• Les photos de la Transe Gaule sont dans la galerie. D'autres arriveront plus tard!

    Message pour les Transe Gaulois 2005:

    Si cela vous gêne d'apparaître sur mon blog, faites-le moi savoir afin que je puisse retirer les photos concernées. Merci d'avance.

    Fab*


    2 commentaires
  • TranseGaule 2005

    ÉTAPE 1 / Roscoff -- Plounévézel 68 km (D+ 725m / CUTOFF 12h22mn)
    Étape de mise en jambes entre ‘’Armor’’ (la Mer) et ‘’Argoat’’ (les Terres)… Bords de mer et d’estuaire pendant 16 Km jusqu’à PENZE. Ensuite, ascension en douceur vers les Monts d’Arrée (Parc Régional d’Armorique). Forêt, Rivière d’Argent. Première escale à la limite du Finistère et des Côtes d’Armor, 3 km avant la ville de CARHAIX-PLOUGUER, terre de cross-country (championnats de France en 1996 et 2000) et de Rock’n Roll (Festival des Vieilles Charrues chaque été). [Extrait du road-book 2005]


    Commentaires : Chaleur + côtes + départ trop rapide = étape difficile !!! 
    Alternance marche-course pas assez fréquente 
    Tenue : Short rouge, maillot blanc, chaussures New Balance 1050 N°2 
    Météo : Fraîcheur matinale trop courte, chaleur difficile à supporter 
    Alimentation : 
    Matin : eau chaude + Café + lait gloria + country crisps 
    ravitos : bananes, melon, tomates, demie barre protéinée, pâte de fruit. 
    Isostar, eau + sucre 
    Bolino dès l’arrivée + eau pétillante 
    Soir : repas traiteur 

    Compte rendu de la première étape de la Transe Gaule 2005. 
    Depuis le temps que je l’attendais, le vrai départ, celui de devant le phare de Roscoff ! L’émotion était difficile à contenir, et comme nous avions attendu longtemps avant de partir, celle-ci n’avait fait que d’augmenter. J’ai dû aller m’isoler quelques instants pour la laisser éclater : elle correspondait à la somme entre mon stress, mes tensions, mes inquiétudes, mes doutes, mes rêves (Combien de fois avais-je couru cette étape dans ma tête, en relisant le road-book et la carte ?)… Je suis allé au bord de l’eau, me tremper les mains dans cette mer que je ne reverrais pas de sitôt.
    Après une nouvelle présentation de tous les concurrents par Jean-Benoît Jaouen, l’organisateur de la Transe Gaule, et après les séries de photos de groupe ou individuelles, un petit bisou à Pascale (ma femme), Gaëlle (sa sœur) et Lorris (mon fils) le départ fictif fut donné à 8H39. 
    Enfin partis, tous groupés pour rallier le vrai départ situé 6km plus loin, à Saint-Pol de Léon. 
    Le parcours était ouvert par des coureurs de la région qui nous ont fait passer par des endroits assez surprenants.
    Était-ce prévu ? En tout cas, il fallait se méfier et ne pas déraper comme l’a fait Roger Warenghem qui s’est blessé, ou ne pas mettre les chaussures dans l’eau de la partie marécageuse rencontrée aux abords de la voie ferrée. 
    Prudent, il fallait rester prudent. On nous avait tellement mis en garde contre un départ trop rapide ! 
    Une quarantaine de minutes de préalables où les sensations n’étaient pas les meilleures : il y avait trop de stress, d’attente de ces premières foulées, de « désentraînement » progressif pour ne pas arriver « grillé » sur la Transe Gaule… 
    9H32, vrai départ, chronométré, dans la ville de St Pol que je connaissais pour y avoir disputé les France de Semi Marathon il y a quelques années. Le début du parcours m’a rappelé des souvenirs, avec son vallonnement que je croyais plus fort, mais la vitesse n’est pas la même, 8 à 9 km/h ici contre 14 km/h lors du semi, d’où cette impression. 
    Une fois Penzé passé, vers le km 10 et après 1h15’ de course, on quitte le parcours du semi pour emprunter celui de la Transe Gaule.
    Ensuite, on commence doucement à monter vers les Monts d’Arrée, en traversant le Parc Régional d’Armorique. C’est beau, la Bretagne quand on a le temps de regarder ! Mais le paysage ne défile pas vite, et dire que ce sera comme ça tous les jours ! Heureusement, de temps en temps, pour rompre la monotonie, un petit coup de klaxon de ma femme qui me dépasse en voiture, et que je retrouve un peu plus loin pour me prendre en photos, ou pour me proposer de l’eau. 
    Les passages aux ravitaillements savamment disposés aux km 15, 30, 40, 50 et 61 sont bien appréciés : fruits frais, eau, sucre, sel, raisins ou abricots secs, de quoi tenir jusqu’au prochain. L’arrivée commence à tarder à venir, cette étape n’est pas aussi facile que je ne l’aurais pensé, pour une première où j’étais censé être frais.
    Arrivée sous l’arche à 17H04, soit après 7H31’57 de course, à la 10è place en plus, ce qui m’a surpris, pensant que j’allais terminer beaucoup plus loin dans le classement. Mais les autres ont-ils été prudents et moi un peu trop rapide ? Peut-être le paierai-je demain ? Certains ont eu des défaillances (Jan Ondrus), d’autres ont été rapides (le premier a tourné à 12km/h !). 
    En tout cas, une fois la ligne passée, j’ai le droit à une petite mousse, et je mets de la glace sur mes jambes sur les conseils d’un ex-transe gaulois qui n’eut pas la chance d’aller jusqu’au bout (Philippe Favreau). Au bout d’un certain temps, j’installe mon couchage dans le gymnase et je vais prendre une bonne douche méritée, faire ma petite lessive, l’étendre sur un fil entre deux arbres et je mange un petit
    en-cas (Bolino !) car le dîner est prévu plus tard. Je me repose sur mon matelas afin de récupérer le plus possible, mais ce n’est pas très facile de faire le vide. Après ce court laps de temps, il faut penser à demain : quelle tenue ? Préparer les affaires, les pansements, les crèmes anti-frottements, le porte bidon, les barres énergétiques, le petit déjeuner… et ne pas oublier d’accrocher le dossard sur le maillot ! 

    Ce petit rituel de l’arrivée devrait se répéter tous les autres jours. Et au bout d’un certain nombre d’étapes, ce sera machinal, et j’y gagnerai de précieux instants de repos en plus. 
    En tout cas, ce soir, dodo tôt après le repas, car demain sera un autre jour ! Le repas est très convivial, servi par Pascale, Gaëlle, et les autres personnes nous accompagnant. Un petit peu de vin à table, pour aider à passer le stress et l’excitation, déjà il faut se raisonner à quitter la table pour se coucher.

     

    ÉTAPE 2 / Plounévézel -- Pontivy : 65 km D+ 660m / CUTOFF 11h50mn (total 133 km) 
    Étape vallonnée où l’on découvre que la Bretagne n’est pas un plat pays ! Amateurs de vieilles pierres, nombreuses chapelles et multiples calvaires à découvrir. Entre GLOMEL et SILFIAC, vous empruntez le chemin de halage du Canal de Nantes à Brest (plat) sur 9 km (circulation automobile interdite, véhicules détournés). Vallée du Blavet à l’approche de Pontivy, sous-préfecture du Morbihan, où l’on quitte définitivement la Basse Bretagne (de langue bretonne) pour le pays gallo (francophone). [Off-road = 9 km] (Extrait du road-book 2005) 

    Commentaires : fraîcheur matinale bienvenue, avec léger brouillard par endroits. Paysages magnifiques, beaucoup de côtes et de descentes. 9 km le long du canal de Nantes à Brest sur chemin bien entretenu et ombragé. J’ai couru avec Mathias, coureur Suédois, pendant presque toute l’étape. Alternance de 10’ de course et 2’ de marche pendant une bonne partie du parcours. Avons trouvé 40 Euros sur le bas-côté de la route ! 
    Bobos : deux ampoules au niveau des coussinets sous les deux gros orteils. Soins : éosine + pansement demain. 
    Tenue : Short noir, maillot rouge, débardeur jaune, NB 1050 N°1 
    Météo : Frais le matin 14°C, chaud 33°C l'après midi. 
    Alimentation : Comme hier + pêches 

    CR
    Après une nuit réparatrice pendant laquelle je n’ai quand même pas trop dormi, le réveil est fixé à 5h pour les plus matinaux, et déjà, il faut s’affairer pour préparer son petit déjeuner. C’est qu’on n’est pas encore rôdé de ce côté-là ! Et il faut faire sa petite vaisselle dans les lavabos du gymnase, faire son petit rangement, histoire de tout retrouver facilement ce soir à Pontivy. Vient l’heure des soins : délicatement poser les protections sur les tétons pour ne pas les retrouver en sang ce soir, badigeonner les pieds de crème Nok pour éviter les échauffements et autres ampoules, mettre de la crème aussi là où le porte bidon avait frotté et laissé des traces hier, enfin mettre la tenue, ajuster les accessoires, vérifier que tout ce dont j’aurai peut-être besoin est là, remplir les bidons et bouteilles d’eau avec de l’Isostar… 
    Déjà on nous presse, et oui le temps passe vite, il est l’heure de se rendre sur la ligne de départ, qui était celle de l’arrivée d’hier. Vite, il faut mettre ses sacs dans le camion. Un petit briefing de présentation et du parcours et des difficultés du jour, les indications du positionnement des ravitos, et c’est l’heure du baisser de drapeau (breton bien sûr). 
    Comme hier, la prudence est de mise dès le départ. Quelle stratégie adopter ? Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons à deux, avec Mattias le Suédois. 
    Nous nous mettons à converser en Anglais. From where are you coming? How are you? D’où viens-tu ? Comment ça va ? … Nous décidons de faire l’étape ensemble, en adoptant une tactique qui consiste à alterner 15 à 20’ de course avec 1 à 2’ de marche. Tout en courant et en discutant, fidèle à mon habitude j’ai toujours le regard fixé sur mes chaussures ou sur le bas-côté proche, j’aperçois soudain dans l’herbe un billet de 20€. Rires, et Mattias qui en trouve un de 10 et plus loin, encore un autre de 10. Nous regardons si la poule aux œufs d’or n’aurait pas eu d’autres fuites dans son porte-monnaie et nous repartons : ce n’est pas le tout, mais il y a des km à faire ! 
    Pendant les premières heures nous nous tenons à cette alternance de marche et de course, notamment le long du canal de Nantes à Brest, puis la fatigue commençant à se faire sentir, nous modifions le temps de course qui passe à 10’ maxi pour 2’ de récup, sans compter que nous avons décidé de marcher dans toutes les côtes un peu sévères. Aux postes de ravitaillement, nous nous attendons, parfois nous nous trouvons en compagnie d’autres coureurs, parfois nous ne sommes que tous les deux. Des anciens participants de la TG 2004 viennent nous rendre une petite visite (Thierry Viaux mon homonyme qui a dû se résoudre à abandonner l’an passé et dont j’écoute les conseils avisés.). Ma petite famille aussi qui a quitté le camping de Carhaix une fois la tente de camping sèche, nous dépasse pour mieux nous prendre en photos. Un petit bisou, et ça repart ! Le parcours est sinueux, vallonné, mais de toute beauté. Le temps semble moins long aujourd’hui, bientôt l’arrivée. Nous décidons de moins marcher, mais de garder un temps de repos régulier, même aux abords de Pontivy, ville-étape N° 2. 
    Nous franchissons le portique d’arrivée ensemble et nous nous congratulons de nous être aidés mutuellement. 
    Même petit rituel que la veille, avec un peu plus de glace sur les tendons d’Achille. On attend les suivants qui ne tardent pas à arriver. Des représentants de la presse locale sont là et nous interviewent en nous prenant en photo. Certains auront le droit à un article dans le journal de demain ! (pas moi !) 
    Navette vers le gymnase pour une bonne douche et quelques soins appropriés, ainsi qu’une petite collation : en effet, il n’est que 15H30 (arrivée à 14H45), on a faim, et on se prépare des Bolinos, sponsor de la TG. La suite, comme hier au niveau du rituel, afin de ne pas être bousculé demain matin. Et en tout cas, ne plus mettre les New Balance tant qu'elles me donneront des ampoules! (elles qui ne me le faisaient pas sur 100 km ou sur Marathon, elles doivent s'ennuyer d'aller moins vite et elles me le font payer! Ah les coquines!!!) 

