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Par fabcentkm1 le 31 Juillet 2021 à 13:52
CR de l’U2B 2021. 17 et 18 juillet. 208Km et près de 5000m de D+.
Qu’est-ce qui est le plus difficile, courir 3 épreuves de 208 à 500km en un mois à peine ou rédiger les CR de ces 3 aventures ?
Je préfère être sur la route à courir, mais j’aime partager ces doux moments – très souvent difficiles aussi – où je me retrouve seul face à moi même.
Le but : aller au bout ; les moyens : mon entraînement et mes accompagnateurs, qu’ils soient tout au long du périple à mes côtés (Jean-Paul) ou qu’ils m’aient accompagné jusqu’au départ et revu une seule petite fois sur l’U2B (Pascale, ma femme).
Au retrait des dossards, tout comme les jours précédents, je n’en menais pas large car la météo avait été très fortement pluvieuse et quand Christophe l’organisateur et sa femme Nathalie m’ont remis le pack dossard, t-shirt et programme des festivités du week-end, je pensais déjà à l’état dans lequel je risquais fort de me retrouver à peine parti si les trombes d’eau ne décidaient pas de faire une pause.
Au camping de Munster où Pascale et moi avions profité d’une accalmie, la veille, pour planter notre tente il y avait déjà quelques amis du monde de l’ultra qui étaient installés ; Guillaume et sa famille, Gérard et Nicole, Maurice et sa femme ; d’autres encore allaient arriver dans le courant de la journée et même le lendemain. Après avoir acheté une bâche car la pluie de la première nuit avait profité de petits trous dans notre toit pour s’inviter à l’intérieur de notre habitacle, je préparais fébrilement mes drop-bags ne sachant pas combien je devais en prévoir avec autant de tenues de rechange. Au final, je tablais sur un coup de chance et une météo moins perturbée et je ne prévoyais donc que deux sacs placés aux ravitaillements du milieu de course (km 104) et à celui du Hohneck (km 168) qui devait correspondre à peu près – j’étais quand même un peu optimiste – à mon passage aux 24h voire 25h. Au lever du jour quoi !
Après un repas dans une pizzeria où le hasard fit que nous n’étions pas les seuls coureurs comme clients, nous sommes allés nous coucher assez tôt pour un vendredi soir de juillet mais il fallait prévoir une nuit blanche pour celle de samedi à dimanche. Je préparais tout le matériel de protection des orteils et des pieds là où en juin et juillet il y avait eu quelques ampoules et zones irritées. Je préparais aussi mes tenues pour le départ, une pour temps sec et une pour temps très humide.
4h, la mélodie de mon téléphone programmé pour me réveiller me sortit d’un de ces rêves dont on ne se souvient plus ce qui montre que j’avais néanmoins passé une bonne nuit. Le rituel de la préparation des pieds, de la mise en tenue et du petit-déjeuner m’amenèrent rapidement à l’heure où il fallait rejoindre le lieu du départ qui n’était pas loin et faisable à pied.
Il ne pleuvait pas, l’atmosphère étant toutefois humide. J’optai pour le vêtement de pluie alors que beaucoup d’autres coureurs étaient en t-shirt. Après un court briefing nous sommes allés rejoindre la statue de Poséidon pour le départ réel de cette aventure où il n’allait pas falloir se déballonner.
5h30’ tout le peloton d’une grosse quarantaine de coureurs se mit en route pour un enchaînement d’une grosse quinzaine de cols ou de ballons.
Le premier col le col du Petit Ballon en guise d’échauffement me permit de voir rapidement si j’avais du jus et ce ne fut pas trop mal après quelques hectomètres de plat une fois la montée entamée. J’alternai course et marche afin de bien m’échauffer et de tester le bonhomme avant d’entreprendre de ne plus trop marcher. Le revêtement était grossier et l’humidité se faisait ressentir au fil de la montée. La brume ou les nuages bas vinrent renforcer cette impression pas désagréable au demeurant. Au moins, il ne pleuvait pas, je fus vite trempé mais plus par l’addition de ma transpiration et du taux d’hygrométrie élevé. Je reconnus plusieurs passages où j’étais allé la veille en guise de promenade en voiture, promenade vite abrégée au col du Petit Ballon par de fortes pluies qui ne me permirent que de prendre une photo. Mais le jour de la course, on pouvait dire que nous étions chanceux. Je franchis le col en 1h41’ pour 11,7km et j’entamai la descente en restant prudent au niveau de mon allure et de mes appuis. Je n’avais pas trop de séquelles des deux fois 500km effectués lors des Lilo et MiMilKil, mes orteils étant quand même un peu fragiles au niveau des ongles. Les 10km de descente furent engloutis en 1h02’ et je pointais au CP9 (ravitaillement N°1) en 2h43’ pour 21,7km. À peine 5’ pour me ravitailler et je commençai à gravir les premières pentes de la montée vers le Grand Ballon. En fait, ça grimpait fortement pendant 7km environ (entre 8 et 9 % en moyenne) et une fois au col du Platzewaesel, la route des crêtes s’avéra n’être qu’une succession de faux-plats descendants et montants. Seuls les 1500 derniers mètres refirent gonfler le pourcentage pour atteindre le col du Grand Ballon. 2h51’ pour monter là-haut à 7,5km/h de moyenne, je m’en tirais bien. 43,2km en 5h38’, ce ne sont pas mes 6’ d’arrêt au ravitaillement qui allaient plomber ma moyenne. Jusqu’ici, ça avait bien été pour moi. Le temps était toujours couvert, mais l’humidité ne se faisait plus trop sentir. J’avais côtoyé plusieurs coureurs depuis Munster et à ce petit jeu de l’accordéon le temps avait vite défilé.
La descente fut difficile au début, il fallait réadapter sa foulée à amortir les 8 % de pente moyenne sur près de 7km et essayer de préserver les orteils. Avec le col d’Amic passé, le dénivelé s’adoucit et le parcours redevint plus bosselé jusqu’au col de Herrenfluh où la descente fut à nouveau assez forte. Le CP 7 était placé à l’entrée de Uffholtz, au km 64. J’y arrivai en 8h02’ soit après une descente à 9km/h de moyenne (2h18’ pour 20,7km). Pascale m’y attendait. Le ravitaillement fut assez long afin que je reprenne des forces et que je fasse le point sur mes pieds qui, je pensai alors, avaient de nombreuses ampoules tant j’en ressentais les échauffements. J’ôtai mes chaussures et constatai avec étonnement que je n’avais rien ou presque, en tout cas aucune ampoule comme celles que j’avais eues lors de la MiMilKil. Je renfilai mes chaussettes et mes chaussures et repartis rassuré mais tout de même en claudiquant assez fortement le temps de ne plus ressentir les douleurs. Pascale m’avait aidé à retirer mon vêtement de pluie dans lequel j’avais chaud et elle le fourra dans la poche arrière de mon sac à dos. Le quart d’heure d’arrêt m’avait fait du bien, je m’en rendis compte sur toute la partie courue sur la voie verte où le dénivelé était peu prononcé. Jusqu’à la sortie de Thann, nous allions jouer à saute Thur en franchissant plusieurs ponts sur cet affluent de la Lauch ou de l’Ill. Après cet intermède d’une grosse douzaine de bornes où l’ombre commençait souvent à manquer, les choses sérieuses allaient recommencer avec la montée vers le col du Hundsrück qui démarra dès la sortie de Bitschwiller-les-Thann. 5km de côte de 7 à 8 % puis une portion plutôt en descente pour mener au CP 6 situé à Bourbach-le-Haut au km 85,4 après 11h17’ de « ballonnade ». 3h pour faire 21,5km ce qui me permit de prendre un nouveau quart d’heure pour me ravitailler. J’ai souvent été avec Pierre Zürcher, je voyais Sébastien devant, savais qu’Angel n’était pas loin non plus, je n’étais pas isolé. Le prochain CP constituait le moment pour moi de faire le point, de mettre les choses à plat et d’orienter ma stratégie de course dans une certaine direction selon l’état dans lequel j’en repartirais. La mi-course, c’est la moitié du travail de fait en distance, mais on est loin du compte en ce qui concerne le chrono. Le mental à l’instar des véhicules hybrides devait prendre le relai si le physique défaillait. J’avais rechargé mon mental et il me restait encore un peu de carburant dans l’organisme. Après le Hundsrück, il y avait un autre petit col à franchir, mais tout aussi difficile que les plus prestigieux en raison de la fatigue accumulée : le col du Schirm. Ensuite, la descente à bien négocier devait mener à nouveau sur une voie verte où la tranquillité devait me permettre d’arriver à Sewen avant la remontée vers le CP 7. En fin de voie verte, je fus interrompu dans ma chevauchée par un mariage. On me proposa une bière que j’acceptai avec grand plaisir et je la bus si vite que je fus applaudi par les invités. Je repartis regonflé à bloc pour aller jusqu’au pont sur l’Alfeld, km 104. 14h07’ de course, 2h36’ pour faire les 18km inter-CP, j’étais encore sur du 7km/h. Le ravitaillement tenu par Stéphanie et Esther me permit de me reposer tout en me ravitaillant d’une soupe et de petits toasts au fromage et saucisson et j’appris que plusieurs coureurs avaient abandonné. Je m’équipai pour la nuit qui allait me cueillir avant le prochain CP qui était placé 13km après le Ballon d’Alsace lui même distant de 8km du CP5. J’étais resté plus d’un quart d’heure à ce CP et je devais repartir sans trop perdre de temps. J’enfilai donc une chasuble de sécurité et préparai l’éclairage pour la soirée et la nuit. Je rechargeai aussi mon GPS avec un chargeur mobile placé dans une poche de mon sac à dos. Là, la musique allait quelque peu changer. Quand j’avais réussi à courir dans les montées lors de pratiquement tous les ballons ou cols précédents, maintenant j’étais comme scotché à la route, comme si au ravitaillement j’avais mis des semelles de plomb dans mes chaussures. Je tentai quelques relances mais le corps ne suivait plus la tête alors je me résignai à marcher. Je mis 1h34’ pour effectuer les 9km menant au sommet du Ballon d’Alsace et lorsqu’il fut question d’en redescendre, le corps n’était pas très chaud pour le faire en courant. Le mental reprit un peu le dessus et je « dévalai » à 7km/h les 13km jusqu’au CP 4. Mais je souffrais. Les plantes des pieds ainsi que les orteils me lançaient à chaque foulée en descente, alors qu’en montée ils me laissaient tranquille. Courir la nuit ne me déplaisait pas tant que ça parce que le trafic routier allait en diminuant et les quelques véhicules me croisant était audibles de loin et visibles de par leur éclairage quelques virages avant notre rencontre. Ce n’était pas comme dans la journée où à maintes reprises je dus changer de côté de la chaussée pour éviter les véhicules motorisés, autos et motos, et les non motorisés – vélos et parfois skis à roulettes ou autres engins roulants – certains prenant leur virages tellement près de la corde que j’eus souvent la crainte qu’on s’accroche. Et je ne parle pas des « as du volant » qui se prennent pour des cadors avec leurs motos ou autos de course et qui vous passent à côté à des vitesses telles que le retrait à vie du permis ne serait pas une peine suffisante.
Bussang, CP 4 au km 125 avec les 13 derniers à 7 de moyenne en descente avec quelques moments où le sommeil m’appelait si fort que je dus m’arrêter souvent quelques secondes pour me réveiller et garder les sens en éveil. Le chant des sources alternait avec le silence des forêts en ce début de nuit et je me fis peur parfois en entendant ou en voyant un animal sortir des fourrés ou d’un chemin, un quelconque cervidé ou un renard ou encore un lièvre dont les yeux brillaient dans la lueur de ma frontale… Enfin, eux aussi étaient tellement surpris qu’ils s’enfuyaient. Encore donc un gros quart d’heure d’arrêt à Bussang pour me ravitailler et surtout prendre un café qui me tiendrait – j’espérais – jusqu’au CP 3. Quand je quittai Bussang, ça faisait déjà 18h que j’avais pris le départ de cette U2B et minuit n’était pas encore passé. J’allais peu à peu passer du mode coureur en côte en mode zombie ce ne sont pas les presque 4h (3h52’) mises pour rallier le CP 3 à Wildenstein au km 148, soit après seulement 22,5km du CP d’avant, qui allaient témoigner du contraire. Je rêvais d’un banc sur lequel je me serais assis pour piquer un petit roupillon, mais – heureusement ? - je n’en trouvai point. Le col du Page fut pour moi le plus difficile à passer de toute la course et la descente vers Wildenstein fut aussi la plus difficile descente jusqu’alors de toute mon U2B. Mais il restait encore le Hohneck dont je n’avais pas encore fait la connaissance.
Près de 20’ d’arrêt à Wildenstein puis ce fut la montée vers le col de Bramont à 5 % où je courus la plupart du temps afin de ne pas m’endormir malgré un Nième café au CP précédent. Puis ce fut une brève mais douloureuse descente aux enfers vers la Route des Américains et une nouvelle franche remontée vers la Route des Crêtes où la suite menant au Hohneck fut relativement tranquille. Sauf qu’au pied du dit Hohneck, il fallait se coltiner une de ces côtes à 8 % où je ne pus même pas envisager une seule seconde d’en courir ne serait-ce que 10m. 8 lacets avec le vent tantôt de face tantôt de dos. Il faisait jour depuis un moment, la fraîcheur de l’air se faisait ressentir surtout exposé au vent. Je mis 18’ à monter à la table d’orientation, pris un quart d’heure à manger un Bolino et des gâteaux de riz ainsi qu’à m’hydrater et quand je repris mon chemin vers Munster, je marchai jusqu’à la route au pied du Hohneck. Total aller-retour 45’ pour 3km ! 25h40’ pour 168km plus 15’ qui nous firent presque 26h. Vivement la Schlucht ! Et la suite qu’on en finisse. Car une fois que le soleil est sorti de derrière les nuages, la chaleur remplaça la fraîcheur. 4km plus loin, le col de la Schlucht puis la route en direction du col du Calvaire. Allai-je en vivre un pour ces 36 derniers kilomètres ? Jusqu’au col, la route alternait une fois encore des montées et des descentes, mais j’avais réussi à me rebooster et mon allure certes peu rapide me permettait d’accumuler les bornes et de me rapprocher de l’arrivée. Le CP1 au Lac Noir fut long à atteindre et quand j’y suis passé, mon arrêt ne dura que 5’ et je me remis en route. 3 km de galère car le début grimpait à 9 % pour ensuite amener sur une route très mal entretenue où les appuis faisaient mal et la cerise sur le gâteau fut la descente à 16 % sur seulement 400m mais qui fut sans doute la partie paradoxalement où je mis le plus de temps au km tant je devais me retenir afin de ne pas fusiller définitivement mes pieds et finir en rampant. Une fois passé ce moment douloureux, s’en suivi un autre pas plus plaisant, le reste de la descente qui piquait aussi puis la remontée vers le col de Wettstein puis le Collet du Linge au km 197 qui devait marquer la fin du dénivelé positif de cette U2B. La route vers Munster via Hohrodberg tout en descente, sous un soleil de plus en plus prégnant, avec une circulation un peu plus fréquente que plus tôt ne fut pas de tout repos. Patrick, un des 3 patrouilleurs qui m’avait dépanné à plusieurs reprises en boissons me proposa à nouveau de remplir mes bouteilles, ce que je fis sachant qu’après je devrais tenir jusqu’à l’arrivée. Au dernier village avant Munster, j’aperçus quelqu’un devant en tenue de course et vis que c’était Popol que je rattrapai. Il n’allait pas bien, les quadriceps endoloris ne lui permettaient plus de courir. Il me dit de poursuivre ma route ce que je fis en lui souhaitant bonne chance. La fin de la descente principale nous fit passer par un chemin goudronné évitant de rester sur la route principale afin d’éviter la circulation. Pour rejoindre la piste cyclable il fallait encore s’armer d’un peu de courage, serrer les dents pour descendre une petite portion à 11 % et enfin retrouver le plat pays ou tout au moins le faux-plat pays en légère descente. Je me laissai porter par mon élan jusqu’à l’intersection finale me dirigeant vers la piscine puis la statue de Poséidon dont l’arrivée se faisait au pied… que j’eus du mal à toucher au risque de tomber dans le bassin du parc de la Fecht. Depuis le Hohneck, j’avais mis 6h soit presque du 7km/h.
31h41’, le contrat était rempli, certes avec 2h30’ de plus que l’année passée, mais le principal était bien de terminer ma trilogie estivale : LILO (500km), MiMil’Kil (500km) et l’U2B (208km). Challenge tenté, challenge réussi.
À l’arrivée je retrouvai Pascale, Christophe, Nathalie, David qui m’avait souvent filmé ou pris en photos pendant l’épreuve et que je remercie pour tous ses encouragements, des coureurs qui avaient terminé, d’autres abandonné. Je reçus mon t-shirt de finisher et pus déguster une bière fraîche commençant à réaliser. J’allais pouvoir enfin aller me doucher puis dormir un peu afin d’être vaillant lors du repas de clôture du soir.
à+Fab
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Par fabcentkm1 le 12 Juillet 2021 à 22:19
CR de la MiMil’Kil 2021. (du 3 juillet au 9 juillet maximum)
Remettre le couvert pour un festin de 500km moins de 10 jours après le précédent, beaucoup devaient penser que j’étais un peu fou de tenter le challenge et sans doute plusieurs croyaient que j’allais me planter. Moi-même, je ne savais pas trop comment j’allais réagir physiquement et psychologiquement à cette nouvelle aventure pédestre. Mais j’avais la certitude que les nombreux kilomètres effectués depuis le début de l’année – plus de 6000 – allaient m’aider à passer les caps difficiles qui n’allaient pas manquer se se présenter à moi.
L’avant-course.
Même location de camion, certes un peu moins spacieux que le premier, même équipage avec Jean-Paul comme fidèle accompagnateur, ravitailleur, motivateur … même lieu de départ, à savoir Lignac, place de la mairie.
Au lieu de nous installer au camping de Chaillac, nous avions le droit de poser notre véhicule autour du terrain de football de Lignac et dans l’après-midi du vendredi veille du départ, le site ressemblait fort à un terrain de camping. Une vingtaine de véhicules étaient stationnées, du fourgon aménagé ou non au camping-car des plus sophistiqués en passant par la simple automobile.
Les retrouvailles avec les autres participants avaient l’air d’une grande réunion de famille car dans ce microcosme de coureurs d’ultra chacun des membres fait partie de la famille. Certains allaient courir en solo et bivouaquaient sous l’abri situé près des vestiaires comme ils le feront tout au long des 500km.
Le briefing en fin d’après-midi, puis le repas du soir et enfin le coucher après avoir bien préparé la tenue pour le lendemain.
Le jour J.
