou des beaux chemins tu ne peux pas te traîner à 7,5km/h, sachant que tôt ou tard la fatigue fera baisser ta moyenne et la fera redescendre au final sous les 7,5km/h. Nous étions 2 tant hier qu'aujourd'hui à arriver légèrement en avance aux deux premiers ravitaillements et après en avoir discuté avec les bénévoles de ces postes cela ne leur posait aucun problème.

    On verra pour demain, l'étape est courte, 47km, il y a du trail pentu dans les 20 premiers km et la suite semble peu accidentée.

    Je m'habitue progressivement à gérer les obstacles et les difficultés de chaque type de terrain, mais ce n'est pas pour ça que je vais vendre mon âme au diable et devenir un véritable adepte du trail. L'asphalte reste mon terrain de prédilection même si je souffre des pieds dans mes chaussures de trail quand il y a de la route.

    Autrement, aujourd'hui les paysages étaient agréables à regarder, beaucoup de chemins forestiers avec de l'ombre, des petits villages quasi désertiques et beaucoup d'engins agricoles s'activant dans les champs ou transitant par notre itinéraire. Ça donnait une excuse pour marcher un peu.

    J'ai encore souffert de mon genou et j'hésite entre une lésion au ménisque et une tendinite du tendon rotulien ou de celui situé sous la rotule. Cela n'empêche pas de courir mais à la marche en montée ça pique un peu.

    Demain de nouveaux coureurs nous rejoignent. Certains vont faire les 7 dernières étapes, d'autres que 3.

    À+.

     

    14ème étape

    Quand une étape aurait pu être la dernière...

    47km au programme de ce jour, on aurait pu se dire que ça allait être facile, qu'en 6h l'affaire serait pliée.

    Le démarrage se passa bien, à notre groupe de 6 allaient s'ajouter les 4 coureurs venus challenger pour les 7 dernières étapes et deux ou trois autres venus pour trous jours. Donc avec Kay nous n'étions pas seuls devant. L'entrée en matière donna rapidement une idée de ce qui allait constituer notre journée. À une courte partie de bitume succéda rapidement du chemin avec du

    dénivelé. C'était de la tôle ondulée au début puis on passa sur de vraies côtes en forêt sur des sentiers parfois difficiles à suivre tant il pouvait y avoir des branches entravant le passage et contraignant à devoir marcher. Je fis une nouvelle pause technique et me retrouvai ensuite à l'arrière du groupe de 6 que nous formions tout en restant à distance les uns des autres.

    Au premier ravitaillement j'avais 8 minutes de retard sur les premiers et d'après le profil de l'itinéraire ça n'allait pas être facile de les leur reprendre.

    Dans ma tête, j'avais mis le curseur sur le mot prudence car on entrait vraiment dans le contraire de mon domaine de prédilection. Et là j'ai vu les vrais traileurs au boulot. Ça ne monte peut-être pas plus vite que moi, mais quand ça descend, je n'ose même pas en parler. On m'a laissé sur place une fois que j'avais pensé faire un semblant de jonction.

    Prudence ! Fab, tu as dit prudence. Alors j'ai rongé mon frein un peu frustré de ne pas pouvoir jouer avec eux.

    Et puis des portions moins "trailesques" ont été les bienvenues et j'ai rattrapé et dépassé certains non spécialistes du bitume. Les écarts avec ceux de devant n'étaient pas énormes, j'avais bien défendu mon bifteck. Que trois ravitaillements aujourd'hui alors je m'y suis bien hydraté mais je n'y ai pas beaucoup mangé, mais la glace proposée au dernier poste me fit énormément de bien. Le chemin qui suivit, gravillonneux à souhait mais peu pentu me regonfla pour espérer mettre moins de 6h. Bien entendu c'était trop beau et on est vite reparti droit dans la pente puis il fallu redescendre et remonter et redescendre... C'est ainsi qu'il m'est arrivé le truc tout con qui peut te compromettre ton aventure : j'ai trébuché sur une pierre ou une racine et j'ai chuté. Mes deux mains avec mes bandeaux m'ont permis d'amortir le crash mais mon nez a porté au sol.

    Quand je me suis relevé, "Adieu, veaux, vaches, cochons, couvée..." fut la première de mes pensées, je croyais que mon nez avait été fracturé, puis après quelques instants la lucidité a repris le dessus et suite à un court check-up j'ai constaté que le nez était toujours là et qu'au toucher il ne faisait pas mal. Je saignais, certes, je m'essuyai, me mouchai et vis que je n'avais pas de douleurs traumatiques. Un genou légèrement griffé et un mollet réagissant aux câlins des orties ne furent en définitive que des séquelles sans importance. J'ai arrêté les hémorragies nasales et j'ai repris ma progression vers l'arrivée : il restait à peine 5km. Ils furent assez difficiles car cabossés à l'image du profil du jour et du bad-traileur que je suis.

