•  Lit – Strömsund : 79,1km

     Tout d'abord je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont envoyé des messages de soutien depuis qu'ils sont au courant de mon épisode de galère. Cela fait plaisir et ça va me rebooster pour la suite.

    Je vais aller au Cap Nord, et je sais que la route qui y mène va être très longue et très difficile, mais je vais me surpasser mentalement pour y arriver.

     Concernant mon étape d'aujourd'hui, voici en quelques lignes le compte-rendu.

    Après une bonne nuit de sommeil, je me suis levé et ma cheville et mon releveurs semblaient ne pas me gêner, juste un petit tiraillement qui me confortait dans l'idée d'effectuer une nouvelle étape prudemment accompagné de Christophe Midelet.

    J'avais une légère douleur au dos, au niveau du haut du bassin (côté gauche) sans doute due à un déplacement de ce même bassin, chose à laquelle je suis habitué et qui a dû se produire lors de l'étape de transition Kiel-Göteborg où j'ai trimballé mon lourd sac pendant plusieurs kilomètres (trajet vers les repas, puis la douche, puis montée dans le bateau etc...)

    Donc, ce matin, j'étais prêt mentalement à passer plus de 10 heures sur la route.

    Le départ fut donné sous une température fraîche, de l'ordre de 2°, avec un beau ciel bleu. J'avais remis le camel bag, comme hier, avec plusieurs petites choses à l'intérieur : MP3, barres de céréales, deux fioles d'eau (12cl), un poncho, des mouchoirs et du papier toilette, de l'argent, et deux ou trois autres bricoles ne pesant pas lourd.

    Les premiers kilomètres me donnèrent l'impression que la journée allait être longue et difficile car je n'arrivais pas à trouver un rythme et des sensations d'aisance.

    Avec Christophe nous avions convenu d'une vitesse de croisière de l'ordre de 7,5km/h ce qui avec les arrêts aux ravitaillements devait nous permettre d'atteindre l'arrivée entre 10h30 et 11h de course. Comme nous avons l'habitude de discuter en courant, le temps aurait dû passer plus vite.

    C'était sans compter les nombreuses averses de pluie et de grêle entrecoupées de périodes de soleil, le tout avec un vent défavorable et parfois très fort. Je n'avais pas de jus, je ne savais pas trop pourquoi, peut-être ai-je laissé hier soir beaucoup d'énergie à me remettre de mes émotions.

    Je compris un peu plus tard pourquoi. Pendant l'étape, je dus m'arrêter en urgence 6 fois pour aller aux toilettes dans les bois, alors qu'avant le départ j'étais déjà allé deux fois aux WC.

    La nourriture de la veille, chili con carne, était sans doute trop relevée et ce matin je le payais.

    Si l'on ajoute les arrêts prolongés aux ravitaillements et les nombreuses périodes de marche, on voit que les 7,5 étaient très difficiles à tenir. Entre le 30ème et le 60ème kilomètre, j'avais le moral dans les chaussettes et sans l'aide de Christophe pour me remotiver j'aurais sans doute rallié l'arrivée en marchant.

    Les 20 derniers km furent donc moins difficiles. A l'arrivée, j'étais une fois de plus soulagé d'en avoir fini et me dépêchais d'aller me doucher, de laver puis étendre mon linge, de manger quelque chose avant le repas du soir prévu à 19h, et de terminer l'installation de mon barda.

     Après le repas, le temps passe très vite et le temps de prendre connaissance de tous les messages reçus sur la boîte mail de la course, je me suis attaqué à mon petit CR.

     Je rassure tout le monde, le moral va bien avec des hauts et des bas, le physique va même si le dos me tracasse et m'empêche de courir sans avoir mal. Seule interrogation : vais-je avoir récupéré assez au niveau gastrique ? J'ai mangé des crudités (carottes et maïs) en entrée, des pâtes à la crème fraîche et aux petits lardons et n'ai pas eu de dessert (remplacé par plusieurs verres de lait frais).

    Donc l'appétit est là et j'ai refait de réserves pour demain qui seront, j'espère, suffisantes pour ne pas connaître la même baisse de régime qu'aujourd'hui.