La pluie s’est invitée au moment du départ. Jusque-là, le ciel était couvert et la plupart des coureurs avait revêtu le t-shirt rose donné par JB et que nous devions mettre pour la photo du départ, libre à chacun par la suite de le conserver ou d’enfiler une autre tenue. J’avais le mien, par dessus mon vêtement de pluie – on n’est jamais trop prudent et j’avais l’expérience de la semaine précédente où la pluie m’avais surpris au bout d’une heure de course. 7h sonnèrent au clocher de l’église, c’était le signal du départ et la cohorte de plus de 50 coureurs s’élança. Je m’aperçus que j’étais donc un des seuls à avoir mis le vêtement de pluie et comme il faisait assez bon, je savais que j’allais vite transpirer. Mais quitte à être mouillé « dedans » autant se protéger « dehors ». C’est parti vite et devant j’avais du mal à compter combien de coureurs s’étaient envolés, en tout cas plus de 25. Je m’élançai prudemment avant de trouver l’allure de croisière qui me convenait. J’étais moins rapide que lors de la LILO où j’avais fait les 10 premiers kilomètres avec Alex Forestieri mais j’avançais quand même. Je profitai de me retrouver avec des connaissances pour discuter un peu, chacun allant de ses compliments à mon égard concernant la LILO et au fait que je remettais ça. Je parlai aussi avec des personnes que je ne connaissais pas ; nous n’étions pas encore rentrés dans nos bulles respectives.
Chaillac passé, direction Beaulieu où la pluie continuait toujours de tomber, mais pas comme il y avait 9 jours où elle survint d’un coup peu après le 10ème kilomètre et me trempa m’obligeant à me changer rapidement. Là, elle tombait depuis le départ mais je n’étais pas complètement trempé et l’intérieur de mes chaussures restait sec. La route vers Saint-Sulpice était toujours aussi fréquentée en ce samedi matin, il fallait donc se méfier. Je décidai de ne pas faire d’arrêt à Saint-Sulpice et de continuer en direction de la Souterraine.
Chacun ayant trouvé une allure – son allure – j’avais dépassé quelques coureurs et d’autres m’avaient à leur tour doublé. Toujours la pluie. À Bussières-Madeleine, après un petit ravitaillement nous empruntâmes une petite route peu fréquentée et nous eûmes une vingtaine de minutes de tranquillité. Mon premier « gros » ravitaillement était prévu à St Priest-la-Feuille au km 46,5 soit un peu plus loin que lors de la LILO où je m’étais arrêté à la Souterraine. Je voulais grignoter petit à petit sur mes temps de pause. La pluie se calma peu à peu et devint intermittente puis disparut aux abords de Bourganeuf laissant parfois de belles éclaircies réchauffer l’atmosphère et sécher la tenue. J’avais près d’une heure d’avance à Bourganeuf par rapport à la LILO où un orage m’avait immobilisé 45’ dans le camion avant que je reparte. Je retardai d’autant mon second ravitaillement que je pris une fois la cité aux tours Zizim traversée et le raidillon de plus de 700m qui démarrait la montée vers Royères-de-Vassivière passé. Il était environ 18h, j’étais au kilomètre 88. Pendant ma collation, Markus et François me dépassèrent ; ça allait être mes compagnons de route lors des prochaines heures où nous avons joué au yo-yo au gré des arrêts de chacun. D’autres avaient fait une halte à Bourganeuf, mais je ne les avais pas vus. Je changeai de chaussures et mis aussi des chaussettes sèches après avoir soigné mes pieds et mis de la crème. À ce moment, point d’ampoule ! Juste des ongles meurtris et douloureux en descente.
La montée vers Royères n’est pas uniforme et souvent la route descend avant de remonter ce qui permet d’engranger les bornes sans trop taper dans les réserves. Le km 100 au Compeix fut passé en 12h48’ soit avec près d’une heure d’avance sur mon dernier passage ici même et je voulais faire fructifier cette heure et la transformer en une dizaine de kilomètres de plus pour mettre un terme à ma journée. Pour cela je me devais de rester régulier et ma forme physique me le permit ou tout au moins elle me donna la possibilité de bien avancer sans problèmes particuliers. Lors de la descente vers le lac de Vassivière je m’équipai de ma tenue de nuit avec gilet de sécurité, lampes rouges clignotantes à l’arrière et à l’avant en plus de ma frontale que je n’allumai toutefois pas encore, l’obscurité n’étant pas franche. Autour du lac il semblait y avoir quelques animations en ce samedi soir et je croisais plusieurs véhicules. Ensuite, sur la petite route montante en direction de Faux-La-Montagne je ne vis plus personne, seuls les chiens de garde des troupeaux de moutons aboyaient et me suggéraient de ne pas m’attarder dans le coin. À la lueur de la frontale je cheminai rencontrant parfois de petites zones de brume qui réduisaient la portée du faisceau lumineux de mon éclairage. Les bruits et les bêtes de la nuit, que j’ai appris à apprivoiser, maintenaient mes sens en éveil et comme je n’avais pas sommeil, j’étais prêt à aller beaucoup plus loin, au-delà de Faux-la-Montagne, point d’arrêt de la 1ère journée sur la LILO. J’avais envoyé Jean-Paul au camping de Faux afin qu’il prenne une douche si cela lui convenait et je devais le retrouver peu après le camping pour un dernier petit repas. 23h passées, je voulais avancer et c’est ce que je fis en me donnant comme point final à la journée au moins le pont sur le lac de Chammet. Mon coéquipier stationna sur une aire de repos au kilomètre 128,5 et comme il m’avait préparé une casserole d’eau chaude – devenue tiède entre-temps – je m’arrêtai pour la nuit, fis une petite toilette et me couchai.
2ème jour.
Malgré un coucher tardif la veille (fin de course minuit 20, couchage à 1h) je n’eus aucun mal à me lever quand le téléphone de Jean-Paul sonna vers 4h30. Le temps de me préparer, de crémer mes pieds, d’enfiler ma tenue, je pris mon petit déjeuner : une tasse de café noir et un bol de lait froid avec des céréales. Je repartis à 5h15 pour essayer de passer Peyrelevade avant les 24h de course. 2 coureurs étaient passés pendant que je me préparais, ils avaient passé la nuit au camping de Faux et étaient repartis depuis plus d’une heure : Stéphane Clément, en solo, et François que j’avais vu plusieurs fois la veille. Après Peyrelevade je proposai à Stéphane un café si ça lui disait et il accepta. Ça devait lui permettre de rejoindre une autre commune où il pourrait peut-être trouver quelque chose d’ouvert pour se ravitailler. Je franchis les 24h avec environ 140km au compteur. Le prochain point de ravitaillement pour manger, je l’avais fixé à Combressol, au km 167, soit une quarantaine de kilomètres après notre lieu de repos. Il fallait passer Millevaches puis Meymac. Mentalement j’imaginais le parcours, me projetant souvent bien plus loin connaissant les lieux et je m’étais fixé comme nouvel objectif d’arriver au pont de Saint-Projet sur la Dordogne afin de prendre une nouvelle collation. À cet endroit se situait le km 200. Auparavant j’avais profité de l’absence de douleurs aux pieds pour aller un peu plus vite dans les descentes comme celle pour aller jusqu’à Meymac puis cette autre 7km après Neuvic débouchant sur le pont. Km 200 franchi au bout de 32h32’ de course depuis Lignac.
La remontée vers Mauriac était ombragée au début et j’en profitai car la température montait au fur et à mesure que le ciel se débarrassait de ses nuages. Ma tenue était sèche, mes pieds n’avaient pas trop mariné sur mes semelles qui avaient été très humides à un moment. Je sentais néanmoins quelques petites gènes au niveau des orteils et sur le bord du talon gauche. Avec mon coach ravitailleur nous édifiâmes une stratégie : aller jusqu’au col de Legal pour y prendre une douche et y passer la nuit. Pour cela il ne fallait pas musarder. Alors nous passâmes Mauriac sans nous y arrêter puis nous nous fixâmes des points intermédiaires afin d’effectuer des remises à niveau des bouteilles. Il faisait encore jour au passage à Salers et la descente sur Fontanges ne me fit pas trop mal au bout des pieds. Nous avions convenu d’effectuer un dernier gros ravitaillement avant l’ascension des deux cols, celui de Saint-Georges puis le Legal et quand je repartis, j’avais des jambes pour monter en courant le plus possible. Jean-Paul me laissa une fois le premier des deux cols franchi pour rejoindre directement le Legal où il pouvait aller se reposer en m’attendant. J’ai apprécié la montée dans la nuit, écoutant les bruits des troupeaux ou des sources ou des animaux nocturnes. Des nuées de petites bestioles s’affairaient autour du faisceau de ma frontale, échappant comme par miracle aux chauve-souris qui les pourchassaient. Des petites bêtes lumineuses m’intriguaient sur la route, ce n’étaient pas des lucioles mais plutôt des mouches ou des araignées réfléchissant ma lumière. Bref, encore un bel épisode de la vie des animaux en live ! Et aussi quelques frayeurs quand un bruissement suspect venait d’une haie.
J’arrivai au Legal à 23h35’ soit après plus de 18h de course depuis mon lever.
Accueilli par Jean-Paul et Gilles qui tenait ce point de contrôle et de ravitaillement je profitai de la possibilité de me doucher et par la même occasion je soignai mes ampoules : deux aux orteils (les voisins des pouces) et sur le côté du pied au niveau du haut du talon. Pendant que je mangeais, Jean-Claude Le Gargasson arriva au refuge et s’y arrêta pour se restaurer avant de repartir courir de nuit vers Aurillac. Il avait fait sa pause à Salers quelques heures auparavant.
Nous nous couchâmes peu après minuit, moi plutôt vers une heure, et je dus m’endormir assez rapidement.
3ème jour.
Au réveil, ça allait ; je me mis en tenue et allai prendre mon petit-déjeuner au refuge avant de reprendre la route : il était 5h20, j’avais encore grappillé quelques minutes sur mon temps de repos mais je me sentais bien. Le début de la descente ne fut pas aisé car les bobos commençaient à me titiller mais mon ampoule sur le côté du talon n’était plus douloureuse du tout. C’étaient plutôt du côté de mes ongles que ça « piquait ». Pendant que je courais sur la route des crêtes le jour fit peu à peu son apparition et j’espérais que la traversée d’Aurillac allait être tranquille vu qu’il était plus tôt que lors de mon passage précédent. Elle le fut. J’avais franchi les 48h de course au kilomètre 260 environ et je possédais encore plusieurs heures d’avance sur mon programme. Un arrêt ravitaillement était prévu à Arpajon-sur-Cère au km 280 puis un autre à Cassaniouze (km 310). Passage des 300km entre temps en 54h29’. L’objectif de cette troisième journée était d’arriver à Rodez (km 363) pour y dormir. Après Cassaniouze la longue descente vers le Lot fut assez agréable car ombragée et je ne ressentais pas les douleurs aux pieds autant qu’il y avait une dizaine de jours. Le passage sur le pont de Coursary marqua le début d’une partie assez difficile car le soleil et la hausse de la température allaient faire leur travail de sape et me rendre l’avancée moins aisée que ne l’aurais souhaité. De plus, la circulation peu dense restait néanmoins dangereuse en raison du comportement bestial de nombre de conducteurs qui dépassaient allègrement la vitesse limite de 90km/h et qui débouchaient au détour d’un virage en serrant le bas-côté. En plus ces abrutis protestaient de voir quelqu’un courir sur le bon côté de la chaussée et plusieurs d’entre-eux me klaxonnèrent.
Marcillac, km 344, atteint vers 21h soit plus de 2 heures avant mon passage en juin, ça me laissait la possibilité de monter sur le plateau de jour et de poursuivre ma route jusqu’au chemin empierré situé à une dizaine de kilomètres de Marcillac. Jusqu’au chemin, ça avançait bien, ma frontale m’aidant de temps en temps à éclairer ma route. Quand je parvins au chemin, il y eut comme une cassure dans mon rythme et dans mon envie d’aller beaucoup plus loin vers Rodez. Je mis un temps fou à passer sur les pierres comme si parfois on était dans le lit d’un torrent asséché. Mes appuis étaient précaires et je risquai plusieurs fois de me tordre la cheville ou même de chuter. Interminable chemin qui connut quand même une fin quand je parvins à rejoindre la route. Je cherchai Jean-Paul qui s’était garé un peu plus loin mais à mon goût trop près des habitations. Je lui suggérai de poursuivre quelques centaines de mètres plus loin voir si une aire de repos pouvait nous accueillir. On en trouva une au km 358 peu avant la piste cyclable.
4ème jour.
Il a plu pendant la nuit et au petit matin, vers 4h30 quand nous nous réveillâmes, on entendait toujours les gouttes sur la carrosserie du véhicule. Rituels d’avant course puis attente que la pluie cesse. Je suis reparti peu avant 6h, soit 45’ après les prévisions. 500m de route dangereuse, même à cette heure, surtout à cette heure où les gens partent bosser sans penser une seule seconde qu’ils pourraient croiser des piétons, puis la piste cyclable et son confort de ne rien risquer de la part des automobilistes. Avec Jean-Paul nous avons décidé de nous revoir un peu avant l’entrée dans Rodez puis de se donner rendez-vous après le Monastère. Je passai les 364km en 72h dans la descente vers le Monastère. La suite allait s’avérer quelque peu délicate en raison du retour de la pluie et de l’augmentation du trafic routier sur des routes où les bas-côtés sont inexistants. Jean-Paul m’attendait à l’entrée de Flavin (km 372) et je m’abritai dans le camion quelques minutes. J’étais assez trempé, mais pas encore totalement. Il fallut que je reparte et rencontre un violent orage à peine deux kilomètres plus loin. Obligé de m’arrêter afin de m’abriter sous des sapins qui ne m’empêchèrent pas de recevoir des tonnes d’eau sur le coin du museau. Comme si cela ne suffisait pas, à chaque passage d’un véhicule je recevais une gerbe d’eau m’arrosant copieusement. Complètement déprimé, en état de choc, je ne savais pas quoi faire, comme tétanisé par ce qui m’arrivait. Je repris le contrôle et me remis en route sur une route transformée en gigantesque rivière et peu à peu l’orage cessa. Je préférai ne rien changer de ma tenue et d’engranger les bornes, je verrais plus tard si toutes ces perturbations allaient cesser ou non. L’objectif suivant étant de passer les 400km. Mon avance sur mes temps de la LILO avait fondu et je n’avais plus qu’une heure vingt de marge lors du passage à Trémouilles qui portait aussi bien un nom de circonstance. La route descendait vers Canet-de-Salars, je franchis le pont sur le lac de Pareloup avant de remonter vers Salles-Curan. Entre-temps j’étais passé au kilomètre 400 en 77h20’, m’y étais arrêté près de trois-quarts d’heure afin de procéder à un changement complet de tenue et au soin de mes pieds dont les ampoules avaient bien trinqué. Je m’étais aussi copieusement ravitaillé. En repartant, mon avance avait diminué et je n’avais plus que 30 minutes de marge. Mais le moral était meilleur et je pus me fixer de nouveaux petits challenges : aller jusqu’à Bouloc, puis au col de Vernhette km 414 où je fis un petit somme d’une dizaine de minutes car le sommeil me rattrapait. La descente vers St-Rome-de-Tarn se passa bien, je n’eus pas aussi mal que 10 jours auparavant et me surprenais à passer des kilomètres en 7 minutes au lieu de 8 minutes 30 voire plus. Jean-Paul me tenait au courant de l’avancée des autres coureurs et cela me rassurait de voir que je n’avais pas été le seul dans la difficulté pendant cet épisode orageux. À Saint-Rome, je fis une pause pour me restaurer et pendant ce gros quart d’heure Louis me dépassa, revenant de loin après une seconde journée difficile. La reprise de la course en montée me redonna de l’allant et je ne fis pas beaucoup de pauses pour marcher avant d’arriver à Lauras puis d’attaquer la remontée vers Roquefort au km 443,5. Je poussai jusqu’au col des Aiguières et même un peu plus loin où Jean-Paul m’attendait au croisement avec la route de Fondamente. La partie qui suivit fut longue mais pas trop désagréable car sur une route plate et la nuit n’était pas encore installée. Je dépassai sans le savoir Louis arrêté dans son camping car pour manger et se reposer. Le lieu-dit le Vialaret me rappela que nous avions fait étape ici au km 456. Mais je n’avais pas encore sommeil ainsi je repris la route me fixant Fondamente comme prochain village pour faire le point (km 464). un autre petit somme d’une dizaine de minutes accompagné d’un café me remit sur pied et je poursuivis dans la nuit ma quête vers les moins de 4 jours. Je me répétais : « 36km quand même, ça ne devrait pas me prendre plus de 6 ou 7h et donc ça devrait passer ». La température était encore agréable, le ciel couvert masquait les étoiles et le vent était encore absent.
Dans la nuit, je ne me rendais plus trop compte si la route montait ou descendait mais une fois le col de Pérail passé puis Le Clapier la route se pencha un peu plus pour arriver au pont sur l’Orb qui marque la limite entre l’Aveyron et l’Hérault. J’alternai course et marche lors de la remontée vers Roqueredonde où il ne fallait pas se tromper de route pour tourner vers Lodève et gravir à nouveau la route vers l’endroit où nous allions nous séparer mon accompagnateur Jean-Paul et moi. Les véhicules ne pouvant pas descente par la même route que la nôtre pour raison de travaux, il devrait faire le tour par la déviation. Juste avant de prendre des itinéraires différents, je fis un dernier petit somme d’une dizaine de minutes avant de prendre un dernier café et de recharger mes bouteilles en eau sucrée. Il ne restait plus que 15km, il était environ 4 heures du matin et j’avais 3 heures pour terminer la course pour rester sous les 4 jours. La longue descente fut belle au niveau paysage en cette nuit sans Lune, malgré le ciel couvert. J’apercevais au loin à l’horizon les lumières des villes côtières, reconnaissant Sète et le Mont Saint-Clair, point d’arrivée de ma MilKil de l’an dernier. Je traversai la zone de chantier, d’un pas prudent et mis plusieurs dizaines de secondes à en franchir les barrières et autres obstacles devant empêcher le passage du public. Une fois sorti de cette zone, j’essayai de calculer combien de kilomètres il me restait mais je ne savais pas vraiment à un ou deux près. Ce fut long d’autant plus que la pente était forte et je dus à maintes reprises me freiner pour ne pas me laisser entraîner. J’avais de plus en plus mal aux pieds mais serrais les dents. À environ 5 km de l’arrivée, j’appelai JB pour lui annoncer mon arrivée prochaine et je parvins enfin au lever du jour à Lodève où je retrouvai Jean-Paul. Plus que 3 km avant l’arrivée, je me délestai de mes lumières et repris la course vers le camping où se terminait l’épreuve.
Après 3 jours 23 heures 15 minutes et 24 secondes je passai la ligne d’arrivée, en 5ème position et vraiment ravi d’avoir réussi à améliorer mon chrono de la LILO d’environ 6 heures. C’est dû aux dernières 24 heures où je ne me suis pas arrêté dormir et à mon accompagnateur, Jean-Paul qui a su me rebooster aux moments où ça aurait pu coincer. Merci une nouvelle fois à mon binôme. 3 traversées et trois résultats au-delà de mes espérances.
