• Semaine N°1/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 21/12/2015 : (matin) 1h37'40" pour 14,8km.

    Mardi 22/12/2015 : (matin) 1h25'30" pour 13,0km.

    Mercredi 23/12/2015 : (matin) 1h26'30" pour 13,7km.

    Jeudi 24/12/2015 : (matin) 1h04'25" pour 9,4km.

    Vendredi 25/12/2015 : (matin) 51'10" pour 8,0km.

    Samedi 26/12/2015 : (soir) 1h21'05" pour 12,2km.

    Dimanche 27/12/2015 : (matin) 1h25'35" pour 12,7km.

    Total semaine N°1 : 9h11’55 pour 83,8km en 7 séances. Cumul 2015 : 6185,8km en 381 séances dont 22 compétitions.

    Semaine N°2/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 28/12/2015 : (matin) 1h28'00" pour 13,8km.

    Mardi 29/12/2015 : (matin) 1h06'55" pour 10,4km.

    Mercredi 30/12/2015 : (matin) 1h39'00" pour 15,2km.

    Jeudi 31/12/2015 : (matin) 1h45'55" pour 16,8km.

    Vendredi 01/01/2016 : (matin) 1h16'15" pour 12,0km.

    Samedi 02/01/2016 : (matin) 1h36'30" pour 15,4km.

    Dimanche 03/01/2016 : (matin) 41'10" pour 6,7km.

    Total semaine N°2 : 9h33’45" pour 90,3km en 7 séances. Cumul 2015 : 6242,0km en 385 séances dont 22 compétitions. Cumul 2016 : 34,1km en 3 séances.

    Semaine N°3/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 04/01 : (soir) 1h38'00" pour 15,4km.

    Mardi 05/01: (soir) 47'15" pour 7,3km.

    Mercredi 06/01 : (soir) 1h35'55" pour 15,8km.

    Jeudi 07/01 : (soir) 47'15" pour 7,6km.

    Vendredi 08/01 : (soir) 1h45'35" pour 17,0km.

    Samedi 09/01 : Pas le temps et pas réussi à trouver un petit créneau pour me dégourdir les cannes. C'est dur d'être entraîneur et coureur ! Donc fin du streak à 269 jours et 4792,3km.

    Dimanche 10/01 : (matin) 1h48'40" pour 16,2km.

    Total semaine N°3 : 8h22’40" pour 79,3km en 6 séances. Cumul 2016 : 113,4km en 9 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°4/16 : Plan 24h de Rennes.

    Lundi 11/01 : (soir) 1h36'30" pour 15,0km.

    Mardi 12/01 : (soir) 47'00" pour 7,5km.

    Mercredi 13/01 : (soir) 1h42'20" pour 15,9km.

    Jeudi 14/01 : (soir) 46'40" pour 7,5km.

    Vendredi 15/01 : (midi) 46'35" pour 7,6km.

    Samedi 16/01 : (matin) 35' end + EMA 80% 13x250m (de 1'17" à 1'10") r=250m (1'30" à 1'45") + 36'end. Total 1h48'30" pour 17,9km.

    Dimanche 17/01 : (matin) 1h48'30" pour 17,9km dt EMA 80% 13x250m r=250m.

    Total semaine N°4 : 9h05’50 pour 87,4km en 7 séances. Cumul 200,8km en 16 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°5/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 18/01 : (soir) 1h41'40" pour 15,4km.

    Mardi 19/01 : (soir) 45'35" pour 7,4km.

    Mercredi 20/01 : (soir) 1h43'15" pour 16,5km.

    Jeudi 21/01 : (soir) 46'35" pour 7,6km.

    Vendredi 22/01 : (soir) 1h36'40" pour 15,7km.

    Samedi 23/01 : (matin) 36'00" pour 5,0km.

    Dimanche 24/01 : (matin) 1h00'00" pour 9,2km. (soir) 1h03'00" pour 10,0km.

    Total semaine N°5 : 9h12’45 pour 86,8km en 8 séances. Cumul 2016 : 287,6km en 24 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°6/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 25/01 : (soir) 1h37'25" pour 15,5km.

    Mardi 26/01 : (midi) 1h39'20" pour 15,9km.

    Mercredi 27/01 : (soir) 51'10" pour 7,5km.

    Jeudi 28/01 : (soir) 46'35" pour 7,6km.

    Vendredi 29/01 : (soir) 1h18'40" pour 10,9km.

    Samedi 30/01 : (matin) 1h21'25" pour 10,4km.

    Dimanche 31/01 : (matin) 1h51'35 pour 15,0km.

    Total semaine N°6 : 9h26’10 pour 82,8km en 7 séances. Cumul 2016 : 370,4km en 31 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°7/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 01/02 : (soir) 1h38'50" pour 15,1km.

    Mardi 02/02 : (soir) 46'10" pour 7,5km.

    Mercredi 03/02 : (soir) 1h47'55" pour 15,1km.

    Jeudi 04/02 : (soir) 48'00" pour 7,5km.

    Vendredi 05/02 : (soir) 1h42'05" pour 15,4km.

    Samedi 06/02 : (matin) 1h45'10" pour 15,1km.

    Dimanche 07/02 : (matin) 1h14'30" pour 11,1km.

    Total semaine N°7 : 9h42'40" pour 86,8km en 7 séances. Cumul 2016 : 457,2km en 38 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°8/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 08/02 : (soir) 1h00'00" pour 9,3km.

    Mardi 09/02 : (midi) 49'55" pour 8,0km. (soir) 30'35" pour 5,2km.

    Mercredi 10/02 : (matin) 1h37'20" pour 15,3km.

    Jeudi 11/02 : (matin) 1h28'45" pour 14,1km.

    Vendredi 12/02 : (matin) 1h29'45" pour 14,2km.

    Samedi 13/02 : (matin) 1h35'15" pour 15,4km.

    Dimanche 14/02 : (matin) 1h29'35" pour 14,6km.

    Total semaine N°8 : 10h01’10 pour 96,1km en 8 séances. Cumul 553,3km en 46 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°9/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 15/02 : (soir) 1h38'00" pour 16,0km.

    Mardi 16/02 : (matin) 1h34'50"pour 15,3km. (soir) 34'40" pour 6,0km.

    Mercredi 17/02 : repos (pas prévu mais pas réussi à trouver un créneau pour courir).

    Jeudi 18/02 : (matin) 1h42'25" pour 15,9km. (soir) 34'45" pour 6,0km.

    Vendredi 19/02 : (matin) 2h04'00" pour 19,5km.

    Samedi 20/02 : (matin) 1h45'50" pour 16,3km.

    Dimanche 21/02 : (soir) 1h39'35" pour 15,5km.

    Total semaine N°9 : 11h34’05 pour 110,5km en 8 séances. Cumul 663,8km en 54 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°10/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 22/02 : (soir) 1h38'50" pour 15,3km.

    Mardi 23/02 : (soir) 45'40" pour 7,6km.

    Mercredi 24/02 : (soir) 1h41'30" pour 16,0km.

    Jeudi 25/02 : (midi) 44'10" pour 7,1km. (soir) 45'25" pour 7,4km.

    Vendredi 26/02 : (soir) 1h32'25" pour 14,9km.

    Samedi 27/02 : (matin) 2h04'35" pour 20,5km.

    Dimanche 28/02 : (matin) 1h49'15" pour 17,9km.

    Total semaine N°10 : 11h01’50 pour 106,7km en 8 séances. Cumul 2016 : 770,5km en 62 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°11/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 29/02 : (soir) 1h32'20" pour 15,0km.

    Mardi 01/03 : (soir) 48'25" pour 7,6km.

    Mercredi 02/03 : (soir) 1h44'15" pour 16,8km.

    Jeudi 03/03 : (soir) 43'30" pour 7,6km.

    Vendredi 04/03 : (soir) 1h33'35" pour 15,3km.

    Samedi 05/03 : (matin) 1h41'45" pour 16,3km.

    Dimanche 06/03 : (matin) 1h46'00" pour 15,4km.

    Total semaine N°11 : 9h49’50" pour 94,0km en 7 séances. Cumul 2016 : 864,5km en 69 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°12/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 07/03 : (soir) 1h31'40" pour 14,9km.

    Mardi 08/03 : (soir) 46'00" pour 7,6km.

    Mercredi 09/03 : (soir) 1h37'30" pour 16,5km.

    Jeudi 10/03 : (soir) 45'30" pour 8,0km.

    Vendredi 11/03 : (soir) 1h33'05" pour 15,6km.

    Samedi 12/03 : (matin) 2h14'55" pour 21,8km.

    Dimanche 13/03 : (matin) 2h11'50" pour 21,8km.

    Total semaine N°12 : 10h40’30" pour 106,2km en 7 séances. Cumul 2016 : 970,7km en 76 séances dont 0 compétition.

    Semaine N°13/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 14/03 : (soir) 1h30'20" pour 15,0km.

    Mardi 15/03 : (soir) 45'50" pour 7,5km.

    Mercredi 16/03 : (soir) 1h33'55" pour 15,6km.

    Jeudi 17/03 : (soir) 45'00" pour 8,0km.

    Vendredi 18/03 : (soir) 1h02'00" pour 10,3km.

    Samedi 19/03 : (départ à midi) 6h de Vallet : 55,841km.

    Dimanche 20/03 : (matin) 1h31'50" pour 15,1km.

    Total semaine N°13 : 13h08’55" pour 127,3km en 7 séances dont 1 compétition. Cumul 2016: 1098,0km en 83 séances dont 1 compétition.

    Semaine N°14/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 21/03 : (soir) 1h35'00" pour 15,4km.

    Mardi 22/03 : (soir) 0h46'00" pour 7,5km.

    Mercredi 23/03 : (soir) 2h00'00" pour 19,7km.

    Jeudi 24/03 : (soir) 43'00" pour 7,2km.

    Vendredi 25/03 : (soir) 1h44'00" pour 17,3km.

    Samedi 26/03 : (matin) 2h50'00" pour 26,0km.

    Dimanche 27/03 : ((matin) 57'45" pour 9,4km.

    Total semaine N°14 : 10h35’45" pour 102,5km en 7 séances. Cumul 2016 : 1200,5km en 90 séances dont 1 compétition.

    Semaine N°15/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 28/03 : (matin) 57'40" pour 9,0km.

    Mardi 29/03 : (soir) 44'50" pour 7,6km.

    Mercredi 30/03 : (soir) 1h50'15" pour 18,2km.

    Jeudi 31/03 : (soir) 44'20" pour 7,3km.

    Vendredi 01/04 : (soir) 1h57'50" pour 19,5km.

    Samedi 02/04 : (matin) 2h10'20" pour 20,1km.

    Dimanche 03/04 : (matin) 2h09'05" pour 20,3km.

    Total semaine N°15 : 10h34’20" pour 102,0km en 7 séances. Cumul 2016 : 1302,5km en 97 séances dont 1 compétition.

    Semaine N°16/16 : Plan 24h de Rennes

    Lundi 04/04 : (matin) 1h09'50" pour 11,0km.

    Mardi 05/04 : (matin) 1h04'55" pour 10,4km.

    Mercredi 06/04 : (matin) 55'20" pour 9.0km.

    Jeudi 07/04 : (matin) 1h03'15" pour 10,2km.

    Vendredi 08/04 : (matin) 45'15" pour 7,1km.

    Samedi 09/04  et Dimanche 10/04 : (matin, midi, après-midi, soir, nuit, petit matin, matin) 24h de RENNES : 181,288km (8ème au scratch; 3ème Master 2).

    Total semaine N°16 : 28h58’35" pour 229,0km en 6 séances dont 1 compétition de 24h. Cumul 2016 : 1531,5km en 103 séances dont 2 compétitions.

    Semaine N°1/2 : Plan Récup 24h de Rennes

    Lundi 11/04 : (soir) 42'20" pour 6,2km. 

    Mardi 12/04 : (matin) 1h03'15" pour 9,3km.

    Mercredi 13/04 : (matin) 1h31'25" pour 13,5km.

    Jeudi 14/04 : (matin) 1h34'55" pour 14,8km.

    Vendredi 15/04 : (matin) 1h37'50" pour 15,3km.

    Samedi 16/04 : (matin) 1h27'50" pour 14,0km.

    Dimanche 17/04 : (matin) 1h26'35" pour 14,6km.

    Total semaine N°1 : 9h24’10" pour 87,7km en 7 séances. Cumul 2016 : 1619,2km en 110 séances dont 2 compétitions.

    Semaine N°2/2 : Plan Récup 24h de Rennes

    Lundi 18/04 : (soir) 1h30'15" pour 14,9km.

    Mardi 19/04 : (soir) 39'30" pour 6,6km.

    Mercredi 20/04 : (soir) 2h00'05" pour 19,4km.

    Jeudi 21/04 : (soir) 44'30" pour 7,3km.

    Vendredi 22/04 : (soir) 1h48'35" pour 18,2km.

    Samedi 23/04 : (matin) 1h58'00" dont 13x250m (en 1'12" à 1'08") r=1'30" pour 20,0km.

    Dimanche 24/04 : (matin) 2h03'55" pour 21,3km.

    Total semaine N°2 : 10h44’50" pour 107,7km en 7 séances. Cumul 2016 :  1726,9km en 117 séances dont 2 compétitions.

    (suite sur Plan Transe Gaule 2016)


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  • Mardi 16 juin, 10H45.

    5ème jour à Gällivare, dans cet hôpital où j'ai été admis vendredi matin à l'heure où les autres coureurs s'apprêtaient à démarrer leur 55ème étape vers le Cap Nord.

    Je dois sortir aujourd'hui, les soins prodigués par le docteur lors de mon changement de pansement et son avis sur mon état de santé l'ont conforté dans son opinion. Je suis en bonne voie de guérison et je peux donc sortir de l'hôpital, mais il faut qu'avant 48 heures j'aie vu une infirmière pour changer à nouveau mon pansement. Il va aussi me donner des antidouleurs et antibiotiques à prendre régulièrement.

    Je ne sais pas encore où et comment je vais voyager, j'attends l'avis du médecin de l'assurance-assistance qui aura au préalable discuté avec le chirurgien. J'espère être rapatrié en France, je n'ai plus le cœur à rester et je veux vite oublier, faire le vide et rebondir de manière positive sur mon expérience.

    J'ai recherché des moyens « autonomes » pour quitter cette région, mais je n'ai rien trouvé. La quantité de bagages, leur poids et l'impossibilité d'utiliser ma main droite vont me rendre la tâche ardue, sauf si je suis assisté.

    Mes collègues coureurs ont entamé depuis près de 5 heures leur 59ème étape les faisant quitter la Finlande où ils étaient arrivés hier et ils vont donc entrer dans le dernier pays hôte de la TransEurope : la Norvège.

