• CR des 24 heures d’Aulnat 2011.
    Préparatifs 
    Le fait que la course se déroule sur un week-end de trois jours et la programmation du départ pour 16h ont joué un rôle prépondérant dans ma décision de m’inscrire. De plus, Emmanuel, Berurier pour ceux qui fréquentent le forum, qui n’habite pas loin de chez moi, avait lui aussi envie de venir tenter son premier 24 heures, sur une course dont l’organisation avait déjà fait ses preuves. On a alors décidé de faire du covoiturage, de faire une halte le jeudi soir aux deux-tiers du parcours Nantes-Aulnat et de reprendre la route tranquillement le vendredi matin. Autre point crucial dans notre décision : la possibilité de dormir après la course et de repartir frais et dispos le dimanche vers Nantes. Le dernier argument pour nous donner envie de nous joindre à cette fête de l’ultra a été la présence de beaucoup d’amis coureurs , certains côtoyés sur la Transe Gaule, d’autres sur les 24h de Séné, de Rennes ou d’Aulnat (2008 et 2009), et d’autres encore, jamais rencontrés mais déjà connus par l’intermédiaire du forum.
    Avec Berurier, quand nous sommes arrivés, Droopy et son équipe montaient les derniers barnums abritant les ravitaillements personnels et nous avons alors commencé à choisir nos futures places aux tables. Ensuite nous sommes allés chercher nos dossards et nous avons choisi aussi un emplacement pour installer nos couchages dans la salle qui ne nous serviraient pas avant le samedi soir espérions nous alors.
    J’avais un barda « pas possible », comme d’habitude d’ailleurs, mais là, j’avais fait encore plus fort : une dizaine de sacs « style sac à courses d’hypermarchés » dans lesquels j’avais préparé plusieurs tenues de rechange au cas où j’aurais eu froid, ou chaud, ou pour palier tout impondérable.
    Je suis allé préparer mes boissons énergétiques, en l’occurrence de la grenadine que je versais dans 36 petites bouteilles de 25 ou 33cl. Cela devait m’éviter de m’arrêter pour en remplir une à chaque tour, je n’aurais qu’à en prendre une au vol et déposer l’autre.
    Les dernières heures avant le départ ne furent pas si longues que ça ; on avait le temps de prendre notre temps, de penser à tout et même de s’allonger un peu pour se détendre. On pouvait aussi taper la discute avec les copains, mais on sentait bien que l’heure H approchait et que chacun commençait à rentrer dans sa bulle.

