• TransEurope 2009 : étapes 18 à 33 (Autriche et Allemagne)

    Mercredi 6 mai, 18ème étape, Pfunds – Nassereith: 60,1km.

     

    D'abord, je répare un petit oubli non négligeable dans notre vie de tous les jours : nous avons depuis deux jours la visite de Gilbert Codet et de son épouse ainsi que celle de Michel, son frère et de sa femme.

    C'est sympa et on peut recevoir des encouragements à certains endroits des étapes. De plus, Gilbert, en courant, et son frère, à vélo, viennent à notre rencontre en fin d'étape et nous renseignent sur ce qu'il reste à faire et sur les éventuelles difficultés.

    Autres moments sympathiques, les invitations à dîner dans les camping-cars où avant-hier nous avons mangé à neuf. Le couscous "façon Codet" m'a donné des ailes hier et j'avais encore des restes de cet élan aujourd'hui sur cette nouvelle étape alpine.

    Nous sommes partis sous un petit crachin, par un temps pas trop froid, sur une route parallèle à la route principale, utilisée par les lignes de cars scolaires et les résidents des villages traversés. Ces petites bourgades, caractéristiques du Tyrol autrichien, étaient bien agréables à traverser et cahin-caha nous avons passé les deux premiers ravitaillements sans grosses difficultés. Pour vous dire, j'étais à 10km/h de moyenne.

    Là, le profil allait carrément changer : 8,6km de route en montée qui nous a fait passer de 870m à 1504m d'altitude. Parfois, il y avait un pourcentage de l'ordre de 15% où j'étais contraint de marcher comme beaucoup d'autres. J'ai néanmoins rattrapé encore une fois un bon paquet de coureurs plus rapides que moi sur le plat, les laissant à bonne distance dès les premiers hectomètres d'ascension. Au gré des virages je voyais qu'en une heure plus personne ne me suivait de près, par contre devant j'en apercevais certains. Au passage du premier col, ma moyenne avait chuté à moins de 9km/h, soit une montée à 7,2km/h. J'ai alterné course et marche et je me sentais bien. Une fois le col passé, après une légère descente, un second col se profilait, moins pentu et une fois celui-ci lui aussi franchi, j'en profitais même pour faire une boule de neige avec celle que je trouvais sur le bas côté de la route, je remis mon coupe-vent comme les cyclistes qui redescendent des cols pendant le Tour de France. Je l'avais retiré pendant la montée car je commençais à avoir un peu chaud.

    La descente n'est pas mon point fort, surtout avec des portions elles aussi à 15%, alors à chaque foulée j'essayais de contrôler, pour ne pas me blesser. Je ne me fis pas rattraper, en tout cas pas tout de suite. J'avais dû assurer un bon train quand même environ à 9,5km/h de moyenne malgré des arrêts techniques pour retirer les cailloux entrés dans les chaussures et retendre les chaussettes. Jusqu'au marathon environ, j'étais bien et j'avais entamé mon compte à rebours mental habituel "plus que 18km, soit 2h environ..."

    Le parcours à partir de ce moment devint moins agréable, avec plus de circulation, le franchissement d'une vallée où il fallait rester sur ses gardes pour ne pas se tromper de route et guetter les camions et les voitures nous rasant quand ils se croisaient.

    Par la suite, nous avons rejoint une piste cyclable d'abord en dur puis une fois en forêt elle devint caillouteuse. C'était plus agréable que de continuer sur la route. J'ai été dépassé par un gros peloton... de cyclistes. C'étaient des collégiens qui étaient en randonnée avec leurs profs. J'étais à nouveau tout seul, Werner et un coureur venu faire l'étape du jour m'avaient rattrapé et lâché depuis un bon moment, et les autres coureurs de devant s'étaient encore plus détachés.

    Au total, je termine encore à une bonne place, quinzième, et je suis arrivé relativement frais. Pas de blessure, pas de douleurs, seule une ampoule a du mal à sécher et me gêne un peu dans les descentes.

    Du côté des Français, Roger et Alain ont fait l'étape à leur main, souffrant quelque peu des restes de leurs anciennes douleurs, même si Alain disait que l'extérieur de son genou l'avait ennuyé encore une fois. Gérard est arrivé un peu après comme Jean Benoît, mais sans se plaindre. Seul Stéphane avait souffert d'un releveur pendant toute la descente où il fut obligé de marcher pour ne pas aggraver son mal.

    Nicole et Christophe encore en convalescence nous ont bien encouragés à chaque fois qu'on les a vus. J'ai croisé Gilbert à six ou sept kilomètres de l'arrivée, quand j'étais un peu dans le dur, et ça m'a redonné l'envie de relancer pour finir cette étape.

    Au final, encore une belle étape au niveau des paysages, de la météo et de ma gestion de course.

     

    Jeudi 7 mai, 19ème étape, Nassereith (Autriche) – Seeg (Allemagne) : 68,9km officiellement, mais sans doute plus proche des 71km avec les variantes.

     

    L'étape a commencé comme dans un conte pour enfants. Vous connaissez l'histoire d'Hansel et Gretel ? Et bien ce matin, c'est tout juste si on avait voulu nous perdre dans la forêt.

    Nous étions partis depuis quelques minutes sur une route tranquille quand il y a eu une bifurcation prévue nous faisant passer par un chemin au lieu de continuer sur la route qui aurait été dangereuse. Or, dans ce chemin, le balisage avait disparu à une fourche et la tête de course s'engouffra par le mauvais côté et le reste du peloton, à l'image des moutons de Panurge, suivit. Barrière fermée, infranchissable, que faire ? Demi-tour ? Pour aller où ? Nous avons tergiversé pendant plusieurs minutes avant de nous rendre compte qu'une barrière avait été ouverte ce matin tandis qu'elle était fermée hier lors du balisage et le fléchage était donc impossible à voir. Cela commençait bien !

    Par la suite, nous avons dû monter un col, à 1217m, en empruntant au début une voie forestière assez vallonnée puis la route principale où la circulation devenait de plus en plus forte et dangereuse avec un nombre important de camions. La partie en descente fut tout aussi dangereuse et souvent j'ai été contraint de me plaquer contre la rambarde de sécurité car les camions ne me laissaient pas de place. De la folie quoi !

    Heureusement le calvaire prit fin au quatorzième kilomètre où nous avons rejoint une route plus tranquille, bordée d'une piste cyclable d'abord bitumée puis devenant un chemin avec des pierres plus ou moins grosses. Et ce chemin ne fut pas très facile à suivre car, très bosselé, il avait tendance à faire alterner des pentes fortes avec des descentes raides, contrairement à la route qui serpentait toujours avec le même pourcentage.

    Cette partie fut usante, tant physiquement que mentalement car on n'a pas eu une seconde de répit quand il a fallu anticiper où mettre les pieds. Nous avons même eu droit à une déviation qui a rajouté quelques centaines de mètres au périple. Heureusement, mais maigre compensation, le paysage fut très beau, cette partie du Tyrol Autrichien était très verdoyante, et tout autour on apercevait les sommets encore enneigés.

    Nous avons franchi la frontière au kilomètre 51 pour nous retrouver sur une piste cyclable en dur puis nous avons pu admirer la première ville d'Allemagne depuis la frontière, Füssen, que nous avons traversée en empruntant la Promenade Ludwig surplombant la ville. Nous étions entrés en Bavière. Des affiches publicitaires vantant les effets du lait produit dans cette région du sud de l’Allemagne nous le confirmaient à chaque village traversé. La route principale que nous avons suivie par la suite était elle aussi bordée d'une voie destinée aux vélos, piétons et machines agricoles. Il y avait du trafic pendant que nous cheminions à l'écart, en sécurité. La fin d’étape était interminable et comme si ça ne suffisait pas à mon impatience d’en avoir terminé, au dernier ravitaillement on nous fit prendre un autre chemin que la route principale qui aurait été trop dangereuse. En conséquence nous avons dû courir entre un et deux kilomètres supplémentaires et ce, sur des sentiers très vallonnés. Même l'arrivée sur Seeg fut longue et laborieuse, le village apparaissant dès la dernière colline et ne donnant pas l'impression de se rapprocher au fil de notre avancée.