    Ce soir, ils n'auront plus que 370km à faire, en 5 jours. Ils tiennent le bon bout et je leur souhaite tous de tenir et d'atteindre leur objectif.

     

    J'ai presque terminé de boucler ma valise et mes sacs, il ne me restera plus qu'à m'habiller avec mes propres vêtements car pour l'instant je porte toujours ceux de l'hôpital.

    Short ? Pantalon de survêtement ? Je ne sais pas comment est le temps dehors sinon qu'il fait gris et qu'il y a du vent. La température ? On verra, j'ai prévu maillots et sweat en plus de ma veste.

     

    Mardi 16 juin, 15H45.

    Toujours à l'hôpital, mais avec des nouvelles fraîches : je reste encore 24 heures ici car mon rapatriement n'est possible qu'à partir de demain par avion (il n'y en a pas avant). Je prendrai un premier vol à 15H40 de Gällivare pour arriver à Stockholm à 18H05, puis après avoir récupéré et réenregistré mes bagages en moins d'1H20 (sera-ce possible ?) je prendrai un second vol vers Paris CGD2 à 19H25 pour un atterrissage prévu à 22H05 en France. Puis après la récupération de mes bagages, je serai reconduit chez moi par VSL. Mon arrivée à mon domicile est prévue dans la nuit de mercredi à jeudi.

     

    Je sens que ça va être « folklo » car je m'imagine à Stockholm devoir courir avec tout mon barda et ... une seule main valide ! On verra, peut-être en ferai-je suivre certains pour le lendemain.

     

    J'ai envoyé un message de soutien à tous les « rescapés » de la TEFR : en voici la copie.

     

    Bonjour à tous

    J'espère que vous réussirez à recevoir ce message qui s'adresse à tous les coureurs, accompagnateurs et organisateurs.

    Je suis encore à l'hôpital que je quitte demain pour être rapatrié en France. Mon doigt va mieux, mais tel qu'il est encore je ne pourrais pas envisager sérieusement et sans séquelles possibles ultérieures de devoir vous rejoindre et de courir une ou plusieurs étapes.

    De toute façon, dans ma tête j'ai tout "coupé" et je me suis reprojeté vers l'avenir plutôt que de repenser au passé.

    J'aurai l'occasion de me "rebrancher" sur la TEFR, mais pour l'instant, même si je vous suis tous les jours, c'est trop difficile de m'imaginer que je suis passé tout près d'un exploit que vous n'allez pas manquer de réaliser, je vous le souhaite de tout mon coeur. Même si ce que j'ai fait peut paraître exceptionnel aux yeux de certains, pour moi c'est, pour l'instant, comme si je n'avais rien fait : je ne suis pas allé au bout. Un point c'est tout.

    Ces 5 jours m'ont paru longs et je m'imagine que ce n'est rien à côté de vos 5 jours sous une météo pas favorable au plaisir de courir.

    Ce soir il ne vous restera "que" 5 jours, dont 3 assez longs, profitez-en au maximum : carpe diem !

    à bientôt 

    Fabrice



    A l'heure actuelle, on vient de me demander ce que je désire au petit déjeuner et au déjeuner de demain, je suis prêt à me recoucher et à dormir un petit peu avant le repas du soir qui va arriver dans ... moins d'une heure maintenant.

    Je vous laisse.

    Voilà pour ce CR un peu différent des précédents, sans rapport direct avec la course à pied, ce pour quoi j'ai fait ce voyage, mais le destin en a voulu autrement. C'est la vie !

     

    À +Fab****

     

    Vendredi 19 juin, à mon domicile de Rezé, 10H45.

    Deux jours et demi se sont passés depuis mon dernier CR.

    J'ai passé une dernière journée à l'hôpital (mercredi), j'ai effectué mon voyage retour (de mercredi après-midi à jeudi matin 3H), j'ai reçu des soins infirmiers à domicile (jeudi matin, 10H), je suis retourné consulter mon médecin généraliste (jeudi 17H) et surtout j'ai retrouvé ma petite famille.

     

    (Je suis interrompu dans la rédaction de ce CR par l'arrivée de l'infirmière, puis par un coup de téléphone de Nicole depuis la Norvège où elle assure le ravitaillement N°9. On a discuté quelques minutes pour que je lui donne des nouvelles que vous imaginez pas très optimistes tant au niveau physique qu'au niveau mental et inversement elle m'en a donné de bonnes sur les gars qui sont en train de courir l'antépénultième étape longue de 92,6km. Ils n'ont pas chaud, même si la météo est plus calme que celle, pluvieuse, des jours précédents. Ils sont tous emmitouflés dans des tenues d'hiver.)

     

    Chronologiquement, ces dernières 72h m'ont paru interminables, sans doute aussi longues que si j'avais été encore en course.

    La fin de la journée de mardi, après mon dernier CR fut consacrée au rangement de mes affaires dans ma valise et dans mes deux sacs en essayant d'en garder un qui sera considéré comme bagage à mains. Ce fut long, pas facile à faire avec une seule main, mais j'ai réussi à tout refermer pour pouvoir voyager en ayant la possibilité de tout transporter moi-même dans le cas où je n'aurais pas d'aide.

    Après, je me suis reposé en regardant la chaîne « découverte » et en somnolant quelque peu.

    C'était difficile de dormir car il y avait tout le temps du jour, même avec les stores et les rideaux fermés, il y avait aussi toujours quelqu'un qui venait me voir soit pour me remettre une poche d'antibiotiques en perfusion, soit pour m'apporter mes médicaments, soit encore pour m'apporter à manger.

    Les horaires des repas ou collations sont à peine décalés par rapport à ceux de notre pays:

    8H30 : petit déjeuner (fromage et tranches de saucisse de viande, café, fromage blanc, jus de fruits)

    12H30 : déjeuner

    17H00 : dîner

    20H00 : thé et sandwiches (fromage et tranches de saucisse de viande, jus de fruits)

    La soirée jusqu'au moment où j'éteignais la télé et décidais de m'endormir était très longue et dans ma tête ça cogitait un maximum. J'essayais pourtant de faire le vide dans ma tête mais n'y parvenais pas.

     

    Jeudi 18 juin.

    La nuit pendant laquelle il faisait toujours jour était entrecoupée par l'intervention d'une infirmière qui me faisait prendre des médicaments à 2H, me posait une perf à 4H, me prenait ma température à 6H, me redonnait d'autres médicaments à 8H, une autre perf à 10H, etc... Le soleil avait fait une apparition à travers les stores de la chambre vers 3H du matin, me réveillant ou me sortant de mon état entre somnolence et vrai sommeil.

    Le médecin est passé une dernière fois mercredi en fin de matinée pour me donner les papiers de sortie et ceux à transmettre à mon généraliste ainsi qu'une ordonnance pour retirer mon traitement médicamenteux à la pharmacie de l'hôpital. J'en profitais pour aller refaire quelques provisions à la boutique, barres chocolatées, pour mon voyage.

    Le dernier repas, je l'ai pris dans la salle à manger de l'hôpital, comme la veille à midi : le menu fut assez « surprenant ». Pudding au sang de renne accompagné de petits légumes bouillis et de sa confiture d'airelles ! De quoi dégoûter n'importe qu'elle personne qui aurait le choix, mais là, je n'avais même plus la force et le courage de lutter et j'engloutis le tout sans grande conviction mais en me disant que ce n'était rien par rapport à tout ce que j'avais vécu jusque-là et par rapport à ce qui allait m'attendre dans les prochains jours.

     

    Le chauffeur de taxi se pointa à l'heure, 13H30, me prit tous mes bagages sauf mes bagages à main que je souhaitais porter moi-même, et il me conduit jusqu'à l'aéroport (ou -drome, selon l'idée qu'on se fait de la chose). J'étais bien en avance et je dus attendre 1H30 dans le hall d'abord désertique puis se remplissant peu à peu de mes futurs compagnons de voyage.

    L'enregistrement des bagages terminé, et sans facturation supplémentaire, ce qui m'a étonné, je me rendis en salle d'attente et embarquai dans un petit bimoteur à hélices où une cinquantaine d'autres passagers allaient voyager avec moi. Départ à 15H40.

    Une petite escale dans l'est de la Suède vers 17H00, puis l'atterrissage à Stockholm à 18H10 après un voyage moyennement confortable et assez bruyant (je n'ai pas pu mettre mon MP3 car je n'entendais pas la musique à cause du bruit des moteurs), il me restait alors une épreuve courte et intensive à passer.

    Récupérer mes bagages fut assez aisé, je les déposai difficilement sur un chariot puis pilotai mon « véhicule » du terminal 2 jusqu'au terminal 5, où j'arrivai une bonne trentaine de minutes après avoir slalomé parmi les autres voyageurs, empruntant divers ascenseurs, escalators ou autres longs couloirs. On me balada ensuite d'un guichet d'enregistrement à l'autre et après avoir été taxé de 1350KR (120€ environ) pour excédents de bagages, je pus rejoindre la salle d'embarquement. Là, ce n'était plus le même monde ! Des hommes d'affaires en costume-cravate, des femmes en tailleur, enfin, ça tranchait par rapport au grand barbu décharné en survêtement à la main bandée qui allait les côtoyer dans ce vol d'Air-France vers Paris CDG2. Par contre, dans l'avion c'était « royal », avec un plateau repas des plus garnis : serviette en tissu avec porte serviette, petits plats gastronomiques, boissons...

    Le voyage fut long et éprouvant car j'étais placé entre deux personnes et ne pouvais trop me mouvoir pour me dégourdir les jambes qui étaient ankylosées par le voyage, par la dernière semaine d'immobilisation à l'hôpital et aussi par l'altitude. Mon doigt aussi me faisait souffrir car il avait quand même subi pas mal de chocs avec tous mes transferts.

    L'arrivée à Paris vers 22H me soulagea et me donna une sensation bizarre : il commençait à faire nuit ce à quoi je m'étais progressivement déshabitué depuis plus d'un mois. Le soleil qui m'avait rendu visite ce matin en Suède à 3H était parti derrière un horizon que j'avais abandonné bien malgré moi.

    Un chauffeur de taxi-ambulance m'attendait après la récupération des bagages avec une petite pancarte où était mentionné mon nom. Nous avons pris la route vers mon domicile auquel j'arrivais peu avant 3H du matin, en pleine nuit noire (quel changement !). Nous avions bien voyagé en discutant pendant un bon moment pendant le trajet, ce qui l'a rendu moins long.

     

    Arrivé à la maison, je me couchai sans faire de bruit. Pascale s'était réveillée en entendant un peu de bruit. J'essayai de dormir, mais il s'était passé tellement d'événements depuis une semaine que je ne pus vraiment réussir à sombrer dans un sommeil profond. D'ailleurs, un véritable sommeil profond, je ne sais plus ce que c'est depuis plus de deux mois.

    Le matin, vers 8h, quand je me suis levé, Pascale et mon fils étaient déjà partis travailler, ma fille dormait encore et je me suis fait mon petit déjeuner en tâtonnant car ayant perdu mes habitudes d' »avant ».

    La journée ne me laissa pas beaucoup de temps pour me reposer car entre ma douche, l'intervention de l'infirmière, mes deux trajets à pied vers le cabinet médical, mes temps d'attente, mon passage à la pharmacie, le premier rangement d'une partie de mon matériel, le lavage et l'étendage de mon linge... et c'était déjà le soir où je revis avec une grande joie toute ma petite famille au complet.

    Mais pour l'émotion, je n'ai toujours pas « réalisé », sans doute, ce que je vis depuis une semaine et ce à côté de quoi je vais passer.

    J'ai « comaté » sur le canapé devant la télé, je n'avais pas envie d'aller sur le net ni de me tenir au courant de quoi que ce soit concernant la course que j'avais abandonnée pour ne pas me faire encore plus de mal.

    La nuit fut meilleure que la précédente, même si le sommeil fut en pointillés, et ce matin au réveil, je repris les bonnes habitudes d' »avant », sauf celle d'aller courir car je ne le peux pas encore avec mon doigt infecté et les séquelles de ma blessure à mon ischio jambier gauche qui est encore assez douloureux.

     

    Vendredi 19 juin, donc aujourd'hui.

    L'infirmière a changé mon pansement, m'a dit qu'on n'était pas prêt de retirer le « Stéristrip » qui maintien les plaies pour qu'elles cicatrisent et m'a donné rendez-vous pour un nouveau nettoyage demain. De ce côté-là, je ne suis pas encore tiré d'affaires.

    L'infirmière partait quand Nicole m'a appelé (cf la parenthèse de début de CR).

    Ensuite, je me suis lancé dans le rangement de mes affaires de course dans le placard qui leur est réservé.

     

    Et c'est après, jusqu'à maintenant, que j'ai écrit ce CR.

     

    à+Fab****

     

    Dimanche 21 juin, chez moi... Etats d'âme.

     

    Les 10 jours les plus longs de ma vie, sans doute les 10 jours les plus longs de beaucoup des finishers de la TransEurope 2009.

     

    J'aurais pu y être, j'aurais dû y être. À un doigt près...

    Je n'y ai pas été, je suis rentré chez moi avant la fin du grand voyage.

    Regrets éternels.

     

    À l'heure de l'arrivée des concurrents de cette TE-FR09 au Cap Nord, j'étais en train de déjeuner, essayant de ne pas penser à ce que j'ai raté. Je me suis concentré au maximum pour être avec ma famille autour de la table sur ma terrasse et non pas là-bas où je n'irai sans doute jamais.

    « Never say never » , «Ne jamais dire jamais » est pourtant une de mes devises. Un jour peut-être exorciserai-je cet acte manqué et retournerai-je « terminer le travail », je ne sais pas.

    Pourtant, mon esprit sans cesse repartait auprès de mes compagnons Français, Stéphane, Roger, Alain, Gérard et Christophe et aussi auprès de tous les autres coureurs et coureuses que j'ai côtoyés pendant 8 semaines, auprès des accompagnateurs (Nicole et Ian entre autres), ravitailleurs (Uli par exemple), organisateurs avec qui il s'était noué des liens d'amitié.

    Je les admire tous, ces finishers qui vont entrer dans le gotha des courses transcontinentales, chacun à leur niveau, depuis le supersonique Rainer jusqu'aux deux petits bouts de femmes japonaises qui pratiquement tous les jours ont clôturé les étapes.

    Moi aussi j'aurais tant voulu aller au bout, laisser ma trace dans le Grand Livre de ces épopées transcontinentales.

     

    10 jours tels que je les ai vécus, c'est horrible, physiquement en raison de mon opération et de ses suites et psychologiquement car de laisser partir le train sans y être est très difficile à accepter, mais quand je vois les conditions dans lesquelles les rescapés de la TE-FR09 ont couru les 10 dernières étapes, cela a dû être tout aussi horrible pour certains, voire pour une grande majorité.

