• When you walk through a storm
    Hold your head up high
    And don't be afraid of the dark.
    At the end of the storm
    There's a golden sky,
    And the sweet silver song of a lark.
    Walk on through the wind,
    Walk on through the rain,
    Though your dreams be tossed and blow...
    Walk on, walk on, with hope in your heart,
    And you'll never walk alone...
    You'll never walk alone.

    Chant du kop de Liverpool: You'll never walk alone.


    Traduction française

    Quand tu marches au cœur de la tempête
    Redresse la tête bien haut
    Et ne sois pas effrayé par l'obscurité.
    Lorsque la tempête se calme
    Elle laisse place à un ciel d'or,
    Et au doux chant d'argent de l'alouette.
    Marche dans le vent,
    Marche sous la pluie,
    Bien que tes rêves soient balayés et soufflés...
    Marche, marche, l'espoir au cœur,
    Et tu ne marcheras jamais seul...
    Tu ne marcheras jamais seul.

     

     

    Mercredi 15 avril 2009, le voyage.

    14h36, le TGV s'élance laissant Nantes sous la pluie. Après un dernier petit coucou à Pascale à travers les vitres fumées de ce train, quelques larmes viennent gonfler mes yeux, mais je ne les laisserai pas couler comme le fait la pluie sur les vitres du wagon. Je quitte les miens pour plus de deux mois, je sais que par moments j'aurai besoin d'eux, de les entendre, de les voir, de les embrasser...

     

    Je me mets rapidement en mode voyage, le MP3 sur les oreilles, le journal l'Equipe dans les mains. J’écoute "Never say never", un morceau de Rap de Tupac Shakur, un rappeur américain assassiné à la fin des années 90. « Ne jamais dire jamais », dont j’avais fait ma devise avant d’oser prendre la décision de me lancer dans cette aventure et je me remémore ces deux dernières années pendant que le train longe la Loire à Sainte Luce, Thouaré... ce qui me rappelle l'ancien parcours du Marathon de Nantes. Dimanche, je ne serai pas au départ de cette course qui aurait été mon 18ème Marathon de Nantes consécutif, et pour cause...

     

    D’abord il y eut un mail reçu pour m’informer que certains coureurs de mes connaissances étaient inscrits en vue de participer à la seconde édition de la TransEurope. En consultant le site web de la course, je m’aperçus qu’il n’y avait plus de place, la liste des 40 préinscrits étant complète. Mais j’envoyai quand même un mail de demande d’informations à Ingo Schulze, l’organisateur, le mercredi 21 mars 2007 à 11h14 précises et moins de dix minutes plus tard, la réponse arriva : j’étais placé sur la liste d’attente, en quatrième position, mais d’après la réponse d’Ingo, j’allais être mis sur la liste des inscrits définitifs dès réception des arrhes ; il suffisait simplement que j’envoie 800€ d’acompte. L’après-midi même, j’étais à la banque pour effectuer un ordre de transfert de fonds en Allemagne. Je jubilais intérieurement même si je ne réalisais pas entièrement dans quel pétrin je m’étais fourré. J’en profitais pour poster les informations nécessaires à l’inscription : photos d’identité, date de naissance, adresse, numéro de portable ainsi qu’une courte biographie sportive. Objectif : être au départ dans 23 mois, le 19 avril 2009.

     

    Déjà à Mauves ! Puis après des petits tunnels, voici Le Cellier avec la Loire toujours comme voisine, ensuite Oudon et sa tour, Ancenis... Le voyage est véritablement commencé.

    Premier arrêt à Angers, ville dans laquelle j'ai habité à l'époque où j'ai commencé à courir de manière structurée, il y a une vingtaine d'années déjà.

     

    A l’époque, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je serais assis dans un train en gare d’Angers en partance vers une course dont je n’imaginais même pas l’existence. Je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler d’épreuves de ce calibre, et d’une certaine manière, heureusement car je crois que j’aurais été rapidement attiré avec les risques que cela aurait comporté à l’époque : pas d’expérience en matière de course à pied, une situation professionnelle tout juste stable, la famille qui commence à s’agrandir… Aurais-je pu résister à un concept quasi identique à celui du Tour de France cycliste qui m’avait fait rêver depuis tout petit ?