Je fus accueilli par JB, Xavier, Jean-Paul et Henri le patron du camping qui était admiratif de me revoir une seconde fois franchir la barrière de son camping après un périple de 500km à deux semaines à peine d’intervalle.
à+Fab
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Par fabcentkm1 le 27 Juin 2021 à 21:45
CR de la LILO 500km, course pédestre non-stop de 500km entre Lignac et Lodève.
Cette course a été mise en place par et pour certains coureurs qui auraient dû participer à la MiMil’Kil du 20 juin au 26 juin. Mais comme cette dernière a été reportée à deux semaines plus tard, ils se sont retrouvés coincés car ne pouvant déplacer leurs impératifs professionnels ou familiaux. Ainsi est venue l’idée d’organiser quand même cette balade de 500km sur le même parcours. Le suivi en direct était conservé par l’intermédiaire des balises Solustop ainsi que la validité des temps mis par chacun des participants. De mon côté, n’ayant aucun impératif professionnel ou familial, je décidais de courir les deux, la LILO puis la MiMil’Kil.
Une coureuse, huit coureurs et deux athlètes en trottinette, chacun étant assisté par un véhicule, ont pris le départ à 7h du matin à Lignac. Mon accompagnateur-ravitailleur était de nouveau Jean-Paul qui m’avait permis l’an dernier de boucler la Mil’Kil dans d’assez bonnes conditions. On ne change pas une équipe qui gagne, alors nous revoilà parés pour l’aventure.
Première journée : 20 juin.
Le départ a été donné de la place de la Mairie par Gilles Alberty, coureur et, entre autre, organisateur de la Via Iberica. Au premier coup de cloche de l’église qui annonçait 7h, nous nous sommes élancés. Je suis parti avec Alex Forestieri vainqueur à de nombreuses reprises de la MilKil et nous avons passé ensemble la première heure nous menant à la sortie de Chaillac, village où plusieurs d’entre nous avions dormi la veille au soir. A un peu plus de 9km/h, j’étais bien tandis qu’Alex, lui, s’échauffait tranquillement. Il se mit soudain à pleuvoir, moment qui correspondit aussi avec l’arrivée des premiers reliefs. Le temps d’enfiler mon vêtement de pluie, Alex m’avait distancé. Je n’allais plus jamais le revoir. A Beaulieu, km 15, je commençais à être bien trempé, surtout au niveau des chaussures, mais je continuais ma route en espérant une accalmie. J’ai retrouvé le lieu-dit Lareux où nous avions fait une pause l’an dernier lors de la Mil’Kil pour y passer la nuit. Mais là, point d’arrêt de prévu alors je filai vers St-Georges-des-Landes puis St-Sulpice-les-Feuilles (km 25) où je comptais effectuer mon premier arrêt ravitaillement. Comme la pluie avait cessé, j’ai changé de chaussures et de chaussettes pour préserver un maximum mes pieds, j’ai gardé le reste de ma tenue qui, même trempée, ne me perturbait pas.
La route D912 était de plus en plus fréquentée et il fallait rester sur ses gardes car les automobilistes derrière un volant perdent pour beaucoup leur humanité, oublient les fondamentaux du code de la route et deviennent des dangers pour les quelques piétons qui chemineraient sur le côté gauche de la chaussée conformément au code de la route. Un marcheur serait quelque peu respecté, un coureur pas du tout ! En tout cas c’est l’impression donnée quand je suis face à ces tueurs potentiels. Gilbert Codet, l’accompagnateur d’Alexandre, s’était proposé pour assurer le fléchage et à quelques kilomètres de La Souterraine il trouva une route nous faisant éviter 3,2km de cette route parfois dangereuse. Cet itinéraire bis faisait faire 600m de plus et était quelque fois assez vallonné. Se rallonger d’autant en valait-il le coup ?
A La Souterraine, peu après le km 40, j’effectuai une seconde pause ravitaillement constituée de pâtes à la Bolognaise et d’un gâteau de riz au caramel. Je rechargeai aussi mes bouteilles de sirops de fraise et de citron. Au gré de mes arrêts je me retrouvais tantôt avec Jean-Noël Bergère, tantôt avec Fabien Lahoche. De temps à autres nous cheminions ensemble et pouvions discuter brièvement. Mais chacun sait qu’il faut être à sa propre allure et pas à celle des autres, alors nos côtoiements ne duraient jamais très longtemps. Nous allions néanmoins rester « à vue » les uns des autres jusqu’au km 100 où mes deux compagnons de route allaient faire leur pause nocturne.
La météo s’était calmée depuis mon changement de chaussures du km 25 et malgré quelques petites averses le temps était agréable voire chaud par moment. Au lieu-dit Forgeas, ou peu après au km 72, je fis une nouvelle pause pour me restaurer et j’ai pu me remémorer les TranseGaule car je dégustai un hachis parmentier de chez Bolino. En guise de dessert, une banane écrasée – non pas par une voiture mais par Jean-Paul – sucrée. Prochain objectif, passer Bourganeuf (km 86) et commencer la longue montée vers Royère-de-Vassivière (km 108). Jusqu’à Murat, il faisait bien chaud, trouver de l’ombre n’était pas souvent facile malgré de nombreux arbres bordant la route, mais les kilomètres s’accumulaient et je pensais être à Bourganeuf avant 18h. C’était sans compter sur un gros orage que je n’avais pas vu venir car survenant par derrière, le traître ! Le temps de trouver un arbre ou une haie pour me protéger de la pluie, j’étais déjà bien trempé. Heureusement – quoique – j’avais mon poncho dans mon sac à dos, mais le temps de l’enfiler, le tout avec un vent renforcé, ce qui tenait du numéro de cirque, genre clown contorsionniste, puis de découvrir un semblant d’abri, mon sauveur arriva et après un demi-tour se gara sur le bas-côté pour me permettre de m’engouffrer dans le camion et enfin de m’abriter. Je changeai à nouveau de chaussures, remettant celles du matin qui avaient eu le temps de sécher et attendis que ça se calme avant de reprendre la direction du sud. Au niveau météo, les abords de Bourganeuf se ressemblent : l’an dernier à à peine 1km de la ville j’avais déjà essuyé un violent orage avec de fortes précipitations me contraignant à un changement total de tenue. Cette fois encore je me changeai mais uniquement au niveau des chaussettes et des chaussures et j’en profitai pour mettre mon vêtement de pluie quand même plus efficace que le poncho et plus visible aussi. Après ces 40 minutes d’arrêt où j’essayai de me reposer tout en me restaurant, je repartis pour passer la célèbre ville à la tour Zizim et entamer la vingtaine de bornes menant à Royère. Au début, ça grimpait fort, tellement que je préférai marcher sur presque un kilomètre, puis la pente s’adoucit puis devient descente alors je me remis à courir. On se fait toujours une montagne de cette longue, longue, loooongue montée, mais en définitive elle ne monte pas toujours cette route, elle descend parfois ce qui pose le problème de savoir quand ça va réellement monter et comment. Les questions métaphysiques mises de côté, je m’aperçus que le temps passait vite et les bornes s’accumulaient. Au début, Gilles Alberty vint m’encourager, ensuite je fis quelques hectomètres avec Fabien quand ça ne montait pas puis je me mis à courir quand la côte se fit plus présente. Le Breuil (km 93) puis le Compeix (km 100) passé en 13h45’ il n’y avait plus que 8km pour arriver tout en haut. Mes deux acolytes de la journée ayant décidé de bâcher pour passer la nuit, je me retrouvai alors tout seul avec Alex très – trop – loin devant. Donc après un quart d’heure de pause ravitaillement et d’enfilage de la tenue de nuit j’étais prêt à entrer dans la nuit. Je passai un coup de fil chez moi pour donner des nouvelles et me remis à courir. Paradoxalement, à ce moment de la course, la course n’était pas si difficile surtout en côte et quand je suis enfin arrivé à Royère, je savais ce qu’il restait pour aller au moins jusqu’à Faux-la-Montagne (km 121), point minimal à atteindre pour la nuit avec l’ambition éventuellement de pousser jusqu’à Peyrelevade (km 134). La descente vers le lac puis la route le longeant ne me prirent pas trop de temps, j’alternais depuis un bout de temps déjà marche et course et après un ultime ravitaillement je me retrouvai seul, Jean-Paul devant aller se poster à la sortie du village vers le camping ou un peu plus loin vers le pont sur le Dorat. Le début de la remontée vers Faux la Montagne se fit dans le brouillard s’épaississant de plus en plus et avec la frontale j’avais le même problème que lorsqu’on se met en pleins phares en voiture : le mur et une visibilité très réduite. Au fil de l’ascension, la brume se dissipa et j’arrivai enfin à Faux. La traversée du village baignant dans la quiétude de la nuit tombée avait quelque chose d’irréel en ce soir théorique de la fête de la musique. Pas un bruit, il était presque minuit. Je sortis du bourg et eus quelques difficultés à retrouver ma route, n’étant pas certain d’avoir tourné au bon endroit et ne reconnaissant pas grand-chose. J’hésitais mais poursuivais sur la même route, passant devant le camping puis descendant vers le pont. Toujours pas de véhicule en vue alors je continuai jusqu’à le trouver stationné sur le bord de la route, exactement là où nous étions arrêtés l’an dernier. Il était minuit 25, j’avais bouclé ma première partie de course et décidais de dormir là. Le temps de me laver sommairement, de me changer, de grignoter quelque chose et de me coucher, il était presque une heure du matin.
Seconde journée. 21 juin.
Je n’ai pas très bien dormi et je me suis réveillé vers 5h. La seconde journée allait commencer, il fallait être efficace dans la préparation de la tenue : crème sur les pieds, chaussettes propres, nouvelle paire de chaussures, short et maillot à manches longues sous mon vêtement de pluie. Il fallait anticiper la survenue d’un grain. Je pris un petit déjeuner rapide : café noir, bol de lait avec des céréales et un petit pain au lait. A 5h45 je repartis en direction de Peyrelevade que j’aurais aimé atteindre hier soir mais le trop de temps de perdu à cause de la pluie n’avait pu être comblé. A 7h soit après 24h de course, je passai au km 132,5 à l’intersection de la D85 et de la D12 et arrivai peu de temps après à Peyrelevade dont la traversée marquait le début de la montée vers Millevaches. Un quart d’heure à me ravitailler et à modifier ma tenue puis je redémarrai. Je retrouvai dans la côte mes deux compères à trottinette, Gérard et Hervé, qui avaient dormi au camping de Faux que nous avions raté hier soir. Il n’y avait pas beaucoup de véhicules sur cette route mais peu à peu le trafic augmentait, alimenté par le flot des automobilistes partant au travail. Le profil vallonné au début sur le plateau de Millevaches descendait ensuite vers Meymac où j’arrivai vers 11h. Je n’ai pas vu beaucoup de troupeaux lors de ce passage en Corrèze, j’avais aperçu des vaches avant, mais pas mille. On avait décidé avec Jean-Paul de nous arrêter manger un peu après Meymac, ce que nous fîmes au km 40 au lieu-dit Treich. 25’ de pause et je me remis en route passant Combressol, Palisse puis Neuvic. Dans chacun de ces villages, je me ravitaillais sommairement, assurant le minimum vital pour rallier le village suivant. Neuvic était une étape importante pour ma journée car la suite du parcours allait être en descente jusqu’à la Dordogne et le pont de Saint-Projet. Les 7 ou 8 premiers kilomètres après Neuvic n’étaient pas réellement de la descente, plutôt du plat ou du faux plat. De plus il n’y avait pas beaucoup d’ombre et j’attendais avec impatience l’entrée dans les 7 derniers kilomètres de la route en lacets la plupart du temps ombragée.
On s’est arrêtés une vingtaine de minutes, il était à peine 17h, juste avant le pont (km 199) pour se ravitailler et me préparer à la longue remontée vers Mauriac. Dans cette partie, les troupeaux de bovins étaient plus nombreux, des Salers mais aussi parfois des bêtes à lait, vaches noires et blanches. Passage des 200km en 34h15 depuis le départ de Lignac. J’étais en pleine montée et je courais car mes appuis étaient moins douloureux que si j’avais marché. La descente précédente m’avait un peu échauffé les plantes des pieds et endolori les orteils, ça faisait du bien de ne plus ressentir de douleurs en courant. Mauriac, km 209, avec un petit arrêt ravitaillement puis un autre peu avant Anglard-de-Salers (km 217) avant enfin de toucher Salers au km 229. Là, devait se jouer la suite de l’aventure pour cette journée. Jusqu’où pourrais-je ou aimerais-je aller ? Il n’était pas loin de 22h30, j’avais envie de pousser bien au-delà de Fontanges. La descente « à faire pleurer les releveurs » vers Fontanges, je la débutai prudemment car mes pieds étaient bien échauffés et venaient taper le bout de mes chaussures occasionnant quelques douleurs, mais je trouvai néanmoins une allure tranquille. La pluie s’invita, mais les arbres m’en protégeaient jusqu’au moments où ils se firent plus rares puis disparurent me laissant me faire tremper. Avec Jean-Paul on avait prévu un ravitaillement à Fontanges (km 234) et lorsqu’il gara le camion sur le bas côté, nous avons décidé de stopper là pour ce soir si la pluie persistait. Je voulais monter au Legal (km 248), au moins jusqu’au col de St Georges (km 242) mais sans garantie de pouvoir rester sec car la pluie tombait de plus belle. Donc ce fut la fin de cette journée. Total : 112,5km et cumul depuis Lignac 234,5km.
Même rituel qu’hier, toilette rapide, changement de tenue, collation avant de me coucher et de m’endormir assez difficilement car une fois allongé les douleurs un peu partout se réveillèrent. Je réussis à trouver une position « antalgique » pour enfin m’endormir.
Troisième journée : 22 juin.
Réveillé avant l’heure prévue, 4h45 au lieu de 5h15, je me mis rapidement en tenue, pris mon petit déjeuner, le même que la veille et me mis en route. Il était 5h45, il ne pleuvait plus mais le temps était gris. Il ne faisait pas froid et j’avais enfilé mon vêtement de pluie juste par dessus un maillot à manches longues. La route était en léger faux plat montant ce qui constituait une bonne rampe d’échauffement et de lancement sur 4km avant d’attaquer les cols. Je fis une pause technique assez longue avant de reprendre ma route et apercevoir au pied de la montée Nicole, Hervé et sa femme. Gérard avec sa trottinette était déjà parti depuis un bon moment effectuant la montée en marchant, Hervé n’allait pas tarder à le suivre de la même manière alors que moi j’entrepris comme la plupart du temps de courir et de n’avoir recours à la marche que de très rares fois. Je n’ai pas une tête de grimpeur, mais je n’y suis pas manchot non plus. Alors c’était parti pour presque 10km pour atteindre l’altitude de 1231m (bas de montée 725m). J’admirais le paysage et au gré de quelques virages j’apercevais la vallée embrumée. Des prés avec le son des cloches des vaches paissant tranquillement tout en regardant les coureurs passer, des petits bois ou des forêts, au fond, la trace d’un cours d’eau. Le bruit des ruisseaux qui s’écoulaient, celui de petites fontaines ou d’écoulements dans les fossés berçaient ma chevauchée. Le temps était toujours gris, donc pas trop chaud et j’étais bien. Je touchai le Col de St Georges (3,6km en 30’ qui correspondait aussi au passage des 48h de course pour 242km) puis dégustai une petite descente avant de reprendre l’ascension vers le point culminant de cette LILO 500km, le col du Legal situé à 1231m d’altitude (5,8km en 49’). 1h19’ pour cette montée de 9,4km et 500m de dénivelé positif, j’avais fait le taf. Là, un petit ravitaillement et les retrouvailles avec Gérard et sa trottinette puis ce fut la descente vers les cols de Bruel et de la Croix de Chelles suivie de la longue route des crêtes assez bosselée avant une descente sèche sur Aurillac. Le soleil était présent et j’en ressentais les effets tant positifs que négatifs, mais c’était toutefois mieux que de la pluie. Gérard et sa trottinette me dépassa et je ne le reverrai plus avant Lodève. Un peu de vent était le bienvenu, me rafraîchissant quand j’en avais besoin. Je fus quelques hectomètres durant accompagné par un chien (type Border coolie) qui me suivait et voulait jouer. J’eus du mal à m’en débarrasser et dus jouer un peu avec lui en lui jetant un bâton qu’à chaque fois il me rapportait. Mais c’était dangereux pour lui quand des automobiles arrivaient et l’une d’elles s’arrêta constatant que le chien n’était pas le mien. La conductrice eut du mal à l’attraper mais réussit et l’emporta pour le rapporter quelques kilomètres en amont. J’apercevais Aurillac lors de quelques virages et je souhaitais vivement y arriver tôt car cette ville longue à traverser marquait elle aussi un cap dans ma journée de course. Nous fîmes une pause ravitaillement à 11h30, juste à l’entrée de la ville, km274, et ce petit quart d’heure nous permit d’établir un plan de route pour la suite. Je me débrouillerais tout seul jusqu’à Arpajon 6km plus loin pendant que Jean-Paul irait acheter de quoi renflouer le stock de ravitaillement.
Je réussis à traverser la ville sans soucis, le fléchage était très repérable et j’avais déjà emprunté cet itinéraire l’an dernier, certes un peu différent de celui des Transe Gaule. A midi et demie, nous nous retrouvâmes et après une courte remise à niveau des bouteilles je repartais. La portion de route qui suivit fut le moins bon moment de cette aventure. D’abord la montée vers Sénilhès avec des bas-côtés non fauchés et des voitures qui roulaient assez vite me contraignirent à plus souvent marcher qu’à courir. La suite n’était pas meilleure jusqu’à la petite route vers Cabrespine où je recouvrai enfin de la sérénité. L’orage mental était passé. Enfin la tranquillité de la campagne ! Prochain objectif : passer le Lot au km 320. Le passage par les villages ou hameaux aux noms chantants de Prunet, La Feuillade-en-Vézie, Lacapelle-del-Fraisse, Cassaniouze (km 310) me rapprochait inexorablement de mon objectif pour la journée. J’avais passé les 300km en 56h30’. J’avais chaud parfois car le soleil tapait fort quand les nuages disparaissaient. Bientôt la longue descente sur le Lot et son parcours assez ombragé. Je pensais me régaler à dévaler le bitume, mais ce fut plus dur que prévu en raison de mes échauffements plantaires et de mes orteils douloureux. Je ne voulais pas risquer d’attraper des ampoules invalidantes pour le reste de l’épreuve. Quand j’arrivai à Grand-Vabre, juste après le franchissement du Lot, j’étais soulagé d’en avoir fini et je me reposai en me ravitaillant et en changeant de tenue car maintenant l’objectif suivant était d’arriver au moins jusqu’à Marcillac (km 344) pour y passer la nuit. Il restait 23km et la route était plate ou en faux-plat légèrement montant donc il n’y avait pas de difficultés particulières sinon de faire attention aux automobiles et d’éviter de prendre trop de soleil dans le dos car il faisait encore chaud malgré la fin de journée. A 23h10 je suis arrivé à Marcillac où je savourai l’éclairage public car de cheminer à la frontale dans la nuit noire sur des routes parfois en ligne droite ça devenait monotone. Je traversai la ville avant de commencer à escalader le mur qui devait me mener à Rodez par un itinéraire moins périlleux que le plus direct sur lequel j’étais avant. Avant la pause nocturne, je souhaitais m’être débarrassé au moins de cette longue côte en lacets. La fatigue devenant plus forte et mon allure de déplacement pas assez rapide, je décidai de stopper au kilomètre 348 presque sur le plateau qui mènera à Rodez demain. Il était plus tôt que prévu, 23h20, mais j’avais mon compte. Je me couchai une nouvelle fois sans avoir pu prendre de douche mais après avoir fait une toilette complète rapide. Je mangeai un peu avant de me coucher et d’espérer bien dormir.
