• CR de mes 24h d’Albi : 22 et 23 octobre 2022.

    L’avant course
    Pour me rendre à ces 24h, j’avais prévu de louer un petit fourgon aménagé dans lequel je pourrais dormir la veille de l’épreuve, transporter la demie tonne de matériel que j’emporte régulièrement avec moi sur ce genre de course et que je n’utilise que très partiellement et surtout m’éviter la contrainte de devoir prendre le train dont la fréquence et la desserte pour Albi ou sa région depuis chez moi sont dignes du XIXème siècle. Tout ça aussi dans le but de ne pas dépenser trop d’argent et d’énergie pour m’y rendre et en revenir.
    J’ai trouvé un loueur très sympathique, qui proposait des véhicules adaptés pour ce genre d’aventure d’un week-end en solitaire et ce, à un tarif assez intéressant et avec une marge de manœuvre pas trop stricte. Donc la double nuit d’hôtel, les repas, le prix des déplacements et leurs contraintes géographiques et horaires, la réduction de la quantité de matériel à laquelle j’aurais dû procéder et toutes les autres conséquences induites m’auraient coûté à peine moins au total que ce que j’ai eu à payer pour mon séjour albigeois.

    Je suis parti de chez moi avec tout mon chargement, ai transbordé le tout dans le fourgon et j’ai pris la route vers 10h30 le vendredi. L’option choisie de dépenser le moins possible me fit opter pour un itinéraire sans péages et aussi plus court en distance : Cholet, Poitiers, Limoges, Brive, Montauban et Albi. De plus, de rouler moins vite devait aussi me faire économiser du carburant. Le voyage dura certes deux heures de plus que si j’étais passé par Bordeaux et Toulouse, mais la compensation fut de passer dans des endroits magnifiques, entre Brive et Montauban notamment où je dus quand même prendre une portion de route payante.
    Je suis arrivé à 18h30 à Albi et le temps de trouver le parking réservé pour les camping-cars et de m’installer, d’aller retirer mon dossard à l’accueil et de reconnaître l’emplacement des stands pour me réserver une place, il faisait déjà nuit et je décidai donc de dîner dans le véhicule; j’avais acheté toute mon alimentation pour les repas du vendredi soir et du dimanche midi et soir ainsi que mon petit-déjeuner du samedi matin et éventuellement du lundi matin. J’eus le temps de préparer toutes les petites choses utiles pour le lendemain pendant la course. Je remplis mes bouteilles de sirop, fixai mon dossard au maillot de mon nouveau club, l’Ultra Marathon France (UMF), préparai mes crèmes et pansements protecteurs pour la course et mis dans des sacs spécifiques les différentes tenues de rechange.
    La nuit dans le fourgon se passa bien, il faisait bon et quand les premières lueurs du jour naissant apparurent, je me levai. Je commençai par aller placer mon matériel sur mon emplacement de ravitaillement, cela me prit deux voyages, et je pris mon petit-déjeuner. Je procédai ensuite aux préparatifs habituels avant ce type d’épreuve au long cours.
    Je me rendis enfin pour de bon à ma table de ravitaillement où je retrouvai avec grand plaisir Jean-Pierre Richard que je n’avais plus revu depuis de nombreuses années et avec qui 10 ans auparavant j’avais fini la TransEurope, de Skagen au Danemark jusqu’à Gibraltar. Gibraltar – Albi, le raccourci était évidemment plus temporel que géographique, mais l’émotion intacte. Il devait faire l’assistance de Sébastien Barreau, un autre compagnon de courses à étapes que j’avais aussi plaisir à revoir. J’étais installé à la même table que Steeve Gault et son staff d’accompagnateurs et je revis plusieurs autres amis tous rencontrés sur des ultras. Pascal Prenez que je ne connaissais que par forum interposé vint me voir et ça me fit plaisir de mettre un visage sur un nom.
    L’heure du départ approchait et il fallut qu’on se regroupe sur le site du départ à l’autre bout de la piste. Nous étions à peine 70 à prendre le départ. Cinq minutes après nous ce seraient les coureurs des 100km qui prendraient notre suite. Le temps était beau et la météo annoncée prévoyait du soleil et la chaleur qui va avec. Donc bien s’hydrater était le réflexe à adopter rapidement et fréquemment pendant les premières heures de la course.

