• Sorsele – Arvidsjaur : 84,6km.

    Cette étape était redoutée car longue (84,6km) et comme je m'étais fixé environ 13h pour la courir, j'avais mis le camel bag avec mon portable, mes deux MP3 et l'appareil photos. J'avais aussi emporté le poncho et ma casquette plus un en-cas pour les deux premières heures.

    Je suis parti en boîtant, comme d'habitude, et il m'a fallu plusieurs kilomètres pour me chauffer. Une fois chaud, les douleurs (ischios + dos) se firent moins intenses si bien que je pouvais courir longtemps, mais pas vite. Du moment que je prenais de l'avance sur le cut-off, le reste m'importait peu.

    J'ai tenu le 7,5km/h jusqu'au 30ème km environ, et par la suite j'ai fait route avec Christophe qui m'avait rattrapé au gré des postes de ravitaillement. Nous sommes restés ensemble et nous avons pu voir des rennes que nous avons pris en photo. D'abord un puis 4 plus loin et enfin un troupeau.

    De s'arrêter photographier les animaux et les paysages, ça fait perdre du temps : la moyenne avait chuté à 7km/h environ et je commençais sérieusement à avoir de plus en plus mal. J'ai serré les dents, je me suis accroché et j'ai fini par arriver en moins de 12h. J'avais gagné 1h de repos ce qui n'est pas négligeable quand on flirte avec la queue du peloton. J'ai pu me doucher, laver deux trois affaires, et préparer ma tenue avant d'aller dîner.

    J'étais installé sur un gros tapis de saut, merci Stéphane, et je n'avais pas à défaire mon matelas. C'est installé dessus qu'après mes soins, j'ai rédigé ce CR.

     

     

     


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  •  Storuman – Sorsele : 71,8km

     

    Le ton de mon CR précédent avait pu laisser un sentiment de mieux être de ma part pour le lecteur, mais dans la réalité, je me suis peut-être caché derrière cette forme d'expression pour masquer mon inquiétude.

    Ce matin, j'ai été ramené à la cruelle réalité, celle que j'allais passer une journée interminable faite de souffrances physique et morale.

    Je n'ai pas pu vraiment commencer l'étape en courant, je sentais trop de douleurs à mon ischio jambier gauche ainsi qu'à mon bassin. J'ai démarré avec Christophe en alternant marche et semblant de course : nous n'étions même pas à 7km/h ! Et au bout d'une heure, de deux heures, de trois heures à ce rythme, pas d'amélioration. J'ai demandé à Christophe de filer afin de se ménager une récupération plus longue ce soir car je sentais que j'allais passer plus de 11 heures à galérer.

    Je me suis rapidement retrouvé en avant-avant dernière position, suivi seulement par le duo de japonaises qui termine toujours ou presque avant le cut-off ou temps limite.

    Peu à peu, je fis des essais de marche rapide en prenant des bâtons que j'avais ramassés sur le bas-côté de la route et cela semblait aller un peu mieux. Nicole me prêta même les bâtons de marche nordique de Gérard mais après un essai de quelques kilomètres, j'ai préféré faire sans car je ne pouvais pas porter mon bidon en même temps.

    Je refis aussi des essais de course et parfois j'arrivais à courir 100m sans trop avoir mal.

    Les postes de ravitaillement m'ont paru très éloignés les uns des autres (entre 9 et 11km, soit entre 1h25 et 1h45) et j'ai essayé de minimiser mes arrêts au maximum afin de garder de l'avance sur le cut-off.

    J'avais en point de mire trois coureurs que petit à petit je me décidais à rattraper en essayant de courir un peu plus longtemps et de marcher un peu plus vite. J'avais mal, mais parfois je me surprenais à courir sans douleur. Pas longtemps hélas !

    Nous avons fini tous les quatre ensemble après nous être regroupés à deux kilomètres de l'arrivée.

     

    Il a fait beau aujourd'hui, moins froid qu'hier, sans le vent et en raison de ce redoux, on a eu droit de voir quelques insectes tels des moustiques ou des moucherons. Il y a beaucoup de zones humides entre les arbres et il y a aussi beaucoup de rochers. Stéphane a vu un renne traverser devant lui et a eu le temps de le prendre en photo. Je n'ai pas eu cette chance, ça m'aurait distrait.