Quatrième jour : 23 juin.
Le réveil, la mise en tenue, le petit déjeuner et ce fut le moment de repartir : 5h45’. La reprise de la course se fit assez rapidement et la succession de faux-plats jouait en ma faveur car variant mes appuis encore un peu douloureux. Il faisait lourd, mais la grisaille permettait de ne pas subir les rayons du soleil et de chauffer trop vite. Les 72h furent atteintes avec 356km au compteur. Je passai à côté du véhicule où dormaient Hervé et sa femme, la trottinette étant garée à côté. Hervé me rattrapera et me dépassera peu avant le chemin empierré permettant de contourner la D901 trop dangereuse à cette heure de la journée. Je le rattraperai avant la sortie puis sur la piste cyclable il me distancera de manière définitive. Passer Rodez (KM 363) peu avant 8h n’était pas le bon moment, en pleine circulation, mais j’y parvins néanmoins. La suite n’était pas facile et je savais que je n’allais pas du tout apprécier les 10 kilomètres à venir croisant des dizaines de voitures toutes aussi pressées les unes que les autres. « Sont vraiment cons les gens quand ils vont bosser en bagnole !» me répétais-je et souvent je n’avais pas tort. Passé Flavin, ça s’est calmé, il était 9h30 et je me fixai comme objectif d’atteindre le village prochain. A Trémouilles, km 384, à 11h10, je mangeai mon Nième Bolino, j’en avais prévu deux par jour, et je repris mon petit bonhomme de chemin alternant marche et course au gré de mes envies. Continuer à avancer, c’est mieux que de s’arrêter et de gamberger. Les prés et les champs avaient peu a peu évolué depuis la veille, il y avait plus de céréales et de pâtures pour des moutons. Les 400km étaient proches, j’allais les franchir à 13h35 soit après 78h35’ de course. Encore une quinzaine de bornes avant de basculer vers la vallée du Tarn. Les parcs d’éoliennes étaient nombreux et vu l’orientation de ces moulins à vent modernes, mais bruyants, je vis que le vent allait m’être assez souvent favorable. Je franchis le col de Vernhette (1029m, au km 414) peu avant 16h et pris la direction de St-Rome-de-Tarn avec une longue descente qui me faisait mal aux pieds et me contraignit à ralentir mon allure. Du 8km/h en descente, c’est aberrant car ça peut aussi être mon allure en montée. Mais économiser mes pieds et minimiser le risque d’ampoule étaient devenus ma priorité. Jean-Paul m’attendait à l’entrée de St-Rome (km 428) et me prépara à manger. Je dégustai avec voracité un bol de lait avec des céréales ainsi que du pain avec du fromage de Salers, salé à souhait. Nous avons aussi recalé les objectifs avec en guise d’objectif, pour moi, d’arriver au moins à St-Beaulize (km 461) voire Fondamente (km 464). Ainsi ça pourrait permettre d’écourter la nuit et de repartir tôt. Mais à 18h30, quand il reste 36km avant l’objectif soit au bas mot 6h de course, ça paraît difficilement réalisable surtout que le profil vallonné n’allait pas être un véritable allié. Je passai Roquefort peu après 21h puis le col des Aiguières trois-quarts d’heure après et enfin la descente qui suivit terminée, je me retrouvai sur le plat. Les panneaux indiquaient St-Beaulize à 11km et Fondamente à 14km ce qui me parut interminable avant de pouvoir me reposer. Je tentai pourtant d’avancer le plus possible et avec ma frontale je voyais apparaître des yeux d’animaux dans les champs, sans doute des chats en train de chasser, parfois des vaches surprises par mon arrivée et qui se sauvaient en courant. Nous avons tergiversé plusieurs fois avec Jean-Paul avant de prendre la décision de marquer notre arrêt au lieu-dit le Vialaret au km 456. Il n’était que 23h15. Plus que 44km à faire le lendemain. La toilette et le couchage après une petite collation s’effectuèrent sous la présence de nombreuses mouches agressives. Nous étions à côté d’une ferme et d’une étable, alors normal !
Dernier jour, 24 juin.
Lever avant 5h pour un départ à 5h40 et 44 bornes à faire plus sans doute 4 supplémentaires en raison d’une déviation avant Lodève. Je souhaitais mettre moins de 4 jours et 6h, voire moins de 100h alors il n’allait pas falloir musarder en route. Je passai les 96h avec 466km environ, sautai par dessus le col de Pérail (636m) 3km plus loin descendis vers le pont sur l’Orb peu après Le Clapier (km 478). 3,5km de remontée vers Roqueredonde puis 2 jusqu’à la fourche où on indiquait que la D902 était coupée et qu’il fallait passer par la déviation et ses 4,3km de plus à faire. À ce km 484,5 il était 9h55. Jean-Benoît, dans l’optique de la future MiMil’Kil avait demandé s’il y avait un ou des volontaires pour tenter le coup et passer par la route directe, celle avec les travaux. Concertation avec Jean-Paul et je décidai de la prendre. J’interrogeai un conducteur de camion provenant du chantier sur la possibilité ou non de passer pour un piéton et il me répondit par l’affirmative. Je pris donc la route directe, celle prévue dans le road-book. Presque 3km après, je rencontrai le chantier non sans avoir croisé ou été dépassé par des camions bennes. Je vis que la grille était grande ouverte alors j’avançai tranquillement et avisai deux techniciens géomètres sur le fait de pouvoir ou non passer. Ils me répondirent que normalement il aurait dû y avoir un panneau annonçant l’interdiction de passage au public, piétons et cyclistes inclus. La longueur du chantier n’excédait pas 100m et je leur demandai s’il y avait néanmoins la possibilité matérielle de passer. Ils me répondirent que ce n’était pas infaisable, alors en les remerciant je poursuivis ma descente après avoir enjambé la glissière de sécurité et contourné la grille du chantier. Ma descente fut douloureuse, mais elle l’aurait été tout autant si j’avais pris la déviation. Après un coup de fil à JBJ que j’informai de la situation je recourus et profitai à la fois du vent frais, de l’ombre et de la très belle vue sur la Méditerranée. Je parvins au panneau d’entrée de Lodève (km 496) vers 11h35. 4Km en moins de 25’ ça allait être chaud mais je tentai le coup. Je traversai la ville mais profitai de la présence de Jean-Paul pour m’alléger et ne conserver que ma bouteille et mon petit sac à dos avec ma balise. Je passai la ligne d’arrivée en 101h07’42’’ sous quelques applaudissements des personnes présentes dont le propriétaire du camping. Avec Jean-Paul on se congratula, on m’offrit une petite bière et je commençai peu à peu à réaliser que j’avais fini … et que dans moins de 10 jours j’allais remettre ça.
à+Fab
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Par fabcentkm1 le 29 Juin 2020 à 20:33
Comment raconter une MilKil alors qu’on est habitué à raconter des courses à étapes ?
D’abord, il faut une bonne mémoire car point de CR quotidien n’est possible sous peine de réduire son temps de récupération. Ensuite, retrouver la chronologie des événements afin de conserver une certaine cohérence dans le propos. Enfin, ne pas inonder le lecteur de chiffres, de moyennes, de temps de passage, même si quelques uns viendront nécessairement éclairer le discours.
C'est quoi au fait la MilKil ? Une course en ligne de 1000km de Saint-Malo à Sète. Départ commun à 6h30 arrivées échelonnées jusqu'au 14ème jour 6h30.
Peut être courue en solo ou avec assistance ou un peu des deux.Premier jour
Bon, nous voilà au départ, sur la plage du Sillon à Saint-Malo, nous sommes le dimanche 14 juin, il est 6h15 et l’incertitude de pouvoir prendre le départ ainsi que la « minimisation forcée de l’entraînement » font que l’appréhension n’est pas si grande que celle crainte. Pour cause de mesures sanitaires, nous n’avons pas pu nous retrouver longtemps avant le départ et la veille nous n’avons pas pu voir tout le monde et rester plusieurs heures à bavarder chaleureusement. D’un certain côté, ça m’a ôté toute sorte de pression, moi le débutant sur cette course mythique. Entouré de grands noms, de ceux qui ont écrit l’histoire de cette épopée, je n’ai qu’un souhait à ce moment-là, c’est de les rejoindre dans le gotha des MilKillers.
Les jours qui ont précédé ce grand départ j’ai appris que l’accompagnateur de Ludo, un coureur belge, se retrouvait libre car son coureur ne pouvait pas entrer sur le territoire français avant lundi et il ne souhaitait pas débuter la MilKil avec 48h de retard sachant toutefois que le chronométrage aurait tenu compte de ce décalage de deux jours. Je fus mis en liaison avec Jean-Paul avec qui je m’entendis aussitôt et nous décidâmes alors que je ne courrais pas en solo. Ce fut une libération car je m’étais entraîné à porter un sac assez lourd afin de ne manquer de rien et j’avais pointé plusieurs lieux d’arrivée où je devais dormir dans des hôtels. Mais aurais-je tenu la distance afin de les atteindre à temps ?
Je louai donc un petit utilitaire de 6 mètres cubes dans lequel j’installais mon lit de camp, et tout le matériel pour courir et me changer ainsi que toute l’intendance pour que mon suiveur puisse me ravitailler et me préparer à manger. Quand nous nous sommes retrouvés, nous nous sommes organisés, je lui ai dit mes attentes, il me suggéra d’autres petites choses et au bout du compte nous étions sur la même longueur d’onde.
Retour sur la plage, il est maintenant près de 6h30, heure H, le ciel est dégagé malgré quelques nuages et la température est assez agréable mais on nous a annoncé la possibilité d’avoir des averses. Pas le temps de bavarder et c’est le compte à rebours et le départ. On quitte le sable pour monter sur le quai et suivre la direction de Cancale. Je me sens bien dès les premières foulées et me retrouve déjà distancé par quelques fusées tout en étant quand même dans les 10-15 premiers. J’ai organisé ma journée de la façon suivante : un ravitaillement en liquide tous les 10 kilomètres, un en solide tous les 20 kilomètres, un arrêt repas léger au 40ème, un autre plus conséquent au 60ème, une petite collation au 80ème puis un vrai repas au 100ème. Selon l’avancée à cet endroit, je déciderais si je poursuis ou pas la journée. Je misais sur 120km le premier jour c’est à dire jusqu’à un peu avant Vitré.
Dans les faits, ce scénario est à peu près respecté jusqu’au sortir des polders, où je fais une pause repas juste après Beauvoir. La route menant de Saint-Malo à Cancale est agréable à suivre, il y a très peu de circulation, on rencontre quelques jeunes en fin de nuit dans un état alcoolisé certain – et dire qu’à Sète on risque de retrouver le même genre de fêtards selon l’heure à laquelle on passera - les paysages se laissent admirer, la côte et la mer sur la gauche, la campagne, ses champs et ses zones boisées sur la droite. La route se bosselle peu à peu et il faut se concentrer un peu plus pour ne pas passer dans la zone rouge, celle qui fait que la fatigue survient plus rapidement et sans prévenir. Je discute avec quelques concurrents que je connais pour la plupart, mais j’en découvre d’autres aussi. Au fil des bornes, une certaine hiérarchie s’installe, certes précaire car on ne sait pas de manière certaine si on va tenir ou craquer – mais il n’y a pas de surprise particulière. Stéphane me dépasse avant la sortie de Saint-Malo et c’est un plaisir d’échanger quelques mots avec lui car je sais que sauf gros pépin nous ne nous reverrons pas avant Sète. Avec d’autres coureurs nous allons faire de l’accordéon pendant plusieurs heures voire plusieurs jours selon la fréquence et la durée de nos arrêts respectifs. Sur les hauteurs, je réussis à apercevoir le Mont Saint-Michel où je devrais arriver quelques 5 heures plus tard. La descente après Cancale amène sur une route toute plate et je suis surpris d’apercevoir des kangourous dans un enclos et encore plus étonné de voir des lamas quelques kilomètres plus tard. On traverse la France, l’Australie ou le Pérou ? Peut-être les Pays-Bas aussi aurait-on pu se demander quand des moulins apparaissent sur notre parcours. Je me souviens m’être fait dépasser par des sioux lors de mon unique marathon du Mont-Saint-Michel, en 2000, est-ce l’effet des polders qui transforme la perception des choses ? Tout cela me divertis néanmoins et aide à faire passer le temps. Je retrouve comme prévu Jean-Paul pour des ravitaillements express et parfois un peu plus long quand il me propose une soupe de pâtes chinoises ou autre chose qui donne envie.
Jusqu’alors, le temps se tient au sec et il y a quand même une petite pluie rafraîchissante à un moment où la chaleur des zones non ombragées commence à se faire sentir. Un brumisateur géant, ça fait du bien. J’ai une hâte, celle d’en finir avec cette partie pour arriver à Beauvoir et quitter le parcours connu pour découvrir les 160 kilomètres en « terra incognita » cette portion de la MilKil que je n’ai jamais empruntée en courant jusqu’à Saint-Augustin des Bois où je dois retrouver mon terrain de jeu préféré, le parcours de la Transe Gaule.
Une photo sur le pont de Beauvoir avec le Mont en arrière plan et je rejoins mon assistant qui m’a préparé une collation un peu plus consistante tant la faim me titille. Je suis sur le même parking que Popol (Philippe Pollesel) avec qui j’échange quelques mots très cordiaux et je sens que nous sommes déjà chacun rentrés dans notre bulle. Auparavant, j’avais couru quelques hectomètres avec Annie Paringaux et Louis Fouquet, deux habitués déjà milkillers et ils étaient partis au train devant. Laurent Saint-Martin en solo me dépasse pendant que je mange tout comme Jean-Louis Vidal.
Après cet intermède régénérateur, je repars et me fais pointer au niveau de la biscuiterie Saint-Michel où après un dernier coup d’œil au Mont va commencer la vraie descente vers le sud et la Méditerranée. C’est un beau roman, c’est une belle histoire qui commence pour moi, mais pas sur la Nationale 7, juste sur la D275.
La météo annoncée au maussade va se vérifier, pour une fois qu’ils ne se trompent pas je vais y avoir droit. De longues heures durant je vais jouer à mettre puis ôter puis remettre mon vêtement en Gore-Tex qui certes arrête bien la pluie mais qui a aussi l’avantage de proposer une douche intérieure si bien que je me retrouve trempé par ma propre transpiration. Le principal est de ne pas avoir les chaussures gorgées d’eau ce qui entraînerait l’apparition trop précoces d’ampoules. Ce régime de douche écossaise va me faire arriver néanmoins à Saint-James puis Fougères où je franchis le dixième de la course. Kilomètre 100 ! Avec Jean-Paul, on se donne rendez-vous à la sortie dans trois ou quatre bornes pour un nouveau vrai repas et pour faire un point de la journée et opter pour une stratégie de course en soirée et de nuit. Gérard Habasque est là, avec ses filles comme accompagnatrices, juste de l’autre côté de la route où nous avons stoppé. Arrivé vers 20h15, je repars repu et en tenue de nuit avec l’objectif d’arriver à Vitré avant minuit pour y passer la nuit si j’en ressens le besoin. Le parcours est vallonné depuis Saint-James, kilomètre 80, où j’ai changé de chaussures car la première paire était trempée ; dans le crépuscule les pentes ne semblent pas aussi effrayantes qu’en plein jour. J’essuie une nouvelle douche froide et suis contraint de m’abriter dans l’entrée d’une maison abandonnée, l’eau ruisselle sur la route et ne permet pas de courir à moins d’un mètre du bas-côté. Comme la circulation en ce dimanche soir est peu intense, ça ne pose pas de soucis mais il faut anticiper et se « cacher » dans une entrée de chemin ou autre pour ne pas se faire éclabousser. La fatigue nerveuse et l’inconfort d’être tantôt trempé, tantôt sec, ne m’invitent pas à poursuivre trop longtemps mon avancée pour cette première journée et comme Jean-Paul commence sans doute aussi à avoir envie de dormir, nous trouvons un lieu à la sortie de Vitré sur un parking éclairé pour nous arrêter et passer la nuit. Il est minuit quinze. Premier test des installations : la douche solaire accrochée aux portes arrières du camion, de l’eau presque tiède, je me lave pendant que Jean-Paul prépare le couchage. Je dors sur mon lit de camp dans le camion avec mes valises glissées au-dessous et Jean-Paul dort à côté de mon lit sur son matelas. Il est minuit 15, nous sommes au kilomètre 132 environ et nous décidons de mettre le réveil à sonner pour 5h15. J’ai déjà préparé ma tenue pour le second volet de notre aventure.
Bilan du premier jour : 132km.