    Sur les 54 premières étapes je peux considérer avoir eu une certaine chance au niveau des conditions météo, malgré quelques mauvaises journées soit trop chaudes, soit trop froides, soit venteuses, soit pluvieuses ou combinant plusieurs de ces facteurs. Plus on se rapprochait à la fois du Nord et de l'été, plus on pensait que le beau temps allait être de la partie, mais en fait, à partir de la 55ème étape, celle dont je n'ai pas pu prendre le départ en raison de mon opération du doigt, les conditions atmosphériques se sont avérées plus hivernales que celles espérées.

     

    à+Fab****

     

    Article de synthèse écrit en plusieurs fois entre le jeudi 18 et le lundi 22 juin, à mon domicile.

     

    TransEurope 2009 : Mission inachevée, interrompue, avortée, non accomplie... ce ne sont pas les adjectifs qui manquent pour qualifier cet échec.

     

    Ce que j'ai accompli du 19 avril au 11 juin 2009 va en faire rêver plus d'un, même moi dans quelques temps je n'en reviendrai sans doute pas de ces 3763 kilomètres parcourus de Bari (Italie), point de départ de l'aventure, à Gällivare (Suède), lieu « maudit » où elle s'est prématurément arrêtée après 54 des 64 jours prévus.

     

    Je suis passé par tous les stades de ce qu'un humain peut rencontrer en termes de sentiments, d'émotions et de ressentis physiques. En voici une liste sans ordre précis : plaisir, joie, bonheur, euphorie, bien être, découverte, modestie, retenue, ambition, orgueil, optimisme, espoir, anticipation, doute, douleur, blessure, pessimisme, désespoir, fatigue, interrogations, mal être, envie de combattre, envie d'arrêter, honte, ennui, déplaisir, manque de lucidité, peine, déprime ... Et j'en oublie des dizaines d'autres plus ou moins synonymes des précédents.

     

    Dans le milieu médical, il existe une échelle de 1 à 10 pour quantifier la douleur et le patient indique à quelle hauteur il l'a ressent. C'est assez subjectif comme détermination, mais seul le patient est en mesure d'effectuer les comparaisons, le corps médical ne sachant pas la mesurer de manière précise et certaine.

    En procédant de la même manière pour évaluer mon ressenti en course et hors course, je pense que sur l'échelle de la douleur je suis monté à 7 ou 8 pendant certaines étapes en Suède et qu'avec mon expérience je suis parvenu à la faire baisser à 5 ou 6 au bout d'un moment d'acceptation de cette douleur. Lors de l'après course, le soir et la nuit, je pense qu'il m'est arrivé de monter à 5 ou plus, mais là, je pouvais prendre un antidouleur du type Doliprane (1000) pour m'aider à dormir et aussi pour faire baisser la fièvre qui s'emparait souvent de mon organisme dans la nuit.

    Comparativement, mon doigt infecté, le majeur de la main droite, m'a fait monter presque jusqu'à 10 sur cette échelle de douleur, ceci avant mon hospitalisation. Deux jours après l'opération, la douleur pouvait monter à nouveau à plus de 8 ce qui m'obligeait à demander des cachets d'antidouleur (morphine) afin de pouvoir la supporter.

     

    Les douleurs dont je souffrais pendant la course étaient de deux sortes : la première, liée à l'accumulation des kilomètres, concernait les tendons, la seconde, liée à ma morphologie et à ma posture en course, provenait d'un déplacement du bassin.

    Le premier type de douleur débuta par une légère inflammation d'un releveur accompagnée d'un gonflement de la cheville, mais, traités à temps et nécessitant quelques jours de réduction d'allure, ces deux points sensibles furent assez rapidement domptés malgré leur présence quasi permanente (légère douleur et gêne lors de la phase de propulsion). Cette première inflammation a son origine à deux niveaux : l'état de la route et l'état des chaussures.

    Les routes en Suède, mais aussi en Italie, en Allemagne et en Autriche, ne sont pas forcément de belles bandes de roulement lisses et sans dévers. Mais, lors des trois premiers pays traversés, le revêtement variait souvent, même si la fameuse et interminable SS16 italienne nous a fait avaler des centaines de kilomètres sur le même type de bitume et que quelques morceaux d'étapes se sont aussi courus sur des trottoirs de stations balnéaires.

    Au nord de l'Italie et jusqu'au nord de l'Allemagne, nous avons couru plus fréquemment sur des pistes cyclables et sur des chemins plus ou moins bien entretenus. Cela avait le mérite de faire varier les appuis, malgré l'inconfort certain de devoir emprunter des routes à gravillons pendant de très longues heures et d'être assez fréquemment obligés de s'arrêter pour vider les chaussures de ces intrus. Les bobos les plus fréquents étaient donc des échauffements et des ampoules aux pieds, mais rien de grave si c'était soigné comme il faut et à temps.

    Les routes suédoises n'ont pas présenté la même variété. Seule la première étape, qui nous a fait traverser Göteborg puis emprunter une piste cyclable bitumée avant de terminer sur un chemin de terre et de graviers, a évité la route. En revanche, comme il a plu toute la journée, beaucoup d'organismes avaient souffert. De quoi prédisposer les muscles et les tendons à de nouvelles atteintes sur le revêtement que nous allions devoir supporter plus de 1500 km. Des routes avec un dévers droit, tandis qu'on cheminait pourtant sur la gauche de la chaussée, ont provoqué chez un grand nombre de coureurs des tendinites à différents endroits. En ce qui me concerne, celle à l'ischio jambier gauche allait me pourrir la vie quelques jours, me contraignant à ralentir, ce que je mis du temps à accepter, et à terminer loin des temps que j'avais prévus. Seul point « positif », la réduction puis la disparition progressive de mes douleurs au releveur du pied droit.

    Il était très difficile de trouver une partie de route convenable pour courir et changer un peu le dévers. Il s'avérait dangereux de courir sur le côté droit de la route, il était tout aussi risqué de courir vers le milieu de la chaussée ou même là où l'usure du bitume lui donnait un dévers gauche.

    Nos routes françaises sont bombées et quand nous courons à gauche il n'y a pas de soucis car c'est le même dévers qu'à l'entraînement, pour peu que l'on s'entraîne sur la route. C'est ce qui pose problème à de nombreux coureurs de marathon ou de cent kilomètres qui s'entraînent sur la gauche de la chaussée face au danger en semaine (pour respecter le code de la route français) et qui doivent courir sur la droite lors des compétitions (pour respecter le code de la route « en course hors stade sur les routes non fermées à la circulation »).

    L'état des routes n'est pas seul à l'origine de mes tendinites, il faut que j'admette que je n'avais pas prévu de chaussures en assez grand nombre et en assez bon état. Pourtant, financièrement j'avais mis le paquet, partant avec 8 paires relativement peu utilisées, mais ce ne fut pas suffisant. Certaines paires n'étaient pas adaptées aux longues étapes et je les avais justement réservées pour les courtes chevauchées, mais arrivé en Suède, ces paires avaient déjà atteint un état d'usure de la semelle et de l'amorti tels qu'elles se sont avérées inaptes à assurer une étape même courte sans risquer de me donner des soucis tendineux. Mais dans mon stock, certaines autres étaient prévues pour les étapes longues (plus de 80km) et je ne souhaitais pas commencer à les sur-utiliser au risque de les user, elles aussi, prématurément. Deux paires devaient être utilisées mais je n'ai pu en mettre qu'une en Italie à trois reprises sur des étapes courtes : ces paires ne faisaient qu'une demie pointure de plus que ma taille habituelle (au lieu d'une pointure de plus pour les autres) et quand j'ai souhaité les remettre, mes pieds (surtout le droit) avaient un peu gonflé. Donc pour ne pas risquer quoique ce soit, je ne les ai pas mises par la suite. J'ai usé au fur et à mesure mes autres chaussures jusqu'à ne plus avoir que des runnings ayant fait plus de 1000km chacune, sauf deux paires à 875 km « seulement » (et il restait 700km à faire à ce moment). J'ai essayé d'en acheter d'autres, mais je n'ai pas trouvé de magasin en vendant et celui qui aurait pu me dépanner « s'arrêtait » à la taille 46 ½. Quand je voyais les autres coureurs « jeter gras », c'est à dire mettre à la poubelle leurs runnings paraissant presque neuves, je me disais qu'ils avaient les moyens. Si j'avais su, je serais parti avec 10 paires neuves, mais cela aurait fait un sacré trou dans mon budget. Mais c'est à retenir pour une prochaine aventure de ce genre s'il y en a une.

    D'un autre point de vue, la question des chaussures « manquant d'amorti » est un faux problème car il y a plusieurs années la technologie n'était pas aussi développée en terme de chaussures de course à pied et les coureurs se satisfaisaient quand même du matériel mis à leur disposition et faisaient des courses d'ultra sans plus de soucis physiques que de nos jours. Devient-on plus « douillets » ou sensibles au mal au fil des évolutions technologiques ?

     

    La seconde source de douleur pendant la course est venue de mon bassin. C'est un mal récurrent que je traîne depuis plusieurs années lié à un déplacement du bassin qui provoque un déséquilibre de tout l'ensemble locomoteur et irradie les douleurs dans les zones situées à proximité : adducteur, quadriceps, pubis, hanche... Ce sont les symptômes faisant penser à une pubalgie. Je ne suis pas médecin, mais je commence à les connaître ces douleurs.

    L'origine de ce nouveau déplacement du bassin est, à mon avis, à placer lors des deux jours où nous avons changé de pays, entre l'Allemagne et la Suède. Après l'arrivée à Kiel, j'ai dû transporter mon sac, que j'avais bien chargé avec entre-autres l'ordinateur, et je n'ai pas été très lucide en le portant et j'ai dû faire bouger mon bassin lors de l'une des nombreuses fois où j'ai dû replacer mon sac sur mon épaule d'un coup de hanche, comme on le fait tous quand on porte un sac en bandoulière.

    Je ne m'en suis pas aperçu tout de suite mais au bout de quelques jours quand la gêne est devenue de plus en plus présente et qu'elle a progressivement tourné à la douleur. En course, cette douleur je l'évalue à 5 environ, mais à chaque foulée, ce qui à la fin de la journée indique ce que j'ai enduré.

    Le plus difficile était de repartir suite à un arrêt, les premières minutes étaient très pénibles (douleur 8) et diminuaient jusqu'à quelque chose d'acceptable.

     

    Les douleurs font partie de la course. Savoir les apprivoiser, les contrôler, les diminuer, c'est tout un travail et jusqu'à présent, j'avais de manière générale bien réussi à le faire.

     

    Il est des maux qui par contre peuvent survenir sans rapport avec ces douleurs, ni même sans rapport direct avec la course.

    Il y a eu un mauvais concours de circonstances qui a fait se cumuler les douleurs musculaires et tendineuses avec un mal plus profond : le manque d'énergie. Il est très difficile de lutter contre la fatigue généralisée, quand le corps ne peut plus avancer comme avant, quand chaque pas se fait plus court, plus lent et tout aussi douloureux qu'avant.

    L'origine de ce coup de fatigue, qui s'est d'abord traduit concrètement par un nombre incalculable d'arrêts pendant la course pour aller à la selle puis par une impression d'être complètement dénué d'énergie, tiendrait dans le fait que le sang irait en priorité alimenter les muscles sollicités en permanence pendant la course au détriment de l'estomac qui donc n'effectuerait plus correctement ni totalement son travail et renverrait les aliments dans les intestins sans les avoir digérés intégralement. Là non plus je ne suis pas médecin et ne peux donc pas avoir de certitudes sur ce que j'avance.

    Mes défenses immunitaires ont sans doute été très affectées par la course, sa durée, sa difficulté, ses trop courtes heures de récupération et de régénération auxquelles on pourrait aussi ajouter les différentes formes d'alimentation proposées.

    Et c'est là, à mon avis, mais je ne suis pas le seul à le penser, que le bas blesse : après les arrivées d'étapes, il n'y avait pratiquement jamais rien à manger. Parfois une ville-étape nous offrait des gâteaux ou des sandwiches, mais c'était rare et la plupart du temps nous étions obligés d'aller faire des courses nous-mêmes ou de nous organiser comme nous avons essayé de le faire avec les autres Français.

    Donc, plus d'une étape sur deux m'a vu ne pas m'alimenter assez dans les deux heures suivant mon arrivée, sans parler de la difficulté à trouver de l'eau plate que j'étais obligé d'aller acheter moi-même si je ne voulais pas boire celle, risquée, des robinets où l'on ne sait pas qui est venu faire quoi juste avant. Parfois, le magasin le plus proche m'interdisait tout déplacement car situé à plusieurs kilomètres du lieu d'hébergement.

    Une sous-alimentation suivie de repas parfois à la limite aux niveaux quantité et qualité, il n'en faut sans doute pas plus pour entamer un organisme déjà un peu atteint par la fatigue, en considérant une incomplète hydratation.

    Les postes de ravitaillement étaient bien garnis, mais au bout d'un certain temps on aurait aimé un peu de variété. Manger de la « cochonaille » ça ne me plaît pas beaucoup en course, surtout si c'est des tranches de cervelas, mortadelle ou autres saucisses de viande dans le genre; manger du fromage, c'est bien, mais quand c'est sur du pain de seigle ou d'autres céréales que nos organismes ne sont pas habitués à digérer, c'est plus difficile à assimiler; manger des gâteaux, c'est agréable quand c'est varié : gaufrettes, chocos fourrés, génoise, bretzels, gâteaux à apéritif salés... mais au fil des heures on aspire à trouver autre chose; les barres de céréales ou du type Snickers, Mars ou Bounty étaient trop peu fréquentes alors que ce genre de produit passe mieux au bout de plusieurs heures de course. Du coup, dès que je le pouvais, j'allais m'en acheter afin d'être autonome à ce niveau, ce qui n'est plus « normal » si l'on considère le slogan du départ : « Le coureur n'aura qu'à courir, manger et dormir ».

     

    Quand le mental tient, à l'image de la charpente d'un bâtiment, l'édifice ne peut pas s'écrouler, mais quand il est petit à petit attaqué par une accumulation de détails insignifiants sur le moment, il suffit d'un jour de tempête pour le voir s'effondrer.

     

    J'ai réussi à éviter l'effondrement, je suis revenu de mon passage à vide, cela m'a pris une grosse semaine, et au moment où tout semblait revenir « à la normale », je n'ai pas résisté à une ultime attaque de mon organisme, sournoise car pénétrant par une toute petite coupure située à la base de l'ongle, là où il y a des petites peaux qui font mal quand on les écorche, et j'ai dû arrêter net mon rêve.

     

    C'est ce qui m'amène au sujet concernant l'hygiène. Les conditions de propreté n'ont pas toujours été optimales selon les différents endroits où nous étions hébergés.

