• CR des 24h de Ploeren 2022 (3 et 4 décembre 2022)

     

    1/ La chasse aux « pourvu que ... » :

    Quelques semaines après mes 24h d’Albi où j’avais renoué avec les courses de 24h, je me présentais au départ des 24h de Ploeren avec beaucoup d’interrogations et beaucoup de souhaits.

    Le premier était de ne pas souffrir de mes pieds, même si je savais le parcours parfois chaotique au niveau du revêtement. Le second concernait la météo où de la fraîcheur était annoncée et je ne souhaitais pas avoir froid pendant le jour et surtout la nuit quand il faut sortir de la salle chauffée pour attaquer un nouveau tour. Le suivant sur la liste tenait en ma faculté ou non de faire face à l’appel du sommeil. Rien n’est plus perturbant que de se voir au bord de l’endormissement et de ne pas pouvoir influer sur celui-ci. Enfin, je souhaitais vivement pouvoir m’alimenter correctement et régulièrement, sans avoir de nausées. Il y avait d’autres « pourvu que », mais d’un niveau moindre comme celui d’être placé près du circuit sans avoir à enjamber les endormis ou à slalomer entre les rangées de tables pour accéder à ma table de ravitaillement. J’avais anticipé sur beaucoup d’autres points qui paraissent futiles comme ça au premier abord mais qui s’avèrent importants si la demande se faisait plus pressante. Je pense à mes tenues de rechange, à mes petits en-cas, à mes petites bouteilles de sirop préparées le matin même de la course, à mon matériel de pharmacie pour me protéger… Deux derniers soucis potentiels concernaient les endroits où j’allais garer ma voiture et où j’allais m’installer.

     

    2/ Le voyage avec Bob :

    M’ayant contacté quelques semaines avant la course, je me fis un plaisir d’aller chercher l’ami Bob à la gare de Nantes afin de l’héberger, de l’emmener avec moi sur la course le lendemain matin et de le ramener à la gare le dimanche après-midi une fois la douche prise et une petite collation avalée.

    Je lui ai fait découvrir Trentemoult où nous avons pris une petite bière en bord de Loire après être allés sillonner les ruelles où les maisons aux façades multicolores en égayaient l’atmosphère qui était plutôt orientée vers la grisaille en ce vendredi en fin d’après-midi. Le soir, nous avons mangé et discuté nous remémorant quelques anecdotes concernant nos épreuves passées, du banal quoi !

    Le lendemain, après une bonne nuit, nous avons pris la route pour rejoindre le Morbihan. Nous y avons retrouvé nombre de connaissances, d’amis, de fidèles compagnons de route et fait connaissance avec de nouvelles personnes qui tôt ou ntard entreront elles aussi dans ce cercle de plus en plus grand que constitue cette famille de l’ultra.

    J’avais prévu une petite collation avant le départ pour Bob et moi afin de compenser la distance relative du petit déjeuner. Midi approchait, il fallut se rendre sur le site du départ, situé aux antipodes de la salle.

     

    3/ La course :

    Nous étions plus de 250 au départ, dont la moitié sur les 24h et le tiers sur 6h. Ça en fit du monde pendant les premiers tours avant que le serpent « s’étire de plus en plus et commence à se mordre la queue ».

    Je fis route commune avec mon ami de longue date sur cette course, Jean-Gabriel, avec qui nous avons plaisir à nous revoir d’autant plus que ces dernières années nous avons raté des échéances communes.

    Ma stratégie, guidée par les « pourvu que » me fit prendre une allure très prudente, d’autant plus qu’il ne faisait pas chaud, que le vent était orienté vers un secteur peu habituel pour Ploeren où majoritairement on a des vents d’Ouest. Là, c’était plutôt un vent de secteur Est-Nord-Est soufflant à une vingtaine de km/h ce qui ajouta de la froidure à la fraîcheur ambiante. Je souhaitais prendre une petite bouteille de 33cl de sirop tous les 10 tours (10km) en buvant la moitié aux 5km. Toutes les deux heures, j’avais prévu de manger quelque chose, un gâteau de riz, une barre de céréales ou une pâte d’amandes et après 6h de course de commencer à attaquer la soupe et la purée au jambon, hélas sans gruyère. Je me tins à cette discipline qui me permit de passer les 50km en moins de 6h. La nuit était déjà installée et il fallait ne pas trop penser qu’on ne reverrait le jour que 14h plus tard au moins. Pourtant j’y pensai quand même. Ça allait être diablement long ! C’est là que le mental vint prendre le relai et me faire prendre conscience que j’étais là pour « m’amuser » tant puisse-t-on parler d’amusement pour une épreuve où les douleurs n’allaient pas rester au chaud dans leur coin. Et puis, Sorokin a tellement poussé loin le record du monde que je me suis résigné à courotter à mon allure de sénateur. Enfin, les bornes s’enfilaient toutes seules. Un point positif fut atteint aux 6h car un tiers du peloton allait nous laisser nous débrouiller tout seuls et on allait enfin ne plus se faire dépasser par des bolides qui parfois étaient limite courtois dans les parties un peu étroites. Restaient les relayeurs qui nous enrhumaient à chaque tour pris, mais moins nombreux sur le circuit ils n’allaient pas s’avérer très perturbants.

