• Loire Intégrale 2015

    (mise à jour 19/04/2020)

    Je viens de terminer cette 11ème course à étapes de plus de 1000km effectuée en 10 ans. Cette année, il n'y avait que 1025km pour effectuer la descente de la Loire depuis sa source jusqu'à son embouchure. Vraiment sympa à vivre comme aussi de voir de merveilleux paysages.
    Voici donc le récit de ces 17 étapes.

    Étape 1 - Mer 5 Août
    Mt Gerbier de Jonc - Goudet (43) 50 km (camping « Au bord de l’eau » Goudet)

    Ambiance brouhahaesque au bar du camping de Goudet où le Maire nous a offert un pot d'accueil et d'amitié.
    La 1ère étape s'est bien passée sous une grosse chaleur avec de la montagne et donc du dénivelé "en veux-tu en voilà".
    Victoire de Patrick P 4h31’, 2ème Laurent SM 4h56’, 3ème Carmen 5h02’, 4ème Stefano 5h05’, 5ème Jean Louis crocsman 5h25’, 6ème JBJ 5h28’, 7èmes ex-æquo René L et moi-même 5h31’, 9ème Dom Caillé 6h03’, 10ème Fred Borel 6h29’, etc.
    Là on part manger puis dodo car demain le départ sera donné pour tous à 6h30.
    Pendant le repas ou après le repas Bernard va nous jouer quelques morceaux de musique.
    Super paysages et super ambiance. Loire intégrale = plaisir intégral

    Étape 2 - Jeu 6 Août
    Goudet - Retournac (43) 59 km 109 km (camping « les Ribbes » Retournac)

    La piscine est ouverte ce soir jusqu'à 22h et certains coureurs sont en train d'en profiter après cette journée de forte chaleur. Demain le départ est avancé à 6h car il va encore faire chaud pour aller à l'arrivée près de St Étienne.
    Aujourd'hui beaucoup ont souffert et plusieurs sont arrivés "cramés"avec du dénivelé au début (parcours "chameau" puis succession de plats-faux-plats avec progressivement la montée en température (entre 30 et 36°). Patrick Poivet a assuré après être parti prudemment. Ses proches suivants ont connu des fortunes diverses mais Laurent et Carmen ont complété le podium. Chez les seconds couteaux, le petit match amical à 3 s'est poursuivi et c'est JB qui m'a devancé, Crocsman arrivant juste après alors qu'il était devant nous toute la journée, mais la chaleur et la petite accélération "jibéesque" à quelques encablures de Retournac a eu raison de sa ténacité. Après vient René qui n'a pas voulu reprendre de risques et ensuite il y a un trou d'1 h comme hier. Stefano a payé cher son étape d'hier. Meilleure gestion de ma part, donc, même si à la fin je n'ai pu revenir sur JB. Je vous laisse car les yeux se ferment tout seuls.


    Étape 3 - Ven 7 Août
    Retournac - Saint Rambert (42) 57 km 166 km (camping « Frécon Vieux » Saint Just-Saint Rambert)

    Petite journée "galère" aujourd'hui alors que j'avais les jambes pour avaler les longues montées et descentes : mon cœur m'a fait le coup de la chamade à 5 reprises. La première, alors que j'avais laissé filer les bolides, est survenue après 2 km et j'ai dû m'allonger 5' pour faire passer la tachycardie. Je me suis alors retrouvé avec Fred Borel et j'ai commencé à rattraper d'autres coureurs jusqu'à Marie-Jeanne. La seconde arythmie se produisit alors et comme par enchantement un banc me tendait les bras. Je m'y allongeai à peine 2' et je repris la route. J'étais à 7 de moyenne depuis le départ ! La descente qui suivit me permit d'atteindre le ravitaillement 1 10 minutes après les hommes de tête (Jean Louis crocsman et Laurent) et 8' après Patrick et JB suivis de René.
    Je n'ai plus été ennuyé avant le marathon. Entre temps j'avais assisté à l'arrêt de Carmen, épuisée, en larmes. Elle avait souffert de la chaleur la veille déjà et n'avait plus de forces. A ce ravitaillement 2, ça m'a bouleversé, et il a fallu repartir. J'avais refait mon retard sur René et JB avec lesquels j'ai passé sans encombre le R3.
    La montée qui suivait me permit de rester au contact des deux compères et après une belle partie de yoyo ou d'accordéon, je ressentis les nouveaux symptômes d'une arythmie cardiaque que je gérai comme la précédente. Après une laborieuse montée j'étais avec JB et René nous suivait à distance quand nous atteignîmes le haut de cette dernière longue ascension. Or le cœur remit ça au moment où je retrouvais avec plaisir Robert et Martine Bertin venus nous faire une petite visite bien sympathique. Le temps de faire baisser le rythme cardiaque et de me ravitailler, ce qui prit 8' environ, et je repartais avec 12km à faire dont 7 ou 8 de descente. Avec la chaleur et les rares portions ombragées, je ne parvenais pas à me relâcher.
    Avant de suivre un chemin pour atteindre l'arrivée, une 5ème et dernière fois le palpitant s'emballa. Je l'ai vite géré, j'étais un peu désabusé et avec JB on a fini l'étape ensemble, pas trop fatigués à 7' derrière René mais à plus d'une heure des 2 premiers. Hans arriva en 6ème position Bien sûr, au classement ça fait "joli" de devenir 4ème, mais j'aurais préféré faire une autre moyenne que les 8,3 du jour.
    J'ai bien récupéré et je n'ai aucune douleur et aucun bobo digne de ce nom.