    6h et quart pour ces 47km (à peine), je m'en tire pour une belle frayeur et donc suis ravi de poursuivre l'aventure.

    À demain où ça sera deux fois plus vallonné pour 13km de plus.

    Fab

     

    15ème étape, plus que 5 !

    Quand une étape d'à peine 60km vous prend plus de 9h, c'est qu'il y a un truc. Plusieurs trucs en fait.

    D'abord le gros dénivelé, plus de 1650m de dénivelé positif et environ 1400m de négatif. Ensuite, l'itinéraire était à 90% sur des chemins et le peu d'asphalte ou de trottoirs ou même de dalles plates n'était pas le bienvenu car en forte pente au détour d'une traversée de village. Enfin, la chaleur malgré notre départ à 6h qui est venue après deux ou trois heures de course.

    Quand je suis passé aux deux premiers ravitaillements et que j'ai consulté ma moyenne sachant que j'étais encore au contact des coureurs de mon groupe j'ai recalculé mon heure d'arrivée prévisionnelle en tenant compte que nous n'avions fait que 40% de l'étape et qu'il restait 60% du dénivelé positif. J'avais consulté le profil et la fin était hérissée se concluant par une dernière grosse butte de 200m de dénivelé avant une courte mais forte descente vers l'arrivée.

    J'ai couru, marché surtout, avec des bâtons de trail qu'un bénévole, Peter, m'a proposé. Deux fois plus légers que les miens ils m'ont été d'un grand secours.

    J'ai connu de grands moments de solitude crapahutant comme un beau diable dans la caillasse au bord d'une rivière ne sachant même pas si j'étais sur le bon chemin car aujourd'hui il n'y avait pas de balisage sinon celui du GR qu'on a suivi depuis le matin. Pas facile à trouver parfois, heureusement que mon GPS me donne la trace enregistrée de l'étape mais parfois "ça décroche" et j'ai souvent marqué des temps d'hésitation ce qui a eu pour don de bien m'échauffer les neurones.

    Je devais rester concentré car c'est dans des moments comme ceux-là qu'on peut chuter.

    Aujourd'hui, pas de chute et peu de séquelles de celle d'hiet sinon mon nez encore griffé et un peu sensible au toucher.

    Et bien voilà une bien difficile étape de passée. Encore 5 du même type en moins long mais parfois en plus montagneux.

    À demain. Fab.

     

    16ème étape aujourd'hui avec le franchissement des 1000km de course.

    9TG + 1LI + 2TEFR + 1TE + 1MilKil + 4DLL = 18ème fois que je franchis cette ligne symbolique du millier de bornes. Si j'ajoute le fait que lors des 2 TransEurope j'avais franchi les 3000km en 2009 et les 4000km en 2012, soit 5 nouveaux tronçons de 1000km, ça donne plus de 23 petits verres soit de champagne, soit de bière ou d'autres breuvages festifs.

    Revenons à l'étape, puisqu'il fallait bien la faire, elle fut très difficile une fois de plus, bosselée, en forêt ou en bordure de champs, l'itinéraire suivant le Goldsteig (cherchez sur internet vous aurez plus d'informations que par moi), un chemin de grande randonnée réputé en Bavière.

    On est partis à la fraîche et on est arrivés en pleine chaleur, celle-ci apparaissant après moins de 3h de course. Même à l'ombre il faisait chaud et rares furent les courants d'air.

    Nous avons couru à trois en tête de notre groupe des matinaux mais il a fallu que l'on sorte d'abord de la très forte montée sur route puis par des escaliers pour peu à peu nous détacher. Les km suivants n'étaient pas très vallonnés, cela se corsa par la suite. Les postes de ravitaillement n'étaient pas très éloignés les uns des autres, 1 tous les 10km sauf le dernier au km 42 à 6km du but. Mais en temps de course, ça donnait environ 1h25 à 1h30 pour s'y rendre. L'itinéraire devint technique et fortement accidenté. Peu après le second ravitaillement nous avons eu droit à un ravitaillement supplémentaire marquant le passage du 1000ème km. Une radler, panaché au citron gazeux, et je repartis non sans avoir été pris en photo. Ce qui nous fut proposé par la suite fut très très difficile, un chemin très pentu et une portion pour atteindre le sommet où je dus escalader les grosses pierres servant d'escalier parfois. La redescente fut elle aussi périlleuse et je ne pus reprendre la course que longtemps après. Les bâtons m'ont bien aidé une fois de plus dans les montées. Mais dans les descentes j'avais très peur de culbuter et de finir dans le ravin ou dans la forêt.