     

    Le train repart et je replonge dans mes pensées.

     

    Mon inscription envoyée, validée, la partie la moins facile de l’aventure commençait. Comment m’organiser ? Au niveau du travail, je me demandais quelles alternatives j’avais à ma disposition si l’on peut dire : disponibilité ou année sabbatique ? Congé de formation ? Mi-temps annualisé ? Ou tout simplement une demande de congé sans solde de trois mois ? Cette dernière solution me semblait la moins coûteuse, mais ma détermination me poussait aussi à prendre quelques risques. Il fallait que je demande une entrevue avec mon Inspecteur afin d’étudier toutes les possibilités qui m’étaient offertes. L’obtention de ce genre de congés n’est pas de droit mais ne s’attribue uniquement qu’après autorisation. Je fis une demande d’entretien qui me fut accordée. Là, je présentai mon projet et questionnai l’Inspecteur pour connaître les différentes possibilités. Après plusieurs recherches dans les textes officiels, il m’annonça que je n’avais que trois solutions : en premier lieu, la demande de mise en disponibilité pour l’année scolaire entière, c'est-à-dire sans paie ni couverture sociale. Il me faudrait alors trouver du travail. J’avais déjà effectué quelques recherches auprès des agences d’intérim et l’affaire ne s’annonçait pas très simple : trop âgé, pas assez d’expérience multi professionnelle, marché de l’emploi saturé, etc. Et d’effectuer des petits boulots au « black », ça ne rapporte pas grand-chose. La seconde possibilité consistait à faire une demande de travail à mi-temps annualisé, mais il fallait alors que je « perde » mon poste de remplaçant afin d’être mis en doublette sur une classe avec quelqu’un dans le même cas de figure que moi. Je travaillerais de la rentrée scolaire jusqu’à la fin janvier à plein service puis la personne avec qui je devais composer le binôme prendrait la suite jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ce n’était pas sans risques : classe dont le niveau ne m’aurait pas convenu, école située loin de mon domicile, école située dans des quartiers réputés « difficiles », etc. Mais c’était néanmoins la solution la moins coûteuse car malgré le fait de n’être payé qu’à 50%, je conserverais ma couverture sociale. Je n’aurais qu’à essayer de m’occuper pendant les deux mois et demi qui me sépareraient du départ. Ce n’est pas les tâches ménagères ni le bricolage qui manqueraient à la maison. La dernière solution, le congé de formation professionnelle, était trop contraignante car certains de mes diplômes ne me permettaient pas de tenter un Master de Géographie, en deux ans qui plus est. L’Inspecteur avait rapidement éliminé la solution qui me paraissait la plus judicieuse : le congé sans solde de trois mois, des vacances de Pâques jusqu’à la fin de l’année scolaire. Pourtant avec mon poste de titulaire remplaçant, cela n’aurait gêné personne. Sans doute pour ne pas créer de précédent a-t-il voulu rester dans le cadre « réglementaire ».

     

    Le Mans puis Chartres sont vite dépassées et le TGV arrive déjà aux portes de la capitale à partir desquelles il commence à ralentir. J’écoute toujours la musique et je me dis que j’aurais du prévoir une plus grande variété de titres parce que je commence à les connaître par cœur. J’ai 16 heures de musique sur un lecteur MP3 et 8 heures sur un autre, mais je les ai tellement écoutés que je sais quel morceau vient après celui que j’écoute. En cas de lassitude, je pourrais toujours mettre la fonction lecture aléatoire. Certaines chansons me rappellent des souvenirs de courses, surtout de la Transe Gaule quand je voulais m’isoler un peu pendant les étapes, là où il n’y avait aucun risque de rencontrer brusquement une voiture que je n’aurais pas entendue arriver. J’ai quelques morceaux « d’anthologie » comme par exemple The lonely shepherd, interprété par Zamfir, extrait de la B.O. du film Kill Bill, qui me rappelle l’avant dernière étape entre St Sernin sur Rance et St Pons de Thomières quand tout au long de la longue ascension vers le Col de Peyronnenc je découvrais avec le jour qui se levait de magnifiques paysages. En 2007, sur cette étape, j’avais des ailes et j’avais couru à plus de 10 km/h sur les 70km que comptait l’étape. Il faut dire que je voulais creuser l’écart avec certains de mes poursuivants et j’avais pris goût à terminer les étapes dans le top 5. Ah ! Orgueil, quand tu nous tiens…