Deuxième jour
Je n’ai pas très bien dormi, j’ai eu froid alors quand je me réveille, c’est dur. Je me prépare, m’habille et ingurgite un petit déjeuner composé de café au lait et de pains au lait avec de la confiture. L’appétit n’est pas grand, alors je me force. Je finis de me mettre en tenue et quitte le camion à 6h05. Le temps est frais mais il est sec et mes premières foulées sont satisfaisantes. Pendant mon arrêt, je me suis fait dépasser par nombre de coureurs, mais je le savais alors je me mets en quête d’en remonter le plus possible. Je dois faire un arrêt technique de plusieurs minutes à la sortie d’Argentré-du-Plessis et je reprends le cours de mon aventure. A Gennes-sur-Seiche je décide de pousser jusqu’à Cuillé pour pouvoir me ravitailler en liquide et grignoter quelques aliments secs. Jean-Paul a trouvé un café d’ouvert où nous prenons un grand crème et des gâteaux et je mets ensuite le cap sur Craon qui constituera le premier vrai arrêt pour me restaurer plus convenablement. Les longues lignes droites sont fastidieuses et pour ne pas trop regarder à l’horizon je baisse ma casquette pour ne voir que les 50 mètres de devant tout en jetant de temps à autres un coup d’œil au paysage. Parfois je me fais surprendre en découvrant un copain de course arrêté pour se changer ou se ravitailler au détour d’un chemin. Il y a peu de circulation en ce lundi matin mais les quelques camions croisés brassent beaucoup d’air et me poussent à rester prudent. La traversée de Segré, kilomètres 188 à 190, n’est pas facile, il faut jongler entre les trottoirs, les giratoires, la sinuosité de la route principale et rester concentré sur le fléchage d’autant plus qu’au sortir de ce gros bourg, une déviation a été mise en place et nous rallonge de deux kilomètres environ. A Marans, je veux pousser jusqu’à Vern où je franchirai le 200ème kilomètre. Encore une grosse averse et je dois éviter les flaques sur la route, je cherche quelque abri sous des arbres, mais persévère pour m’arrêter à la sortie du village où m’attend Jean-Paul. Je me change, change aussi mes chaussures pour la suite que j’espère sans pluie. Je prends le temps de manger quelque chose, boire une soupe et avaler quelques morceaux de banane. Mon objectif du jour est au moins d’arriver jusqu’à Chalonnes où un dernier repas me préparera à passer le début de nuit sur la route. Il reste 30 kilomètres et ça doit pouvoir se faire en 4 heures. Comme il est 17h passées, j’ai bon espoir de voir la ville où j’ai résidé il y a 30 ans encore en plein jour avec un coucher de soleil en prime sur la Loire. Mais avant, il faut se coltiner cette interminable route droite vers La Pouëze puis Bécon-les-Granits et Saint-Augustin-des-Bois où je vais pouvoir courir dans mon jardin, c’est à dire sur le parcours de la TranseGaule. Ce sera la 10ème fois que j’emprunterai ce parcours. Quelques micro-ravitaillements sont nécessaires dans chacun des villages traversés pour continuer à avancer. Je n’ai pas de douleurs, juste des frottements du sac à dos qui piquent avec la sueur, mais je poursuis en me régalant des paysages et des souvenirs qu’ils suscitent. Combien de footings ai-je fait sur cette route et sur les îles de part et d’autre. Je franchis les ponts sur la Loire et rencontre Charles Payen juste avant de tourner à droite à l’entrée de Chalonnes. Il est Milkiller et sa visite me fait très plaisir car on se connaît depuis de nombreuses années et avons couru des TranseGaule, Loire Intégrale et Via Iberica ensemble. Un petit selfie et je repars vers mon camion qui m’attend pour le repas vers la sortie de la ville. Il est 21h30 quand je fais ma dernière pause repas de la journée. La météo semble s’être calmée, il n’y a plus de risque de pluie d’ici la nuit. Après une vingtaine de minutes d’arrêt, je repars en me donnant comme objectif d’aller le plus loin possible avant la nuit, pourquoi pas jusqu’à Beaulieu-sur-Layon. En fait, comme j’ai marché dans la montée vers la Haie Longue pour téléphoner à Pascale, j’ai perdu un peu de ma vivacité et le sommeil commence à se faire sentir. A 23h30, avec Jean-Paul, nous décidons de faire une halte pour la nuit sur une aire de pique-nique à Rochefort, au lieu-dit le Grand Beauvais. Nous avons fait 240 kilomètres environ depuis Saint-Malo, presque le quart de la MilKil !
Bilan du deuxième jour : 108km.
Troisième jour
La nuit fut telle à la précédente, j’ai eu froid, du mal à trouver une posture où je ne ressentais pas des douleurs aux jambes si bien qu’au petit matin, à 5h quand le réveil sonne, je suis encore dans les vapes. Petit déjeuner, mise en tenue et nouveau changement de chaussures, faut faire tourner les paires pour ne pas faire de jalouse. Je mets un coupe-vent dans la fraîcheur matinale et je commence ma journée de course vers 5h50. L’objectif du jour est d’atteindre Châtellerault mais rien n’est moins sûr car il va falloir se payer la route très dangereuse entre Doué et Loudun. Jean-Paul me tient au courant des positions des uns et des autres, je me suis fait dépasser mais comme la veille je vais remonter du monde. Certains sont déjà mal en point, d’autres ont abandonné, surtout des coureurs en solo pour qui ça doit vraiment être la galère. Je mesure ma chance d’avoir pu bénéficier de l’assistance de Jean-Paul. Je dépasse Alexandre Forestiéri plusieurs fois vainqueur de la MilKil mais qui semble en souffrance. J’ai aperçu Jean-Louis Vidal, Pierre-Henri Jouneaux et d’autres. Je fais un arrêt technique à Martigné-Briand, puis me restaure avant de viser Doué où je rêve de pouvoir manger un croque-monsieur ou quelque chose de salé ou des viennoiseries. La fin du parcours dans le Layon se passe bien, quelques côtes viennent pimenter l’aventure et de grandes routes sans ombre prennent la suite. Peu de véhicules fréquentent cette région à cette heure, mais quand on en croise, il faut rester sur ses gardes. Je passe le panneau Doué-la-Fontaine mais je sais d’expérience qu’il y a plus de 1500m pour être dans le centre de la ville. Je m’attends plus ou moins à voir des gens connus comme Rudy mais je me dis qu’il doit être en plein boum au zoo. Je me ravitaille brièvement à Doué, pas avec ce dont j’avais rêvé mais je me contente de ce que Jean-Paul me propose et décide qu’un vrai repas sera mieux positionné à Montreuil-Bellay où il y a des commerces et des restaurants. Mais, ce n’est pas facile de tournicoter dans une ville médiévale avec un fourgon et Jean-Paul s’est un peu égaré si bien que je me retrouve à la sortie de la ville sur la route de Loudun avant lui. Il me rattrape avant le dernier giratoire où il me ravitaille. On a fait 50km et je veux au moins en faire autant voire dix de plus d’ici la nuit. Je repars un peu avant 14h pour affronter la route de la mort. Que de camions ! Et à chaque fois que j’en croise un je dois tenir ma casquette d’une main, souvent je me réfugie sur le bas-côté au risque de me faire une entorse, parfois comme il pleut un peu je reçois des gerbes d’eau. Mais j’avance… Après plus de 2h de galère et une pause ravitaillement d’une dizaine de minutes, je tourne enfin pour prendre une petite route sinueuse et vallonnée mais qui permet de digérer ce mauvais plat de poids lourds. J’arrive à Loudun par un côté que je ne connais pas ce qui donne l’impression que le temps ne passe pas vite. Je sais qu’ensuite je vais retrouver avec une joie mesurée ma D14 chérie qui conduit à Châtellerault. On traverse Mont-sur-Guesnes, ville-étape de la TranseGaule où je n’ai pas assez faim pour m’arrêter manger et je poursuis jusqu’à Berthegon où je me ravitaille et change de tenue. En mode nuit qui tombe, je choisis l’option prudence en enfilant la veste de pluie car ça menace au loin et je risque à tout moment de me prendre une bonne douche. D’ailleurs ça ne tarde pas, les pronostics étaient bons et je me retrouve sous une forte averse au niveau de Sossay (ça ne s’invente pas) où je retrouve sous une aubette de bus Pierre-Henri Jouneaux qui s’y est réfugié depuis peu. J’attends quelques minutes puis croyant que le temps allait s’améliorer je repars mais n’ai-je pas fait cent mètres que la pluie redouble de violence, alors tant pis, je fonce quand même et ferai plus tard l’état des lieux. Je cours encore une heure, sèche un peu et décide d’un commun accord avec Jean-Paul de stopper là la journée. Il est 23h15. Jean-Paul, à ma demande avait réservé un hôtel à Châtellerault, ainsi, nous marquons notre point d’arrêt à la bombe, à Thuré devant la mairie, et nous filons en camionnette vers l’hôtel où une bonne douche chaude me réchauffe. La nuit dans un vrai lit devrait me redonner des forces pour la suite. J’ai déjà parcouru environ 348km. La journée n’a pas été si mauvaise que ça en terme de kilométrage.
Bilan du troisième jour : 108km.
Quatrième jour
Après une bonne nuit, trop courte, je me lève et me mets en tenue. Nous prenons le petit-déjeuner à l’hôtel et reprenons la route vers Thuré pour repartir de la marque laissée à la bombe la veille. Nous ne croisons personne, aucun coureur, et quand Jean-Paul fait le point des avancées individuelles nocturnes, je vois que j’ai pris un bon retard, mais je lui rappelle que mon objectif est quand même d’aller jusqu’à Sète et que le classement m’importe moins. Mais il a raison de me secouer un peu et ça me rassure car parfois j’ai l’impression qu’il est fatigué et je n’ose pas lui demander de poursuivre la route un peu plus longtemps. Mais comme on s’entend bien il n’y a pas de soucis.
Il est 6h50 quand je redémarre. Une heure de « perdue » dans les transferts, mais une nuit relativement régénératrice, quand on fera la balance en fin de journée on verra si ce fut une bonne chose. En tout cas, j’ai des jambes et reconnais immédiatement les lieux de mes passages antérieurs. Reste à bien traverser Châtellerault et à se retrouver sur la route de Targé. Ce n’est pas une mince affaire. Pour moi, ça va, je connais les lieux, mais en véhicule c’est plus délicat. Je suis rendu à la sortie de la ville et je n’ai toujours pas revu Jean-Paul, je ne m’inquiète pas. Je suis contraint à un arrêt technique en urgence et quand je repars, la pluie se met à tomber violemment. Je suis de nouveau trempé et la journée ne vient que de commencer. Je retrouve Jean-Paul un peu plus loin et on se donne rendez-vous à la sortie de la route de Senillé quand on rejoint notre chère D14, à 10 kilomètres de Pleumartin. J’effectue là un long arrêt pour bien m’alimenter et commence à préciser l’objectif du jour : l’idéal serait d’arriver à Saint-Sulpice-les-Feuilles, autre ville-étape de la TranseGaule. Je vais tout mettre en œuvre pour y parvenir. J’ai rattrapé Patrice Loquet qui était reparti de Pleumartin avant moi et comme mon allure de course était plus rapide que la sienne je le laissais, mais de toute façon, je n’aime pas courir avec d’autres personnes sauf de temps en temps pour bavarder quelques minutes. On a prévu de faire un ravitaillement à Angles-sur-l’Anglins, dans un restaurant si possible, mais Jean-Paul qui y est allé faire un tour en est revenu en disant qu’il n’y avait rien d’ouvert. Bon, je me contenterai des pâtes aux œufs brouillés dont je commence à me lasser et j’aspirerais plus à ce moment à dévorer un croque-monsieur ou quelque chose dans le genre. Je repars en ayant pour cible Le Blanc qui est au kilomètre 404. Les noms des villages chantent de bons souvenirs quand je les traverse, Fournioux, Asnières, Sauzelles, St-Aigny et j’arrive enfin à Le Blanc sachant que je ne traverserai pas la ville et que je ne verrai aucun commerce sur mon passage où j’aurais pu m’acheter une pâtisserie ou autre gourmandise. La pluie est revenue, pas franchement si bien que je joue un long moment à enfiler puis à retirer ma verte protectrice. Je passe devant le Centre Administratif de la Gendarmerie Nationale où je vois des militaires revenir de leur footing. La suite sera plus humide ce qui me contraindra à effectuer un nouvel arrêt à Mauvières afin de me changer. Je conserve néanmoins mes chaussures après avoir changé de chaussettes et essoré la semelle. Encore un gros marathon pour atteindre l’objectif du jour. Je repars, direction Belâbre puis le joli pont sur la Gartempe où je me souviens avoir été filmé par France 3 avec Ulrich Zach un coureur allemand lors d’une TranseGaule. Il y aura bientôt le ravitaillement de Chaillac où j’espère arriver avant la nuit pour pouvoir en repartir et dormir à Saint-Sulpice-les Feuilles. La route monte, je m’en rends compte car la succession de bosses est forte et j’ai l’impression que les montées sont plus longues que les descentes. Il est 20h, le soleil donne encore quand je passe Lignac et Jean-Paul m’informe que Pierre Henri a une demie-heure d’avance. Peu m’importe, peut-être le verrai-je à Chaillac où je me doute qu’en tant que coureur solo il ne va pas manquer de bien s’y restaurer, voire d’y prendre une douche et peut-être – j’en doute – d’y dormir. Je ne m’arrête qu’un quart d’heure à Chaillac, le temps de manger une salade et un steak avec des pommes de terre. Je n’ai pas envie de traîner là même si plein d’amis sont présents avec qui j’aurais pris trop de plaisir et de temps à parler. Mais je ne veux pas casser ma dynamique qui me pousse vers Beaulieu puis Saint-Sulpice. Je vois néanmoins Bob qui a abandonné blessé à une cuisse, et Pierre-Henri qui finit de se restaurer. La reprise de la course en mode nuit est sympa, la frontale éclaire la route et les arbres, des petits yeux brillants me regardent, ce sont des vaches, parfois des chats, d’autres « je ne sais pas » et il m’arrive de me faire peur quand dans un fourré j’entends un animal qui est aussi surpris que moi détaler en faisant bruisser le feuillage. Après Beaulieu, un bon coup de barre sape mon objectif et avec Jean-Paul, on décide de s’arrêter à Lareux où je sais qu’il y a un petit étang au bord duquel nous devrions être tranquilles. Il est 23h30, j’ai presque atteint les 450km. Le contrat du jour est presque respecté. On le finira demain.
Douche fraîche au cul du camion, il y a du vent et la bâche protectrice me permet simplement d’être caché à la vue des éventuels passants qui à minuit ne sont pas nombreux.
Bilan du quatrième jour : 101km.
Cinquième jour
Le rituel du lever fait de moi un automate : j’enfile ma tenue, je prends mon café au lait dans lequel je trempe des boudoirs, déguste un bol de lait froid avec des corn flakes et je pars, vers mon nouveau challenge. Pendant mon repos, des coureurs sont repassés devant. Qui ? Quand ? Je n’en tiens pas compte, je fais ma course pas la leur. On contrôlera plus tard s’il y a besoin. Aujourd’hui je souhaite au moins arriver jusqu’à Faux-la-Montagne, Peyrelevade étant un peu trop loin après. Donc si j’arrive à courir au-delà de Faux, je serai ravi. Les premiers kilomètres se déroulent bien, des flots de souvenirs me bercent dans une douce nostalgie, mes fantômes m’accompagnent, coureurs des 9 TranseGaule qui ont à un moment couru ici avec moi. Quand j’arrive à Saint-Sulpice, il est à peine 7h du matin, ça va faire une heure que j’ai repris. Là, le parcours habituel cède la place à la route plus directe et aussi, je le constate rapidement, beaucoup moins vallonnée. Il n’y a pas beaucoup de trafic et c’est assez plaisant. Je vais arriver à La Souterraine assez tôt. On s’arrête un peu avant pour me ravitailler. Je n’ai toujours aucune douleur, quelques gênes dans les chaussures dues aux frottements et auxquelles je reste vigilant pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Les releveurs vont bien, les quadriceps ne sont plus douloureux, les mollets aussi. Tous les voyants sont au vert. Seul bémol, mon alimentation qui devient plus difficile car je n’ai plus de goût à certaines choses que j’ai fait acheter à Jean-Paul et ça m’ennuie car il se démène pour me faire à manger et je ne le fais que du bout des lèvres. Parfois il anticipe et prépare des petites douceurs que je prends beaucoup de plaisir à manger. Le fait de beaucoup boire et de beaucoup boire sucré doit avoir une incidence sur l’appétit, je l’ai déjà mesuré lors des 24 heures par exemple. A la Souterraine, ça fait vingt bornes que je suis reparti et il faut plusieurs kilomètres pour la traverser et se retrouver enfin sur les routes toutes calmes. Je ressens de plus en plus le besoin d’être ravitaillé plus fréquemment : un ravitaillement à Saint-Priest-la-Feuille, puis le profil se met peu à peu à s’élever, je monte « la Côte » puis passe Chamborand où je remange et recharge mes bouteilles puis Bénévent-L’Abbaye où à nouveau j’effectue un long arrêt. Encore dix bornes et j’aurai fait la moitié de la MilKil. Je me fais doubler par David Le Broc’h juste avant ce 500ème kilomètre au niveau de Leychameau où je m’arrête quelques minutes pour faire des photos, une petite vidéo et faire le point avec Jean-Paul qui est fatigué et à qui je propose de filer plusieurs kilomètres en avant afin de pouvoir dormir une ou deux heures. On se fixe un rendez-vous à Bourganeuf, vers la tour Zizim. Je serai en autonomie pendant tout ce temps, mais ça devrait pouvoir le faire sans problème. Me voilà reparti et il commence à faire chaud quand le soleil perce entre deux nuages. Jusque-là, la météo a été assez correcte, mais on reste toujours sous la menace d’un orage tant de gros nuages sombres nous entourent sur les hauteurs environnantes. Je mène ma barque comme il faut, gérant les divers reliefs, David me repasse devant, je l’avais dépassé lors d’un de ses nombreux temps de repos, et je ne le reverrai plus du tout une fois sur la route plus fréquentée qui conduit à Bourganeuf. J’allais atteindre le panneau d’entrée de cette ville quand soudain il se met à pleuvoir. Le temps de sortir ma veste de pluie et je suis déjà trempé et je trouve un abri sous un arbre, éphémère car les trombes d’eau balaient tout sur leur passage, je me faufile entre les flaques pour chercher un havre de paix en vain. Je décide d’avancer après avoir essayé de contacter Jean-Paul qui me dit qu’il est à l’entrée de la ville, donc pas loin. Je mets du temps à le rejoindre et la pluie a cessé quand j’arrive au camion. J’y pénètre et me change entièrement. Je vais aussi bien me ravitailler car je veux tenir jusqu’à Faux et il y a une longue montée vers Royère-de-Vassivière situé à un semi-marathon d’ici. Nouvelle tenue, nouvelles chaussures, le ventre plein, je repars. Cumulés, mes arrêts du jour dépassent déjà les 90 minutes et il ne faudrait pas que j’y prenne goût. Il est 17h20 quand je sors de la camionnette pour me diriger vers la suite de mon étape du jour. Je rencontre Patrick Kerzerho un coureur rencontré sur la Via Iberica. Il m’accompagne avec sa famille quelques hectomètres et ses encouragements font chaud au cœur. Il me laisse là où la pente est trop forte pour que je la monte en courant. Par la suite, le profil s’adoucit, la route descend même pendant un long moment avant de reprendre son inclinaison moyenne qui me permet de courir jusqu’à le Breuil puis le Compeix où je me ravitaille. Je dis à Jean-Paul d’avancer jusqu’à Royères où l’on fera le point. Il y a un point d’eau pour remplir les jerrycans et peut-être encore des commerces ouverts. Les paysages au crépuscule sont magnifiques, éclairés par un soleil timide souvent caché par de gros nuages menaçants. J’espère qu’il ne pleuvra plus car j’ai eu ma dose et je n’ai plus envie de jouer à enfiler mon coupe-vent. Je passe Royères non sans avoir un peu eu de mal à monter les derniers hectomètres où j’en ai profité pour donner des nouvelles en direct à Pascale par téléphone et je me retrouve dans la descente qui mène jusqu’au lac. Je dis à Jean-Paul d’avancer jusqu’à Faux-la-Montagne pour voir où s’installer au cas où je n’en pourrais plus. Je suis équipé en mode nuit et porte mon ravitaillement pour cette longue période. Au sortir des bords du lac, la montée vers Faux commence et une brume se lève progressivement. C’est beau, j’entends les oiseaux qui se préparent à dormir, j’en aperçois d’autres, prédateurs nocturnes, qui sont aux aguets et qui parfois sortent de leur antre pour fondre sur une proie, petit mulot ou grenouille. Je passe le banc des Gaulois et sais qu’il ne reste plus beaucoup de distance jusqu’à Faux où j’aperçois qu’un café est encore ouvert en contre bas de la route. Mais je n’ai pas envie d’y aller même si une petite bière m’aurait comblé. Il y a plus urgent, enfiler les bornes pour ne rien regretter après. A Faux, on décide de poursuivre au-delà de la sortie et Jean-Paul trouve après le lac une aire de stationnement où se trouve déjà un semi remorque transportant des billes de bois. On fait la halte ici, il est 23h15. Nous sommes au kilomètre 553 environ.