    L'arrivée fut toutefois une de celles qui ont été les plus sympathiques, avec sirène des pompiers et applaudissements des nombreux habitants venus assister aux arrivées. Il y avait même les enfants de la ville, certains portant la tenue folklorique bavaroise. Nous avons été pris en photos, nous avons pu les écouter jouer de la musique avec leurs instruments et les regarder danser.

    J'ai mis plus de huit heures pour couvrir cette étape, mais avec les nombreuses rallonges auxquelles nous avons eu droit, je suis quand même satisfait. Je suis fatigué, mentalement et physiquement, mais ça va quand même car je n'ai pas de blessures. J'ai passé une IRM comme tous les quatre ou cinq jours, et je m'y suis endormi !

    Voilà les nouvelles pour aujourd'hui.

    Demain, étape un peu plus courte, 64,9km, et après, 3 étapes à plus de 80km. Là, il va falloir se forcer à ralentir. On verra bien.

    ****rendu ici

    Vendredi 8 mai, 20ème étape : Seeg – Pfaffenhausen : 64,9km.

     

    Belle étape, tranquille au niveau de la circulation car le parcours nous a fait passer par de petites routes de campagne où s'étendaient de vastes prairies avec des pissenlits. Les collines, nombreuses, dans lesquelles serpentait notre étape, étaient souvent coiffées de bois et de forêts que nous avons aussi traversés.

    Les villages, tous les un à trois kilomètres, nous les avons traversés sous les yeux des quelques habitants déjà levés puis au fil des heures le public se fit plus nombreux. Bon, ce n'était quand même pas le Tour de France et les gens n'étaient pas là pour passer la journée à regarder les coureurs.

    L'activité économique principale de cette région est donc à vocation agricole et à dominante élevage laitier; nous avons vu quelques troupeaux de bovins. Il persiste aussi une forte activité artisanale autour du travail du bois.

     

    Ma journée a été bonne, j'ai effectué un départ prudent car les trois jours qui suivront seront les étapes "eighties" en rapport avec leur longueur : 81,0 km, 80,5km et 82,0km.

    Aujourd'hui il fallait donc faire du jus pour assimiler sans problème la fin de week-end et le lundi en prime.

    Il y a eu une grosse côte d'un kilomètre à un moment de la course où j'ai pris du plaisir à accélérer ce qui, sur ma lancée, m'a fait terminer l'étape de manière un peu plus dynamique.

     

    Nous sommes hébergés dans un immense gymnase où tiennent 3 terrains de basket côte à côte.

    La fanfare du village est là et nous a fait un petit concert juste après le mot du maire.

    Ce soir, le repas est sans doute encore traditionnel, donc copieux et il ne faudra pas faire de vieux os pour trouver rapidement le sommeil.

     

    Demain, Jean-Benoît courra l'étape, sa dernière avant de rentrer en France. Le club France va se retrouver à 6, plus Nicole la femme de Gérard qui tiendra un ravitaillement avec Christophe qui devrait, je l'espère, pouvoir reprendre la course lundi ou mardi.

     

    A bientôt pour de nouvelles aventures, qui seront peut-être moins denses car les étapes vont durer au moins 2 heures de plus si ce n'est pas 3 (pour moi).

     

    Samedi 9 mai, 21ème étape, Pfaffenhausen – Nattheim : 81,0km.

    Nous avons pris le départ sous un temps couvert avec quelques gouttes puis le ciel s'est éclairci. Le soleil s'est levé et le paysage est devenu magnifique, composé de champs ouverts (sans haies) cultivés ou en herbage (toujours avec des pissenlits) enrobés de brume. A l'horizon, s'élevaient des collines boisées pendant que nous serpentions tranquillement dans le petit matin.

    Peu à peu les chants des oiseaux ajoutaient une note musicale à cette longue symphonie que nous étions en train de jouer. Un coucou se faisait entendre comme s'il voulait nous saluer.

    A chaque village traversé, coïncidence de mes temps de passage, les cloches des églises frappaient l'heure ou les quarts d'heure.

    Petit à petit les habitants s'éveillaient et la circulation automobile, jusque-là très faible, devint un peu plus importante, de quoi nous sortir de la quiétude dans laquelle nous nous étions enfermés pour nous plonger en plein stress car les Allemands aiment à faire ronfler leurs puissantes cylindrées surtout sur des routes qu'ils ont l'habitude de voir désertes et non pas envahies par des coureurs aux allures d'"extra-terrestres".

     

    La journée fut longue, longue, longue. Quand on a franchi le Danube, assez quelconque en cette partie de l'Allemagne, on n'avait à peine fait 50km et ... il en restait 30 ! 5h30 de course, il fallait en prévoir plus de 4 de plus. Au poste de ravitaillement N°5, je pris comme d'habitude une soupe chaude avec des pâtes en prenant tout mon temps (4' d'arrêt) et quand je suis reparti je n'avais pas trop envie. C'était la tête qui flanchait alors que je ne connaissais toujours pas la blessure. Je ne savais plus quoi faire pour m'occuper, ni à quoi penser, ni quoi regarder... Ce fut interminable...

    Je repris un peu le contrôle de la situation à une douzaine de kilomètres de l'arrivée car je savais qu'il y aurait encore deux postes de ravitaillement espacés de 6km l'un de l'autre.

    Donc la fin ne fut pas aussi pénible que les heures précédentes. J'avais déjà mis le MP3 depuis plus d'une heure et cela m'a aidé à oublier le temps.

     

    Je suis arrivé, fatigué sur le coup, mais j'ai vite récupéré, je me suis allongé après la douche pendant 1h30, j'ai mangé et bu pour me refaire une santé, j'ai préparé mon matériel pour le lendemain où une autre longue étape de plus de 80km m'attendait.

     

    Dimanche 10 mai, 22ème étape, Nattheim - Schillingsfürst : 80,5km.

     

    Rien à voir avec hier, cette étape, sinon le paysage aussi beau tôt le matin.

    J'avais des jambes, de l'envie, et j'ai tout de suite mis le MP3 pour m'isoler mentalement le plus rapidement possible.

    Et je suis parti, tranquillement, à mon rythme, ne me souciant pas des autres, ni du chrono, ni du road-book, j'avais prévu de regarder de temps à autres où mes compagnons se trouvaient afin de ne pas filer tout droit lorsqu'il aurait fallu tourner. Ma casquette, à l'endroit, bien enfoncée sur ma tête de façon à ne voir que la ligne blanche délimitant le bas côté de la chaussée, je courais sans aucune gêne ni douleur, en parfait équilibre. Cela a duré des heures, entrecoupées d'arrêts aux ravitaillements ou techniques, ou de courtes portions de marche quand l'envie m'en prenait.

    Le paysage m'a beaucoup rappelé la Bretagne du côté de Huelgoat, en fin de première étape de la Transe Gaule, et aussi les contreforts du Limousin. Car cette étape n'était pas plate. Le nord de la Bavière est vallonné et ce n'était pas pour me déplaire.

    J'ai tourné à 9km/h pendant plus de 45km et sur la fin j'avais encore assez de réserve pour continuer à assurer un bon 8,5km/h.

    Au total, j'ai mis près de 30 minutes de moins que sur l'étape d'hier qui était de la même longueur à 500m près. La météo a été aussi belle, un peu moins chaude qu'hier.

    Nouvel accueil avec beaucoup de spectateurs et des musiciens. Des pâtisseries nous attendaient aussi, comme hier.

     

    Pour ce qui concerne mes petits camarades français, ils vont bien, Stéphane a encore bien couru, Roger a accompagné Alain qui va mieux, Gérard a fait l'étape à son rythme.