     

    Le temps a fini par passer, mais j'ai remué des idées noires toute la journée.

    C'était la 50ème étape et nombre de fois je me suis dit que ça allait être la dernière pour peu d'ailleurs que je n'aille pas au bout. Je me suis remotivé en pensant qu'on verrait ce soir après l'arrivée et que je prendrai le départ le lendemain et que j'aviserai en cours de route selon les sensations et surtout selon les douleurs. Je n'ai pas envie de me mettre en danger physiquement et encore moins mentalement, tout comme je n'ai pas le souhait que mon entourage soit inquiet et se tracasse de me savoir en si mauvaise posture.

    C'est peut-être pour ça que j'écris mes CR avec un certain « détachement » si l'on peut dire, mais pour moi, si le soir j'arrive encore à être assez lucide et capable d'en rédiger un, je me dis que le mental va m'aider à me surpasser et à encaisser les prochaines longues heures sur la route.

    Je pense mettre environ 13h30 demain (pour 84,5km), 15h après-demain (pour 95,1km) donc je crois qu'il n'y aura pas de CR avant mercredi prochain, sauf par Pascale à qui j'aurai donné des nouvelles par téléphone.

     

    à+Fab****

     

    J'ai essayé de poster ce CR le soir même, mais dimanche soir le réseau était saturé et je n'ai pas pu l'envoyer. Donc vous le recevez avec un peu de retard.

     

     

     


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  •  Wilhelmina – Storuman : 68,3km.

    Quand nous sommes partis de Wilhelmina ce matin, le temps était couvert mais il n'y avait pas de vent ce qui n'a rendu le départ trop froid comme on l'avait craint un moment.

    Une côte dès les premiers hectomètres, ça calme, et une fois franchie, le long serpent gris pouvait se déployer pour nous mener à Storuman.

    Mes sensations étaient bonnes, quelques petites douleurs ici et là, mais j'étais assez optimiste en me disant que la fatigue généralisée disparaissait petit à petit.

    J'ai couru seul pendant une quarantaine de kilomètres, naviguant à vue derrière les coureurs avec qui (ou devant qui) j'étais il y a encore une huitaine de jours. Du 8km/h comme ça, je signais tout de suite et en extrapolant, je me faisait déjà un plan d'arrivée vers 14h30, soit après 8h30 de course.

    Mais .. car il y a un mais, c'était sans compter de nouveaux arrêts en forêt, des averses de pluie puis de neige et sans compter les quelques kilomètres de route en travaux où nous avons dû courir sur de gros graviers et sur une chaussée déformée, croisant de temps à autres des véhicules ne se souciant parfois pas du danger de nous projeter des graviers de par leur vitesse.

    Pour moi, ça a été le début de mes ennuis. Quand il y a une chaussée déformée, je suis obligé de lever plus haut les pieds et au bout d'un moment, des douleurs se sont réveillées : ischios, bassin, adducteurs, quadriceps (principalement sur la jambe gauche). A la fin de cette partie, je ne pouvais plus courir sur du 8km/h et quelques kilomètres plus loin, Christophe, que j'avais laissé courir à son rythme, me rattrapa a gré d'un ravitaillement. Nous avons donc terminé l'étape ensemble. J'étais déçu d'avoir flanché comme ça, pour une fois que j'avais de bonnes sensations. Le froid des averses m'a aussi gêné et j'ai conservé le poncho jusqu'à une dizaine de kilomètres de l'arrivée où le temps s'était éclairci.

    Les paysages, au fil de notre montée vers le Nord (on a passé le 65° parallèle Nord aujourd'hui), sont tout aussi forestiers qu'avant, mais les sous bois sont constitués de végétation rabougrie poussant parmi les roches arrondies sans doute restes d'anciens glaciers.

    Nous avons vu aussi de vastes étendues dénuées de haute végétation, sortes de steppes, dans lesquelles nous avons cherché en vain à apercevoir quelque animal, renne ou caribou.