Je prends un semblant de douche dans les mêmes conditions que la veille avec la bâche qui vient se coller à moi telle un rideau de douche d’hôtel bon marché, mais ça fait du bien de se sentir propre quand on va se coucher. La nuit sera courte mais je vais essayer de m’endormir le plus rapidement possible.
Bilan du cinquième jour : 104km.
Sixième jour
Au réveil, il est 5h et je me sens bien malgré le froid ressenti pendant la nuit. Je me dis qu’il faudra gonfler mon matelas de secours et le mettre sur mon lit de camp afin d’avoir une meilleure isolation la nuit prochaine. En attendant, je prends mon petit-déjeuner et enfile paresseusement ma tenue. Je me fixe de petits objectifs consécutifs sachant qu’il faudra arriver au moins jusqu’à Mauriac ce soir, l’idéal étant de dormir à Salers. Pas infaisable, mais il ne faudra pas musarder sur la route et comme je sais ce qui m’attend, j’en salive déjà. Donc il est 5h40 quand je mets les voiles. Dans l’aube naissante, je me régale de ce que je vois, les bois, les champs ou les prairies, le lac de Chamet et la route monte peu à peu vers Peyrelevade. Je fais un arrêt en urgence dans un champ, puis en profite pour me ravitailler et filer ensuite vers l’ancienne capitale de la TranseGaule. A Peyrelevade, je pensais m’arrêter prendre un petit-déjeuner avec des viennoiseries, mais à l’heure où nous passons, il n’y a rien d’ouvert, sauf le bar PMU qui ne vend même pas de quoi prendre autre chose qu’un café. Avec Jean-Paul on s’arrête un peu plus loin pour que je mange. On fait une pause route des … pauses, nom donné à la D21 à cet endroit. Dix minutes me suffisent et je pars à l’assaut du plateau de Millevaches qui se trouve à quelques kilomètres de là. Je me ravitaille de nouveau un peu avant d’être arrivé à l’intersection, puis au carrefour je jette un coup d’œil derrière à gauche pour admirer la chaîne des Puys encore auréolée de nuages plus ou moins menaçants. La route ondule jusqu’à Millevaches et un peu au-delà avant de descendre vars Meymac. On a rendez-vous à la fourche située à 4 kilomètres avant la ville. Comme ça fait plus de 4h30 que je suis reparti de Faux, la faim est plus forte et je prends le temps de bien m’alimenter surtout que Jean-Paul va me laisser jusqu’à la sortie de Meymac où il ira faire des courses dans un supermarché. Vingt minutes d’arrêts et tout revigoré je m’attaque à la montée vers cette petite ville touristique et assez fréquentée. J’y pénètre et une fois dans le centre, je me trompe de direction ayant mal interprété et le road-book et le fléchage. Quand je vois que je ne reconnais plus mon terrain de jeux, je fais demi-tour et retrouve enfin la vraie route. Je suis un peu désabusé et me mets à marcher. Je fais une pause en retirant de l’argent au distributeur puis en m’achetant des gâteaux et des boissons dans une excellente pâtisserie. Qu’ils sont bons les gâteaux locaux, à la crème et au chocolat ! Et les coca et orangina que je bois sont autant de plaisirs. Je suis de nouveau en pleine forme et pars vers la route de Combressol où je retrouve Jean-Paul qui m’a acheté plein de bonnes choses qu’on dégustera quand j’aurai de nouveau faim, soit vers Palisse à une vingtaine de kilomètres de Meymac. Sur cette petite route calme et vallonnée, je franchis les 600km à 13h15 soit à peine 24h après le passage des 500km et j’ai hâte d’arriver à Palisse. Là, j’ai une pensée pour Paulette, ancienne marraine de la TranseGaule chez qui on s’arrêtait naguère boire un coup en ne manquant pas de la saluer. Elle nous a quittés depuis plusieurs années, mais à chaque passage on pense bien à elle. Avec Jean-Paul on fait escale devant le fronton où deux cloches n’attendent qu’une chose, qu’on les fasse tinter. On s’abstient de le faire pour préparer des galettes garnies d’œufs, d’andouille, de knackis et de fromage râpé. J’en engloutis deux avant de finir par deux galettes au sucre. Le tout avec une bière, ainsi je vais pouvoir tenir jusqu’au bas de la descente de la Dordogne. Mais avant, on doit arriver à Neuvic et comme ça fait une demie heure qu’on s’est arrêtés, il ne va pas falloir traîner. Je file donc vers mon prochain objectif : le pont sur la Dordogne. Jean-Paul va pouvoir prendre de l’avance et se reposer en m’attendant. C’est long jusqu’à Neuvic et ça met du temps avant de vraiment descendre une fois que je suis sur la route plus fréquentée vers la Dordogne. Les sept derniers kilomètres sont vraiment en descente et je commence à ressentir une gêne dans mes chaussures ce qui ne me permet pas de dévaler aussi vite que je le souhaite et comme les quadriceps sont un peu endoloris, je cours à mon allure sans chercher à me surpasser. Un kilomètre avant le pont, Jean-Paul s’est installé. Je me ravitaille mais j’ai très envie de dormir. Je m’allonge et sommeille une bonne trentaine de minutes avant de repartir, franchir le pont et entamer la montée vers Mauriac. Quelques photos et vidéos prises sur le pont puis je rentre dans la côte : j’adore et mon allure est bonne, je suis régulier, j’évite d’alterner trop souvent la course et la marche sauf pour les virages en épingle mais j’accumule les kilomètres et ça fait du bien à la tête. J’arrive à la petite fourche – me remémore au passage Jacques Sirat, le cyclonomade, dormant dans son hamac au ravitaillement - où je prends une dernière petite collation avant Mauriac où je demande à Jean-Paul de trouver un restaurant où dîner. L’itinéraire quitte celui de la TranseGaule quelques kilomètres avant Mauriac et le rejoint plus loin en ayant permis d’éviter les camions et voitures qui roulent vite encore en cette fin de journée. Le restaurant trouvé par Jean-Paul est celui où nous allions dîner avec la TranseGaule les soirs des étapes se terminant à Mauriac. Ce n’est plus le même propriétaire, mais le menu est attrayant. Un sérieux panaché en guise d’apéritif, on prend un menu chacun mais c’est tellement copieux que je ne finis pas l’assiette de charcuterie pour pouvoir mieux déguster mon steak purée. On zappe le fromage qu’on emmène avec nous et on termine par une glace. Cet arrêt où je me change par la même occasion nous prend une heure dix et avec le repos de fin d’après-midi, je crains pour l’objectif du jour. Lionel Rivoire arrive au moment du dessert, il s’attable en salle et demande s’il peut dormir à l’hôtel mais pas dans une chambre pour ne pas avoir à payer trop cher. Enfin, il s’arrange comme il peut avec le patron. Il est 21h40 quand je cours de nouveau pour essayer d’arriver à Salers le plus tôt possible. Il n’en est rien, trop fatigués, Jean-Paul et moi nous décidons de nous arrêter à Nuzerolles au kilomètre 654 car le profil vallonné du parcours m’a fait perdre de ma capacité à relancer et j’ai pris goût à la marche en montée ce qui ne fait pas avancer véritablement le compteur. On s’installe, il est minuit, il faut se laver et se coucher. On verra demain pour compléter ce qui manque aujourd’hui.
Bilan du sixième jour : 101km
Septième jour
La nuit est mouvementée car je souffre de douleurs sourdes dues au repos, à la position allongée et je ne peux vraiment en trouver une bonne qui ne me fasse pas mal. Je me couvre bien, je n’ai pas froid et je dors jusqu’au réveil à 5h environ. Les préparatifs et rituels me prennent trois-quarts d’heure et je recommence à courir. Jean-Paul a consulté comme souvent le site SoluChrono pour vois où en sont les autres coureurs, il m’apprend que des abandons ont eu lieu, que des coureurs n’avancent plus bien vite et que d’autres sont passés devant comme Lionel et Patrice. Pierre-Henri est loin devant maintenant. Derrière, j’ai une bonne marge d’avance sur Alexandre et Mimi et les autres sont encore plus loin encore. Je vais essayer de revenir sur les deux plus proches de devant, comme il y a de la montagne et que je n’y suis pas « manchot », je ne devrais pas perdre de temps à défaut d’en gagner. Ma course est fluide, je n’ai pas trop de gêne aux pieds, je cours un peu plus sur les plantes depuis quelques jours ce qui modifie ma posture et ne provoque pas de tendinite comme cela peut arriver parfois. A Salers, je cherche en vain un endroit pour aller aux toilettes, tant pis, je vais dans des fourrés et une fois reparti je tombe sur des toilettes publiques. Tant pis, c’est trop tard. Je vois les accompagnateurs de Patrice et j’ai l’impression qu’ils font des pointages car quand j’arrive ils m’encouragent et repartent aussitôt vers l’avant où se trouve leur coureur. Je vais descendre la route « du Salers de la peur », « celle-qui-vous-nique-les-releveurs », ça tournicote dans tous les sens et au bout d’un moment ça se calme et ça descend normalement de telle manière que je n’ai pas à freiner simplement à me laisser porter par la pente. A Fontanges, je rattrape les deux acolytes Patrice et Lionel que je laisse sur place pour attaquer mon gâteau préféré : la montée vers le col du Légal. Plus de 500m de dénivelé positif en 9 kilomètres, ce n’est pas grand-chose, mais il faut quand même les monter. Je ne fais que de très courtes pauses où je marche et relance dès que je sens que mon allure faiblit. J’atteins le sommet à 9h25 et je m’y ravitaille rapidement constatant que les deux autres coureurs ne sont pas en vue. 9h40 et je file vers les deux cols suivants puis entame la route des crêtes ; J’ai bien chaud, il y a du soleil, l’ombre est rare quand la route n’est pas bordée d’arbres. Les différents paysages se laissent admirer et au détour de quelque virage on découvre les villages des vallées côté est ou côté ouest. A une dizaine de kilomètres d’Aurillac je me ravitaille une dernière fois avant la grande ville où je ne retrouverai Jean-Paul qu’à la sortie. Je me débrouillerai pour acheter si j’en ai besoin de quoi manger et boire. Je passe le 700ème kilomètre à 12h52, soit un peu moins de 24h après le 600ème. A certains endroits on a une vue plongeante sur Aurillac, la ville approche et la dernière descente assez raide vers la ville me rappelle les départs de l’ENILV (Ecole Nationale d’Industrie Laitière) lieu où nous faisions étape lors des TranseGaule « première génération ». Une fois dans la ville, je retrouve des lieux connus mais vite on quitte le parcours « habituel » pour aller au plus court mais pas au plus intéressant pour traverser la capitale du Cantal. Je trouve une boulangerie pâtisserie où j’achète une pizza et une quiche ainsi que deux cocas ; je me mets à l’ombre et m’assois pour manger tranquillement. Je repars vers la sortie interminable d’Aurillac et me fais héler par une personne qui me connaît : Florence Barbier, une amis de Dédé Caroff, un des participants (le plus âgé, 76 ans). Elle m’encourage et me prend en photo. Je repars et trouve enfin Jean-Paul qui est avec des amis à attendre mon passage. On se cale pour la suite et se donne rendez-vous à Arpajon-sur-Cère. Là, nous décidons que Jean-Paul avance par sauts de puce jusqu’à Sénilhès puis je lui demande de prendre encore plus d’avance pour pouvoir s’octroyer un temps de repos conséquent. Il m’attend après Sénilhès quand il faut quitter la route principale pour courir en toute tranquillité sur la petite route de Cabrespine jusqu’à Prunet où il me ravitaille à nouveau avant d’aller m’attendre plusieurs kilomètres plus loin. Je sera quelques temps en autonomie et je compte bien m’arrêter dans un commerce si j’en ressens le besoin. C’est ce que je vais faire à Lafeuillade-en-Vézie où une boulangerie-pâtisserie m’accueille avec un grand choix de gâteaux frais et de boissons. Je me fais plaisir et m’achète comme à Meymac la veille quelques spécialités locales. Les boissons trop fraîches mettent plus de temps à être ingurgitées, mais je suis bien calé et après avoir trouvé une poubelle pour me débarrasser des détritus, je repars en courant vers Cassaniouze à une quinzaine de kilomètres d’ici où nous devrions faire une halte repas et changement de tenue pour descendre vers le Lot dans le crépuscule. J’ai un peu chaud en ce milieu d’après-midi et l’ombre n’est pas fréquente mais la route est en descente et je n’ai pas à forcer pour courir, ça trotte tout seul. A Cassaniouze, j’espère trouver un restaurant, je sais qu’il y en a un dans le bourg où on est bien reçu d’après JB et Xavier qui y sont passés. Mais quand j’arrive au panneau d’entrée, je vois le camion garé avant le centre-bourg où Jean-Paul m’attend. Il n’a pas souhaité aller voir dans le centre du village de crainte de se perdre et de se retrouver bloqué avec le camion. Donc, en guise de repas au restaurant on se contentera de ce qu’il m’a préparé. J’ai apprécié de manger des lamelles de fromage d’hier de Mauriac sur des petites tartines de pain. Je mange aussi des pâtes avec des œufs brouillés qui passent moyennement, mais quand j’en ai fini de dîner, je suis arrivé à satiété. Je change de tenue et de chaussures pour la descente car j’ai un peu mal aux pieds et ne souhaite pas me faire d’ampoules ; ça picote quand même au niveau de certains orteils et sur les côtés là où la semelle de propreté frotte sur le bas du talon. Je n’ai pas encore d’ampoule, j’ai vérifié, je remets de la crème et repars donc revigoré vers le Lot et l’objectif du jour qui est d’arriver au moins à Conques-Faubourg à défaut de pouvoir atteindre St-Cyprien-sur-Dourdou, village-étape de la TranseGaule où je passerai pour la onzième fois (9 sur la TG et 1 lors de la TransEurope). La descente aurait pu être agréable, mais j’ai mal aux pieds à chaque foulée et suis obligé de me retenir car les quadriceps sont courbaturés. Je ne peux dévaler à 10 ou 12 comme parfois lors des TranseGaule et c’est très frustrant. La route est calme, quelques autos viennent troubler le silence d’où sortent parfois quelques chants d’oiseaux et aboiements de chiens des habitations rares aux alentours. Un petit ravitaillement en bas de descente juste avant le pont de Coursavy sur le Lot interdit aux véhicules qui doivent faire le tour. On arrive à Grand-Vabre, il reste environ 6 kilomètres avant Conques-Faubourg et 13 pour éventuellement aller jusqu’à St-Cyprien. La nuit est tombée, je suis en mode zombie et demande à Jean-Paul de trouver un endroit tranquille à Conques-Faubourg pour faire escale. Après d’infructueuses recherches il finit par trouver un parking à côté du camping qui est fermé. On dormira là au kilomètre 759 du road-book. Il est 23h30 et le temps de se laver et de se coucher, minuit est déjà passé.
Bilan du septième jour : 105km.