    Jean Benoît est rentré en France ce matin après le départ de l'étape et Michel et Martine sont aussi repartis chez eux. Il ne reste plus que Nicole et Christophe comme supporters, et encore, Christophe va bientôt reprendre la course.

     

    Demain, 23ème étape, 82,1km. On a déjà fait le tiers de la TransEurope. L'Italie me semble lointaine, comme si c'était l'année dernière. On passe aussi le km 1500 demain.

     

    Afin de donner un autre angle de vue sur les trois premières semaines de course, je copie le CR que Jean Benoît a écrit peu après son retour en France :

     

    « Ben en deux mots, c’était achement bien. Seuls ceux qui ont couru une Transe Gaule, une Deutschlandlauf, une TransEurope, une Trans
    Australia ou une TransAmerica peuvent imaginer comment ça se passe et ce que représente l’acte de repartir en peloton chaque matin pour quelque 70 km de routes inconnues et 6 à 12 heures le nez au vent sur une paire de guiboles pas vraiment neuves.

    Pour les autres, la seule façon de savoir, c’est d’essayer car ça reste assez difficilement descriptible. Ceux qui iront au bout de ce qui représente 4 Transe Gaule mises bout à bout pourront dire par combien sont multipliées les émotions à l’approche du Cap Nord et du soleil de minuit.

    Pour moi, les 3 premières heures dans la quiétude et les pâles lumières du matin étaient toujours les plus agréables. Ensuite, invariablement, je faiblissais physiquement et mentalement et je décomptais alors les km et les
    postes de ravitaillements pour en finir. Souvent la lassitude disparaissait dans les deux dernières heures de course, à l’odeur de l’écurie et du foin frais.
    Pour d’autres comme Gérard Denis qui craint les étapes courtes car, à 65 ans, il lui faut plusieurs heures pour trouver le bon rythme, les étapes longues étaient les meilleures. Gérard part toujours en queue de peloton puis remonte tout ce qu’il peut (« la Chasse aux Jap’ est ouverte ») dans les deuxièmes moitiés d’étape où il se sent toujours mieux.

    J’ai eu 2 étapes difficiles où, endormi debout, j’ai dû marcher plusieurs heures en slalomant dangereusement sur la route. Dans ces moments-là, à 4 ou 5 km/h, j’ai toujours l’impression de subir la même séance de torture mentale et ce qui me permet de tenir est de me dire que j’ai une certaine chance d’être là, de ne pas être blessé, de savoir aussi que ça va revenir tôt ou tard, que je ne suis pas seul sur la route et que je
    dois retrouver le troupeau avant la fin de journée pour avoir le droit de repartir demain. Bien conscient que tout ça ne sert à rien mais que ça fait avancer et qu’avancer est bien le seul but de ce jeu stupide de gamins immatures de 50 ans et plus qui feraient un concours pour savoir qui pissera le plus loin.

    D’un point de vue pratique, cette TransEurope se déroule suivant exactement le même schéma que la DL puisque l’organisateur et la grande majorité de la vingtaine de bénévoles sont les mêmes personnes. Réveille-matin 4 heures, petit-déjeuner (café, thé, lait, pain, beurre, fromage, jambon, salami) sur place dans le gymnase ou à proximité de la salle de couchage à 5 heures, premier départ 6 heures, 2è départ 7 heures pour la dizaine de coureurs les plus rapides de la veille. Postes de ravitaillement tous les 8 à 12 km, le premier uniquement liquide, tous les autres complets, soupette chaude aux pâtes ou au riz bien reconstituante au 4è ravitaillement tous les jours. Pas de ravitaillement ni de Bolino à l’arrivée mais bières et boissons à 1 euro et
    petit snack ambulant pas cher au gymnase (par ex. œuf au plat + saucisse à 2 euros). La plupart des coureurs font de petites courses au supermarket le plus proche lorsque c’est possible. Les arrivées se jugeant toujours devant les
    gymnases (il y a eu 2 entorses à la règle en 21 étapes), le centre-ville est souvent trop éloigné pour y aller se promener.

    Après la douche (chaude, tiède ou parfois froide), l’éventuelle lessive plus ou moins quotidienne (ne pas laver ses chaussettes est selon certains grands sages la meilleure façon de
    protéger ses pieds), les soins si nécessaire, l’après midi, évidemment plus ou moins longue selon la vitesse de course, se passe beaucoup à l’horizontale. Sieste ou relaxation en musique, prise de notes, massages (1 seul kiné, service
    payant, prix modéré), connexions Internet, téléphone copains et famille. Dîner en général à 18 heures, parfois 17 heures 30. En Italie ce fut souvent assez moyen en qualité et variété (pâtes ou pâtes et rarement dessert) mais toujours
    suffisant en quantité sauf la veille du départ à Bari où le Race Direktor Ingo a failli se faire Hara-kiri de honte et à préféré sauver la course et oublier son dépit en plongeant dans la bouteille de pinard.

    Couchage le plus souvent dans des salles de sport, parfois écoles et, c’était annoncé, plusieurs campings au cours de la première semaine (chaque coureur est venu avec une tente). Comme le temps était particulièrement pourri dans le sud de l’Italie, l’organisateur a payé des bungalows à partager à 4 ou 5 coureurs à 3 reprises pour éviter de devoir monter les tentes sous la pluie, une autre fois c’était choix entre un lit à 7 euros ou alors tente sous la pluie. Parfois les salles sont très limites en taille et il faut alors s’entasser les uns contre les autres (c’était le cas hier soir peut-on lire sur les blogs des coureurs). Extinction des feux chaque soir à 21 heures mais beaucoup sont déjà endormis à cette heure-là. Quelques coureurs ont fait le choix de faire suivre un camping-car pour dormir en paix et loin des pets (surcoût non négligeable).

    On pense que Ingo, qui a tablé sur 50% de Finishers comme en 2003, s’attendait à plus d’abandons à ce stade de la course (seulement 12 à ce jour et le plus dur est sans doute fait) et il
    semble qu’il soit actuellement, à une semaine d’embarquer dans le bateau pour la Suède, en train de faire le forcing pour que les abandons incapables de reprendre la course quittent la caravane et rentrent chez eux (c’était prévu
    ainsi dans le règlement : la Trans Europe n’est pas un Tour Operateur touristique transportant des gens en véhicule de ville en ville).

    Ambiance toujours excellente en rapport avec les conditions de vie spartiates et la solidarité de
    ceux qui partagent un quotidien qui n’est pas de tout repos pour personne, coureurs comme bénévoles. La plupart des coureurs se connaissent de longue date pour s’être rencontrés sur la DL ou la TG. Que des gens positifs et tous portés par un objectif commun. Atmosphère saine, pas de télé, pas de journaux, peu de
    nouvelles du monde ni du championnat de foot, pas de fumeurs.

    La traversée de l’Italie fut souvent décevante, entre la désormais fameuse « SS16 » (on peut traduire par Route Nationale 16), parfois franchement dangereuse, la météo fraîche et maussade, et la côte adriatique triste, farcie de béton et de plages aussi peu avenantes pour un Breton que lamentablement privées. Le pompon
    de l’étape la plus démente revient à la 11è qui s’est terminée sous une forte et froide pluie à slalomer sur une route étroite le long de la barrière de sécurité entre les flaques d’eau, les poids lourds et les connards d’automobilistes aux téléphones portables vissés à l’oreille. Un simple coup de patin malencontreux suffisait à se faire aplatir contre le rail. Décor d’apocalypse où quelques inconscients continuent gaiement de courir tout de noir vêtus ! J’ai fini celle-là dans une grosse colère en me disant que ça commençait à bien faire et que j’attendais de voir à quoi ressemblait la suivante pour décider d’arrêter…
    Et puis après une courte mais bonne nuit réparatrice, tu as déjà oublié le cauchemar et tu repars comme un robot.