    Quand je suis arrivé, accompagné de Kay qui a toujours été à vue, je fus soulagé.

    Maintenant place au repos, j'ai déjà préparé mon matériel pour demain où l'étape sera tout aussi accidentée.

    À demain.

     

    17ème étape

    Du 6km/h, pour seulement 50km et quelques. Oh ! Fab tu déconnes ou quoi ?

    Et bien non ! J'ai couru, moins que marché et moins vite que lors des étapes précédentes mais le parcours était semé d'embûches et j'en ai encore pris une bonne, de bûche, pas très loin en distance de l'arrivée mais un peu plus en temps. Bon, il n'y a que le genou gauche qui a morflé et le reste n'a rien (le nez par exemple).

    Les 30 premiers km ont été globalement assez "faciles" à faire, c'était un peu vallonné mais pas de gros piège en vue. Quelques portions d'herbe trempées pour me pourrir les pieds, quelques pierres et racines vicieuses, mais pas de quoi m'abattre.

    Nous avons bifurqué à un moment pour aller titiller la frontière avec la République Tchèque, parcours assez technique, puis nous sommes repartis en continuant de monter des trucs improbables et ensuite de les redescendre. Je me suis parfois retrouvé en mode blocage n'arrivant pas à prendre une décision quant au rocher ou à la pierre sur lequel ou laquelle sauter. Ma moyenne était descendue sous les 6 à l'heure et je savais qu'une fois le sommet passé ça allait descendre. La descente fut périlleuse et donc je n'allais pas beaucoup plus vite qu'en montée.

    Et les paysages dans tout ça ? Pas le temps de les regarder, trop occupé à scruter où je devais mettre les pieds et à suivre le balisage du Goldsteig et ma carte sur ma montre.

    Je suis enfin arrivé en pleine chaleur et en plein soleil alors que nous avions eu pas mal d'ombre depuis le départ.

    Demain, la monstrueuse étape vers GroßArber et son dénivelé supérieur à 2500m pour à peine 50km.

    À demain.

     

    18ème étape

    Dans la vie il est plus facile de rester dans sa zone de confort que d'en sortir. Aujourd'hui je suis allé bien au-delà de cette zone de confort et le fait d'avoir réussi le challenge, à savoir terminer en bonne santé, me redonne du peps pour les deux derniers jours.

    Cela avait pourtant bien commencé, avec un départ à 5h du matin sous un ciel étoilé avec un petit croissant de Lune et une fraîcheur toute relative mais encore bienfaitrice. De l'asphalte pendant environ 5km où nous n'avions à nous soucier de rien d'autre que du fléchage au sol qui allait par la suite ne plus être assuré et être remplacé par celui du Goldsteig.

    Je faisais la course en tête du groupe avec mes habituels compagnons de route, Kay et Völker. Quand la partie trail commença il ne restait que 40km et bien sûr les 2500m de dénivelé positif prévus.

    Un premier gros morceau à escalader et la moyenne commença à chuter, mais avec les bâtons de trail je le dépatouillais encore bien. Aujourd'hui pas de passage dans des hautes herbes mouillées et ça me permit de rester assez dynamique quand il fallait relancer pour rester au contact de mes potes. Un 4ème larron est venu nous accompagner, Stephan, qui avait dû abandonner avant la moitié de la DLL et qui reprend la course sur le challenge des 7 dernières étapes. Le groupe explosa et je me retrouvai lâché. Tant pis je réussirai bien à me débrouiller sans eux. Je les vis repartir des deux premiers ravitaillements quand j'y arrivai et me dis que ça ne servirait à rien de tenter de les rattraper.

    Autant les chemins étaient bons et bien entretenus au début autant ils devinrent de plus en plus pénibles car pas ou peu entrenus, avec des troncs en travers, des branchages au milieu et d'autres petits obstacles rendant la progression difficile. Et le pourcentage des pentes était assez sévère. Il fallait rester vigilant tout le temps et même malgré cela je continuais de buter sur une pierre, une racine ou une branche. Tout ça sans tomber.

    La seconde partie de l'étape fut beaucoup plus difficile, je crapahutais à moins de 5 voire de 4km/h, et dès qu'une partie plane et propre se présentait j'essayais de courir un peu. Une fois la première grosse bosse terminée, il restait une bonne douzaine d'autres fortes ascensions toutes suivies d'une descente raide, avec quasiment à chaque fois le même scénario, à savoir escalader le chemin sur de grosses pierres. Parfois il m'arrivait de perdre la trace GPS et celle du Goldsteig et je dus au moins trois fois essayer de retrouver le bon itinéraire en traversant directement dans la forêt ce qui n'était pas aisé du tout.