    Les salles, halls ou gymnases nous abritant n'étaient pas systématiquement propres, les places les meilleures ayant déjà été prises d'office par les bénévoles et les coureurs ou groupes de coureurs accompagnés, pour les autres il ne restait que les coins et recoins parfois à peine dignes d'héberger des êtres humains. J'écris ça maintenant comme si j'avais des comptes à régler avec qui que ce soit, mais loin de moi l'idée de le faire, même si cela m'a rappelé étrangement la dernière Transe Gaule. Donc une fois l'étape terminée, non alimenté et mal hydraté pour les raisons invoquées précédemment, il fallait se trouver un petit endroit où s'installer. Stéphane m'a souvent placé à côté de lui et m'a donc évité de me retrouver « au placard » ou dans un bout de couloir. La course à la douche commençait; on a rarement eu des douches froides, c'est un point positif, mais le niveau de propreté général des sanitaires après le passage d'une centaine de personnes devenait très très limite. Le nombre de WC mis à notre disposition était totalement ridicule : parfois, un seul WC pour les hommes et autant pour les femmes ! Imaginez le matin de 4 heures à 6 heures, les files d'attente. Chacun voulant se soulager avant l'étape, mais aussi remplir ses bidons d'eau, se laver les dents ... C'est à se demander comment font les sportifs utilisant ces salles, que ce soit d'ailleurs en Italie, en Allemagne ou en Suède.

    Donc, les conditions sanitaires n'étant pas respectées, il fallait faire attention à tout ce que l'on touchait et bien se laver les mains. Facile à dire et à faire quand tout va bien, quand la forme est là accompagnée de toute sa lucidité, mais il dut y avoir des fois où l'on a pris quelques risques et peut-être d'une certaine manière ai-je contracté mon infection suite à une série de négligences de ma part concernant l'hygiène de mes mains. J'écris ça sans savoir si je serais passé à côté de cette inflammation si j'avais respecté les règles de base de propreté lors des dernières 72 heures précédant mon atteinte au doigt.

     

    Ce sont des pistes à travailler en vue d'une prochaine aventure de ce genre et je vais tenter d'en faire un récapitulatif :

    • Renforcer les défenses immunitaires avant, pendant et après l'épreuve : Comment ? Existe-t-il un traitement de fond ? Si oui, lequel ? La prise de Pénicilline (ou autre) pendant la course est-elle recommandée, souhaitable, inutile, dangereuse ?

    • Prévoir des savons antiseptiques, des affaires de toilette à renouveler fréquemment (jetables), insister sur le nettoyage systématique des parties du corps en contact avec les zones à fort risque de contamination (mains, pieds, bouche).

    • Envisager de changer de chaussures tous les 500 à 750 km, même si cela s'apparente à du gaspillage, car si l'on compte les kilomètres effectués à l'entraînement pour les faire à ses pieds (une centaine environ), ça fait une paire par semaine au moins.

    • Se prévoir des repas en autonomie puisqu'une partie (collation à l'arrivée des étapes, rationnement au petit déjeuner et au dîner) n'est semble-t-il pas assurée par l'organisation, ce qui en plus des 6000€ d'inscription commence à faire sérieusement augmenter le budget.

    • L'idéal serait d'être accompagné par un véhicule d'assistance, comme plusieurs coureurs sur la course, mais là, ce n'est plus de l'amateurisme pur. Mais comme le but ultime est d'arriver au bout de la course, pourquoi ne pas mettre toutes les chances de son côté de cette manière.

    • Au niveau des bagages, trouver un compromis entre volume et commodité : la valise à roulettes était parfaite, mais très lourde à transporter dès qu'il y avait des étages à monter ou à descendre, ou des trajets entre les camions et les hébergements sur des sentiers pleins de graviers. Mon sac à chaussures était bien assez grand et j'ai réussi à y mettre mes affaires assez facilement et surtout à les y retrouver. J'ai dû quand même faire un troisième sac, volumineux mais pas très lourd, contenant ma tente (utilisée une seule fois), mon matelas gonflable (un peu étroit et trop peu épais à la longue), mon sac de couchage (avec drap et oreiller gonflable), et parfois mes affaires de douche et de rechange pour l'après étape.

    • Utiliser les choses ingénieuses vues chez les autres coureurs : l'étendoir à linge de Markus, les arceaux des tentes de camping des japonais, le petit siège pliant de Russel ou de Gérard.

    • Emporter plus de crèmes protectrices style Nok pour les pieds ou vaseline pour le short et les aisselles et gels et tissus anti-inflammatoires (Voltarène) afin de ne pas être obligé d'en rechercher le jour où il n'y en a plus.

     

     

    Concernant les différentes tenues, j'en avais emporté de trop, comme toujours, mais j'avais pris l'essentiel au niveau textile. Seuls un nouveau bonnet et une paire de gants plus épais m'ont fait défaut ce que j'ai corrigé en en achetant à la fin d'une étape dans un magasin de sport.

    La météo de la première partie (Italie, Autriche, Allemagne) fut correcte pour ce genre de course. Peu de grosses variations thermiques, parfois du temps frais le matin et en montagne, parfois des fortes chaleurs l'après-midi avec un vent plus ou moins fort, peu de pluie.

    En Suède, on a connu une grande variété de conditions climatiques allant de la journée entièrement pluvieuse à la journée ensoleillée et chaude quand il n'y avait pas d'ombre. Des étapes plus au nord ont nécessité le port du coupe-vent et même du poncho. Des températures proches de 0° au départ avec une « montée » jusqu'à 12° dans l'après-midi n'encouragent pas à se découvrir.

    A revoir, le port du camel bag, celui d'un sac banane, celui d'un bidon à la main ou à la ceinture...

    A envisager l'achat d'un I-Pod « facile d'utilisation » et plus de 1000 heures de musique, d'un téléphone-appareil photos-ordinateur tout-en-un » avec le forfait et la connectique adaptés.

     

    à+Fab****

     

    Quelques chiffres :

     

    3764,8 km en 448h11'12''

     

    (54 étapes sur 64) (3764,8 km / 4487,7 km)

     

    Manquent :

    10 étapes, 722,9 km.

     

     


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  • When you walk through a storm
    Hold your head up high
    And don't be afraid of the dark.
    At the end of the storm
    There's a golden sky,
    And the sweet silver song of a lark.
    Walk on through the wind,
    Walk on through the rain,
    Though your dreams be tossed and blow...
    Walk on, walk on, with hope in your heart,
    And you'll never walk alone...
    You'll never walk alone.

    Chant du kop de Liverpool: You'll never walk alone.


    Traduction française

    Quand tu marches au cœur de la tempête
    Redresse la tête bien haut
    Et ne sois pas effrayé par l'obscurité.
    Lorsque la tempête se calme
    Elle laisse place à un ciel d'or,
    Et au doux chant d'argent de l'alouette.
    Marche dans le vent,
    Marche sous la pluie,
    Bien que tes rêves soient balayés et soufflés...
    Marche, marche, l'espoir au cœur,
    Et tu ne marcheras jamais seul...
    Tu ne marcheras jamais seul.

     

     

    Mercredi 15 avril 2009, le voyage.

    14h36, le TGV s'élance laissant Nantes sous la pluie. Après un dernier petit coucou à Pascale à travers les vitres fumées de ce train, quelques larmes viennent gonfler mes yeux, mais je ne les laisserai pas couler comme le fait la pluie sur les vitres du wagon. Je quitte les miens pour plus de deux mois, je sais que par moments j'aurai besoin d'eux, de les entendre, de les voir, de les embrasser...

     

    Je me mets rapidement en mode voyage, le MP3 sur les oreilles, le journal l'Equipe dans les mains. J’écoute "Never say never", un morceau de Rap de Tupac Shakur, un rappeur américain assassiné à la fin des années 90. « Ne jamais dire jamais », dont j’avais fait ma devise avant d’oser prendre la décision de me lancer dans cette aventure et je me remémore ces deux dernières années pendant que le train longe la Loire à Sainte Luce, Thouaré... ce qui me rappelle l'ancien parcours du Marathon de Nantes. Dimanche, je ne serai pas au départ de cette course qui aurait été mon 18ème Marathon de Nantes consécutif, et pour cause...

     

    D’abord il y eut un mail reçu pour m’informer que certains coureurs de mes connaissances étaient inscrits en vue de participer à la seconde édition de la TransEurope. En consultant le site web de la course, je m’aperçus qu’il n’y avait plus de place, la liste des 40 préinscrits étant complète. Mais j’envoyai quand même un mail de demande d’informations à Ingo Schulze, l’organisateur, le mercredi 21 mars 2007 à 11h14 précises et moins de dix minutes plus tard, la réponse arriva : j’étais placé sur la liste d’attente, en quatrième position, mais d’après la réponse d’Ingo, j’allais être mis sur la liste des inscrits définitifs dès réception des arrhes ; il suffisait simplement que j’envoie 800€ d’acompte. L’après-midi même, j’étais à la banque pour effectuer un ordre de transfert de fonds en Allemagne. Je jubilais intérieurement même si je ne réalisais pas entièrement dans quel pétrin je m’étais fourré. J’en profitais pour poster les informations nécessaires à l’inscription : photos d’identité, date de naissance, adresse, numéro de portable ainsi qu’une courte biographie sportive. Objectif : être au départ dans 23 mois, le 19 avril 2009.

     

    Déjà à Mauves ! Puis après des petits tunnels, voici Le Cellier avec la Loire toujours comme voisine, ensuite Oudon et sa tour, Ancenis... Le voyage est véritablement commencé.

    Premier arrêt à Angers, ville dans laquelle j'ai habité à l'époque où j'ai commencé à courir de manière structurée, il y a une vingtaine d'années déjà.

     

    A l’époque, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je serais assis dans un train en gare d’Angers en partance vers une course dont je n’imaginais même pas l’existence. Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler d’épreuves de ce calibre, et d’une certaine manière, heureusement car je crois que j’aurais été rapidement attiré avec les risques que cela aurait comporté à l’époque : pas d’expérience en matière de course à pied, une situation professionnelle tout juste stable, la famille qui commence à s’agrandir… Aurais-je pu résister à un concept quasi identique à celui du Tour de France cycliste qui m’avait fait rêver depuis tout petit ?

     

    Le train repart et je replonge dans mes pensées.

     

    Mon inscription envoyée, validée, la partie la moins facile de l’aventure commençait. Comment m’organiser ? Au niveau du travail, je me demandais quelles alternatives j’avais à ma disposition si l’on peut dire : disponibilité ou année sabbatique ? Congé de formation ? Mi-temps annualisé ? Ou tout simplement une demande de congé sans solde de trois mois ? Cette dernière solution me semblait la moins coûteuse, mais ma détermination me poussait aussi à prendre quelques risques. Il fallait que je demande une entrevue avec mon Inspecteur afin d’étudier toutes les possibilités qui m’étaient offertes. L’obtention de ce genre de congés n’est pas de droit mais ne s’attribue uniquement qu’après autorisation. Je fis une demande d’entretien qui me fut accordée. Là, je présentai mon projet et questionnai l’Inspecteur pour connaître les différentes possibilités. Après plusieurs recherches dans les textes officiels, il m’annonça que je n’avais que trois solutions : en premier lieu, la demande de mise en disponibilité pour l’année scolaire entière, c'est-à-dire sans paie ni couverture sociale. Il me faudrait alors trouver du travail. J’avais déjà effectué quelques recherches auprès des agences d’intérim et l’affaire ne s’annonçait pas très simple : trop âgé, pas assez d’expérience multi professionnelle, marché de l’emploi saturé, etc. Et d’effectuer des petits boulots au « black », ça ne rapporte pas grand-chose. La seconde possibilité consistait à faire une demande de travail à mi-temps annualisé, mais il fallait alors que je « perde » mon poste de remplaçant afin d’être mis en doublette sur une classe avec quelqu’un dans le même cas de figure que moi. Je travaillerais de la rentrée scolaire jusqu’à la fin janvier à plein service puis la personne avec qui je devais composer le binôme prendrait la suite jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ce n’était pas sans risques : classe dont le niveau ne m’aurait pas convenu, école située loin de mon domicile, école située dans des quartiers réputés « difficiles », etc. Mais c’était néanmoins la solution la moins coûteuse car malgré le fait de n’être payé qu’à 50%, je conserverais ma couverture sociale. Je n’aurais qu’à essayer de m’occuper pendant les deux mois et demi qui me sépareraient du départ. Ce n’est pas les tâches ménagères ni le bricolage qui manqueraient à la maison. La dernière solution, le congé de formation professionnelle, était trop contraignante car certains de mes diplômes ne me permettaient pas de tenter un Master de Géographie, en deux ans qui plus est. L’Inspecteur avait rapidement éliminé la solution qui me paraissait la plus judicieuse : le congé sans solde de trois mois, des vacances de Pâques jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pourtant avec mon poste de titulaire remplaçant, cela n’aurait gêné personne. Sans doute pour ne pas créer de précédent a-t-il voulu rester dans le cadre « réglementaire ».

     

    Le Mans puis Chartres sont vite dépassées et le TGV arrive déjà aux portes de la capitale à partir desquelles il commence à ralentir. J’écoute toujours la musique et je me dis que j’aurais du prévoir une plus grande variété de titres parce que je commence à les connaître par cœur. J’ai 16 heures de musique sur un lecteur MP3 et 8 heures sur un autre, mais je les ai tellement écoutés que je sais quel morceau vient après celui que j’écoute. En cas de lassitude, je pourrais toujours mettre la fonction lecture aléatoire. Certaines chansons me rappellent des souvenirs de courses, surtout de la Transe Gaule quand je voulais m’isoler un peu pendant les étapes, là où il n’y avait aucun risque de rencontrer brusquement une voiture que je n’aurais pas entendue arriver. J’ai quelques morceaux « d’anthologie » comme par exemple The lonely shepherd, interprété par Zamfir, extrait de la B.O. du film Kill Bill, qui me rappelle l’avant dernière étape entre St Sernin sur Rance et St Pons de Thomières quand tout au long de la longue ascension vers le Col de Peyronnenc je découvrais avec le jour qui se levait de magnifiques paysages. En 2007, sur cette étape, j’avais des ailes et j’avais couru à plus de 10 km/h sur les 70km que comptait l’étape. Il faut dire que je voulais creuser l’écart avec certains de mes poursuivants et j’avais pris goût à terminer les étapes dans le top 5. Ah ! Orgueil, quand tu nous tiens…

     

    Comme beaucoup de provinciaux, je ressens le stress de l’approche de la capitale. Je commence à ranger peu à peu mes affaires afin de ne pas être surpris par l’arrivée à la gare de Roissy. C’est que j’ai emporté ma valise à roulettes qui pèse assez lourd, sans doute une vingtaine de kg et j’ai l’ordinateur portable que mon sponsor m’a prêté qui lui aussi fait un bon poids, supérieur à cinq kg en tout cas.