     

    Comme beaucoup de provinciaux, je ressens le stress de l’approche de la capitale. Je commence à ranger peu à peu mes affaires afin de ne pas être surpris par l’arrivée à la gare de Roissy. C’est que j’ai emporté ma valise à roulettes qui pèse assez lourd, sans doute une vingtaine de kg et j’ai l’ordinateur portable que mon sponsor m’a prêté qui lui aussi fait un bon poids, supérieur à cinq kg en tout cas.

     

    18h53, ça y est, je suis à l'hôtel F1 de Roissy. Le voyage s'est bien terminé, même si la dernière heure fut plus longue, ponctuée de nombreux ralentissements et arrêts : c'était le contournement de Paris. Cela changeait de la traversée de la Beauce à 300km/h ! Après la descente du train, j'ai trouvé assez facilement le lieu où prendre les navettes, au niveau cinq, et le temps d'attendre l'une d'entre-elles, vingt minutes environ, j'ai pu me rendre compte qu'il y a du monde en transit à Paris et notamment à l'aéroport. Le trajet en navette rose et blanche, c'est le signe de reconnaissance de celles qui desservent les hôtels de la ZAC Paris Nord, a été long car passant auparavant par tous les autres terminaux.

     

    19h45, enfin installé dans ma chambre, sans WC ni douche qu'il faut trouver sur le palier. Ce n'était pas indiqué sur les formulaires quand j'ai effectué ma réservation par Internet. Tant pis, on s'adaptera. Je commence à préparer mes affaires pour le lendemain, avale mes sandwiches et me couche tôt car je dois me lever à 4h30 pour prendre le petit déjeuner servi à partir de 5h avant de monter dans la navette de 5h30 qui me conduira au Terminal F.

     

    Jeudi 16 avril : le voyage (suite) quelque peu mouvementé.

     

    La nuit fut courte, le sommeil en pointillés, je n’ai même pas l'impression d'avoir dormi, comme avant les compétitions où l'on doit se réveiller tôt, 3h avant le départ, pour manger. Le match de football d'hier soir sur Canal+ en Ligue des Champions (Arsenal - Villareal) puis le résumé de Porto - Manchester United auraient pu me fatiguer, mais il n'en fut rien.

    4h27, je me réveille devançant l'alarme de mon portable de trois minutes. Une petite toilette, le rangement de mes affaires, puis c’est la descente en ascenseur vers le petit déjeuner : trois morceaux de baguette de pain avec de la confiture, un café au lait et c'est déjà l'heure de rejoindre la navette. Quand même je prends le temps de me brosser les dents.

    Celle-ci, à l'heure, m'emmène au Terminal F. Après quelques tergiversations je trouve les bornes d'enregistrement, et là, je lis : "Billet refusé, allez au guichet..." ou quelque chose comme ça, sur l'écran, ce que je fais. J’essaie de trouver le guichet d’Alitalia, mais comme il n’est pas encore ouvert, on m’envoie à celui d'Air France, le seul d’ouvert, où la personne chargée de me donner ma carte d'embarquement m'annonce que je ne figure pas sur la liste des passagers de ce vol. Après renseignements, elle ajoute que mon billet a été annulé, mais pas celui de Milan à Bari.

    Stupeur ! Que faire ?