    La course 
    Le départ fut donné à 16h et la première impression fut que ça démarrait fort, très fort… et cette impression dura longtemps, très longtemps. Je fus surpris de me faire dépasser aussi rapidement après si peu de tours effectués et en regardant ma position au classement au fil des tours, au-delà de la 100ème place sur 161, je me dis que soit le peloton avait un excellent niveau, soit beaucoup étaient encore une fois partis très vite, trop vite, et que j’allais entamer une remontée progressive au fil des heures, comme d’habitude. L’ambiance était superbe, on se faisait acclamer à chaque tour par les enfants de Tot, par les accompagnateurs de Thierry Douriez et par les autres personnes présentes au bord du circuit.
    A la fin de la première heure, j’étais dans mon 8ème tour (passage sur la ligne en 52’20’’ pour 7 tours complets et 8,268km) et pointais à la 109ème place. Je courais à un rythme prudent, profitant du beau temps et du soleil qui déclinait progressivement vers l’horizon où le Puy de Dôme trônait tel un juge de paix sur notre progression.
    Une heure plus tard et 8 tours de plus d’effectués (17,717km, 89ème place) le soleil avait disparu derrière les monts et on sentait que la fraîcheur relative allait arriver, mais je retardais un peu le changement de tenue. Je suais mais n’avais pas encore froid. Mon allure était régulière, le timing de mes ravitaillements bien rôdé maintenant, il restait à rester patient, à faire que le temps passe vite, que les premières douleurs apparaissent le plus tard possible. Un point positif : comme j’avais mis les guêtres, je n’avais pas connu un seul arrêt pour retirer quelque petit caillou malvenu. En revanche, comme mon hydratation avait été bonne et régulière, je comptabilisais les arrêts pour uriner : déjà 4 en deux heures !
    Je n’avais pas prévu de marcher si tôt dans la course, gardant l’alternance pour plus tard, dans la nuit. La troisième heure se conclut sur un 23ème tour (soit 27,166km, 80ème place). Je commençais à m’alimenter avec autre chose que mes barres de céréales ou autres compotes et je pris une purée avec du jambon, avalée goulûment en marchant quelques mètres puis je repartis dans la nuit où le parcours était éclairé par les lampadaires des boulevards ainsi que par les projecteurs des terrains de football. Il y avait des séances d’entraînement de football et à chaque tour le jetais un coup d’œil pour me changer les idées. J’observais un jeu très intéressant lors de l’entraînement des féminines et me décidais de le mémoriser pour le proposer aux benjamins que j’entraîne en athlétisme, en l’adaptant toutefois.
    Ce spectacle avait eu le don de me faire avancer et d’engranger les kilomètres : 4ème heure, 30 tours, 35,435km, 83ème place. J’avais passé une veste coupe-vent pour me protéger de la fraîcheur.
    5ème heure, 37 tours, 43,7km, 78ème.
    6ème heure, 44 tours, 51,970km, 74ème. Il était 22 heures on était déjà dans la nuit depuis plus de 3 heures et il en restait encore de longues à passer avant de voir le jour poindre à l’horizon. Patience, patience. J’avais mis le MP3 pour me couper du temps, pour éviter de cogiter et la musique me porta jusqu’à la 9ème heure. Mais toujours je conservais ma lucidité pour répondre aux encouragements des enfants de Tot et à Romain, fils de Titi Douriez. 
    J’étais passé en 7h à mon 50ème tour (59km, 75ème), à la 8ème heure j’avais fait 57 tours (67,3km, 64ème) et une heure après, j’avais presque atteint les 75km : 63 tours, 74,4km, 63ème.
    Pendant tout ce temps, Emmanuel, berurier, continuait à son rythme et j’admirais sa ténacité à respecter son tableau de marche : il avait fixé un tempo lent mais efficace et j’étais content de voir qu’il engrangeait les kilomètres sans peiner outre mesure, en tout cas il n’en donanit pas l’impression.
    Je m’arrêtais pour changer entièrement de tenue : chaussettes, chaussures, cuissard, t-shirt, sweat shirt, et je remettais de la crème protectrice un peu partout. Cet arrêt dura plus de 20 minutes et je me retrouvais à la 10ème heure avec « seulement » 67 tours au compteur et 79,1km (67ème position).
    Difficile de continuer de prétendre approcher les 200km, objectif haut fixé « si tout se passait au mieux » et pour les 192km (8 à l’heure et accessoirement mon record) ça commençait à sentir le pâté.
    Alors sans aucune pression, je poursuivais ma route, ne recherchant que le plaisir d’être là et d’assister – c’est ça qui est chouette sur les 24 heures, on est acteur et spectateur – à une belle empoignade entre les potentiels internationaux. Bon, il est vrai aussi que même chez les champions la situation s’était déjà pas mal décantée, certains ayant « bâché » avant l’heure. 
    Prochaine étape : les 12 heures de course… que j’atteignis après un passage aux 11h avec 74 tours et 87,5km (58ème) .
    Mi-course, pas mi-parcours : 12h = 81 tours, 95,7km (53ème).
    Ça devenait dur au niveau sommeil et on pouvait reprendre le refrain de Chagrin d’Amour :
    « 5heures du mat' j'ai des frissons, Je claque des dents et je monte le son, 
    Seul sur l’anneau Dans mes runnings, j’fais l’beau… » mais j’ai une grosse envie de roupiller qui me fait zigzaguer dangereusement. Alors je stoppe aux stands pour demander un petit remontant, en l’occurrence un thé, puis un coca puis encore un coca et ensuite un autre thé… à chaque tour je m’enfile un verre et peu à peu – ça mettra plus de deux heures avant de me réveiller vraiment – je reprends vie et ne semble plus enclin à aller faire une petite sieste. J’ai aussi pris tout mon temps pour manger quelques soupes, profitant de sièges accueillants au stand de Robert et Martine Bertin et de Fred Gallais.
    Les dégâts sont là par contre : entre la 12ème et la 15ème heure, je n’ai fait que 15 tours soit à peine 18km, une allure de randonneur parti en pique-nique !
    13ème heure : 85 tours, passage du 100ème km (100, 4km) 58ème.
    14ème heure : 90 tours, 106km, 57ème.
    15ème heure : 96 tours, 113km, 54ème.

    Un rapide calcul me fit comprendre que si ça perdurait comme ça, je n’aurais pas beaucoup de km au bout des 24h, alors je me mis des coups de pieds aux fesses (et pas du talon-fesse !) pour repartir de plus belle.
    J’avais jeté le GPS, réajusté ma tenue et je commençais ma folle remontée. Je fus accompagné quelques tour par la première féminine qu’au début je suivais, n’osant pas la dépasser puis quand j’estimais que son allure n’était pas assez rapide pour mon moment d’accélération, je la doublais et effectuais quelques tours en pleine euphorie. Le jour s’était levé, le soleil encore caché par les hauteurs environnantes rougeoyait les nuages et éclairait les sommets situés à l’ouest. Il finit par dépasser l’horizon et indiqua que la journée allait être encore une fois belle et tiède.
    Mais il restait un tiers de la course à courir, 8 heures et pas deux ou trois comme lors des autres éditions. Et toujours les acclamations de la petite famille Tot.
    16ème heure : 104 tours, 122,8km, 47ème. 
    17ème heure : 110 tours, 130km, 46ème.
    18ème heure : 117 tours, 138km, 43ème.