     

    18h53, ça y est, je suis à l'hôtel F1 de Roissy. Le voyage s'est bien terminé, même si la dernière heure fut plus longue, ponctuée de nombreux ralentissements et arrêts : c'était le contournement de Paris. Cela changeait de la traversée de la Beauce à 300km/h ! Après la descente du train, j'ai trouvé assez facilement le lieu où prendre les navettes, au niveau cinq, et le temps d'attendre l'une d'entre-elles, vingt minutes environ, j'ai pu me rendre compte qu'il y a du monde en transit à Paris et notamment à l'aéroport. Le trajet en navette rose et blanche, c'est le signe de reconnaissance de celles qui desservent les hôtels de la ZAC Paris Nord, a été long car passant auparavant par tous les autres terminaux.

     

    19h45, enfin installé dans ma chambre, sans WC ni douche qu'il faut trouver sur le palier. Ce n'était pas indiqué sur les formulaires quand j'ai effectué ma réservation par Internet. Tant pis, on s'adaptera. Je commence à préparer mes affaires pour le lendemain, avale mes sandwiches et me couche tôt car je dois me lever à 4h30 pour prendre le petit déjeuner servi à partir de 5h avant de monter dans la navette de 5h30 qui me conduira au Terminal F.

     

    Jeudi 16 avril : le voyage (suite) quelque peu mouvementé.

     

    La nuit fut courte, le sommeil en pointillés, je n’ai même pas l'impression d'avoir dormi, comme avant les compétitions où l'on doit se réveiller tôt, 3h avant le départ, pour manger. Le match de football d'hier soir sur Canal+ en Ligue des Champions (Arsenal - Villareal) puis le résumé de Porto - Manchester United auraient pu me fatiguer, mais il n'en fut rien.

    4h27, je me réveille devançant l'alarme de mon portable de trois minutes. Une petite toilette, le rangement de mes affaires, puis c’est la descente en ascenseur vers le petit déjeuner : trois morceaux de baguette de pain avec de la confiture, un café au lait et c'est déjà l'heure de rejoindre la navette. Quand même je prends le temps de me brosser les dents.

    Celle-ci, à l'heure, m'emmène au Terminal F. Après quelques tergiversations je trouve les bornes d'enregistrement, et là, je lis : "Billet refusé, allez au guichet..." ou quelque chose comme ça, sur l'écran, ce que je fais. J’essaie de trouver le guichet d’Alitalia, mais comme il n’est pas encore ouvert, on m’envoie à celui d'Air France, le seul d’ouvert, où la personne chargée de me donner ma carte d'embarquement m'annonce que je ne figure pas sur la liste des passagers de ce vol. Après renseignements, elle ajoute que mon billet a été annulé, mais pas celui de Milan à Bari.

    Stupeur ! Que faire ?

    On me conseille de me mettre directement en relation avec mon voyagiste, mais il est 6h30 et l'agence de Nantes n'ouvre pas avant 10h.

    Autre possibilité qui m'est proposée : acheter un nouveau billet à plus de 700€, mais dont le prix est ramené à 548€ si je prends un aller-retour. Que du bonheur ! Moi qui avais acheté mon aller Paris-Bari, en août 2008, pour 141€ TTC.

     

    C’est vrai que l’histoire de ce billet aller Paris-Bari a été assez rocambolesque à moins que ce ne soit habituel pour les usagers des voyages en low cost. Je m’y suis pris tôt, en août 2008, afin d’être certain d’avoir de la place sur le vol Paris-Bari et pour payer moins cher. Selon la date et l’heure de départ, les tarifs variaient du simple au triple voire au quadruple, le choix de la compagnie aérienne faisant faire des bonds aux tarifs. J’ai cherché sur le net et j’ai trouvé un prix de voyage très intéressant. Je suis allé dans une agence de voyages pour vérifier si je pouvais obtenir le même genre de billet par leur intermédiaire, comptant aussi sur le fait d’être assuré en cas d’annulation de vol, on ne sait jamais. J’ai acheté le billet à l’agence. Par la suite, j’ai tour à tour reçu des modifications d’horaires, de trajets, de numéros de vol, de nom de compagnies... Régulièrement, l’agence de voyage à laquelle je m’étais adressé me téléphonait pour m’indiquer qu’il y avait eu des changements et qu’elle allait m’envoyer mon nouveau billet électronique par mail. J’en ai eu une bonne demi-douzaine, sans exagérer. Jusqu’au dernier en date, seulement quelques jours avant le départ. J’avais prévu l’hôtel à Roissy, réservé depuis plusieurs mois, le billet de train Nantes-Roissy acheté par internet deux mois avant pour payer moins cher et que j’ai réglé avec ma nouvelle carte bleue, celle qui me procurait une assurance en cas d’annulation ou d’interruption de voyage, et maintenant j’avais le fameux sésame pour rallier Bari via les airs et Milan où je devais faire escale.

     

    J'attends un long moment, assis sur un banc dans le hall, avant d'appeler Pascale que je ne veux pas réveiller, mais mon petit monde construit autour de ce projet est entrain de s'écrouler et je n'en peux plus.

    7h15, je l’appelle pour lui demander quoi faire et, ressentant ma grosse inquiétude, elle me console et m'encourage à acheter ce nouveau billet ajoutant qu'elle irait à l'agence dès son ouverture. De toute façon, je l'aurais acheté quand même ce sésame vers l'Italie et mon projet fou de traverser l'Europe à pied.

    Maintenant il faut faire vite car l'avion suivant est programmé pour 9h35, et après coup, je ne sais pas si j'aurais eu la patience d'attendre que l'agence soit ouverte pour prendre un hypothétique avion dans l'après-midi qui ne m'aurait peut-être pas permis d'avoir ma correspondance à Milan.

    Que d'émotions en si peu de temps ! Si j'avais su il y a huit mois que les low costs étaient aussi risqués et aussi peu fiables...

    Bref. J'ai mon billet pour Milan par le vol de 9h35.

    Comme j’ai décidé de faire des comptes-rendus de ma course le soir de chacune des étapes et que j’ai quelques minutes devant moi, je prends le stylo et commence à rédiger quelques lignes pour ne pas oublier les péripéties de ce début de voyage. Je suis dans la zone d’attente F21 et je dois prendre un bus qui doit m’emmener vers l’avion. J’espère maintenant qu’il n’y aura plus de surprises et qu’à Milan j’aurai mon avion sans problème. Une fois ces quelques lignes d’écrites, je procède à l’enregistrement de ma valise dont le poids n’est que de 19,4kg pour un maxi de 20kg, donc je n’ai pas d'excédent de bagages à payer. Je suis rassuré et j’ai bien fait de confier à Gérard, qui va courir la TransEurope lui aussi, et à sa femme Nicole, qui l’accompagne et qui tiendra des postes de ravitaillement, une partie de mes bagages qu’ils vont emporter avec eux dans leur camping-car. Ils m’ont délesté de cinq paires de chaussures, de ma tente de camping et de quelques bricoles que je retrouverai à Bari. Là bas, je verrai si le poids total de 30kg sera dépassé ou non et si j’aurai un supplément bagages lourds à régler à l’organisation, comme il était indiqué dans le règlement. Cinquante centimes d’Euro par kilo supplémentaire et par jour, ça peut vite faire du 100€ de supplément pour peu que mes sacs et valise dépassent la limite de trois kg, si ce n’est encore davantage.

    Peu avant de monter à bord, j’appelle Pascale pour lui donner ma position : c’est bon, j’ai un billet, mais je l’ai payé près de 550€ alors il faut voir avec l’agence comment se le faire rembourser. Je coupe le portable et m’installe en constatant qu’entre le règlement strict de n’emporter que de petits bagages peu volumineux dont un gabarit détermine la taille maximale et la réalité, je n’aurais pas dû me faire de soucis quant au nombre de sacs ou à leur dimension. Je ne me sens pas très à l’aise néanmoins dans cet avion, non pas que j’aie une quelconque peur des voyages aériens, mais j’ai opté pour une tenue confortable et ai enfilé mon survêtement aux trois bandes. Il est ancien, élimé par endroit, et j’ai quelques complexes à voyager à côté de personnes bien habillées, en costume, tailleur ou autre tenue correcte. J’ai l’impression de détoner et je regrette alors de ne pas être parti en jean, tenue décontractée portée par nombre de voyageurs de cet appareil quitte à le jeter une fois à Bari si l’excédent de poids de bagage devait être trop coûteux.

     

    Jeudi 16 avril, Milan Linate.

     

    Le voyage Paris-Milan s'est bien passé. Pour le paysage, je repasserai car j'étais placé côté hublot, certes, mais au-dessus d'une aile - on ne peut pas être un winner tout le temps - et le ciel était couvert, d'abord au-dessus puis au-dessous. Je me suis à nouveau réfugié dans ma musique n’étant dérangé que lors de la collation où je pris une boisson et des gâteaux secs.

    Arrivé à Milan, je me rends au guichet de la compagnie pour vérifier si la suite de mon voyage allait être du même style que le début. Ouf ! Je suis bien inscrit sur la liste des passagers. J'en profite même pour aller me faire enregistrer et récupérer ma carte d'embarquement. Et en plus, ma valise doit suivre, m’annonce-t-on… J'espère, pensé-je...

     

    J'achète des timbres à 0,65€ pour la France et des cartes postales puis je vais manger un sandwich et un gâteau. Oh! Les arnaqueurs ! 6,90€ pour le sandwich et le gâteau et comme si ça ne suffit pas, le vendeur ne me rend qu’1,10€ sur 10€. Je dois réclamer deux fois pour récupérer ma monnaie. Bon, je mets ça sur le compte de sa fatigue ou de sa distraction, mais je n'en pense pas moins.

    Voilà, maintenant j'ai quatre heures à tuer, alors je fais un essai de connexion avec ma clé et tente l'envoi de messages : je dois faire court car l'autonomie de la batterie de l'ordinateur indique moins de 50% de charge, soit une durée de 30 minutes environ, et je souhaite pouvoir envoyer un message de Bari ce soir à mon arrivée.


    > Bien, ma galère semble s'être arrêtée.
    > J'explique pour berurier : mon billet d'avion de ce matin avait été annulé !! Il a fallu que j'en rachète un (548€) au dernier moment.
    > Enfin, je suis à Milan et j'ai fait mon enregistrement pour Bari.
    > Espérons qu'il n'y aura plus de soucis et que je récupérerai ma valise
    > sans problèmes.
    > Je n'ai presque plus de batterie, alors je vous dis à+
    > Fab**** qui se dit qu'il y avait une 65ème étape plus éprouvante > moralement que les 64 à faire en course.

    Réponse de Pascale à 13h11 :
    > Oh je t'ai raté dommage, on arrivera peut être à se parler ce soir. On est allées faire quelques emplettes à Ikea avec Lili.
    Bisous
    Pascale.

    Je décide ensuite d'aller me reposer et de guetter si je ne vois pas de tête connue. On ne sait jamais, mais trois autres frenchies doivent passer par Milan aujourd'hui et peut-être y a-t-il d’autres futurs TransEuropéens.

     

    Vers 16h, nouveau rebondissement : j'apprends que mon vol est annulatto ou cancelled selon la langue. Stupeur ! Que faire ? Je suis un passager qui, je crois comprendre, se rend au guichet échanger sa place contre une sur un autre vol, plus tard dans la soirée. J'en fais de même non sans lui avoir demandé s’il s’agit bien du même vol Milan-Bari.

    Et voilà le vol Milan-Bari de 17h35 transformé en vol de 19h30 ! En compensation, on nous offre un ticket pour aller se restaurer gratuitement au bar de l'aéroport (un sandwich et une boisson). Deux heures de plus à tuer pendant lesquelles je ne sais pas trop comment m’occuper : me balader dans l’aéroport, m’asseoir tranquillement sur un banc et attendre que ça se passe, écouter de la musique, aller dans un café prendre une nouvelle consommation… Je préfère rester dans les alentours et me tenir au courant des éventuels rebondissements.

    L'embarquement, après plusieurs changements de l'heure du vol, a enfin lieu : il est 19h45.

    Le voyage se déroule correctement même si l'avion est plein, contrairement au vol Paris-Bari, à moitié vide. J'atterris peu après 21h après avoir survolé quelques régions que je vais traverser dans les jours et semaines qui vont suivre et que j’essaie d’apercevoir, mais l’avion vole trop haut. Je devine néanmoins le littoral et peu à peu l’obscurité de la nuit tombante me fait supposer qu’on doit survoler telle ou telle ville.

    A Bari, je retrouve mes copains Transe Gaulois qui sont arrivés sur un autre vol quelques minutes auparavant. Le temps de récupérer ma valise et nous prenons un taxi. 25€ pour quatre passagers avec des bagages volumineux, ça ne paraît pas cher.

    Le chauffeur nous met tout de suite au parfum de ce qui va nous attendre en Italie : conduite rapide, c'est peu dire, non respect des feux, des panneaux stop des ralentisseurs et autres lignes blanches. C'est un remake du film Taxi (1, 2, 3 ou 4) mais à Bari, pas à Marseille. D'ailleurs l'association des noms me fait me rappeler qu'à Bari, l'OM avait perdu en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1991 contre l’Etoile Rouge de Belgrade, aux tirs au but. En attendant d’arriver à destination, tout le monde est un peu crispé.

    Déposés sains et saufs devant le Stadio della Vittoria, on s'installe dans la salle d’hébergement non sans saluer les nombreux coureurs déjà arrivés. Que de retrouvailles qui rappellent les courses effectuées ensemble, lors de mes quatre Transe Gaule principalement.

    Bien fatigués après avoir étalé chacun notre matelas et disposé nos sacs et valises tout autour de manière à tout avoir sous la main, nous allons nous coucher. L’excitation d’être enfin à Bari m’empêche de profiter pleinement de cette nuit de repos, mais il reste deux jours pleins à passer avant le départ, j’aurai l’occasion de récupérer des émotions du voyage.

     

    Vendredi 17 avril : les formalités

     

    Au réveil, après avoir grignoté un ou deux biscuits et bu un café Expresso, je décide d’effectuer, un petit footing d'une heure en solo le long de la mer avec une petite visite de la ville en prime. Cela fait 48 heures que je n’ai pas couru et ça me démange. De plus, ça va faire passer le temps, les dernières heures avant un événement attendu depuis très longtemps paraissent toujours interminables. Le footing est sympa, j’ai les jambes un peu ankylosées – le manque – et j’essaie de profiter pleinement du paysage en longeant la route du bord de mer que j’ai atteinte après avoir emprunté le boulevard situé devant le stade. J’ai l’appareil photo avec moi et de temps à autres je mitraille les monuments, les bâtiments et le port. Il fait relativement doux voire chaud même en cette matinée d’avril. Dimanche, on risque d’avoir chaud toute la journée si le printemps de cette partie sud de l’Italie s’apparente beaucoup à l’été de la côte Atlantique. Je décide d’aller jusqu’à la vieille ville et de faire demi-tour au bout de trente minutes de course. Je n’ose pas pénétrer dans les ruelles pourtant pittoresques, et je rebrousse chemin. Mes sensations sont bonnes, mais pas au top. On verra bien dans deux jours.