    Il est étonnant de voir que personne ne vient jamais réellement se plaindre de ces conditions parfois à la limite de l’absurde. Sur ce type de course la règle du jeu est d’être toujours
    capable de s’adapter lorsque les choses vont moins bien (repas trop light, couchage inadapté, route dangereuse, mauvaises sensations, blessure, mal de tête, rhume ou caca mou et tout ce qui peut forcément arriver en deux mois de
    route).
    Après les deux premières semaines de grisaille quasi permanente, la récompense fut à la hauteur pour ceux qui sont revenus en troisième semaine : 7 jours somptueux dans les Alpes (Etapes 14 à 20) entre Tyrol italien, 2 jours
    d’Autriche, sud de la Bavière et arrivée du soleil. Paysages lumineux, fleuris, parfumés, sur pistes cyclables et forestières au milieu des pâturages et
    d’océans de pissenlits agrémentés de petits cols entre 1200 et 1578 mètres pour le point culminant, bref du pur jus de bonheur 100% naturel et bio qui remet la tête à l’endroit et donne envie de gambader sans fin.
    L’unique très mauvais souvenir personnel et traumatisant pour moi restera d’avoir vu à deux
    reprises en deux jours successifs des coureurs (8 exactement et j’ai les noms) franchir des passages à niveau fermés pour éviter d’attendre et de perdre 2 ou 3 minutes. La deuxième fois une Japonaise et un Allemand (quelle déception !) ont traversé la voie sous mes yeux à un endroit avec peu de visibilité juste une petite quinzaine de secondes avant que le train ne déboule à bonne allure, klaxon bloqué. Je peux comprendre l’envie de le faire, pris dans la course, mais
    passer à l’acte rabaisse l’homme au pitoyable état de sportif décérébré. L’accident expédierait son responsable à l’hôpital ou en enfer et c’est un moindre mal, mais aussi probablement l’organisateur en taule et tous les autres coureurs prématurément à la maison. Les deux fois, l’incident m’a gâché toute la journée.


    Oui la TransEurope, en plus d’être une formidable aventure, est sans conteste une course mais la vie en est-elle une aussi où il faut se presser à ce point d’atteindre la ligne d’arrivée ?
     »

     

    Lundi 11 mai 2009, 23ème étape: Schillingsfürst – Prosselsheim : 82,1km.

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    Ces trois étapes à plus de 80km ont laissé des traces. Des abandons, des arrivées répétées hors délais, des blessures qui ne veulent pas guérir, certains commencent à craquer moralement. Physiquement et mentalement, une grande partie des concurrents en a pris un coup, et j'avoue que j'en fais partie même si je ne connais pas encore les affres de la blessure.

    Pourtant la journée avait relativement bien commencé : comme il avait plu toute la nuit, nous nous étions tous préparés à partir équipés de nos ponchos et on s'attendait tous à passer une difficile journée mais, comme par miracle, quelques minutes avant le départ la pluie a cessé.

     

    J'ai remis le mode "musique" dès le départ afin de faire passer le temps plus vite et en effet les 40 premiers kilomètres se sont passés sans que j'aie à trouver le temps trop long. Par la suite, comme la pile de mon MP3 était morte, je n'ai pas souhaité la changer tout de suite, j'ai essayé de trouver autre chose. J'ai pensé à ma famille, à mon fils dont c'était l'anniversaire (19 ans) et cela m'a rappelé l'époque de mes débuts en course à pied. Je n’étais encore qu'un débutant et n'avais pas encore couru mon premier marathon.

     

    Je me trouvais bien positionné en raison d'une vitesse de course de l'ordre de 9km/h ce qui, avec les différents arrêts, me faisait passer au km48 en 5h30' puis au 60ème en moins de 7h.

    Je comptais énormément sur la fin de course pour garder un rythme régulier et commencer à récupérer en vue des étapes suivantes, mais c'était sans compter sur des modifications de dernière minute proposées par Rainer Koch et mises en application sans qu'on en soit informés.

    A Dettelbach, la ville d'où Rainer est originaire, nous avons eu droit à un ravitaillement surprise tenu par sa maman et auquel je ne me suis pas arrêté car trop proche du précédent et le suivant devait se situer à moins de 4km de là. Je préférais refaire le plein au dernier point de ravitaillement surtout qu'il est tenu par Uli, un pasteur, et qu'il y a de la bière qui aide à bien terminer les étapes.

    Dans le village, on nous fit passer par des jolies petites ruelles pavées qui, dans un contexte de fatigue de fin d'étape de 80km, n'étaient pas les bienvenues car aussi fort pentues. Ensuite le parcours emprunta un chemin de terre collante et glissante qui ne permettait pas de courir. Normalement, on aurait dû passer par une route jusqu'à l'arrivée, mais là, de surprise en surprise, nous avons été contraints de courir tour à tour dans des chemins de terre, sur une voie cyclable sableuse, dans des chemins herbeux avec des virages à 90° voire en épingle à cheveux pour contourner les champs ou éviter les cours d'eau. La galère ! Cette fin d'étape était de surcroît fort risquée pour les articulations bien entamées : combien de fois ai-je failli me tordre les chevilles en courant dans des trous !

    Quand je suis arrivé, j'avais le masque des mauvais jours, j'étais en colère que j'ai gardée pour moi et pour les arbres qui ont dû m'entendre exprimer mon courroux de manière assez virulente.

     

    Une fin d'étape à oublier et à ne pas proposer à nouveau aux coureurs.

     

    Mardi 12 mai, 24ème étape : Prosselsheim – Weissenbach, 65,6km.

    Cette étape démarra difficilement pour tout le monde. Les séquelles des 240km avalés en 72h étaient bien présentes et il fallut plusieurs kilomètres pour trouver un rythme de course satisfaisant.

    Ce n'étaient pas les douleurs qui m'empêchaient de courir à l'aise, mais la fatigue accumulée depuis plus de trois semaines et mise en relief avec la triplette des "eighties" de ces derniers jours.

    Il fallait garder toute sa vigilance car le fléchage n'est pas au top et il ne faut pas toujours se fier au road-book qui parfois n'est pas tout à fait correct (cf les variantes "surprises"). Cela n'a pas manqué, certains coureurs se sont trompés de chemin, et moi-même j'ai failli faire la même erreur qu'eux, n'étant repêché que par un coup de chance quand j'ai regardé du bon côté à un carrefour.

    Cette étape était bien vallonnée, avec quelques raidillons casse-pattes et des descentes à plus de 10% dans lesquelles il était difficile de freiner. La météo a été fraiche toute la journée, à peine pluvieuse, et j'ai couru avec mon bonnet et mon coupe-vent fluo par-dessus deux maillots.

    J'ai globalement bien couru, mais je crois avoir effectué ma plus faible moyenne depuis Bari, tout en faisant une place habituelle. Comme quoi, tout le monde semble avoir du mal à digérer les dernières étapes.

    Les hébergements sont aussi assez spartiates. Pour la seconde soirée consécutive nous sommes entassés dans des petites pièces, par exemple ce soir où nous sommes à 7 dans une pièce de 15M² plus un dans un cagibi.

    J'ai eu de la chance d'avoir une petite place, à côté d'une prise de surcroît, et je n'ai pas eu de pluie. Ceux qui sont arrivés 15 minutes après ont eu de la pluie et ceux qui ont encore plus tardé à arriver n'ont pas trouvé de belle place pour s'installer.

    Je pense que les organisateurs n'avaient pas pensé qu'après 3 semaines il resterait autant de participants en course, sans compter tous les accompagnateurs. L'organisation a aussi donné un ultimatum à certains coureurs blessés depuis très longtemps : si vous ne prenez pas le départ de l'étape, vous devez rentrer chez vous. Un japonnais, Kaz, a dû rentrer chez lui car dans l'incapacité de reprendre la course. Pour d'autres, l'ultimatum va arriver à son terme et s'ils ne reprennent pas la course, ils devront aussi quitter la TE-FR.