    En ce qui concerne la présence de la petite famille: c'est un plus pour le moral, et pour gérer ce qui manque ou ce qu'il y a en trop dans le paquetage. 
     

    ÉTAPE 3 / Pontivy -- Guer : 75 km D+ 600m / CUTOFF 13h39mn (total 208 km) 
    Troisième jour et longue étape. Si c’est un peu dur de partout c’est normal !
    Étape moins vallonnée que la précédente… Un beau sentier sur 18,5 km pour finir. Déjà plus de 200 km ce soir. Vous explorez la Bretagne profonde… 6 ravitaillements : km 15, 30, 40, 51, 62, 70. [Off-road = 18,5 km] 
    (Extrait du road-book) 

    Commentaires : longue étape avec Mathias. 18’course/2’marche puis 12’30/2’30 puis 8’/2’. 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Mizuno Nirvana N°1. 
    Météo : beau et frais le matin, un peu plus chaud l’après midi, mais ombre et nuages fréquents 
    Alimentation : comme hier, les fruits frais passant bien de ce temps là, et ne provoquant pas encore de dérangements intestinaux. 

    CR 3ème étape: 
    Après une nuit difficile, suées, insomnies, inconfort, voilà le moment du lever : déjà ! Quelques douleurs vite oubliées, un petit déjeuner et des soins de protection, le pliage du barda, le chargement dans le camion, la dernière vérification que rien ne me manque, le convoyage vers la ligne de départ, et c’est le grand moment où commence la 3è
    me étape, longue de 75km, où il ne faut pas aller trop vite. Et aussi, changement de pneumatiques, où j'ai décidé de mettre les Nirvana de chez Mizuno, à la place des 1050 de chez New Balance. Les ampoules survenues hier n'ont qu'à bien se tenir!!! 
    Dès le baisser de drapeau, Avec Mattias, nous décidons de faire l’étape ensemble, comme hier. Cette fois, et ce dès le départ, nous nous réglons sur un rythme de 18’ de course et 2’ de marche ce qui est facile à mémoriser en regardant la montre de temps en temps. 
    Vers la mi-parcours, la fatigue et les douleurs commençant à se faire sentir aux tendons d’Achille, surtout le gauche (sans doute parce que nous courons le plus souvent du côté gauche de la route), nous passons à du 12’30/2’30, puis dans la dernière portion de 18,5 km sur le sentier de l’ancienne voie ferrée, nous alternons 8’ de course et 2’ de marche. Heureusement que cette partie du parcours est semi-ombragée, car entre 14h et 16h le soleil donne un maximum, et il n’y a pas de vent. C’est très joli, on imagine qu’au siècle dernier les voyageurs des trains à vapeur avaient aussi tout le temps d’admirer le paysage. Il reste les anciennes gares ou maisons du chef de gare qui sont rénovées pour la plupart, et on observe des traces des activités passées liées au passage du train. Augan, Porcaro (connu par les motards pour la concentration qui a lieu le 15 août ici même), sont autant de lieux pittoresques que nous regardons d’un œil intéressé, la fatigue n’ayant pas encore anesthésié nos sens ! Ploërmel aussi est une jolie petite ville où, à l’heure du café, il n’y a plus guère d’animation. 
    Le portique d’arrivée est franchi conjointement par Mattias et moi en un peu plus de 9h et quart de course. J’espère que l’on ne paiera pas ultérieurement notre stratégie ! 
    Vers 17h nous sommes au gymnase, après la petite mousse et les poches de glace, surtout sur le tendon d’Achille gauche qui me fait assez mal. Vite, il faut se débarrasser de toutes les petites tâches « ménagères », je reçois de l’aide de ma petite famille pour m’installer, taper un bref CR (brouillon de celui-ci), me préparer un petit
    en-cas… Le temps va encore passer trop vite : pas le temps de savourer, il faut ré-cu-pé-rer ! Il y a le repas du traiteur de ce soir, donc pas de Bolino ! 
    Coucher tard, car le repas était copieux, mais on a un peu traîné et on est rentrés au gymnase à la nuit tombée. Vite au lit, tout est déjà prêt pour demain. Bonne nuit ! 


    ÉTAPE 4 / Guer – Châteaubriant : 68 km D+ 530m / CUTOFF 12h22mn (total 276 km) 
    Étape assez plate, sans difficultés particulières. Petites routes calmes, longues lignes droites et quelques changements de direction secs. Assistants routeurs, soyez vigilants ! (Extrait du road-book) 

    Commentaires : avec Mathias jusqu’au 40ème km puis en solo et plus rapidement car mal au tendon et vitesse plus élevée moins douloureuse pour moi. 
    Tenue : maillot blanc + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : frais éclaircies pluie re-éclaircies 
    Alimentation : comme d’hab ! 

    CR
    La nuit fut courte car encore agitée. Il faudra prendre de l’aspirine ce soir contre les douleurs aux tendons et pour éviter les suées nocturnes. Mon oreiller et mon sac de couchage étaient trempés et cela m’a réveillé plusieurs fois dans la nuit. Il faut penser aussi à beaucoup boire pour compenser ces pertes en eau. 
    Donc, réveil difficile, petit déjeuner bienvenu, il faudra que je pense à manger autre chose, des céréales par exemple. Viennent les éternels soins et préparatifs, et tout le tintouin ! 
    Départ donné à 7H08 pour 68km de routes plates mais sans doute monotones, car il y aura de longues lignes droites. Je pars à nouveau avec Mattias avec qui je resterai jusqu’au km 40 à partir duquel je décide d’aller un petit peu plus vite et de moins marcher, car j’ai remarqué que mes douleurs aux tendons étaient moins douloureuses et plus supportables à ce rythme. 
    Aussi, on s’approche de mon département, et je vais traverser des lieux où je suis déjà passé en voiture lors de certains remplacements ou lorsque je faisais du foot (Sion, St Aubin des Châteaux). 
    Une fois passé ce dernier village et son relief vallonné, il ne reste que 10 km, pas les plus faciles, car il s’agit d’une longue route droite sans ombre et assez fréquentée. Je regarde le temps entre deux bornes kilométriques pour me donner une idée de l’heure à laquelle je vais arriver. Au pire 15h45 voire 16h, mais en réalité, je ne vais pas trop baisser de rythme, et je vais franchir le portique un peu avant 15h30, malgré une hésitation dans Châteaubriant qui m’a fait douter 2’ du bon itinéraire mais où j’ai pu récupérer un peu. 
    Arrivée devant le château, peu de spectateurs, comme d’habitude, et vite fait je demande à Philippe Favreau (ancien participant à la TG) de m’emmener au gymnase pour prendre de l’avance sur mon temps de repos. En plus, mon tendon gauche est enflé, je vais lui mettre ma poche de glace pendant un assez long moment. 
    Ce soir, à la place des Bolino (que j’ai mangés quand même vers 17h), nous allons à la pizzeria juste à côté du gymnase. Ça changera ! 

    (Quelques ajouts postérieurs à la course, mais traduisant l'état de l'esprit et du physique après cette 4è étape: 
    Les nouvelles chaussures (pas neuves, elles avaient déjà fait un 100 km) ont bien tenu la route. Il ne reste qu'à faire sécher les ampoules, ça paraît être juste un détail, mais si on n'y prend pas garde, ce détail peut prendre des proportions gigantesques et peut amener à modifier la foulée et donc à provoquer des tendinites de "compensation". 
    Les fruits mangés aux ravitaillements passent bien et sont bien assimilés. 
    La petite famille apporte toujours son soutien moral, et sa présence à quelques points du parcours encourage à garder la motivation. Le soir, sa présence et son aide sont importants, je ressentirai sûrement un gros manque quand elle sera partie. Mais il faut aussi que je ne me repose pas trop sur sa présence.) 

    ÉTAPE 5 / Châteaubriant – St-Georges-s/-Loire : 70 km D+ 500m / CUTOFF 12h44mn (total 346 km) 
    Kénavo ! la Bretagne au Km 302, Bonjour les Pays de Loire ! Profil plat sur les 35 premiers km, puis un peu moins plat et enfin quelques méchantes collines entre Villemoisan et St-Augustin-des-Bois (vous empruntez une partie du parcours des 100 Km du Loire Béconnais), puis fin d’étape en descente franche vers la Loire. (Extrait du roadbook) 

    Commentaires : très longue étape, difficile, avec beaucoup de dénivelé sur la fin, sauf les derniers km avec de nombreuses voitures. Bien gérée malgré la douleur au tendon d’Achille gauche. Couru avec du « Flector » sur les deux tendons. Arrivée en compagnie de Russel et de Gérard Bertin. 
    Tenue : N
    irvana N°2 + short noir + débardeur jaune ;
    Météo : frais et agréable jusqu’à 11H puis un peu chaud : donc recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem + 2 petits flans, un chausson aux pommes e
    t un panaché ! 