    Étape hécatombe avec 3 DNF. De plus, Crocsman a trouvé l'étape trop courte et est allé faire un peu de tourisme : il n'a pas vu le fléchage et s'est quelque peu rallongé.
    Je vous laisse car demain le départ est à 6h comme aujourd'hui.


    Étape 4 - Sam 8 Août
    Saint Rambert - Saint Jodard (42) 60 km 226 km (complexe sportif)

    Crocsman avait des ailes et le match à 4 ou 5 pour la 3ème place a sans doute tourné court aujourd'hui.
    JB, René et moi avons fini ensemble à une belle 5ème place certes mais à 1h10 de Crocsman, à 1h22 de Laurent et Stefano (qui ont marché les 5 derniers km !!! ) et 1h41 derrière Patrick. De mon côté, pas de blessure, juste un gros manque de jus et de faire du 8 à l'heure fait plus mal que de voir les gros écarts avec la tête de course.
    Un gros orage ayant inondé la tente où nous devions dormir mes affaires pourtant rangées dans ma valise ont été trempée. Mais la coque de ma valise est fissurée. Cet après-midi il fait beau, ça sèche.
    Bon, tout va bien quand même (j'allais écrire "tout baigne"). L'ambiance est comme toujours au top.


    Etape 5 - Dim 9 Août
    Saint Jodard - Chambilly (71) 62 km 288 km (complexe sportif de Chambilly)

    5ème étape avec un passage devant le château de la Belle au bois dormant. La sorcière du coin a dû me jeter un sort car j'ai perdu mes jambes : pourtant après l'orage d'hier et ma valise inondée je pensais avoir eu mon compte...
    Mes compagnons de galère et moi sur le chemin le long du canal de Roanne à Digoin à 8 de moyenne ! Et même pas blessé, il doit y avoir un truc qui fait masse.
    Ce fut à peine mieux que la veille et la fin fut assez poussive (tout comme le reste de l'étape d'ailleurs).
    Souhaitons que les jours prochains je puisse accélérer un peu pour retrouver une moyenne "décente" à moins que je n'aie pas le niveau de mes ambitions.
    On est à l'apéro-musical puis on va dîner et aller se coucher.



    Étape 6 - Lun 10 Août
    Chambilly - Gannay sur Loire (03) 72 km 360 km (complexe sportif de Gannay sur Loire)

    Une cascade de péripéties est venue s'ajouter à la très mauvaise journée passée à une allure d’escargot sur les routes de la LI : d'abord j'ai dû relaver et mettre à sécher les affaires trempées par l'orage de vendredi puis il a fallu attendre que l'intérieur de la valise sèche aussi ; ensuite le grand rangement , la préparation de la tenue pour le lendemain, les autres rituels, et quand il a fallu aller se coucher (et oui le temps passe vite sur la LI) je me suis méchamment entaillé un doigt avec mon rasoir en voulant prendre ma brosse à dents. Donc gros saignement que je n'ai réussi à endiguer qu'au bout de 30' avec l'aide de Nicole et de son vernis magique.

