• CR de la DeutschlandLauf 2017 (bilan)

    CR de la DeutschlandLauf 2017.

    10 jours après, je commence à réaliser, tout en n'ayant pas fini de récupérer des efforts physiques et psychologiques fournis, ce que j'ai réussi à accomplir du 16 juillet au 3 août.

    La traversée de l'Allemagne du nord au sud, pas par la voie la plus directe mais par un itinéraire ressemblant plus à un long serpent, ce qui a donné plus de 1300km à effectuer en 19 étapes, sans journée de repos.

    Depuis le 17 août 2005 jusqu'au 3 août 2017, j'aurai donc fait 13 courses à étapes de plus de 1000km : 9 TranseGaule, 2 TransEurope (dont une inachevée après 54 jours de course), 1 Loire Intégrale et donc 1 DeutschlandLauf. Une par année. 319 étapes. 20760Km environ (j'attends le kilométrage officiel réel de la DLL2017, mais moi j'y ai fait 1328,7km).

    Cette dernière course à étapes en date, de Sylt jusqu'au Zugspitze, ne fut pas la plus facile et de loin. Divers facteurs sont entrés en jeu pour en faire la plus lente course à étapes de mes 13.

    La santé / le physique:

    Souffrant de tachycardies et d'arythmies cardiaques à répétition depuis de nombreuses années, mais que j'avais jusqu'alors toujours réussi à gérer, sachant comment faire redescendre les pulsations cardiaques quand une crise intervenait en pleine étape, j'avais constaté depuis quelques mois une plus grande fréquence de leur apparition sans pouvoir en analyser la cause. Avec le cardiologue on avait envisagé un traitement médicamenteux qui s'est avéré relativement efficace au début (été 2016) mais qui me bridait (avec les bêtabloquants la fréquence cardiaque était plafonnée et m'interdisait toute accélération) et n'empêchait aucunement l'apparition de crises.

    Cet hiver puis au printemps, suite à quelques malaises puis surtout suite à mon hospitalisation pendant un 24 heures, je décidais donc de passer à la solution proposée par mon cardiologue, à savoir une intervention chirurgicale pour pratiquer une ablation par radiofréquence. J'étais prêt, le calendrier me laissant le temps de récupérer et de reprendre un bon entraînement après l'opération prévue alors fin mai. J'annulais mes participations à l'Ultrathlétic Ardèche puis au Trail du Golfe. Mais le chirurgien repoussa la date de l'intervention pour la programmer fin juin soit à peine trois semaines avant la DLL2017. Cette intervention devant être plus complexe nécessitait que je sois endormi. Mes plans semblaient tomber à l'eau, je ne me voyais pas prendre le départ de cette course de 1300km sauf si pendant les deux semaines à peine de reprise de l'entraînement je ressentais de bonnes choses.

    La convalescence se déroula assez bien malgré la perte de un à deux km/h lors de mes premières sorties pendant lesquelles j'apprivoisais mon nouveau moteur.

    Donc quand je me suis rendu en Allemagne, c'était dans un fort état d'inquiétude de savoir si j'allais réussir déjà à atteindre la fin de la première demie étape puis celle de la seconde, etc.

    Les impondérables : météo, matériel, blessures.

    L'erreur initiale, mais à ce moment de la course je ne savais pas qu'il s'agirait d'une erreur, fut dans le choix des chaussures devant me permettre de faire la première étape. J'avais regardé les longueurs des 8 premières journées (entre 70 et 90km) et selon la distance une paire de chaussures particulière était dédiée. Pour cette première mise en jambes, courte, car faisant moins de 80km, et qui de 72km en théorie fut ramenée à 60km par l'organisateur afin que tous les coureurs puissent être à la salle avant une certaine heure, j'avais prévu une paire plus légère.

    Fatale erreur parce qu'avec la pluie de la première partie de l'étape mes chaussures se sont trouvées gorgées d'eau et, lors de la transition, je n'avais pas prévu de rechange ni de chaussettes ni de chaussures, je dus essorer mes semelles et mes chaussettes. Deux heures à attendre dans le frais, les courants d'air, puis dans le train, bondé où je suis resté debout ; après ce fut la descente du train et le nouveau départ sous un temps plus clément toutefois. J'ai vite senti que les sensations n'étaient pas les meilleures, déjà que lors de la première demie étape je n'étais pas non plus au top, mais ça, c'est normal, ça me le fait à chaque course à étapes.

    Les pieds dans tout ça ont payé. Le soir, je n'avais pas de si mauvaises sensations que ça, mais je ressentais une certaine sensibilité sous les plantes de pieds. C'est ce qui va commencer à faire mal dès le lendemain où des ampoules au niveau des deux plantes vont se former sur une étape de plus de 86km courue en presque 12h.