    CR 5è étape
    Encore une longue étape, et 346 km de parcourus ce soir (le tiers à peine de la TG). 
    Le départ est donné à 7H03 et dans les prévisions je dois arriver, si tout va bien, vers 16H30 maxi : c’est une sorte de cut-off mental que je me donne, afin de ne pas passer trop de temps sur la route. 
    Attention aussi, il y a beaucoup de dénivelé à partir du 35è
    me km, surtout entre Villemoisan et Saint-Augustin des Bois : je connais cette partie du parcours pour l’avoir empruntée à chacun des trois tours du championnat de France des 100km de 2004. 
    Début de course prudent, à 8 km/h, et ce jusqu’à Erbray, puis un petit peu plus vite pendant une trentaine de km. Il faut en profiter, le profil de l’étape est plat au début. Mais les douleurs aux tendons d’Achille se font de plus en plus vives, et m’obligent à alterner course sur la partie gauche de la chaussée et course sur la partie droite. 
    Une fois arrivé à Villemoisan, c’est là que les difficultés arrivent : de longues côtes et d’aussi fortes descentes se succèdent. A Villemoisan, j’en profite pour m’arrêter boire un bon panaché bien frais pour passer les « montagnes » qui m’attendent ensuite. Auparavant, j’avais fait une halte dans une boulangerie pour acheter un chausson aux pommes, et mes ravitailleurs personnels m’ont offert deux flans achetés sur le parcours. C’est que ça change du ravito habituel, à savoir : bouts de banane, de melon, de pêche, raisins et abricots secs, eau pétillante plus ou moins fraîche, eau sucrée-salée… 
    J’ai rejoint Gérard Bertin qui m’avait rattrapé un peu avant les côtes, et nous continuons ensemble, sans forcément être obligés de s’attendre, mais ça fait toujours du bien de ne plus se sentir seul à ce moment de la course où chaque foulée se fait douloureuse. Daniel Muller et Russel Secker, ce dernier en difficulté, se joignent à nous et nous cheminons tranquillement vers l’arrivée. Daniel se détachera un peu pour finir comme à son habitude dans un bon état de fraîcheur, tandis que tous les trois nous finissons ensemble, après s’être encouragés mutuellement à s’accrocher. 
    Tous trois nous franchissons le portique dans le parc du château-mairie à la 11è place de l’étape. Espérons que nous n’aurons pas à le payer par la suite ! 
    Il est 15H35, je suis en avance sur mes prévisions les plus pessimistes de près d’une heure. Je tiens le rythme, malgré l’augmentation progressive des douleurs. 
    16h, douche puis soins, anti inflammatoires en bandes (Flector), repas, repos, Pascale, Gaëlle et Lorris s’occupent des petites tâches pour m’éviter une trop grande fatigue. Mais le moral est quand même atteint, je suis inquiet sur mes facultés de récupération, et demain il faudra remettre le couvert ! 
    Ce soir, repas dans une petite salle du gymnase, après un apéro (
    Coteaux du Layon), et à table, j’ai le cafard : je pense à Lucile, ma fille, qui est en Corse avec une amie, et qui elle aussi est triste. Je somnole un peu à table et décide d’aller me coucher tôt pour être « frais » demain matin. 
    Comme on se l’était dit avec Mattias lors des 3 ou 4 premières étapes, « Il faut toujours faire l’étape en pensant que le lendemain il y en aura une autre, et le surlendemain encore une autre » et que si on ne veut pas payer la note prématurément, il faut rester prudent.

     

    ÉTAPE 6 / St-Georges-sur-Loire -- Doué-la-Fontaine : 55 km D+ 430m / CUTOFF 10h00mn (total 401 km) 
    La Loire,
    l’Anjou et sa douceur angevine, région de production vinicole des Coteaux du Layon (vins blancs). Vous empruntez la «Route Touristique du Vignoble d’Anjou», TRÈS vallonnée, en plein milieu des vignes (dégustation conseillée). 3 km à grosse circulation en fin d’étape pour rentrer dans Doué-la-Fontaine, capitale de la rose. (extrait du road book) 

    Commentaires : 
    J’ai habité un an à Chalonnes en 1991/1992 et j’ai travaillé à Saint-Laurent de la Plaine comme instituteur, pendant que ma femme enseignait à Rablay sur Layon. Déjà 14 ans ! Nous avons emprunté certaines de mes routes d’entraînement d’alors. 
    Départ très difficile et douloureux pendant plus d’une heure. Mal au tendon d’Achille gauche qui a enflé depuis deux étapes : donc « Flector » sur les deux tendons. 
    Passage des collines dans le Layon moins douloureux, montées marchées, et descentes non traumatisantes en courant. Fin d’étape pénible : longues lignes droites, circulation, mais plus de côtes ! 
    Tenue : maillot rouge + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°1 
    Météo : Frais le matin avec petite brume sur la vallée de la Loire avant Chalonnes et un joli lever de soleil. Le reste de l’étape sous un beau soleil avec une température assez clémente, mais parfois un peu élevée au sortir des
    coteaux. 
    Alimentation : idem + des flans bien frais ! 
    Ce soir restau : pizzeria. Pascale, Lorris et Gaëlle sont rentrés, me voilà tout seul dans la France « profonde ». 

    Compte rendu d'une journée qui avait mal commencé: 6è étape. (le tiers de la Transe Gaule) 

    La nuit fut encore difficile, à cause des tendons et des suées. 
    Ce matin, j’ai
    TRÈS mal, les inquiétudes de la veille étaient fondées. 
    Et pourtant, j’arrive dans mon ancien pays, j’y ai habité pendant un an (à Chalonnes sur Loire) et je me faisais un plaisir d’y passer. 
    Le calvaire va débuter dès le départ et va durer plus d’une heure. C’est une fois après avoir grimpé les premières côtes dans le Layon que je vais un peu moins souffrir. Mais pendant la 1ère heure, j’ai tellement souffert que j’en ai pleuré, même parfois crié. A la douleur est venue se
    mêler l’inquiétude de devoir m’arrêter : c’est la première fois que je doute de moi depuis le départ de Roscoff. Et pourtant, que la campagne est belle, avec un lever de soleil sur les îles de Loire me rappelant que lorsque j’habitais la région, je venais courir là le matin et que ce type d’aurore m’était habituel, même si 15 ans ont passé depuis. Et la petite brume, à hauteur de tête, qui à chaque ondulation du corps, à chaque foulée, se trouve soit au-dessus soit au-dessous des yeux, laissant deviner la route sur laquelle je courais. Ah les souvenirs ! 
    Arrivé à Chalonnes, le parcours nous fait longer la Loire puis prendre la Corniche Angevine qui monte progressivement. On laisse le camping où Pascale
    s’est levée spécialement pour me voir passer, ce camping dans lequel je faisais des séances de fractionné, puis la route se met à monter. Seulement une heure de passée ! 30 minutes plus tard, ça va mieux, surtout dans les descentes, et je reprends un rythme plus soutenu et surtout moins douloureux. Cette étape est courte, il faut en profiter pour ne pas s’emballer, pour filer un train qui ne sera pas payé cash demain lorsqu’il faudra rejoindre Monts-sur-Guesnes. 
    Deux petits flans dévorés dans le Layon, c’est magique surtout quand vous êtes affamé d’aliments différents que ceux proposés aux postes de ravitaillement ! Ma petite famille a fait plusieurs km pour en trouver, je les remercie très fort. Et je poursuis ma route. Cela ne devrait pas être trop long maintenant, surtout que les douleurs ont régressé en intensité, mais « Attention ! Il y a demain ! » me rappelle ma lucidité. 
    Comme prévu, les derniers km sont pénibles à cause de la circulation. Les gens semblent féroces et agressifs au volant. Peut-être parce que nous sommes lundi et que le week-end est terminé. 
    L’arrivée à Doué se fait à quelques dizaines de mètres du gymnase, sur une place où il y a un café à la terrasse duquel sont attablés mes collègues coureurs arrivés depuis assez longtemps maintenant. 
    Il est 13H40, je vais aussi avoir du temps devant moi, pour bien récupérer, surtout que Pascale, Gaëlle et Lorris qui rentrent ce soir à Nantes, prennent en charge toutes mes petites affaires : lavage du linge, préparation d’une collation, soins, massages…

     

    ÉTAPE 7 / Doué-la-Fontaine- Monts-sur-Guesnes : 57 km D+ 365m / CUTOFF 10h22mn (total 458 km) 

    Finies les bosses ! Profil plat toute la journée. 4,5 km de route infernale et dangereuse avant Montreuil-Bellay (il y en avait 30 comme ceux-là en 2001 & 2002 !), routes très calmes ensuite. Sentier ombragé sur 4 km pour finir l’étape. [Off-road = 6 km] (extrait du road-book) 

    7è étape, soit une semaine de course: autant de km en 7 jours qu'en un gros mois de cap, ou qu'en un et demi normal. 

    Commentaires : Je n’ai plus d’accompagnateurs. Ma petite famille est rentrée au bercail. Étape pas trop difficile car douleurs aux tendons apprivoisées. 2 "flector" sur les tendons. Essai alternance 60 pas courus/20 pas marchés (comptine dans la tête !) 
    Tenue : débardeur noir + maillot blanc + short noir + Nirvana N°2. 
    Météo : soleil + nuages, frais à chaud en absence de vent. 
    Alimentation : idem hier sauf les flans, mais un pain aux raisins quand même ! 
    CR
    7è étape aujourd’hui, comment vais-je gérer à la fois le départ des miens et l’accroissement de mes douleurs ? Le début est assez difficile, mais je me rends vite compte qu’en adoptant mon propre rythme ça va un peu mieux. J’ai choisi d’alterner pour cette étape des courtes fractions de course, 30 à 45 secondes avec de très courtes périodes de marche, 10 à 20 secondes au maximum. J’ai mis deux « Flector » sur mes tendons d’Achille, j’ai deux talonnettes de Sorbothane dans mes Mizuno et la douleur semble apprivoisée. Un ex-Transe Gaulois m’a dit qu’il parlait à sa douleur, qu’il l’avait maîtrisée de cette façon. Je vais essayer, en tout cas, ça ne me coûtera rien de le faire, même si ça peut paraître débile !
    Aujourd’hui le temps est un peu couvert et donc moins chaud et le profil est assez plat. Seules difficultés, les routes bien fréquentées aux abords de Montreuil-Bellay, ainsi que les rudes pentes dans cette ville.
    Le parcours est encore une fois très agréable au niveau du paysage, et après avoir traversé hier une région viticole, nous avons le droit cette fois à une région de cultures variées, qui vont des céréales aux melons. Les villages traversés sont toujours aussi désertiques, certains, rares, ont un commerce. Je m’achète d’ailleurs un pain aux raisins. Parfois rencontrons-nous les facteurs en voiture. J’ai dit les facteurs, mais en réalité il n’y en a qu’un qui fait ses livraisons en voiture jaune, mais qui nous double ou nous croise plusieurs fois dans la matinée !
    Les 20 km qui suivent ces petits villages vont paraître longs car nous restons toujours sur la même départementale, et les bornes ne défilent pas très vite, même si à Loudun on traverse une « grande ville » ce qui nous change les idées.
    Seuls les 5 derniers km, dont 4 dans un chemin où passait jadis le train, rompent cette monotonie.
    L’arrivée au village se fait après une dernière côte au pied du château de Monts qui date du X
    Vème siècle et que nous pourrons visiter si le cœur nous en dit.
    Il est 14h passées, je vais avoir du temps pour m’organiser, me soigner, manger, peut-être dormir…avant le vin d’honneur qui nous attend à la mairie ce soir.
    Après les deux courtes étapes d’hier et d’aujourd’hui, il faut penser à se préparer pour les trois suivantes qui feront entre 64 et 70 km. Il faudra compter entre 1
    h30 et 2h30 de plus.
    Ce soir, c’est encore un repas au restaurant. Le patron, spécialement pour le passage de la Transe Gaule, a avancé son retour de vacances et sa réouverture. Encore une soirée conviviale ! Mais il faut vite penser à se coucher, car demain … sera un autre jour.