     

    Voilà les news pour hier et ce soir.

     

    J'espère que par la suite les hébergements seront plus spacieux et que nous pourrons profiter des 9 dernières étapes d'Allemagne.

     

    à+Fab****

     

    Mercredi 13 mai, 25ème étape, Weissenbach – Queck, 71,5km.

     

    Encore une longue étape de passée, une belle étape pour les deux premiers tiers avec un paysage de montagnes ressemblant au Massif Central, en un peu moins haut, mais avec des côtes entre 10 et 17%, et les descentes qui vont avec. Paysage agricole, verdoyant, avec aussi des champs de colza parmi les cultures de céréales et les herbages.

    Quelques forêts aussi qui ont donné une petite note sympathique au parcours.

    Les villages traversés sont devenus au fil des kilomètres assez typiques, certaines maisons ressemblant à celles qu'on peut voir en Alsace.

    Une grande agglomération (Fulda) avec ses maisons à flanc de coteau et sa rivière nous a rappelé que l'Allemagne ce n'était pas que de la campagne. Nous y avons rejoint une piste cyclable qui allait nous mener presque jusqu'à l'arrivée.

     

    Ma course fut sympa, je suis parti prudemment avec une douleur sur le dessus du pied au niveau du gros orteil, mais quand arrivèrent les premières montées (à 10%) j'ai trouvé mon rythme et je me suis "détaché" du groupe avec qui je suis d'habitude. Les descentes au début étaient appréhendées de manière prudente afin de ne pas me blesser et comme je ressentais une légère douleur au pied, il n'y avait pas à forcer.

    La succession pendant plus de 30km de côtes et de descentes n'était pas pour me déplaire et je continuais comme ça mon petit bonhomme de chemin, sans avoir à utiliser quelque accessoire pour me distraire. Aujourd'hui, je n'ai pas trouvé le temps long, sauf vers la fin, les 20 derniers km, mais je me suis forcé à ne pas utiliser mon MP3. Je le garde pour demain, sur la petite étape (64,4km).

     

    Tout va bien, je soigne mon dessus de pied et je suis content car j'ai réussi à m'allonger une heure, à faire sécher mon linge et à préparer mon matériel pour demain.

    J'ai aussi pu répondre aux questions posées par les gars du forum concernant certains petits détails de la course.

     

    à+Fab****

     

    Jeudi 14 mai, 26ème étape, Queck – Waldkappel, 64,4km.

    Jusqu'à présent, je n'aimais pas le plat, les parcours sans relief, un peu comme la première semaine italienne, mais aujourd'hui, j'ai apprécié les longues portions de pistes cyclables sans bosses. Du relief, il y en a eu sur la fin, avec une belle montée à 12% et la descente qui lui correspondait, plus quelques vallons à franchir, mais j'avais assez bien avancé dans l'étape pour ne pas trop piocher quand ces côtes sont arrivées.

    Le parcours depuis le matin avait été tranquille, même la route empruntée sur une quinzaine de km avait été agréable car pratiquement sans trafic.

    J'ai pris mon temps pour partir, comme beaucoup de coureurs qui sont aussi rentrés dans une sorte de seconde phase de la TransEurope, celle où la prudence est de mise au niveau de la vitesse, parce que c'est maintenant qu'on est en train de se préparer à une bonne traversée de la Suède ou à une grosse galère interminable.

    J'ai pris un rythme de 8,5km/h soit 0,5 à 1 km/h moins vite que les étapes précédentes en me disant que j'aurais peut-être plus de réserves sur la fin de la journée. J'ai même fait un long arrêt de 5' pour aller aux toilettes en pleine campagne, et ce n'est pas facile de trouver un petit coin tranquille en plaine, mais j'ai fini par en repérer un.

    Quand j'en suis reparti, une bonne partie des coureurs que je devance habituellement est passée devant moi, mais ce n'était pas un problème car j'avais prévu une étape de "transition", sans forcer, une sorte de régénération avant les 5 suivantes (68/77/70/77/70) qui nous amèneront aux portes de la mer entre l'Allemagne et la Suède.

    J'ai effectué ma petite remontée, sans la rechercher, passant les uns après les autres la plupart des coureurs qui avaient profité de mon arrêt pour tracer la route.

    Mentalement j'étais bien, j'arrivais à penser à tout un tas de choses, à regarder le paysage avec ses champs de colza, de céréales ou d'herbages, avec ses bois et ses villages traversés dans la plus grande intimité.

    A mi-parcours, nous sommes passés par une portion de piste cyclable aménagée et où un parcours d'initiation à l'astronomie avait été installé.

    Dans un virage, il y avait le soleil (boule de pierre de x cm de diamètre, sachant qu'il était représenté à l'échelle 1cm=20000km, faites le calcul) et progressivement au fil du parcours nous sommes passés devant des stèles où étaient représentées les planètes du système solaire, les stèles étant elles aussi distantes du soleil avec la même échelle (ça va vous en faire des calculs pour savoir à combien de km j'ai trouvé Neptune, après être passé successivement devant Mercure, Vénus, la Terre (et sa Lune), Mars, Jupiter (plus grosse boule de toutes celles représentant les planètes, bien sûr), Saturne avec ses anneaux, Uranus et donc Neptune. Pluton n'y figure plus depuis qu'on l'a retirée des planètes du système solaire, mais elle fut citée.

    Cela m'a occupé un bon moment ainsi que l'heure qui a suivi car j'étais en train de penser à quel genre de CR j'allais bien pouvoir écrire le soir.

    Bon, bonne nouvelle, si le cerveau fonctionne encore comme ça, c'est que je ne suis pas encore trop usé par les plus de 1700km parcourus depuis Bari.

    J'aurais même pu vous proposer un autre problème, toujours concernant les planètes : si l'on considère la distance Bari – Cap Nord comme étant celle qui sépare le Soleil de Neptune, lors de quelles étapes avons-nous rencontré Mercure, Vénus, La Terre, etc...

    Pas marrant le Fab quand il s'y met. En tout cas, ça distrait et ça fait passer le temps plus vite, même si les scientifiques me diraient le contraire avec la théorie de la relativité ou une autre.

    Fin du cours de maths-sciences, et revenons à la fin de course.

    Et bien, j'avais des jambes, et une tête qui m'a conseillé de ne pas jouer à faire l'idiot et de rester concentré sur la fin de l'étape sans changer de tempo.

    Je termine frais, 20ème derrière la petite japonnaise Takako qui est la seule que je n'ai pas rattrapée suite à mon arrêt technique du matin.

    Voilà, tout va bien ce soir, j'ai mis de la glace sur mon pied droit qui semble aller mieux et qui ne m'a gêné que lors des grosses descentes à fort pourcentage.

    A bientôt pour un autre CR, et peut-être aussi pour un autre petit exercice de Maths.

    "Oh ! Non, pitié Fab !!", ai-je cru entendre, ah ! Bon, alors plus de maths.

    Biz à tous.

    Fab****

     

    Vendredi 15 mai, 27ème étape : Waldkappel – Ebergötzen, 68,0km.

    Quand la pluie a cessé (tiens c'est drôle, ça me rappelle un CR d'il y a peu) je me suis dit qu'on avait décidément beaucoup de chance pour l'instant car avec ce qu'il tombait encore à 5h au moment du petit déjeuner, on avait tous préparé les éventuels imperméables et autres ponchos.

    Le mien, je l'ai glissé dans la manche de mon coupe-vent afin de le sortir dès qu'il se remettrait à pleuvoir.