    Je gérais mes boissons, à partir du dernier ravitaillement pour ne pas être à sec trop longtemps avant l'arrivée. Il y avait un café à moins de 3km du but mais je préfèrais ne pas y aller et seulement boire de l'eau d'une source et remplur mes bouteilles. Trois bornes ça faisait quand même entre 35 et 40 minutes et le soleil donnait de plus en plus. Il y eut une déviation pour cause de travaux et cette fin me parut interminable.

    Quand je suis arrivé, j'étais un peu désabusé au début puis après quelques minutes c'est allé mieux et j'ai pu reprendre des forces en mangeant une curry wurtz puis un dessert accompagnés d'un bon panaché.

    Cette étape "épouvantail" était finie, j'avais survécu et je peux voir la suite sans gros soucis.

    À demain.

     

    19ème étape

    Après une bonne nuit dans un lit d'hôtel, une sorte de grasse matinée jusqu'à 6h30, un petit-déjeuner à 7h15 et un départ à 8h, ma journée aurait pu être excellente.

    Il a fallu qu'on parte tous ensemble droit dans la montée puis qu'on redescende d'abord sur un chemin large et caillouteux et ensuite c'est là que ma journée a bifurqué vers un grand moment de solitude. Nous avons pris un chemin très difficile à descendre pour moi et quand je voyais les autres réussir à courir là où je n'aurais jamais osé le faire, je me suis résolument et définitivement rangé du côté des non-traileurs. C'est à te donner la haine pour ce genre de sentiers, à peine entretenus, très mal, voire pas balisés du tout. Quand je compare avec nos GR, qu'ils soient de montagne ou de bord de mer ou de pleine campagne, nous n'avons rien à envier de ceux de nos amis Allemands.

    J'ai été tout content d'être sorti de ce traquenard sans m'être blessé et quand je suis arrivé au 1er ravitaillement, j'ai constaté le retard que j'avais sur ceux avec qui je courais les 25-30 premiers km. Fabrice, un bénévole, me réconforta quand il vit ma mine désabusée et je lui promis de reprendre du plaisir pour finir cette étape.

    Certes, la partie qui succèda à la descente aux enfers n'était pas très facile mais roulante et peu parsemée de pièges. Je fis remonter ma moyenne au-dessus de 6km/h et repris un peu goût à la course.

    C'était vallonné mais nous descendions plus que nous ne montions. Il restait quelques nouveaux pièges, tout comme des parties de forêt où le balisage avait disparu avec tous les arbres arrachés et je dus parfois rectifier mon itinéraire car je fis souvent fausse route et ce n'est pas facile de contrôler à la fois le GPS, le balisage et là où je devais mettre les pieds.

    Le temps s'était couvert un peu plus et j'ai eu quelques gouttes mais pas longtemps et pas assez pour devoir enviler ma veste de pluie.

    Je rattrapai un des spécialistes du trail en difficulté sur du plat et sur du "pas technique" et je filai vers la ville d'arrivée tout en sachant qu'il restait plusieurs belles bosses à franchir.

    Dans la ville, ça descendait fortement puis ça remontait tout pareillement et les deux cents derniers mètres furent en côte avec les 50 derniers à 20% peut-être. Mais par fierté je fis l'effort de les effectuer en courant.

    Presque 8h pour 50km, je m'en tire bien.

    Plus qu'une étape avant le graal mais ça ressemblera certainement à aujourd'hui au niveau des difficultés. J'espère me faire plaisir.

    À demain.

     

    20ème étape

    Ça, c'est fait ! Une nouvelle course à étapes dans mon sac et quelle course à étapes ! "Ich bin ein Trailer" pourrais-je crier, mais d'un piètre niveau. Qu'est-ce que j'en ai bavé ! Surtout la dernière semaine.

    Aujourd'hui ça s'est mieux passé que les trois ou quatre jours précédents mais cela ne s'est pas fait sans souffrances sur un parcours toujours très difficile mais avec de belles longues portions où j'ai pu courir. Mais la fin ... quelle galère ! Des montées à très forts pourcentages, des descentes tout aussi ardues. De beaux paysages, certes, que j'ai pris le temps au gré de mes pauses marchées de regarder : la forêt bavaroise puis la vallée de l'Ilz qui rejoint le Danube.

    Les arrivées échelonnées en attendant l'ouverture de l'auberge de jeunesse sont sympathiques à vivre.

    Bien, on peut s'installer, je rends l'antenne :"ici Passau, à vous les studios".

    Fab.

    Classement final : 4ème sur 9 arrivants en 170h18'48" pour 1221km en 20 étapes.