Huitième jour
Réveil 5h, petit-déjeuner, mise en tenue et début de la course à 5h43. Je pars dans le petit matin à l’assaut de Rodez et de la suite de la MilKil qui me fera quitter la route connue de la TranseGaule pour celle moins habituelle pour moi de la MilKil. Premier objectif, arriver à St-Cyprien-sur-Dourdou pour reprendre un petit déjeuner de complément. Cela tombe bien car je profite aussi des sanitaires de la place du village et quand je finis mon café, je peux tranquillement filer vers Marcillac où Jean-Paul doit m’attendre et y effectuer quelques achats. Je me suis débarrassé des vêtements trop chauds que j’avais enfilés car le soleil n’est certes pas encore apparu par dessus les hauteurs mais il commence à faire plus que bon. Je passe l’entrée de Marcillac et mon assistant aux petits oignons m’attend là un peu dépité car bloqué par le marché qui a lieu juste le jour de notre passage. Tant pis, ce qu’il me propose me convient parfaitement et je dévore les bouts de fromage – Cantal et Salers – comme un mort de faim. Je repars et il me retrouve à la sortie du village au pied de la terrible montée qui permet d’éviter la route très dangereuse vers Rodez. Là, il me dit qu’il retourne faire quelques achats sur le marché et qu’il me rattrapera pour me ravitailler. Je monte en marchant jusqu’au second lacet et comme la pente s’adoucit, je reprends alors la course. Les gens qui vont au marché en passant par cette route tranquille en font une route dangereuse du coup et je dois me méfier car ils ne savent pas forcément qu’il y a des coureurs dans le coin. Mais les Aveyronnais sont un peu fêlés du bocal quand ils ont un volant dans la main, ça, je l’ai appris au fil de mes passages dans la région. Une fois sur le plateau, Jean-Paul me retrouve et me ravitaille. On détermine la stratégie pour la suite de la journée : j’ai une énorme envie de poulet rôti – souvenirs des récits de Charles Payen lors de sa MilKil – et de chips. Mon accompagnateur préféré va prendre les devants pour effectuer ces achats à Rodez où l’on doit se retrouver dans quelques heures. Je connais la route, j’ai de quoi subvenir à mes besoins en boissons et aliments énergétiques jusque là-bas. Il me donne une banane et un pain aux raisins rassis – merci les vendeurs du marché de vous foutre de la gueule des clients – et je peux tailler la route. Sur le plateau bosselé il fait chaud par moments et l’ombre rare y est appréciée. J’atteins rapidement la partie trail de la MilKil, une portion de quelques centaines de mètres comme dans le lit d’un torrent tant il y a de grosses pierres roulées dans le chemin. Quand j’en finis avec cette partie, je ne suis pas encore sur la piste cyclable, mais elle n’est plus très loin et je pourrai ainsi courir sans être toujours sur mes gardes. J’ai chaud, le soleil me brûle les bras, je me protège bien la tête, et j’avance. Pas question de caler pour des bobos de chochottes, on fera les comptes ce soir où j’espère encore grappiller des bornes pour laisser la concurrence à distance et surtout pour me rapprocher de la barrière des 9 jours que Jean-Paul a réussi à me mettre dans la tête. C’est faisable, mais il ne faut pas que le prix à payer soit trop élevé. Je ne veux pas finir en charpie à Sète mais en bonne santé. Je pénètre dans Rodez, emprunte les trottoirs connus et me dirige sans difficultés si ce n’est la grosse montée que je fais en marchant vers le haut de Rodez là où on prend la direction de Le Monastère. Jean-Paul m’attend sur le bord de la rue qui descend vers le bourg, à cheval sur la chaussée. Il est midi. On va s’arrêter manger là, mais on doit déplacer un peu le véhicule pour ne pas gêner. Une fois installé sur ma chaise je peux découvrir le poulet rôti et les chips qui me faisaient tellement saliver. Je dévore deux cuisses et plusieurs petits paquets de chips tout en me déchirant les lèvres déjà brûlées par le soleil ; ça pique, ça saigne, mais comme j’ai faim ça n’est pas grave. Je passe 45 minutes à me ravitailler et je peux ensuite partir en direction de Flavin où j’aurai déjà passé la marque des 800km depuis peu. On quitte le parcours de la TranseGaule et je redécouvre cette nouvelle carte postale. J’en ai des souvenirs d’une grosse dizaine d’années quand j’avais couru les 84 premiers kilomètres de la MiniMilKil (200km de Rodez à Sète, organisée en parallèle à la MilKil en 2009). La route est assez vallonnée faisant de beau et longs lacets au niveau de La Capelle-Viaur, Connes et Trémouilles. Cette succession de montées et de descentes en plein soleil donne chaud mais comme il y a un peu de vent et que celui-ci vient de l’arrière, ce n’est pas si désagréable que ça. Sur les coups de 16h, on fait une petite halte d’une demie-heure pour me ravitailler, soigner mes ampoules et essayer de dormir un peu car je somnole un peu sur ces routes. 15 minutes suffisent. Je suis parfois entouré de champs d’éoliennes, on est sur les hauteurs et il y a du vent, donc ça tourne. On redescend vers le lac de Pareloup après être passé par Canet-de-Salars, ensuite vient Salles-Curan et puis Bouloc. Je suis impatient d’arriver en haut du col de Vernhette (1029m), encore un peu plus de deux bornes. J’anticipe sur la descente qui va être longue : comme mes pieds sont douloureux et que je ne veux pas aggraver leur état, je change de chaussures et en mets une paire où je glisse une semelle de propreté différente de celle d’origine. La seconde n’absorbe pas l’eau et reste donc sèche contrairement à celle d’origine que je suis parfois obligé d’essorer par grande sudation. Si la semelle est sèche, les chaussettes vont aussi le rester et les frottements n’en seront que réduits. La seule partie où je ne peux rien faire sinon de protéger les pieds ce sont les bords de ces semelles qui abrasent les côtés de part et d’autre de mes talons. J’ai mis des pansements protecteurs, on verra ce soir ce que ça donne. Le passage du col laisse peu à ; peu découvrir la vue sur le viaduc de Millau. Il est éclairé tout comme les éoliennes au loin sur les hauteurs qui clignotent d’abord en blanc et qui vont peu à peu passer en éclairage de nuit, rouge. Je ne suis qu’à une quinzaine de kilomètres de mon objectif minimal du jour qui est Saint-Rome-du-Tarn au moins, même si, je souhaiterais à ce moment commencer à monter vers Lauras. La descente vers le Tarn tout comme les deux longues vers la Dordogne puis le Lot n’est pas si facile que ça, car à chaque foulée je ressens une gêne, voire une douleur. J’ai adapté ma foulée et cours plus fréquemment sur les plantes et moins sur les talons ce qui atténue les mauvaises sensations, mais je sais que je risque de développer des tendinites de compensation si je ne reste pas concentré. J’ai déjà les mollets qui me « chatouillent » par endroit, une drôle d’impression au niveau des cous-de-pied qui n’est pas sans me rappeler les prémices des inflammations aux releveurs. Je ne focalise pas dessus plus que de raison et ça finit par passer. Tout est une question de gestion de la douleur et de l’importance à donner à certains symptômes. Mais celui qui s’arrête au moindre petit bobo, qui panique, qui angoisse en s’imaginant les pires choses risque fort de le développer encore plus. Alors, on « mord dans le bâton » et on taille la route. Ainsi après de longues minutes de descente et une non moins longue partie sinueuse dans le noir total – j’avais ma frontale en mode éco et je ne voyais pas aussi loin que lorsque la batterie était chargée à bloc - je parviens enfin à Saint-Rome-du-Tarn. Là, Jean-Paul m’attend, me ravitaille et après un petit débriefing on décide d’essayer de continuer un peu, au moins jusqu’à la sortie du village. La remontée dans Saint-Rome est jolie, un bar-restaurant est encore ouvert mais nous ne nous y arrêtons pas, plus loin les rues sont bordées de lumières bleues dans un sens et jaunes dans l’autre. Au bout de quelques minutes, la fatigue aidant on trouve un lieu où nous installer, le long d’une entreprise fermée. Je fais une petite toilette, prépare mes affaires pour le lendemain et me prépare à dormir non sans avoir soigné deux ampoules et remis des pansements protecteurs dessus. Il est minuit presque, et nous sommes au kilomètre 860 à peine.
Bilan du huitième jour : 101km. On n’a pas grappillé sur les moins de 9 jours. Tant pis.
Neuvième jour
5h le réveil me réveille. Comme un automate je procède à mes rituels et à 5h45 je repars dans la montée vers Lauras. Je cours bien, ne claudique pas trop car peu à peu les pieds prennent leur place dans les chaussures et ne me font pas mal. Les ampoules soignées la veille au coucher sont encore endormies. Ça monte jusqu’à Tiergues, bien connu des coureurs des 100km de Millau, puis ça descend jusqu’à Lauras où au sortir du village je fais un bref arrêt en urgence. Roquefort est à 3 kilomètres, il commence à y avoir des voitures qui circulent, les embauches de 8h sans doute. La route continue de monter jusqu’au col des Aiguières puis redescend tranquillement. On s’arrête un petit quart d’heure pour grignoter et boire, je reprends mon chemin vers St-Beaulize puis Fondamente, passe le col de Pérail où je recharge mes bouteilles puis file vers le Clapier. Je vais passer le 900ème kilomètre dont j’attends la marque au sol. Celle-ci apparaît au loin et je regarde l’heure qui m’indique qu’on est encore plus tôt que pour les 800. 12h09 aujourd’hui pour 12h50 hier. J’ai donc bien avancé malgré l’impression de me traîner. Cette impression, je la ressens depuis quelques jours : m’étant habitué à courir entre 9 et 10km/h à l’entraînement, la perception du temps et des distances est chamboulée là car je n’avance qu’entre 6,5 et 8km/h. Donc de 6 minutes à 6 minutes 40 pour faire un kilomètre, je suis descendu à des kilomètres qui durent entre 7 minutes 30 et 9 minutes. D’où cette impression d’être collé au bitume. De plus, la foulée est encore plus lourde malgré mes efforts pour rester sur les plantes et ne pas trop attaquer du talon. Mais de ne pas être arrêté permet d’engranger les bornes et au bout d’un moment le cumul est appréciable. On passe le Clapier puis on fait une pause déjeuner de trente minutes dans un virage à l’ombre. Je me restaure quand un quad passe suivi de deux chiens. Quelques temps plus tard, le quad repasse suivi d’une grosse centaine de moutons encadrée par les chiens qui viennent néanmoins quémander qui un bout de poulet qui un bout d’autre chose. Je regarde l’état des ampoules, change de chaussures en prévision de la rude et longue descente vers Lodève qui surviendra quand j’en aurai fini avec la future montée vers Roqueredonde et au-delà. Avant cela il faut descendre jusqu’au pont sur l’Orb où se trouve écrit sur le bitume « Les héros dans l’Hérault ». Là, ça monte pendant 7 kilomètres mais la pente n’est pas méchante, la route est souvent ombragée car c’est très boisé sur ces hauteurs et j’arrive au sommet pour une douzaine de kilomètres de descente assez marquée. Au début, j’ai du mal à me réhabituer à descendre et à être obligé de freiner pour ne pas me laisser emporter et me blesser, de plus les zones d’ombre sont rares selon l’orientation de la route. Le panorama en revanche est grandiose : on aperçoit la Méditerranée et on voit même Sète et le Mont Saint-Clair où je compte arriver avant demain midi. Il reste un peu plus de 80 kilomètres, ça va être trop juste de les faire avant demain matin 6h30 (synonyme de moins de 9 jours) mais on va essayer. Mais ça pique, ça torture les pieds, les orteils, je me demande si la prudence ne serait pas de ralentir encore plus sinon je vais déguster ce soir ou demain après l’arrivée. Pas de compromis, je file, pas très rapidement mais pas non plus trop lentement. Derrière, je ne sais pas où en sont les autres, et sachant qu’ils sont capables de ne pas dormir de la nuit, je choisis d’avancer coûte que coûte. C’est qu’au chrono j’ajoute l’ambition de la place. Pour l’instant virtuellement je suis 5ème derrière Stéphane, Annie et Rémi déjà arrivés et Pierre-Henri qui a trop d’avance et devrait en avoir fini en soirée. Reste Markus parti 48 heures après nous et qui pourrait jouer les trouble-fêtes et venir s’intercaler. C’est long de descendre en freinant, en contrôlant chaque foulée et en essayant quand même de regarder le paysage. J’arrive enfin à Lodève où je suis fatigué et où je décide de marcher jusqu’à ce que je trouve un commerce dans lequel je pourrai acheter de quoi manger et boire. Mais à l’heure de la sortie des classes, il n’y a rien d’ouvert dans ce patelin. Il faut monter en ville si on veut trouver des commerces, mais je n’en ai pas le temps préférant avancer. Je trouve néanmoins un bureau de tabac où j’achète 1,5l d’eau et deux cocas. Je vidange mes trois bouteilles de boissons tièdes et les remplace par de l’eau fraîche et je bois mes deux cocas qui sont tellement froids que j’en ai le hoquet. Je marche vers la sortie de la ville et je retrouve Jean-Paul que j’avais envoyé au devant afin qu’il puisse se reposer et prépare de quoi manger. On stoppe le long du Puech pour un arrêt ravitaillement et soin des pieds de presqu’une heure. Dans une quinzaine de kilomètres, il va falloir passer trois gués dont deux pourraient m’amener à déchausser, alors avec Jean-Paul on élabore un scénario : il m’attend juste avant de quitter la route principale, j’enfile des chaussures qui ne craignent rien et j’emmène les crocs que j’enfilerai pour passer dans l’eau. Il m’attendrait juste après et je referai le changement de chaussures. En réalité, comme je viens de changer mes pansements, je décide de courir avec une paire normale et de traverser les gués et si je me trempe les chaussures, j’en changerai tout simplement ainsi que les chaussettes. Le temps pour arriver aux gués est long car il faut passer d’abord par de petites routes vallonnées et bordées de vignes et de vieilles usines, en plein soleil, puis avant de retrouver la route principale je traverse une sorte de désert rouge où il devait y avoir de l’uranium. Sur la route principale il faut rester vigilant car le petit chemin qu’il faut prendre sera fléché mais il ne faudra pas rater le fléchage. J’arrive à l’endroit où nos routes se séparent avec Jean-Paul. Lui, va devoir contourner le lac pas Salasc et retrouver notre point de rendez-vous. Moi, je tourne à gauche et commence à me diriger vers les gués. Le premier se passe sans soucis car il est à sec, le second et inondé mais j’ai repéré sur la gauche un endroit plus étroit où il y a quelques pierres plates déjà disposées dans le lit du cours d’eau. J’en ajoute deux autres, grosses et plates, sur lesquelles je pose mes appuis sans me mouiller les pieds. Yes ! Encore un à passer. J’y arrive et là, c’est plus problématique à première vue mais j’aperçois des campeurs en amont et décide de me diriger vers ce qui semble être un passage possible. En effet, en déplaçant quelques grosses pierres je réussis à m’en faire des plots sur lesquels je pose mes pieds et réussis à traverser. Tout content je rejoins la route où je retrouve Jean-Paul. Un Jean-Paul à la mine déconfite. Il m’explique qu’il est en panne d’essence. Il me dit qu’il a appelé un taxi qui lui apportera un bidon de gasoil depuis Clermont-l’Hérault. Pas de panique, je vais me ravitailler, prendre de quoi tenir jusqu’à plus tard et il me rejoindra quand le problème sera résolu. Je file en pensant que mon objectif du jour est de passer après Clermont et même d’arriver jusqu’à Canet où il ne restera plus qu’un marathon à faire. Là, on avisera. On n’y est pas, mais ça met du piment pour la fin de la journée. J’ai l’équipement semi-nocturne avec moi et j’avance en regardant les familles plier leurs affaires après avoir passé une journée au bord du lac, les surfeurs ou véliplanchistes aussi remballent leur matos. Moi, je cours et je contemple les monticules de terre rouge sur lesquels des gens ont écrit leur prénom avec des cailloux blancs. Je croise un taxi à qui je fais un signe de la main, peut-être est-ce celui qui vient dépanner Jean-Paul, je poursuit et longtemps après je me faire rattraper par le dit taxi suivi de mon véhicule d’assistance en bon état de marche. Jean-Paul et le taxi vont à la station de Clermont et Jean-Paul me rejoindra là où je serai. Je passe donc soulagé le village de Liausson et file vers Clermont. À Clermont, peu avant l’entrée, l’itinéraire fait prendre les coureurs à gauche mais les véhicules n’y ont pas accès. Je n’ai pas vu Jean-Paul qui a dû filer vers le centre de Clermont. Il me retrouvera bien. Par contre, je commence à mettre la frontale et m’aperçois que ce n’est pas l’habituelle, celle-ci éclaire moins bien la route et je sens que les piles sont faiblardes. La route n’est pas facile à lire et les descentes comme les montées sont très raides. Je décide de marcher jusqu’à ce que ça se calme. Je contacte Jean-Paul pour lui donner rendez-vous au collège du Salagou à la sortie de Clermont où je le retrouve enfin. Nouveau ravitaillement et on décide de continuer jusqu’après Canet. La course en nocturne se passe bien, de rares voitures me croisent, le ciel est étoilé, j’aperçois au loin les lueurs des villes et villages environnants. J’arrive à Canet que je traverse et peu après avoir passé le pont suspendu sur l’Hérault, nous décidons de faire une pause pour dormir un peu. Il est minuit vingt. Je demande à Jean-Paul de mettre le réveil à sonner dans une heure pour repartir de plus belle et d’engranger les kilomètres avant le lever du jour. Je ne me change pas, je garde même mes chaussures aux pieds. Je me suis allongé sur mon lit de camp, recouvert de mon drap housse et de mon sac de couchage.
Nous somme au kilomètre 960. Il reste 40 kilomètres jusqu’à Sète.
Bilan du neuvième jour : 100km.
Dixième jour
Le réveil sonne et me tire de mon sommeil brusquement. Jean-Paul se lève et me prépare un petit-déjeuner. J’en profite pour faire la grasse matinée, mais je sais qu’il me faut du courage pour repartir.
Ce que je fais à 2h20 du matin.
Les sensations sont bonnes, je cours à un relativement bon rythme, ça pique, ça chauffe dans les chaussures mais il faut serrer les dents. Je profite de la beauté du ciel constellé de milliers d’astres et je suis surpris d’en voir qui bougent.Rectification mentale rapide pour me dire que ce sont des satellites, mais comme ils sont alignés, je suis intrigué. J’avais déjà assisté à ça une fois sans prendre conscience à l’époque de ce que c’était. J’ai appris qu’il s’agissait d’un train de satellites Starlink de la société SpaceX. Il passe toutes les nuits paraît-il, mais demain je préférerai dormir que de les attendre et les regarder passer. Plaissan, plus que 35 kilomètres. Il fait toujours nuit mais au loin je devine la côte ou tout au moins des villes proches de la côte. La route est tranquille mais n’arrête pas de monter et de descendre. Je n’en avais pas ce souvenir. Vers 4h du matin, nous faisons un ravitaillement de dix minutes pour reprendre un café et me réveiller, on est au sommet de la soi-disant ultime bosse avant Sète et il reste moins de 30 kilomètres. Allez Fab, accroche-toi ! On passe Villeveyrac km 975 vers 5h10, l’aube commence à poindre, suit Poussan à 17 kilomètres du but où je me repose 20 minutes pour me ravitailler et à la sortie de cette petite ville il est 6h30. Ça fait 9 jours que je suis parti de Saint-Malo, il reste 15 bornes, je dois m’accrocher. Je sais que derrière personne ne déboulera avant cet après-midi, j’ai constitué un bon petit matelas sur lequel je ne compte pas me reposer maintenant et je continue donc d’avancer. La circulation commence à devenir plus fréquente, des fêlés du volant enquillent ces routes tranquilles sans penser qu’il pouvait y avoir d’autres usagers – les héraultais sont aussi barges au volant d’un véhicule automobile que les aveyronnais. Tant pis s’ils viennent gonfler les statistiques des tués sur la route tant qu’ils le font tout seuls. J’atteins avec soulagement Balaruc-le-Vieux puis entre dans Balaruc-les Bains où le trafic routier est plus important. Bientôt le panneau 10 kilomètres. C’est long, en plein soleil, il y a de la voiture, je cours à droite sans voir qui peut venir derrière, j’hésite un moment à passer à gauche où il me semble apercevoir une piste cyclable en site propre. Mais ça va devoir me faire traverser le flot de véhicules ce qui ne semble pas être simple. Donc je reste sur la droite et peu à peu Sète se rapproche. Au panneau d’entrée, il reste 6km. Il n’est pas encore 8h30, je passe par la Pointe Courte petit port de pêche typique de la côte, j’emprunte le pont Sadi-Carnot et commence à courir sur le Quai du Bosc où Jean-Benoît me retrouve et m’accompagne pour me guider. Ça fait plaisir de le voir là et ça me rassure de n’avoir pas à regarder le road-book pour arriver en haut du Mont Saint-Clair. Je suis bien, je cours en zigzaguant entre les piétons sur des trottoirs un peu encombrés mais l’ambiance générale de cette matinée sètoise me plaît bien. C’est dû à l’euphorie de l’arrivée prochaine. On arrive rapidement au giratoire où l’on doit prendre à droite pour monter vers le Mont Saint-Clair. C’est « incourable » pour moi à ce moment tant la pente est forte et il faut en avoir monté une partie déjà pour pouvoir recourir. Mais de courte durée cette reprise de la course car une nouvelle rampe se présente où nous marchons de concert. Enfin à 1400 mètres du but le profil de la route s’aplatit et descend même jusqu’au site des Pierres Blanches. J’accélère alors pour finir en mode dynamique et escalader la volée de marches qui mène à l’étoile sur laquelle je pose le pied. L’émotion est là. Je remercie Jean-Benoît mais surtout Jean-Paul sans qui je n’aurais pas pu terminer aussi bien cette première MilKil. Congratulations entre MilKillers, félicitations des accompagnateurs présents, de Xavier, de Jean-Michel… Séance photos, bière d’arrivée. Ça y est je suis MilKiller !
Bilan de la dixième journée : 40km
Au total, je mets 9 jours 2 heures 54 minutes et 15 secondes pour les 1002km de l’itinéraire de la MilKil entre Saint-Malo et Sète. Je suis 5ème mais vais passer 6ème car Markus va arriver demain bien avant les 48 heures de décalage de nos départs respectifs.