    On me conseille de me mettre directement en relation avec mon voyagiste, mais il est 6h30 et l'agence de Nantes n'ouvre pas avant 10h.

    Autre possibilité qui m'est proposée : acheter un nouveau billet à plus de 700€, mais dont le prix est ramené à 548€ si je prends un aller-retour. Que du bonheur ! Moi qui avais acheté mon aller Paris-Bari, en août 2008, pour 141€ TTC.

     

    C’est vrai que l’histoire de ce billet aller Paris-Bari a été assez rocambolesque à moins que ce ne soit habituel pour les usagers des voyages en low cost. Je m’y suis pris tôt, en août 2008, afin d’être certain d’avoir de la place sur le vol Paris-Bari et pour payer moins cher. Selon la date et l’heure de départ, les tarifs variaient du simple au triple voire au quadruple, le choix de la compagnie aérienne faisant faire des bonds aux tarifs. J’ai cherché sur le net et j’ai trouvé un prix de voyage très intéressant. Je suis allé dans une agence de voyages pour vérifier si je pouvais obtenir le même genre de billet par leur intermédiaire, comptant aussi sur le fait d’être assuré en cas d’annulation de vol, on ne sait jamais. J’ai acheté le billet à l’agence. Par la suite, j’ai tour à tour reçu des modifications d’horaires, de trajets, de numéros de vol, de nom de compagnies... Régulièrement, l’agence de voyage à laquelle je m’étais adressé me téléphonait pour m’indiquer qu’il y avait eu des changements et qu’elle allait m’envoyer mon nouveau billet électronique par mail. J’en ai eu une bonne demi-douzaine, sans exagérer. Jusqu’au dernier en date, seulement quelques jours avant le départ. J’avais prévu l’hôtel à Roissy, réservé depuis plusieurs mois, le billet de train Nantes-Roissy acheté par internet deux mois avant pour payer moins cher et que j’ai réglé avec ma nouvelle carte bleue, celle qui me procurait une assurance en cas d’annulation ou d’interruption de voyage, et maintenant j’avais le fameux sésame pour rallier Bari via les airs et Milan où je devais faire escale.

     

    J'attends un long moment, assis sur un banc dans le hall, avant d'appeler Pascale que je ne veux pas réveiller, mais mon petit monde construit autour de ce projet est entrain de s'écrouler et je n'en peux plus.

    7h15, je l’appelle pour lui demander quoi faire et, ressentant ma grosse inquiétude, elle me console et m'encourage à acheter ce nouveau billet ajoutant qu'elle irait à l'agence dès son ouverture. De toute façon, je l'aurais acheté quand même ce sésame vers l'Italie et mon projet fou de traverser l'Europe à pied.

    Maintenant il faut faire vite car l'avion suivant est programmé pour 9h35, et après coup, je ne sais pas si j'aurais eu la patience d'attendre que l'agence soit ouverte pour prendre un hypothétique avion dans l'après-midi qui ne m'aurait peut-être pas permis d'avoir ma correspondance à Milan.

    Que d'émotions en si peu de temps ! Si j'avais su il y a huit mois que les low costs étaient aussi risqués et aussi peu fiables...

    Bref. J'ai mon billet pour Milan par le vol de 9h35.

    Comme j’ai décidé de faire des comptes-rendus de ma course le soir de chacune des étapes et que j’ai quelques minutes devant moi, je prends le stylo et commence à rédiger quelques lignes pour ne pas oublier les péripéties de ce début de voyage. Je suis dans la zone d’attente F21 et je dois prendre un bus qui doit m’emmener vers l’avion. J’espère maintenant qu’il n’y aura plus de surprises et qu’à Milan j’aurai mon avion sans problème. Une fois ces quelques lignes d’écrites, je procède à l’enregistrement de ma valise dont le poids n’est que de 19,4kg pour un maxi de 20kg, donc je n’ai pas d'excédent de bagages à payer. Je suis rassuré et j’ai bien fait de confier à Gérard, qui va courir la TransEurope lui aussi, et à sa femme Nicole, qui l’accompagne et qui tiendra des postes de ravitaillement, une partie de mes bagages qu’ils vont emporter avec eux dans leur camping-car. Ils m’ont délesté de cinq paires de chaussures, de ma tente de camping et de quelques bricoles que je retrouverai à Bari. Là bas, je verrai si le poids total de 30kg sera dépassé ou non et si j’aurai un supplément bagages lourds à régler à l’organisation, comme il était indiqué dans le règlement. Cinquante centimes d’Euro par kilo supplémentaire et par jour, ça peut vite faire du 100€ de supplément pour peu que mes sacs et valise dépassent la limite de trois kg, si ce n’est encore davantage.