     


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  • Bonjour à tous.
    Comme d'habitude, voici mes CR écrits au jour le jour, transmis d'abord sur FB puis regroupés et réunis ici.
    Pour tout ce qui concerne les photos, voir sur les réseaux sociaux.

    CR de la Via Kalchaki. (17-26/2023)
    Course à étapes de 413km : 1 prologue de 3,4km et 10 étapes de 24 à 50,8km.

    1ère étape terminée. 40km en à peine 4h30. Paysage moyen, ça sera beau à partir de demain. On a couru le long d'une route avec quand même des voitures et des camions. Beaucoup de chiens dans les propriétés (petites maisons un peu délabrées), des perruches dans les arbres, des épaves de voitures du siècle dernier (R12, 304, 404...) roulantes ou pas, et à gauche et à droite des chaînes de montagnes (on est au pied de la Cordillère des Andes). Bonne ambiance sur le groupe, on est 15 coureurs et coureuses et une dizaine d'accompagnateurs et bénévoles.
    Demain on part plus au sud avec 50km au programme.
    Beau temps (27°) qui se couvre cet après-midi.
    À demain.

    2ème étape courue seul devant, pour finir à la 4ème place.
    Je suis parti avec le second groupe à 6h30, 30' après le 1er groupe et 1h avant le 3ème constitué des quatre meilleurs de la veille.
    J'ai rattrapé les coureuses et coureurs de 6h avant le 1er ravitaillement sous un ciel couvert se découvrant peu à peu, on a même eu un petit crachin breton bienvenu l'espace de quelques minutes. La température était parfaite ce qui n'excluait pas le fait que je me sois retrouvé rapidement trempé de sueur. Il faut dire que dès le départ j'ai pris la tête de mon groupe et que peu à peu j'ai trouvé une allure de croisière de 9,7km/h ce qui pour moi était inespéré au vu de mes récents périples.
    Je suis resté en tête tout au long de l'étape alors que je pensais que le 1er, Maurice, allait me rattraper entre le 36ème et le 40ème km et que Stéphane suivrait de peu. Il n'en fut rien.
    Nous avons longé un cours d'eau au large lit mais le courant était faible et n'occupait qu'une petite partie du lit. La terre, les roches et donc le paysage étaient rouges. La route peu fréquentée laissait l'occasion à quelques vaches de venir en brouter les bas-côtés ou à des chiens de venir voir si le coureur représentait un potentiel danger pour lui ou sa maison. D'ailleurs, je dus chasser un de ces canidés un peu trop pressant à mon goût en lui criant un "vade retro satanas !" des plus judicieux à tel point qu'il dut faire demi-tour. Un chien qui comprend le latin, ce n'est pas fréquent.
    Au fil des heures et de notre avancée la circulation devint plus importante et quelques lieux touristiques connaissaient une bonne affluence comme un amphithéâtre naturel ou des gorges et autres curiosités de la nature.
    Le profil de l'étape nous promettait plus de 900m de dénivelé positif, nous n'en eûmes que 600. Je n'ai pas eu l'impression de monter alors que nous étions passés de 1150m à 1500m.
    L'arrivée de l'étape était située à un lieu-dit nommé Santa Barbara, où il n'y avait qu'un petit bouiboui où on pouvait néanmoins se restaurer et s'hydrater.
    Le trajet jusqu'à l'hôtel se fit en navette (38km) pour rejoindre Cafayate et demain matin nous la reprendrons pour repartir de Santa Barbara et effectuer le trajet en courant pour rejoindre le même hôtel.
    Les paysages entrevus lors de ce voyage retour nous promettent de beaux moment pour demain.
    À demain.

    3ème étape, pas très longue, même pas de quoi être mise sur DUV, mais il fallait néanmoins la courir.
    On a pris la navette nous remontant 38km vers le départ, là où nous étions arrêtés hier, et à 7h35 nous sommes partis pour revenir à notre hôtel, l'arrivée étant placée juste à côté de la piscine.
    15 au départ mais 14 de la course (1 coureur étant non partant car malade toute la nuit) et une coureuse qui avait fait les deux premières étapes à vélo et qui voulait essayer de faire une étape.
    Maurice est tout de suite parti en trombe suivi de Gérard Habasque et de Jean-Louis Nardin puis de moi. L'allure modérée lors des premiers hectomètres s'accéléra et je me retrouvai à presque 9,8km/h de moyenne au km 10. Il faisait bon, le ciel était couvert et le soleil était encore caché par les montagnes. Nous suivions une route peu accidentée le long d'une rivière à faible débit (celle d'hier) mais dont le lit et la vallée étaient très larges. De nombreuses et variées formations géologiques attiraient le regard car nous ne sommes pas habitués à en voir en France et même en Europe.
    2 postes de ravitaillement étaient prévus (km 14,5 et 29) où je fis le point sur mon hydratation et mon alimentation ainsi que sur la position des coureurs de devant. Un peu avant le second, juste avant de quitter la montagne, je dépassai Jean-Louis qui alternait course et marche et au second ravitaillement je rattrapai Gérard que j'avais toujours eu en vue. Je le dépassai sur une longue ligne droite quand il ressentit le besoin de marcher. Je ne pouvais pas marcher, trop douloureux pour moi, et je suis assez lent quand il s'agit de ne plus courir. Alors je lui ai dit que je filais et qu'il me rattraperait plus loin.
    Au final, il ne me rattrapa pas et je franchis la ligne d'arrivée en seconde position à 25 bonnes minutes de Maurice, le premier, mais avec près de 10 minutes devant Gérard et Lionel qui l'avait rattrapé.
    J'étais satisfait de voir que ma course s'était bien passée et de la façon dont je l'avais gérée.
    Demain, étape 4, la plus courte, 24km au total.
    À demain.