    Ces satanés pieds m'auront pourri la course. Je ne pouvais pas avoir d'appui sans douleur et je souffrais moins en courant qu'en marchant. Mais vu le grand nombre d'étapes où nous avons dû cheminer sur des sentiers caillouteux, par temps pluvieux, les ampoules n'ont jamais pu guérir et j'ai même quelques ongles qui ont bien morflé. Le soir, je me faisais soigner d'abord par Stéphanie puis par Patrick, l'infirmier de la course, mais tous ces soins ne m'ont pas guéri. Le matin je passais 45' avant les étapes à préparer mes pieds, à mettre des pansements protecteurs, à faire que l'étape puisse se dérouler sans que je souffre. Quand je restais sur la route, la douleur s'estompait en courant, mais il y avait toujours un endroit, chemin, trottoir pavé, portion de trail... pour enclencher de nouveau le mode « douleurs ».

    Aux ravitaillements, quand je m'étais trop longtemps arrêté, j'avais toutes les peines du monde à en repartir. Les premiers pas étaient extrêmement difficiles à réaliser et la reprise de la course encore plus ardue. Après les arrivées, je restais bloqué, comme si mes pieds étaient collés au sol, et cela se reproduisait aussi quand je prenais ma douche, au moment de retirer les chaussures. Une sorte de double crampe sous les plantes m'immobilisait et j'étais dans l'incapacité de me mouvoir. Il fallait aller au-delà d'un certain seuil de douleur pour réussir à arracher les pieds du sol. L'enfer ! Tout ça après des étapes de plus de 10 heures voire de 14h30 pour la plus longue. Heureusement que certains bénévoles m'ont aidé à installer mon couchage surtout quand il fallait aller dans des gymnases où on devait descendre une volée de 20 marches pour y accéder puis remonter deux étages pour aller se doucher. Ah, ils sont beaux et modernes les gymnases allemands, mais quelle idée d'en faire des labyrinthes en 3D !

    Les difficultés supplémentaires :

    fléchage, parcours souvent sur des chemins recouverts de gravillons ou de cailloux, parfois d'herbe, portions de trail, rallongement de la longueur des étapes par rapport à ce qui était prévu, pas de road-book papier, briefing incompréhensible effectué toujours à l'oral (sans support papier) à des heures où l'on aspirait plus à dormir qu'à enregistrer des informations importantes pour le lendemain, traversée de grandes agglomérations ou de villages pittoresques...

    Quand on a été habitués au confort des TG et TEFR ou même de la LI en ce qui concerne le fléchage, on a vite été déstabilisés avec celui de la DLL. Flèches à la bombe rose au sol, quelques stickers orange fluo mais disposés souvent de telle façon qu'on ne découvrait qu'au dernier moment si l'on devait tourner à gauche ou à droite voire même aller tout droit. De plus, avec la pluie et les nombreux chemins de terre, de cailloux ou autres revêtements, ce fléchage à la bombe disparaissait et nous laissait souvent face à un choix d'itinéraire à faire : va-t-on à droite ou à gauche ? Beaucoup de coureurs allemands avaient téléchargé sur leurs montres ou GPS l'itinéraire mais nous, les français, ne l'avions pas fait, comptant sur le road-book en papier. Mais point de road-book en papier!

    Le fléchage n'était pas toujours pertinent et nous faisait faire des détours à gauche, à droite pour rejoindre la prochaine piste cyclable et parfois ça a donné lieu à de mauvaises interprétations et des coureurs se sont rallongés sur certaines étapes de plusieurs kilomètres. Il nous est arrivé aussi de faire des détours inutiles en nous faisant quitter la route principale pour la reprendre plus loin sans raison évidente après avoir fait parfois un kilomètre de plus. Et combien de centres historiques de villes touristiques avons nous empruntés rien que pour faire du tourisme ! Je n'en avais rien à faire de ces beaux sites surtout que comme mes pieds me faisaient souffrir, je passais tout mon temps à regarder où j'allais les poser sur les pavés. Donc allongement inutile des étapes.

    Avec un road-book et le nom des villes traversées, on n'aurait pas hésité. Nous n'avions aussi aucune idée du dénivelé qui nous attendait le lendemain sauf en retournant jeter un coup d’œil sur le site ce qui n'était pas toujours évident le soir par manque de temps ou de connexion.

    Les allemands sont très respectueux du code de la route, du moins en apparence : à chaque feu, il fallait traverser uniquement lorsque le piéton était vert. Je conçois bien qu'on applique cette loi dans les grandes agglomérations, mais parfois en pleine campagne sans personne en vue cela tournait au ridicule.