     Je souhaite pouvoir écrire un nouveau CR encore plus optimiste demain soir.

    En attendant, je vous laisse et vais dormir.

    à+Fab****


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  •  Hackas – Lit : 60,3km

    C'est avec le moral proche du néant que je rédige ce CR, mais si je continue de le faire c'est que j'ai encore un peu de jus, un peu d'énergie dans la « batterie ».

    Aujourd'hui, j'ai passé toute l'étape, certes courte, à moins de 8km/h, accompagné de Christophe qui m'a bien aidé, lui qui a connu les affres de l'abandon en Italie et qui connaît bien cet état d'âme quand on navigue dans les profondeurs du classement.

    Nous avons couru lentement, avalant doucement les kilomètres en 8 minutes voire plus. Les postes de ravitaillement semblaient très distants les uns des autres, parfois c'était interminable. Nous avons discuté pendant de longues heures ce qui nous a aidés à faire passer les heures.

    Nous avons eu un temps gris, pluvieux avec de belles averses froides, parfois ensoleillé, mais jamais chaud. Même les 20 dernières minutes ont été effectuées sous une pluie mêlée de grêle.

    Nous avons traversé une grande ville dont je n'ai plus le nom en tête alors que depuis plusieurs jours on a vu les panneaux l'annoncer sur la route 45 : d'abord à plus de 300km puis de jour en jour on voyait le décompte s'effectuer jusqu'à aujourd'hui. Pour y accéder, nous avons franchi un long pont de 1504m puis suivi une piste cyclable et tout un dédale de rues en côte qui nous ont amenés à la sortie de cette grande agglomération. Il y avait des stades et sans doute dans l'un d'eux doivent se dérouler les biathlons et autres disciplines nordiques.

     Je suis arrivé 36ème, loin, très très loin des autres coureurs avec qui je gravitais il y a peu encore, et je pense que ça va durer quelques jours encore. J'espère sortir vite de cette impasse, mais au niveau des sensations aux endroits où j'ai des inflammations (cheville et releveur droit, ischio gauche, douleurs au dos avec irradiation vers l'adducteur gauche) je ne suis pas optimiste.

    Bon, je ne vais pas abandonner pour si peu, mais le mental qui me sert d'habitude à outrepasser ce genre de bobos s'est peu à peu effrité et il y a un quart d'heure j'ai dû quitter à regrets la table où je mangeais (j'avais terminé mon repas) et ne pas assister au mini concert donné par les jeunes du lycée dans lequel nous sommes hébergés. Je suis parti dans mon coin et j'ai éclaté en sanglots. Je n'aime pas me livrer comme ça à la lecture de tout le monde, mais cela montre qu'en quelques jours on peut se retrouver moralement au fond du trou.

    J'espère en sortir vite et ne pas entrer dans un cycle « dépressif » qui me rendrait la fin de TransEurope comme une corvée, alors que je me fais (faisait ?) un plaisir de la courir.

     Demain s'annonce une journée longue et difficile, car les 79 kilomètres prévus vont sans doute me prendre plus de 11heures, soit me faire arriver vers 17heures, heure à partir de laquelle on n'a pas vraiment le temps de se reposer.

     Je vous laisse, écrire m'a un peu soulagé, je vais prendre sur moi pour passer une bonne nuit réparatrice et faire mes kilomètres de demain du mieux possible afin de guérir le plus rapidement possible. La prudence doit rester maitresse à bord, je souhaite qu'elle me mène à nouveau sur les chemins du plaisir de courir cette aventure.

     à+fab****


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  • Rätan – Hackas : 57,9km.

    « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » dit-on, et bien là, c'est plutôt le contraire.

    J'ai passé une sale journée, je me suis traîné sur le bitume car mon problème à la cheville m'a beaucoup handicapé et je n'ai pas voulu prendre de risques à aller plus vite, de toute façon je pense que j'en aurais été incapable.

    Le temps d'hier était oublié, quoique j'en ai gardé des séquelles au niveau fatigue, tout comme celles de la longueur de l'étape.