    ÉTAPE 8 / Monts-sur-Guesnes -- Angles-sur-l’Anglin : 64 km D+ 560m / CUTOFF 11h39mn (total 522 km)
    Paisible étape à travers le Poitou, entrecoupée par la traversée de Châtellerault sur la Vienne. Passage du 500ème kilomètre ! Belle fin d’étape après Vicq, le long de la Gartempe, affluent de la Creuse, jusqu’au magnifique village d’Angles, classé parmi les plus beaux villages de France. (extrait du road-book)

    Commentaires : étape difficile car longues lignes droites au début et partie vallonnée sous la chaleur sans ombre (ou peu). Départ assez douloureux puis comme hier, reprise du rythme 60/20 ou 80/20. Début nouvelle douleur sur dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) et toujours les deux tendons d’Achille douloureux (plus à gauche qu’à droite). Ai découpé mes deux chaussettes. 
    Tenue : maillot noir + débardeur jaune + short noir + Nirvana N°2 
    Météo : frais le matin, ensoleillé et chaud l’après-midi. 
    Alimentation : idem hier + un panaché ! 


    CR : me étape

    Cette huitième étape fut difficile car il y avait de longues lignes droites au début et la partie vallonnée fut traversée sous la chaleur et sans ombre (ou peu). Le départ a été assez douloureux puis comme hier j’ai repris un rythme de 60 pas courus pour 20 marchés (ou 80/20). Une nouvelle douleur sur le dessus du pied (au niveau du tendon du gros orteil) est apparue, s’ajoutant à celles, toujours présentes aux deux tendons d’Achille (plus à gauche qu’à droite). J’ai découpé mes deux chaussettes pour ne pas comprimer le bas des jambes. 
    Après 25 km de départementale (« Je hais les routes départementales ! » disait Jean Yanne dans un sketch), nous avons traversé Châtellerault pendant près de 5km. Cette seconde ville du Poitou après Poitiers était un peu plus animée, sur les coups de 10h/10h30 et, une fois quittée, ce fut à nouveau le désert. Juste un peu de vie à Senillé où je m’arrêtai dans un café, chez Capucine, pour prendre un petit panaché bien mérité, et pour remplir mes bidons d’eau fraîche. 
    Revigoré par cet intermède, je me laissai
    s aller jusqu’au km 42 où la marque 500ème km depuis le départ était indiquée. 
    La suite fut comme d’habitude, sauf qu’à un moment je rattrapai
    s le coureur Brésilien en perdition. Sébastiaõ était scotché là, et seul Gérard Bertin (un ancien champion de tennis de table habitant dans le Calvados) décida de finir l’étape avec lui. Après coup, j’ai regretté de n’être pas resté avec eux, mais j’ai dû manquer de lucidité et je n’ai pas su me rendre compte dans quel état de détresse il était. 
    L’arrivée se situait à la sortie du village, après une descente très très raide que je dus effectuer en marchant tellement elle faisait mal. Les deux compères précédemment cités arrivèrent quelques minutes plus tard, en pleurs d’avoir tant souffert pour l’un et de s’être sacrifié pour le second. Mais il sera récompensé plus tard, quand on racontera son dévouement du moins je l’espère. 
    La salle des fêtes qui nous hébergeait ne possédant pas de douches, nous avons dû aller au camping voisin, à pieds, pour nous doucher et laver notre linge. Le temps de faire tout ça, et il était déjà près de 17h. 
    Le soir, nous n’avions pas à bouger, c’était une soirée Bolino, et on allait pouvoir se reposer et préparer la longue étape du lendemain.

     

    ÉTAPE 9 / Angles-sur-l’Anglins. -- St-Sulpice-les-Feuilles : 70 km D+ 780m / CUTOFF 12h44mn (total 592 km) 

    Longue mais belle étape démarrant au confluant du Poitou, de la Touraine et du Berry, en limite du Parc de la Brenne pour aboutir dans le Limousin. 100% p’tites routes. Rien que du bonheur, et pendant 70 km ! Pas mal de travail pour les routeurs. MI-PARCOURS entre la mer et la mer au
    km 61 de l'étape. (Extrait du road-book) 

    Commentaires : à cause de la pluie et du vent, choix de course plus lente
    Tenue : déb
    ardeur Jaune, maillot rouge, short noir, nirvana N°2 + poncho !!! 
    Météo : pluie toute la journée : poncho. Couru avec Marcel et Matthias. 
    Alimentation : idem 

    me étape, la seule de la TG sous la pluie! Et ce soir on en aura fait la moitié !!! 


    Quand nous nous sommes réveillés, le premier réflexe fut d’aller consulter le ciel, comme tous les matins, et là, surprise, il pleuvait. Certes, pas une pluie violente, mais un crachin ressemblant à celui qui arrose fréquemment le pays Breton. Les préparatifs habituels se firent dans la bonne humeur, et chacun ajouta à sa panoplie un K-way, un poncho ou un coupe-vent. Les maillots se firent aussi plus épais et les caisses de ravitaillement furent remplies de vêtements de rechange, des fois que la pluie cesserait, on peut rêver ! 
    Le départ fut donné à 7 heures pour cette longue étape de 70 km. Dès le démarrage, il fallait remonter l’énorme côte que nous avions descendue la veille, le tempo de la course fut rapidement donné. Comme le vent décida de s’en mêler, on se dit que ça allait être une journée de m… ou à la c… si vous préférez. Donc certains décidèrent qu’il fallait en profiter pour ne pas laisser de plumes et le rythme de la course fut plus lent que lors des jours précédents. 
    Trois ou quatre fois je décidai de retirer mon poncho, la pluie ayant cessé, mais dans les cinq minutes qui suivirent, elle recommença à tomber, souvent plus fortement qu’avant. Quelques kilomètres après le départ, nous avions décidé, Marcel, Mattias et moi de rester ensemble, et qu’il ne servirait à rien de foncer car nous avions toujours dans la tête l’étape du lendemain, et celles des jours suivants. Marcel, qui courait avec le drapeau breton, était gêné par le vent, et je dus lui nouer un morceau de rubalise autour pour l’attacher. Mattias souffrait, mais de nous savoir avec lui le rassura et lui permit de ne pas faire d’efforts supplémentaires à rechercher une trajectoire ou un rythme de course. Il fallait éviter les flaques mais aussi se méfier des autos qui nous voyaient au dernier moment. 
    Le mauvais temps cessa une demie heure avant notre arrivée, ce qui me permit d’ôter mon poncho. Nous terminâmes tous les trois ensemble, bien content d’en avoir fini avec la course et avec la pluie. 
    Peu de souvenirs des paysages, mais un moment important à retenir au km 61 : la marque de mi-parcours entre Roscoff et Gruissan-
    Plage : 580ème km (chronométré). Il faut en ajouter 6 du 1er jour. 
    La fin d’après midi fut consacrée aux soins habituels auxquels il fallut ajouter le lavage et le séchage du matériel : chaussures, poncho, porte bidons… 
    Le soir, on eut le droit à un repas-traîteur, et nous ne traînâmes pas pour nous coucher, car l’étape Limousine ne serait pas de tout repos, avec un dénivelé important. 


    ÉTAPE 10 / St-Sulpice-les-Feuilles -- Bourganeuf : 64 km D+ 820m / CUTOFF 11h39mn (total 656 km) 
    Le Limousin, pays de l’arbre et de l’eau, vous accueille pour les trois prochaines étapes. Pays de vacances vertes, loin des foules, où le citadin vient oublier la couleur du béton. Belle étape, sans difficultés majeures même si on aborde les contreforts du Massif Central. Gros raidillon de 1 km pour atteindre l’arrivée dans Bourganeuf. Onze derniers km sur la D912 un peu chiants car plus de circulation. [Off-road = 1,5 km] (extrait du road-book) 

    Commentaires : vitesse supérieure = moins de douleurs !!! 
    Tenue : débardeur noir, maillot blanc, short noir, nirvana N°1. 
    Météo : frais le matin jusqu’à midi puis soleil pas trop chaud. 
    Alimentation : idem 

    10è étape :celle où je me dis que si j'allais plus vite j'arriverais plus tôt ! 