    La course.
    À 10 heures précises, nous sommes partis sur la piste et après 200m environ nous sommes passés une première fois sur les tapis de pointage pour passer devant nos stands et ensuite finir le tour de piste et la quitter en virant à droite afin de passer sur du bitume et remonter légèrement vers les ravitaillements de l’organisation. Le parcours continuait vers des plateaux d’EPS, contournait un premier terrain de foot, revenait vers le plateau d’EPS pour nous faire passer derrière la tribune principale, puis faire le tour du terrain de rugby par la coursive extérieure et revenir sur la piste finir la boucle de presque 1500m.
    J’aime bien ce format car on ne passe pas trop fréquemment aux stands et la tentation de s’y reposer est aussi moindre. De plus, le marquage des hectomètres donnait des repères intéressants pour une éventuelle alternance course/marche.
    Ma gestion de course était basée sur du 6 tours à l’heure, avec tous les trois tours la prise d’une boisson légèrement sucrée et toutes les deux heures d’un ravitaillement solide. Je ne sais pas vraiment si je suis parti trop vite, mais pendant les quatre premières heures j’ai respecté mon allure programmée, atteignant les 36km puis j’ai commencé à prendre un peu plus de temps soit à me ravitailler, soit à mettre en place de manière plus structurée mon alternance course (400m) et marche (100m) que les presque 1500m de la boucle et le marquage hectométrique permettaient sans avoir trop à y penser. De plus, avec Pascal nous avons établi une sorte de stratégie commune à partir de ce moment, l’un aidant l’autre selon les besoins individuels de se remotiver. 7km/h pour les deux heures suivantes puis 5km/h pour la tranche 6h/8h. Au tiers de l’épreuve, j’avais presque atteint les 60km ce qui me convenait pour le moment mais je craignais de n’avoir pas assez de ressources pour maintenir un tempo de 7 km/h jusqu’à la mi-course d’autant que le petit matelas constitué lors des premières heures s’était considérablement dégonflé. Pas top pour passer une bonne nuit.
    Au fil des heures, notre avancée était cadencée autour des périodes de course et des périodes de marche, assez régulièrement entrecoupées d’arrêts aux ravitaillements où je mangeais toutes les deux heures une purée au jambon et au fromage tout en buvant de l’eau pétillante et du coca puis plus tardivement un verre de bière de temps en temps, en n’omettant pas de prendre le dessert en repartant courir à savoir des quartiers d’oranges bien rafraîchissants. Ainsi, notre kilométrage augmentait peu à peu : 67km/9h, 85km/12h, passage aux 100 en 14h22, 106km/16h, 119km/18h.
    Trois-quarts de faits ! Qu’aller chercher à ce moment de la course ? Les 160 ? Sachant que les 6 dernières heures n’avaient pas été très prolifiques, ça allait être difficile. Mais qui ne tente pas ne risque rien. Alors progressivement la machine se remit en route pour, à partir de la 20ème heure, trouver une allure assez rapide – pour moi – et me donner une moyenne de plus de 7km/h. En consultant mes temps au tour, 8 de mes 42 meilleurs tours ont été réalisés lors des 8 derniers que j’ai courus, 30 autres étant placés en début de course. Va donc falloir travailler la partie intermédiaire.
    J'ai fait donc 42 tours à plus de 7,5km/h dont 15 à plus de 9km/h, 45 tours entre 6 et 7,5km/h, 10 entre 4,5 et 6km/h et 8 à moins de 4,5km/h.
    À un tour de la fin j’étais 21ème et au dernier passage sur la ligne j’étais encore 20ème. J’ai continué mon effort jusqu’au signal de fin de course et j’ai posé ma marque là où je me suis arrêté. Au final, après mesurage et publication officielle, j’ai vu que j’avais fini 17ème. Donc sans le savoir, j’avais gratté 4 places lors des 2 derniers kilomètres dont 3 dans les 400 derniers mètres. 156,813km au total, si près et si loin de l’objectif initial. Mes 8 arrêts plus ou moins longs, entre 5 et 25 minutes m’ont sans doute empêché d’aller au-dessus des 160. J’aurais pu me passer de certains moments où je trouvais n’importe quel prétexte pour faire durer la pause un peu plus longtemps.

    Une fois arrivé, après avoir bavardé avec quelques amis coureurs, après les félicitations mutuelles, je suis allé prendre ma douche, charger tout mon barda dans le fourgon et j’ai rejoint la salle de remise des récompenses. Il était un peu plus de midi quand ça s’est terminé, il fallait rentrer sur Nantes. Je voulais commencer le voyage du retour avant que les premiers symptômes de fatigue n’apparaissent. Je quittai donc l’enceinte sportive et réussis à trouver la bonne direction pour retrouver l’A20 à Montauban. Je m’arrêtai une première fois pour dormir une heure sur une aire de stationnement, puis repartis pour continuer mon voyage et stoppai une seconde fois sur une aire d’autoroute pour aller prendre un café double et me reposer encore un peu. Je rencontrai avec surprise Pierre Mitev qui finit 6ème et 1er M6, et Angus Irvine le vainqueur des 24h. Je suis rentré en effectuant donc des sauts de puce dormant une heure par-ci une heure par-là, me restaurant par la même occasion – j’avais du stock en réserve. J’atteignis mon domicile à 3h30. Je me couchai pour sombrer dans les bras de Morphée. Et à 7h30 mes petits-enfants me réveillèrent tout guillerets et contents de voir que leur papi était rentré. Du coup après un petit-déjeuner tous réunis, je suis allé rendre le véhicule chez mon loueur non sans avoir remis 140€ de carburant (après les 50€ de complément de l’aller, ça fait 190€ de gasoil pour ce long week-end). Après les 294€ de location plus les deux portions de péages soit environ 25€, ça fait peut-être un peu cher pour aller courir un 24h mais j’en suis revenu assez satisfait et rassuré quant à ma faculté de combattre lors des moments plus difficiles.

    L’organisation a été très bonne, les bénévoles aux ravitaillement très gentils et très réactifs, les secouristes toujours présents autour du circuit pour nous encourager. Merci à eux tous.
    à+Fab


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