    4ème étape, longue de 24km, c'est-à-dire étape pour les coureurs rapides.
    Le départ à 8h30, 30' après les coureurs moins rapides, nous a vite mis dans l'ambiance et dans la chaleur naissante. De longues lignes droites, peu d'ombre, mais un décor encore gigantesque avec au loin un mont enneigé (à 6380m, c'est le Levado de Cachi) qu'on va voir encore pendant 3 jours.
    Sur ce genre d'étape, il faut partir vite, rester rapide et ne pas flancher sur la fin. J'ai coché les trois cases, mais ma vitesse de croisière étant relativement faible par rapport à ceux qui tournent à 12 à l'heure, j'avais l'impression de bien tourner mais au final je finis 5ème de l'étape à 9,6km/h de moyenne. Content quand même de ma course.
    À l'arrivée, boissons, douches et distribution des chambres puis asado, barbecue géant, où nous avons pu nous délecter de grillades de bœuf, de porc et de légumes.
    Maintenant on a l'après-midi pour nous reposer et nous préparer aux 3 étapes de 49,5km, 42km et 48km sur pistes non goudronnées où la météo annoncée prévoit des moments à plus de 30°.
    Je vais me reposer.
    À demain.

    5ème étape sur 10. On a déjà fait la moitié.
    49,5km dont 45 sur piste caillouteuse, sablonneuse, gravillonneuse, avec tant à gauche qu'à droite des montagnes tantôt proches tantôt éloignées selon la largeur de la vallée et celle du lit du cours d'eau qui l'occupe.
    Paysage bien aride, météo estivale, mais avec un départ à 7h (5h30 et 6h pour les autres coureurs) notre petit groupe de 5 a bien apprécié les quelques portions ombragées dues à la présence d'arbres sur notre droite.
    Au fait, petite question qui me turlupine depuis Salta et dont j'ai trouvé un élément de réponse : comment expliquer simplement le fait d'avoir le soleil dans le dos quand il est midi et qu'on se dirige vers le sud et inversement de face quand à la même heure on se dirige vers le nord ? On est dans l'hémisphère sud ! Et à des latitudes permettant d'observer cela à la fin du mois d'octobre.
    Pour en revenir à la course - on s'occupe comme on peut - j'ai suivi de loin 3 de mes collègues de 7h, ne les apercevant même plus une fois la partie goudronnée passée et la présence de quelques virages.
    Les postes de ravitaillement n'étaient pas trop distants les uns des autres et cela permettait de ne pas se trouver en manque d'eau car nous devions penser à bien nous hydrater pour ne pas subir les effets de la chaleur, malgré un petit vent bien agréable.
    Le relief de l'étape était vallonné sur la fin, nous sommes passés de 1650m à près de 2000m avec deux beaux massifs à franchir dans les 10 derniers km. Mais c'était beau malgré la difficulté de les gravir sur ce genre de piste.
    J'ai couru longtemps près de Lionel et nous avons remonté les coureurs des deux groupes qui fermaient la marche. Après la mi-parcours, j'ai aussi rattrapé Gérard qui marchait avec Saïd et par la suite je suis peu à peu remonté sur Jean-Louis Nardin jusqu'à être avec lui au dernier ravitaillement. Là, il est reparti avant moi et je ne l'ai plus revu jusqu'à la ligne d'arrivée.
    Nous sommes dans une petite bourgade bien sympathique, sorte d'oasis dans un désert de pierraille, dans un bel hôtel.
    Ce week-end, en Argentine, ce sont les élections et les gens n'auront plus le droit d'acheter de l'alcool à partir d'une certaine heure. Espérons que nous pourrons boire quelques boissons rafraîchissantes houblonnées.
    Demain on poursuit sur la même piste mais nous n'aurons que 42km à faire.
    À+

