•  Kabdalis – Jokkmokk : 59,5km.

    La nuit fut bonne et ce qui fait drôle, c'est qu'au coucher, le soleil était d'un côté du bâtiment et qu'au réveil, il était toujours du même côté. Il avait seulement disparu derrière une colline.

    Le soleil brillait donc, la température était fraîche mais cela n'allait pas durer.

    Pas de sac à dos aujourd'hui, juste ma banane avec le minimum nécessaire, mon coupe-vent et mon MP3, on ne sait jamais.

    Le départ, comme les précédents se fit dans la douleur, mais aujourd'hui, celle-ci se fit moins handicapante pour pouvoir commencer à courir rapidement. Au fil des minutes, j'avais trouvé un rythme intéressant, proche de celui d'hier.

    Je décidais de passer le moins de temps possible aux ravitaillements afin de ne pas avoir à trop souffrir comme la veille à chaque redémarrage. Ainsi, je me retrouvais devant le duo Roger-Alain, devant le duo des suédois et devant quelques autres coureurs que je n'avais plus l'habitude de savoir derrière.

    Et oui, une semaine dans les « bas-fonds » du classement, ça marque et on n'espère même plus au bout d'un certain temps pouvoir graviter à nouveau dans les mêmes sphères qu'avant.

    Je suis resté concentré à fond sur ma course, les distances séparant chaque poste de ravitaillement (de 8 à 9,3km) aidant à garder un objectif d'environ 1h pour aller de l'un à l'autre.

    Le dernier poste de ravitaillement, situé à 8km du but était installé juste sur le parking où nous avons franchi le Cercle Polaire.

    Ce n'est qu'anecdotique, mais pour moi, ça m'a fait une impression que ceux qui ont franchi l'équateur doivent connaître. C'est symbolique et dans notre course vers le Cap Nord, et ça fait un nouvel objectif d'atteint.

     

    J'ai couru à 8,5km/h de moyenne, donc je suis arrivé à 13 heures ce qui m'a laissé du temps pour ranger mes affaires, faire quelques courses, passer l'IRM, et préparer mes affaires pour les deux jours qui suivent car demain on a une longue journée devant nous (94,4km) avec une arrivée devant un restaurant dans lequel on va manger avant d'être acheminés par véhicules à 6km de là pour prendre une douche et récupérer nos affaires pour dormir.

    Le lendemain, il est prévu de faire ses bagages avant de prendre les navettes pour aller manger le petit déjeuner et de partir du restaurant : quel bazar ! Ingo avait l'air bien ennuyé de nous annoncer ça ce soir lors d'une réunion avant le dîner.

    J'espère qu'on ne va pas laisser trop d'énergie avec tous ces transferts.

     

    à+Fab****


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    Arvidsjaur – Kabdalis : 95,1km.

    La plus longue, la plus redoutée de toutes, celle qui peut faire rentrer non pas à la nuit tombée, car il n'y a plus de nuit, mais tard le soir. Le cut-off est à 21h51, ce qui ne laisse que 6h de repos avant le réveil et 8h avant le départ de l'étape suivante.

    J'avais prévu de mettre entre 1h30 et 2h de plus qu'hier, soit entre 13h30 et 14h de route.

    La réalité fut tout autre.

    Pourtant le démarrage fut laborieux, je n'arrivais pas à courir ni même à marcher rapidement sans ressentir de fortes douleurs aux deux zones qui me gênent actuellement. Au bout de 30 minutes, pas beaucoup d'amélioration. Je dis à Christophe qu'il pouvait partir devant pour essayer d'avoir du temps à lui ce soir et pour ne pas arriver trop tard à m'attendre.

    Les kilomètres passèrent et peu à peu, les douleurs devinrent acceptables et je pus commencer à aller un peu plus vite. Ainsi je remontai tous les coureurs qui m'avaient dépassé en m'encourageant au passage et je continuai jusqu'à Alain et Roger avec qui je décidai de rester, sachant que Roger est un coureur à l'allure régulière et rassurante.

    Nous avons couru tout le reste de l'étape ensemble.

    A l'arrivée, nous terminons en moins de 12h, soit à 8km/h de moyenne. J'ai serré les dents pour rester avec mes deux compères car ce ne fut pas toujours facile, les douleurs revenant après chaque ravitaillement quand je m'arrêtais trop longtemps.

    Cette étape, au niveau du paysage, a été très agréable, nous avons encore vu de rennes qui parfois même traversaient la route devant nous !

    Le temps fut agréable voire chaud par moment, mais nous avons fini les 6 derniers kilomètres sous la pluie d'un orage. Nous avons sorti les ponchos.

    Ce soir, nous dormons dans une ancienne école dont les classes ont été aménagées en dortoirs avec des lits sur lesquels il va faire du bien de se reposer.

    Demain, 60km « seulement » avant la deuxième grande étape de 94,4km de jeudi; ça, ça sera une autre histoire.