    Au réveil de cette 10è journée, mon regard fut porté vers l’extérieur de la salle qui nous hébergeait : le ciel était dégagé, il ne pleuvait pas. Je sentis qu’il faisait un peu plus frais et je mis un maillot sous mon débardeur. 
    Le départ fut donné à 7h07, et comme d’habitude il fallut attendre quelques km pour savoir si on était bien ou non. L’étape pluvieuse de la veille ne sembla pas avoir laissé de traces, et au bout d’un moment, je remarquai qu’en allant un peu plus vite j’avais moins mal. Je pris donc la décision et le risque de passer à ma vitesse de croisière, soit environ 9km/h (en réalité, à 10 sur le plat et dans les descentes, à 8 ou en marchant un peu dans les côtes). Le paysage verdoyant et vallonné était un plaisant compagnon. Je côtoyai des coureurs qui d’habitude étaient loin devant moi, mais pour des raisons de blessures, de fatigue ou de prudence, ils avaient réduit leur allure et moi j’avais augmenté la mienne… 
    Je finis l’étape à près de 9km/h de moyenne, en 7h12 environ, et j’étais content de n’avoir pas trop souffert. La météo avait été clémente, le soleil pas trop chaud, seule ombre au tableau : les douches étaient froides ! 
    Mon arrivée ayant eu lieu vers 14h20, j’avais du temps pour moi, et j’en profitai, une fois toutes les petites corvées effectuées, d’aller faire des courses à la supérette du coin. J’achetai des boissons fraîches, de la confiture, tout un tas de petites choses dont j’avais envie pour me changer des
    Bolino. 
    Je voulais tellement profiter de ce temps libre pour récupérer que je préférai rester dîner au gymnase plutôt que d’aller au pot offert par la mairie, puis dans un restaurant où j’aurais laissé et des sous et de l’influx. 
    Nous étions quelques uns dans ce cas et nous avons mangé ensemble à la salle. Nous avions aussi une pensée pour les « collègues » qui allaient (ou venaient juste de) s’élancer sur le parcours de l’UTMB. Solidarité du coureur, quand tu nous tiens ! 
    Pour m’endormir je mis le lecteur MP3 quelques minutes, puis j’écoutais les infos, avant de tout éteindre et de sombrer dans un sommeil réparateur. 
    Demain on court la plus courte étape de la Transe Gaule, mais elle est assez vallonnée, parce qu’elle commence par une montée de 22km, mais sans forts pourcentages, car on ne passe que de 400 m d’altitude à 700 m, mais ça remonte sur la fin pour se finir vers 800 m. On verra bien. 

    ÉTAPE 11 / Bourganeuf -- Peyrelevade : 50 km D+ 695m / CUTOFF 9h06mn (total 706 km) 

    Courte étape …mais longue ascension douce et quasi continue de 22 km vers le Lac de Vassivière (1000 hectares), le plateau de Millevaches à 1000 mètres d’altitude. Profitez du paysage, c’est trop beau ! 700è
    me km franchi et, dans une semaine : LA MER… Le repas de ce soir est préparé par Pascal Dambon, boucher-charcutier-traîteur à Peyrelevade …et centbornard. Le repas est offert par la municipalité de Peyrelevade, Oscar de l'Accueil 2001, 2002 et 2004 décerné par la Transe Gaule.(extrait du road-book) 

    Commentaires : 22km de montée pas trop forte, puis descentes et routes vallonnées. Vitesse toujours élevée pour ressentir moins de douleurs. 
    Tenue : débardeur jaune, maillot rouge, short rouge, nirvana N°2. 
    Météo : Frais le matin jusqu’à midi, puis chaleur sous le soleil sans ombre. 
    Alimentation :idem 

    Étape 11 : Alors, raconte... 
    Au lever, une sorte d’euphorie régnait dans le gymnase, était-ce parce que l’étape était courte et qu’on allait pouvoir arriver plus tôt ? Demain nous attend la plus longue course de la TG : 77km, donc c’est le moment de ne pas faire de bêtises. 
    Le départ, lancé vers 7h comme d’habitude, fut prudent, et la première montée arriva rapidement pour… ne s’avérer n’être qu’une courte côte suivie d’une descente douce puis la montée reprit et à chaque fois suivie d’une partie plus douce. Il fallut attendre quelques km avant de véritablement monter de façon continuelle, mais jamais la pente ne fut raide. J’avais opté pour la même stratégie que la veille puisque mes douleurs étaient moins intenses à vitesse plus soutenue. 
    Qu’il était beau le Lac de Vassivière! Je n’y étais pas venu depuis un contre la montre lors du Tour de France où Riis et Indurain luttaient pour le maillot Jaune. 
    Le reste de l’étape aussi proposait de beaux coins. 
    Il avait fait bon, frais, jusque vers 11h, mais dans les parties où il n’y avait pas d’ombre, le soleil s’avérait être assez chaud. Heureusement que mon arrivée eut lieu avant 13 heures, je n’avais pas trop souffert de la chaleur, ni de mes tendons d’ailleurs. Moyenne du jour: 8,8
    km/h
    Après l’arrivée, il fallait prendre un véhicule pour être acheminé vers le gymnase et le camping où nous prendrions une bonne douche. 
    J’eus du temps pour écrire des cartes postales, pour trier ce qui était utile ou non, pour me reposer aussi. 
    Le pot, offert par la municipalité, ainsi que le repas, préparé par un traiteur marathonien et cent bornard, furent très conviviaux et de très bonne qualité. Cela rattrapait le
    piètre hébergement : salle au sol terreux et poussiéreux où les deux WC fuyaient continuellement et où des jeunes avaient organisé une fête qui allait durer tard dans la nuit. Et comme le départ de la plus longue étape était fixé à 6h30 le lendemain, on se demandait comment on allait faire pour s’endormir. Les autres sanitaires se situaient au camping et il fallait des clés pour y accéder. J’imagine demain matin les navettes pour se préparer ! 
    En plus, dans cette région, les portables ne passaient pas. Pour un samedi soir, je n’allais pas pouvoir rassurer ma petite famille. Tant pis, je décidai que le lendemain je courrai
    s avec le portable et que je téléphonerais de Meymac vers 9 ou 10h. Avec les autres coureurs, nous avons essayé d’avoir des nouvelles des autres courses : l’UTMB, les 100 km de Sologne…mais rien ne passait vraiment ce soir. Vivement demain ! 

    Et bien, nous y voilà au demain d'hier! 

    ÉTAPE 12 / Peyrelevade -- Mauriac : 77 km D+ 1010m / CUTOFF 14h00mn (total 783 km) 

    Longue étape de caractère, traversant d’abord le Plateau de Millevaches jusqu’à MEYMAC. Ensuite, très belle petite route perdue (la D47 sur 26 km) entre MEYMAC et NEUVIC, avec quelques jolies bosses. Après NEUVIC, longue descente (14 km) jusqu’au lit de la Dordogne puis remontée d’autant (12 km) jusqu’à MAURIAC. C’est déjà le Cantal et l’Auvergne, l'accent commence à chanter, les poteaux de rugby apparaissent, on dirait le Sud…(extrait du road-book) 

    Commentaires : étape très vallonnée (montagneuse), mais beaux paysages avec lever de soleil sur la chaîne des puits. Vallée de la Dordogne, montagnes avec bruyère et animaux !!!! Joli !!!! 
    Fin difficile avec Fabrice Rosa, Alain et Christophe. 
    Tenue : débardeur jaune, short noir, Nirvana N°1 
    Météo : soleil, ombre pour fraîcheur, sinon chaleur 
    Alimentation : idem 

    Ce soir, nous aurons fini la deuxième semaine, et demain on attaque la dernière. 
    Étape 12 :
    En ce dimanche 28 août, pour la plus longue étape de la Transe Gaule, 77km, le départ fut fixé à 6h30. On aurait pu partir à 6h, mais « pour couper la poire en deux » entre les partisans d’un départ à 7h et ceux qui étaient plus matinaux, l’organisateur trancha. 
    Comme je restais sur deux étapes un peu plus rapides, courues à près de 9 km/h de moyenne, et que les tendons m’avaient fait moins souffrir, je décidai de repartir sur les mêmes bases ; pas dès le début de l’étape, mais à partir du moment où je serais échauffé. Il fallait aussi tenir compte du dénivelé total de l’étape : plus de 1000m. 
    Les 10 premiers km étaient en montée, et au fur et à mesure que le jour se levait, on pouvait découvrir de magnifiques collines et montagnes boisées ou recouvertes de bruyère ce qui donnait à cette aube de fin août des couleurs sublimes, allant de tous les dégradés de verts jusqu’au violet. Arrivé au km 7, on a pu profiter d’un magnifique lever de soleil sur la chaîne des Puys. Nous étions juste à côté de la source de la Vienne, et on allait arriver à Millevaches dont l’altitude est de 1000m environ. 
    Ensuite, il fallait rallier Meymac, sur une route assez vallonnée où il y avait un peu plus de circulation, notamment des camions. Il était 9h : je décidai d’appeler ma famille pour donner des nouvelles, ce que je n’avais pu faire la veille là où les portables ne passaient pas. Tout le monde fut rassuré, et soulagé d’un poids, je continuai sur mon petit rythme. Un autre coureur fit la même chose que moi, et il envoya aussi des messages d’encouragements aux coureurs de l’UTMB. 
    Je me retrouvai seul un peu plus loin, plus par choix de ne pas m’arrêter aussi longtemps que les autres coureurs qui n’hésitaient pas à rester 5 voire 10 minutes pour s’alimenter
    aux ravitos. J’avais pris l’habitude depuis quelques étapes, de remplir rapidement mes bidons d’eau en y ajoutant des sucres et du sel, de manger des bouts de melons, de pêches, de bananes… et de repartir avec une banane entière que je mangeais tout en courant ou lors des parties marchées. Au total mon arrêt n’excédait pas deux ou trois minutes, ce qui en fin d’étape me faisait gagner (ou me donnait l’impression d’avoir gagné) une quinzaine de minutes. Donc je pouvais marcher à d’autres moments où les coureurs dont je parlais ne marchent pas. 
    Les villages traversés étaient typiques du Massif Central, avec leurs toits faits de grandes pierres (les lauzes), leurs vieilles églises, leurs ruelles… Le paysage composé de monts, lacs et vallées, de champs où paissaient de nombreux animaux (Ah ! les vaches de Salers !), était assez distrayant, faisant oublier la longueur de l’étape. 
    Mais les douleurs me la rappelèrent. Avec l’accumulation des km, elles commençaient à redevenir gênantes pour la course et j’avais beau courir sur le côté droit de la chaussée, ou à gauche, ou sur les bas côtés dans les descentes, cela devint un véritable calvaire. Je dus m’arrêter plusieurs fois pour marcher, et même la marche me faisait beaucoup souffrir. Je commençais à m’inquiéter car leur localisation n’était plus au niveau des tendons d’Achille, mais sur le devant, comme si j’avais une périostite ou une fracture de fatigue (dans la tête, quand ça ne va pas fort, on pense à plein de trucs et on imagine le pire !) 
    Il fallut que le petit groupe de coureurs avec qui j’avais passé le début de l’étape revienne sur moi et m’encourage pour que je continue à courir. Mais je ne pouvais courir qu’en côte, les descentes étant devenues hyper douloureuses. Donc ils me lâchaient dans les parties descendantes et je les rattrapais dans les portions montantes. Nous arrivâmes tous les quatre ensemble en un peu moins de 9h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. 
    Dès l’arrivée, je me renseignai auprès d’autres coureurs ou accompagnateurs, et on me rassura un peu, en me suggérant de mettre des bandes anti-inflammatoires (« Flector ») sur les endroits touchés et de les garder toute la nuit et lors de l’étape de demain. 
    Les petits rituels effectués, je passai le reste de mon temps à me reposer, alternant l’application de poches de glace sur les douleurs et les moments de relaxation où je mettais mes jambes en l’air le long d’un mur. Les soins suivirent, puis le repas « bolinesque », et ensuite le sommeil. Le lendemain on entamerait la série de 4 étapes dont le kilométrage décroît : 66, 62, 57, 55. Ce serait aussi le début de la dernière semaine de course : plus que 6 étapes ! Enfin ! Ou déjà ! Ça dépend de l’état général du bonhomme.