    6ème étape aujourd'hui, 41,7km au programme avec une arrivée à 2050m d'altitude mais sans gros dénivelé positif au final. Juste plusieurs petites côtes plus ou moins raides selon l'état de la piste.
    Je mets moins de 5h, ce qui était l'objectif minimal pour cette courte étape mais j'ai dû comme à chaque fois me rentrer dedans pour atteindre l'arrivée d'autant plus que sur la fin la chaleur de la mi-journée commençait à se faire sentir.
    Pour le déroulement de l'étape, rien de bien différent des autres fois, je suis parti dans le groupe des 7h, 1h après les coureurs moins rapides, et j'ai dû m'accrocher aux trois de tête pour rester à leur contact. Puis j'ai ralenti un peu, me faisant confiance et ne souhaitant pas me mettre dans le rouge. Les effets de l'altitude sur moi sont doubles : sensation d'essoufflement pendant les 5 premiers km et impression d'avoir les jambes lourdes. D'ailleurs, les petites côtes que j'avale d'habitude sans marcher m'ont souvent permis de me reposer en les gravissant en marchant. Le sol fuyant, sablonneux et bosselé à cause du passage de bulldozers, ne me permettait pas de courir en montée sans me fatiguer.
    Aux ravitaillements, je ne pris que du liquide, eau dans mes bouteilles plus plusieurs verres de coca. J'avais sur moi de quoi manger au cas où. J'ai juste pris un tiers de banane et un palmito, c'est dire que la faim ne me guettait pas. D'optimiser chacune des phases de la course, résultante de mes étapes passées, est un de mes principes et ça fonctionne pour l'instant. Pas de place au hasard ou alors c'est que j'ai basculé dans le "lacher prise". Mais jusqu'à présent je n'y ai pas eu recours.
    Au final, je termine une nouvelle fois 3ème et pas trop marqué par la journée.
    Demain on poursuit sur la même piste (N40) jusqu'à Cachi, avec 48km au menu.
    À demain.

    7ème étape
    Après une bonne douche, le lavage du linge et un petit tour dans la petite ville de Cachi, j'ai fait une petite sieste.
    Je suis réveillé et je peux raconter brièvement ma journée. Départ à 7h de devant l'église et le restaurant d'hier soir puis passage dans un chemin dans une sorte de marécage asséché et retour sur notre fameuse RN 40, toujours aussi caillouteuse et poussiéreuse d'autant plus que c'était lundi et qu'il y avait un peu plus de voitures que la veille. Le paysage comme celui des 2 précédents jours avec un peu plus de cactus sur les côtés. On a vu des enfants partir à l'école d'on ne sait d'où pour rejoindre leur lieu d'apprentissage. À pied, en scooter à 3 dessus ou en voiture.
    Cette étape fut assez vallonnée mais en une succession de creux et de bosses pour monter jusqu'à 2340m. Je sens les effets de l'altitude, je suis plus vite essoufflé et l'étape de demain nous fera monter jusqu'à 2965m avant les 3400 d'après-demain.
    J'ai encore bien figuré, 3ème.

    Étape 8, je finis 2ème ex-æquo. Des montées et des descentes et de nouveaux paysages, avec des étendues de cactus (c'est un parc national naturel). De longues lignes droites où on a l'impression qu'on va y passer des heures. Du vent, de la fraîcheur relative car nous étions proches des 3000m.
    Demain, on monte à 3400 avant de redescendre.
    Peut-être à demain si on a du réseau.