    Je ne me suis pas assez couvert et le vent frais défavorable cumulé à une vitesse réduite m'ont bien gêné.

    On a passé le km 3000 peu avant la mi-étape, c'est la seule note positive de cette journée de course.

    J'ai fini loin, très loin de ce que j'espérais, mais dans un temps conforme à mon allure de prudence.

     Nous sommes encore une fois hébergé dans une école, dans un petit gymnase, mais nous mangeons bien car la restauration est assurée par le personnel de cantine de l'école.

    Des enfants étaient là, avec leurs professeurs à nous attendre et on dut signer des autographes.

     J'ai soigné ma cheville qui avait de nouveau enflé, je me suis bien reposé et je me suis refait un bon moral en choisissant l'option prudence pour les 3 jours à venir (60,3km, 79,1km et 72,8km).

    Je n'ai pas d'autre choix, donc je vais certainement dégringoler dans les tableaux mais ce n'est pas là le plus important.

     J'espère pouvoir donner des nouvelles un peu plus optimistes demain soir.

     à+Fab****


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  • Sveg – Rätan : 85,7km.

    Et bien, quelle journée !

    85,7km sur la route 45, avec une température au départ de 14°, un soleil en pleine face et très peu de circulation.

    Heureusement, le revêtement routier était lisse, du bitume gris sans aspérités, pas comme celui de couleur orangée qui « gratte » les semelles avec ses gros graviers. Donc pas d'efforts à faire pour lever les pieds.

    Je m'étais fixé les postes de ravitaillement comme points de repères et j'avais prévu de grignoter une barre de céréale ou un Mars vers la 35/40ème minute qui suit le départ et entre chaque ravitaillement.

    Le temps a passé vite au début, au gré de l'orientation de la route on pouvait avoir un peu d'ombre qui faisait du bien car la température avait déjà dépassé les 20° vers 9h.

    Le soleil nous a tourné autour car de face il est passé à droite puis derrière et enfin à gauche dans l'après-midi.

    Les paysages n'ont pas beaucoup changé, j'ai juste remarqué que les lilas ne commençaient à fleurir que maintenant. On a donc pris de l'avance sur le printemps et la végétation.

     

    J'ai fait une cinquantaine de kilomètres sans gros soucis mais vers la 6ème heure de course j'ai commencé à ressentir une douleur sur le dessus du pied droit au niveau de la cheville (sur le côté droit aussi). J'ai desserré un peu ma chaussure mais le mal persistait. J'ai donc ralenti pour ne pas prendre de risques me faisant rattraper par deux coureurs qui s'arrêtent moins longtemps que moi aux ravitaillements.

    Comme en plus il faisait chaud, l'eau de mes bidons devenait assez rapidement tiède.

    Quand je suis arrivé, j'ai « expédié les affaires courantes », j'ai passé le « body measurement » comme le matin (79,8kg à 5h, 77,7kg à 17h).

    J'ai mis mes jambes en l'air le long d'un mur pour faire diminuer le gonflement de ma cheville, j'ai mis de la glace et je me suis un peu reposé.

    A 19h,j'ai dîné puis de 19h30 à 20h15 j'ai passé l'IRM.

    Donc après, je n'ai pas eu beaucoup de temps à moi et ce CR, je l'ai écrit au crayon à 21h15, allongé sur mon matelas quand je me suis couché. Donc, je n'ai pas eu le temps de le mettre en ligne ni de l'envoyer, c'est pourquoi vous ne le recevez que ce soir, lundi.

     


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  •  Västbacka – Sveg : 61,4km

    Je suis installé à califourchon sur un banc dans un couloir de la salle des sports de Sveg, juste en face de Tom, le coureur avec qui j'ai fini l'étape d'hier, et qui va se faire tondre les cheveux par Uli, notre pasteur-dernier ravitailleur-coiffeur-chanteur... Uli est une personne très appréciée car lorsqu'on arrive à son ravitaillement, on sait qu'il ne reste plus grand chose à courir.

    Aujourd'hui, quand je suis arrivé à son poste de ravitaillement, j'ai eu la surprise d'apercevoir au loin des montagnes enneigées, alors qu'à cette heure il faisait plus de 25°.