    De nombreux petits lacs et ruisseaux montrent que la neige était encore là il y a peu, de petites fleurs poussant en nombre autour de ces zones humides.

    Toujours aussi peu d'habitations pendant ces longs kilomètres, quelques « hameaux », peu de circulation en ce samedi sinon des touristes hollandais, danois, allemands et même français. Donc, la compagnie de Christophe m'a été d'un grand secours au moment où psychologiquement j'aurais pu encore une fois sombrer.

    Ce soir, c'est dur à encaisser d'avoir passé tout ce temps supplémentaire sur la route (9h30 de course environ), mais le moral est là.

    J'appréhende tous les jours les nombreuses heures de bonus sur les routes suédoises, mais à la fin, elles finissent par passer quand même.

    Et point positif, je ne risque pas d'arriver à la tombée de la nuit ... car là où on est, elle ne tombe plus.

    Sur cette petite note d'humour, je vous laisse et vous dis à demain pour la suite des aventures nordiques de Fab****.

     

    à+Fab****

     

    PS : aujourd'hui, c'était ma 200ème course d'au moins la longueur d'un marathon. (72 étapes de la Transe Gaule, 49 étapes de la TEFR, 53 marathons, 20 « 100km » + 3 où j'ai abandonné après le km 45 au moins + 3 « 24h » = 200.

    Objectif : le 21 juin en être à 215.


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  • Dorotea – Wilhelmina : 56,2km.

     Les jours se suivent et ... se ressemblent. J'ai passé une « courte » journée de galère, toujours avec les mêmes soucis gastriques et donc toujours avec ce manque d'énergie quand vient le 30ème km. Même avant cela j'avais déjà compris qu'aujourd'hui je n'allais pas pouvoir recourir à un rythme se rapprochant de celui qui me rassurerait, c'est à dire au moins 8km/h. Car sur une telle « petite » distance, 1km/h d'écart ça fait quand même 1h à l'arrivée. Alors, quand je me souviens qu'il y a peu encore je tournais à plus de 8,5km/h, je me doutais qu'à l'arrivée j'aurais mis plus d'1h30 de plus que lors des étapes « italiennes » ou « allemandes » de tailles semblables.

     

    Il n'y avait que deux villes aujourd'hui sur notre route : celle du départ et celle de l'arrivée. Entre les deux, juste une agglomération située au carrefour de deux routes intermédiaires où se trouvaient quelques commerces. Ce qui fait drôle, c'est qu'il y a des petits carrefours où se rejoignent des routes de terre et sur les panneaux indicateurs on voit les noms des villes avec des kilométrages du type 140km ou 50km.

    Sur notre route, depuis quelques jours on voit le panneau indiquant la ville d'Arvidsjaur située à 448km il y a trois jours et dont on se rapproche petit à petit, aujourd'hui il ne doit plus y avoir que 220km car on y arrive lundi après des étapes de 68, 72 et 84km environ.

    Le temps a été frais et venteux alors que nous nous sommes réveillés sous un beau soleil et un ciel tout bleu. Les nuages cachés derrière les collines sont arrivés au bout d'une heure et à force de lutter et contre le vent et contre le froid, on s'épuise encore plus vite.

    Le long de notre route, des arbres, quelques lacs, une voie ferrée... Sur la route très peu de circulation et souvent un petit signe amical du conducteur ou un petit coup de klaxon venaient nous distraire.

    J'ai de nouveau fait route avec Christophe qui m'a traîné sur la fin quand vidé de toute énergie et après un ultime N ième arrêt dans les bois j'ai un peu laissé couler mon désarroi.

    Je suis dans une spirale négative mais je lutte, je lutte et je lutte encore en me persuadant que des jours meilleurs arriveront bien un jour.

    Aujourd'hui, j'aurais pu profiter de la relative petitesse de l'étape pour bien me reposer, mais je suis allé faire de nouveau quelques courses (pharmacie : vitamines, crèmes ; banque : retrait d'argent liquide) et comme en plus le restaurant se situait à 500m de la salle, il a fallu partir un quart d'heure plus tôt pour aller dîner. J'ai quand même bien mangé cet après-midi après la douche dans le camion de Gérard et Nicole qui nous avait préparé de la viande et des pommes de terre sautées. Ce soir au restaurant, on a eu aussi de la viande et des pommes de terres sautées, mais c'est tellement meilleur que les plats en sauce précédents que j'ai mangé d'un meilleur appétit. Il faut reprendre des forces donc je me suis forcé un peu.