    CR de la 9ème étape, mise en ligne 24h après pour manque de réseau internet.
    Nous sommes partis de notre hôtel où nous avions passé 2 nuits en montant dans le minibus de l'organisation afin de retrouver l'aubette de bus où eut lieu l'arrivée de l'étape précédente.
    Départ à 8h, tous ensemble, sur la Recta del Tin Tin, longue ligne droite de près de 12km dont nous avions déjà fait la moitié hier. La température était parfaite, fraîche à souhait en raison de l'altitude (2900m) et le soleil brillait quand même malgré la présence de nuages sur les montagnes environnantes.
    Tout de suite dès le départ j'ai senti que quelque chose ne collait pas, j'avais démarré à une allure modérée et je me suis vite retrouvé asphyxié, en manque d'air, les jambes devenant lourdes comme si l'acide lactique m'empêchait de maintenir ma vitesse, m'obligeant à alterner très tôt course et marche. Je n'étais pas le seul dans cette situation. Certes la pente invisible au premier abord était bien réelle, de l'ordre de 3 à 4 %, mais je pensais être en mesure de courir sur de plus longues portions. Et au premier virage après quelques kilomètres cette pente s'accrut légèrement. Nous devions monter jusqu'à près de 3400m au km20.
    Le paysage était encore somptueux, des cactus à perte de vue, des montagnes tout autour puis des zones où on indiquait aux véhicules de faire attention à la faune qui pouvait traverser. Ici, il s'agissait de guanacos qu'on pouvait observer dans les piémonts, broutant ce qu'ils pouvaient. Une fois passé ce lieu dépaysant nous avons atteint la pampa. Maintenant je vois mieux ce que c'est d'être "perdu" dans la pampa. Pour moi, c'était plutôt "en perdition" dans la pampa tant je ne parvenais pas à courir longtemps sur ce haut plateau, maintenant à 3100m d'altitude. D'autres guanacos en petits troupeaux mais en liberté divertissaient mes pensées. Je n'arrivais pas à suivre le tempo de Jean-Louis Nardin alors que j'étais soi-disant plus sur mon style de terrain, en côte, que lorsqu'il faut descendre. Je parvins au point culminant de notre étape - et aussi de la Via Kalchaki - à 3400m et j'entamai alors la longue descente de 23km et 1200m de dénivelé négatif. 5% en moyenne mais les premiers km étaient plus pentus et heureusement sur route. Après 4km sur bitume, la route devint piste avec ses cailloux et ses déformations dues au passage fréquent de véhicules, voitures, bus, camions, motos. De la poussière, on en a eu à chaque passage d'engin motorisé. Le plus frustrant dans l'histoire c'est de n'avoir pas pu admirer assez le paysage nouveau qui s'était offert à nous parce qu'il fallait sans cesse regarder où mettre ses pieds et aussi parce que de ce côté de la montagne il y avait des nuages empêchant de voir la vallée.
    J'ai pourtant bien descendu car je suis passé de 7,8km/h (moyenne au sommet) à 8,7km/h au final. Mais cela ne devait pas suffire car deux coureurs (Gérard et Lionel) me dépassèrent dans le final une fois revenu sur l'asphalte.
    5ème de l'étape mais content, même si au général je passe de second à troisième, ce qui me pendait au nez depuis quelques jours tant Jean-Louis Nardin me grignotait tous les jours un peu de la maigre avance que j'avais sur lui. Aujourd'hui il me met 25 minutes et du coup, ça va me libérer la tête pour la dernière étape de demain.
    39km quasiment en descente, ça devrait être une étape pour les coureurs rapides.
    L'hébergement de ce soir est assez spartiate mais on s'y fera.
    À+

    10ème et dernière étape de cette première édition de la Via Kalchaki.
    39km au menu avec une centaine de mètres de dénivelé positif et environ 1200m de dénivelé négatif.
    C'est parti vite ... sur 100m puis un petit raidillon de 300m pour nous rappeler qu'il allait falloir quand même cravacher un minimum pour arriver à Chicoana.
    Une fois en haut, une superbe vue s'offrit à nous tout comme une belle descente assez raide pour se laisser transporter mais parfois un peu trop pour ne pas rester vigilant. Mon passage au km10 en témoigne, j'étais à presque 11km/h, 10,8 quand j'atteignis le CP1 (km14) où je ne m'arrêtai que pour compléter en eau une de mes bouteilles à peine entamées. J'étais bien malgré un genou fragilisé par la descente en mode trail d'hier, mais je contrôlais tout comme je scrutais où se trouvaient ceux de devant non pas que j'aurais essayé de les rattraper mais ça me donnait une idée de l'allure à laquelle je dévalais.
    Au second ravitaillement (km26), après un passage en 1h56 aux 20km, ma moyenne avait un peu chuté car la descente s'était faite bien moins forte qu'auparavant. Je remis un peu de charbon dans la locomotive et repris ma longue quête vers l'inutile certes mais vers ce qui constituait mon objectif du jour, à savoir terminer l'étape et par voie de conséquence ma nième course à étapes.
    Je luttai sur la fin quand le profil de l'étape devint plat pour garder au moins une moyenne de 10km/h ce que je parvins à réaliser tout en finissant à la 5ème place du jour, me faisant gratter in extremis par Lionel qui me devança d'une quinzaine de secondes à l'arrivée sur la terrasse de l'hôtel.
    Content de ma course, aujourd'hui comme les jours précédents, avec au final un podium auquel je n'aurais jamais pensé mais que les circonstances de course m'ont offert.
    3ème ici en Argentine après la 4ème place sur la Deutschlandlauf, la 3ème place sur la TransEspaña et même la 5ème sur la MiMil'Kil, je pense que mon année 2023 s'est bien goupillée, après une année 2022 en demie teinte à cause d'une blessure.
    À bientôt.
    Fab


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