    L'étape d'aujourd'hui fut donc assez difficile pour moi, je n'arrivais pas à suivre le rythme de JB et René et les 4 premiers d'hier ont rapidement pris de l'avance même si Patrick est resté un peu en retrait. Un peu vallonné au début, le parcours nous a fait passer par le reste du canal de Digoin puis on a suivi une voie verte.
    J'avais rattrapé JB et René avec qui je suis resté pendant plusieurs km. René s'est détaché et j'ai continué avec JB qui n'avait pas beaucoup d'énergie. J'ai connu quelques petits soucis de moteur récurrents que j'ai gérés en marchant et après le ravitaillement 4 je me mis à accélérer et lâchai JB. J'ai couru à 9 de moyenne jusqu'au R5 malgré mes quelques arrêts. La suite fut un peu moins rapide mais je voulais limiter la casse et la perte de temps par rapport à Stefano et René. Ils étaient largement meilleurs que moi et ont fini loin devant. Les derniers km furent laborieux et un tendon (du côté de ma bursite) a commencé à me faire mal.
    Je finis plus d'1h40 derrière Patrick environ 1h derrière Laurent, Stefano et Crocsman, 25' aprés René mais 15' devant Frédéric, suivi de Hans puis JB (40' environ derrière moi). Au niveau météo on a eu de la chance, il y avait des nuages et la température n'était pas trop élevée.
    La commune qui nous accueille est toute petite (400 âmes) mais elle nous met à disposition sa salle des fêtes pour dormir et comme presque à chaque étape on a eu droit au verre de l'amitié offert lui aussi.
    Mes yeux se ferment, je coupe.


    Étape 7 - Mar 11 Août
    Gannay sur Loire - Fourchambault (58) 69 km 429 km (camping «Camping de la Loire» Fourchambault)

    J'ai eu de meilleures sensations aujourd’hui et j'ai réussi à courir des portions de 10km entre 9,3 et 9,8 km/h, mais avec le temps passé aux ravitos ça fait descendre fortement la moyenne qui reste inférieure à 9 sur l'ensemble de l'étape dont une partie s’effectua le long du canal latéral à la Loire puis sur la piste cyclable de "La Loire à Vélo" où les paysages furent assez agréables dans l'ensemble.

    Mais une longue ligne droite pour démarrer à froid le matin alors que vous avez gagné des points pour le concours de Mister catastrophe - j'ai renversé mon bol de café manquant de peu Patrick assis en face de moi et ça, ça vous met une grosse pression pour la journée, et JB pas en reste a fait la même chose ! A mon avis on a dû croiser une mauvaise fée ou respirer un nuage toxique : on a été élus boulets d'or de la journée.
    J’ai eu mal au tendon d'Achille pendant les 30 premières minutes puis après avoir assisté à un beau lever de soleil et admiré le canal avec de l'ombre, des cyclistes, des bateaux, des écluses, c’est allé un peu mieux.
    Les sensations sont revenues et j'espère surfer sur cette nouvelle dynamique demain et les jours suivants.
    Les autres copains et copines vont plus ou moins bien, certains ayant des douleurs (releveurs, ampoules, tendinites dues au dévers…)

    1er Patrick, 2ème Stefano, 3ème Laurent, 4ème Jean Louis, 5ème moi, 6ème René (à 4' seulement : il est costaud en ce moment et difficile à décrocher), 7ème JB...
    Je vais me coucher maintenant car demain il n'y a que 58km mais 34° sont annoncés, alors départ à 6h.


    Étape 8 - Mer 12 Août
    Fourchambault Cosne-Cours sur Loire (58) 58 km 487 km («Camping de l’île» Cosnes sur Loire)