    En tout cas, plus que 12 étapes et moins de 900km à faire.

     


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  • Sorsele – Arvidsjaur : 84,6km.

    Cette étape était redoutée car longue (84,6km) et comme je m'étais fixé environ 13h pour la courir, j'avais mis le camel bag avec mon portable, mes deux MP3 et l'appareil photos. J'avais aussi emporté le poncho et ma casquette plus un en-cas pour les deux premières heures.

    Je suis parti en boîtant, comme d'habitude, et il m'a fallu plusieurs kilomètres pour me chauffer. Une fois chaud, les douleurs (ischios + dos) se firent moins intenses si bien que je pouvais courir longtemps, mais pas vite. Du moment que je prenais de l'avance sur le cut-off, le reste m'importait peu.

    J'ai tenu le 7,5km/h jusqu'au 30ème km environ, et par la suite j'ai fait route avec Christophe qui m'avait rattrapé au gré des postes de ravitaillement. Nous sommes restés ensemble et nous avons pu voir des rennes que nous avons pris en photo. D'abord un puis 4 plus loin et enfin un troupeau.

    De s'arrêter photographier les animaux et les paysages, ça fait perdre du temps : la moyenne avait chuté à 7km/h environ et je commençais sérieusement à avoir de plus en plus mal. J'ai serré les dents, je me suis accroché et j'ai fini par arriver en moins de 12h. J'avais gagné 1h de repos ce qui n'est pas négligeable quand on flirte avec la queue du peloton. J'ai pu me doucher, laver deux trois affaires, et préparer ma tenue avant d'aller dîner.

    J'étais installé sur un gros tapis de saut, merci Stéphane, et je n'avais pas à défaire mon matelas. C'est installé dessus qu'après mes soins, j'ai rédigé ce CR.

     

     

     


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  •  Storuman – Sorsele : 71,8km

     

    Le ton de mon CR précédent avait pu laisser un sentiment de mieux être de ma part pour le lecteur, mais dans la réalité, je me suis peut-être caché derrière cette forme d'expression pour masquer mon inquiétude.

    Ce matin, j'ai été ramené à la cruelle réalité, celle que j'allais passer une journée interminable faite de souffrances physique et morale.

    Je n'ai pas pu vraiment commencer l'étape en courant, je sentais trop de douleurs à mon ischio jambier gauche ainsi qu'à mon bassin. J'ai démarré avec Christophe en alternant marche et semblant de course : nous n'étions même pas à 7km/h ! Et au bout d'une heure, de deux heures, de trois heures à ce rythme, pas d'amélioration. J'ai demandé à Christophe de filer afin de se ménager une récupération plus longue ce soir car je sentais que j'allais passer plus de 11 heures à galérer.

    Je me suis rapidement retrouvé en avant-avant dernière position, suivi seulement par le duo de japonaises qui termine toujours ou presque avant le cut-off ou temps limite.

    Peu à peu, je fis des essais de marche rapide en prenant des bâtons que j'avais ramassés sur le bas-côté de la route et cela semblait aller un peu mieux. Nicole me prêta même les bâtons de marche nordique de Gérard mais après un essai de quelques kilomètres, j'ai préféré faire sans car je ne pouvais pas porter mon bidon en même temps.

    Je refis aussi des essais de course et parfois j'arrivais à courir 100m sans trop avoir mal.

    Les postes de ravitaillement m'ont paru très éloignés les uns des autres (entre 9 et 11km, soit entre 1h25 et 1h45) et j'ai essayé de minimiser mes arrêts au maximum afin de garder de l'avance sur le cut-off.

    J'avais en point de mire trois coureurs que petit à petit je me décidais à rattraper en essayant de courir un peu plus longtemps et de marcher un peu plus vite. J'avais mal, mais parfois je me surprenais à courir sans douleur. Pas longtemps hélas !

    Nous avons fini tous les quatre ensemble après nous être regroupés à deux kilomètres de l'arrivée.

     

    Il a fait beau aujourd'hui, moins froid qu'hier, sans le vent et en raison de ce redoux, on a eu droit de voir quelques insectes tels des moustiques ou des moucherons. Il y a beaucoup de zones humides entre les arbres et il y a aussi beaucoup de rochers. Stéphane a vu un renne traverser devant lui et a eu le temps de le prendre en photo. Je n'ai pas eu cette chance, ça m'aurait distrait.

     

    Le temps a fini par passer, mais j'ai remué des idées noires toute la journée.

    C'était la 50ème étape et nombre de fois je me suis dit que ça allait être la dernière pour peu d'ailleurs que je n'aille pas au bout. Je me suis remotivé en pensant qu'on verrait ce soir après l'arrivée et que je prendrai le départ le lendemain et que j'aviserai en cours de route selon les sensations et surtout selon les douleurs. Je n'ai pas envie de me mettre en danger physiquement et encore moins mentalement, tout comme je n'ai pas le souhait que mon entourage soit inquiet et se tracasse de me savoir en si mauvaise posture.