    Allez, plus que 6 heures, et la forme qui tient toujours. Ça fait un moment que j’ai réduit l’allure, mais ça m’a rassuré quant à mon envie de courir. J’aurais pu être découragé, mais au contraire je me suis fixé d’autres challenges, le premier étant de faire mieux qu’à Séné cette année (179km) ce qui, en 6h, n’était pas inaccessible à condition de ne pas s’arrêter batifoler en cours de route.
    Un second objectif se mit progressivement en place : atteindre les 185km, mais pour cela il faudrait aller un peu plus vite et tenir une moyenne de 8km/h jusqu’au bout. Pas gagné, mais jouable quand même. Un autre objectif encore fut d’essayer d’entrer dans le top 20 des hommes et dans le top 30 au scratch. J’étais encore 43ème.
    19ème heure : 123 tours, 145km, 41ème.
    Une petite surprise, quand même attendue depuis un moment, la visite de Nadine (Miaou sur le forum AE) et de son mari. Comme elle attend un heureux événement pour décembre, on ne voulait pas rater l’occasion avec Emmanuel-berurier de nous arrêter l’embrasser et de lui offrir une petite peluche de chat qu’on avait achetée exprès. Elle a semblé ravie et nous sommes repartis pour nos tours de piste ragaillardis par ses encouragements. Berurier commençait à sentir l’appel de Morphée de plus en plus insistant mais il luttait. Son objectif de réaliser 150km était proche, il devait néanmoins lutter.
    20ème heure : 130 tours, 153,5km, 35ème.
    Midi, déjà, ou seulement, selon qu’on soit optimiste ou pessimiste. Il va me manquer des minutes, je le sens. Et c’est devenu difficile de se rendre compte de son aisance d’autant plus que beaucoup de coureurs sont revenus et je me fais doubler. Cela contraste vraiment avec les premières heures du jour où la majorité des coureurs marchaient, et ceux qui couraient, je ne les voyais pas car on devait être dans le même tour… sauf Titi Douriez qui enfilait les siens comme des perles sur un collier. Son record était en vue, celui de l’épreuve aussi : à chaque fois que je le voyais, quand il me prenait un tour, j’essayais de l’encourager tout comme lui-même le faisait.
    21ème heure : 136 tours, 160,5km, 33ème place.
    22ème heure : 142 tours, 167,7km, 32ème.
    Allez, encore un petit effort et le top 30 est atteint au scratch et le top 20 chez les hommes.
    Je remettais ma tenue de club pour les deux dernières heures et accélérais légèrement la cadence pour tenter d’engranger le plus de bornes possible.
    23ème heure : 149 tours, 176km, 29ème place.
    La dernière heure fut longue et je comptais combien il me restait de tours à faire pour augmenter ma marque de plus en plus. 
    Quand la fin de ces 24 heures fut sifflée, je savais que j’avais dépassé les 184km mais que je n’avais pas eu assez de ressources pour gagner les quelques 500m qui me manquent pour passer les 185km. 
    Au final, j’étais content de mon résultat (184,486km, 20ème homme, 4ème VH2, 27ème au scratch) car je ne savais pas vraiment si j’allais bien négocier l’heure tardive du départ. J’ai connu quelques moments de fort appel du sommeil, mais j’ai réussi à lutter. Il y a néanmoins une grosse perte de temps lors de ces trois heures de somnolence, ce qu’il faudra que je travaille ça pour les prochains 24 heures.

    J'étais content aussi pour berurier qui a dépassé les 161km pour son baptême du feu. Bravo pour sa gestion de course et son abnégation.

    Pour le reste, en ce qui concerne mon organisation, la préparation de mes boissons, le gain de temps que cela a engendré… ce fut satisfaisant, tout comme le port de guêtres qui a fait que je n’ai jamais eu à m’arrêter pour retirer de cailloux. Autre point à améliorer la prochaine fois : le changement de tenue express, en moins de 5’ et non pas en 20 ou 25’. Mais la météo avait été si belle qu’elle m’a permis aussi de ne pas utiliser les trois-quarts des sacs que j’avais emportés. Une fois à la maison, le dimanche, je n’avais qu’à tout ranger dans les placards sauf les tenues utilisées pendant la course.

    Encore mille mercis à Droopy de nous avoir vraiment offert cette édition collector.
    A+Fab******


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