    Très belle étape en partie à l'ombre pour ceux qui ont eu la chance de courir plus vite mais pour les autres ce fut le grand soleil et la chaleur (34° voire plus) qui va avec. Sancerre au détour de la piste cyclable de la Loire à Vélo nous est apparue dominant la vallée de ce long fleuve tranquille qu'on n'a pas beaucoup vu par contre.
    Un abandon sur blessure (suite à une autre blessure d'avant LI) : celui de Dominique Caillé qui s'est résolu à stopper ses souffrances au ravitaillement No 2 (22/23km).
    J'ai pris un départ prudent mais toutefois plus rapide que lors des étapes récentes. Les bolides étaient partis devant et vite, René et moi nous ne les voyions plus, sauf JB à plusieurs centaines de mètres. J'étais donc accompagné de René avec qui nous avions décidé de faire route commune, signant un pacte moral de non "agression" ce qui, compte tenu des conditions météo, nous convenait.
    Nous tournions à 6'20/1000 et à 9 de moyenne "lissée" par les ravitaillements. Il faisait bon, nous avons vu notre petit trio de campeuses qui suivent la même route que nous depuis la source de la Loire.
    Au ravito 3 nous avons dépassé JB et nous comptions alors plus de 30' de retard sur le 4ème (Jean Louis ou Stefano ou Laurent). L'allure devenait moins rapide mais supérieure à 8,5 et on s'arrangeait pour faire des pauses en marchant dès qu'il y avait un pont à franchir. La fin ne fut pas aisée en raison d'un gros manque d’ombre et la hâte d'en finir se faisait de plus en plus pressante. Il y avait 1 km de moins que prévu (mon GPS me donna même une distance globale de 56,5km au lieu des 58 annoncés).
    Nous avons fini 5èmes ex-æquo en 6h33’, pas très loin derrière Jean-Louis qui s'est encore un peu égaré (quand fabriqueront-ils des crocs avec GPS intégré ou détecteur de fausse route ?)
    Le 1er : Patrick, suivi de Laurent et Stefano (ou l'inverse), 4ème Crocsman, 5èmes René et moi, 7ème Fred Borel, 8ème JB, 9ème Hans Lachman, 10ème Marie-Jeanne...
    Demain, longue étape 71,5km. Franchissement du pont canal de Briare.
    Vivianne courra avec nous, pour faire les 2 étapes qu'elle n'avait pas faites en 2013.
    Fort risque de pluie voire d'orage ce qui fera peut-être chuter la température car 36 degrés ça use bien les organismes mais par contre le linge sèche plus vite
    Allez, c'est l'heure du dodo alors je vous dis à demain.


    Étape 9 - Jeu 13 Août
    Cosne - Cours sur Loire - Saint Père sur Loire (45) 71,5 km 558,5 km (camping «Le Jardin de Sully» Saint Père sur Loire)

    Étape longue et difficile pour moi surtout dans les 20/25 derniers km. Pourtant il n'a pas fait trop chaud et j'ai eu la chance de finir longtemps avant l'orage qui a trempé les 5/6 derniers coureurs. Un abandon précoce ce matin : Christian qui souffrait trop des jambes pour se lancer dans une épopée épique sur les routes et chemins de cette étape. Patrick gagne à nouveau devant le duo Laurent-Stefano puis viennent JL Crocsman, Vivianne, René et moi ensemble (merci à eux de m'avoir attendu et même traîné comme un boulet sut la fin ). Suivent Fred Borel à 5', JB à 10', Hans, Marie-Jeanne et ensuite c'est le trou de plus d'une heure pour voir finir sous la pluie Jos, Ewald et enfin les deux inséparables Kiki et Marie-Cécile, juste limites cut-off (qui ne sera pas éliminatoire). Elles souffrent, une a de sérieuses ampoules aux pieds. Leur courage est immense et elles finissent avec néanmoins un beau sourire. Demain, petite étape nous menant à St Jean de la Ruelle à côté d'Orléans).

     

     

    Étape 10 - Ven 14 Août
    Saint Père sur Loire - Orléans (45) 53,5 km 612 km (camping « Gaston Marchand » Saint Jean de la Ruelle)

    10ème étape courue sous une météo favorable : couvert, venteux à souhait, tempéré...
    Nous avons passé beaucoup de temps à longer la Loire sur la levée ce qui devint monotone au bout d'un certain moment même si j’en connaissais déjà des portions. Nous avons couru sur des pistes cyclables au revêtement tantôt style billard tantôt style trail, et sur très peu de routes ouvertes aux autos... On était tranquille et comme il y avait beaucoup de longues courbes à négocier pour suivre les méandres de la Loire, les runnings ont crissé dans les virages !
    J'ai de nouveau fait route commune avec René ; chacun à notre tour on menait l'allure. 5km avant Orléans nous avons traversé un parc agréable où les coureurs locaux doivent souvent s'entraîner puis une fois la Loire franchie pour revenir sur la rive droite, au nord, il restait 4500m de quais à se coltiner. Heureusement qu'il y avait quelques petits lièvres pour nous booster ainsi nous avons réussi à rester au contact de JB qui nous avait largement distancés dès le départ.
    1ers Patrick et Stefano, 3ème Laurent, 4ème Crocsman, 5ème JB, 6èmes René et moi, 8ème Fred Borel, 9ème Hans… A noter l'abandon de Marie Cécile qui souffrait de grosses ampoules.
    Nous ne sommes plus que 13 encore en lice, mais Jean revient demain tenter de finir la partie Orléans-Océan.
    Demain : 59km toujours le long de ce fleuve sinueux qu'on traversera 3 fois pour finir sur la rive gauche (sud).

