• Petit bilan à froid de la TG 2010

    Si Jean-Benoît n'avait pas eu l'idée d'organiser cette épreuve, je ne sais pas où j'en serais au niveau de la course à pied. Serais-je resté sur les distances conventionnelles (marathon, 100km, 24 heures) ? Aurais-je tenté une autre aventure comme les courses en ligne de plus de 200km ? 

    Le fait est que d'avoir découvert l'existence de la Transe Gaule a bouleversé ma pratique et m'a donné de nouveaux projets.

    Cette 5ème étoile, après mon passage sur la TransEurope, qui équivaut quand même à trois étoiles si l'on considère que j'ai couru 54 jours (soit 3x18 jours, 18 jours étant la durée d'une Transe Gaule), cette 5ème étoile donc ne fut pas facile à gagner.

    Parti en n'étant pas au mieux physiquement car souffrant de tendinite d'Achille du pied gauche (que j'appelais bursite) depuis la mi-janvier (date d'apparition des premiers symptômes) et d'un début d'aponévrose plantaire au pied droit, j'avais une énorme angoisse de ne pas être capable d'aller ne serait-ce qu'au terme de la première étape.

    Le problème quand on stresse, même si extérieurement je n'en laissais rien filtrer, c'est qu'il vous ronge de l'intérieur et finit par provoquer d'autres désagréments. Déjà sujet à quelques petites tachycardies que je savais maîtriser soit à l'entraînement soit en compétition, je ne pensais pas que l'angoisse pouvait en être à l'origine. J'avais toujours remarqué des circonstances quasi identiques lors de leurs survenues : ingestion trop brusque de liquide sucré, trop sucré tel le cola, arrêt de l'effort trop brusque comme après des séries de 400m ou quand je faisais des arrêts aux ravitaillements pendant les compétitions, d'où mon habitude de courir toujours avec mes petites bouteilles à la main, ou encore suite à un arrêt brusque pour uriner.

    La première étape pourtant avait bien démarré, je ne ressentais pas les douleurs auxquelles je m'étais attendu et je commençais à me dire que la journée n'allait pas être trop difficile contrairement aux premières étapes des courses multidays. L'adaptation de l'organisme s'effectue en effet à partir du second jour et "normalement" quand on a passé les trois premiers jours le coeur a mémorisé son rythme de croisière, les muscles et l'organisme en général s'étant adaptés pour ne pas demander plus que nécessaire. Donc on doit trouver l'équilibre ... et le conserver.

    Pour moi, il y a eu une rupture de "contrat" avec ces constantes que j'avais appris à maîtriser au gré des 72 étapes des précédentes TG et des 54 supplémentaires de la TEFR. La tachycardie me stoppant net pendant 45 minutes environ, sa durée réelle étant d'une heure. Mon GPS indique que sur cette étape j'ai couru ou marché pendant 7h38' pour aller de St Pol de Léon à Plounévézel, temps auquel il faut ajouter les 46' d'arrêt total (bien sûr, dans ce total du temps d'arrêt sont pris en compte les arrêts aux autres ravitaillements ainsi que les arrêts pour uriner, donc mon temps passé allongé doit plus certainement être de l'ordre de 30 à 35'). L'étape fut bouclée en 8h24' et je ne fus même pas déçu par mon temps et mon classement car en premier lieu soulagé d'être allé au bout et parce qu'ensuite, j'ai passé une très sympa seconde partie d'étape, courant-marchant-rigolant avec mes copains Jean Pierre, Robert et Gwen Le Ny.

    Les étapes qui suivirent se passèrent bien pour arriver en fin de première semaine, à St Georges/Loire, moment où on fait un premier point sur l'état physique et mental. Certes, je n'avais pas fait de miracles, mais j'avais réussi à retrouver une place dans le milieu-haut du classement, dans le groupe de tête des "seconds couteaux". Je naviguais entre la 16 et la 14ème place de chacune des étapes et au général je me situais dans les 20 avec une moyenne générale "plombée" par ma première étape mais de 8,624km/h quand même. Ces quatre dernières étapes ont été courues plus vite que les mêmes en 2007, ce qui me donnait un bon point de repère et je savais aussi qu'en seconde semaine, en 2007, j'avais commencé à me lâcher un peu. En étais-je capable cette année ? On verrait ça dès le lendemain.