    Peu avant de monter à bord, j’appelle Pascale pour lui donner ma position : c’est bon, j’ai un billet, mais je l’ai payé près de 550€ alors il faut voir avec l’agence comment se le faire rembourser. Je coupe le portable et m’installe en constatant qu’entre le règlement strict de n’emporter que de petits bagages peu volumineux dont un gabarit détermine la taille maximale et la réalité, je n’aurais pas dû me faire de soucis quant au nombre de sacs ou à leur dimension. Je ne me sens pas très à l’aise néanmoins dans cet avion, non pas que j’aie une quelconque peur des voyages aériens, mais j’ai opté pour une tenue confortable et ai enfilé mon survêtement aux trois bandes. Il est ancien, élimé par endroit, et j’ai quelques complexes à voyager à côté de personnes bien habillées, en costume, tailleur ou autre tenue correcte. J’ai l’impression de détoner et je regrette alors de ne pas être parti en jean, tenue décontractée portée par nombre de voyageurs de cet appareil quitte à le jeter une fois à Bari si l’excédent de poids de bagage devait être trop coûteux.

     

    Jeudi 16 avril, Milan Linate.

     

    Le voyage Paris-Milan s'est bien passé. Pour le paysage, je repasserai car j'étais placé côté hublot, certes, mais au-dessus d'une aile - on ne peut pas être un winner tout le temps - et le ciel était couvert, d'abord au-dessus puis au-dessous. Je me suis à nouveau réfugié dans ma musique n’étant dérangé que lors de la collation où je pris une boisson et des gâteaux secs.

    Arrivé à Milan, je me rends au guichet de la compagnie pour vérifier si la suite de mon voyage allait être du même style que le début. Ouf ! Je suis bien inscrit sur la liste des passagers. J'en profite même pour aller me faire enregistrer et récupérer ma carte d'embarquement. Et en plus, ma valise doit suivre, m’annonce-t-on… J'espère, pensé-je...

     

    J'achète des timbres à 0,65€ pour la France et des cartes postales puis je vais manger un sandwich et un gâteau. Oh! Les arnaqueurs ! 6,90€ pour le sandwich et le gâteau et comme si ça ne suffit pas, le vendeur ne me rend qu’1,10€ sur 10€. Je dois réclamer deux fois pour récupérer ma monnaie. Bon, je mets ça sur le compte de sa fatigue ou de sa distraction, mais je n'en pense pas moins.

    Voilà, maintenant j'ai quatre heures à tuer, alors je fais un essai de connexion avec ma clé et tente l'envoi de messages : je dois faire court car l'autonomie de la batterie de l'ordinateur indique moins de 50% de charge, soit une durée de 30 minutes environ, et je souhaite pouvoir envoyer un message de Bari ce soir à mon arrivée.


    > Bien, ma galère semble s'être arrêtée.
    > J'explique pour berurier : mon billet d'avion de ce matin avait été annulé !! Il a fallu que j'en rachète un (548€) au dernier moment.
    > Enfin, je suis à Milan et j'ai fait mon enregistrement pour Bari.
    > Espérons qu'il n'y aura plus de soucis et que je récupérerai ma valise
    > sans problèmes.
    > Je n'ai presque plus de batterie, alors je vous dis à+
    > Fab**** qui se dit qu'il y avait une 65ème étape plus éprouvante > moralement que les 64 à faire en course.