    Étape 11 - Sam 15 Août
    Orléans - Vineuil (41) 59 km 671 km (camping « le Val de Blois » Vineuil)

    En ce 15 août, pour la 11ème étape, nous avons craint jusqu'au moment du départ de devoir courir sous la pluie. Ça n'avait pas arrêté de la nuit ! Heureusement il n’y eut pas de dégâts dans les paquetages comme ce fut le cas la semaine dernière. Nous avons donc quitté Orléans en deux vagues, les moins rapides dès 6h et les autres, dont je faisais partie, 30' plus tard.
    Comme tous les jours, la "bande des cinq" nous distança très rapidement, et comme tous les jours je me retrouvais avec René. On partait lentement et on gardait l'allure le plus longtemps possible. Ça semblait nous convenir à tous les deux et comme cela créait de l'entraide je me voyais mal aller lui "piquer" la courte avance qu'il possédait sur moi au général (8'). D'ailleurs, en aurais-je été capable et à quel prix avec un vent de face soutenu qui avait pris la place du temps maussade de fin de nuit ? Cette journée fut donc un presque parfait copier-coller des dernières étapes : on revint sur JB au ravitaillement 3 ou 4 et on finit ensemble. L'allure moyenne (6'45/km) tient compte du temps passé à chaque ravitaillement, soit entre 3 et 5', ce qui donne environ 15 à 20' sur l’étape. C'était quand même beaucoup à mon avis mais je n'arrivais pas à faire moins. Les beaux paysages d’aujourd'hui, au plus près du fleuve, où résonnaient les chants et cris des nombreuses variétés d'oiseaux (cygnes, sternes, oies sauvages, canards etc), m'ont fait penser qu'on se rapprochait de l'océan mais il restait encore plus de 300km à faire néanmoins. Nous avions atteint le point le plus septentrional de la Loire, nous redescendrons vers le sud-ouest par la suite. En ce jour férié, de nombreux cyclistes ont défilé sur les bords de ce long fleuve pas tranquille pour la circonstance.
    Au général, le podium avait changé, Stefano chipant la 3ème marche à Crocsman. Jean Louis me fit essayer des crocs qu'il avait en réserve : allait-il me convertir ? J’en achèterai une paire qui au pire remplacera mes sandalettes qui font rire tous ceux qui me voient marcher avec.


    Étape 12 - Dim 16 Août

    Vineuil - Montlouis sur Loire (37) 61 km 732 km (camping « les peupliers» Montlouis sur Loire)

    Et oui, JB avait mangé du lion et a failli nous dévorer tout cru.
    Quand on est partis pourtant rien ne laissait penser qu'on allait faire une étape digne de celles que j'ai connues sur les TG et TEFR. JB est parti tranquillement au train avec Stefano. La distance nous séparant de la tête de la course ne me semblait pas aussi importante que lors des dernières étapes mais après un moment je n'aperçus plus personne devant si ce n'est Patrick qui démarrait rarement à toute blinde. J'étais encore avec René mais je piaffais d'impatience d'augmenter le rythme car je ne voulais pas laisser trop de champ libre à JB.
    Or au premier ravitaillement situé au km 14, je constatais qu'il avait pris la tête de la course avec Stefano et qu'ils étaient déjà passés depuis 10' ! J'avais laissé René qui n'avait pas pu me suivre - je courais alors à 5'35/5'45 au km - et je me disais qu'en fin de journée ça pouvait faire un éclat de près de 3/4 d'heure de la part de JB. Mon objectif : rester à moins de 15' au 2ème ravito et à moins de 20' au suivant.
    Je n'oubliais pas non plus que nous passions à côté de châteaux illustres (Blois, Chaumont, Amboise) et de sites remarquables, alors j’en profitais pour coupler récupération et tourisme en prenant quelques photos. La traversée d'Amboise un dimanche d'été ne fut pas simple tant il y avait de monde en voiture ou à pied. Et il ne fallait pas rater l'endroit où on devait monter sur les hauteurs.
    Nous avons longé la Loire de loin en passant sur les coteaux sud et là ce fut donc vallonné. La météo fraîche au départ s'adoucissait et il y avait beaucoup de portions ombragées. Vignes, champs de maïs et autres cultures, ça changeait des roseaux, bouleaux ou saules des bords de Loire.
    Mon débours s'amplifia et était de 20' à l'entame du dernier tronçon. Avec un peu de persévérance je pouvais espérer moins de 30' au final et je me doutais que j'allais prendre aussi cette 5ème place au général tant convoitée. Mon frère me fit la surprise de venir me voir avec son fils et je poursuivis mon effort, mais à une allure moins vive (6'20/km). J'arrivais au camping avec 26' de retard sur JB, 5' sur Crocsman que j'avais presque rattrapé au gré d'une de ses nouvelles escapades hors circuit. J’avais beaucoup réduit mes temps d’arrêts aux ravitaillements.
    René arriva une vingtaine de minutes après moi en ayant toutefois couru à une moyenne record.
    Patrick et Stefano finirent ensemble suivis de JB, Laurent, Crocsman, moi, René, Fred...
    Ce fut une belle journée en définitive malgré le fait que mon avance sur JB se soit réduite à 1h45 et qu'il restait 5 étapes. Il m'avait mis la pression, mais j'aimais bien car ça me permettait de forcer un peu et donc de courir à des allures de la TG (9,6 de moyenne). Et comme on est des guerriers tous les deux, le match allait être passionnant.