    C'est peut-être pour ça que j'écris mes CR avec un certain « détachement » si l'on peut dire, mais pour moi, si le soir j'arrive encore à être assez lucide et capable d'en rédiger un, je me dis que le mental va m'aider à me surpasser et à encaisser les prochaines longues heures sur la route.

    Je pense mettre environ 13h30 demain (pour 84,5km), 15h après-demain (pour 95,1km) donc je crois qu'il n'y aura pas de CR avant mercredi prochain, sauf par Pascale à qui j'aurai donné des nouvelles par téléphone.

     

    à+Fab****

     

    J'ai essayé de poster ce CR le soir même, mais dimanche soir le réseau était saturé et je n'ai pas pu l'envoyer. Donc vous le recevez avec un peu de retard.

     

     

     


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  •  Wilhelmina – Storuman : 68,3km.

    Quand nous sommes partis de Wilhelmina ce matin, le temps était couvert mais il n'y avait pas de vent ce qui n'a rendu le départ trop froid comme on l'avait craint un moment.

    Une côte dès les premiers hectomètres, ça calme, et une fois franchie, le long serpent gris pouvait se déployer pour nous mener à Storuman.

    Mes sensations étaient bonnes, quelques petites douleurs ici et là, mais j'étais assez optimiste en me disant que la fatigue généralisée disparaissait petit à petit.

    J'ai couru seul pendant une quarantaine de kilomètres, naviguant à vue derrière les coureurs avec qui (ou devant qui) j'étais il y a encore une huitaine de jours. Du 8km/h comme ça, je signais tout de suite et en extrapolant, je me faisait déjà un plan d'arrivée vers 14h30, soit après 8h30 de course.

    Mais .. car il y a un mais, c'était sans compter de nouveaux arrêts en forêt, des averses de pluie puis de neige et sans compter les quelques kilomètres de route en travaux où nous avons dû courir sur de gros graviers et sur une chaussée déformée, croisant de temps à autres des véhicules ne se souciant parfois pas du danger de nous projeter des graviers de par leur vitesse.

    Pour moi, ça a été le début de mes ennuis. Quand il y a une chaussée déformée, je suis obligé de lever plus haut les pieds et au bout d'un moment, des douleurs se sont réveillées : ischios, bassin, adducteurs, quadriceps (principalement sur la jambe gauche). A la fin de cette partie, je ne pouvais plus courir sur du 8km/h et quelques kilomètres plus loin, Christophe, que j'avais laissé courir à son rythme, me rattrapa a gré d'un ravitaillement. Nous avons donc terminé l'étape ensemble. J'étais déçu d'avoir flanché comme ça, pour une fois que j'avais de bonnes sensations. Le froid des averses m'a aussi gêné et j'ai conservé le poncho jusqu'à une dizaine de kilomètres de l'arrivée où le temps s'était éclairci.

    Les paysages, au fil de notre montée vers le Nord (on a passé le 65° parallèle Nord aujourd'hui), sont tout aussi forestiers qu'avant, mais les sous bois sont constitués de végétation rabougrie poussant parmi les roches arrondies sans doute restes d'anciens glaciers.

    Nous avons vu aussi de vastes étendues dénuées de haute végétation, sortes de steppes, dans lesquelles nous avons cherché en vain à apercevoir quelque animal, renne ou caribou.

    De nombreux petits lacs et ruisseaux montrent que la neige était encore là il y a peu, de petites fleurs poussant en nombre autour de ces zones humides.

    Toujours aussi peu d'habitations pendant ces longs kilomètres, quelques « hameaux », peu de circulation en ce samedi sinon des touristes hollandais, danois, allemands et même français. Donc, la compagnie de Christophe m'a été d'un grand secours au moment où psychologiquement j'aurais pu encore une fois sombrer.

    Ce soir, c'est dur à encaisser d'avoir passé tout ce temps supplémentaire sur la route (9h30 de course environ), mais le moral est là.

    J'appréhende tous les jours les nombreuses heures de bonus sur les routes suédoises, mais à la fin, elles finissent par passer quand même.

    Et point positif, je ne risque pas d'arriver à la tombée de la nuit ... car là où on est, elle ne tombe plus.

    Sur cette petite note d'humour, je vous laisse et vous dis à demain pour la suite des aventures nordiques de Fab****.

     

    à+Fab****

     

    PS : aujourd'hui, c'était ma 200ème course d'au moins la longueur d'un marathon. (72 étapes de la Transe Gaule, 49 étapes de la TEFR, 53 marathons, 20 « 100km » + 3 où j'ai abandonné après le km 45 au moins + 3 « 24h » = 200.

    Objectif : le 21 juin en être à 215.


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