    Réponse de Pascale à 13h11 :
    > Oh je t'ai raté dommage, on arrivera peut être à se parler ce soir. On est allées faire quelques emplettes à Ikea avec Lili.
    Bisous
    Pascale.

    Je décide ensuite d'aller me reposer et de guetter si je ne vois pas de tête connue. On ne sait jamais, mais trois autres frenchies doivent passer par Milan aujourd'hui et peut-être y a-t-il d’autres futurs TransEuropéens.

     

    Vers 16h, nouveau rebondissement : j'apprends que mon vol est annulatto ou cancelled selon la langue. Stupeur ! Que faire ? Je suis un passager qui, je crois comprendre, se rend au guichet échanger sa place contre une sur un autre vol, plus tard dans la soirée. J'en fais de même non sans lui avoir demandé s’il s’agit bien du même vol Milan-Bari.

    Et voilà le vol Milan-Bari de 17h35 transformé en vol de 19h30 ! En compensation, on nous offre un ticket pour aller se restaurer gratuitement au bar de l'aéroport (un sandwich et une boisson). Deux heures de plus à tuer pendant lesquelles je ne sais pas trop comment m’occuper : me balader dans l’aéroport, m’asseoir tranquillement sur un banc et attendre que ça se passe, écouter de la musique, aller dans un café prendre une nouvelle consommation… Je préfère rester dans les alentours et me tenir au courant des éventuels rebondissements.

    L'embarquement, après plusieurs changements de l'heure du vol, a enfin lieu : il est 19h45.

    Le voyage se déroule correctement même si l'avion est plein, contrairement au vol Paris-Bari, à moitié vide. J'atterris peu après 21h après avoir survolé quelques régions que je vais traverser dans les jours et semaines qui vont suivre et que j’essaie d’apercevoir, mais l’avion vole trop haut. Je devine néanmoins le littoral et peu à peu l’obscurité de la nuit tombante me fait supposer qu’on doit survoler telle ou telle ville.

    A Bari, je retrouve mes copains Transe Gaulois qui sont arrivés sur un autre vol quelques minutes auparavant. Le temps de récupérer ma valise et nous prenons un taxi. 25€ pour quatre passagers avec des bagages volumineux, ça ne paraît pas cher.

    Le chauffeur nous met tout de suite au parfum de ce qui va nous attendre en Italie : conduite rapide, c'est peu dire, non respect des feux, des panneaux stop des ralentisseurs et autres lignes blanches. C'est un remake du film Taxi (1, 2, 3 ou 4) mais à Bari, pas à Marseille. D'ailleurs l'association des noms me fait me rappeler qu'à Bari, l'OM avait perdu en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions en 1991 contre l’Etoile Rouge de Belgrade, aux tirs au but. En attendant d’arriver à destination, tout le monde est un peu crispé.

    Déposés sains et saufs devant le Stadio della Vittoria, on s'installe dans la salle d’hébergement non sans saluer les nombreux coureurs déjà arrivés. Que de retrouvailles qui rappellent les courses effectuées ensemble, lors de mes quatre Transe Gaule principalement.

    Bien fatigués après avoir étalé chacun notre matelas et disposé nos sacs et valises tout autour de manière à tout avoir sous la main, nous allons nous coucher. L’excitation d’être enfin à Bari m’empêche de profiter pleinement de cette nuit de repos, mais il reste deux jours pleins à passer avant le départ, j’aurai l’occasion de récupérer des émotions du voyage.