    L'étape est partie doucement, comme il est de coutume depuis quelques temps maintenant, sauf Hiroko la japonaise qui a démarré dès la fin du décompte fait par Ingo (en anglais : 10, 9, 8, 7, ...3, 2, 1, GO !). Elle ne veut pas partir avec l'autre groupe car ça lui déplaît de ne pas faire la course en tête. Au bout de 2km, on ne la voyait déjà plus. Les autres, une dizaine de coureurs, sont restés groupés à quelques dizaines de mètres devant moi pendant un bon moment, puis les premières côtes sont arrivées et j'ai décidé de me faire plaisir tout en me testant. J'avais repéré qu'il allait s'agir d'une étape avec du relief, donc des côtes et des descentes à répétition. J'ai remonté tout le monde au train dans les côtes et je me suis retrouvé en tête de ce groupe, non sans avoir eu du mal à dépasser Eiolff le norvégien qui ne supporte pas qu'un "sans grade" lui passe devant, mais sur le coup, il n'a pas pu suivre surtout quand, une fois passé devant lui, j'en ai remis une petite couche, histoire de le calmer. Je dépassais aussi Janne, le finlandais vainqueur de la Transe Gaule 2005. Dans les descentes, j'assurai aussi, mes pieds ne me faisant pas mal, et je conservais mon avance, certes de quelques centaines de mètres seulement, mais ça fait toujours plaisir.

    Bon, comme j'étais le seul poursuivant d'Hiroko que je n'apercevais pas, même dans les rares lignes droites qu'on pouvait rencontrer, j'ai continué à mon rythme. Mes temps de passages n'étaient pourtant pas extraordinaires, 9,5km/h de moyenne au km 10, puis 9,3 aux 20ème et 30ème, puis 9,2 au 45ème. C'est là que je me suis dit qu'il fallait penser maintenant à l'étape de demain et je décidai donc de relâcher mon effort, surtout que je sentais aussi le groupe de poursuivants revenir sur mes talons au prix de ravitaillements beaucoup plus courts que les miens. Ainsi, au poste de ravitaillement N°5 (km 45,5) où je fis une pause "soupe chaude" de près de 5', je me fis rattraper par plusieurs de mes poursuivants qui repartirent des stands avant moi.

    Je les ai gardés à vue pendant plusieurs km avant qu'ils ne me lâchent irrémédiablement au fil des minutes.

    Mais j'étais content, j'avais vu qu'à J+27 j'étais encore capable de monter en pulsations cardiaques et une journée comme celle-là ne peut qu'être bénéfique pour la suite (ça, c'est ma théorie, certainement contraire à celle de beaucoup, mais qui ne tente rien ne peut pas savoir).

     

    Au final, je termine à une moyenne de près de 9km/h, dans les 20 premiers, et je n'ai pas de bobos.

     

    Un stand de vente de saucisses grillées et de gaufres, sans oublier les bières, était installé par le club sportif local, et je m'y suis restauré après une bonne douche et une petite lessive (petite, car le temps a tourné à la pluie lors du dernier quart d'heure de course et je ne savais pas où étendre mon linge).

    A 15h15, j'ai passé mon IRM (du mollet aujourd'hui) afin de voir les pertes en graisses et d'autres modifications depuis le départ.

    Après, je suis allé dans le village trouver une superette et refaire le plein de matériel de lavage ainsi que de nourriture.

     

    Voilà, tout va bien, ce soir j'ai déjà parcouru 1838,4km (sans compter les nombreux détours ou erreurs de parcours) en 213h15' environ.

    Je ne suis pas usé ni mentalement ni physiquement, alors quoi d'autre ? Pourvu que ça dure.

    Demain ça sera une autre histoire, 76,7km.

    à+Fab****

     

    Samedi 16 mai, 28ème étape, Ebergötzen – Gebhardshagen : 76,7km.

    Aujourd'hui, j'ai couru ma 100ème étape en course "Multidays" : 4 TG (= 72) + 28 (TEFR).

    C'est anecdotique, mais ça montre le chemin parcouru depuis mon premier départ de Roscoff, où tout ému j'avais versé quelques larmes dans la Manche peu avant de prendre le départ de ma 1ère TG.

     

    L'étape du jour avait un profil qui s'annonçait vallonné; il n'en fut rien mises à part deux ou trois grimpettes de rien du tout, en tout cas pas de quoi amuser un Fab qui adore attaquer dans les côtes.

    Mais la journée s'est quand même bien passée. J'ai tourné entre 9 et 9,5 km/h pendant plus de 6 heures puis quand j'ai vu que j'avais bien avancé j'ai pensé aux jours qui vont suivre et j'ai terminé en "roue libre" si l'on peut dire.

    Le paysage n'est pas très varié, composé toujours de ses champs de céréales, de colza ou en herbe, ses collines boisées, ses routes serpentant entre les vallons, quoiqu'aujourd'hui nous ayons surtout eu quelques grandes lignes droites. Les villages semblent avoir peu à peu changé en quelques jours, ils ont un aspect légèrement différent bien qu'en ne faisant que les traverser on ne puisse pas vraiment se rendre compte de la réalité de l'impression. Quoiqu'il en soit, j'ai remarqué plus de villages-rues que de bourgs agglomérés autour de leur église et autres bâtiments historiques.

     

    Ce matin, deux coureurs n'ont pas pris le départ, deux Allemands : Hans et Théo. Hans, j'ai couru avec lui la TG et cela m'a fait très mal au coeur de le voir baisser pavillon sur panne mentale. Il n'en pouvait plus et quand le mental ne veut plus, le corps dit non aussi. Théo a sans doute payé ses étapes "euphoriques" lors de la traversée de la Bavière, sa région, où il fut souvent accompagné de copains de club et accueilli à chaque poste de ravitaillement. Mais ça, sur le coup c'est "magique", mais les lendemains peuvent s'avérer très difficiles surtout lorsque vous combinez ça avec une forte gastro entérite.

    Du coup, je gagne deux places au général, mais ma camarade japonnaise s'est bien amusée à son tour à me repousser un peu plus loin alors que je n'étais revenu hier qu'à moins de 5'.

    Pas grave, ce n'est pas Takako que je veux battre, c'est le Cap Nord que je veux atteindre.

     

    à+Fab****

     

    Dimanche 17 mai, 29ème étape, Gebhardshagen - Stüde (70, km) 

    Vous n'aurez pas ce soir un CR "made in Fab" car il n'a pas pu se connecter sur secteur  : il n'y avait pas de prises disponibles. Et oui cela arrive !

    Les conditions d'hébergement pour cette nuit sont assez spartiates : la salle est minuscule (Stéphane et Fab ont dû se dépécher à leur arrivée pour se trouver une place dans (je cite) "cette boîte à chaussure", les douches étaient froides (Roger et Alain ne sont pas douchés. Roger ne voulait pas que sa bronchite s'aggrave!)

    La journée fut bonne malgré les longues lignes droites (Fab préfère quand il y a du relief) et les 19 derniers kilomètres le long du canal de l'Elbe et son chemin caillouteux. Heureusement qu'il y a un peu d'herbe au milieu pour pouvoir soulager les pieds ! Le pire c'est que la course va continuer ce chemin pendant 70 km demain...

    Côté bobos, Fab compte ce soir une ampoule de plus ! (Il pense que ce sont les gravillons des 19 derniers km). Le moral est là.

    Au repas (pris à 17 h 30 !) Ingo a fait un discours de rappel des règles de sécurité et a menacé de disqualifier tous ceux et toutes celles qui ne les respecteraient pas !

    à+Pascale

     

    Lundi 18 mai, 30ème étape : Stüde – Bienenbüttel, 76,9km.

     

    Le réveil de la nuit passée dans la "boîte à chaussures" taille 36 s'est bien passée, la nuit fut bonne aussi. La promiscuité avec Sigrid ne fut pas de tout repos surtout quand elle m'avait réveillé la veille dans l'après-midi pour me dire d'aller manger et je l'ai envoyée se promener car le repas n'était qu'une heure plus tard. Elle n'a pas arrêté de tousser pendant la nuit, mais elle n'est pas la seule, beaucoup de coureurs et d'accompagnateurs sont pris par de gros rhumes ou de belles bronchites.