     Aujourd'hui, il a fait beau et chaud. Notre réveil sous un ciel bleu, avec un peu de brume dans les sous bois qui a peu à peu disparu au fur et à mesure que les rayons du soleil réchauffaient l'atmosphère, laissait présager qu'on allait avoir chaud plus tard dans la journée et qu'il fallait penser dès le début de l'étape à bien s'hydrater.

    Pendant les premières heures, les arbres nous donnaient un peu d'ombre, mais plus on avançait dans la course et plus le soleil s'élevait dans le ciel ; il se trouvait assez souvent derrière nous et dans cette configuration, il n'y a plus de possibilité d'avoir des zones d'ombres et rafraîchissantes.

     

    Le paysage, pour ne pas changer, a été de toute beauté, au détour d'un virage nous pouvions découvrir un ruisseau dont on percevait le murmure dans le silence de notre progression. Peu de voitures et encore moins de camions en ce samedi, seulement quelques personnes se rendant en week-end avec leur caravane ou camping car. Parfois, un petit coup de klaxon amical nous sortait de notre concentration sur le bitume ou dans nos pensées.

    Il y eut quelques surprises quand nous descendions de longues portions de route : un lac s'étendait, avec ses nombreuses îles, ses petites baraques de pêcheurs, de chasseurs ou de personnes venant passer le week-end.

     Les postes de ravitaillement, espacés d'une dizaine de km à peine s'égrainaient environ toutes les 1h05 pour moi ce qui me donnait une moyenne de course de moins de 9km/h, arrêts comptés.

    Cette étape étant courte, il n'y avait pas lieu de prendre de risques surtout quand s'annonce une belle chevauchée de 86km le lendemain.

    Mais bon, quand on est joueur, on tente des petits trucs et je me suis mis dans l'idée d'accélérer entre le 45ème et le 50ème km et de maintenir la cadence jusqu'à l'arrivée si je le pouvais. A ce petit jeu, je suis revenu à portée de vue de mes compères suédois, talonné par le duo de français Roger/Alain.

    Un léger quiproquo m'a fait accélérer pour tenter de passer sous les 7h (mon objectif d'avant course) sans attendre mes compères français qui ne se trouvaient que deux cents mètres derrière. J'aurais pu les attendre et finir avec eux, mais j'ai préféré essayer de faire la jonction avec les suédois.

    En fait, je suis arrivé une vingtaine de secondes derrières le duo nordique et une petite minute devant la paire française.

     

    Le gymnase qui nous accueille est vaste, les douches chaudes, et une fois que j'ai terminé de me laver, de manger et d'installer mes affaires, j'ai vraiment pu me reposer. J'avais de la glace pour les quelques zones douloureuses, et je pus dormir quelques bonnes minutes.

    Dehors, il faisait chaud, plus de 30° au soleil, au moins 25 à l'ombre, et quand je me suis relevé pour aller faire quelques courses au supermarché du coin, j'ai attrapé une bonne suée. Il faut boire pour récupérer et préparer l'étape de demain qui s'annonce aussi chaude mais qui sera aussi plus longue de deux heures au minimum pour moi.

     

    Maintenant, je vais préparer mes affaires pour demain et me coucher, ce qui est frustrant à cette heure un samedi soir, mais la course ne permet pas de faire des petits écarts. Il faut une bonne dose de volonté et de ténacité pour accepter de passer à côté de petites choses comme celles de visiter la ville très pittoresque car touristique, ou inversement, d'aller manger une bonne glace en terrasse d'un café ou tout simplement de se poser sur un banc et de regarder le temps qui passe.

    Je garde toutes ces frustrations pour plus tard quand je serai de retour en France et là, je vais en profiter. C'est dans une aventure comme celle-là qu'on mesure à quel point les petites choses de tous les jours auxquelles on ne fait pas attention, car banales, sont importantes pour l'équilibre physique et mental.

     

    Je vous laisse méditer sur cette pensée philosophique et vous dis à demain.

     

    à+Fab****


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