    Prochain cap à viser : les 12h de course. Après 50km en 6h je ne rêvais pas d’un 100km mais je souhaitais néanmoins rester au-dessus des 90km. Je passai pile poil les 90km au moment du coup de sifflet annonçant la fin des 12h. Il me restait 500m avant de revenir aux stands afin de procéder à un changement de bonnet, de buff et de gants et de manger avant que les tables de ravitaillement ne soient prises d’assaut. Une nouvelle soupe et une purée jambon que je mangeai à ma table tranquillement ce qui constitua un petit peu de repos et je repris la course en ayant un peu froid d’être resté si longtemps au chaud.

    Aux 15h de course, l’appel du sommeil me fit faire un plus long arrêt à ma table. J’avais 106km au compteur (passage aux 100km en moins de 14h) et les pieds commençaient à me faire de plus en plus mal et comme mon état de vigilance n’était plus au maximum, je ne faisais plus attention où je posais les pieds d’où l’exacerbation des douleurs. Ce laps de temps de récupération fut mis à profit pour changer les maillot et sweat-shirt que j’avais conservés depuis le départ. Bien au sec, je n’avais plus froid, mais là, j’étais dans la salle, trop bien au chaud. Alors, je posai ma tête sur mes bras pour essayer de dormir quelques minutes. Je réussis à récupérer de la sorte si bien qu’après 17h de course je me remis à courir. J’avais fait plus de 110km. Il en restait 40 à 50 selon ma motivation.

    J’avais repéré les endroits où je pouvais courir et ceux où il était préférable que je marche et de cette manière j’ai emmagasiné les bornes. 18h / 117km, 20h / 130km, 21h / 136km.

    Le jour était levé, je courais toujours, je dépassais plus de monde que l’inverse, la majorité des coureurs marchait sauf les premiers et ceux qui avaient fait une bonne pause régénératrice et qui avaient tout plein de jambes comme moi à ce moment.

    Je finis les 3 dernières heures à près de 7km/h de moyenne.

    Quand le sifflet de fin de 24h retentit, je posai mon galet avec mon dossard et ma puce en n’étant pas très loin de ce que j’avais réalisé 6 semaines avant à Albi : 155,922km contre 156,813km. Là encore, je m’étais rassuré. Certes, les 160km et plus ne sont pas encore assurés, il va falloir s’y faire et batailler fort pour conserver au moins ce niveau. Je finis 22ème ce qui est sympa.

    On verra l’an prochain où les objectifs sont nombreux mais pas sur 24h.

     

    4/ L’après-course

    D’abord les congratulations des uns et des autres, le plaisir d’en avoir fini et de pouvoir aller se laver et d’enfiler une tenue plus décontractée et surtout plus chaude. Ensuite la petite bière accompagnée d’un sandwich et le rangement des affaires dans la voiture avant de rentrer sur Nantes avec l’ami Bob que je n’ai pas eu l’occasion de voir beaucoup sur les 24h.

    D’ailleurs, j’ai vu et revu tant d’amis pendant ces 24h, j’ai discuté quelques minutes avec certains, j’ai eu du mal à en reconnaître d’autres emmitouflés qu’ils étaient dans leur tenue que rien ne laissait transparaître de leur identité. Il me fallut plusieurs heures avant d’en identifier certains, mais comme tout le monde se ressemble avec un coupe-vent et un bonnet et que les prénoms n’apparaissaient pas sur les dossards, je n’identifiais que ceux dont le style et la silhouette me parlaient. Parfois quand on se croisait on se faisait de petits signes ou on s’encourageait par la voix.

     

    Et je ne peux finir ce CR sans remercier l’équipe d’organisation toujours au top, nous accueillant avec de larges sourires, nous ravitaillant, nous encourageant, nous réchauffant le cœur quand parfois l’envie ne se faisait plus très pressante de repartir effectuer un nouveau tour dans le froid.

     


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