    Le départ de cette étape, où nous allions passer les 2000 km au km 15, s'est effectué progressivement, chacun mettant plusieurs minutes avant de retrouver une aisance de course "normale". Nous avons commencé par les 1200 derniers mètres de la veille, du canal de l'Elbe à la salle, mais en sens inverse, et lorsque nous avons rejoint à nouveau le canal, on savait que cela allait durer 70km !

    Donc, pas de description du canal, j'ai passé plus de temps à regarder le chemin de gravillons ou de terre et le bout de mes chaussures qu'à admirer le paysage. J'ai au moins effectué une dizaine d'arrêts si ce n'est plus afin de retirer ces petits cailloux qui s'introduisaient dans les chaussures et qui risquaient de me blesser (ampoules) si je les laissais trop longtemps.

    J'ai vu des péniches, des grosses (barges), dans les deux sens, transportant du minerais ou d'autres denrées industrielles. Il n'y avait qu'une écluse que nous avons dû contourner l'espace d'un kilomètre, et plusieurs petits ports avec des bateaux de plaisance. Nous avons pu aussi croiser ces derniers en promenades sur le canal avec des personnes en train de bronzer sur le pont. Il a fait beau, heureusement qu'il n'a pas fait trop chaud avec un petit vent bien agréable rarement défavorable. L'orientation du tracé du canal (vers le nord) nous a procuré un peu d'ombre grâce aux arbres le bordant.

    Je suis arrivé avec Takako, la coureuse japonaise avec qui je suis au coude à coude au classement. Mais on a fait un pacte de non agression, je fais mes étapes en partant plus vite qu'elle et elle me rattrape à la fin. Nous sommes bien calés aux 19ème et 20ème places, avec les coureurs de devant à 7h et ceux de derrière avec à peu près le même retard. Aujourd'hui, le duo suédois a souffert, surtout Andréas que Mattias a attendu toute l'étape en raison d'une blessure à une jambe. Espérons pour lui que demain tout rentrera dans l'ordre et que j'aurai le plaisir de courir avec eux.

     

    Je suis en pleine forme, le physique va bien, pas de douleurs sauf une ampoule difficile à soigner quand il y a des cailloux toute la journée mais qui devrait cicatriser dans les prochaines 48h. Le moral est bon, même si aujourd'hui je me suis demandé quel plaisir on pouvait trouver à courir le long d'un canal pendant des km et des km. Vivement mon bon vieux bitume !

    Demain, étape de 69,5km "seulement" où j'espère continuer sur ma lancée avec une vitesse de course assez agréable.

     

    Hier soir, un vendeur de glaces est venu devant la salle (la boîte à chaussure taille 36) et j'en avais profité pour me faire un petit plaisir : une glace à 4 boules (2,40€)! Ce soir, le restaurant d'à côté en vendait aussi au même prix : je n'en ai pris que trois, mais c'était tellement bon !

    Le must serait d'avoir des crêpes, mais là, il ne faut pas trop rêver. A la place on a de la goulash que je commence à ne plus supporter, heureusement qu'après ma course je suis allé dans le camion de Nicole et Gérard me restaurer avec nos aliments personnels que Nicole s'occupe d'acheter avant qu'on ne soit arrivés.

     

    à+Fab****

     

    Mardi 19 mai, 31ème étape, Bienenbüttel – Trittau, 69,5km.

    Retour sur la route pour cette longue étape, mais qui reste quand même dans la moyenne qui est de plus de 70km par jour.

    Nous sommes partis dans le grand silence qui règne sur les villages de campagne, sur une route quasi déserte, avec de nombreux passages dans des zones boisées. Une petite brume persistait dans les champs que le soleil éclairait déjà depuis plusieurs minutes. Plus on monte vers le nord, plus il se lève tôt.

    Nous avons franchi rapidement un pont sur le canal latéral de l'Elbe, notre copain de la veille le long duquel on a tourné et tourné mille pensées dans nos têtes de coureurs un peu usés par sa longueur.

    Par la suite, nous avons emprunté une piste cyclable nous permettant de ne pas avoir à anticiper le passage des autos qui au fil des heures se faisaient plus nombreuses : les gens partent au travail tôt, avant 7h et doivent embaucher entre 7 et 8.

    Après plus de 30km, nous avons traversé l'Elbe, le vrai fleuve, pas sa dérivation, et nous avons pu admirer le long de ce fleuve majestueux une non moins belle ville : Lauenburg. Nous avons d'ailleurs traversé une partie de cette ville par des ruelles pavées et fort pentues.

    Une fois rendus sur les hauteurs, les routes se firent à nouveau plus droites et les villages plus espacés. Parfois une piste cyclable parallèle à la route nous menait tranquillement au village suivant et nous procurait un peu d'ombre bienvenue sur les coups de midi où le soleil se faisait sentir plus fortement.

    Il y avait quelques nuages de beau temps, un léger vent à peine perceptible mais néanmoins rafraîchissant et à cette heure de la course, l'objectif était d'atteindre le prochain point de ravitaillement.

    On en eut un "surprise" au km 50 (à Schwartzenbek) mais je ne m'y suis pas arrêté car "programmé " pour le suivant 4km plus loin et le précédent où j'avais dégusté une bonne soupe salée n'était lui aussi qu'à 4km.

    C'est comme toujours à ce moment de l'étape, où j'ai assuré 6h à 9km/h que j'ai commencé à mollir un peu, mais comme je suis habitué, je n'ai pas eu à m'inquiéter, juste à recalculer mes temps de passage prévus et mon heure approximative d'arrivée.

    J'étais donc reparti pour finir à 14h, soit après 8h de course.

     

    La ville étape, Trittau, nous a réservé une belle surprise : quand je suis arrivé dans le centre ville, à 1500m de l'arrivée, on annonça mon nom, en fait ils ont annoncé celui de Gérard mais je n'oubliais pas de faire corriger l'erreur, puis deux collégiennes sont venues courir avec moi munies de petits drapeaux français. Nous avons donc couru ensemble jusqu'à l'arrivée où une grosse animation nous attendait : musique, micro, goûter, spectacle de gymnastique effectué par des enfants, mini-concert rock, chorale... La totale quoi !

    Sans doute le meilleur accueil depuis Bari.

    Le repas du soir fut aussi très bon, avec des boulettes de viande à la sauce piquante accompagnées de riz. Comme dessert, on a pu terminer les gâteaux proposés au goûter.

     

    Voilà une étape comme je les aime.

    Demain, 44km seulement, on a donc droit à une grasse matinée jusqu'à 4h30 au lieu de 4h.

     

    Stéphane m'a demandé d'ajouter ce message à toutes les personnes qui veulent aller sur son site mais qui n'y parviennent pas : "Personne ne peut aller sur le site et il ne peut pas l'alimenter, il va tenter de résoudre le problème."

    Les 4 autres copains du club des frenchies vont bien.

    à+Fab****

     

    Mercredi 20 mai, 32ème étape : Trittau – Bad Segeberg, 44,0km.

    L'étape la plus courte, avec l'ultime au Cap Nord, devait permettre soit de se reposer en y allant tout doucement sans forcer, soit de faire comme d'habitude c'est à dire de courir à sa vitesse "normale" soir de se tester en fonçant un peu. Vous devinez l'option que j'ai rapidement choisie pendant cette étape.

    D'abord, j'avais plein de trucs auxquels penser, concernant les mésaventures de ma petite famille dont je suis loin en ce moment et pour plus d'un mois encore.

    Cela a commencé lundi quand Pascale a renversé un cycliste en allant travailler, je me suis imaginé ce qu'elle avait dû ressentir, mais la jeune fille renversée n'a pas été blessée. Le plus difficile fut sans doute d'aller travailler après et de contacter l'assurance, de visiter le garagiste pour l'expertise ...