    Autre point qui m'a fortement agacé : le kilométrage à rallonge des étapes ! Au moins sur 12 étapes le kilométrage final était supérieur au kilométrage annoncé, parfois avec des différences d'environ 3km ! Au final, j'ai compté que nous avions fait 19km de plus que prévu (sans compter les erreurs de parcours) et si on retire les 12km dont a été amputée la première étape, ça fait quand même 7 bornes de plus.

    Le temps perdu aux postes de ravitaillements ou ailleurs :

    Les postes de ravitaillements étaient globalement espacés de 10km, ce qui fait un temps de course d'environ 1h à 1h10 si on court à vitesse « normale » mais pour moi qui fut rapidement gêné par mes ampoules tout comme par le manque d'énergie qui m'empêchait d'accélérer, ces espaces inter-ravitos duraient 1h30 voire plus. Donc je m'y arrêtais un peu plus longtemps afin de me restaurer et de refaire le plein de mes bouteilles. Je courais avec deux bouteilles de 25cl dans mes poches de sac à dos et une de 50cl tenue à la main, et parfois avec une autre de 33cl dans la ceinture.

    Lors des Transe Gaule et même des TransEurope, j'avais gagné beaucoup de temps en raccourcissant mes arrêts aux stands, cette année j'ai pris mon temps, n'ayant rien à gagner.

    Je m'y suis même fait soigner mes pieds quand ceux-ci étaient trop douloureux.

    J'ai aussi effectué plusieurs arrêts dans des magasins, pharmacies, vendeurs de boissons... afin de refaire quelques emplettes (pansements, boissons fraîches...)

    Et je ne parle pas de tous les arrêts techniques.

    Mon duo avec Franck Buka.

    Après avoir effectué seul les premières étapes, je fis connaissance avec Stephan puis avec Franck. Nous avons fait les deux tiers de la course ensemble, une fois que Stephan a abandonné sur blessure. A deux, on s'est entraidés, c'est moi souvent qui menait le rythme du début des étapes jusqu'au 30ème km environ puis on inversait et c'est souvent lui qui prenait à son compte les derniers kilomètres, jamais faciles car la fatigue jouait pleinement son rôle sans compter les orages ou la chaleur ou les sentiers techniques ou les kilomètres supplémentaires à faire.

    On s'est bien entendus, on a discuté, on a bien ri, on a souffert, on est souvent passé d'un état d'euphorie à un gros coup de bambou ou inversement.

    Il y a des jours où j'aurais aimé aller plus vite, j'en avais les moyens je crois, mais je ne pouvais laisser tomber mon pote comme ça du jour au lendemain alors je décidais de rester avec Franck. C'est alors moi qui augmentais la cadence et comme il suivait sans peine on a pu faire quelques étapes à une allure un peu moins lente que d'autres.

    Conclusion :

    Au final, je redis que ce fut une belle grosse expérience, une belle grosse galère aussi mais je ne regrette pas d'y être allé, certainement parce que j'en suis revenu finisher.

    Si j'avais su ce face à quoi j'allais me retrouver, aurais-je annulé ma participation ? Sur le coup j'aurais dit oui ; je ne serais pas venu, mais après coup, je crois que j'aurais appréhendé cette course de manière différente.

    Pour les ampoules, rien n'y aurait changé, c'est une mauvaise gestion personnelle de mon matériel qui en est la cause.

    Pour ma convalescence qui était toute proche (moins de 20 jours après l'intervention) c'était à tenter sachant que de toute façon je n'aurais pas tapé les 15km/h et que une FC aux alentours de 120/130 pouvait suffire. Il m'a manqué juste un peu de vitesse de « croisière » pour engranger les bornes sans taper dedans.

    En revanche, pour tout ce qui est road-book, reconnaissance des étapes, du profil, des positions des ravitaillements, là j'aurais anticipé en téléchargeant et photocopiant toutes les étapes, je me serais fabriqué des mini fiches comme je l'avais fait pour la Transe Gaule.

    Les chaussures aussi n'étaient pas totalement adaptées aux divers chemins que nous avons empruntés. J'aurais pris une seconde paire de chaussures spécifiques pour le trail ou au moins mixte route-trail et je me serais entraîné sur ce type de parcours, il y en a un peu par chez moi.

    Pour le reste, les pertes de temps dues aux arrêts aux ravitaillements, aux prises de photos, aux achats pendants les étapes... tout ça aurait peut-être été moins chronophage et j'aurais sans doute couru plus souvent seul.

    Mais avec des « si » …

    à+Fab9*&€@

     

     

     

     

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