     

    Voici maintenant les étapes "galères", celles où tout faillit être gâché par ces satanées douleurs, mais où la volonté et le courage, insoupçonnés jusqu'alors chez moi, ont pris le dessus. 

    ÉTAPE 13 / Mauriac -- Aurillac : 66 km D+ 1100m / CUTOFF 12h00mn (total 849 km) 
    Baptisée ‘’L’Auvergnate’’, cette étape restera à coup sur dans les mémoires (et peut-être aussi dans les jambes). Balade à travers tout le Cantal, avec la visite du village médiéval de SALERS que vous traverserez par ses ruelles étroites (véhicules détournés). Puis, tout là-haut sur « la Route des Crêtes », panorama à 360° (retournez vous) sur les Volcans d’Auvergne et passage au point culminant de la Transe Gaule (1231 m) avant de redescendre vers Aurillac par la Route des Crêtes. A couper le souffle ! Essayez quand même de le garder… (extrait du road-book) 

    Commentaires : amplification des fortes douleurs aux jambiers : visite chez le médecin pour me rassurer et pour prescription de médicaments adaptés. (anti-inflammatoires). 
    Étape très vallonnée avec 4 cols et de longues descentes traumatisantes. 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur ? me souviens plus ! 
    Météo : beau et chaud dans les vallées. 
    Alimentation : idem 

    Étape 13 "porte bonheur"? Mon œil !!! 

    Au lendemain d’une longue étape, la première chose que l’on fait, c’est de vérifier si on arrive à se mettre debout. Car la terre est basse, et quand on est allongé sur un petit matelas très peu épais, c’est assez difficile de se lever, surtout quand on mesure 1,90 m. Cette fois-là, ce fut dur, les douleurs apparaissant dès la position debout. Que la journée s’annonçait difficile ! 66 km avec 1100 m de dénivelé, et 4 cols à passer ! 
    Ce ne sont pas trop les montées qui m’effrayaient, mais les descentes, surtout quand le pourcentage est fort. J’avais déjà entrevu, hier, le genre de douleur que cela occasionnait, mais là, j’allais être servi. Déjà en quittant Mauriac, la route était vallonnée et la prudence a fait que je passai le premier village en 1h pour 8 km. Ensuite, il fallait aller jusqu’à Salers, et au lieu de contourner la ville, le parcours empruntait les remparts. Riche idée, si l’on veut profiter de la course pour visiter de très jolis coins, mais quand les maux se font de plus en plus violents, on ne profite pas vraiment de tous ces magnifiques endroits. Enfin, en marchant en de multiples occasions, je pus quand même admirer les ruelles et les maisons de ce village moyenâgeux. 
    La sortie fut en revanche pour moi quelque chose d’assez déplaisant : 3,5 km de forte descente pour se diriger vers Fontanges. Des lacets, des rampes pentues, tous les ingrédients pour amplifier mes douleurs aux jambiers ! Et on n’avait pas encore attaqué les cols !!! 
    Fontanges fut atteinte en peu plus de 3h, soit à une moyenne de 8,5 km/h. Sur le moment, ça me rassura car avec les montagnes maintenant, la course serait plus lente. Encore 3 km de faux-plat montant et me voici au ravitaillement du 30è
    me km. Je pris soin de bien m’alimenter et de recharger les bidons, car le 1er col était à 3 km, suivi de la montée vers le suivant 6 km plus loin. Donc, ça allait être long, mais comme c’était en côte, je n’allais pas trop souffrir j’espérais. Fontanges étant à une altitude de 700 m environ, je crois, il fallait donc grimper 500 m de dénivelé en 9 km, soit une moyenne de pente de 5% ce qui paraît peu comparé aux 18% de descente raide après Salers. Mais, la pente n’était pas uniforme et de temps à autres un faux plat succédait à un raidillon. Le col de Legal fut franchi peu après midi, au bout de 5 heures de course (Km 40, soit une vitesse moyenne depuis le départ de 8 km/h, ça avait baissé !), et la suite était plutôt constituée de descentes, parce que les deux autres cols se situaient à des altitudes inférieures aux 1231 m du Legal. Nous restâmes sur la crête pendant un moment, et en se retournant on pouvait admirer la chaîne des Puys que nous allions quitter définitivement une fois arrivés à Aurillac. 
    Et cette arrivée, qui n’arrivait pas ! Et ces douleurs qui s’étaient encore amplifiées dans les descentes, et qui me torturaient maintenant au point de m’en faire pleurer par moments. C’est que, en plus, l’inquiétude me gagnait : fracture de fatigue ? Périostite ? Les mêmes doutes que la veille accentués par l’augmentation du mal. 
    Je finis l’étape à l’agonie, la peur au ventre de ne pas pouvoir repartir le lendemain, le moral complètement cassé. J’avais réussi à maintenir ma moyenne au-dessus de 8 km/h, je me demande bien comment après coup. 
    Le passage sous le portique d’arrivée me soulagea d’être là, et je le franchis comme toujours avec le sourire, alors qu’au fond de moi c’était l’horreur d’avoir à affronter le médecin. 
    On avait pris un rendez-vous pour moi à Aurillac, et je me dépêchai d’aller prendre ma douche afin de consulter. Il m’ausculta, fit plusieurs examens et palpations, et m’annonça qu’il n’y avait ni fracture de fatigue, ni périostite, juste une forte inflammation des jambiers, surtout celui de droite. Il me prescrit des anti-inflammatoires en cachet et en pommade, ainsi qu’un médicament pour me protéger l’estomac, car autant les fruits frais m’avaient laissé tranquille, autant les anti-inflammatoires risquaient de me détraquer « les boyaux ». 
    Après le passage à la pharmacie, qu’il a fallu chercher un bon moment car on était lundi, j’en profitai pour m’acheter de quoi manger pour ce soir : sandwiches complets et flans natures ! Un peu de réconfort dans ce monde de brutes ! 
    Naturellement, la récupération fut courte, il fallait rattraper le temps perdu en ville pour préparer le lendemain. 
    La soirée fut difficile, la nuit très courte à cause des douleurs. 
    Comment allait se passer l’étape du lendemain ? Cela m’a travaillé l’esprit lors de mes insomnies.

     

    ÉTAPE 14 / Aurillac -- St Cyprien-sur-Dourdou : 62 km D+ 615m / CUTOFF 11h17mn (total 911 km) 
    Traversée de la ville d’Aurillac en guise de réveil. Attention au fléchage, pas évident dans la circulation matinale. Vallée du Lot, entrée en Aveyron. Pas âme qui vive entre
    les km 29 et 45 et il peut y faire très chaud. Remplissez vos gourdes. Passage au pied de CONQUES, excursion très conseillée en soirée. (extrait du Road-Book) 

    Commentaires : Douleurs au jambier droit tout le long de l’étape puis au gauche aussi en 2è partie. 
    Tenue : short noir, débardeur jaune, nirvana N°1 
    Météo : chaud, 30° obligé de s’arroser pour se rafraîchir 
    Alimentation : idem 

    Récit de la 14è étape, où je termine avant-avant dernier 
    Allez, ce matin il faut se lever. Dans quel état j’erre ! Gardons une pointe d’humour pour dédramatiser la situation. J’ai mal, oui, mais je ne suis pas le seul à souffrir, et c’est moi qui ai voulu être là ! 
    C’est avec ce mental que je me levai ce mardi 30 août. Avais-je dormi ? Oui, un peu, mais de tout le temps bouger sur le matelas pour trouver une meilleure position me provoquait des douleurs que j’aurais bien voulu oublier pendant la nuit. 
    Le rituel pliage-de-sac-petit-déjeuner-mise-en-tenue-etc. se déroula comme d’habitude. Nous dûmes rejoindre le site du départ à pieds, ce qui donna un aperçu des difficultés à se mouvoir pour certains d’entre nous. En plus, le départ étant situé sur les hauteurs d’Aurillac, nous devions débuter l’étape par une raide descente. Quand le drapeau s’abaissa, pour cette étape de 62 km uniquement (si l’on comparait avec celles des deux jours précédents), je décidai de ne commencer à courir que lorsque j’arriverais sur du plat. Oui, mais à ce rythme, je me retrouvai dernier, ou avant dernier, car Sigrid, la coureuse allemande était juste derrière moi. Il ne fallait pas se laisser décrocher par le gros de la troupe. Peu à peu, mon corps s’échauffa, et je retrouvai un rythme de course plus en rapport avec l’habituel. Les premières côtes, douces, furent avalées assez facilement, c'est-à-dire sans trop de douleurs. Ma vitesse moyenne était quand même descendue sous les 8 à l’heure, et jusqu’à Cassaniouze (Km 36) on peut dire que « j’avais sauvé les meubles » ! 4h 50 de course, soit du 7,5 km/h, c’est lent. Mais maintenant, il y avait 10 km de descente jusqu’au franchissement du Lot. 
    C’est que la chaleur était venue s’en mêler : à midi, il faisait déjà par endroits près de 30°, et toute cette 1ère partie d’étape était peu ombragée. En plus, la douleur s’était étendue aux deux jambiers, si bien que je ne savais pas où courir pour la ressentir le moins possible. Alors dans la descente, j’ai dû marcher pendant de longs moments, et ce qui fut encore plus difficile pour le moral, ce fut de voir plusieurs coureurs me dépasser, eux qui lors des 13 étapes précédentes avaient toujours été derrière moi. Mais ma vitesse lente expliquait cela, alors qu’eux n’allaient pas forcément plus vite que d’habitude. 
    Il restait 15 km quand je passai le Lot, le tout en faux-plat montant et sous une chaleur ! Je fus obligé à maintes reprises de m’arroser, m’arrêtant parfois dans un café pour boire un panaché frais et pour refaire le plein d’eau froide, car dans mes bidons, elle devenait tiède. 
    L’arrivée fut interminable, je mis presque le même temps que la veille pour 4 km de moins. Ma moyenne sur cette étape avait été basse : 7,6 km/h. En plus j’étais arrivé 22è
    me sur 24. Le moral et (il faut bien l’avouer) l’orgueil en ont pris un coup. Mais la raison me rappela que l’objectif initial était d’aller au bout de la Transe Gaule. 