    Second soucis : la chaudière qui est tombée en panne et comme c'est moi qui gère ça d'habitude, je pense que Pascale a encore dû avoir beaucoup de courage et de patience pour entrer en contact avec le dépanneur qui n'était pas disponible tout de suite.

    Troisième soucis : plus de connexion internet à la maison, donc plus de téléphone non plus. Pascale a "bouffé" son forfait de portable à essayer de résoudre le problème avec l'opérateur.

    Quatrième chose à laquelle j'ai eu le loisir de penser : le devis proposé pour changer les gouttières à la maison, ce qui dans le budget va faire un bon trou.

    Il y a d'autres points concernant la vie en France qui m'ont aussi interpellé, comme le permis de conduire que mon fils, Lorris, va bientôt passer, les résulats de ses partiels, le stage de ma fille...

    Bref, j'avais de l'occupation aujourd'hui ce qui peut expliquer la suite de ce CR.

     

    J'ai commencé tranquillement, pour m'échauffer et sentir le terrain : on est parti à 6h30 au lieu de 6h, cadeau de l'organisation, et le jour était déjà bien levé. Une belle journée ensoleillée se préparait. La route était calme, la piste cyclable bordée d'arbres et de buissons qui donnaient à cette matinée un caractère champêtre malgré le revêtement en bitume.

    Les premiers kilomètres avalés à bon rythme, mais sans plus, m'avaient "ouvert l'appétit" et quand j'ai vu que je revenais sur quelques coureurs partis plus vite que moi, je me suis amusé à hausser le tempo, de les dépasser et de les laisser sur place. Je tournais soudain à plus de 10km/h et je me sentais capable de continuer ainsi des kilomètres. Au fil des postes de ravitaillement j'ai vu que derrière j'avais fait le trou, personne ne profitait de mes courts moments de pause pour refaire la jonction.

    La suite fut du même tonneau, un peu moins vite quand même, ayant repris une allure moins risquée (entre 9,5 et 10km/h) mais efficace. Le parcours était varié, avec de tout petits reliefs, des villages à traverser ainsi qu'une ville moyenne (Bad Oldesloe) où la circulation m'obligea à attendre parfois aux feux tricolores que le piéton soit vert avant de passer car si on se fait prendre à "griller" un feu, on risque d'être pénalisé (avertissement) voire même "fired" exclu de la course en cas de récidive. Alors, j'ai fait celui qui respecte le code du piéton, même si c'est pénible car d'autres derrière (ou devant) ne se gênent pas à prendre des risques.

    J'ai donc perdu mon bon rythme et il m'a fallu plusieurs minutes avant de retrouver la même aisance qu'avant.

    L'avant-dernier ravitaillement, celui avec la soupe de la femme de Thomas, je ne l'ai pas zappé : ça me porte chance depuis le début, ne tentons pas la malchance et faisons comme d'habitude. Il ne restait plus que 16km à ce moment de la course et je ne voyais toujours personne revenir dans mes rétroviseurs, pas même les coureurs qui partent une heure après et qui immanquablement me reprennent leur retard avant la fin de l'étape.

    Et bien aujourd'hui, malgré un ultime arrêt bière chez Uli lors du dernier ravitaillement-rituel lui aussi, je ne me suis pas fait croquer !

    Rainer est arrivé peu de temps après moi, mais ne m'a pas repris l'heure de décalage.

    Je termine à la 14ème place en 4h28' et je suis satisfait car j'ai allié le plaisir à la course, j'ai réussi mon petit test de forme et de vitesse. C'est là que je vois l'utilité de tout le travail acharné de fractionné sur route ou sur piste que je m'enfile en hiver et au début du printemps. Je possède une petite réserve de vitesse qu'il fait du bien de mettre à l'épreuve de temps à autres.

     

    Stéphane a fait une nouvelle belle étape et finit avec Hiroko en 4h18' environ à la 10ème place. Roger et Alain ont fait aussi une belle étape, plus prudente que la mienne, mais avec autant de plaisir je pense tout comme Gérard. Christophe aussi a terminé l'étape, un peu "déboussolé" de n'avoir pas couru plus longtemps que ça (6h environ).

     

    Demain, l'étape nous emmène à Kiel, fief du Hand-Ball européen où jouent (ou ont joué) plusieurs internationaux Français.

    Nous arriverons sur le port, je pense, puis nous monterons vers 15h dans le ferry avec nos sacs spéciaux fournis par l'organisation dans lesquels nous aurons mis nos affaires de toilette et celles utilisées pour la première étape suédoise qui partira de Göteborg vendredi.

    J'essaierai de transporter l'ordinateur afin de pouvoir me connecter sur le bateau, mais rien n'est moins sûr.

     

    Bilan : tout baigne, paré pour la der des der en Allemagne.

    à+fab****

     

    Jeudi 21 mai, 33ème étape, Bad Segeberg – Kiel : 55,1km.

    Je suis installé sur mon lit dans la cabine du ferry sur lequel j'ai embarqué à 15h.

    Mon étape s'est terminée vers midi, soit après 6h06' d'efforts et je suis arrivé en même temps que Takako qui m'a accompagné les 10 derniers kilomètres.

    Cette étape fut agréable à courir au niveau des paysages rencontrés et les routes, pistes cyclables ou chemins tranquilles empruntés étaient très ombragés et nous avons eu droit pendant plusieurs heures à un concert de chants d'oiseaux. Quelques petites bosses assez faciles à monter, laissant apparaître à chaque fois un nouveau paysage, faisaient changer le rythme de notre progression. Des lacs, des champs, des collines, beaucoup de haies... la variété fut grande et nous avons eu de quoi nous distraire.

    En ce qui concerne la forme, c'était bien au début puis c'est devenu plus poussif par la suite. La difficulté des étapes courtes tient au fait qu'on se dit qu'elles ne dureront pas longtemps, mais quand on y est, il faut quand même assurer la course. Alors au bout d'une trentaine de kilomètres, j'ai commencé à ne plus avoir de bonnes sensations. Il se peut que ce soit la belle étape d'hier qui se rappelait à mon bon souvenir aujourd'hui.

    Je n'avais pas de douleurs particulières, mais je n'étais pas "à l'aise" comme d'habitude. J'ai pris mon temps et comme Takako se trouvait dans le coin, je me suis résolu à finir la course avec elle, ce qui n'était pas pour me déplaire et inversement. Pas d'attaque aujourd'hui ! On reste sur nos positions.

     

    L'arrivée eut lieu sur les quais d'embarquement des ferrys où tous les véhicules de l'organisation attendaient. J'ai récupéré mon sac spécial pour le bateau, donné hier soir par Ingo, j'ai pris un petit goûter et une collation dans le camion de Gérard, puis je me retrouvais avec plus de deux heures à ne pas savoir quoi faire. Quelques coureurs commencèrent à se déplacer avec leur sac et je les suivis pensant aller dans une salle pour me reposer, mais en fait il s'agissait d'un déplacement pour rejoindre un restaurant où la mairie de Kiel nous offrait un goûter. De bons gâteaux, du café, de l'eau pétillante, encore des gâteaux (oops !) en tout cas un bon moment de repos. Après, je suis retourné vers le quai et on nous indiqua qu'il y avait une salle où nous pouvions prendre une douche. Il me restait plus d'une heure, j'en profitai pour me laver et me changer car ce n'est pas agréable de rester avec sa tenue de la journée de course sur soi.

     

    Par la suite, nous avons embarqué et c'est donc pour cela que je peux vous écrire ce CR.

     

    Briefing du commandant du ferry à 17h suivi d'un "snack" et départ à 19h.

    Arrivée prévue demain matin pour un départ d'étape à 9h.

     

    Tout va bien encore une fois pour moi, ainsi que pour les autres français. Seul petit bémol, Alain a dû aller consulter un dentiste en raison d'une rage de dents. Maintenant ça semble aller mieux, mais il a des médicaments à prendre pendant 2 semaines.

     

    à+Fab****

     

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