    Étape 13 - Lun 17 Août
    Montlouis sur Loire - Savigny en Véron (37) 67 km 799 km (camping « la Fritillaire» Savigny en Véron)

    En ce jour de 13ème étape de la Loire Intégrale, je fêtais mon 10ème anniversaire de mon premier départ d’une course à étapes : c’était de Roscoff pour ma 1ère Transe Gaule.

    Au soir de cette 13ème étape, je constatais qu'il ne restait plus que 225km à faire en 4 jours : 70,5 + 69,5 + 62 + 23. Donc deux étapes un peu plus longues, une moyenne et une courte.
    J'espérais que les deux prochaines journées allaient aussi bien se passer que celle d'aujourd'hui.
    Pourtant ça avait mal commencé pour moi, mon tendon d'Achille droit me faisant souffrir à chaque foulée et une fois passé, c'est le cœur qui s'emballa et comme j'avais l'habitude, je savais gérer et je dus m'arrêter quelques minutes sur un banc qui passait par-là. Une fois revenu à un rythme normal, je repris la course et entamai une remontée progressive du peloton avec lequel j'étais parti.
    La traversée de Tours ne me fit pas perdre de temps et j'arrivai au ravitaillement 1 (km14) en constatant que comme la veille JB m'avait mis déjà 10' dans la vue. Je me dis que j'allais prendre cher et je repartis en essayant de limiter les dégâts. Je rattrapais les coureurs du 1er groupe partis 30' avant nous et au loin j'aperçus une silhouette qui m'était familière : JB ! Il avait manqué un fléchage et avait fait 1km de rab au moins. Alors, je me dis que j'avais eu de la chance et me mis en quête de rester au moins en contact visuel.
    A un moment nous passions sur une route bordée de champs de maïs dont certains étaient en plein arrosage, je vis JB faire demi tour et revenir vers moi en sprintant. Il avait oublié quelque chose au ravito ? Non, il voulait simplement éviter le retour du jet d'eau tournant dont il n'avait pas bien évalué la trajectoire.
    Sur ce, la jonction était faite et nous allions donc rester ensemble, ou à vue, jusqu'à l'arrivée que nous avons franchie côte à côte. Entre temps, nous avions eu le droit de nous faire filmer par France 3 Centre.
    C'est encore Patrick qui gagna devant Stefano et Laurent puis JL Crocsman, JB et moi, Frédéric, René, Marie-Jeanne…

    Lors de cette étape, nous avions longé la Loire puis le Cher pour de nouveau retrouver la Loire. Dans les parages se dressaient quelques beaux châteaux hélas trop excentrés pour qu'on puisse les admirer convenablement et plus longuement, quelques beaux villages se présentaient comme Savonnières avec son reflet dans le Cher et ses gabares mouillées au bord de la rivière. La route de la levée nous fit retrouver un peu de circulation (autos et vélos) et nous trouvâmes le temps long mais heureusement il y avait de belles parties ombragées. Nous étions dans le pays des vins de Chinon, non loin aussi du vignoble de Bourgueil et par la suite on attaquera le Saumurois. La Loire, c'est autant réputé pour ses châteaux que ses vignobles. Le soir comme pratiquement tous les soirs un pot fut donc offert par la Mairie afin de nous permettre de déguster quelques vins locaux.

    Le lendemain, il y aurait 70,5km au programme avec le passage sur les quais de Saumur...