    Les douches n’étaient pas à la salle. Il fallait aller au camping ou à la piscine. Je préférai la piscine. Peut-être que de me baigner allait diminuer mes douleurs ? Sur le coup, ce fut bien agréable : on se retrouvait à plusieurs coureurs, mélangés aux vacanciers, c’était sympa. 
    Ensuite, comme il y avait des commerces, je pus me ravitailler et manger autre chose que ces sacrés Bolino, qui commençaient à en
    écœurer plus d’un, tellement on en avait pris avant. 
    Ce soir-là, il fallait aussi soigner efficacement les deux jambiers, en leur appliquant de la pommade et en les enrobant d’une membrane plastique type «
    Scello frais » pour que ça « marine » bien (conseils d’anciens). 
    Il fallait aussi récupérer, ne pas trop se disperser à s’affairer à gauche ou à droite. Le lendemain, on avait une étape encore plus courte (57 km) et on passerait en théorie moins de temps sur le bitume qu’aujourd’hui. 
    Mais le gymnase avait subi les rayons du soleil toute la journée et il s’avéra être une fournaise la nuit tombée. Alors, le sommeil en pâtit.

    Allez ! Aux suivantes ! (Sur l'air de la chanson de Jacques Brel "Au suivant! ") 

    ÉTAPE 15 / St Cyprien-s/-D. -- Cassagnes-Begonhès 57 km D+ 860m / CUTOFF 10h22mn (total 968 km) 
    Montée vers la ville ‘’rose et grise’’ de Rodez, chef-lieu de l’Aveyron, capitale du Rouergue et haut-lieu historique de naissance du ‘’Carnet du Bipède’’ et de ‘’VO2 Marathon’’, haut perchée sur son belvédère. Descente dans la Vallée du Viaur. Dans sa jeunesse, Monsieur le Maire de Cassagnes fut un honnête coureur de 400 mètres… D'ailleurs, il court toujours, du matin au soir ! (extrait du road-book) 

    Commentaires : beaucoup de souffrances en descente et sur le plat (jambiers) 
    Tenue : nirvana N°2, short rouge, débardeur jaune 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    15ème étape : dernier jour du mois d’août. Plus que 4 en comptant aujourd’hui. Comme c’est plus court, il faut récupérer, afin d’assurer les deux dernières qui seront de 71 et 72 km. 
    Facile à dire tout ça. Mais dès le départ je sentis bien que ça allait être encore pire que la veille. 
    Tout alla quand même relativement bien jusqu’aux abords de Rodez : 3h30 pour faire 27 km (soit du 7,7km/h de moyenne, c’est bas, mais ça reste acceptable), mais sur la piste cyclable à l’entrée de la ville, je sentis mes douleurs s’accroître. De plus, en ville, il fallait être attentif au fléchage, bien suivre les indications du road-book, faire gaffe aux autos dont les conducteurs devaient se demander qui étaient tous ces « zombies » portant sacs ou bananes et dossard. Rodez n’étant pas une ville plate, nous dûmes grimper fort pour atteindre le ravitaillement. Par la suite, il fallait redescendre, aïe, aïe, aïe ! Jusqu’au franchissement de l’Aveyron (km 31). 
    Je savais que seuls Sigrid, Eric Martin et Jean-Hervé étaient derrière moi. Quand les deux derniers me rattrapèrent j’essayai de maintenir le contact, mais j’étais plus comme un boulet pour eux, et je leur demandai de continuer à leur rythme. Donc, je me retrouvai avant dernier, mais il en faut bien un ! 
    Au gré des virages j’apercevais de temps en temps Jean-Hervé et sa femme qui l’accompagnait à vélo, d’ailleurs celle-ci me proposa de rester un moment avec moi le temps de me remonter le moral, mais je lui dis de filer et de profiter de la bonne forme de son mari pour continuer avec lui. C’est que Jean-Hervé, qui avait abandonné l’an dernier, avait connu un début de Transe Gaule très douloureux lui aussi, ce qui le fit courir à une vitesse très lente, mais dont il récupérait maintenant les bienfaits : il était guéri, et pouvait enfin se faire plaisir. Pour moi, le plaisir était parti momentanément car remplacé par les doutes. 
    Je terminai l’étape à plus d’un quart d’heure du précédent coureur et à près de 30 minutes de Jean-Hervé, ce qui montre quelle différence de tempo il y avait entre nous. J’ai effectué les 18 derniers km en plus de 2h30, soit à une moyenne de 7 à l’heure ! Effarant, pour moi qui cours les 100 km à plus de 10 km/h. Mais ce n’est pas la même course. 
    L’arrivée sous le portique sous les applaudissements des personnes présentes me réconforta, et un moment inoubliable aussi survint lors de mon
    entrée au gymnase : les autres coureurs m’applaudirent tous. Cela me fit chaud au cœur, moi qui étais à leur place avant, à applaudir les derniers arrivants ! 
    Je repris des forces au restaurant situé sur la ligne d’arrivée. Il était 15 heures, et le patron accepta de me préparer une assiette de crudités puis un plat de poulet froid avec des légumes, le tout accompagné d’un méga panaché et de deux poches de glace qui allaient me soulager le temps de cette petite collation. 
    Le repas du soir fut pris dans ce même restaurant, mais nettement moins sympa que dans l’après-midi, car le service fut dépassé par les événements et ne sut gérer le repas d’une quarantaine de personnes, coureurs de longues distances pour la moitié d’entre-eux. A oublier. 

    ÉTAPE 16 / Cassagnes-B. -- St-Sernin-sur-Rance : 55 km D+ 885m / CUTOFF 10h00mn (total 1023 km) 

    Vallée du Tarn. Jolie route et peu de villages. 1000ème kilomètre juste après le charmant et minuscule village de LINCOU posé sur le bord du Tarn. Possibilité de traverser LINCOU par l’intérieur en version trail (sentier, escaliers, compter 2 minutes de perdues) ou alors de rester sur le bon goudron. [Off-road = 1 km](extrait du road-book) 

    Commentaires : idem qu’hier en pire !!! (au niveau des douleurs aux jambiers). Je finis près de 1H30 après le 21ème, et 34’ seulement avant Sigrid. 
    Tenue : nirvana N°1 + débardeur jaune + short rouge. 
    Météo : chaud 
    Alimentation : idem 

    étape 16. Récit d'une moyenne qui fond comme neige au soleil, et d'un classement qui chute de manière inquiétante à deux jours du terme. 

    En ce 1er jour du mois de septembre, où j’aurais dû recommencer à travailler, nous eûmes droit à une courte étape. Mais pour moi, elle fut la plus lente de l’ensemble des étapes de la Transe Gaule : je ne le savais pas au départ, mais j’allais mettre plus de 8h15 pour faire les 55 km proposés, soit une moyenne inférieure à 7 km/h (6,6 plus précisément). 
    Bien sûr, il y avait comme d’habitude des montées et des descentes, de jolis villages à traverser, la marque du passage du 1000è
    me kilomètre de la Transe Gaule… Mais malgré cela, cette étape restera pour moi comme un mauvais souvenir : j’ai eu trop mal, encore plus que la veille ou que l’avant-veille, et pour la 3ème fois consécutive, je finis l’étape en queue de peloton ou presque, 23ème et ce à plus de 1h10 du 22ème et à 1h30 du 21ème. C’est dire que j’avais été lent, mais j’avais été au bout encore une fois et c’était là le seul motif de satisfaction de la journée. J’avais eu aussi les premiers troubles gastriques dus aux anti-inflammatoires : ce n’est pas très drôle ni très agréable de devoir s’arrêter en pleine campagne à chaque fois que l’organisme vous le demande ! 
    J’ajouterai quand même que je fus accueilli de la même façon qu’hier par les autres concurrents, sous les applaudissements, et que j’eus le droit d’aller prendre ma douche à l’hôtel-restaurant situé à côté de la salle qui nous hébergeait. Sinon, il aurait fallu aller au camping à quelques km de là. Après la douche, je commandai à manger au restaurant, et la patronne m’apporta une succulente omelette avec des frites et de la salade. Un morceau de fromage et un dessert par-dessus ça, ainsi qu’un petit café, et le moral était revenu. Plus que deux étapes !! Il faut tenir. 
    Le soir, nous sommes retournés au même restaurant où nous eûmes droit à un véritable repas pour coureurs. Mais parce que je voulais récupérer et anticiper la terrible étape du lendemain, je zappai le dessert pour aller me coucher au plus vite.

     

    ÉTAPE 17 / St-Sernin-sur-Rance -- St-Pons-de-Thomières : 71 km D+ 1350m / CUTOFF 12h55mn (total 1094 km) 
    Très belle ’’étape de montagne’’, spéciale grimpeurs. Du dénivelé (positif et négatif) à revendre (D+ quotidien record avec +1350m) et le maillot à pois au vainqueur du jour. Monts de Lacaune, Monts de l’Espinousse et Parc Régional du Haut Languedoc. Descente de 2 km sur LACAUNE à se fracasser les quadriceps et les 10 derniers km avant ST PONS c’est encore pire ! L’étape est aussi exigeante pour les coureurs qu’elle est reposante pour le flècheur et pour les routeurs. Ça sent les vacances… 
    (extrait du road-book) 


    Commentaires : Un léger mieux sur la fin, une fois les jambes nettoyées à l’eau des anti-inflammatoires : c’étaient eux qui me donnaient des brûlures en plus des douleurs aux jambiers ! 
    Tenue : nirvana N°2, débardeur jaune, short noir. 
    Météo : chaud et recherche d’ombre. 
    Alimentation : idem 

    Etape n° 17. 
    Avant dernière étape très longue et très vallonnée, 1350 m de dénivelé positif pour 71 km, celle où il faut absolument terminer pour être au départ de l’ultime étape de demain. Départ à 300 m d’altitude, arrivée aussi à 300 m d’altitude, mais 4 cols à passer dont deux à 1000 m ! 
    Cette belle étape « spéciale grimpeurs » aurait pu me plaire en d’autres circonstances, mais qui dit montées, dit descentes à suivre. Et il y en eut : à titre d’exemple, je citerai celle du 27è
    me km où la pente est très forte pendant 2 km. J’ai été obligé de la descendre en marche arrière, je ne pouvais plus ni courir ni marcher en avant tellement les jambiers me torturaient. 20 minutes pour descendre ces 2 km, j’ai du battre mon record de lenteur. J’avais atteint Lacaune (km 29) en plus de 4 heures de « course » soit à une moyenne effarante de 7,2 km/h. Et il restait l’équivalent d’un marathon à parcourir. Sachant que entre deux des cols à 1000 m d’altitude, il fallait descendre à 700 m, je me doutais qu’il devait y avoir encore d’autres moments difficiles avant la terrible descente de 10 km en lacets qui terminait l’étape. 
    Les douleurs étant trop vives par désespoir j’arrachai tous mes bandages aux jambes, et je décidai de laver à l’eau fraîche mes tibias et mes mollets car ça me brûlait très fort à ces endroits. Bien m’en prit, car je remarquai au bout de quelques minutes que les brûlures avaient diminué d’intensité, du coup les douleurs se firent moins sentir, et je pus reprendre un peu de « vitesse » si on peut appeler ça comme ça. 
    D’ailleurs, je finis les 15 derniers km en 1h52, soit à 8 km/h de moyenne. Et comme il y avait de la descente raide, je fus content de ne pas trop souffrir. Avais-je trouvé l’origine des violentes douleurs ? J’espérais que oui. On verrait ça le lendemain où je devais absolument ne rien mettre sur mes blessures, ni anti-inflammatoires ni autre crème. 