à+Fab
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Par fabcentkm1 le 29 Septembre 2014 à 22:33
CR Intégrale de Gégé 2014
(Petit rappel pour les non initiés : la Gérard Denis, dans sa version intégrale, consiste à rallier Roscoff à Mousterlin et à en revenir par le même itinéraire. Distance totale : 243,2km à faire en moins de 42h)
C’était mon 10ème départ au pied du phare de Roscoff après ceux de mes 8 Transe Gaule et de ma première « Gérard Denis » de 2009, et cette fois-ci, je n’avais aucune appréhension, aucun stress, sans doute ne me rendais-je pas compte de l’ampleur de la tâche qui m’incombait. 243,2km pour aller toucher l’Atlantique au niveau de la Pointe de Mousterlin et en revenir pour toucher le pied du phare.
Le fait qu’il fasse nuit à 6h y a sans doute fortement contribué, les départs en nocturne ont ceci de particulier qu’ils atténuent les reliefs.
Nous étions 24 sur la ligne de départ en individuel et 1 en relai. Avec les bénévoles présents et quelques accompagnateurs, nous formions un bon groupe bien supérieur en nombre à celui des pêcheurs prêts à lever l’ancre par cette marée haute.
La tenue de rigueur dès le départ était légère car la température était douce, mais il fallait néanmoins porter le gilet de sécurité, avoir un éclairage pour ne pas se retrouver dans le noir dès la sortie de Roscoff et j’avais ajouté une lampe rouge clignotante dans le dos sur ma ceinture de sac banane.
A 6h le départ fut donné et nous sommes partis groupés, personne ne souhaitant prendre les devants si bien que je m’y retrouvais pendant quelques hectomètres avec quelques habitués. Par la suite, chacun trouva son rythme de croisière et je n’eus plus qu’à suivre le mouvement. La partie menant de Roscoff à St Pol, qui constitue le prologue non chronométré de la Transe Gaule, est très vallonnée avec quelques raidillons contraignant à marcher si l’on ne voulait pas trop taper dans ses réserves. Jean Benoît en profitait pour nous ouvrir la route en continuant de flécher l’itinéraire pas facile à trouver avec la frontale : de jour les flèches fluo se voient facilement et de loin, de nuit non, on est obligé de pointer la lampe vers elles. St Pol de Léon et ses éclairages urbains permit de faire un premier point : ça allait, ma tenue était bien adaptée ; pas de sac à dos pour le moment, on verrait ça plus tard si besoin, mais comme mon frère m’accompagnait tout le long de la course en voiture, je savais que je pouvais ne transporter qu’une seule bouteille à la main jusqu’au prochain lieu de rendez-vous. D’ailleurs, à la sortie de Saint-Pol il m’en redonna une et je lui demandais une banane … qu’il ne trouva pas.
Il faut dire qu’on était partis vendredi soir de Nantes à 17h un peu « à l’arrache » sans avoir eu le temps de disposer dans la voiture les différents éléments constituant mon ravitaillement – et beaucoup de ceux qui me connaissent savent ce que j’entends par ravitaillement – afin de les retrouver facilement et comme nous étions arrivés à Roscoff vers 21h nous n’avions pas eu le temps de mettre de l’ordre dans le chargement. Je comptais le faire plus tard mais le vendredi soir je n’avais qu’une hâte, c’était de me coucher non sans avoir salué tous les coureurs présents ainsi que les bénévoles et accompagnateurs qui dînaient tous dans le gymnase. J’avais passé une bonne nuit et le matin au réveil à 4h30 le temps passé pour manger, se mettre en tenue, ranger le barda … si bien que là non plus nous n’avons pas trouvé le temps de bien mettre chaque chose à sa place dans la voiture afin de la retrouver du premier coup en cas de nécessité. Donc l’épisode des bananes allait se reproduire avec d’autres denrées ou matériels. Mais au bout du compte ça ne m’a pas trop désorganisé.
Retour à la course ; on vient de quitter St Pol, direction Penzé via Kerlaudy où je franchis la barre symbolique des 120000km depuis que je cours de manière organisée, c'est-à-dire depuis que je tiens les comptes de ce que je fais à l’entraînement et en compétition. Ça a commencé en 1989 … 3 tours de Terre ! J’entamais le 4ème !
Jusqu’à Penzé, j’étais en territoire connu (Penzé, km 16,5 en 1h45’) et j’étais sur une bonne base en ce qui concerne la vitesse moyenne. Après, pour me fixer des objectifs intermédiaires et m’organiser pour me faire ravitailler, j’avais prévu à chaque village que mon frère me redonne une nouvelle bouteille et tous les 15km environ qu’il me fournisse de quoi manger, s’il le trouvait dans le gros bazar… La recherche des bananes perdues s’est poursuivie pendant quelques ravitaillements mais on les a bien retrouvées au final, idem pour les mini-cocas.
Le jour s’était levé, on allait avoir un superbe week-end pour courir, il ne faisait pas encore chaud, c’était agréable et … reposant mentalement. Ce qui le fut un peu moins, c’était la succession des bosses, mais de traverser la Bretagne, le Finistère en particulier, on le sait, ce n’est pas de la plaine.
Au lac du Drennec, déjà un marathon de couru (en 4h40’) et je pensais alors « plus que 200km à faire … une paille ! »
Mais la paille ressemblait plutôt à une poutre car la montée sur Saint-Rivoal … ça fait mal ! (poète en plus) Les descentes qui suivaient étaient aussi fortes et ne permettaient pas de se relâcher.
Bon, Brasparts n’allait pas tarder à pointer son nez, je ferai là un premier point.
J’avais prévu de découper ma course en 4 étapes :
Roscoff – Brasparts (57,2km), Brasparts – Pointe de Mousterlin (63,9km), Pointe de Mousterlin – Brasparts (64,9km) et Brasparts – Roscoff (57,2km).
Là, je finissais la 1ère : 6h18’ pour 57,2km. J’étais dans mes temps, un petit peu en avance sur l’option « prudence » mais encore à plus de 9 de moyenne.
8’30s d’arrêt pour me ravitailler en Bolino, gâteau de riz, boissons fraîches, et me mettre de la crème protectrice car ça commençait à brûler dans le cuissard. Idem pour les protections des tétons car les pansements s’étaient décollés et étaient partis.
A ce moment là de la course, je devais être entre la 12ème et la 15ème place et je repartis à peu près au même moment que Jean-Michel, Robert, Jean Claude et Nadine.
Le début de cette seconde phase menant à Mousterlin était vallonné : calme, silencieux, joli… mais vallonné.
Pleyben et l’envie de plus en plus pressante de boire un vrai coca frais ou un panaché ou encore un Monaco : j’envoyais mon frère en éclaireur et quand je passai devant un café du bourg de Pleyben, il m’attendait avec un coca. Le soleil tapait bien et la soif était là, mais je buvais régulièrement et fréquemment. De temps à autres, je buvais aussi des Yop ou de l’eau pétillante. Dans mes petites bouteilles, Laurent me mettait du sirop de citron ou de pamplemousse ou encore de fraise et il avait pour consigne de m’en donner une tous les 5km en alternant les parfums.
Chouette ! Les bananes avaient été retrouvées tout comme les mini coke ; ça allait apporter quelques variantes dans mon programme d’alimentation et d’hydratation. Dans un autre village, mon frère me prit un Monaco de 50cl que j’enfilais comme ça, comme si j’avais soif.
Les villages défilaient, Pont Coblant, Edern, Gouezec, avec encore du relief. Je gérais, j’étais sous les 9 de moyenne maintenant mais je me fixais toujours une arrivée à Mousterlin entre 20h et 21h, soit entre 14 et 15h de course. A cette heure-là, il devrait faire encore jour.
Je passais le km 100 en 11h48’, juste après la Chapelle de Kerdevot. La suite fut un peu laborieuse car les bosses étaient très raides, courtes mais très pentues. Il fallait atteindre Fouesnant pour se libérer l’esprit et retrouver des portions moins vallonnées.
Aux alentours du km 110, je croisais Alain David et Stéphane Ruel qui étaient déjà sur le chemin du retour (km 133 pour eux environ). Ces gars sont des champions, ils avaient fait les 24h de Villenave il y a peu (2 semaines) avec des scores de 246 et 236km, et là, ils remettaient ça comme si de rien n’était. Je m’attendais à un défilé de coureurs de tête à partir de ce moment.
Quelques gros engins agricoles m’ont souvent contraint de me mettre sur les bas-côtés, puis le parcours prit un chemin creux et sombre où je me dis qu’au retour ça allait être folklorique et que la frontale serait obligatoire.
Fouesnant, vers le km 113 ou 114 (pas de panneau d’entrée) avec la piste cyclable très pentue pour rejoindre le centre-ville, me donna l’occasion de croiser Christian Efflam, en 3ème position. Il s’arrêta et nous nous souhaitâmes rapidement bonne continuation. La traversée de la ville fut longue et de nombreux jeunes attablés aux terrasses des cafés étaient à prendre l’apéritif. Peut-être seraient-ils encore là au retour. Je croisais encore 3 autres coureurs, Sylvain, Pascal et Hugues, repartis pour la remontée plein nord.
J’arrivais à Mousterlin, à l’Hôtel de la Pointe (km 121,1) en 14h28’. J’étais dans les temps et soulagé d’avoir réussi mon premier challenge.
Je me suis changé, j’ai enfilé une tenue de nuit avec la frontale, je ne me suis pas trop couvert car la température n’était pas si basse que ça, il faisait encore bon. J’ai remis de la crème là où ça faisait mal, là où ça piquait ou brûlait, j’ai remis de nouveaux pansements, enfilé de nouvelles chaussures. J’ai aussi surtout pensé à bien m’alimenter (Bolino, gâteaux de riz ou de semoule…) et à bien boire.
Après cet arrêt de 26’, je suis reparti, donc après 14h54’ de course …
(suite de la première partie).
Je suis reparti, donc après 14h54’ de course en compagnie de Jean Claude Poret avec qui je courus jusqu’à la sortie de Fouesnant. Je devais être à ce moment-là dans les 10 premiers. Je n’avais croisé que 6 coureurs parmi ceux de tête avant le demi-tour et avec moi à Mousterlin il y avait Yann, Nadine et Jean Claude. Un magnifique coucher de croissant de Lune sur l’Atlantique marqua une dernière fois notre passage côté océan, bientôt nous retrouverons les terres et viserons la Manche.
Nous avons croisé plusieurs autres coureurs lors des premiers km de notre remontée vers Roscoff. On ne se reconnaissait pas tout de suite car il faisait nuit noire et face à face avec les frontales, on était ébloui, alors on s’annonçait : « C’est qui ? » « C’est Fab ! » « Moi, c’est untel ! » « Alors bonne route ! » « A toi aussi ! ».
Peu après Fouesnant, je fis un arrêt pour me ravitailler avant la partie « technique » style labyrinthe mixte route et chemin avec ou sans engins agricoles, alors je m’hydratais bien, emportais de quoi tenir plusieurs km. Jean Claude continua et je me retrouvais seul. J’espérais surtout ne pas me tromper de route car après, c’est difficile de nuit de revenir sur ses pas et de reprendre le véritable itinéraire.
Celui-ci n’était pas facile à suivre : à l’aller il faisait jour, on voyait les flèches et les coups de bombe fluo en guise de marquage au sol ; là, rien de facile à trouver et je devais faire appel à ma mémoire et de reconnaître des endroits traversés dans le sens nord-sud. Donc je redoublais de prudence.
Petit à petit, je commençais à ressentir les premiers symptômes de l’envie de dormir et je dus lutter et la repousser à plusieurs reprises. Pour cela, mon frère procédait par sauts de puce et m’attendait tous les 2 ou 3km maxi. Je commençais aussi à ressentir le frais puis le froid. J’étais encore en sueur des efforts effectués pour courir, alors je me couvris un peu plus.
Le ciel étoilé était magnifique surtout par cette nuit désertée par la Lune partie se coucher après Mousterlin. En pleine campagne, là où il n’y a plus d’éclairage urbain passée une certaine heure, ça fait ressortir des milliers d’astres qu’on n’a pas l’habitude de voir. Bien sûr, de courir en levant le nez, ça peut parfois faire faire des erreurs d’itinéraire ou faire mordre sur les bas-côtés. Sans parler du mal à la nuque. Alors je ne consultais la carte du ciel que de temps en temps, avec comme point de repère la Grande Ourse et l’étoile polaire qui m’indiquait la direction à suivre.
Je somnolais parfois aussi en courant ou en marchant reprenant mes esprits qu’une fois après avoir foulé quelques mètres d’herbe sur le bord de la route. Heureusement je ne suis jamais allé au fossé !
Dans les villages sombres et endormis, là où mon frère m’attendait pour me ravitailler je lui demandais si je pouvais dormir un peu, quinze minutes pas plus, avant de reprendre la course, mais il me remettait tout de suite sur la route. Il avait raison, c’était ce qu’il y avait de convenu : ne pas céder aux caprices même dans les moments les plus délicats. Merci de m’avoir botté les fesses, petit frère !
Quand même, à certains endroits, et sans doute parce que je l’avais bien mérité, je m’asseyais sur ma chaise pliante pour prendre le temps de manger et je me surprenais à me réveiller en sursaut le gâteau de riz à la main ou le Bolino ou la banane. Alors pour ne pas céder à la tentation de dormir plus longtemps, je me remettais tout de suite en piste.
Bon an mal an, je m’approchais de l’aube non sans avoir connu quelques doutes sur l’itinéraire à certains moments. Heureusement qu’à un moment où j’avais fait demi-tour, j’ai vu un marquage « GG km 90 » que j’avais déjà vu à l’aller, il m’a permis de refaire demi-tour pour continuer sur le bon chemin que je croyais mauvais (vous me suivez ?). D’autres se seront trompés à cet endroit et n’auront pas vu qu’il fallait tourner à droite un peu plus loin et donc auront fait quelques hm ou km en plus.
Le froid était bien là, et aussi quelques bancs de brume commençaient à me gêner : avec la frontale, à chaque fois que j’expirais, ça intensifiait les effets de ce brouillard et m’empêchait de voir plus loin que les 10 prochains mètres. Aux intersections aussi je devais faire attention et vérifier de plus près s’il n’y avait pas de flèche.
Je passais le km 151,6 à Landudal en 19h17’ puis le km 169,3 (Pont Coblant) en pile 23h, je franchis la barre des 24h au km 174. Pas mal quand même me disais-je.
Le jour s’est levé, j’ai poursuivi mon labeur (et bien oui, ça n’a pas été toujours facile contrairement à ce que ce CR pourrait laisser penser).
L’arrivée à Brasparts, lieu du dernier poste de pointage avant l’arrivée, au km 186 en 26h fut réconfortante. Plus que 57,2km, j’avais fini ma 3ème étape, normalement, ça devrait le faire me répétais-je.
Je me suis arrêté une vingtaine de minutes pour procéder à tout un tas de changements et à un ravitaillement en Bolino et autres solides.
Donc j’en repartis après 26h20’ de course et 186km. Je commençais à me projeter sur une arrivée vers 34/35 heures de course soit entre 16 et 17h. C’était envisageable, cet optimisme étant basé sur le fait que je croyais maîtriser cette fin d’itinéraire qui était passée assez « facilement » à l’aller. Bien sûr, j’avais oublié qu’il restait de grosses bosses à passer et que le soleil allait aussi commencer à chauffer tout comme la veille dans l’après-midi.
Le passage au Lac du Drennec au km 200 en 28h17’ me fit repenser à la veille à la même heure : « déjà un marathon, plus que 200 bornes ! ». Et bien là, c’était : « Déjà 200 bornes, plus qu’un marathon ! » Facile !?
Et bien non !
Je fus alors en proie à mes problèmes d’arythmie cardiaque qui m’avaient laissé tranquille depuis le départ de Roscoff, et auxquels je n’avais pas pensé.
Le premier passa vite, je trouvais un endroit pour m’accroupir puis m’allonger, ce qui était plus facile, et la tachycardie se dissipa en moins d’une minute. Le second épisode fut un peu plus long care en pleine campagne et en pleine ligne droite, pas moyen de trouver quelque endroit pour s’allonger et s’isoler. Je marchais donc jusqu’au village suivant où je demandais à mon frère de mettre le matelas à côté de la voiture afin que je m’y allonge. Une minute après, tout était redevenu « normal » et je pus reprendre ma course. Mais j’avais perdu la confiance qui me portait depuis Brasparts, moi qui comptais faire un final régulier, j’étais en plein doute. Je me suis accroché, le compte à rebours chronométrique était lancé, les villages pourtant assez proches les uns des autres me paraissaient interminables à atteindre : Guimiliau (5km en 46’), Kermat (4km en 36’), Guiclan (3,3km en 27’), Penzé (6,7km en 59’). Ça montre que je n’allais pas très vite en plus d’alterner très fréquemment course et marche.
Après Penzé, il y a eu du mieux, plus de soucis d’arythmie (la dernière étant survenue juste avant l’arrivée à Penzé où je me suis allongé 1’ pour qu’elle passe), par contre, je croyais que le parcours inverse à celui de la Transe Gaule et de l’aller allait me proposer des descentes. En réalité ça montait, le soleil et l’air tiède rendaient plus difficiles ma progression. J’avais pris le pulvérisateur d’eau depuis un moment pour me rafraîchir, en plus de ma petite bouteille de 50cl d’eau avec du sirop.
A 7km du but, je prévins Jean Benoît de mon arrivée imminente, il restait quand même presque une heure avant d’atteindre le phare de Roscoff. Que c’était long ! La partie entre St Pol et Roscoff très vallonnée et peu ombragée fut interminable et quand je passais au niveau du panneau d’entrée de Roscoff, je savais qu’il y avait encore 2 kilomètres à faire, soit un quart d’heure encore de course.
A 500m du but, le phare en vue, une ultime tachycardie vint gâcher ma fin de course. Là, je ne m’arrêtais pas, je filais en alternant marche et course et enfin je pouvais franchir la ligne d’arrivée.
Un siège, vite, une petite bière, l’envie de m’allonger pour passer le malaise… la tachycardie disparut et je pus enfin me livrer aux embrassades et remerciements.
J’étais content d’être allé au bout de cette aventure qui devient ma plus longue course en ligne sans étape et ma plus longue durée de course. J’avais mis moins de 36h qui était mon objectif N°1 et avec mes 34h11’, je me libérais presque 2 heures pour me doucher, me soigner (brûlures et une ampoule non éclatée sur un orteil), m’hydrater et préparer la voiture pour le retour vers Nantes.
Avec Laurent, nous sommes repartis peu avant 18h, moi au volant pour les 45 premières minutes puis mon frère prit le relais pour le reste de la route. Nous sommes arrivés chez moi à Rezé vers 21h30. Le temps de vider la voiture, de tout poser dans le salon sans mettre le bazar, puis de dîner, il était plus de 23h quand je me suis couché. Ouf ! Le week-end était fini, mais quel week-end !
(Merci à JB, aux bénévoles, aux coureurs qui m’ont encouragé et surtout à mon frère Laurent sans qui je n’aurais pas pu tenter et surtout venir à bout de cette belle aventure.)
à+Fab******€**
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