    Étape 14 - Mar 18 Août
    Savigny en Véron - Ste Gemmes/Loire (49) 70 km 869 km (camping « Le grand Jard » Sainte Gemmes/Loire)

    Pour cette 14ème étape, je n'avais pas prévu ce scénario, j'étais même plutôt à me demander dans quelle galère j'allais me retrouver. Or, après quelques hectomètres, suite au départ à allure modérée mais néanmoins rapide du G5 (Stefano, Laurent, Crocman, JB et Patrick), je me suis accroché à eux en visuel et j'ai vite constaté que je ne me faisais pas distancer, en tout cas moins que lors des précédents départs. Donc cela me permit de parfaire à la fois mon échauffement et ma confiance. Les kilomètres défilant à plus de 10km/h, le 1er ravitaillement arriva vite puis ce fut le passage de la Vienne et la levée vers Saumur où je me plaçai en 4ème position, place que je n'allais plus quitter de la partie. J'utilise le mot partie car ce fut comme lors de certaines étapes des TG ou TEFR passées où je me suis bien amusé. Certes ce moment d’euphorie contrôlée n’a duré que le temps que je fasse un gros écart sur mes poursuivants car les 22 derniers kilomètres furent plutôt laborieux.
    J'avais pris néanmoins le temps de faire quelques photos : château de Saumur, villages de caractère, embarcations sur la Loire avec un beau soleil levant… La météo avait été à la hauteur avec de la fraîcheur jusque tard dans la matinée, beaucoup de zones ombragées et du grand soleil parfois caché par des nuages bienvenus. Nous avions couru sur la route de la levée où il y avait eu un peu de circulation et nous avions encore vu beaucoup de cyclistes.

    En ce jour d’anniversaire de mon frère, ma motivation avait été décuplée pour tenter un petit truc sympa. Ainsi je me suis accroché pour aller chercher une belle 4ème place. Au final je me suis constitué un petit matelas confortable sur mes poursuivants ce qui allait me permettre de faire les prochaines étapes sans pression.
    Celle du lendemain aura une longueur proche de celle de cette 14ème étape (70 km environ) et nous arriverons dans notre département à Patrick et moi. Des visites seront attendues.

    Étape 15 - Mer 19 Août Ste Gemmes sur Loire - Oudon (44) 70 km 939 km (camping « La Tour » Oudon)

    J'avais fait le malin la veille avec Jean Louis Crocsman et aujourd'hui il m'a réduit en bouillie
    Je n'ai pourtant pas musardé en route mais il avait chaussé ses crocs de 7 lieues

    Patrick Poivet arrivait chez lui ou presque et il tenait vraiment à marquer son territoire en gagnant l'étape sans partager. 6h24 pour 69,7km. Derrière, l'entente Crocsman/Stefano suivie de Laurent fit « le boulot ».
    Puis un grand vide... et soudain débouchait René qui m'avait rattrapé à 10km du but avec qui je finis l'étape ex-æquo comme il y a peu de temps encore. Venait ensuite Fred Borel. On a ensuite attendu un peu, toujours personne en vue. Après la douche et le linge, est arrivé un JB assez marqué à qui les jambes ont rapidement fait défaut pendant cette longue étape. Les autres concurrents sont arrivés au compte-goutte jusqu'après 19h pour la dernière. Cette étape a alterné les parties agréables avec de beaux paysages et des moments moins appréciés avec de longues parties interminables de route sur la levée de la Loire surtout qu'on ne la voyait plus beaucoup alors, la Loire.
    Nous étions rentrés dans mon département et on passerait "chez moi" le lendemain. Ainsi j’espérais faire bonne figure entre les km 27 et 34, quand je traverserais ma ville.
    62km puis 23km le lendemain nous restaient pour conclure ce périple ligérien. Il fallait en profiter pour les déguster car ce genre de course finit tellement vite !

     

    Étape 16 - Jeu 20 Août
    Oudon - Frossay (44) 62 km 1001 km (camping «Le Migron » Frossay)