    Et la dernière étape arriva ! 

    ÉTAPE 18 / St-Pons-de-T. -- Gruissan-Plage : 72 km D+ 520m / CUTOFF 13h30mn (total 1166 km) 

    Dernière montée sur 9 km à la sortie de St-Pons. Au km 18, vous découvrez la Méditerranée (si temps clair) puis longue descente vers le Roussillon jusqu’à AIGUES-VIVES. Puis 15 kilomètres de rêve le long du canal de la Robine entre pins parasol et platanes pour atterrir à NARBONNE... et ses embouteillages.
    Épilogue en douceur sur 17 km de petite route plate et tranquille entre les rizières. A l’entrée de GRUISSAN, suivre le canal, droit vers le mer. La ’’Plage des Chalets’’ et ses maisons sur pilotis immortalisées dans le film culte de J.J. Beinex ‘’37,2° le matin’’ vous attendent. Enfin, 150 mètres de sable fin avant le plongeon dans la Grande Bleue. Arrivée aquatique ! [Off-road = 10 km] 
    (extrait du road-book) 

    Commentaires : nous fûmes 3 à partir très tôt (pour raisons de lenteur naturelle ou à cause des blessures), et bien nous en a pris, car nous avons évité la chaleur même si sur les coups de midi (vers Narbonne) il a commencé à faire chaud. 
    Tenue : débardeur jaune, short rouge, Nirvana n°2 
    Météo : nuit fraîche à souhait, matinée douce et légèrement venteuse, reste un peu plus chaud, mais parcours longtemps ombragé le long des canaux. 
    Alimentation : idem + 2 flans !!! 

    18è étape de la Transe Gaule : l’apothéose ! 

    Le départ fut fixé à 4h30 (4h33 en réalité) en raison de notre lenteur potentielle ou à cause de nos blessures. Après un petit kilomètre de village (St Pons de Thomières) avec ses lampadaires, Sigrid, Gérard Denis et moi attaquâmes la longue montée vers le Col de Sainte Colombe dans une nuit noire, seulement guidés par nos frontales. Le ciel étoilé était magnifique par cette nuit sans Lune, et parfois quand on apercevait une étoile filante on se dépêchait de faire un vœu. Quel silence ! Quelques hululements de hiboux, des aboiements lointains, des bruits de feuillage venaient troubler le silence de cette dernière montagne de la Transe Gaule. En montée, les douleurs étaient oubliées, mais la prudence restait de mise tant j’avais eu mal lors des quatre précédentes étapes, mal à en hurler ! 
    De temps à autres, Jean Benoît se glissait à ma hauteur en voiture pour me demander si j’avais besoin de me ravitailler. Avec Gérard, on s’est vite séparés, il s’arrêtait plus fréquemment et plus longtemps que moi pour récupérer. Moi, j’étais bien, et je voulais profiter de cet état pour tailler la route, sachant que dès que la route descendrait, il me faudrait ralentir. 
    Le col fut atteint en 1h30’ (pour 10km, le début de course fut prudent !), je réveillai Jean-Benoît qui sommeillait dans sa voiture afin qu’il me ravitaille, et je commençai ma longue descente vers Rieussec et Aigues-Vives. Quel magnifique lever de soleil sur les coups de 7h, avec à l’horizon de la brume qui empêchait de voir la Méditerranée et des éoliennes qui tournaient, promettant un petit vent qui
    tempérerait l’atmosphère quand les rayons du soleil se feraient plus ardents ! Et cette descente que peu à peu j’apprivoise, « Même pas mal ! » mais méfiance, gare à l’euphorie qui fait aller droit dans le mur. 
    D’ailleurs, quand j’atteignis Aigues-Vives au bout de 3h30’ de course, je recommençai à avoir mal aux jambiers, des coups de poignard dans les tibias, à chaque foulée. La partie de l’étape qui suivit ne fut pas très amusante, en plus des douleurs, vint un coup de barre, sûrement dû aux 3heures à plus de 8 de moyenne. Et le parcours, à cet endroit (Cabezac) et jusqu’au début du canal n’était pas intéressant : longues lignes droites sans ombre, route défoncée, un peu de circulation… 
    Vers le km 40, j’arrivai au canal de la Robine, et sachant que j’avais dépassé la moitié de l’étape, je commençai
    s à pronostiquer à quelle heure les premiers, qui étaient partis 3 heures après moi, me doubleraient. Après 5km de chemins de halage, plus ou moins caillouteux, je me fis ravitailler en flans que Jean-Benoît m’avait achetés dans une pâtisserie de Sallèles d’Aude: quel bonheur ! Il m’accompagna jusqu’à un endroit complexe à franchir et dont il voulait vérifier le balisage. « No problemo » dans cette partie « trail » où l’on empreinte tour à tour un chemin VTT, une ligne de chemin de fer, un pont Eiffel, un escalier, et enfin un chemin de halage caillouteux! Ensuite je repris ma course en solitaire, tout content d’être en tête, sachant que Narbonne était au bout du canal, à une dizaine de km. J’y arrivai peu avant midi, en à peu près 7h de course (pour 54km, j’avais bien rattrapé !). 
    La traversée de l’ancienne capitale de la Gaule Narbonnaise ne fut pas facile : circulation, chaleur à cause de la disparition du vent, course au road-book et quelques hésitations aux carrefours. Pas de panique ! Le fléchage avait été bien fait, et le road-book était très précis. Plus que 16km à la sortie de la ville : l’objectif étant devenu de mettre deux heures pour les parcourir sans se faire trop de mal, car les douleurs étaient là, à chaque foulée, mais la motivation et le fait de pouvoir rester en tête encore un long moment me redonnèrent des ailes. 
    « On se rapproche ! On se rapproche ! » 
    Ravito déposé sous un arbre face au camping des Mimosas (km62), long à venir, mais tellement bienvenu ! « Allez « grand », plus que 10km ! » Et Janne le Finlandais, leader de l’étape et de la Transe Gaule arriva à ma hauteur ; on s’encouragea mutuellement, on se tapa dans les mains et déjà il me prit mètre sur mètre avant de disparaître à l’horizon. Il fallait tenir, la délivrance se rapprochait, encore une ou deux petites grimpettes et la traversée des marais et des rizières. Un petit gel par-ci, une petite barre de céréales par-là, un futur Transe Gaulois et Nantais de surcroît me fournit en glaçons que je me passai partout sur le corps. Cela me fit du bien, mais ça fondait vite ! Et cette étape qui n’en finissait pas ! La dernière côte arriva me faisant découvrir la vue sur Gruissan qui se situe à 3 petits km de l’arrivée. Je me retournai plusieurs fois pour voir si j’allais arriver seul sur la plage ou si j’allais me faire doubler. Personne à l’horizon ! Direction Gruissan-
    Plage par la piste cyclable, longue ligne droite où mon émotion d’être si près de l’arrivée prit le dessus : j’étais euphorique, je m’encourageais à voix haute, je pleurais de bonheur mais aussi de douleur car elle était toujours aussi présente. Je me débarrassai de mes bidons, un par un, pour arriver le corps libre. Plus que 650m, ligne droite au bout de laquelle j’aperçus Charles qui prévint de mon arrivée et là…. 150 derniers mètres sur la plage, je levais les bras. Une ola m’accueillit. Étreintes, sourire comme à chacune de mes arrivées, pas de larmes, j’avais trop donné de ce côté-là depuis 4 ou 5 jours. 
    Là, un grand vide, une petite bière fraîche bien méritée, je retirai maillot et chaussures au bout de quelques minutes, j’attendis l’arrivée du 2è
    me, puis celle de Gérard avec qui j’étais parti tôt ce matin. Ensuite, baignade dans la Méditerranée : il était 14h30, le drapeau était vert, l’eau à 21°. Que du bonheur malgré les douleurs ! 
    Puis l’attente des autres, les 3è
    me et 4ème … jusqu’au 7ème (Don qui terminait ici sa 4ème Transe Gaule ! Chapeau l’artiste !). Sigrid franchit la ligne d’arrivée peu après, elle qu’on avait aussi fait partir à 4h30 du matin en pensant qu’elle arriverait dans les derniers ! Elle gagna ainsi sa 2ème étoile. 
    Après plus personne n’arriva pendant près de 2 heures. On apprit qu’un coureur connaissait des difficultés depuis le départ (Patrick, celui qui courait avec un bâton) et que beaucoup de coureurs l’attendaient pour l’aider à aller lui aussi au bout de l’aventure. 
    La brume avait déjà envahi la mer et la plage depuis plus d’une heure, le drapeau était rouge, l’inquiétude grandissait. Quand soudain à l’horizon un groupe de 14 coureurs se profila pour un final groupé plein d’émotion. Embrassades, baignades, larmes, bières, photos… Que de souvenirs pour la vie entière ! 
    L’apothéose ! 
    Douche, installation au gymnase, remise des prix, apéro, repas, dodo car le lendemain il faudra revenir sur Terre après ce long voyage dans le temps. 
    La 19è
    me étape ne sera ni la plus courte, ni la moins douloureuse : en camion avec Charles au volant et moi avec mes douleurs aux jambes, mais avec des souvenirs plein la tête et déjà des regrets que tout soit terminé. 
    Comment vais-je digérer tout ça ? 
    On verra, mais en tout cas il me faudra autant de courage qu’au départ des étapes, quand il faudra que j’aille travailler ! 

    (Nb : ce petit compte-rendu a été écrit dans le camion lors du retour vers Nantes) 

    Voilà terminée l'épopée Transe Gauloise 2005. 
    Déjà dans la tête un espoir
    apparaît : que les dates de la prochaine édition me soient favorables, comme pour cette année ! Et là, je ne pense pas hésiter trop longtemps à me réinscrire ! 

    Allez à + Fab*


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