    Au retour, après la douche, on procède aux enregistrements et à la passation des consignes. J’en profite même pour passer un petit bilan médical, basé sur le volontariat. Prise de sang, relevés de masse grasse à différents endroits, mesures diverses (diamètres des muscles des jambes, des bras, tour de taille…), pesage (84,4kg) et réception d’un questionnaire qu’il faudra renseigner et rendre d’ici quelques jours. On m’explique que tous les quatre jours environ je passerai une IRM. Cette étude menée par des médecins chercheurs de la Clinique Universitaire d’Ulm, en Allemagne, semble sérieuse et nul doute que lors de son exploitation il y aura des constatations et conclusions intéressantes et utiles aux coureurs ainsi qu’au monde médical.

    En soirée, après avoir passé une partie de l’après-midi à ranger les affaires dans la valise, à organiser mes sacs à chaussures et à me reposer un peu, je me joins au groupe des Français pour faire une petite promenade dans les environs afin de trouver un restaurant. Pâtes, pizzas, bières, c’est tout ce dont on a besoin. Ce sont là les repas typiques d'avant course et nous avons quand même quelques difficultés à trouver un endroit qui peut nous servir, comme si accueillir une dizaine de personnes n’intéressait pas les restaurateurs. A la nuit tombée, après quelques bières, nous retournons au stade. Pour des raisons de sécurité, il y a beaucoup de personnes en situation irrégulière dans cette région de l’Italie, les grilles de l’enceinte sont fermées ; elles l’ont été à partir de 22h, et comme il est plus de 23h, nous sommes contraints de faire le mur parce qu’enfermés dehors ! À la manière de ces nombreux clandestins vivant dans les environs.

     

    Samedi 20 avril : l'attente est longue

     

    Ce samedi, nous traînons notre misère si l’on peut dire, en essayant de faire passer le temps plus vite tellement on a hâte de commencer notre course. Cela débute par un long trajet à pied pour rejoindre la mairie où nous devons écouter le discours du Maire. Sur les marches du bâtiment nous avons droit à une séance interminable de photos pour les journalistes et pour les nombreux coureurs et accompagnateurs désirant immortaliser cette rencontre. Suit un long déplacement toujours à pied sur le port pour rejoindre la terrasse d’un restaurant. Là, nous est servie une maigre collation apéritive où certains ayant pris un peu plus que de raison ne permettent pas à tous d'avoir de quoi grignoter. Est-ce un aperçu de ce qui nous attendra tous les soirs après chaque étape, à savoir que les premiers arrivés seront les premiers servis ? Quelque peu désabusés par la tournure des événements, avec la french team nous décidons de nous en aller compléter le déjeuner dans une pizzeria et le tour est joué.

     

    En fin de journée, une autre cérémonie protocolaire se déroule, suivie elle aussi d'un repas aussi frugal que long : les restaurateurs italiens ne semblent pas habitués à servir autant de monde en pâtes. Au niveau des quantités, ils ne doivent pas savoir que nous sommes tous des ultra marathoniens avec de gros besoins énergétiques. En fin de soirée nous allons tous nous coucher, chacun après avoir préparé sa tenue et ses affaires sachant que la grande aventure va vraiment commencer demain.

     


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  • Petit bilan à chaud de ma TransEurope.

    (Texte rédigé dans l’aéroport de Gibraltar, le 22 octobre 2012)

    Moins de vingt-quatre heures après mon arrivée, après la fin de cette TransEurope 2012, je ne réalise pas vraiment l’ampleur du chemin parcouru pour atteindre mon objectif.

    La course ne s’est pas cantonnée aux soixante-quatre étapes, elle avait commencé bien avant, sans doute quelques mois après la fin de l’ « autre », l’inachevée, celle où j’avais fini à l’hôpital mais où auparavant j’avais quand même eu beaucoup de moments de souffrance. L’annonce de cette troisième édition avait fait tilt dans mon cerveau et je savais que, sauf impondérables dont la vie se charge d’avoir le secret, je serais au départ.

    Le temps fut long, une quarantaine de mois, un peu plus de trois années, et il n’y a pas eu une seule journée je crois où je n’y ai pas pensé. Les deux Transe Gaule ainsi que toutes les autres courses auxquelles j’ai pris part, du simple cross au plus longs challenges tels les cent kilomètres ou les vingt-quatre heures, tous ces moments ont été autant de maillons pour constituer cette chaîne me permettant de m’accomplir pendant cette TransEurope 2012. Tous mes entraînements aussi en ont fait partie, et comme je ne suis pas du genre à faire des pauses, j’étais « toujours dans la course » comme je le serai sans doute encore après.

    Cette TransEurope s’est déroulée comme je l’avais rêvée, espérée, c'est-à-dire sans blessures, ce qui est une chance mais aussi le résultat de tout ce que j’avais mis en œuvre auparavant pour ne pas me blesser. La blessure est une malchance mais ce n’est pas de la chance que de savoir s’en préserver, j’en suis maintenant convaincu.

    Il n’y a pas de préparation type pour ce genre de course, mais la mienne était celle qu’il me fallait. Pour un autre, cela n’aurait peut-être pas convenu, d’ailleurs ceux qui ont rallié Gibraltar s’étaient préparés chacun à leur manière, mais pour ce qui me concerne, j’ai vérifié que j’étais dans le vrai.

    Déjà en 2009 je l’avais été pendant plus de la moitié de la course et l’expérience des Transe Gaule courues depuis m’ont conforté dans ce choix d’entraînement.

    Au moment où je rédige ces lignes – dans l’avion qui me conduit de Gibraltar à Londres – je n’ai pas tous les éléments chiffrés sous les yeux mais je pense que ma TransEurope connut trois stades au niveau de sa gestion :

    le début, prudent, pendant lequel je prenais progressivement la mesure de la tâche qui m’attendait, qui a correspondu aux parties danoise et allemande, soit une grosse vingtaine d’étapes. J’ai couru prudemment et ma vitesse a progressivement augmenté. Je connaissais quelques étapes pour les avoir courues dans l’autre sens en 2009 et il y avait un enchaînement de plusieurs journées avec plus de 70km à faire quotidiennement ;

    la seconde partie, celle où nous avons traversé la France en 20 jours, fut une sorte de déclic pour faire le choix d’une course « au taquet », de celles où le classement compte, où la place et le chrono deviennent des priorités. Quand on est en pleine possession de ses moyens, on peut se le permettre ;

    le dernier stade de cette Transcontinentale, qui correspond à la traversée de l’Espagne, où il a fallu consolider ma 5ème place et qui fut une rude bataille, éprouvante tant physiquement que mentalement. Mais heureusement que j’ai eu à batailler ! Sinon je me serais ennuyé. Merci à Ambros, le coureur au drapeau autrichien, de m’avoir permis de garder tous mes sens en éveil et d’avoir toujours un objectif à essayer d’atteindre lors de chaque étape.

    Le fait de me retrouver de manière quasi permanente dans le groupe des « forts » ou des « rapides » m’a aussi permis de me rassurer. J’étais régulier et mises à part la première étape (15ème), la troisième et la dernière (10ème) toutes les autres m’ont vu finir entre la 4ème et la 9ème place. Les quatre premiers du classement général final étaient trop rapides, trop forts pour que je puisse prétendre rivaliser à long terme avec eux. Si l’on ajoute les trois coureurs qui ont abandonné à mi-parcours ou avant (Stéphane, Markus et Jos) mais qui étaient toujours devant moi ou presque jusqu’à leur arrêt, les autres coureurs qui ont été blessés et ont perdu de très nombreuses heures irrattrapables par la suite (Christian Fatton et Eiolf par exemple), je pense que je suis à ma place. 5ème c’est irréel, 10ème ça aurait été déjà exceptionnel, mais les faits de course qui en font aussi la beauté m’ont porté dans le top 5 d’une Transcontinentale : magique ! Mais je ne vais pas pavoiser pour autant. En 2009, beaucoup de coureurs ont gagné une place quand au matin de la 55ème étape je suis resté à quai, sur le billard de l’hôpital de Gälliväre.

    Certains diront que cette année-là, en 2009, le niveau général était plus relevé que celui de cette année : mais peut-on ou doit-on comparer ? A ce petit jeu des comparaisons ou pourrait aussi dire que l’édition III était plus facile que la seconde qui elle-même était moins difficile que la première. 5036km en 2003, 4489km en 2009, 4175km en 2012… Mais au départ chaque matin, on se met en configuration course en tenant compte justement de la longueur de l’étape. Si on doit faire 90km ou plus on ne part pas comme si on allait seulement en faire 65 ou 45. Au bout du compte, cela revient au même. On met moins de temps mais on est allé beaucoup plus vite, alors la fatigue est la même. En revanche, c’est au niveau du temps de récupération qu’on peut y gagner quoique de terminer tôt a souvent fait que nous sommes allés nous promener au lieu de penser à nous reposer.

    J’en ai fini avec ce petit bilan à chaud de ma TransEurope. Peut-être après quelques jours ou semaines referai-je un petit tour d’horizon des faits marquants de cette aventure. Pour l’instant, il me faut savourer même si au niveau émotionnel je n’ai pas encore vraiment réalisé que la TransEurope est terminée.

    A+Fab******€

     


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  • Loire Intégrale 2015

    (mise à jour 19/04/2020)

    Je viens de terminer cette 11ème course à étapes de plus de 1000km effectuée en 10 ans. Cette année, il n'y avait que 1025km pour effectuer la descente de la Loire depuis sa source jusqu'à son embouchure. Vraiment sympa à vivre comme aussi de voir de merveilleux paysages.
    Voici donc le récit de ces 17 étapes.

    Étape 1 - Mer 5 Août
    Mt Gerbier de Jonc - Goudet (43) 50 km (camping « Au bord de l’eau » Goudet)

    Ambiance brouhahaesque au bar du camping de Goudet où le Maire nous a offert un pot d'accueil et d'amitié.
    La 1ère étape s'est bien passée sous une grosse chaleur avec de la montagne et donc du dénivelé "en veux-tu en voilà".
    Victoire de Patrick P 4h31’, 2ème Laurent SM 4h56’, 3ème Carmen 5h02’, 4ème Stefano 5h05’, 5ème Jean Louis crocsman 5h25’, 6ème JBJ 5h28’, 7èmes ex-æquo René L et moi-même 5h31’, 9ème Dom Caillé 6h03’, 10ème Fred Borel 6h29’, etc.
    Là on part manger puis dodo car demain le départ sera donné pour tous à 6h30.
    Pendant le repas ou après le repas Bernard va nous jouer quelques morceaux de musique.
    Super paysages et super ambiance. Loire intégrale = plaisir intégral

    Étape 2 - Jeu 6 Août
    Goudet - Retournac (43) 59 km 109 km (camping « les Ribbes » Retournac)

    La piscine est ouverte ce soir jusqu'à 22h et certains coureurs sont en train d'en profiter après cette journée de forte chaleur. Demain le départ est avancé à 6h car il va encore faire chaud pour aller à l'arrivée près de St Étienne.
    Aujourd'hui beaucoup ont souffert et plusieurs sont arrivés "cramés"avec du dénivelé au début (parcours "chameau" puis succession de plats-faux-plats avec progressivement la montée en température (entre 30 et 36°). Patrick Poivet a assuré après être parti prudemment. Ses proches suivants ont connu des fortunes diverses mais Laurent et Carmen ont complété le podium. Chez les seconds couteaux, le petit match amical à 3 s'est poursuivi et c'est JB qui m'a devancé, Crocsman arrivant juste après alors qu'il était devant nous toute la journée, mais la chaleur et la petite accélération "jibéesque" à quelques encablures de Retournac a eu raison de sa ténacité. Après vient René qui n'a pas voulu reprendre de risques et ensuite il y a un trou d'1 h comme hier. Stefano a payé cher son étape d'hier. Meilleure gestion de ma part, donc, même si à la fin je n'ai pu revenir sur JB. Je vous laisse car les yeux se ferment tout seuls.


    Étape 3 - Ven 7 Août
    Retournac - Saint Rambert (42) 57 km 166 km (camping « Frécon Vieux » Saint Just-Saint Rambert)

    Petite journée "galère" aujourd'hui alors que j'avais les jambes pour avaler les longues montées et descentes : mon cœur m'a fait le coup de la chamade à 5 reprises. La première, alors que j'avais laissé filer les bolides, est survenue après 2 km et j'ai dû m'allonger 5' pour faire passer la tachycardie. Je me suis alors retrouvé avec Fred Borel et j'ai commencé à rattraper d'autres coureurs jusqu'à Marie-Jeanne. La seconde arythmie se produisit alors et comme par enchantement un banc me tendait les bras. Je m'y allongeai à peine 2' et je repris la route. J'étais à 7 de moyenne depuis le départ ! La descente qui suivit me permit d'atteindre le ravitaillement 1 10 minutes après les hommes de tête (Jean Louis crocsman et Laurent) et 8' après Patrick et JB suivis de René.
    Je n'ai plus été ennuyé avant le marathon. Entre temps j'avais assisté à l'arrêt de Carmen, épuisée, en larmes. Elle avait souffert de la chaleur la veille déjà et n'avait plus de forces. A ce ravitaillement 2, ça m'a bouleversé, et il a fallu repartir. J'avais refait mon retard sur René et JB avec lesquels j'ai passé sans encombre le R3.
    La montée qui suivait me permit de rester au contact des deux compères et après une belle partie de yoyo ou d'accordéon, je ressentis les nouveaux symptômes d'une arythmie cardiaque que je gérai comme la précédente. Après une laborieuse montée j'étais avec JB et René nous suivait à distance quand nous atteignîmes le haut de cette dernière longue ascension. Or le cœur remit ça au moment où je retrouvais avec plaisir Robert et Martine Bertin venus nous faire une petite visite bien sympathique. Le temps de faire baisser le rythme cardiaque et de me ravitailler, ce qui prit 8' environ, et je repartais avec 12km à faire dont 7 ou 8 de descente. Avec la chaleur et les rares portions ombragées, je ne parvenais pas à me relâcher.
    Avant de suivre un chemin pour atteindre l'arrivée, une 5ème et dernière fois le palpitant s'emballa. Je l'ai vite géré, j'étais un peu désabusé et avec JB on a fini l'étape ensemble, pas trop fatigués à 7' derrière René mais à plus d'une heure des 2 premiers. Hans arriva en 6ème position Bien sûr, au classement ça fait "joli" de devenir 4ème, mais j'aurais préféré faire une autre moyenne que les 8,3 du jour.
    J'ai bien récupéré et je n'ai aucune douleur et aucun bobo digne de ce nom.