    Je me suis couché une petite heure de 16h30 à 17h30 en glaçant les zones douloureuses en voie de guérison, et cela m'a fait du bien.

     

    J'ai même le temps de rédiger ce CR et de le poster accompagné de celui d'hier.

     

    à+Fab****

     


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  • Strömsund – Dorotea : 72,8km.

    (Vous avez eu de brèves nouvelles par Pascale et Emmanuel car je n'ai pas eu la possibilité de me libérer du temps libre pour écrire et poster ce CR avant que les lumières de la salle ne s'éteignent.)

     L'étape d'aujourd'hui ressembla en tous points à celle d'hier mises à part deux choses :

    • la météo qui n'a pas été pluvieuse pendant toute l'étape (malgré un vent fort contraire et un ciel couvert);

    • la distance qui était moindre (72,8km contre 79,1km) ce qui pouvait laisser espérer une arrivée une heure plus tôt que la veille.

    J'ai couru avec Christophe, fidèle compagnon de mes heures de galère, même si aujourd'hui j'ai peu souffert physiquement. Mes douleurs s'estompent (cheville dégonflée, releveur moins sensible, hanche gauche moins douloureuse, dos sans trop de gêne), mais je n'ai plus « d'essence dans le moteur ». Les nombreuses fois où je me suis arrêté hier m'ont « vidé » au sens propre comme au sens figuré, et aujourd'hui, ça a recommencé. 4 arrêts en urgence dans les fourrés !

    Je suis parti avec un poids de 78,4kg au réveil, à jeun, ce qui constitue un « record » pour un matin, je suis arrivé et mon poids n'était plus que de 77,0kg, nouveau record pour une après course.

    Si je me compare avec les 84,5kg de Bari, vous imaginez comment j'ai pu fondre.

     L'étape nous a fait entrer en Laponie, à 10km du but. Au niveau paysage ça n'a rien changé, on a toujours des forêts, des lacs, des maisons isolées, de rares villages, de la route tantôt grise (qui n'use pas les semelles) tantôt rouge (qui érode les runnings), un peu de circulation avec souvent des camions transportant du bois et quelques touristes en camping car ou caravanes.

     J'ai eu l'impression que la fin de l'étape, les 25 derniers km, nous montrait une nature un peu moins en retard que celle rencontrée ces derniers jours. Il y avait des fleurs épanouies dans les fossés, dans les rares jardins des particuliers, et même les arbres semblaient avoir plus de feuilles.

    Ce n'est peut-être qu'une impression, mais c'est ce que j'ai ressenti, sans doute parce qu'aussi à la fin il faisait moins froid.

    Nous sommes partis, la pluie de la nuit venait de cesser, mais il faisait frais (4° environ) et le temps est resté gris jusque vers midi puis le ciel s'est éclairci sans toutefois laisser briller le soleil; il devait faire 12° à ce moment. Quand nous sommes arrivés, il ne faisait guère plus, mais le soleil avait transpercé la couche de nuages.

     Je suis allé acheter un nouveau bonnet, des gants plus chauds et un nouveau bidon de course dans un magasin d'articles de sport, je suis allé passer l'IRM puis je suis retourné au supermarché acheter de quoi manger qui sorte de l'ordinaire. Ensuite ce fut le repas où j'ai mangé des spaghettis sans sauce accompagnés de boulettes de viande. L'entrée était une salade de pâtes. Si avec ça je ne reprends pas de forces pour demain, ce sera à ne plus rien y comprendre.

     Je vais maintenant aller me coucher, demain une étape courte m'attend et j'espère voir enfin l'énergie revenir dans mon corps. Le moral est revenu, l'instinct de « guerrier » devrait suivre.

    à+

    Fab****

     

    PS : Plus que 17 étapes !!!


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