     

    Vendredi 17 avril : les formalités

     

    Au réveil, après avoir grignoté un ou deux biscuits et bu un café Expresso, je décide d’effectuer, un petit footing d'une heure en solo le long de la mer avec une petite visite de la ville en prime. Cela fait 48 heures que je n’ai pas couru et ça me démange. De plus, ça va faire passer le temps, les dernières heures avant un événement attendu depuis très longtemps paraissent toujours interminables. Le footing est sympa, j’ai les jambes un peu ankylosées – le manque – et j’essaie de profiter pleinement du paysage en longeant la route du bord de mer que j’ai atteinte après avoir emprunté le boulevard situé devant le stade. J’ai l’appareil photo avec moi et de temps à autres je mitraille les monuments, les bâtiments et le port. Il fait relativement doux voire chaud même en cette matinée d’avril. Dimanche, on risque d’avoir chaud toute la journée si le printemps de cette partie sud de l’Italie s’apparente beaucoup à l’été de la côte Atlantique. Je décide d’aller jusqu’à la vieille ville et de faire demi-tour au bout de trente minutes de course. Je n’ose pas pénétrer dans les ruelles pourtant pittoresques, et je rebrousse chemin. Mes sensations sont bonnes, mais pas au top. On verra bien dans deux jours.

    Au retour, après la douche, on procède aux enregistrements et à la passation des consignes. J’en profite même pour passer un petit bilan médical, basé sur le volontariat. Prise de sang, relevés de masse grasse à différents endroits, mesures diverses (diamètres des muscles des jambes, des bras, tour de taille…), pesage (84,4kg) et réception d’un questionnaire qu’il faudra renseigner et rendre d’ici quelques jours. On m’explique que tous les quatre jours environ je passerai une IRM. Cette étude menée par des médecins chercheurs de la Clinique Universitaire d’Ulm, en Allemagne, semble sérieuse et nul doute que lors de son exploitation il y aura des constatations et conclusions intéressantes et utiles aux coureurs ainsi qu’au monde médical.

    En soirée, après avoir passé une partie de l’après-midi à ranger les affaires dans la valise, à organiser mes sacs à chaussures et à me reposer un peu, je me joins au groupe des Français pour faire une petite promenade dans les environs afin de trouver un restaurant. Pâtes, pizzas, bières, c’est tout ce dont on a besoin. Ce sont là les repas typiques d'avant course et nous avons quand même quelques difficultés à trouver un endroit qui peut nous servir, comme si accueillir une dizaine de personnes n’intéressait pas les restaurateurs. A la nuit tombée, après quelques bières, nous retournons au stade. Pour des raisons de sécurité, il y a beaucoup de personnes en situation irrégulière dans cette région de l’Italie, les grilles de l’enceinte sont fermées ; elles l’ont été à partir de 22h, et comme il est plus de 23h, nous sommes contraints de faire le mur parce qu’enfermés dehors ! À la manière de ces nombreux clandestins vivant dans les environs.

     

    Samedi 20 avril : l'attente est longue

     

    Ce samedi, nous traînons notre misère si l’on peut dire, en essayant de faire passer le temps plus vite tellement on a hâte de commencer notre course. Cela débute par un long trajet à pied pour rejoindre la mairie où nous devons écouter le discours du Maire. Sur les marches du bâtiment nous avons droit à une séance interminable de photos pour les journalistes et pour les nombreux coureurs et accompagnateurs désirant immortaliser cette rencontre. Suit un long déplacement toujours à pied sur le port pour rejoindre la terrasse d’un restaurant. Là, nous est servie une maigre collation apéritive où certains ayant pris un peu plus que de raison ne permettent pas à tous d'avoir de quoi grignoter. Est-ce un aperçu de ce qui nous attendra tous les soirs après chaque étape, à savoir que les premiers arrivés seront les premiers servis ? Quelque peu désabusés par la tournure des événements, avec la french team nous décidons de nous en aller compléter le déjeuner dans une pizzeria et le tour est joué.

     

    En fin de journée, une autre cérémonie protocolaire se déroule, suivie elle aussi d'un repas aussi frugal que long : les restaurateurs italiens ne semblent pas habitués à servir autant de monde en pâtes. Au niveau des quantités, ils ne doivent pas savoir que nous sommes tous des ultra marathoniens avec de gros besoins énergétiques. En fin de soirée nous allons tous nous coucher, chacun après avoir préparé sa tenue et ses affaires sachant que la grande aventure va vraiment commencer demain.

     


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