    L’avant dernière étape aujourd'hui, d'Oudon à Frossay passait par chez moi.
    Une partie du parcours ne m'était pas inconnue - le marathon de Nantes, mes circuits d'entraînement et des balades à vélo m’avaient amené à en emprunter de nombreux tronçons - et je savais que ma famille allait venir me voir passer. Le démarrage fut poussif car je n'avais pas envie de partir vite et parce que la douleur à mon tendon d’Achille mettait toujours un certain temps avant de se faire plus discrète. Du 9 à 9,4 de moyenne me convenait et seuls 4 coureurs s'étaient détachés (Patrick, Laurent, JL Crocsman et JB). Stefano avait été malade toute la nuit et vite il se rendit compte qu'il ne pouvait pas aller aussi vite que lors des dernières étapes. Je suivais de très loin le groupe de tête et pas loin derrière il y avait René. Au R1 je ne vis personne des 4 de devant puis au R2 je rattrapais JB avec qui je poursuivis ma route. Au R3 ma famille m'attendait et ça me fit du bien, mais mentalement peu à peu j'ai lâché. Au R4 nous vîmes René nous reprendre et nous poursuivîmes à 3 accompagnés de François Fouques venu courir l'étape. Il avait déjà fait la Loire intégrale. La presse était là le long du canal de la Martinière nous avons été filmés. Au R5, elle était encore là et nous avons été interviewés JB et moi. Le reportage passerait aux infos à 19h le soir. René était reparti pensant que nous allions le rattraper mais 5' de questions ajoutées aux 5' pour se ravitailler, ça faisait beaucoup. Notre retard était trop important e la dernière partie fut longue le long du canal, mais aussi très jolie. Laborieusement nous avons terminé en 7h05 à 10' de René et très longtemps après les 3 premiers. Crocsman reprend la 3ème place à Stefano, bien malade et sans forces.
    Plus que 23,5km à faire pour boucler ma 1ère Loire Intégrale.

    Étape 17 - Ven 21 Août
    Frossay - Saint Brévin (44) 24 km 1025 km


    Dernière étape de la Loire Intégrale 2015. Du camping de Frossay nous avons fait la fin du canal dans la brume du petit matin au rythme des coups de fusils des chasseurs de gibier d'eau : heureusement que le road runner n'est pas un gibier d'eau, mais de route ! Arrivé à Paimbœuf, comme il n'y avait pas de ravitaillement de prévu, je fis une halte dans une boulangerie pour acheter un flan et un coca. Une fois reparti, j'étais tout seul avec ma petite accompagnatrice à vélo qui ne devait me suivre que la première moitié de l'étape, les gars de devant m'avaient pris plus de 500m et je ne les ai plus revus par la suite. De Paimboeuf jusqu’aux abords de Saint-Brévin il fallut cheminer le long d'une route croisant des véhicules roulant assez vite malgré le brouillard. Les 5 derniers km furent moins pénibles mais toutefois difficiles car sur des chemins sableux et caillouteux. L'arrivée au pied du Pont de Saint-Nazaire (un peu après quand même) fut, comme pour toutes les arrivées des dernières étapes de ce genre de courses, un grand moment de délivrance. Je n'ai pas fait éclater ma joie de manière exubérante, ce n'est pas mon style et il me faut toujours quelques minutes pour débrancher le mode "cours-ne-te-pose-pas-de-questions-oublie-tes-douleurs-tu-te-reposeras-quand-tu-seras-arrivé". J'étais un peu désabusé d'avoir tant peiné pour une simple petite histoire de 23km, comme si j'en avais fait 40 avant. C'était la fatigue peut-être. Mais je me suis rattrapé après l'arrivée et avec tous les coureurs, finishers et non finishers, bénévoles, organisateurs et accompagnateurs nous avons fêté ça.

    Cette 3ème Loire Intégrale avait été organisée de main de maître par Annie et Dominique Chaillou, épaulés par un groupe de bénévoles aux petits soins.

    Après le repas festif, je suis rentré à la maison et il fallait tout faire pour éviter que le spleen vienne me gâcher ce moment de retrouvailles avec ma famille. Et puis je pourrais retourner courir dès le lendemain car le corps m'en redemanderait encore.


    Lors de cette épreuve, j'ai manqué de gaz et ma moyenne fut inférieure à celle des dernières TG ou TEFR. Donc je savais autour de quelle séances l'entraînement devrait s'orienter dans l'objectif de regagner les 0,5 à 1 km/h manquants au final. Mais j’étais néanmoins content de ce que j'avais fait.

    Il n'y a pas de recette pour réussir, il y en a pour échouer. A chacun de trouver celle qui lui convient le mieux. Mais ne faisons pas croire que tout le monde peut se permettre de ne jamais s'entraîner (ou de ne pas faire beaucoup de km en course à pied) et de réussir des courses à étapes de plusieurs semaines. Ceux qui réussissent ne sont pas nombreux et quand on prend le départ de ce genre d'épreuves on doit savoir que rien n'est écrit à l'avance, que des outsiders sont tout à fait capables de bien y figurer.

    à+Fab******€**&

     

     


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