    La seconde semaine de course débuta de belle manière, j'améliorais toujours mes chronos de 2007, loin quand même de ceux de 2008. Le troisième jour, 8ème étape, j'aurais bien continué sur ma lancée et couru au moins au même rythme qu'il y a trois ans, mais mes tendinites aux deux pieds en ont provoqué une troisième plus problématique celle-là car touchant le genou droit. Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une tendinite du fascia-lata et le blocage ressenti après chaque arrêt a commencé à devenir inquiétant. J'étais peu à peu redevenu zen lors des 7 derniers jours et soudain je repartais dans une période de fort doute. Je n'avais pas la capacité à accélérer, ça je l'avais deviné à force d'analyser mes sensations lors de chacune des étapes, et en plus je devais traîner la jambe et donc retrouver la panoplie des souffrances. Comment avais-je fait pour gérer ça l'an dernier, lors de la TRansEurope ? Arriverai-je à les mettre de côté et à courir l'esprit détaché ? C'étaient mes interrogations quotidiennes.

    Les deux étapes suivantes, les 9ème et 10ème, ajoutèrent encore plus de craintes à mes possibilités de terminer l'épreuve. J'ai voulu faire un test lors de l'étape 9, d'Angles-sur-l'Anglin à St Sulpice-les-Feuilles, et je suis parti sur des bases supérieures à celles de l'étape de 2008. A Beaulieu, km57, j'avais 14 minutes d'avance sur 2008 et 21 sur 2007. Soudain, j'ai dû payer ma témérité, je me suis retrouvé suite à un arrêt bref avec une nouvelle tachycardie accompagnée d'une sensation de tête qui tourne : je ne pouvais plus avancer. Je me suis allongé quelques minutes (au total je resterai 28' sans courir ni marcher, effectuant trois pauses allongé). Un coup de chaud en plus, me voilà refroidi pour de bon. J'avais voulu voir, j'avais vu et le paradoxe fut que par moments en marchant je ne voyais rien ou au contraire je voyais double. Dans la mouise le Fab à ce moment. Quand je repris mes esprits je terminai mon étape au petit trot et au final j'étais satisfait de n'avoir pas payé cash en minutes mon malaise. Le lendemain, je courus avec la peur au ventre et jusqu'à 3 kilomètres du but j'avais géré mon affaire puis soudain le même malaise que la veille se produisit. Cette fois je décidais de continuer à avancer en marchant calculant avec le peu de lucidité qui me restait que je pourrais au pire faire les trois kilomètres en une demi-heure. Quand je suis arrivé, j'étais moralement et physiquement très bas, m'écroulant sur un fauteuil et mettant de longues minutes avant de retrouver toute ma lucidité. 

    Le problème dans l'histoire concernait mon entourage : Pascale, aux nouvelles depuis la maison, mais aussi mes amis  organisateur et encadrants (bénévoles et staff médical) tous commençaient à s'inquiéter pour moi et je ne voulais pas de cette situation.

    Les jours qui suivirent furent courus toujours avec la peur au ventre que ça recommence, en tout cas ça a eu la conséquence de fixer un objectif plus raisonnable à ma TG : terminer, terminer sans blessures, terminer sans plus jamais ressentir de malaise, terminer en essayant toutefois de ne pas me retrouver à faire des étapes trop longues en temps. Donc le frein à main fut de rigueur à partir de ce moment. Mon objectif d'accélérer sur la fin et de faire mieux qu'en 2007 s'évanouissait et la pression retomba d'un coup. Il restait de très belles étapes à faire, le plaisir devait être le principal moteur à ma course.

    Il fallait assurer jusqu'à Mauriac qui marquait la fin de la seconde semaine et j'étais surpris à la fin de chaque étape de toujours me retrouver dans le top 20 du classement des étapes. Il faut dire, mais c'est aussi ça la course, que certains coureurs étaient blessés et devaient passer beaucoup plus d'heures sur la route qu'en début de Transe Gaule.