    Étape hécatombe avec 3 DNF. De plus, Crocsman a trouvé l'étape trop courte et est allé faire un peu de tourisme : il n'a pas vu le fléchage et s'est quelque peu rallongé.
    Je vous laisse car demain le départ est à 6h comme aujourd'hui.


    Étape 4 - Sam 8 Août
    Saint Rambert - Saint Jodard (42) 60 km 226 km (complexe sportif)

    Crocsman avait des ailes et le match à 4 ou 5 pour la 3ème place a sans doute tourné court aujourd'hui.
    JB, René et moi avons fini ensemble à une belle 5ème place certes mais à 1h10 de Crocsman, à 1h22 de Laurent et Stefano (qui ont marché les 5 derniers km !!! ) et 1h41 derrière Patrick. De mon côté, pas de blessure, juste un gros manque de jus et de faire du 8 à l'heure fait plus mal que de voir les gros écarts avec la tête de course.
    Un gros orage ayant inondé la tente où nous devions dormir mes affaires pourtant rangées dans ma valise ont été trempée. Mais la coque de ma valise est fissurée. Cet après-midi il fait beau, ça sèche.
    Bon, tout va bien quand même (j'allais écrire "tout baigne"). L'ambiance est comme toujours au top.


    Etape 5 - Dim 9 Août
    Saint Jodard - Chambilly (71) 62 km 288 km (complexe sportif de Chambilly)

    5ème étape avec un passage devant le château de la Belle au bois dormant. La sorcière du coin a dû me jeter un sort car j'ai perdu mes jambes : pourtant après l'orage d'hier et ma valise inondée je pensais avoir eu mon compte...
    Mes compagnons de galère et moi sur le chemin le long du canal de Roanne à Digoin à 8 de moyenne ! Et même pas blessé, il doit y avoir un truc qui fait masse.
    Ce fut à peine mieux que la veille et la fin fut assez poussive (tout comme le reste de l'étape d'ailleurs).
    Souhaitons que les jours prochains je puisse accélérer un peu pour retrouver une moyenne "décente" à moins que je n'aie pas le niveau de mes ambitions.
    On est à l'apéro-musical puis on va dîner et aller se coucher.



    Étape 6 - Lun 10 Août
    Chambilly - Gannay sur Loire (03) 72 km 360 km (complexe sportif de Gannay sur Loire)

    Une cascade de péripéties est venue s'ajouter à la très mauvaise journée passée à une allure d’escargot sur les routes de la LI : d'abord j'ai dû relaver et mettre à sécher les affaires trempées par l'orage de vendredi puis il a fallu attendre que l'intérieur de la valise sèche aussi ; ensuite le grand rangement , la préparation de la tenue pour le lendemain, les autres rituels, et quand il a fallu aller se coucher (et oui le temps passe vite sur la LI) je me suis méchamment entaillé un doigt avec mon rasoir en voulant prendre ma brosse à dents. Donc gros saignement que je n'ai réussi à endiguer qu'au bout de 30' avec l'aide de Nicole et de son vernis magique.

    L'étape d'aujourd'hui fut donc assez difficile pour moi, je n'arrivais pas à suivre le rythme de JB et René et les 4 premiers d'hier ont rapidement pris de l'avance même si Patrick est resté un peu en retrait. Un peu vallonné au début, le parcours nous a fait passer par le reste du canal de Digoin puis on a suivi une voie verte.
    J'avais rattrapé JB et René avec qui je suis resté pendant plusieurs km. René s'est détaché et j'ai continué avec JB qui n'avait pas beaucoup d'énergie. J'ai connu quelques petits soucis de moteur récurrents que j'ai gérés en marchant et après le ravitaillement 4 je me mis à accélérer et lâchai JB. J'ai couru à 9 de moyenne jusqu'au R5 malgré mes quelques arrêts. La suite fut un peu moins rapide mais je voulais limiter la casse et la perte de temps par rapport à Stefano et René. Ils étaient largement meilleurs que moi et ont fini loin devant. Les derniers km furent laborieux et un tendon (du côté de ma bursite) a commencé à me faire mal.
    Je finis plus d'1h40 derrière Patrick environ 1h derrière Laurent, Stefano et Crocsman, 25' aprés René mais 15' devant Frédéric, suivi de Hans puis JB (40' environ derrière moi). Au niveau météo on a eu de la chance, il y avait des nuages et la température n'était pas trop élevée.
    La commune qui nous accueille est toute petite (400 âmes) mais elle nous met à disposition sa salle des fêtes pour dormir et comme presque à chaque étape on a eu droit au verre de l'amitié offert lui aussi.
    Mes yeux se ferment, je coupe.


    Étape 7 - Mar 11 Août
    Gannay sur Loire - Fourchambault (58) 69 km 429 km (camping «Camping de la Loire» Fourchambault)

    J'ai eu de meilleures sensations aujourd’hui et j'ai réussi à courir des portions de 10km entre 9,3 et 9,8 km/h, mais avec le temps passé aux ravitos ça fait descendre fortement la moyenne qui reste inférieure à 9 sur l'ensemble de l'étape dont une partie s’effectua le long du canal latéral à la Loire puis sur la piste cyclable de "La Loire à Vélo" où les paysages furent assez agréables dans l'ensemble.

    Mais une longue ligne droite pour démarrer à froid le matin alors que vous avez gagné des points pour le concours de Mister catastrophe - j'ai renversé mon bol de café manquant de peu Patrick assis en face de moi et ça, ça vous met une grosse pression pour la journée, et JB pas en reste a fait la même chose ! A mon avis on a dû croiser une mauvaise fée ou respirer un nuage toxique : on a été élus boulets d'or de la journée.
    J’ai eu mal au tendon d'Achille pendant les 30 premières minutes puis après avoir assisté à un beau lever de soleil et admiré le canal avec de l'ombre, des cyclistes, des bateaux, des écluses, c’est allé un peu mieux.
    Les sensations sont revenues et j'espère surfer sur cette nouvelle dynamique demain et les jours suivants.
    Les autres copains et copines vont plus ou moins bien, certains ayant des douleurs (releveurs, ampoules, tendinites dues au dévers…)

    1er Patrick, 2ème Stefano, 3ème Laurent, 4ème Jean Louis, 5ème moi, 6ème René (à 4' seulement : il est costaud en ce moment et difficile à décrocher), 7ème JB...
    Je vais me coucher maintenant car demain il n'y a que 58km mais 34° sont annoncés, alors départ à 6h.


    Étape 8 - Mer 12 Août
    Fourchambault Cosne-Cours sur Loire (58) 58 km 487 km («Camping de l’île» Cosnes sur Loire)

    Très belle étape en partie à l'ombre pour ceux qui ont eu la chance de courir plus vite mais pour les autres ce fut le grand soleil et la chaleur (34° voire plus) qui va avec. Sancerre au détour de la piste cyclable de la Loire à Vélo nous est apparue dominant la vallée de ce long fleuve tranquille qu'on n'a pas beaucoup vu par contre.
    Un abandon sur blessure (suite à une autre blessure d'avant LI) : celui de Dominique Caillé qui s'est résolu à stopper ses souffrances au ravitaillement No 2 (22/23km).
    J'ai pris un départ prudent mais toutefois plus rapide que lors des étapes récentes. Les bolides étaient partis devant et vite, René et moi nous ne les voyions plus, sauf JB à plusieurs centaines de mètres. J'étais donc accompagné de René avec qui nous avions décidé de faire route commune, signant un pacte moral de non "agression" ce qui, compte tenu des conditions météo, nous convenait.
    Nous tournions à 6'20/1000 et à 9 de moyenne "lissée" par les ravitaillements. Il faisait bon, nous avons vu notre petit trio de campeuses qui suivent la même route que nous depuis la source de la Loire.
    Au ravito 3 nous avons dépassé JB et nous comptions alors plus de 30' de retard sur le 4ème (Jean Louis ou Stefano ou Laurent). L'allure devenait moins rapide mais supérieure à 8,5 et on s'arrangeait pour faire des pauses en marchant dès qu'il y avait un pont à franchir. La fin ne fut pas aisée en raison d'un gros manque d’ombre et la hâte d'en finir se faisait de plus en plus pressante. Il y avait 1 km de moins que prévu (mon GPS me donna même une distance globale de 56,5km au lieu des 58 annoncés).
    Nous avons fini 5èmes ex-æquo en 6h33’, pas très loin derrière Jean-Louis qui s'est encore un peu égaré (quand fabriqueront-ils des crocs avec GPS intégré ou détecteur de fausse route ?)
    Le 1er : Patrick, suivi de Laurent et Stefano (ou l'inverse), 4ème Crocsman, 5èmes René et moi, 7ème Fred Borel, 8ème JB, 9ème Hans Lachman, 10ème Marie-Jeanne...
    Demain, longue étape 71,5km. Franchissement du pont canal de Briare.
    Vivianne courra avec nous, pour faire les 2 étapes qu'elle n'avait pas faites en 2013.
    Fort risque de pluie voire d'orage ce qui fera peut-être chuter la température car 36 degrés ça use bien les organismes mais par contre le linge sèche plus vite
    Allez, c'est l'heure du dodo alors je vous dis à demain.


    Étape 9 - Jeu 13 Août
    Cosne - Cours sur Loire - Saint Père sur Loire (45) 71,5 km 558,5 km (camping «Le Jardin de Sully» Saint Père sur Loire)

    Étape longue et difficile pour moi surtout dans les 20/25 derniers km. Pourtant il n'a pas fait trop chaud et j'ai eu la chance de finir longtemps avant l'orage qui a trempé les 5/6 derniers coureurs. Un abandon précoce ce matin : Christian qui souffrait trop des jambes pour se lancer dans une épopée épique sur les routes et chemins de cette étape. Patrick gagne à nouveau devant le duo Laurent-Stefano puis viennent JL Crocsman, Vivianne, René et moi ensemble (merci à eux de m'avoir attendu et même traîné comme un boulet sut la fin ). Suivent Fred Borel à 5', JB à 10', Hans, Marie-Jeanne et ensuite c'est le trou de plus d'une heure pour voir finir sous la pluie Jos, Ewald et enfin les deux inséparables Kiki et Marie-Cécile, juste limites cut-off (qui ne sera pas éliminatoire). Elles souffrent, une a de sérieuses ampoules aux pieds. Leur courage est immense et elles finissent avec néanmoins un beau sourire. Demain, petite étape nous menant à St Jean de la Ruelle à côté d'Orléans).

     

     

    Étape 10 - Ven 14 Août
    Saint Père sur Loire - Orléans (45) 53,5 km 612 km (camping « Gaston Marchand » Saint Jean de la Ruelle)

    10ème étape courue sous une météo favorable : couvert, venteux à souhait, tempéré...
    Nous avons passé beaucoup de temps à longer la Loire sur la levée ce qui devint monotone au bout d'un certain moment même si j’en connaissais déjà des portions. Nous avons couru sur des pistes cyclables au revêtement tantôt style billard tantôt style trail, et sur très peu de routes ouvertes aux autos... On était tranquille et comme il y avait beaucoup de longues courbes à négocier pour suivre les méandres de la Loire, les runnings ont crissé dans les virages !
    J'ai de nouveau fait route commune avec René ; chacun à notre tour on menait l'allure. 5km avant Orléans nous avons traversé un parc agréable où les coureurs locaux doivent souvent s'entraîner puis une fois la Loire franchie pour revenir sur la rive droite, au nord, il restait 4500m de quais à se coltiner. Heureusement qu'il y avait quelques petits lièvres pour nous booster ainsi nous avons réussi à rester au contact de JB qui nous avait largement distancés dès le départ.
    1ers Patrick et Stefano, 3ème Laurent, 4ème Crocsman, 5ème JB, 6èmes René et moi, 8ème Fred Borel, 9ème Hans… A noter l'abandon de Marie Cécile qui souffrait de grosses ampoules.
    Nous ne sommes plus que 13 encore en lice, mais Jean revient demain tenter de finir la partie Orléans-Océan.
    Demain : 59km toujours le long de ce fleuve sinueux qu'on traversera 3 fois pour finir sur la rive gauche (sud).

    Étape 11 - Sam 15 Août
    Orléans - Vineuil (41) 59 km 671 km (camping « le Val de Blois » Vineuil)

    En ce 15 août, pour la 11ème étape, nous avons craint jusqu'au moment du départ de devoir courir sous la pluie. Ça n'avait pas arrêté de la nuit ! Heureusement il n’y eut pas de dégâts dans les paquetages comme ce fut le cas la semaine dernière. Nous avons donc quitté Orléans en deux vagues, les moins rapides dès 6h et les autres, dont je faisais partie, 30' plus tard.
    Comme tous les jours, la "bande des cinq" nous distança très rapidement, et comme tous les jours je me retrouvais avec René. On partait lentement et on gardait l'allure le plus longtemps possible. Ça semblait nous convenir à tous les deux et comme cela créait de l'entraide je me voyais mal aller lui "piquer" la courte avance qu'il possédait sur moi au général (8'). D'ailleurs, en aurais-je été capable et à quel prix avec un vent de face soutenu qui avait pris la place du temps maussade de fin de nuit ? Cette journée fut donc un presque parfait copier-coller des dernières étapes : on revint sur JB au ravitaillement 3 ou 4 et on finit ensemble. L'allure moyenne (6'45/km) tient compte du temps passé à chaque ravitaillement, soit entre 3 et 5', ce qui donne environ 15 à 20' sur l’étape. C'était quand même beaucoup à mon avis mais je n'arrivais pas à faire moins. Les beaux paysages d’aujourd'hui, au plus près du fleuve, où résonnaient les chants et cris des nombreuses variétés d'oiseaux (cygnes, sternes, oies sauvages, canards etc), m'ont fait penser qu'on se rapprochait de l'océan mais il restait encore plus de 300km à faire néanmoins. Nous avions atteint le point le plus septentrional de la Loire, nous redescendrons vers le sud-ouest par la suite. En ce jour férié, de nombreux cyclistes ont défilé sur les bords de ce long fleuve pas tranquille pour la circonstance.
    Au général, le podium avait changé, Stefano chipant la 3ème marche à Crocsman. Jean Louis me fit essayer des crocs qu'il avait en réserve : allait-il me convertir ? J’en achèterai une paire qui au pire remplacera mes sandalettes qui font rire tous ceux qui me voient marcher avec.


    Étape 12 - Dim 16 Août

    Vineuil - Montlouis sur Loire (37) 61 km 732 km (camping « les peupliers» Montlouis sur Loire)

    Et oui, JB avait mangé du lion et a failli nous dévorer tout cru.
    Quand on est partis pourtant rien ne laissait penser qu'on allait faire une étape digne de celles que j'ai connues sur les TG et TEFR. JB est parti tranquillement au train avec Stefano. La distance nous séparant de la tête de la course ne me semblait pas aussi importante que lors des dernières étapes mais après un moment je n'aperçus plus personne devant si ce n'est Patrick qui démarrait rarement à toute blinde. J'étais encore avec René mais je piaffais d'impatience d'augmenter le rythme car je ne voulais pas laisser trop de champ libre à JB.
    Or au premier ravitaillement situé au km 14, je constatais qu'il avait pris la tête de la course avec Stefano et qu'ils étaient déjà passés depuis 10' ! J'avais laissé René qui n'avait pas pu me suivre - je courais alors à 5'35/5'45 au km - et je me disais qu'en fin de journée ça pouvait faire un éclat de près de 3/4 d'heure de la part de JB. Mon objectif : rester à moins de 15' au 2ème ravito et à moins de 20' au suivant.
    Je n'oubliais pas non plus que nous passions à côté de châteaux illustres (Blois, Chaumont, Amboise) et de sites remarquables, alors j’en profitais pour coupler récupération et tourisme en prenant quelques photos. La traversée d'Amboise un dimanche d'été ne fut pas simple tant il y avait de monde en voiture ou à pied. Et il ne fallait pas rater l'endroit où on devait monter sur les hauteurs.
    Nous avons longé la Loire de loin en passant sur les coteaux sud et là ce fut donc vallonné. La météo fraîche au départ s'adoucissait et il y avait beaucoup de portions ombragées. Vignes, champs de maïs et autres cultures, ça changeait des roseaux, bouleaux ou saules des bords de Loire.
    Mon débours s'amplifia et était de 20' à l'entame du dernier tronçon. Avec un peu de persévérance je pouvais espérer moins de 30' au final et je me doutais que j'allais prendre aussi cette 5ème place au général tant convoitée. Mon frère me fit la surprise de venir me voir avec son fils et je poursuivis mon effort, mais à une allure moins vive (6'20/km). J'arrivais au camping avec 26' de retard sur JB, 5' sur Crocsman que j'avais presque rattrapé au gré d'une de ses nouvelles escapades hors circuit. J’avais beaucoup réduit mes temps d’arrêts aux ravitaillements.
    René arriva une vingtaine de minutes après moi en ayant toutefois couru à une moyenne record.
    Patrick et Stefano finirent ensemble suivis de JB, Laurent, Crocsman, moi, René, Fred...
    Ce fut une belle journée en définitive malgré le fait que mon avance sur JB se soit réduite à 1h45 et qu'il restait 5 étapes. Il m'avait mis la pression, mais j'aimais bien car ça me permettait de forcer un peu et donc de courir à des allures de la TG (9,6 de moyenne). Et comme on est des guerriers tous les deux, le match allait être passionnant.

    Étape 13 - Lun 17 Août
    Montlouis sur Loire - Savigny en Véron (37) 67 km 799 km (camping « la Fritillaire» Savigny en Véron)

    En ce jour de 13ème étape de la Loire Intégrale, je fêtais mon 10ème anniversaire de mon premier départ d’une course à étapes : c’était de Roscoff pour ma 1ère Transe Gaule.

    Au soir de cette 13ème étape, je constatais qu'il ne restait plus que 225km à faire en 4 jours : 70,5 + 69,5 + 62 + 23. Donc deux étapes un peu plus longues, une moyenne et une courte.
    J'espérais que les deux prochaines journées allaient aussi bien se passer que celle d'aujourd'hui.
    Pourtant ça avait mal commencé pour moi, mon tendon d'Achille droit me faisant souffrir à chaque foulée et une fois passé, c'est le cœur qui s'emballa et comme j'avais l'habitude, je savais gérer et je dus m'arrêter quelques minutes sur un banc qui passait par-là. Une fois revenu à un rythme normal, je repris la course et entamai une remontée progressive du peloton avec lequel j'étais parti.
    La traversée de Tours ne me fit pas perdre de temps et j'arrivai au ravitaillement 1 (km14) en constatant que comme la veille JB m'avait mis déjà 10' dans la vue. Je me dis que j'allais prendre cher et je repartis en essayant de limiter les dégâts. Je rattrapais les coureurs du 1er groupe partis 30' avant nous et au loin j'aperçus une silhouette qui m'était familière : JB ! Il avait manqué un fléchage et avait fait 1km de rab au moins. Alors, je me dis que j'avais eu de la chance et me mis en quête de rester au moins en contact visuel.
    A un moment nous passions sur une route bordée de champs de maïs dont certains étaient en plein arrosage, je vis JB faire demi tour et revenir vers moi en sprintant. Il avait oublié quelque chose au ravito ? Non, il voulait simplement éviter le retour du jet d'eau tournant dont il n'avait pas bien évalué la trajectoire.
    Sur ce, la jonction était faite et nous allions donc rester ensemble, ou à vue, jusqu'à l'arrivée que nous avons franchie côte à côte. Entre temps, nous avions eu le droit de nous faire filmer par France 3 Centre.
    C'est encore Patrick qui gagna devant Stefano et Laurent puis JL Crocsman, JB et moi, Frédéric, René, Marie-Jeanne…

    Lors de cette étape, nous avions longé la Loire puis le Cher pour de nouveau retrouver la Loire. Dans les parages se dressaient quelques beaux châteaux hélas trop excentrés pour qu'on puisse les admirer convenablement et plus longuement, quelques beaux villages se présentaient comme Savonnières avec son reflet dans le Cher et ses gabares mouillées au bord de la rivière. La route de la levée nous fit retrouver un peu de circulation (autos et vélos) et nous trouvâmes le temps long mais heureusement il y avait de belles parties ombragées. Nous étions dans le pays des vins de Chinon, non loin aussi du vignoble de Bourgueil et par la suite on attaquera le Saumurois. La Loire, c'est autant réputé pour ses châteaux que ses vignobles. Le soir comme pratiquement tous les soirs un pot fut donc offert par la Mairie afin de nous permettre de déguster quelques vins locaux.

    Le lendemain, il y aurait 70,5km au programme avec le passage sur les quais de Saumur...

    Étape 14 - Mar 18 Août
    Savigny en Véron - Ste Gemmes/Loire (49) 70 km 869 km (camping « Le grand Jard » Sainte Gemmes/Loire)

    Pour cette 14ème étape, je n'avais pas prévu ce scénario, j'étais même plutôt à me demander dans quelle galère j'allais me retrouver. Or, après quelques hectomètres, suite au départ à allure modérée mais néanmoins rapide du G5 (Stefano, Laurent, Crocman, JB et Patrick), je me suis accroché à eux en visuel et j'ai vite constaté que je ne me faisais pas distancer, en tout cas moins que lors des précédents départs. Donc cela me permit de parfaire à la fois mon échauffement et ma confiance. Les kilomètres défilant à plus de 10km/h, le 1er ravitaillement arriva vite puis ce fut le passage de la Vienne et la levée vers Saumur où je me plaçai en 4ème position, place que je n'allais plus quitter de la partie. J'utilise le mot partie car ce fut comme lors de certaines étapes des TG ou TEFR passées où je me suis bien amusé. Certes ce moment d’euphorie contrôlée n’a duré que le temps que je fasse un gros écart sur mes poursuivants car les 22 derniers kilomètres furent plutôt laborieux.
    J'avais pris néanmoins le temps de faire quelques photos : château de Saumur, villages de caractère, embarcations sur la Loire avec un beau soleil levant… La météo avait été à la hauteur avec de la fraîcheur jusque tard dans la matinée, beaucoup de zones ombragées et du grand soleil parfois caché par des nuages bienvenus. Nous avions couru sur la route de la levée où il y avait eu un peu de circulation et nous avions encore vu beaucoup de cyclistes.

    En ce jour d’anniversaire de mon frère, ma motivation avait été décuplée pour tenter un petit truc sympa. Ainsi je me suis accroché pour aller chercher une belle 4ème place. Au final je me suis constitué un petit matelas confortable sur mes poursuivants ce qui allait me permettre de faire les prochaines étapes sans pression.
    Celle du lendemain aura une longueur proche de celle de cette 14ème étape (70 km environ) et nous arriverons dans notre département à Patrick et moi. Des visites seront attendues.

    Étape 15 - Mer 19 Août Ste Gemmes sur Loire - Oudon (44) 70 km 939 km (camping « La Tour » Oudon)

    J'avais fait le malin la veille avec Jean Louis Crocsman et aujourd'hui il m'a réduit en bouillie
    Je n'ai pourtant pas musardé en route mais il avait chaussé ses crocs de 7 lieues

    Patrick Poivet arrivait chez lui ou presque et il tenait vraiment à marquer son territoire en gagnant l'étape sans partager. 6h24 pour 69,7km. Derrière, l'entente Crocsman/Stefano suivie de Laurent fit « le boulot ».
    Puis un grand vide... et soudain débouchait René qui m'avait rattrapé à 10km du but avec qui je finis l'étape ex-æquo comme il y a peu de temps encore. Venait ensuite Fred Borel. On a ensuite attendu un peu, toujours personne en vue. Après la douche et le linge, est arrivé un JB assez marqué à qui les jambes ont rapidement fait défaut pendant cette longue étape. Les autres concurrents sont arrivés au compte-goutte jusqu'après 19h pour la dernière. Cette étape a alterné les parties agréables avec de beaux paysages et des moments moins appréciés avec de longues parties interminables de route sur la levée de la Loire surtout qu'on ne la voyait plus beaucoup alors, la Loire.
    Nous étions rentrés dans mon département et on passerait "chez moi" le lendemain. Ainsi j’espérais faire bonne figure entre les km 27 et 34, quand je traverserais ma ville.
    62km puis 23km le lendemain nous restaient pour conclure ce périple ligérien. Il fallait en profiter pour les déguster car ce genre de course finit tellement vite !

     

    Étape 16 - Jeu 20 Août
    Oudon - Frossay (44) 62 km 1001 km (camping «Le Migron » Frossay)

    L’avant dernière étape aujourd'hui, d'Oudon à Frossay passait par chez moi.
    Une partie du parcours ne m'était pas inconnue - le marathon de Nantes, mes circuits d'entraînement et des balades à vélo m’avaient amené à en emprunter de nombreux tronçons - et je savais que ma famille allait venir me voir passer. Le démarrage fut poussif car je n'avais pas envie de partir vite et parce que la douleur à mon tendon d’Achille mettait toujours un certain temps avant de se faire plus discrète. Du 9 à 9,4 de moyenne me convenait et seuls 4 coureurs s'étaient détachés (Patrick, Laurent, JL Crocsman et JB). Stefano avait été malade toute la nuit et vite il se rendit compte qu'il ne pouvait pas aller aussi vite que lors des dernières étapes. Je suivais de très loin le groupe de tête et pas loin derrière il y avait René. Au R1 je ne vis personne des 4 de devant puis au R2 je rattrapais JB avec qui je poursuivis ma route. Au R3 ma famille m'attendait et ça me fit du bien, mais mentalement peu à peu j'ai lâché. Au R4 nous vîmes René nous reprendre et nous poursuivîmes à 3 accompagnés de François Fouques venu courir l'étape. Il avait déjà fait la Loire intégrale. La presse était là le long du canal de la Martinière nous avons été filmés. Au R5, elle était encore là et nous avons été interviewés JB et moi. Le reportage passerait aux infos à 19h le soir. René était reparti pensant que nous allions le rattraper mais 5' de questions ajoutées aux 5' pour se ravitailler, ça faisait beaucoup. Notre retard était trop important e la dernière partie fut longue le long du canal, mais aussi très jolie. Laborieusement nous avons terminé en 7h05 à 10' de René et très longtemps après les 3 premiers. Crocsman reprend la 3ème place à Stefano, bien malade et sans forces.
    Plus que 23,5km à faire pour boucler ma 1ère Loire Intégrale.

    Étape 17 - Ven 21 Août
    Frossay - Saint Brévin (44) 24 km 1025 km


    Dernière étape de la Loire Intégrale 2015. Du camping de Frossay nous avons fait la fin du canal dans la brume du petit matin au rythme des coups de fusils des chasseurs de gibier d'eau : heureusement que le road runner n'est pas un gibier d'eau, mais de route ! Arrivé à Paimbœuf, comme il n'y avait pas de ravitaillement de prévu, je fis une halte dans une boulangerie pour acheter un flan et un coca. Une fois reparti, j'étais tout seul avec ma petite accompagnatrice à vélo qui ne devait me suivre que la première moitié de l'étape, les gars de devant m'avaient pris plus de 500m et je ne les ai plus revus par la suite. De Paimboeuf jusqu’aux abords de Saint-Brévin il fallut cheminer le long d'une route croisant des véhicules roulant assez vite malgré le brouillard. Les 5 derniers km furent moins pénibles mais toutefois difficiles car sur des chemins sableux et caillouteux. L'arrivée au pied du Pont de Saint-Nazaire (un peu après quand même) fut, comme pour toutes les arrivées des dernières étapes de ce genre de courses, un grand moment de délivrance. Je n'ai pas fait éclater ma joie de manière exubérante, ce n'est pas mon style et il me faut toujours quelques minutes pour débrancher le mode "cours-ne-te-pose-pas-de-questions-oublie-tes-douleurs-tu-te-reposeras-quand-tu-seras-arrivé". J'étais un peu désabusé d'avoir tant peiné pour une simple petite histoire de 23km, comme si j'en avais fait 40 avant. C'était la fatigue peut-être. Mais je me suis rattrapé après l'arrivée et avec tous les coureurs, finishers et non finishers, bénévoles, organisateurs et accompagnateurs nous avons fêté ça.

    Cette 3ème Loire Intégrale avait été organisée de main de maître par Annie et Dominique Chaillou, épaulés par un groupe de bénévoles aux petits soins.

    Après le repas festif, je suis rentré à la maison et il fallait tout faire pour éviter que le spleen vienne me gâcher ce moment de retrouvailles avec ma famille. Et puis je pourrais retourner courir dès le lendemain car le corps m'en redemanderait encore.


    Lors de cette épreuve, j'ai manqué de gaz et ma moyenne fut inférieure à celle des dernières TG ou TEFR. Donc je savais autour de quelle séances l'entraînement devrait s'orienter dans l'objectif de regagner les 0,5 à 1 km/h manquants au final. Mais j’étais néanmoins content de ce que j'avais fait.

    Il n'y a pas de recette pour réussir, il y en a pour échouer. A chacun de trouver celle qui lui convient le mieux. Mais ne faisons pas croire que tout le monde peut se permettre de ne jamais s'entraîner (ou de ne pas faire beaucoup de km en course à pied) et de réussir des courses à étapes de plusieurs semaines. Ceux qui réussissent ne sont pas nombreux et quand on prend le départ de ce genre d'épreuves on doit savoir que rien n'est écrit à l'avance, que des outsiders sont tout à fait capables de bien y figurer.

    à+Fab******€**&

     

     


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