    16ème place au général en début de dernière ligne droite, 6 étapes à courir, le retour annoncé de la chaleur, les douleurs au genou et aux pieds, si je ne voulais pas sombrer dans le classement, j'avais quand même intérêt à contrôler et de toute façon, j'avais remarqué que j'avais autant mal à courir lentement qu'à courir à 9km/h, alors j'ai opté pour le "nefaleur".

    La fin de course ne fut pas facile, Stéphane m'avait logiquement dépassé, plus frais, pas blessé, l'allemand Reinhold, le néerlandais Erwin, la française Cathy avaient creusé le trou, j'aurais comme objectif, si tout allait bien, de conserver ma 17ème place. Je réussis ce challenge, non sans mal, car lors de la dernière étape Carmen a essayé de reprendre les 55 minutes d'avance que je possédais sur elle, en vain heureusement.

    Ce qui me rassure quand même c'est que j'ai toujours conservé mon instinct de compétiteur. Pour moi, améliorer mon meilleur chrono, faire la meilleure place possible, lutter pour être toujours meilleur (ou moins mauvais c'est selon) c'est ce qui me fait avancer. Si je ne me fixais pas d'autres challenges je pense que souvent j'aurais tendance à mettre le clignotant et à arrêter.

    Au final, je suis satisfait de cette 5ème Transe Gaule. Sur l'échelle des TG passées, elle se situe à la 3ème place en terme de moyenne, à la 5ème place en terme de classement, mais peut-on comparer un classement à 24 avec un classement à 44 ? D'ailleurs, je ne résiste pas - passion des chiffres quand tu nous tiens - à faire un petit récapitulatif de mes courses à étapes.

     

    Avec mes 5 Transe Gaule et ma TransEurope "inachevée", j'ai effectué la traversée de plusieurs pays :

    La France :

    - 2005 : 18 étapes, 1143km, 145h37'07", moyenne 7,849km/h, 16ème/24.

    - 2006 : 18 étapes, 1144km, 144h07'07", moyenne 7,938km/h, 15ème/27.

    - 2007 : 18 étapes, 1144km, 121h55'05", moyenne 9,383km/h, 7ème/31.

    - 2008 : 18 étapes, 1146km, 118h33'16", moyenne 9,666km/h, 12ème/44.

    - 2010 : 18 étapes, 1146km, 130h53'20", moyenne 8,748km/h, 17ème/44.

    L'Italie :

    - 2009 : 17 étapes, 1131,4km, 131h40'22", moyenne 8,593km/h, 25ème/58.

    L'Allemagne (+ un bout de l'Autriche:

    - 2009 : 16 étapes, 1099,5km, 125h21'45", moyenne 8,771km/h, 17ème/52.

    Suède (Göteborg à Gällivare) :

    - 2009 : 21 étapes, 1533,9km, 191h09'05", moyenne 8,024km/h, 23ème/49.

    Total courses à étapes :

    144 étapes9487,8km, 1109h17'07", moyenne 8,553km/h.

    Ce ne sont que des statistiques, sans aucune prétention, juste pour comparer avec d'autres adeptes des courses à étapes. Je remarque toutefois, et cela va peut-être servir à d'autres coureurs qui vont se lancer sur la prochaine TransEurope, que lors de la seconde partie de la TEFR2009 (si l'on considère qu'il y en avait 4) je suis allé plus vite que sur la première et plus vite aussi que sur cette dernière Transe Gaule.

    à+Fab*****

    « articles sur Yanoo (TG 2010)Plan en 15 semaines récup Post-Transe Gaule »

  • Commentaires

    1
    JGExtr
    Vendredi 15 Octobre 2010 à 21:34
    Bonjour Fabrice, comment te sens-tu après ce périple. Super et chapeau pour cette 5ème étoile. J'espère que tu récupères bien et qu'on pourra se revoir sur une course d'extrême. Amitiés sportives. J.Gabriel.
    2
    fabcentkm1 Profil de fabcentkm1
    Vendredi 29 Octobre 2010 à 22:40
    Salut Jean Gab. La santé s'améliore même si persistent mes tendinites aux deux pieds (aponévrose à gauche et bursite à droite). Je ne me traîne pas trop et je me suis concocté un petit programme cool pour l'hiver avant de reprendre le long dès janvier-février.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :