• Chanceux !

    21 Novembre 2012, un mois jour pour jour s’est écoulé depuis l’arrivée de la TransEurope. Le 21 octobre, nous étions en été ou presque, aujourd’hui nous sommes en hiver ou pas loin. Le temps a passé à une vitesse…

    La réadaptation à la vie « normale » s’est progressivement faite, non sans mal et maintenant je peux dire que je n’ai pas eu d’émotions particulières d’avoir « fait le travail ». J’aurais pensé, craint même, avoir un rude contrecoup émotionnel, mais comme une éponge absorbe l’eau, le temps a absorbé mes émotions.

    Je n’ai pas beaucoup de temps pour faire les choses, mais il m’arrive quand même de trouver le temps long. Paradoxe lié à un certain manque de courage de me lancer dans de trop fastidieuses tâches. Je m’y suis pourtant mis et comme je dispose – malgré moi - d’un gros volume de liberté, je me hâte avec lenteur… Je commence seulement à retrouver le goût de mener les choses à leur terme. Le plus difficile est de trouver mes priorités. Travaux ménagers, bricolage, tri et rangement d’un côté, rédaction d’une synthèse de ma (mes) course (s) à étapes, sous forme de livre ou de DVD, la création d’un diaporama afin de proposer une conférence –excusez le mot un peu pompeux pour désigner une projection de photos commentée à des proches, de l’autre.

    Je continue quand même de m'entraîner, ou plutôt je devrais dire que j'essaie de me réentraîner tant la machine est bridée et ne parvient pas à passer la vitesse supérieure.

    Je suis revenu plusieurs fois sur mon aventure et après ce mois de « digestion » je ne réalise que maintenant que j’ai (ou que nous avons, les finishers) été très chanceux. Des évènements récents m’ont fait prendre conscience de ça : l’épisode Sandy et l’annulation du Marathon de New-York, le Vendée Globe et sa succession d’abandons dus à des accidents de « circulation »…

    De longs mois, de longues années de préparation – pour moi ce furent trois ans, ou 148 semaines ou 1036 jours depuis le 18 octobre 2009 (1) – tout cela pouvait à tout moment être remis en question à cause de problèmes de santé, familiaux ou professionnels, d’une éventuelle annulation de la course… avec tout un tas de conséquences matérielles et psychologiques (les nombreux frais engagés pour la course, la nouvelle organisation du travail, le grand vide ressenti avec la disparition de cet objectif faramineux…)

    Quelqu’un m’avait dit un jour alors que je me préparais à faire ma première Transe Gaule que l’exploit consistait déjà à s’y inscrire, plus qu’à réussir à en prendre le départ. Il avait raison et quand il parlait d’exploit il considérait celui d’avoir franchi tous les obstacles matériels préalables (libération d’un laps de temps assez grand pour pouvoir faire la course, accord avec ses proches, sa famille, pour qui cela n’allait pas être facile, financement de l’épreuve et des à-côtés (coût de l’inscription, de l’achat du matériel, des transports, du manque à gagner professionnellement parlant en cas de congés sans solde…). Ceci se traduit concrètement par l’âge avancé de la majorité des participants : plus de cinquante ans dont un bon nombre a dépassé la soixantaine.

    Tout cela explique pourquoi la première étape est souvent une des plus difficiles : avec tout le stress accumulé depuis de longs mois chacun se libère. L’émotion est forte au petit matin de la première étape, comme lors des quelques minutes qui précèdent les autres courses en général.

    Sur la TransEurope, tous les jours nous étions à la merci d’un évènement qui aurait fait tout stopper comme cela est malheureusement arrivé à nombre de skippers du Vendée Globe. D’abord au niveau personnel chacun pouvait craindre la survenue d’une blessure, d’une maladie, ou qu’à tout instant un accident survienne, lors de la course ou hors course, anéantissant l’espoir de voir son rêve se réaliser. Ensuite, un drame pouvait toucher un autre coureur ou un des membres de l’organisation, tel qu’un accident de la circulation, ce à quoi nous étions le plus exposés, et faire que l’organisateur décide de tout arrêter. Cette épée de Damoclès nous l’avions tous au-dessus de nos têtes et c’est fréquemment arrivé que l’on fasse la remarque à des coureurs que leur conduite était dangereuse pour eux-mêmes et pour les autres.

     

    Ainsi, d’avoir pris le départ et d’être parvenu à atteindre l’arrivée ne se résumerait qu’à un gros coup de chance ? Non, bien évidemment que les autres facteurs ont joué à fond leur rôle : l’entraînement, la capacité physique et mentale à enchaîner les étapes, la récupération, l’expérience…Mais le facteur chance existe.

    à+Fab******€

    ( 1 ) J’avais écrit ces quelques lignes à l’époque :

    « TransEurope 2012 : l’avant course à partir de J-1036 (18/10/2009) ou S-148.

    129 jours après mon abandon à l’issue de la 54ème étape de la TransEurope 2009, je suis déjà mentalement tourné vers la revanche : la TransEurope 2012 dont je viens tout juste d’apprendre la programmation.

    Le départ sera donné le Dimanche 19 août 2012 de John O’Groots au nord des îles britanniques (*)  et le parcours nous emmènera à Gibraltar pour le 21 octobre 2012 après quelques plus de 4200km à courir en 64 étapes. »

    (*) Quelques semaines plus tard, l’organisateur modifiait son itinéraire et le départ fut fixé du Danemark, de Skagen plus précisément.


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  • CR étape 44

    J’ai trouvé un restaurant dans lequel j’ai mangé avec Jean Benoît, Jean Pierre, Christophe et Patrick. Cette courte étape (56km) nous a permis d’avoir du temps pour nous avant les trois prochaines qui nous feront courir 74, 65 et surtout 82km. On aura certainement moins de temps pour aller se faire plaisir après l’étape, tout dépendra de la configuration des lieux et de la proximité des restaurants.

    L’étape d’aujourd’hui s’est bien passée, j’ai couru à une moyenne de près de 10,5km/h sachant que le dénivelé total approchait les 800m voire peut-être les 900m. Le temps était agréable, un peu frais au départ, mais le fait que le profil de l’étape nous proposait une quinzaine de kilomètres en descente légère (avec quelques remontées néanmoins) j’ai pu rapidement trouver une allure me permettant de garder à l’œil mes accompagnateurs (Jean Claude, Ambros…).

    Le premier ravitaillement passé, il était tenu par Gérard et Nicole, je ne bus qu’un verre de cola et repartis assez vite pour ne pas me faire trop distancer par les autres. Le 15ème km marqua un changement d’itinéraire et par la même occasion le début d’une longue montée de 8km. Le début fut assez tranquille mais quand la pente s’amplifia, je commençai à peiner, mais ce qui m’a rassuré c’était qu’il n’y avait pas que moi. Je revins rapidement sur Ambros et Jean Claude au moment où le second ravitaillement arriva et je profitais de mon court arrêt pour passer devant l’autrichien. Pas longtemps certes, mais juste ce qu’il fallait pour lui mettre la même pression que celle qu’il m’avait mise en prenant un départ très rapide (plus de 11km/h). Je ne voulais pas perdre plus de 10 minutes sur lui lors de cette courte étape et je ramais pour rester le plus longtemps possible au contact et à ce moment, d’être devant me rassurait.

    La montée, dans le brouillard, se finit et une descente courte suivit, pendant laquelle je me fis reprendre et je pris mon adversaire en chasse afin qu’il ne me prenne pas trop de temps. Il ne m’en prit pas jusqu’au troisième ravitaillement où je fis comme lui, ne prenant pas de soupe qui d’habitude me fait perdre 2 minutes par rapport à lui et comme je marchais quand même un peu afin de manger mes gâteaux il me prit une centaine de mètres que je comblais dans la montée qui suivit. Nous sommes restés ensembles ou proches encore quelques kilomètres avant que progressivement sa « machine à essorer les concurrents » se mettre en marche. Aux pointages que je faisais, il avait 1’30 d’avance puis 2’ et petit à petit je ne pouvais plus vraiment savoir de combien il me distançait. Sur un pont à côté d’un barrage à 6 ou 7km de l’arrivée, j’avais environ 3’30 de retard et je me dis que ça allait et que je ne devrais pas perdre plus de 10’ dans l’histoire. Avant d’arriver à Berga, une longue et forte montée de 3km suivie de 2,5km de descente en ville nous attendait et j’ai limité les dégâts, ne concédant que 6’ au final je crois.

    L’arrivée devant un beau et grand gymnase, sous le soleil, ça réchauffe bien les cœurs après ces derniers jours froids et pluvieux ou humides. Les Pyrénées, nous y sommes encore, et demain sans doute qu’il faudra s’en prendre encore quelques contreforts, mais on nous avait prévenus qu’en Espagne on allait souffrir. Du plat il ne devrait pas y en avoir beaucoup et j’aime mieux ça.

    Je vais retourner au gymnase pour me reposer. Il est 17h15, je poste de CR et vous dis à bientôt au gré des connexions.

    A+Fab

     

    CR étape 45

    Longue étape au relief encore montagneux, mais l’Espagne du centre n’est pas un plat pays, météo au top, frais le matin et en altitude, ombre et descente vers Guissona sur une belle route. Tout était réuni pour que je passe une bonne journée, bonne mais longue. Remarque : je trouve long de passer plus de 7h sur la route, mais les autres qui y passent plus de 10h, comment doivent-ils la trouver leur journée ?

    Je suis parti dernier de mon groupe de 7, restant au contact (à moins de 200m) de mes camarades de jeu. Le profil prévoyait qu’après une entame de 7 km environ nous allions commencer à monter pour passer de 700m à 900m en 7km. La route était de bonne qualité, les bords assez larges pour cohabiter avec les autos et camions. Une fois ce premier mont gravi, une courte descente de 3 bornes suivie d’une remontée de 2km me permettaient de reprendre le contact avec Ambros et de le laisser derrière. J’avais bien senti qu’il était moins en forme que les autres jours, mais ça m’avait déjà fait cette impression les autres jours et il avait quand même réussi à finir devant moi. Mais aujourd’hui, j’ai vite vu qu’il ne suivait pas. J’en ai remis une bonne couche au moment où d’habitude je gère les événements et du coup, il n’a pas suivi pendant les 7km de descente, pourtant son point fort habituellement. Après le kilomètre 27, le parcours était un peu en tôle ondulée et il fallut attendre le 35ème km pour remonter pendant 12 bornes. Ce n’était pas très violent comme pente, et je réussis à trouver un bon rythme. Au sommet, du moins je pensais que ça l’était, nous attendait une autre partie de tôle ondulée pendant à peine 10km avant de vraiment redescendre sur Guissona. 9km de belle route pour passer de 800m à 400m. j’étais bien et j’ai pu donner encore un peu plus rattrapant au fil des kilomètres les derniers coureurs partis à 6h45 (nous on est partis à 7h45). Seuls deux résisteront, Jean Benoît et Makoto le japonais, qui descend bien. Un dernier effort pour gravir une côte violente à ce moment de la course (3km pour monter de 100m) puis le retse en roue libre, voyant que derrière j’avais dû creuser un trou important. Résultat, 7h15’ pour 74,4km (le site indique 75,5km) et donc j’ai encore tourné à plus de 10 de moyenne. Je suis moi-même étonné de cette forme et il va falloir que je guette le moment où je serai peut-être moins bien pour ne pas risquer la blessure qui me gâcherait la fin de cette TransEurope. J’ai repris presque une quinzaine de minutes à l’autrichien que je garde à distance raisonnable (6h30’).

    Ce soir, nous avons de la connexion, et j’ai lu mes mails, dont un qui m’a effondré quand j’ai appris le décès accidentel du fils d’un copain de mon club (Laurent). La fatigue, mais surtout le choc de cette nouvelle ont fait que pendant plusieurs minutes j’étais inconsolable. J’ai une grosse pensée pour Laurent et comme je suis très loin, je voudrais lui témoigner toute mon amitié pour qu’il réussisse à surmonter ce drame, mais le peut-on vraiment ?

    A côté de ces aléas de la vie, le reste n’a que peu d’importance et donc je vous laisse et vous dis à demain.

    A+Fab

     

    CR étape 46

    La journée s’annonçait belle au niveau de la météo, et elle le fut : on se serait cru en été et, même en Bretagne des étés avec du grand beau temps comme ça c’est rare. 13° seulement au départ et plus de 25° à l’arrivée. Très peu d’ombre car nous avons suivi une longue route relativement droite, peu vallonnée, sans arbres la bordant, et on a même suivi l’autoroute sur une voie parallèle. C’est dire que la compensation d’avoir du beau temps était quand même minime par rapport à l’ennui généré par ces longues lignes droites. Heureusement, les bas côtés et la circulation n’ont pas ajouté beaucoup d’éléments négatifs à cette journée coincée entre deux longues étapes. Ce ne fut pas de la récupération, mais je n’ai pas « tapé dedans ».

    J’ai encore tourné à plus de 10km/h à la poursuite du drapeau rouge et blanc avec l’aigle ou le faucon, emblème de l’Autriche. Il est arrivé 7’ avant moi et ne m’a pas repris ce que je lui avais « chipé » la veille. Mais le bougre est coriace et il attaque dès le départ. J’avais mis, comme hier, mon MP3 afin de me couper du monde et de penser à autre chose qu’à lui faire la chasse. Mais j’avais néanmoins toujours un œil à l’horizon.

    La journée a passé relativement vite, je calculais qu’avec ma vitesse et les 67,4km d’inscrits sur le road book je mettrais environ 6h30 et à deux minutes près, c’est ce que j’ai fait. Sur le site, ils mettent qu’on a fait 66,7km ; je ne saisis pas leur manière de les compter et surtout ensuite de les officialiser.

    Je n’ai pas de bobos, c’est le principal, et je m’apprête à passer la longue étape de 83km de demain. Il risque de faire chaud, il n’y a pas de difficulté particulière mise à part une montée assez forte à partir du km45 : on montera de 350m sur 9km. Ce qui rendra l’étape peut-être moins passionnante c’est les longues lignes droites que nous risquons d’avoir lors des premières heures de course. La fin sera plus variée car après la descente nous aurons des bosses régulièrement espacées d’environ 4km et ce, jusqu’à l’arrivée.

    Ce soir, nous avons encore eu un excellent dîner. Les espagnols sont très accueillants et le personnel qui nous a préparé et servi le repas a été très sympathique. Salade de pâtes avec ananas, surimi, dés de jambon, en entrée, puis saucisse grillée avec des chips en plat principal et un fruit en dessert. Le tout a été arrosé d’eau bien fraîche ou de vin rouge local que les japonais ont comme à leur habitude plus qu’honoré. J’ai rarement vu des picoleurs comme eux ! Ils sont fans des vins européens. Mais ils ne crachent pas non plus sur la bière d’après course. Et le lendemain, ils sont toujours vaillants, souriants même dans les plus difficiles épreuves. On ne les entend jamais chouiner et ils encaissent leurs bobos sans mot dire.

    Je vous quitte pour ce soir où comme depuis notre entrée en Espagne nous avons de la connexion sans code et sans frais. J’espère que demain ça sera pareil. La contrepartie est que les douches ont encore été froides. Mais en été, enfin ici on s’y croit, on les a trouvées assez bonnes quand même.

    A+Fab

     

    CR étape 47

    Nous avons couru aujourd’hui notre dernière très longue étape (de plus de 80km j’entends, car il reste encore le trio de 70/77/76 dans trois jours) et en plus de la longueur il fallait composer avec une seconde moitié très vallonnée ainsi qu’avec la chaleur dans cette région d’Aragon très aride. Il y avait tout au long du parcours du début d’étape des plantations d’arbres fruitiers (pêchers, amandiers, oliviers…) et plusieurs usines ou entreprises dont l’activité est en rapport avec ces productions fruitières. Les villes m’ont semblé quasi désertiques, même si le peu d’habitants présents nous regardait passer avec étonnement. Il doit y avoir aussi beaucoup de travailleurs saisonniers. Les bâtiments construits en brique rouge ne sont pas très beaux, mises à part quelques habitations de personnes un peu plus riches et qui ont essayé de donner un certain cachet à leur demeure.

    Quand nous sommes partis ce matin, il fallait traverser Lérida (Lleida) et ce ne fut pas une mince affaire de repérer le fléchage. Je me suis retrouvé dernier du groupe avec Jean Claude et nous nous repérions en suivant les autres qui étaient partis vite. Bien sûr quand ils se sont retrouvés perdus, cela a fait notre affaire car nous les avons rattrapés et une fois le groupe reconstitué, nous avons retrouvé notre chemin. Robert prit la tête du groupe et … c’était moi qui le suivais. Je suis même passé devant pendant un quart d’heure car je trouvais qu’il n’avançait pas assez vite pour mon rythme. Au premier ravitaillement, je stoppais pour un arrêt technique de telle façon qu’il passe le premier car je ne me voyais pas prendre mon ravitaillement avant les cadors. J’ai néanmoins poursuivi mon effort et restais second ou troisième assez longtemps puis les autres, Henry, Trond et Jean Claude ont repris leur place devant. Le seul qui ne m’avait pas rattrapé c’était Ambros qui avait été lâché.

    Les longues portions de route interminables et droites par moment étaient assez fréquentées, mais les bas côtés étaient encore assez larges pour que nous puissions courir tranquilles. Parfois une traversée de petite ville, parfois un giratoire ou un petit chemin permettant d’éviter la route principale nous changeaient de la routine, mais ce fut quand même un début d’étape laborieux malgré la vitesse de course (10,5km/h). Je passais le marathon en environ 4h et je savais qu’à partir du km 45 on allait changer de profil de course : ça allait monter et parfois assez fortement. Nous avons longé l’Ebre puis l’avons franchie en prenant un long pont d’où je voyais que derrière il n’y avait personne en vue. Un second pont un peu plus loin marqua le début de la montée : 9km environ où je peinais, le temps de me réhabituer à la côte et parfois au gré d’un faux plat ou d’un pourcentage moins élevé je relançais, ou j’essayais. Arrivé en haut, la descente fut la bienvenue, mais je mis quelques hectomètres avant de prendre une bonne allure. Jusqu’alors, le temps avait été frais, un peu de brume empêchant le soleil de réchauffer trop vite l’atmosphère. Mais quand nous fûmes sur les hauteurs, malgré la température encore agréable due à l’altitude, je sentais que le soleil n’allait pas être un bon allié.

    La vallée de l’Ebre a laissé la place à un paysage de western où j’avais toujours l’impression que des indiens allaient nous attaquer du haut des falaises. C’était beau, il y avait parfois de vieilles constructions en ruines d’autres servant de lieux de visites pour les amateurs de vieilles pierres. Il faisait chaud, mon cheval avait soif, au loin je croyais apercevoir les Daltons… Non, je n’avais pas d’hallucinations, c’était juste pour voir si vous suiviez. En guise de Dalton, c’étaient les coureurs du groupe parti une heure avant que je voyais au loin et que j’allais bientôt reprendre. Ce ne fut pas facile car la succession de violentes bosses suivies de non moins violentes descentes ne me permettait pas d’aller à un rythme de course régulier et je commençais à fatiguer. Je n’étais pas le seul car je rattrapais Trond avec qui je suis resté jusqu’à la fin de l’étape. Nous sommes arrivés en haut de la dernière bosse pour découvrir que Caspe, la ville étape, était perchée sur une hauteur qu’il allait falloir escalader. Ce fut moins difficile que prévu, mais sans doute était-ce parce que la fin de l’étape se profilait.

    Nous avons fini ensemble, 4ème ex aequo ce qui fait ma meilleure place depuis Skagen. J’ai repris quelques minutes à mon adversaire autrichien qui, comme dans la partie d’échecs que nous faisons depuis un bon mois, devrait essayer demain de reprendre du temps. On se tire la bourre, mais on se respecte et c’est sympa quand on se serre la main après les étapes en se félicitant l’un et l’autre.

    Cette étape marque le changement de province, nous ne sommes plus en Catalogne mais en Aragon (Sarragosse) et petit à petit, vers le sud ouest nous allons retrouver des montagnes pour je crois arriver dans la Mancha. On verra quand on y sera, en attendant il y a deux courtes étapes à faire (44km demain et 60 après demain) alors profitons-en pour nous refaire une santé.

    Aujourd’hui, Fred Gallais a renoncé à aller plus loin dans la douleur, son genou l’inquiétant de plus en plus et sa vitesse n’assurant plus une arrivée dans les délais. Ça m’a fait de la peine, mais je n’ose pas imaginer ce qu’il a dû endurer avant de jeter l’éponge et la dose de courage qu’il lui a fallu pour prendre cette décision et l’accepter.

    A demain

    Fabrice

     

    CR étape 48

    Une courte étape pour « se reposer », en tout cas pour mettre moins de temps que sur les autres et pour pouvoir bénéficier de temps à soi.

    Nous avons quitté Caspe dans la fraîcheur du jour se levant, le ciel était dégagé, et il fallait en profiter. La suite de la journée n’allait peut-être pas rester aussi tempérée. Le début de l’étape, en montée pas trop prononcée avec quelques portions quand même plus pentues, s’est bien déroulé. Je me suis vite mis dans le rythme et j’espérais tenir l’allure le plus longtemps possible sachant qu’après une douzaine de kilomètres on allait vraiment commencer à monter. Je courais à un peu plus de 10 à l’heure et je me trouvais en 4ème position, Ambros et Trond n’ayant pas suivi mon allure alors que je n’avais pas l’impression de tout donner. La côte me fit ralentir et après 5 bons kilomètres je me retrouvais sur le plateau avant la redescente après 3km de faux plat vers la vallée. Kilomètre 24, plus que 20, le temps passait vite et c’était mieux ainsi. Jusqu’alors, le soleil n’avait pas été bien vaillant, du brouillard ou des brumes de chaleur avaient envahi les hauteurs ce qui nous avait protégés et bien rafraîchis.

    Mis à part dans ces montagnes basses où la route était un peu plus sinueuse, le reste du temps on a couru sur de longues lignes droites et de part et d’autre on voyait de petits cañons ou des plantations d’arbres fruitiers, toujours les pêchers, les amandiers et autres oliviers. Parfois, les canaux d’irrigation, souvent à sec, bordaient des zones de verdure où paissaient des moutons. Mais c’était rare.

    Le long faux plat menant pendant 20km jusqu’à Calanda, parfois bosselé, passa rapidement, j’avais toujours la musique de mon MP3 et comme j’étais seul, je ne me posais pas de questions. Je doublais parfois des concurrents partis 45’ avant (c’était un « cadeau » d’Ingo) mais pour le reste, c’était la grande solitude du coureur de fond. Quelques conducteurs klaxonnaient pour m’encourager et je ne manquais pas de les saluer de la main.

    L’arrivée dans une zone semi aride, avec un collège et le complexe sportif en point de mire, était précédée par un passage dans une rue où une fête foraine était en train de s’installer. C’est le week-end qui commence.

    J’ai fini 4ème de l’étape, tout seul cette fois, et j’ai l’impression que ma journée a été bonne.

    Seul hic au programme : pas de connexion internet. Ainsi, ce CR vous le lirez avec plus de 24h de retard.

    A+Fab

     

    CR étape 49

    Notre groupe de départ s’est étoffé de 4 coureurs et nous sommes donc partis à 10 (+ le « trottinetteur » Peter) à 7h45. Le ciel était découvert et la journée s’annonçait chaude. Le dénivelé prévu était de plus de 1000m au total, avec des passages de cols à 1250m et une ville d’arrivée située à plus de 1000m d’altitude (Escucha).

    Les 15 premiers kilomètres en faux plat montant principalement ce qui n’écartait pas quelques bonnes petites portions plus rudes se passèrent assez bien. Notre petit groupe explosa vite et Henry, Robert et Jean Claude se détachèrent facilement. J’étais avec Jean Benoît, Trond et Ambros ; nous n’étions pas regroupés, mais espacés de quelques dizaines de mètres et le reste du groupe de 7h45 se retrouva vite assez loin derrière. Toujours de longues lignes droites sur une route de bonne qualité avec assez d’espace pour cohabiter avec le peu de véhicules la fréquentant. Quelques villes ressemblant à celles déjà traversées les jours précédents, le même genre de cultures sur ces plateaux parfois tronçonnés par des rivières aujourd’hui à sec. Paysage aride digne des westerns spaghetti, avec, pour faire plus vrai, les vautours ou autres oiseaux de proie survolant les collines. Quelques cultures en terrasse, beaucoup d’autres avec des systèmes d’irrigation (arrosage ou canaux), beaucoup de bâtisses en ruines. C’est à travers ces paysages de désolation, mais néanmoins superbes car dépaysant par rapport à ceux que nous voyons toute l’année, que nous traînions notre peine. La chaleur commençait à devenir gênante surtout dans les parties montantes et sans ombre. Parfois au détour d’un cañon nous nous retrouvions face au vent qui avec l’altitude progressive nous donnait un semblant de fraîcheur.

    C’est que du 15ème km au 33ème, nous étions passés de 600m à 1000m et par la suite nous allions rester sur un haut plateau entre 900 et 1250m. Ce plateau n’était pas vraiment plat tronçonné par d’anciens cours d’eau qui lui ont donné un profil très accidenté avec de belles bosses à escalader puis à dévaler.

    A 5km de la fin, une belle descente nous amena au pied d’Escucha, et après un dernier effort pour remonter dans la ville, JB, Trond et moi-même étions contents d’en avoir fini. Nous nous étions regroupés à 2km du but dans la longue et dernière descente. Nous avons fini 4èmes ex aequo.

    A+Fab

     

    CR étape 50

    Enfin de la connexion !

    Je suis dans une brasserie avec Jean Pierre, Patrick et Fred Gallais en train de siroter un panaché (ou deux même) et j’en profite pour écrire mon CR du jour. Il fait chaud, plus de 25° dans les rues de Teruel. C’est l’été, ce dimanche faisant penser aux vacances tant les gens sont de sortie.

    Bon, revenons à la course. D’abord, ma 4ème place du jour n’est pas due à ma vitesse et à ma belle étape, Trond qui avait largement fait le trou, plus de 5’, a trouvé le moyen de perdre l’itinéraire de vue et s’est retrouvé sur une mauvaise route. Quand il est arrivé, je ne le savais pas et j’ai constaté qu’il avait un sacré retard.

    Sinon, l’étape a commencé plein pot en côte, 6km de montée entre 5 et 7% au réveil, ça use bien, puis après une petite descente où on aurait pu récupérer un peu, longue de 9km, il fallait remonter encore à 1400m ou plus pendant 3km. Les éoliennes étaient mes seules compagnes car avec les autres coureurs on était dispersés sur la route, à une centaine de mètres les uns des autres. La fraîcheur bienvenue faisait que la transpiration était modérée et je suis plutôt resté en dedans sachant que j’avais une réserve de « puissance » au cas où. Je n’ai pas eu à m’en servir, considérant cette étape comme une journée de transition avant les deux prochaines (77 et 76km) et l’apparition de quelques petites courbatures ou douleurs depuis une semaine m’incitent à la prudence, même si j’aime bien « envoyer » un peu.

    Il restait plus de 50km quand j’avais atteint le dernier sommet de 1400m et le paysage changea petit à petit. La verdure refit son apparition et les terres rouges devinrent de plus en plus présentes. Une ancienne ligne de chemin de fer, dont il ne subsiste que d’anciennes gares ou de vieux entrepôts désaffectés, nous fit de la compagnie pendant de très longs kilomètres. Les espagnols ont parfois tenté de tirer parti de ce patrimoine historique, témoin des activités minières d’antan. Ils ont mis certains sites en valeur et on avait l’impression encore une fois de traverser les grands espaces que l’on voit dans les westerns. Toujours pas d’indiens par contre. Les villages, on ne les traversait pas car des déviations de bonne qualité – comme la route sur laquelle nous avons couru – avaient été aménagées. Très peu de circulation en ce dimanche d’octobre, sans doute parce que la région n’est pas fortement peuplée, mais souvent des petits coups de klaxon d’encouragement nous faisaient lever la tête et répondre d’un geste amical.

    Je suis arrivé en un temps d’un peu plus de 7h pour 69,6km ce qui montre que ma moyenne est un peu moins élevée que lors des étapes de ces derniers jours. Il ne reste que 14 jours de course, rien n’est joué, il faut continuer à être prudent, surtout lors des deux prochains jours où l’on va courir plus de 150km. La chaleur modérée jusqu’à présent le restera-t-elle ? Je le souhaite parce que ça permet de ne pas taper de trop dans les réserves.

    A demain, j’espère, si j’ai une connexion.

    Fab

     

    CR étape 51

    Après un repas tardif qui s’est terminé au-delà des 20h30, je suis allé me coucher et j’ai mis la radio pour écouter le « Classico » Barça-Real en direct sur une radio espagnole. Je me suis endormi après la fin du match toujours avec la radio branchée dans mes écouteurs et je me suis réveillé un peu plus tard dans la nuit pour tout couper.

    Ce matin, j’étais en forme malgré ce temps de sommeil raccourci et comme je n’avais pas pu me reposer dans l’après-midi pour cause de connexion dans un café, j’avais peur de ne pas avoir la pêche.

    Je me suis préparé et je suis parti dans le 3ème groupe, celui de 7h30, 30’ après le second et une heure après le premier.

    La sortie de la ville fut assez compliquée, avec des montées et des descentes assez fortes et quand je me suis retrouvé enfin sur la route plate j’étais soulagé. Une quarantaine de kilomètres de semi-descente (on est passé de 880m à 750m d’altitude en 40km) sur une route assez étroite par rapport à celles empruntées depuis l’entrée en Espagne, où il fallait faire attention aux camions du lundi matin, ainsi qu’aux autres véhicules déboulant dans les courbes comme s’il n’y avait personne, tout ça ça use un peu le mental et comme les jambes étaient un peu douloureuses, je me suis mis sur un faux rythme un peu tranquille pour anticiper la grande montée qui nous attendait à partir du km 40. J’étais avant dernier de mon groupe, seul Christian Fatton n’avait pas réussi à suivre, et j’ai dû m’arrêter pour une envie pressante, laissant les autres compagnons de ce groupe partir devant. Je ne m’en fis pas une montagne, sachant que je souhaitais gérer l’étape tant que les douleurs seraient présentes. J’ai compté jusqu’à 5’ de retard sur l’autrichien, les autres étant déjà très loin devant.

    Au pied de la côte qui devait nous faire passer de 750m à plus de 1300m en 11km, j’avais fait la jonction avec Ambros et je montais à mon rythme, ne le lâchant pas avant 5 ou 6 km. Après, je ne le revis plus et malgré de longues périodes de marche et d’autres d’alternance marche-course, je continuais de creuser l’écart. Plus on montait, plus il faisait chaud et moins il y avait d’ombre. C’était usant, mais pas autant que le vent de face que nous avons trouvé une fois le passage du Puerto (le Col). Moi qui pensais dérouler dans la descente, je dus piocher pour maintenir un bon tempo. Mais j’avais du mal à tourner à plus de 10km/h. j’avais repris beaucoup de coureurs partis 1h ou 30’ avant moi, et là, il n’y en avait plus beaucoup en vue, sinon Fred Borel et Neil, l’anglais, ainsi qu’un japonais et Wolfgang, un allemand.

    Le profil de cette partie descendante n’était pas très prononcé et j’eus le temps d’admirer le paysage. Autant avant le col c’était verdoyant et parfois nous avions cheminée dans des gorges ressemblant un peu à l’Ardèche, autant après ce fut le retour de terres sèches où paissaient néanmoins quelques troupeaux de moutons encadrés par leur berger et les chiens de troupeau.

    De longues lignes droites firent de cette fin d’étape une partition monotone dont on aimerait que cela cesse au plus vite. Le plus vite, ce ne fut pas le cas, mais comme j’avais été patient, la fin finit par arriver et avec soulagement je franchis pour la 51ème fois l’arche d’arrivée. Un peu plus de 8h pour 77km, ça me fait du 9,5km/h de moyenne, rythme un peu poussif par rapport aux dernières sorties, mais je pense que l’organisme – commandé par le mental - commence à dire « Vas-y mollo, Gibraltar n’est plus très loin, tu n’as plus rien à gagner, par contre tout à perdre. »

    Au final, je suis 6ème de l’étape, Jean Benoît – parti 30’ avant ayant profité de l’ « aspiration » derrière Jean Claude quand il l’a rattrapé – terminant l’étape avec 5’ de moins que moi.

    Ce soir, après une petite sieste d’1h30, nous sommes allés dans un excellent restaurant (d’où je peux rédiger puis envoyer ce CR) et maintenant, je vais vous laisser en souhaitant avoir demain la possibilité d’envoyer mon CR de l’étape suivante.

    A+Fab

     

    CR étape 52

    La plus longue des dernières étapes avant Gibraltar ne s’annonçait pas facile car elle survenait après trois autres étapes de 60, 70 et 77km. Un kilomètre de moins qu’hier à faire sur un parcours moins vallonné, mes prédictions de chrono étaient de l’ordre de 7h45 si je ne connaissais pas de problème majeur. La chaleur prévisible à partir de midi allait-elle me faire ralentir ? C’est avec toutes ces petites interrogations que je pris le départ ce matin à 7h30, dans le 3ème groupe, où nous n’étions que 6 (Henry, Robert, Trond, Jean Claude, JB et moi).

    Dès le début mes jambes étaient bonnes et cela me rassura car j’avais quelques douleurs aux adducteurs depuis deux ou trois étapes. Le train mené par Robert n’était pas trop rapide et je maintenais un écart « visible » avec les 4 de devant, seul Jean Claude était resté un peu derrière comme il le fait souvent, le temps que la machine s’échauffe. Les gars de tête de course ont l’habitude d’optimiser, plus ou moins à bon escient pour certains, les trajectoires et coupent donc de ce fait leurs virages. Quand au loin une longue courbe à droite se profile, on reste à droite de la chaussée et, comme les routes espagnoles sont larges et leurs bas côtés spacieux et bien entretenus, on ne craint pas d’être happés par quelque véhicule. Nous étions donc dans cette configuration quand les 4 hommes de tête qui m’avaient pris entre 200 et 500m ne virent pas le fléchage à gauche de la route qui disait de prendre la route de Boniches. A droite moi aussi, mais ayant l’avantage d’avoir révisé mon road-book, j’ai eu un doute et je suis retourné sur la gauche de la route pour voir les flèches de plus près : il fallait bien aller à droite ! Je criais pour rameuter les étourdis et je me retrouvais en tête du groupe avec une bonne avance puisque le temps qu’ils fassent demi-tour et qu’ils reprennent la bonne direction, les écarts avaient doublé en ma faveur. Seul Jean Claude ne s’était pas fait avoir puisqu’il était encore derrière moi à ce moment. Je passais au premier ravitaillement en tête au grand étonnement des bénévoles et je leur expliquais le pourquoi de la chose. Robert fut le premier à me rattraper et il me remercia, tout comme l’ont fait les autres par la suite.

    Cette anecdote avait eu comme conséquence de me redonner des jambes et ma moyenne dépassait les 10 et approchait les 10,5km/h. Pas mal pour un lendemain de grosse étape, mais je me résolus à réduire la cadence car il restait du chemin, plus de 60 km avant l’arrivée.

    Je commençais à rattraper des attardés du premier groupe puis certains du second. La température était encore agréable, fraîche, mais avec le lever du soleil et son apparition au-dessus des montagnes, je savais qu’on allait avoir chaud. Les ravitaillements n’étaient pas trop éloignés les uns des autres aujourd’hui et c’était une bonne chose pour ne pas se faire surprendre par la soif. Entre 6,5 et 8,5km, ça donne un passage toutes les 40 à 50 minutes pour remplir ses bouteilles et grignoter quelque chose.

    Bientôt la vallée ombragée se termina et nous nous sommes retrouvés de nouveau sur un haut plateau après une énorme montée de 3km avec des portions à 10% que je négociais en marchant car je n’avais pas envie de perdre trop d’énergie. Il restait encore une trentaine de kilomètres à faire, soit environ 3h sinon plus selon mon état futur.

    La partie qui suivit, sur le plateau, avec quelques montées, quelques descentes et surtout plein de faux-plats face au vent qui devenait chaud ne proposait plus d’ombre. Les camions quand ils me croisaient me scotchaient littéralement à la route et j’anticipais en baissant la tête et en tenant ma casquette que je n’avais pas envie d’aller rechercher dans les buissons ou au-delà des barrières de sécurité.

    J’étais poussif, mais j’avais déjà décidé de ne pas m’acharner à essayer de courir à la limite, ainsi j’alternais souvent marche et course. La fin fut interminable, mais quand l’arrivée fut atteinte, en 7h50’ à peine, j’étais content quand même de mon étape. Je finis 7ème, JB étant resté devant et deux autres coureurs du groupe parti à 7h ayant mis deux minutes de moins que moi. Seul Trond n’a pas eu assez de force pour courir aussi vite qu’il le faisait auparavant. Il a lâché un peu, souffrant encore de dérangements intestinaux.

    Maintenant, tous les coureurs sont soulagés d’avoir vu la fin de cette série de longues étapes et les trois prochains jours vont permettre à tous de se refaire une santé, à commencer par l’étape de demain, longue (ou courte) de 39km.

    A+Fab

     

    CR étape 53

    La plus courte étape de la TransEurope 2012, même pas un marathon ! Et bien elle s’est bien passée malgré un classement inférieur à ce que j’ai fait ces derniers temps. Pourtant, ma moyenne reste correcte, mais ce sont les autres, encore à la bagarre, qui sont allés plus vite qu’à l’habitude. Je n’ai pas cherché à les suivre, préférant savourer et gérer tout en ne prenant pas de risque qui puisse me plomber la fin de cette merveilleuse aventure.

    Le parcours fut plat, malgré quelques petits faux plats, et le temps fut tout aussi estival que depuis que sous sommes descendus des Pyrénées.

    Je suis parti assez vite, avec Jean Benoît dans mon sillage, et après 2h j’avais déjà fait plus de 21km. Ainsi il ne me restait que 18km à faire et je décidais alors de couper quelque peu mon effort et de finir en « roue libre », pas si libre que ça, quelques douleurs aux adducteurs venant perturber ma course. J’ai eu surtout des difficultés quand il fallait repartir des postes de ravitaillement car le passage de l’arrêt à la course s’accompagnait d’une difficile période de réadaptation.

    Je me suis fait dépasser par des coureurs qui reviennent en forme mais qui sont déjà très loin de moi au général et qui ne risquent pas de revenir sauf en cas de récidive de 2009.

    A ce propos, demain soir ce sera la fin de la 54ème étape et je vais tout faire pour prendre le départ de la N°55. A ce moment, j’aurai conjuré le sort qui m’avait laissé à l’hôpital le 12 juin 2009 et qui avait vu la caravane continuer son périple vers le Cap Nord sans moi.

    Je ne vais pas y penser, je savourerai en temps voulu. Ce que je sais, c’est qu’il ne reste que 11 jours et moins de 630km à faire. Demain, l’étape sera longue de 57km environ, et je vais continuer de gérer les choses comme depuis deux ou trois jours, en essayant toutefois de retrouver quelconque plaisir, car la lassitude commence à se faire sentir. C’est sans doute comme quand on sent l’écurie mais que celle-ci est encore lointaine. La moitié de l’Espagne (et même plus) a été traversée, souhaitons que le reste soit aussi sympathique. L’Espagne du « milieu » est très accueillante et comme le temps est au beau fixe, les terrasses des cafés sont souvent agréablement peuplées.

    Bien, sur ce, je vous laisse et vous dis à demain s’il y a de la connexion.

    A+Fab

     

    CR étape 54

    40 mois, depuis le 11 juin 2009, se sont écoulés. Pourquoi le 11 juin 2009 ? Parce qu’il s’agissait de ma dernière étape de la TransEurope 2009 et que le lendemain je n’avais pu prendre le départ pour cause d’opération en urgence pour un doigt de la main infecté. Il restait alors plus de 722km à faire en 10 jours, et j’en avais fait 3764,8 si ma mémoire est encore intacte.

    Cette année, nous avons parcouru 3606,8km (soit 158 de moins) et il ne nous en reste que – si l’on peut dire – 569,1 à faire (153 de moins qu’en 2009). Les conditions sont très différentes cette année : nous sommes moins nombreux, l’ambiance est meilleure (relation de cause à effet sans doute), l’Espagne en automne propose un climat meilleur que celui de la Suède à la fin du printemps, en tout cas moins contrasté et plutôt orienté vers le beau grand temps chaud que vers la froidure et la neige. Pour l’instant, la nourriture aussi est meilleure et les hébergements sont assez spacieux avec des sanitaires corrects pour pouvoir contenter tout le monde.

    C’est avec tous ces éléments dans la tête que j’ai pris le départ de cette 54ème étape ce matin. Nous étions 9 dans notre groupe et le train fut relativement modéré sur les premiers kilomètres. Peu à peu, les plus rapides se sont détachés et sur les nombreuses longues lignes droites on les apercevait de plus en plus loin. Un vent de ¾ de face a soufflé pratiquement dès le début de l’étape et quand nous croisions un camion, on se retrouvait scotché à faire du surplace.

    J’ai couru toujours à proximité de Jean Benoît, tantôt devant, tantôt derrière et parfois je lui proposais de s’abriter du vent quand celui-ci était véritablement handicapant. Entre le km 9 et le km 12, la ligne droite s’est interrompue pour nous faire prendre une petite vallée, donc avec une descente puis une remontée. Ensuite, ce fut à nouveau le vaste plateau et ses longues portions de routes rectilignes. De temps à autres, nous devions escalader un pont, comme celui sur la ligne de TGV espagnole Madrid-côte Est, ou au-dessus d’une route à grande circulation. Ça ne changeait rien à la monotonie du paysage avec des champs de maïs, ou d’autres fraîchement retournés où affleuraient des pierres, ou encore des plantations d’arbres fruitiers.

    Vers le milieu de l’étape, nous avons commencé à apercevoir le changement de programme qui nous attendait : une barrière montagneuse qui allait nous faire passer du plateau de 700m à plus de 900m d’altitude mais en plusieurs kilomètres une grosse quinzaine environ.

    Le vent était toujours défavorable et je choisis l’option « course sur le côté droit de la chaussée » (très large) pour ne plus me faire clouer sur place par les gros camions. A 11 kilomètres de l’arrivée, nous avons enfin changé de route, plus calme et aussi mieux exposée par rapport au vent qui était passé de côté voire de ¾ arrière. En revanche, le vallonnement était plus important mais cela me permit de retrouver un bon rythme de course pour terminer cette étape au plus vite. Jean Benoît, un moment distancé quand mes jambes me permirent d’accélérer dans les montées, me reprit et nous avons fini l’étape ensemble. Il a chuté à un kilomètre de l’arrivée, se prenant les pieds dans une branche qui traînait sur le bord de la chaussée, heureusement sans trop de bobos, juste quelques écorchures.

    Le chrono s’arrêta sur 5h55’55 et la place de 6ème ex-æquo nous contenta, tellement cette étape avait été difficile.

    Demain matin, en prenant le départ de la 55ème étape, j’aurai une pensée pour la mésaventure que je connus 40 mois auparavant, mais je ne vais plus focaliser là-dessus par la suite, l’objectif étant d’atteindre Gibraltar, en pleine forme de préférence.

    A+Fab

     

    CR étape 55

    Je suis arrivé à terme de cette 55ème étape et j’ai ainsi conjuré le mauvais sort de 2009.

    Cette étape s’est mieux passée que celle d’hier, même si j’ai ressenti les mêmes douleurs au bout de 15km. Les adducteurs puis le bassin sont un peu « fatigués » par la succession des jours et des kilomètres et ça tire un peu de partout.

    Le profil de l’étape était un peu plus accidenté et ce n’était pas pour me déplaire car la platitude n’est pas mon fort sur les longues distances. Bien sûr, j’aurais préféré ne pas attaquer tout de suite la montée, mais on ne pouvait pas y échapper : 6km pour passer de 900m à 1050m, avec parfois des passages à près de 10%.

    Nous étions 7 dans le groupe des « moins matinaux » et je suis toujours resté soit 5ème soit 6ème en ayant comme objectifs de ne pas trop traîner en route afin de passer le moins de temps possible sur le bitume et de ne pas pousser l’organisme afin de ne pas souffrir. Le vent encore défavorable a ajouté à la difficulté de maintenir un bon tempo de 5’45/km et ma cadence oscillait – en fonction des côtes et des descentes, des parties abritées ou non – entre 6’15 et 5’30. Pendant longtemps j’étais à plus de 10 de moyenne générale, mais j’ai pris un peu de temps aux ravitaillements et j’ai aussi souvent eu recours à des moments de marche.

    L’itinéraire emprunté entre le km 6 et le km29, fait de bosses et de creux, nous a montré que cette région, fort exposée aux vents, était aussi par voie de conséquence très fournie en éoliennes. Nous en avons vues des dizaines qui tournaient presque toutes. Parfois des forêts nous abritaient pendant quelques hectomètres, mais une fois sur les plateaux défrichés et cultivés, nous nous reprenions le vent de plein fouet. Les cultures céréalières souvent de blé déjà moissonné alternaient avec des plantations d’arbres fruitiers. Sur le bord de la route il y avait aussi beaucoup de petits chênes avec de petites feuilles. Les fossés ou bas côtés étaient rocailleux et souvent jonchés de détritus.

    Une fois arrivé à la moitié de l’étape, ou un peu plus que la moitié, la route descendait et en 15km nous avions perdu 250m, ce qui avait eu aussi comme conséquence de redonner un peu de « jus » à la moyenne, poussive jusque là. Les paysages changèrent aussi et nous nous sommes retrouvés dans une longue vallée bordée de massifs montagneux (les sierras) dont les pentes accueillaient des cultures ou plantations d’arbres fruitiers. Beaucoup de bâtisses en ruines, quelques sommets de collines témoin d’une occupation historique de seigneuries avec des restes d’enclos ou de fortifications de pierres. Nous avons souvent cheminé sur les routes de Don Quichotte qui aujourd’hui ont été remises en état pour le tourisme.

    Le temps était frais à souhait et on apercevait sur les chaînes de montagnes de gros nuages noirs qui devaient apporter des orages et de la pluie. Ce n’est qu’une fois arrivé et installé dans l’hôtel où j’avais réservé une chambre avec Jean Pierre et Jean Benoît que nous avons eu le droit aux orages et à la pluie, qui n’ont pas duré, simplement le temps de prendre la douche puis de se restaurer.

    L’hébergement dans un garage ne m’avait pas inspiré et j’ai bien fait de prévoir l’hôtel car tout y sera réuni : repas du soir et petit déjeuner. En plus de la douche chaude et d’un bon lit moelleux, toutes les conditions sont réunies pour me relancer vers Gibraltar.

    A+Fab

    PS : pas de connexion ce soir, alors ce CR sera lu en différé.

     

    CR étape 56

    Après une reposante nuit à l’hôtel dans un vrai lit, une longue étape nous attendait, 65,6km, une des dernières grandes avant Gibraltar – il n’en restera qu’une de 72, une de 62 et une de 60, les autres pouvant être considérées comme des courts moments de course même si le dénivelé sera parfois assez important. Nous avions eu un bel orage la veille au soir et la question du matin concernait la météo du jour. Au réveil, ça allait, le ciel était dégagé et la température ambiante fraîche mais pas froide, avec un petit peu de vent, sans rapport avec celui de la Mancha qui faisait tourner les moulins de Don Quichotte naguère et les éoliennes qui les ont remplacés depuis.

    Je suis parti et me suis retrouvé rapidement le dernier du groupe des 7, n’arrivant pas à suivre le rythme foldingue imprimé dès le départ par mes collègues. Je mis quelques minutes à me faire une raison et je refusais de lutter ce qui m’aurait peut-être provoqué quelque désagrément.

    Les 32 premiers kilomètres, en faux plat descendant, avec alternance aussi de quelques montées un peu plus prononcées et de descentes du même type, m’ont fait néanmoins adopter un rythme autour de 10,7km/h pendant la première heure puis ma moyenne est progressivement passée à 10 quand j’atteignis le km 32. Les arrêts aux ravitaillements ayant été plus longs qu’à l’habitude afin de bien m’alimenter.

    Les 20 km suivants ont été moins faciles à négocier, sur un parcours plat malgré quelques bosses légères et je n’avais qu’un hâte, que mon décompte mental pour atteindre la ligne d’arrivée passe le plus vite possible. Pour cela, j’avais mis la musique et je me permettais des petits moments de marche pour récupérer et retrouver un peu d’envie.

    Au kilomètre 52, je me suis retrouvé au pied d’une longue et forte montée et j’eus beaucoup de peine à la gravir en courant ; ainsi j’alternais marche et course. Devant, les autres devaient déjà avoir pris une grosse avance, ça faisait plusieurs heures que je ne les voyais plus, mais j’avais décidé de les ignorer afin de ne pas me mettre de pression inutile, que je fasse 7ème ou 5ème était pour moi la même chose et vue l’avance que j’avais sur mon suivant au général, je n’avais pas de crainte.

    Lorsque j’en eu terminé avec la première montée, 4500m et plus de 100m de dénivelé, la route redescendait pendant 2km puis … remontait jusqu’à l’arrivée où je faillis perdre mon chemin.

    Je finis à une moyenne modeste de moins de 10km/h, mais content d’être là. Demain, petite étape de moins de 50km, où tout devrait aller comme il faut, je vais la gérer tranquillement tout en essayant de préserver mon droit au départ avec le groupe des lève-tard.

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 57

    Etape courte, mais pas d’envie ce matin au départ. Une forte montée pour débuter la séance ( 3,6km pour D+ 100m suivie d’une trop courte descente (1,8km pour D-50m) puis d’une nouvelle côte (2,2km pour D+50m), tout était réuni pour commencer à souffrir sans s’être véritablement échauffé. Les 12km de longue descente qui suivirent ne furent même pas suffisants pour faire remonter la moyenne au-delà de 10. Mes arrêts aux postes de ravitaillement de plus en plus longs traduisent bien du peu de volonté de m’arracher qui m’animait. Je repris quand même un peu de vigueur quand il fallut grimper la seconde difficulté (sur trois) de la journée. 8km pour un dénivelé de près de 200m, sur une route sans abri, sans ombre, mais comme il n’y avait pas de vent, ce n’était pas trop laborieux, la beauté du paysage, avec des cultures d’oliviers à perte de vue, et les chaînes de montagnes des sierras à l’horizon, faisaient que je passais quelques temps à l’observer et donc à ne plus penser aux douleurs aux quadriceps qui se faisaient de plus en plus pressantes.

    J’ai mentalement réussi à faire que cette étape pourtant courte ne devienne pas une galère et j’ai touché le but en 5h00’03’’ : raté les moins de 5h prévus, mais l’essentiel étant d’être parvenu jusqu’à Baeza sans bobos et blessures, j’ai atteint l’objectif principal.

    Demain, encore une courte étape (50,6km au lieu de 48,7 aujourd’hui) et j’espère mettre un peu moins de temps qu’aujourd’hui si le dénivelé n’est pas trop méchant et si surtout l’envie revient et les douleurs n’apparaissent pas trop rapidement.

    A+Fab

     

    CR étape 58

    Dernière semaine de course. Etape courte. Météo fraîche le matin, mais devenant douce au fil des heures. Grande ville de plus de 100000 habitants à l’arrivée. Dénivelé annoncé de l’ordre de 600m en positif et de 1000 en négatif. Départ dans le groupe des rapides…

    Tout était réuni pour que cette étape soit une belle occasion de reprendre goût à cette fin de TransEurope. De plus, les 11 premiers kilomètres étaient en longue descente, une fois sorti de la ville de Baeza.

    Et bien, la journée fut loin de celle espérée. Pourquoi tant de lassitude à ce moment de la course alors que je devrais être content, serein, et profiter au maximum des dernières étapes ? Je ne le sais pas moi-même. J’ai peut-être, sans doute même, trop donné depuis le début de cette course et aujourd’hui, tout comme depuis quelques jours, je sature. J’aimerais finir en roue libre, mais physiquement je ne le peux pas car après une heure de course je ressens toujours une douleur au niveau du quadriceps droit ce qui au fil du temps me tire sur le bassin et déclenche une gêne à ce niveau. Et mentalement, j’ai du mal et je ne supporte plus les arrivées où certains, attendant depuis longtemps car partis une heure avant, font des réflexions qui ne passent pas (ou plus) quand on a été toute la journée sur la corde raide. Les tensions – il y en a toujours sur ce genre d’aventure de plus de deux mois – sont exacerbées par la fatigue. Espérons que cela ne gâchera pas la fin de la TransEurope. Mon système de « défense » étant de m’isoler pendant la course où je mets le MP3 puis après où j’ai envie de rester seul, loin du bruit.

    Reprenons l’étape, après le franchissement du Rio Guadalquivir, au km 11. S’en suivit une longue montée d’une dizaine de kilomètres, sur une route à grande circulation en travaux car elle va bientôt se transformer en autoroute. Pas beaucoup de possibilité de regarder le paysage alors que dans la descente qui précédait j’avais vu des oliviers et encore des oliviers, mais aussi une large vallée surplombée par une chaîne de montagnes d’altitude sans doute proche de 2000m pour certains de ses sommets. La moyenne que j’avais adoptée jusqu’au bas de la descente était de l’ordre de 11,8 km/h et une fois le ravitaillement passé, comme ça remontait, cette moyenne fléchit pour retomber à 10,7 au bout de la seconde heure de course. Heureusement que le parcours nous fit quitter la grande route pour en emprunter une plus calme et aussi plus belle : beau revêtement, alternance de bosses et de creux, et … toujours les oliviers. Vers le km 30, nouveau virage à 90° pour trouver une route qui montait très fort alternant bitume et graviers, alternant aussi ensuite d’autres montées et descentes avec des pourcentages proches de 10% par endroits. Les oliviers la bordaient de chaque côté mais le panorama était agréable à admirer, au risque de se casser la figure si l’on ne regardait plus où l’on mettait les pieds. Ma vitesse avait de nouveau chuté car je n’hésitais plus à alterner course et marche et comme je prenais un peu plus de temps aux ravitaillements, j’étais sur du 9,3 de moyenne entre deux postes de ravitaillement et j’étais passé sous les 10km/h pour l’étape. Néanmoins je taillais quand même la route.

    La fin fut de nouveau pénible ; j’avais l’envie mais plus les forces, alors je pris mon mal en patience et regardais mon GPS pour suivre le décompte jusqu’à la ligne d’arrivée. Celle-ci se trouvait après un périple de plus de deux km dans la ville de Jaén, avec tout ce que cela comporte d’incertitudes dans la direction à prendre car le fléchage n’était pas forcément évident à repérer. Le road book et le fléchage n’étant pas toujours en adéquation, je me suis parfois retrouvé face à un dilemme tant que je ne voyais pas les stickers rouge fluo : devais-je prendre à gauche ou à droite ? Quand on est en fin d’étape et qu’on n’a qu’une envie, celle d’en finir, cela peut énerver. C’est un peu dans cet état que je suis arrivé et ceci peut expliquer que je n’ai pas supporté certaines réflexions ou remarques acerbes une fois l’arche d’arrivée franchi.

    Bon, demain ça ira mieux – j’espère – et comme l’étape est plus longue (60km) avec un gros dénivelé, il va falloir se préparer à mettre au moins une heure de plus.

    Nous sommes hébergés dans le gymnase de l’Université de Jaén et nous avons dîné au restaurant universitaire. C’est une grande fac abritant plusieurs milliers d’étudiants. La ville semble belle car à flanc de montagne et les habitations sont de plus en plus typiques de l’Andalousie.

    A+Fab

     

    CR étape 59

    Avant-propos

    Le CR rédigé chaque soir raconte ce qui s’est déroulé lors de la journée et donc on peut s’apercevoir en en lisant deux ou trois de suite que les états psychologique et physique sont soumis à de grosses variations à 24 ou 48 heures d’intervalle. Et quand on ne peut pas se connecter deux jours de suite, on écrit quand même un CR et lorsqu’on a une possibilité de se connecter, on envoie le tout. Ainsi, le lecteur doit être mis en garde s’il lit à la suite les CR.

    Si j’ai commencé ce CR par ça, c’est qu’aujourd’hui l’étape 59 s’est mieux passée que celle de la veille. Je suis arrivé tout aussi fatigué physiquement, mais mentalement j’ai mieux terminé. Pourtant l’étape ne fut pas facile, mais la façon de l’appréhender fut quelque peu différente. J’ai essayé de laisser toute forme de pression de côté, ne m’occupant que de ma course, ne regardant pas celle des autres.

    Le départ de Jaén en pleine heure de pointe ne fut pas très aisé et il fallait faire attention au fléchage à chaque carrefour. Plus de deux kilomètres de ville la plupart du temps en montée, puis ce fut la descente courte mais pentue qui nous fit sortir de l’agglomération. La route aperçue plus loin dans le fond de la vallée semblait monter assez tranquillement et je pensais que ça allait être assez facile d’atteindre le col ou ce qui pouvait ressembler à un col. Hélas, en vérité on nous fit emprunter une magnifique piste cyclable qui débutait par une portion à très fort pourcentage qui m’obligea à marcher. Par la suite, cette voie semi piétonne et cycliste continuait de monter en faisant de longs lacets. Tout au long il y avait des sculptures et des panneaux rappelant l’occupation préhistorique des lieux ou montrant que le paysage avait servi de modèle pour des peintres. C’était distrayant et faisait oublier la difficulté de la côte. Après 8km de cet itinéraire magnifique mais aussi difficile, nous avons atteint le « col » pour ensuite descendre fortement sur la route principale pendant plus de 3km.

    Par la suite, l’itinéraire devint plus tranquille, nous avons quitté la route principale, et les 14km de montée relativement modérée (+ 300m) furent moins périlleux que les 4km à 10% annoncés la veille, même si parfois un petit coup de forte pente nous attendait.

    Jusque-là, ma course avait été prudente et je l’avais gérée de telle façon à me faire plaisir, alternant marche et course quand j’en ressentais le besoin. Le second poste de ravitaillement étant placé à plus de 12km du premier, j’avais emporté une petite bouteille de jus d’ananas en complément afin de ne pas me retrouver en manque de boisson.

    Une longue descente d’abord régulière puis un peu bosselée me permit de faire remonter ma moyenne qui n’était que de 9,3km/h en fin d’ascension. Les jambes tournaient bien, j’avais quand même mal au quadriceps droit et un peu aux reins, mais je courais bien entre 10,5 et 11,5km/h. J’avais repris quelques décimales (9,6km/h de moyenne globale au km50) et je me disais que la fin allait pouvoir se négocier de belle manière et que je pourrais arriver en étant content de la journée. Certes il restait une douzaine de kilomètres et le parcours était maintenant bosselé, mais l’essentiel était préservé. Je finis 8ème et satisfait de ma journée, même si sans les douleurs cela aurait été meilleur.

    Demain, nous arriverons à Puente Genil où j’espère pouvoir me connecter et poster ce CR et celui de la veille.

    A+Fab

     

    CR étape 60

    Le départ dans la fraîcheur en pleine montée qui oblige à marcher au bout de 200m ça calme les ardeurs des plus téméraires et comme je n’avais pas envie de me faire mal, j’ai pris tout mon temps afin de bien m’échauffer. J’avais vu que la montée faisait environ 5km, bien sûr pas à un pourcentage aussi fort que celui des premiers 500m, et qu’il faudrait être patient avant de pouvoir retrouver un rythme de course « normal ». (passage au km 6 en 39’30’’).

    La descente qui prit la suite, d’environ 6km elle aussi, fut négociée plus rapidement et au km 12 j’étais à presque 10 de moyenne pour l’étape. Bien entendu, je souhaitais avant tout engranger afin de me permettre par la suite de gérer au cas où. Les premières douleurs ont fait alors leur réapparition, au quadriceps droit encore et toujours, si bien que je me suis dit de ne plus essayer de forcer et de continuer mon petit bonhomme de chemin clopinant parfois, mais souvent en essayant de me concentrer sur ma foulée pour tenter de limiter la gêne.

    Jusqu’au kilomètre 17, le parcours était peu accidenté, alternant parties montantes et d’autres descendantes, puis nous sommes arrivés à un endroit où nous avons pris une piste cyclable, ancienne ligne de chemin de fer réaménagée, et après une forte montée pour l’atteindre nous avons pu courir tranquille pendant une douzaine de kilomètres. J’étais relativement lent, mais j’avançais quand même. Quand on a quitté cette voie verte, on a rejoint la route principale qui descendait encore pendant quelques kilomètres, jusqu’au 47ème, et alors une forte montée pour traverser une ville nous attendait. Je la fis en marchant afin de me retrouver sur le plateau ? Là, les oliviers et la vigne dominaient le paysage. Ça changeait que de voir tout le temps les oliviers !

    Les plus de 20km en descente principalement, malgré quelques remontées bien usantes, ne furent qu’une formalité, pas facile à faire, mais qui s’est faite. Le bonheur d’avoir fini cette 60ème étape n’en fut que meilleur.

    Je vous laisse car la bibliothèque où je me suis réfugié pour rédiger et poster ce cr va fermer.

    A+Fab

     

    CR étape 61

    Aujourd’hui, nous avons franchi le 4000ème kilomètre depuis Skagen. On en était au marathon de cette 61ème étape et il ne restait à parcourir que 12km ;

    Jusque-là, l’étape s’était bien passée pour moi, j’étais partie assez rapidement par rapport aux dernières étapes où j’avais été un peu fatigué. Le départ en montée, en ville de surcroit, s’est bien passé, il fallait être attentif aux changements de direction et aux trottoirs, mais j’étais bien concentré et les jambes « avaient envie » de faire quelque chose aujourd’hui. Bien sûr, après 9km (51’) une longue ascension nous attendait et ces 8km se déroulèrent relativement bien. (km 17,4 en 1h40’).

    La suite, sur un plateau bosselé, n’empêchait pas de continuer à courir à bonne allure, en l’occurrence 10km/h environ pour moi, et mes sensations restaient bonnes, même si la douleur aux quadriceps et adducteurs commençait à se faire sentir. Pendant plus de 25km, cette tôle ondulée sur une route pas très facile à suivre car les bas côtés étaient très étroits voire inexistants, permettait de continuer d’engranger les bornes. Le passage du marathon, qui coïncidait avec celui des 4000km depuis le Danemark, marqua néanmoins un changement : le fort vent commençait à devenir véritablement un ennemi et je commençais à puiser avant la longue montée où, au sommet, il y avait des éoliennes heureuses de tourner grâce au vent fort et régulier. 3500m et 150m de dénivelé positif, ça casse bien l’allure et je me fis reprendre par Jean Benoît au dernier ravitaillement. Sans nous concerter, nous avons pris des relais dans la descente et sur le plat afin de lutter contre le vent. C’était efficace et nous avancions assez bien. La ville approchait et quand nous avons fait les 2500m séparant le panneau d’entrée de la ligne d’arrivée, nous étions soulagés d’en avoir fini avec cette 61ème journée de course : plus que 3 ! Encore 160km environ à faire en trois étapes, cela ne devrait plus poser de soucis majeur, il suffira d’être patient. Demain, vendredi, on annonce de la pluie, denrée rare sur cette TransEurope et surtout dans cette partie de l’Espagne. Espérons que nous n’en souffrirons pas trop afin de profiter pleinement de l’arrivée à Ronda après plus de 63km. La ville est au bout d’une longue et forte montée, mais elle est très jolie.

    A demain pour un autre CR.

    Fab

     

    CR étape 62

    Après une nuit un peu difficile en raison du bruit de la musique qui accompagnait un cours d’aérobic et de ceux provenant de la salle de musculation et aussi parce que mon 3ème matelas commençait à se dégonfler peu à peu, je me réveillai assez fatigué en ayant bien envie de faire une petite grasse matinée. Je m’octroyais 30’ supplémentaires car mon départ était prévu à 8h, puis je me levais enfin pour prendre le petit déjeuner. Celui-ci passe de moins en moins bien car il y a toujours les mêmes choses et je commence à en être écœuré. Je m’étais acheté des petits pains au lait et du chocolat la veille ainsi je pus me faire un peu plaisir. Le café au lait aussi ne m’inspire plus d’autant qu’il est souvent moins que tiède. La météo annoncée n’était pas bonne non plus, les fortes pluies de la veille dans la région Andalouse ayant causé quelques dégâts.

    Donc, beaucoup d’éléments étaient réunis pour que cette journée soit difficile, le dénivelé annoncé étant assez important (+550m en 22km + toutes les bosses à passer).

    Le départ fut donné sous une pluie très éparse dans la fraîcheur et l’obscurité de ce 19 octobre, deux mois jour pour jour après notre départ de Skagen. Les 22 premiers kilomètres ne furent pas trop compliqués, je passais la 1ère heure avec 10,7km et la seconde avec 20,4km au compteur. La suite fut moins facile car nous avons quitté la route principale pour courir sur une moins fréquentée mais plus accidentée et très endommagée par les fortes précipitations du mois dernier et par celles de la veille. Les coulées de boue ou mini glissements de terrain avaient laissé leurs traces sur le macadam ce qui rendait le sol glissant et les chaussures très lourdes avec la boue qui collait.

    Une fois cette partie terminée, nous avons repris une route à forte circulation où tour à tour nous avons vu des convois militaires, des camions transportant des Porsche et des Ferrari, des groupes de motards de la police, des véhicules d’intervention –pompiers et prompts secours – ainsi que de belles voitures de sport conduites par des britanniques. A tout ce trafic, il faut ajouter les autres véhicules, automobiles, camionnettes et camions habituels. Le paysage était devenu au fil de l’ascension du col de plus en plus montagnard, quelques cultures d’oliviers subsistant, des arbres et arbustes verts poussant là où il leur était possible de le faire. Le reste était plutôt rocailleux avec peu de végétation.

    Une fois arrivé au col je fus un peu soulagé d’avoir de la route descendante, surtout après 22km de montée même pas trop forte. La descente pas franche dura jusqu’à la fin de l’étape soit les 16 derniers km qui furent assez longs.

    Au total, la journée fut relativement belle au niveau météo, un peu moins en ce qui concerne la course, mais le principal est que je suis arrivé au bout. Plus que deux étape, ça sent l’écurie ! Petite ville demain soir pour nous accueillir. Peut-être y aura-t-il une connexion, en tout cas, ce soir, il n’y a rien. Donc vous lirez ce CR en décalé.

    A+Fab

     

    CR étape 63

    Après une mauvaise nuit passée dans une minuscule pièce surpeuplée dont la porte grinçait dès que quelqu’un l’ouvrait et la fermait pour aller aux toilettes, sur un matelas crevé, coincé entre de gros ronfleurs, à côté de deux grands gymnases où se sont déroulés des matches de foot en salle jusque vers 22 heures voire plus, avec de surcroît un petit déjeuner tout aussi peu appétissant qu’à force il dégoûte de le prendre (mais il faut bien se nourrir quand même) servi sans lumière car personne n’a trouvé comment remettre l’éclairage de la salle en marche, cette étape s’annonçait un peu compliquée.

    Le départ, avec la traversée de Ronda, très jolie ville dont nous n’avions rien vu la veille, se fit dans l’obscurité et il fallait avoir l’œil pour repérer le fléchage. Peu à peu nous avons découvert le charme de la ville mais rapidement nous en sommes sortis pour retrouver une route d’assez bonne qualité mais qui commençait par grimper. La montée n’était pas trop forte et les 8km pour passer de 680m à 1030m d’altitude se passèrent bien malgré la fraîcheur de l’atmosphère.

    Le profil de l’étape était annoncé comme très vallonné avec une succession de bosses et de creux jusqu’au 40ème kilomètre. Mais le paysage, montagnard, avec des villages perchés dont les maisons aux façades blanches faisaient ressortir la beauté, nous faisait quelque peu oublier l’effort à faire pour grimper. Au col du km 30, une surprise nous attendait : le panorama nous montrait le rocher de Gibraltar situé à une quarantaine de km de là à vol d’oiseau, avec en arrière plan l’Afrique, le Maroc et son arrière pays montagneux. Entre les deux on devinait la mer Méditerranée et on pouvait apercevoir les gros navires qui transitent de ou vers l’océan Atlantique. Dans la descente, je ne quittais plus le rocher des yeux, but final de notre épopée. Mais il faudrait attendre encore pour le toucher. La végétation dans la descente n’était plus composée d’oliviers, peu à peu nous avons vu des plantations d’orangers. Les 12 derniers km je les fis à plus de 11 voire de 12km/h tellement j’avais hâte d’en finir et comme je me sentais bien, j’en ai profité. J’ai fini avec Jean Benoît et Gilbert parti 30’ avant nous et dernier coureur du groupe « matinal » que nous avons rattrapé.

    Le gymnase est mieux que celui de la veille, le repas par contre même s’il était bon dut se prendre dans un restaurant situé à un gros kilomètre de la salle. Comme si on n’avait pas assez couru comme ça ! Enfin, c’est la dernière nuit dans un gymnase, demain ce sera l’hôtel et la fin de cette TransEurope.

    A+Fab

     

    CR étape 64

    Ça y est ! Je suis enfin finisher d’une transcontinentale !

    Honnêtement, 3 heures après l’arrivée, je ne réalise pas encore car je n’ai pas eu d’émotion particulière sinon celle d’avoir fini cette dernière manche. J’ai envoyé des SMS à ma famille et aux proches amis et leurs réponses pleines de bonheur ont quand même déclenché quelques frissons. On a attendu les copains et de voir leur joie ça aussi ça faisait quelque chose

    La journée s’est-elle bien passée ? J’ai souffert, de ma chute de la veille dans les douches, et parce que dans ma tête j’avais aussi un peu « coupé » l’envie. Il fallait faire cette dernière étape, je l’ai faite, sans saveur particulière car je n’avais plus le moteur pour aller à une vitesse qui m’aurait convenue. Certes je ne mets que 5’ de plus que ce que j’avais prévu, mais j’ai été laborieux. J’ai fini avec Neil, compagnon des premières étapes danoises et allemandes, et avec Fred Borel, les deux benjamins de la course (moins de 40 ans). Bravo à eux d’être allés au bout.

    J’avais emporté l’appareil photo et j’ai quand même passé les premières heures de course à mitrailler à gauche et à droite à la manière d’un japonais (NB : certains coureurs japonais ont pris des centaines de photos par jour !). Je trouvais le paysage joli, mais les mots me manquent pour le décrire, alors des photos seront plus « loquaces » et je ferai moins d’erreurs d’interprétation.

    J’ai couru pendant les trois premières heures sur un rythme de plus de 10km/h, mais les temps de pause aux ravitaillements ou pour marcher de temps à autres ont fait baisser ma moyenne à environ 9,7km/h. cela est très anecdotique car le but de cette journée était d’arriver au bout sain et sauf.

    J’ai quand même réussi à mettre moins de temps en 64 jours sur cette TransEurope (pour 4178,5km) que lors des 54 que j’avais faits en 2009 (3764,8km). Il est vrai que cette année ma moyenne générale, d’environ 9,35km/h ce qui correspond à celle de ma seconde meilleure Transe Gaule, m’a permis d’économiser beaucoup de temps et donc de fatigue ainsi que de matériel. On use moins les chaussures quand tout va bien.

    La météo a été bien fraîche, froide même au moment du départ car il n’y avait pas de nuages, et au fur et à mesure qu’on s’est rapproché de Gibraltar, qu’on n’apercevait même pas contrairement à hier, les nuages sont venus couvrir le ciel. On a progressivement atteint cette grande zone urbanisée et industrialisée dont les usines, raffineries et autres unités de production ou de traitement pullulaient. Au dernier poste de ravitaillement, on a enfin découvert le rocher de Gibraltar, mais il restait encore plus de 6km à faire, le long des raffineries et dans les rues des petits villages avant La Linea, lieu de l’arrivée.

    Un dernier round sur le remblai et l’arche d’arrivée se profilait. On a terminé en croisant de nombreux promeneurs, certains étonnés, d’autres nous encourageant.

    Des photos, des boissons, des bises… puis ce fut l’hôtel où je me suis installé et où j’ai pris ma douche, refait mes sacs pour que demain je n’aie pas de mal à prendre l’avion. Ce sera une autre histoire, en sorte une 65ème étape pas si facile que ça. Demain soir, à 20h30 mon avion devrait atterrir à Nantes, après une escale et un changement à Londres. Je croise les doigts pour qu’il n’y ait pas de soucis.

    On verra, l’essentiel étant d’être allé au bout de mon aventure.

    Merci à tous ceux qui m’ont encouragé.

    A+Fab

     


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  • CR étape 23

    Nous avons quitté l’Allemagne ce matin et profité une dernière fois de la tranquillité de ses pistes cyclables. Partis dans l’obscurité qui a obligé la plupart des coureurs « sérieux » à porter une veste de sécurité nous avons vu le soleil se lever (en nous retournant tout de même car nous filions plein ouest) et au loin nous pouvions apercevoir le Massif Vosgien dont on reconnaissait le Ballon de Guebwiller. Mais les Vosges, ce n’était pas au programme pour le moment, elles devaient être abordées aux 2/3 de l’étape.

    Le premier à passer en France fut JB suivi d’Eilolf, le 3ème c’était moi. Ce départ qui semblait tranquille s’était avéré être assez rapide toutefois. Nous étions à 10km/h et plus parfois, alors quand nous avons franchi le Rhin, puis le canal latéral nous avons pu mesurer l’écart entre les 5 premiers et les autres.

    La suite du parcours allait s’avérer délicate car dangereuse avec la circulation automobile sur de longues lignes droites sans bas côté pour se réfugier en cas d’attaque de poids lourds ou de voitures. Une fois ces interminables tronçons routiers digérés, j’ai pu enfin trouver un rythme plus détendu et néanmoins tout aussi rapide. Le revêtement grossier de la route s’adoucit aussi et j’engrangeais les bornes. Ma moyenne cumulée depuis le matin était proche de 10, environ 9,7km/h, et une des raisons à cela était que je passais moins de temps à me ravitailler. Jusqu’au N°6, je ne restais pas plus d’1’ à 1’30 et rien que ça ça conforte une moyenne. Au ravito de la soupe, je ne m’attardais pas non plus car elle n’était pas prête : on allait trop vite avec JB et Eilolf.

    Je décidais d’accélérer encore un peu au sortir du ravito tenu par Gégé et Nicole où j’appris qu’un de nos futurs lieux d’hébergement avait décidé de ne plus nous recevoir (La Châtre). Ça m’a bien pris la tête et pour me calmer, je passais à la vitesse supérieure. J’ai tenu bon jusqu’à une dizaine de km du but, même si j’avais chaud et que je recherchais de l’ombre et de quoi tremper ma tenue.

    Je finis un peu moins vite, m’octroyant 5’ de marche pour récupérer et penser déjà à l’étape de demain qui fera 79km et nous mènera à Noisdans le Ferroux où nous allons dormir dans des gîtes et manger de la cancoillotte, plat régional.

    Un peu de stress ce soir au moment du dîner : le traiteur n’avait encore rien livré à 18h30 et avec Nicole nous sommes allés voir ce qui se passait. Comme on était lundi, le traiteur avait eu du mal à trouver du pain, et comme c’est son jour de fermeture, il n’a pas pu aller le prendre avant. Mais tout est rentré dans l’ordre et tout le monde a été ravi d’avoir des salades à volonté avec viande froide, pain, fromage et dessert. On est en France, c’est moi qui m’étais occupé de trouver le traiteur, j’en étais tout ému.

    Je vous quitte car demain sera un autre long et difficile jour de course. Espérons simplement que nous ne soyons pas en danger au moment des heures de pointe sur les départementales franc-comptoises. Aujourd’hui un coureur s’est un peu blessé en chutant après avoir évité une voiture qui ne s’était pas écartée. Un petit tour chez le médecin et le voilà réparé.

    A+Fab

    CR 24ème étape

    Dernière longue étape de la triplette à plus de 75 bornes (240km en trois jours) on va avoir deux jours de semi repos : 48km demain et 55km après demain. Je vais avoir le temps de me reposer ce que je n’ai encore pas pu faire aujourd’hui après mon arrivée étant sollicité à gauche et à droite pour régler des problèmes d’organisation (paiement des hébergements et repas).

    Ce matin, au départ, la nuit était noire malgré un timide croissant de Lune un peu flou dans un ciel semi couvert. J’avais consulté la météo et on annonçait l’arrivée d’orages pour l’après-midi et dans la soirée. J’avais ajouté à ma tenue un poncho que j’ai placé dans mon petit holster à côté de ma seconde bouteille remplie d’eau celle-là, l’autre, tenue à la main contenant une boisson glucosée pétillante et citronnée. J’avais aussi emporté ma frontale parce que je me doutais que le parcours ne nous ferait pas prendre le centre de Belfort et j’ai eu le nez car quelques hectomètres après la sortie de la ville, nous nous sommes retrouvés sur une piste cyclable dans le noir. Je menais donc un petit groupe de 4 ou 5 qui n’avaient pas prévu de lumière. La lampe était indispensable et je me demande comment ils auraient fait si je n’avais pas ouvert la route.

    Plusieurs kilomètres ont passé et nous avons rejoint la route, calme où le jour commençait à se lever et donc ma lampe n’était plus indispensable. Le premier ravitaillement devait se trouver au km 10, mais une erreur de pointage GPS l’a déplacé sur une autre route à 150m du lieu où il aurait dû se trouver. Je n’ai pas hésité à continuer ma route sachant que j’avais ma seconde bouteille, mais ceux qui étaient partis sans rien ont dû faire le détour avant que le ravitailleur ne revienne se placer au bon endroit.

    Après cette petite péripétie, nous n’étions plus que deux devant, Christian Fatton qui avait des jambes toutes neuves par rapport à la veille et moi. Nous avons continué notre échappée et le parcours devint un peu vallonné ce qui n’était pas pour me déplaire. De longues portions de route au revêtement abrasif m’obligeaient à lever un peu les jambes et à ne plus adopter ma foulée rasante. Jean-Claude Le Gargasson, touché aux releveurs depuis plus de 10 jours, me rattrapa et me lâcha progressivement. Il pouvait enfin reprendre sa vraie place, celle du groupe des rapides et je ne le revis plus de la journée sauf quand de longues lignes droites dégageaient la vue à plus de 2 ou 3km.

    Christian revenu en forme, Jean Claude reparti comme au début de la TEFR, je pouvais retourner « jouer dans ma cour » sorte de Ligue 2 de la TransEurope. Je n’ai ni l’étoffe ni le niveau pour jouer dans la cour des grands et si j’ai pu faire parti de cette sorte de Ligue 1 de la TransEurope ce ne fut qu’occasionnellement en fonction des aléas de la course.

    La journée fut de plus en plus laborieuse surtout une fois que le premier orage éclata : une bonne pluie qui cessa une fois que j’avais fini d’enfiler le poncho. Mais comme j’avais mis 5’ à me décider de le sortir, j’étais bien trempé. Le vent qui soufflait en rafale et souvent face à nous me sécha assez rapidement et je pus remettre le poncho à sa place. Bien sûr, on ne peut pas gagner à tous les coups, un nouvel orage arriva et je réussis à anticiper et à mettre – tout en continuant de courir – le joli poncho rouge qui devait étonner sinon faire rire les automobilistes croisés à ce moment. Là, la pluie redoublait et j’arrivais juste au ravitaillement de Gérard et Nicole quand j’aperçus un jogger en contre sens : c’était Martial Lanoue qui avait participé à la Transe Gaule 2007 mais qui avait été contraint à l’abandon au bout de quelques étapes, suite à une inflammation des releveurs. Il pleuvait fort, mais je ne voulais pas m’éterniser pour ne pas me refroidir et je repris ma route pataugeant

    dans les flaques. La pluie cessa peu avant l’entrée dans Vesoul et je rangeais alors pour la dernière fois j’espérais mon imper de fortune. C’est à ce moment que revint sur mes pas l’autrichien Ambros et que le premier du peloton des rapides partis à 7h me dépassa (Trond, le norvégien). Je ne fus pas étonné sachant que Stéphane devait encore avoir mal à cause de sa sciatique ce qui devait l’empêcher de courir à son rythme habituel.

    La traversée de Vesoul fut laborieuse et je dus laisser Ambros s’en aller, ne cherchant pas à le rattraper ce qui m’aurait coûté plus que cela m’aurait rapporté.

    La fin fut interminable et mon GPS indiquait déjà 79km que le village d’arrivée n’était pas encore vraiment proche. Je finis en 8ème position, avec 8h36’ de course dans les pattes.

    Après, l’installation dans les gîtes, la douche, le lavage du linge, l’étendage, la collation et l’hydratation, tout ça me prit du temps et au moment où j’allais enfin pouvoir me reposer en m’allongeant sur mon lit, on est venu me chercher pour régler des problèmes d’intendance, ce qui m’a pris 1h30 ! Il fallait aller voir les propriétaires des gîtes pour payer, mais comme les organisateurs n’étaient pas d’accord sur le nombre de personnes à compter ni sur le nombre de places occupées, il a fallu discuter (et moi je suis l’interprète qui parfois n’arrive pas à tout comprendre ou à tout traduire dans cette discussion de chiffonniers). On a réussi à trouver un arrangement et les propriétaires des gîtes ont été très sympathiques en ne comptant pas tout.

    Après il fallait transmettre des nouvelles, positives, concernant une ville étape où l’hébergement avait été annulé par le propriétaire de la salle. Nicole a réussi à convaincre la Mairie de cette ville de nous prêter une auberge de jeunesse qu’elle a mise en vente. Donc de ce côté-là aussi, ça m’a bouffé de l’énergie et j’espère que ça sera tout pour les petits soucis extra sportifs.

    Sur ce je vais poster mon CR puis éteindre et dormir.

    A+Fab

     

    CR étape 25

    Faisant partie du groupe des « lève-tard » en raison de mon bon classement sur l’étape d’hier, j’ai pu me préparer tranquillement pour cette courte étape.

    La nuit dans le gîte s’est bien passée, même si à 4 nous étions un peu à l’étroit dans une chambre faite pour 6. Mais les sacs et valises occupent plus de place que des personnes.

    Ce matin, le petit déjeuner fut pris au Matchiko, le restaurant qui nous avait servi à dîner la veille au soir (cancoillote, plat régional que m’avait fait découvrir Claude Gilard lors de la Transe Gaule 2011. A ce propos, je répare un gros oubli : il est venu nous voir à Valdoie il y a deux jours et sa visite nous a bien fait plaisir.)

    Le rangement de affaires et la préparation pour l’étape me prit plus de temps, mais j’en avais gagné un peu plus si bien que j’ai aussi pu faire du tri et du rangement dans mes affaires.

    Le départ fut donné à 7h précises, juste une heure après le groupe précédent, et je me retrouvais rapidement … bon dernier, ce qui est peu habituel pour moi. Je ne m’en faisais pas plus que ça, sachant que j’allais pouvoir courir à mon rythme, sans personne à me coller aux basques.

    Les premiers kilomètres, d’échauffement, passés, je pris une allure de croisière confortable et remarquais que j’étais à plus de 10km/h. mais même comme ça, je ne revenais sur personne.

    Au premier ravitaillement, je reprenais quand même Christian et Markus que je passais et je me rapprochais ensuite d’Ambros, parti encore plus vite que moi. La jonction se produisit vers la mi-course où nous avions déjà commencé à doubler des coureurs du groupe parti à 6h. Un petit signe ou mot d’encouragement pour chacun d’eux, un peu de compassion pour ces forçats de la route dont beaucoup souffrent pendant que je les laisse quasiment sur place. J’ai déjà été à leur place, naguère, et je sais ce que ça fait.

    Le parcours devint un peu accidenté et j’accélérais la cadence, j’adore attaquer dans les côtes. Je dépassais Ambros et le laissais courir derrière. Je devais être 5ème virtuellement, mais je ne le savais pas. Je poursuivis mon effort jusqu’au dernier ravitaillement où je ne m’arrêtais que pour remettre du cola dans ma bouteille, sans prendre le temps de boire une soupe. L’arrivée était trop proche pour que je reste flâner.

    Christian me rattrapa peu après et me laissa sur place, ainsi je me sentais un peu soulagé de n’avoir pas à essayer de le reprendre. J’ai fini avec Markus, jamais très loin derrière, et les derniers kilomètres ont paru oins longs.

    Moins de 5h pour 48,3km en 4h46’, une belle 6ème place ex-æquo, ni blessure ni courbatures, le bilan du jour est très positif. Moralement, après un coup de fatigue sans rapport avec la course mais plutôt en lien avec les à-côtés de la course (intendance par exemple), ça va mieux. J’avais trop de pression quant aux contacts que j’avais moi-même pris pour la course au niveau hébergement et restauration, que dès qu’il y avait un petit hic, je me prenais tout de plein fouet.

    Bon, il est tôt, 15h45, je poste ce CR et me repose.

    A+Fab

     

    CR 26ème étape

    Après la soirée d’hier où vers 17h une réunion dans la cour de la mairie, ancienne cour de l’école publique sans doute, fut programmée par les élus locaux qui nous ont offert le kir originaire de la région, nous avons pris notre repas sous barnum car il n’y avait pas assez de place dans les deux petites pièces de la salle polyvalente. La réactivité et les bonnes initiatives de la Mairie sont à noter, et le repas apporté par le traiteur que j’avais contacté dès décembre dernier semble avoir contenté tout le monde tant au niveau qualité que quantité. (NB : Traiteur « Le Colvert » à Gray)

    La nuit s’est bien passée malgré le très peu de place pour installer toutes nos affaires et tout notre matériel de couchage. Certains japonais ont même préféré aller dormir dans les vestiaires du stade où se trouvaient les douches.

    Comme je faisais partie du groupe des plus rapides, je devais partir à 7h15, les moins rapides de la veille partant à 6h15. Ces horaires légèrement décalés sont la conséquence de la nuit qui se prolonge de plus en plus du fait de notre avancée à la fois vers l’automne et vers l’ouest. Bientôt on partira à 6h30 puis sans doute à 7h quand nous serons dans le Massif Central.

    Je suis parti dernier du groupe et je le suis resté un bon moment. Mais j’étais un peu fatigué et n’avais pas envie de lutter à chercher à rattraper Christian et Markus. La pluie s’était invitée dès le départ et je mis quelques km à me rendre compte qu’elle était partie pour durer, ainsi j’enfilais mon poncho que je garderai jusqu’à 15km du but.

    La première partie de l’étape était plate, avec parfois un faux plat, mais pas de quoi fouetter un chat. Il n’y avait pas beaucoup de circulation et cela permettait de courir tranquillement sur les longues portions de route droite. Peu après le second ravitaillement je commençais à dépasser des coureurs de « 6h15 » et petit à petit je remontais le peloton éparpillé sur le parcours. Les grandes parties dégagées permettaient d’apercevoir au loin les prochaines « victimes » sur qui je mettais de plus en plus de temps à fondre. Je dépassais aussi Stéphane qui recommençait à souffrir de son bassin et de douleurs aux jambes.

    Après la mi-parcours, les côtes arrivèrent et il fallait les franchir. Après chacune d’elle j’espérais que ce soit fini, mais arrivé au sommet je m’apercevais qu’il y en avait une autre, puis encore une autre. Cela a duré une grosse dizaine de km et ce n’était pas fini.

    La fin approchait et je commençais à fatiguer et à avoir mal aux pieds qui étaient trempés. Le revêtement des routes de cette étape n’ont pas facilité ma foulée rasante.

    Je finis en moins de 6h, objectif atteint, à la 9ème place car des coureurs partis à 6h15ont terminé en moins de temps que moi.

    Demain, il y aura 83km, soit 28 de plus qu’aujourd’hui. Ce sera un autre morceau à bien gérer avant les étapes de samedi (83km elle aussi) et de dimanche (73km « seulement »). On aura franchi la barre des 2000km et il faudra continuer à être vigilants pour les 35 étapes restantes.

    A+Fab

     

    CR 27ème étape

    Le départ du groupe dans lequel j’ai été placé fut donné à 6h15 pour cette longue étape vers Avallon, où 83km nous attendaient. Il faisait nuit et il y avait du brouillard. J’avais donc come quelques coureurs prévu de prendre ma frontale et de mettre une tenue de sécurité pour être visible des éventuels véhicules roulant sur notre itinéraire si tôt le matin.

    La route pour quitter le village était pendant quelques centaines de mètres en descente et rapidement une longue montée se présenta devant nous, dans le noir. Je suis à l’aise les petits matins brumeux et frais au réveil dans les montées et j’ai donc attaqué tout de suite la côte. J’ai fait attention à n’allumer ma frontale que lorsqu’il y avait des carrefours ou des véhicules arrivant en sens inverse. Le reste du temps, je l’éteignais afin que derrière on ne puisse pas m’avoir en point de mire. Je n’avais pas envie d’emmener du monde sur mon porte bagages et j’en connais quelques uns qui pourtant aiment bien se faire piloter, surtout s’ils n’ont pas voulu s’encombrer d’une lampe. Mon avance s’est rapidement accrue au point que je ne voyais personne dans la pénombre qui me suivait. Une fois j’ai eu une hésitation à un embranchement de deux routes n’étant pas certain d’avoir suivi le bon chemin, mais en revenant 10m en arrière, j’ai vérifié que le fléchage m’orientait sur la route que j’avais choisie. Ça me fait souvent douter de ne pas voir le fléchage et je me dis que je vais continuer quand même et que si je me trompe, alors j’aurais fait un mauvais choix. Mais la vie est ainsi faite qu’il faut toujours faire des choix au risque que certains soient mauvais. Bon, sur le coup j’ai eu tout bon et j’ai pu poursuivre en en remettant un petit coup puisque les flèches aperçues plus loin m’avaient conforté dans mon option.

    Au premier ravitaillement, j’avais une grosse avance, idem aux deux suivants. Nous avons eu à escalader successivement plusieurs côtes comme celles que j’avais étudiées quand j’étais à la fac de Géographie. Et du coup, comme hier, je me suis dit que ce seraient d’excellents travaux pratiques pour faire comprendre aux étudiants ce qu’est un profil convexo-concave, pour leur faire sentir la différence de végétation entre un versant exposé plein est d’un autre plein ouest. Après le 30ème km, le relief se calma et nous avons atteint Semur en Auxois qui a un long mail ombragé sur plusieurs centaines de mètres. En me retournant, je ne vis personne derrière malgré une visibilité à perte de vue.

    Il restait quelques petites côtes, mais jamais très longues et souvent nous avons couru sur de très longues portions de routes droites et interminables. Les lignes de TGV étaient parfois le long de notre itinéraire ou alors nous devions emprunter des passages souterrains ou des ponts pour les franchir.

    Stéphane, parti dans le même groupe que moi car un peu blessé et en convalescence, me rattrapa après le 50ème km et me dépassa. Derrière, j’apercevais très loin un coureur habillé en route. Qui ? Je le saurai plus tard quand il m’aura rattrapé, s’il y parvient. La route prévue sur le road book fut modifiée en raison de travaux sur un pont d’autoroute et nous avons dû suivre une déviation. Quand je me rendis compte que cette déviation allait nous ajouter environ 3 km au final, je commençais à baisser un peu le pied. 3km, ça fait environ 20’ quand on lâche un peu le rythme et je sentais que la fatigue arrivait. J’ai pris mon mal en patience et je poursuivis mon étape en espérant seulement n’être dépassé que par des coureurs partis à 7h15 et pas par ceux de mon groupe. C’est ce qui se passa, Robert puis Henry furent les seuls à me dépasser. La fin de course vers Avallon fut très belle, les habitations, moulins, châteaux, bâtisses d’un autre temps rénovées ou laissées en état donnèrent une petite note touristique à cette étape.

    Avallon ! (les kilomètres) Le panneau d’entrée était situé à 4km de l’arrivée ce qui laissait penser que la fin allait être en côte car on apercevait sur les hauteurs de nombreuses habitations. En effet il a fallu remonter sur la côte pour trouver la ligne d’arrivée près du gymnase d’une cité populaire.

    Je finis 6ème, fatigué mais content de ma journée. Demain, rebelote, encore 83km, mais pas du 83 qui en faisait presque 86 comme aujourd’hui.

    Il fait tout noir maintenant dans le gymnase je vais poster puis éteindre.

    A+Fab

     

    CR étape 28 :

    Une étape en France un week-end, ça a du charme parce que beaucoup de personnes peuvent venir nous voir, et pour moi, ça a été l’occasion de voir Pascale, ma femme, Hélène (ma sœur) et Eric son ami. Nous avons aussi eu de la visite d’un trio nantais (Thierry Viaux, Philou Favreau et Dominique Chaillou), d’un breton transegaulois (Bruno Rouiller) et d’autres transegaulois (Didier Arpaillange et Xavier Servel).

    Au niveau intendance, j’ai pu échanger ma valise défoncée contre une autre moins volumineuse, je me suis aussi débarrassé d’affaires que je n’avais pas encore portées et j’ai récupéré deux ou trois bricoles en contre partie.

    Le soir je suis allé au restaurant, cela m’a bien changé les idées surtout après la longue étape que je venais de courir.

    Parti à 7h15 grâce à mon étape de la veille, j’ai été accompagné toute la journée par Thierry Viaux qui s’était inscrit pour faire cette étape. Nous sommes partis en dernier du groupe des 7h15 et le parcours du début a montré que cela n’allait pas être une simple formalité : il y aurait du dénivelé et pas beaucoup de descentes pour rattraper le temps passé à grimper. De plus, après les plus de 85km de la veille, on repartait pour du 83,3km ! Le rythme était pourtant bon mais la moyenne demeurait moins élevée que ces derniers jours et mon objectif de mettre moins de 9h avait du plomb dans l’aile.

    Il y a eu des moments où j’arrivais à relancer et à courir à plus de 10, d’autres où j’étais contraint d’alterner course et marche. Heureusement que Thierry m’encourageait à repartir, à m’accrocher, même s’il a couru presque toute l’étape derrière moi. Parfois il prenait quelques dizaines de mètres d’avance afin que j’aie un point de mire.

    Nous avons eu droit à quelques encouragements particuliers : « Allez le troupeau de Viaudx ! » surtout quand nous courions le long de pâtures où paissaient incrédules de jeunes vaches charolaises. La présence sur la course de copains ainsi que la perspective de voir Pascale, Hélène et Eric en fin d’étape m’ont boosté sur la fin pour terminer cette journée, mais j’étais bien fatigué. La surprise aussi fut grande de voir que le problème de salle avait été résolu et que j’allais pouvoir prendre rapidement une bonne douche. Il était presque 16h30 quand je franchis la ligne d’arrivée dans le site des Forges Royales de Guérigny, au demeurant fort joli.

    La soirée fut reposante et quand je me couchais sur mon nouveau matelas apporté par Pascale en échange des deux que j’avais crevés depuis Skagen, je m’endormis rapidement, n’étant réveillé que par un feu d’artifice tiré vers 23h. je devais prendre le départ avec le groupe des 6h15, une heure de sommeil en moins ça coûte cher.

     

    CR étape 29 :

    Au réveil, j’avais la forme ; l’entrecôte frites de la veille après les œufs meurette suivis d’un bon dessert, le tout accompagné d’un bon panaché et d’un petit verre de vin m’avaient redonné du peps. Je me préparais tranquillement essayant de me familiariser avec mon nouveau matériel (valise, sac…) et quand vint le moment du départ, j’étais prêt à ingurgiter les 73km proposés. Dès le début j’étais bien, dans la tête et dans les jambes, et je me calais derrière Ambros et JB qui progressivement ont adopté un rythme soutenu. Je ne cherchais pas à combler le retard sur l’autrichien qui s’envolait petit à petit. J’avais JB en point de mire et ça me permettait de ne pas me prendre trop l’esprit à chercher ma route.

    Nous avons franchi la Loire à Fourchambault et pour une fois, on prenait la direction de l’ouest au lieu du sud quand je traverse ce fleuve dans ma région. D’un côté, vers l’aval, le paysage était dégagé et en amont, un épais brouillard semblait bouillonner au-dessus de l’eau. Au loin, nous étions sur une longue ligne droite, j’apercevais les deux échappés et je m’accrochais pour ne pas les perdre de vue. Mieux vaut être derrière et observer que de servir de point de mire. Le temps resta frais et donc agréable jusqu’à midi et j’avais alors déjà rattrapé et dépassé JB qui passait plus de temps que moi aux ravitaillements, mais Ambros n’était plus visible devant depuis de longues minutes. Au village de Neuilly en Dun, midi sonnait à l’église et j’eus droit à une ola faite par le trio nantais auxquels se sont rajoutés Marie et Marcel, les bénévoles de la Transe Gaule qui m’avaient bien encouragés quand en 2005 j’avais connu les affres de la blessure aux releveurs. Ça m’a redonné un second élan et comme par magie, Ambros réapparaissait au gré des lignes droites et je voyais que je gagnais du terrain sur lui. Je fis la jonction à 15km du but et lui dit que je n’avais pas envie de continuer à combattre et que si on terminait ensemble ça serait sympa. Il acquiesça et nous avons donc cheminé côte à côte ou l’un derrière l’autre selon la configuration de la route et l’importance de la circulation. Deux bolides nous dépassèrent, Robert et Henry, et nous les gardâmes en point de mire le temps de passer au dernier ravitaillement. La suite fut un peu laborieuse car la route n’était plus ombragée et une dernière grande ligne droite de 5km devait nous faire atteindre Charenton du Cher où l’arrivée était programmée devant le dojo. Sur la ligne droite, Ambros s’était peu à peu détaché et je parvenais difficilement à conserver une distance me permettant de terminer avec lui. Alors quand j’arrivais près de la banderole d’arrivée, j’eus la surprise de le voir arrêté qui m’attendait. Ce geste a été très sympa de sa part sans doute parce que je lui avais déjà fait la même surprise en Allemagne et aussi certainement en raison du grand respect qui existe entre nous.

    Nous étions allés vite pendant cette étape bouclée en 7h31’ et nous avons terminé à la 5ème place ex-aequo.

    Cette journée fut marquée par la mauvaise nouvelle de l’abandon de Markus, coureur suisse, en proie à des douleurs dues à une hernie inguinale. Nous avons été très affectés car c’est un coureur très sympathique qui depuis quelques jours luttait sans doute déjà touché par son problème de hernie. D’autres coureurs ont eu aussi de grosses difficultés, sans doute à cause de l’accumulation des km depuis 3 jours : plus de 240 ! D’autres commencent à se sentir mieux mais conservent la conduite de prudence guidée par le souvenir de leur mauvaise passe.

    Pour moi tout baigne, mais je sais trop que tout peut arriver et ce à n’importe que moment de la course ou du hors course pour m’enflammer. Je prends ce qui vient au jour le jour tout en pensant aux suivants. Demain ce sera une étape courte, je partirai avec le groupe des 7h15, j’espère que la chaleur de la mi-journée ne me pénalisera pas trop.

    Pascale, Hélène et Eric sont repartis cet après midi après m’avoir installé mon barda et lavé mon linge. J’ai pris une bonne collation avant leur départ et ensuite j’ai pu aller dormir une heure et demie simplement agacé par les mouches qui squattent le dojo dans lequel nous sommes hébergés.

    A+Fab

     

    CR 30ème étape

    Comme nous avions franchi le 2000ème km de notre Grande Traversée de l’Europe hier, la tradition déjà instituée en 2009 s’est perpétuée et nous avons donc fait une photo de groupe entre français. Bien sûr qu’en 2000km certains nous ont quittés et nos pensées allaient vers eux.

    Markus, le coureur suisse qui a abandonné hier et un coureur japonais incapable de marcher ce matin au réveil – sinon à la manière de Robocop – nous ont laissés à 31. Déjà 18 abandons ! Souhaitons que la liste ne s’allonge plus. Au moment de la photo j’étais très ému par ces deux arrêts et j’en avais les larmes aux yeux.

    Je faisais mon retour en L1, en fait je « payais » ma belle étape d’hier terminée avec Ambros à une 5ème place dont je n’aurais même pas pensé un jour que cela fusse possible (hum, excusez pour l’éventuelle faute de conjugaison, mais je ne parle pas souvent français en ce moment, plutôt allemand et anglais).

    Le départ un peu plus tardif procure des avantages non négligeables : on a le temps de se préparer et on ne se bouscule pas aux sanitaires ou ailleurs ; on part et le jour est déjà levé ; en revanche, la circulation automobile est plus dense et je me retrouve souvent tout seul – ce que j’aime bien – mais en queue de peloton. Et ce matin, au bout de 30’ je ne voyais déjà plus personne devant. Les 8km de route en quasi ligne droite, avec le soleil levant dans le dos, donc en pleine face des automobilistes, m’ont fait passer une heure pas très agréable. Arrivé à St Amand Montrond, qu’il fallait traverser, ce n’était pas mieux, passant d’un trottoir à l’autre, devant suivre le fléchage et regarder tout autour les éventuels dangers, alors je fus très content quand je me retrouvai à l’autre bout de l’agglomération. Un dernier giratoire à franchir puis le Berry s’offrait à moi. D’abord une petite montée pour me régaler et mettre mes sens en éveil d’une autre manière que lors des 90 premières minutes. Ensuite je vis au loin un petit groupe de coureurs facilement reconnaissables à leurs tenues orange ou jaune fluo ou rouge. C’étaient mes copains Jean Pierre, Christophe, Patrick et Fred G qui étaient solidaires les uns des autres et s’encourageaient mutuellement afin que ce petit grupetto rallie l’arrivée dans les délais. Ils avaient de l’avance sur le cut off d’après mes calculs. Je les encourageais en les dépassant puis continuais ma remontée du peloton par l’arrière en doublant les japonais, qui ne sont plus que 10 en course mais dont certains qui ont abandonné refont des étapes entières ou partiellement. J’ai toujours l’impression qu’ils sont plus nombreux que ça encore et à chaque fois que j’en dépasse un il m’encourage tout comme je le fais moi-même depuis le début. Ils m’aiment bien car je fais des efforts de communication avec eux et je leur ai offert 6 bouteilles de vin de la région nantaise et angevine qu’ils ont appréciées.

    La remontée se poursuivit et j’arrivai derrière un duo dont un des éléments n’était pas à sa place habituelle : le pauvre Christian Fatton vidé de toute énergie n’avançait plus et était encouragé par Gérard Bertin resté quelques temps à ses côtés. Ensuite les coureurs à rattraper étaient de plus en plus rares mais je repris Christian Marti, Gilbert, Wolfgang et un dernier japonais. Il était prsde midi et le soleil commençait à devenir chaud. La campagne légèrement vallonnée alternait de longues portions de route sans ombre et quelques passages en zones boisées qui rafraîchissaient un peu. Au ravitaillement N° 3 je crois, j’eus le bonheur de revoir Jaquemine, Charles et Jeanine ainsi que les M&M’s (Marcel et Marie) tous bénévoles sur la Transe Gaule. Un petit arrêt pour les embrasser et c’était reparti pour boucler les plus de 20 bornes qui restaient à faire.

    Je revins à 3km de la fin sur Fred Borel avec qui je finis l’étape. On a passé ces km à bavarder et à rigoler ce qui fait du bien et fait passer le temps.

    L’arrivée à La Châtre était au bout d’une série de ruelles qui suivent le chemin de St Jacques de Compostelle et nous avons franchi l’arche de fin d’étape main dans la main. Contents et un peu fatigués aussi.

    L’hébergement se fait en auberge de jeunesse et je rédige ce Cr depuis mon lit, celui du haut, dans une chambre où se sont regroupés deux allemands et mon copain autrichien.

    C’est l’heure de vous quitter et de dormir, même si je ne pars qu’à 7h15.

    A demain. Fab

     

    CR étape 31

    Triste journée que ce mardi 18 septembre. Presque qu’un mois jour pour jour que nous avons quitté Skagen et aujourd’hui nous ne nous retrouvons plus qu’à 30, Stéphane Pélissier ayant été contraint à l’abandon, n’arrivant plus à avancer. Le corps ne pouvant plus l’emmener sur des bases lui permettant de rester dans les délais, la tête a aussi lâché et sa décision témoigne d’un extrême courage. Nous avons tous été très affectés par cette succession d’abandons à ce stade de la course où l’on pensait que tout le monde arriverait à gérer sa mauvaise passe, en étant patient et en serrant les dents. Mais parfois la douleur est trop intense et fait lâcher prise.

    Je l’avais rattrapé après moins de deux heures de course, étant parti à 7h15 soit une heure après lui, et déjà je voyais qu’il était en difficulté mais je pensais qu’après un plus long moment de réadaptation à la course avec douleur il allait reprendre au moins une allure lui permettant de rallier l’arrivée dans les délais. Mais à l’avant dernier ravitaillement, la nouvelle de son arrêt prématuré tomba et j’en fus très bouleversé.

    Pour le reste, l’étape fut anecdotique la pluie fine tombant à partir de 15km avant l’arrivée tout comme le temps gris qu’il a fait toute la journée me confortèrent dans mon choix de partir à 7h15 au lieu de 6h15.

    Les paysages agricoles, les vallons, la traversée de la Creuse, les villages, les fermes… je les ai regardés, c’était beau et calme à la fois. Quelques véhicules, utilitaires, camions, tracteurs, me rappelant fréquemment qu’il fallait rester vigilant, j’appréciais les longues montées et descentes en lacets. Aujourd’hui les postes de ravitaillement étaient espacés en moyenne de 8 à 9km ce qui permet d’y arriver assez vite et de ne pas s’encombrer de trop de poids. Ça donne un petit objectif de moins d’une heure et ça permet de garder le rythme sans s’endormir dans un train-train qui s’avère souvent laborieux. J’aime relancer quand je me sens mou et c’est ce que j’ai essayé de faire aujourd’hui.

    Ce soir, le restaurant de St Sulpice les Feuilles nous a proposé un bon repas, chaud avec un dessert – une île flottante – sans aucune commune mesure avec ceux des repas allemands ou traiteurs.

    Je vais me préparer à dormir, même si mes pensées vont certainement aller vers Stéphane. J’espère qu’il va rebondir, d’abord guérir puis revenir sur la course, même si ce ne sera plus la même chose. Le challenge de voir Gibraltar persiste.

    A demain

    Fab

     

    CR étape 32

    Encore bouleversé par l’abandon de Stéphane a qui j’ai dit au revoir au moment du départ (à 7h15 pour moi ainsi que les 4 premiers du classement général) j’ai mis du temps à rentrer dans la course. D’une part il faisait frais et malgré ma tenue adaptée je ressentais un peu le froid, d’autre part le parcours s’est vite montré vallonné et je n’étais pas encore bien réveillé musculairement. Bien sûr qu’aussi me trottait dans la tête ce que devait ressentir Stéphane au moment où il nous a vus quitter St Sulpice les Feuilles. Pour essayer de ne plus y penser, j’ai commencé à calquer mon allure sur celle de Jean Claude qui était parti prudemment mais qui court un peu plus vite que moi. Tantôt j’étais devant à la faveur d’une descente, tantôt il reprenait les devants quand les côtes arrivaient. Il faisait jour et donc il n’y avait aucune difficulté à retrouver sa route, mais de toute façon je la connais presque par cœur, l’ayant déjà suivie 6 fois lors de mes Transe Gaule. J’avais mis le pilote automatique et laissais défiler les kilomètres, faisant attention à ne pas rater le début d’un petit chemin de 1500m en plein virage et en pleine côte. Je me rappelais les noms des lieux-dits et des villages, en revanche le positionnement des postes de ravitaillement était différent car avec la TEFR on les trouve tous les 8 à 12km alors que sur la TG les deux premiers sont situés aux km15 et 30 environ.

    Au second ravitaillement, après La Souterraine, je commençais mon opération « rattrapage » des attardés du groupe de 6h15. Aujourd’hui, ce furent une demi-douzaine de japonais qui « passèrent à la casserole » en premier suivis – si l’on peut dire, car ils étaient derrière – par les Dalton (j’ai nommé Fred G, JP, Patrick et Christophe) et ensuite j’ai pu déguster un peu de rab de japonais avant de ne plus avoir personne à croquer. Je tourne un peu ce récit à la dérision, ce n’est pas dans le but d’être malveillant envers tous ces coureurs extrêmement courageux mais malheureusement dans l’impossibilité actuellement de pouvoir donner leur véritable potentiel. J’ai beaucoup de respect pour eux et c’est un peu ma famille avec qui on partage autant les mauvais moments que les bons (mais après l’étape, le partage).

    La température s’était adoucie mais restait agréablement fraîche, surtout au sortir des longues montées où j’avais bien transpiré pour garder ma vitesse. Les descentes, d’abord abordées lentement pour ne pas provoquer de blessure, se sont peu à peu faites de plus en plus rapidement, sans dépasser certaines limites où ça m’aurait mis en danger. Je me sentais à l’aise, parfois un petit doute sur une légère douleur ou un petit tiraillement me faisaient ralentir pour vérifier si c’était durable ou pas et deux minutes après c’était oublié.

    L’arrivée à Bourganeuf était un peu différente que sur la TG : on est arrivé directement au gymnase sans passer par la Tour Zizim où d’habitude nous nous arrêtions de courir. Le parcours dans la ville en fut donc aussi modifié et un dernier raidillon m’obligeant à marcher freina mon enthousiasme avant une dernière relance à 500m de l’arrivée. Je finis 5ème à une vingtaine de secondes de Jean Claude. Mon étape s’était bien passée, ça me remontait un peu le moral suite à ces dernières 24h et tous ces mauvais moments.

    Demain, 72,6km vers Meymac via le Lac de Vassivière et Millevaches. Ça va être beau mais long et vallonné.

    A+Fab

     

    CR étape 33

    Il y a des jours comme ça où on ne sait pour quelle raison on a un gros coup de blues alors que pourtant tout s’est très bien passé dans la journée. C’est peut-être la tension nerveuse qui provoque cet état et sans doute qu’après avoir écrit ce petit Cr je n’aurai plus aucun nuage noir dans la tête.

    On peut graviter dans le haut du classement, n’avoir aucun soucis physique, réussir ce qu’on avait prévu, mais on n’est pas à l’abri d’états d’âme après la course.

    L’étape fut belle, longue comme prévu, vallonnée à souhait pour ceux qui aiment les longues montées et les descentes et le départ fut donné par un temps clair mais très frais.

    Les premiers hectomètres pour rejoindre la route de Royère de Vassivière s’effectuèrent en sens interdit, dans une rue piétonne puis tout en restant sur du plat nous avons rejoint la sortie de la ville et c’est à ce moment-là qu’une forte montée se présenta. Obligé de marcher de peur de me blesser car pas encore échauffé je perdis rapidement de vue le groupe avec lequel je suis parti. Seul Peter et sa trottinette restèrent scotchés à la route et Peter fut obligé de marcher car il ne pouvait plus pousser avec ses jambes. Une fois ce raidillon franchi, le parcours redevint humain et je pus donc recourir. Il y avait une grosse vingtaine de kilomètres avant de redescendre sur le Lac de Vassivière et je savais que ça allait me prendre plus de 2 heures. Deux ravitaillements étaient prévus dans la montée ce qui me donnait de petits objectifs intermédiaires. Parfois la montée s’adoucissait et même certaines portions de descente permettaient de redonner un peu de vigueur à ma moyenne qu’ainsi j’arrivais à maintenir aux alentours de 9,3km/h. Je voulais arriver à la faire remonter au-dessus de 9,5 avant Faux la Montagne, en bénéficiant de l’élan que la descente vers le lac devait me redonner.

    Je commençais à rattraper les mêmes coureurs qu’hier, à peu près dans le même ordre et mon passage le long du lac m’apporta un peu de nostalgie car je repensais évidemment au séjour effectué ici en juillet avec Pascale et aux promenades et randonnées que nous y avions faites. A Faux la Montagne, comme sur la Transe Gaule, un comité d’accueil nous guettait et j’eus droit aux encouragements de rigueur.

    La suite de l’étape alternait forêts, lacs et champs, le soleil était présent mais ses rayons n’étaient pas forts et j’appréciais. Je m’étais débarrassé de mon coupe-vent au ravitaillement n° 3 mais j’avais conservé les manchons, buffs et gants tant que je n’avais pas trop chaud. Je décidais de tout retirer mais de les placer dans mes poches afin de les avoir sous la main dès l’arrivée pour les laver sans attendre que la bannette du poste de ravitaillement soit arrivée à la salle d’hébergement.

    Peyrelevade, habituellement terme de l’étape correspondante sur la Transe Gaule, se présenta (km 49) et je me dis qu’il y avait encore près de 24km à faire, dont une partie en descente, certes, mais avec aussi de beaux faux plats montants, à commencer par les 7km qui suivaient. Au bout de ces 7km, j’arrivai au croisement d’une route un peu plus fréquentée et j’apercevais de trois-quarts arrière la chaîne des Puys et Monts d’Auvergne. C’était magnifique.

    La route menait à Millevaches, nous étions sur le plateau et de loin j’apercevais plusieurs coureurs que j’allais peut-être rattraper avant Meymac. Mon rythme était meilleur puisque la route était en descente légère, mais j’avais apprécié d’accélérer dans la montée depuis Peyrelevade. Mon compte à rebours kilométrique était en marche, j’émettais des suppositions quant à mon heure d’arrivée et cela me redonna encore plus d’énergie.

    L’arrivée à Meymac après une succession de longues montées et descentes me permit de me souvenir qu’après Avallon, c’était la seconde ville où tout gamin j’avais été en colo. D’habitude, à Meymac, on y passe simplement pour continuer vers Mauriac, mais aujourd’hui c’était le lieu d’arrivée de cette 33ème étape de la TEFR.

    Je termine de nouveau 5ème, gagnant le droit de partir demain avec le groupe de 7h30 (et oui, on décale encore d’un quart d’heure, l’autre groupe partant à 6h30). Ça me plaît bien car je cours seul derrière les autres et je ne suis pas à essayer de remonter sur mes 4 compagnons de grasse matinée qui sont trop rapides pour moi. Aujourd’hui, nouveau changement de leader : c’est Henry Wehder qui a pris le maillot jaune en distançant l’ancien premier de près de 30 minutes. Moi, je reste calé à la 5ème place et quand j’y pense … ça me fait tout drôle. Mais je ne m’enflamme pas, je ne combattrai pas coûte que coûte pour la conserver si des coureurs devaient essayer de remonter au classement. Mon objectif reste quand même de toucher le rocher de Gibraltar.

    Je vous laisse et vous dis à demain, après une courte étape de 52km à peine où nous devrions aller sans doute un peu plus vite mais de toute façon arriver en début d’après midi voire avant pour les bolides.

    Fab

     

    CR étape 34

    Courte étape, mais beaucoup de dénivelé aujourd’hui, avec un temps « comme il faut » au départ de Meymac, pas trop frais voire même un peu chaud eu égard à la tenue que j’avais passée (la même que la veille où des gelées étaient venues blanchir les herbes). Mon départ prudent me permit de commencer à ressentir de bonnes sensations quand soudain je fus pris d’une abondante hémorragie nasale. Le temps de m’en apercevoir et le coupe-vent et mon mouchoir étaient souillés. Je dus m’arrêter mettre du papier dans ma narine et je repris mon chemin vers Combressol puis Palisse. Je changeais deux fois de papier avant de voir que l’hémorragie avait cessé. Je n’avais pas perdu de temps pour autant et ma moyenne était correcte compte tenu du fait que la portion plate des premiers hectomètres avait été suivie de montées et de descentes pas encore trop prononcées.

    La sensation de chaleur du départ avait disparu dès le premier changement de vallée et je me demandais si j’allais devoir courir avec le coupe-vent sali ou non. Au premier ravitaillement je décidai néanmoins de m’en débarrasser et la suite me donna raison car la température redevenait progressivement idéale même si les passages en sous bois étaient plus frais. Les kilomètres défilaient et le temps semblait aussi passer plus vite. Le dépassement des premiers attardés fut un peu plus tardif que ces derniers jours, sans doute à cause de la longueur modérée de cette étape. J’étais toujours avec Jean Claude ce qui en quelque sorte me donnait l’assurance d’aller à un bon rythme. J’étais tellement pris dans ma course que je ne l’avais pas vu s’arrêter dans les bois et je pensais au bout d’un moment qu’il avait pris une grande avance, profitant du fait qu’il est très bon en côte. Ce n’est qu’au 3ème ravitaillement, à Neuvic, que je m’aperçus qu’il était derrière moi. Cela ne changeait rien à ma course et j’abordais la descente vers la Dordogne avec envie même si je me souvenais que la véritable pente commençait au bout de plusieurs kilomètres de faux plats. Quand on l’atteignit, on était à l’ombre, et la foulée se déroulait toute seule, sans nécessité de relancer ou de freiner.

    Arrivés au pont qui franchissait le fleuve, j’avais repris une centaine de mètres d’avance sur JC et au dernier poste de ravitaillement il me rattrapa et me distança régulièrement pour finir avec 4’ d’avance sur moi. Sur cette dernière partie de l’étape, au lieu-dit La Besse, je me souvins avec nostalgie du ravitaillent placé ici en 2005 et tenue par Jacques Sirat qui s’était allongé dans son hamac en nous attendant. (Si tu me lis, Jacques, je te salue l’ami). La fin de l’étape n’était pas encore plate, quelques faux-plats montants puis une petite descente et enfin la remontée vers le centre de Mauriac précédèrent l’arrivée que je fis en compagnie de Neil, avec qui j’avais couru au début de la TransEurope mais à qui je venais de reprendre l’heure d’avance de son départ plus matinal.

    5ème encore, pas trop fatigué, un peu certes et c’est normal après les 2350km déjà effectués en 34 jours (2 Transe Gaule en kilomètres). Il en reste encore beaucoup (plus de 1800) et il faut continuer de faire attention, sinon plus qu’avant car la route est longue et usante.

    Demain, une belle étape de montagne se présente à nous avec des passages de cols (le Col du Legal à plus de 1200m), de jolis villages (Salers, Fontanges…) et une arrivée à Jussac au bout d’une longue descente dont la première partie propose une pente à 15% au moins. Attention aux releveurs !

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 35

    L’étape de la Transe Gaule dite des 4 cols nous était proposée aujourd’hui dans le cadre de la 35ème étape de la TransEurope, avec une petite modification – et même plusieurs – dont notamment le lieu d’arrivée : Jussac au lieu d’Aurillac. La différence n’était pas très importante au niveau du kilométrage (quelques km de moins à faire qu’on aura demain en plus), elle ne le fut pas non plus au niveau du dénivelé total car nous avons franchi comme d’habitude les 4 cols habituels. En ce qui concerne l’hébergement, le gymnase est aussi vaste qu’à Aurillac, aussi « propre » mais les sanitaires sont de plain pied et les douches chaudes. Le repas du soir aussi était meilleur car pris dans un restaurant au lieu d’être pris sur place livré par un traiteur.

    Revenons à la course.

    Le matin était doux contrairement à ce que j’avais craint et une certaine humidité régnait. Le départ à 7h30 fut donné alors que le jour finissait de se lever, la circulation était très peu dense, je n’eus pas trop de difficultés à me mettre en route. Certes je me fis rapidement distancer par le groupe des 4 habituels auquel se sont ajoutés Jean Benoît et Ambros, auteurs d’une belle étape hier.

    Je ne cherchais pas à les rattraper, mais je tenais aussi à ne pas trop me faire distancer sur ce début d’étape que je savais plat. Je savais aussi que des belles côtes allaient se présenter et qu’à ce moment j’aviserais sur ma conduite à tenir. Respectant mon code de conduite – 15’ de course 30 secondes de marche pour boire – j’avançais quand même à près de 10km/h et quand vint le premier relief, je revins sur mes deux acolytes et les laissai sur place quand la pente se fit plus tendue. Je poursuivis mon effort, à la limite de me mettre dans le rouge, mais j’avais besoin de faire monter un peu les pulsations cardiaques et de ressentir le début de brûlure aux quadriceps. C’est une sensation agréable que j’arrive à contrôler et quand je veux récupérer, je n’ai qu’à baisser légèrement la vitesse et tout rentre dans l’ordre. Au ravitaillement peu avant Salers, je ne voyais plus ni JB ni Ambros et quand je repris la route – on partait directement vers Fontanges sans passer dans les ruelles piétonnières comme sur la Transe Gaule – je pus me préparer à la longue et forte descente qui suivait. J’avais déjà commencé l’opération « rattrapage des derniers » en l’occurrence les japonais, puis ce fut au tour des copains français dans les portions moins pentues de cette vertigineuse descente. La bifurcation vers Fontanges me calma un peu et je gérais en pensant que d’ici 5km allait commencer l’ascension du premier col. Un ravitaillement se trouvait juste au pied de la longue montée et j’y rejoins Jean Claude et Trond. Ils repartirent avant que j’aie fini de me ravitailler et je ne revis plus Jean Claude, très à l’aise quand ça « côte » (synonyme personnel des verbes grimper ou monter), par contre je dépassais Trond avec qui je discutais en anglais et qui me racontait avoir vu traverser devant lui une vingtaine de cochons sauvages (sans doute des sangliers). En effet, j’avais aperçu quelques véhicules de chasseurs ou gardes forestiers dont les passagers étaient en tenue.

    La longue montée vers le col m’obligea par moment à alterner marche et course afin de me ménager des plages de récupération car je continuais quand même « d’envoyer ». Le premier col franchi, je me concentrais sur le second à venir, le col de Legal (1231m) et son poste de ravitaillement. Trond me rattrapa juste avant et y arriva avant moi. Je me ravitaillais tranquillement et aperçut au loin Ambros qui n’avait pas tant décroché que ça. J’étais de nouveau remotivé pour faire une belle descente sachant qu’il y est très performant lui aussi. Le troisième col (Bruel) en descente suivie d’une partie remontant un peu vers le dernier col fut avalé goulûment mais je n’avais plus très faim pour la partie que je trouvais longue avant le carrefour où nous devions descendre vers Jussac. Quand j’y parvins, je fus soulagé de voir qu’il ne restait que 9km à peine à parcourir et que j’avais de la marge sur l’arrière. J’aperçus Ambros quand je quittais le dernier ravitaillement à 7km du but et pendant tous ces kilomètres je me disais que ça serait bien de l’attendre s’il n’était pas trop loin derrière moi une fois arrivé à l’entrée de Jussac. C’est ce que je fis quand j’aperçus qu’il n’était qu’à 2 ou 300m. Je me mis à marcher et l’attendis afin que nous puissions franchir ensemble la ligne d’arrivée. Il était content, et moi aussi, de notre 5ème place ex-æquo. J’avais été un peu gourmand à un moment pour imaginer l’éventualité de pouvoir revenir sur Jean Claude (3ème) et Trond (4ème), mais je suis trop juste encore pour jouer dans la cour des grands. Henry Wehder gagne une nouvelle fois creusant encore un écart sur Robert Wimmer, second.

    Tout va bien, ça va être l’heure d’éteindre, donc je poste et me couche (en fait je suis déjà couché pour taper ce CR).

    A+Fab

     

    CR étape 36

    Et de deux Transe Gaule ! Et oui, 36 jours de course, soit en équivalent TG deux fois la traversée de la France, mais en ce qui concerne le kilométrage, on a fait encore plus que ça : 2482,9km pour 2300km pour 2 TG.

    La forme est toujours là même si aujourd’hui j’ai été un peu moins véloce que prévu. La faute à l’étape d’hier et à son dénivelé qui m’est un peu resté dans les jambes, la faute aussi à un départ où le vallonnement était assez important m’empêchant de bien m’échauffer avant d’entamer les brusques montées et les descentes qui suivaient, la faute encore à un fort vent contraire qui nous a gênés à la sortie d’Arpajon sur Cère au moment où nous devions attaquer une longue montée. Arrivé au second ravitaillement, car j’avais volontairement ignoré le premier trop proche du départ, j’étais déjà bien entamé et quand j’en suis reparti, je me suis dit que l’étape ne serait pas aussi simple que je l’avais espéré.

    Ambros et les 4 autres membres du groupe des lève-tard m’avaient déjà bien distancé et quand je réussis à revenir sur l’autrichien, ce ne fut que l’espace d’une petite heure. Ensuite, il me distança progressivement et mit à profit ses facultés de descendeur pour irrémédiablement me laisser derrière lui. A Cassaniouze, village faisant partie d’une association de communes aux noms burlesques, il n’avait que 2’30 d’avance et au final, après 12km de descente et 14 de faux plat il en avait 10’ environ. Mais mon étape globalement s’est bien passée, j’ai réussi à limiter la casse et j’en ai doublé plusieurs, des coureurs, qui étaient plus en difficulté que moi. Certains vont mieux, certes, mais d’autres s’enfoncent de jour en jour dans la souffrance et sont contraints de courir dans la douleur et sans plaisir pour atteindre le but de chaque étape.

    Aujourd’hui il y avait un pot offert par la mairie de St Cyprien sur Dourdou et j’ai reçu un t-shirt en cadeau de la part des membres du club organisateur d’une course locale (Course des Découvertes et des Thermes) qui a lieu le 1er dimanche de juillet. C’est une course nature dans les environs de Decazeville. Le repas du soir aussi fut apprécié sous forme de plateaux repas avec l’aligot régional.

    Je vais terminer ce CR en vous disant à demain, après l’étape courte de 57,8km avec quelques portions de route dangereuse –on sera lundi matin et les gens iront travailler- et pas mal de dénivelé avant et après Rodez. De plus, la météo ne s’annonce pas très réjouissante avec de la pluie au programme. Mais en attendant, passons une bonne nuit et on verra bien demain ce qu’il en est.

    A+Fab

     

    CR étape 37

    Etape idéale pour tester ses réflexes et l’art de l’esquive dans les fossés. Un lundi matin, croiser des Aveyronnais partant au travail en voiture s’annonçait comme un beau challenge en plus de celui de mener l’étape à son terme. Le parcours – qui est la copie conforme de celui de la Transe Gaule – avait prévu de nous soulager quelque peu de la dangerosité de l’itinéraire le plus court. A partir du km 11, nous allions pouvoir souffler un peu et nous retrouver sur une longue montée de 10% sur 4km.

    Quand le départ fut donné, j’avais déjà intégré tous ces paramètres. Restait celui, plus aléatoire, concernant la météo : des orages et donc des pluies étaient annoncées et un vent parfois fort était aussi prévu. Nous sommes partis à 7h30, il faisait gris mais pas de pluie. Notre groupe de 7 s’élança rapidement et comme d’habitude je me retrouvais bon dernier mais en essayant cette fois de ne pas lâcher trop d’espace afin de revenir plus facilement une fois échauffé. C’est ce que je fis après une demi-heure de course où, le profil en faux plat montant m’aidant bien, je commençais à revenir puis à laisser derrière mes copains Ambros et JB. J’accélérais encore quand la machine montrait qu’elle pouvait donner plus et je dépassais même Jean Claude, me retrouvant à quelques dizaines de mètres derrière Trond. La circulation jusqu’alors avait été agréablement peu dense et les quelques véhicules roulant encore trop vite nous avaient bien respectés en se déportant quand ils nous croisaient.

    Marcillac, 10,5 km, premier ravitaillement passé en moins d’une heure, puis la traversée du village que je connais par cœur et enfin le début du raidillon de 4km. Je continuais sur ma lancée et grimpais comme un cabri la première partie menant jusqu’à un lacet en épingle à cheveu où je pris quelques mètres pour marcher, boire et me relancer. Jean Claude m’avait rattrapé et distancé peu à peu, c’est un excellent grimpeur qui semble ne jamais piocher contrairement à moi qui fais du bruit quand je commence à être dans le dur. Trond restait à portée de vue, en revanche derrière je n’apercevais plus mes compères Ambros et JB. En pleine montée, il commença à pleuvoir, d’abord modérément puis ensuite un peu plus fort, mais les haies et les arbres protégeaient bien du vent latéral et de la pluie. Arrivé en haut de la côte, on bifurqua sur notre droite et la pluie se fit plus gênante ; je me retrouvais trempé mais sans envie de mettre le poncho, il ne faisait pas froid. Je doublais 10 japonais en l’espace de 2 ou 3 km puis ce fut au tour de mes copains français, Fred G, Christophe et Patrick. Au ravitaillement N°2, nous étions ensemble sous une pluie battante, les tables où se trouvaient boissons et nourriture avaient du mal à rester en place, les ravitailleuses étaient trempées et frigorifiées. Je ne m’y attardais pas et redémarrais en espérant que ça se calme un peu. La déviation prit fin et je me retrouvais sur la route à grande circulation vers Rodez, croisant des camions qui m’obligeaient à tenir ma casquette à la main. Le danger venait de l’arrière, non pas que je craignais un retour de mes poursuivants, mais j’avais peur à chaque fois qu’un véhicule qui arrivait de l’arrière se faisait doubler par un autre véhicule qui me frôlait. Ce n’était pas de tout repos. Vivement la piste cyclable que je savais proche, et encore un peu de concentration jusque là.

    La piste cyclable marqua la fin de la première partie de l’étape et je rattrapais Trond qui lui aussi s’était épuisé à lutter contre la pluie, le froid, le vent, les voitures… arrivé à Rodez, je connaissais encore une fois l’itinéraire le plus direct pour rejoindre la route vers Le Monastère, ainsi je pouvais anticiper les changements de direction. Je dépassais encore d’autres coureurs, notamment Jean Pierre qui allait mieux depuis deux étapes.

    Au ravitaillement N° 3 (Le Monastère) je pris une soupe et repartis vers la suite de mon étape. Ça remontait, ce n’était pas pour me déplaire, et j’accélérais encore un peu pour rejoindre les routes plus tranquilles qui suivaient. Prochain objectif, le km 42 où une route tout en descente douce allait me mener jusqu’à Pont de Granfuel, à moins de 8km de l’arrivée. En bas de cette longue descente, Ambros me rattrapa – décidément le copain autrichien est un coriace – et nous avons couru ensemble quelques hectomètres avant que le profil de la course ne redevienne pentu et me permette de reprendre une bonne avance. A 2km du but, j’avais creusé un gros écart et je me dis qu’Ambros étant un meilleur descendeur que moi il n’aurait aucun mal à me rattraper d’autant plus que j’avais ralenti la cadence dans le but de finir avec lui. Mais personne en vue derrière, alors quand j’entrai dans le village, je trouvai une murette sur laquelle je m’assis pour l’attendre. Au bout de deux minutes, toujours personne en vue, alors je me relevais et marchais tranquillement vers l’arrivée, le guettant afin de finir avec lui. Mais au bout de 4 minutes, comme il ne venait pas je franchis la ligne et … 30 secondes après il déboucha enfin de la ruelle. J’étais un peu désolé de l’avoir attendu soit de trop soit pas assez. Il ne m’en a pas voulu.

    L’hébergement de ce soir est sous un hangar, au sol bétonné mais poussiéreux. Les douches étaient au stade à 800m de là et nous y sommes allés en véhicule – celui des japonais. Le syndicat d’initiative nous a offert un pot d’accueil et j’ai eu le temps de faire quelques course à la supérette d’à côté. Ce soir, on a dîné au restaurant et tout le monde est bien vite rentré pour se coucher. Il va faire frais cette nuit et j’espère que la météo de demain sera meilleure qu’aujourd’hui. Certes il n’y a que 54,8km à faire, mais sous le grand beau ce serait quand même mieux.

    A demain.

    Fab

     

    CR étape 38

    Quitter Cassagnes-Bégonhès au lever du jour quand la météo est douce et quand le corps attend sa dose de kilomètres, ça procure un sentiment jubilatoire et le plus difficile dans l’affaire ce fut pour moi de canaliser ce trop plein d’envie d’aller vite dès le départ. Pourtant je ne laissais pas ma part au chien et je démarrais l’étape en essayant de ne pas laisser mes compagnons de route de 7h30 me distancer et comme le profil du début d’étape était plutôt en montée qu’en descente, je pris rapidement la mesure de l’effort à accomplir pour me détacher petit à petit. Et comme hier j’avais fini un peu au ralenti après avoir fait la descente sans me lâcher, j’avais décidé de tenter de descendre un peu plus vite. Je passais à La Selve (km 8) en 44’ puis dans la remontée vers Requista je maintenais mon rythme et passais au km 19 en 1h48’. Ensuite la belle descente vers Lincou et le franchissement du Tarn confirmaient que mes jambes avaient du jus (km 25 en 2h21’) et le 3ème ravitaillement juste au pied d’une longue montée de près de 10km me permit de prendre un peu de temps pour déguster une soupe et prendre quelques gâteaux pour la suite. Ambros m’avait rattrapé et distancé le temps que je déguste mon breuvage chaud et salé, mais à peine un kilomètre plus loin je l’avais déjà rattrapé et je le laissais sur place en accélérant. Risqué ? Je ne sais pas, mais quand on a les jambes qui peuvent vous emmener sur un rythme un peu supérieur à celui des jours précédents, on ne refuse pas de se laisser aller et de se faire plaisir. J’arrivais en haut de la longue montée, m’étant fait doubler par Jean Claude que j’avais distancé quelques temps avant – au moment de la descente sur Lincou – et mon chrono indiquait 3h16’ soit une montée de 9km effectuée en 55’20’’ (dénivelé 300m). Toujours à plus de 10 de moyenne je fis la descente vers Plaisance, d’abord lentement le temps que les jambes et le reste du corps se rappellent la posture idéale à prendre, puis de plus en plus vite tout en gardant à l’esprit que le jeu pouvait s’avérer très dangereux. Je rattrapais à nouveau Jean Claude, moins à l’aise en descente qu’en montée, et je touchais Plaisance en 4h13’ (km44) non sans m’être ravitaillé 2km auparavant. La suite fut un peu moins facile car il fallait tout de suite embrayer sur une série de côtes et de faux-plats très souvent en plein soleil qui commençait un peu à devenir chaud. J’ai tenu jusqu’à 6km de l’arrivée où je connus un petit coup de mou qui m’obligea à m’arrêter et à marcher un peu (perte de temps 4’) ce qui permit à Jean Claude de repasser devant. Je repris la course en me méfiant, ayant un peu mal au ventre, mais je repris mon rythme progressivement une fois l’alerte passée. Derrière, j’avais entraperçu Ambros à quelques centaines de mètres de moi et comme le profil de la fin d’étape était en montée je me suis dit qu’il ne pourrait pas me revenir dessus avant le village d’arrivée et que s’il descendait bien, au pire on finirait ensemble. Il ne me rattrapa pas et cette fois, je ne cherchais pas non plus à l’attendre. Je franchis la ligne d’arrivée en un peu plus de 5h18’ l’étape n’étant pas exactement identique à celle de la Transe Gaule il y avait au moins 1200m de plus à faire afin d’arriver directement au gymnase nous hébergeant à la sortie de St Sernin sur Rance (total 54,8km).

    J’étais content d’avoir bien pris du plaisir à faire cette étape. Demain, au programme on aura une longue série de cols pour atteindre Saint Pons de Thomières sur une étape longue de près de 73km.

    Nous avons eu de la visite aujourd’hui : Paul Macombe et Marie Thérèse Salvat (Transe Gaulois 2011, qui seront encore là demain), Maurice Chénais (TG 2011) qui prépare les 100km de Millau. C’était sympa de les voir sur le parcours même si je n’ai pas eu le temps de m’arrêter les saluer. Mais on s’est vus après et c’était bien sympa.

    J’ai eu le temps de prendre une collation après la douche puis de me reposer pendant une heure et demie. Ce soir, nous avons dîné au Lycée et maintenant que j’ai fini d’écrire ce CR, je vais aller dormir. A demain. Fabrice

     

    CR étape 39

    Dernière longue étape en France : Saint Sernin sur Rance – Saint Pons de Thomières, plus de 72km au programme avec quelques cols à franchir et de belles descentes pour les digérer, d’autant plus qu’une des descentes nous menait à La Salvetat.

    Le départ depuis le site d’hébergement rallongeait – comme pour l’étape de la veille – notre étape de 1300m environ et nous n’avons pas pris le même itinéraire que celui proposé par JB sur la Transe Gaule pour quitter la ville. Pas de ruelles peu éclairées et pas d’escaliers glissants aux marches inégales et dangereuses, mais à la place un petit détour pour rejoindre la route qui descendait moins violemment. Une fois le pont franchi, la route s’est mise à monter et cette longue montée dura jusqu’à un col au km17. Je fus lâché par mes 6 compagnons de route et je me résignais à continuer l’escalade à mon rythme qui pourtant ne semblait pas si lent que ça. C’étaient les autres qui avaient accéléré et je ne m’en suis plus préoccupé préférant me concentrer sur les kilomètres restants. J’avais mis la musique un peu plus fort dans mes écouteurs – n’en déplaise à certains – pour m’isoler complètement du reste du monde. C’est ma façon de gérer quand je suis dans le dur. 1h47 quand même pour les 17 premiers kilomètres et presque 600m de dénivelé, j’étais loin d’être lent.

    Une descente de quelques kilomètres me permit de reprendre un peu de vitesse et j’entamais mon second col que je passais en 2h49 (km 27). Il pleuvait un peu depuis quelques minutes et je me couvris pour éviter d’attraper froid surtout dans les portions exposées au vent. Suivit une descente infernale de 3km entre 15 et 20% par endroits pour atteindre la ville de Lacaune où se trouvait le poste de ravitaillement N°3. J’avais rattrapé JB qui en avait fini avec sa chevauchée mais Ambros était très loin devant, trop pour que je puisse le rattraper. C’est qu’aujourd’hui j’ai découvert qu’il est aussi très fort en montée alors que jusqu’à présent il n’était bon qu’en descente. Nous avons eu la surprise de rencontrer Emmanuel Fontaine qui fait partie de l’équipe de France des 24 heures récemment médaillée par équipe tant au championnat d’Europe que du Monde. Il avait couru 251km lors de son championnat. Là, il est venu spécialement pour nous encourager ce qui nous a fait très plaisir.

    La côte qui suivait Lacaune (5km dénivelé 250m) démarrait fort et j’eus du mal à courir tout le temps. Je relançais néanmoins dès que le profil s’adoucissait et quand j’eus atteint le sommet de cette montée je ne me souvenais plus qu’une longue descente de plus de 13km allait me permettre de reprendre des forces. Cette descente débouchait sur la ville de La Salvetat. Une fois la rivière l’Agout franchie, un raccourci de 2km sur un chemin d’abord bitumé puis caillouteux de 2km de long nous a fait monter de 200m en évitant une série de lacets sur une route où la circulation pouvait être dangereuse. Au sortir de ce chemin, reprendre la route normale, toujours en côte, fut un vrai soulagement surtout pour les cuisses qui brûlaient de l’effort précédent. Un petit effort de 8km plus ou moins vallonné, avec alternance de hauts et de bas, puis ce serait la descente vers St Pons, descente de 10km environ à 6% de moyenne.

    Je me lâchais peu à peu dans la descente pour maintenir voire réduire si cela était encore possible l’écart avec Ambros que je ne voyais pas. J’eus une nouvelle surprise en rencontrant mon ami Jérôme rencontré en 2006 sur la Transe Gaule et qui depuis cette date vient tous les ans me rendre visite. Comme il était pâtissier, il a gardé l’habitude de nous apporter des gâteaux et demain à Lézignan-Corbières, il doit venir nous offrir des flans : c’est un gars très gentil, avec le cœur sur la main. Avec sa moto il m’accompagna quelques centaines de mètres puis il fila jusqu’à l’arrivée pour me laisser finir mon étape sans ralentir. Je suis content d’avoir réussi à limiter la perte de temps sur Ambros (8’) et aussi d’avoir chipé la 5ème place de l’étape à Jean Claude qui d’habitude me dépasse et me laisse sur place quand ça monte. Mais là, ça descendait et j’étais plus à l’aise.

    Ce soir, il s’est remis à pleuvoir, mon linge ne va pas sécher dans les vestiaires, on verra demain s’il fait beau après l’arrivée car j’aurai du temps, l’étape ne faisant que 50,8km.

    A+Fab

     

    CR étape 40

    La montée vers le Col de Sainte Colombe maintes fois effectuée lors de mes Transe Gaule m’a laissé des souvenirs impérissables, tels que lors de l’édition 2005 où j’étais parti avec Gérard Denis et Sigrid Eichner à 4h30 car blessé – j’avais vu ce matin-là des étoiles filantes – ou encore quelques années plus tard quand je courais pour essayer de terminer l’étape sur le podium ou cette autre année où je bataillais ferme pour garder à distance Sebastiaõ le Brésilien qui voulait me reprendre ma place au classement. Cette ascension marquait le début de la dernière étape, celle où l’on conquiert une étoile.

    Ce matin il ne s’agissait que de la 40ème étape de notre longue transhumance vers le sud de l’Europe. L’étape, de surcroît, était plus courte et nous avons quitté l’itinéraire de la Transe Gaule en pleine descente du col, avant Rieussec, pour découvrir une magnifique petite route sans circulation pour prendre la direction de Minerve. Cette route tranquille montait, d’abord de manière assez abrupte, puis redescendait nous faisant admirer au fil des kilomètres et des nombreux méandres une vallée au fond de laquelle se trouvait un non moins magnifique petit hameau, Boisset. Ce paysage de toute beauté me fit oublier un peu que mon ami Ambros était devant. « L’adversaire est l’ami qui vous fait progresser » est, me semble-t-il, la devise de la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail) et j’ajouterai que cet adversaire me permet de me surpasser et donne un peu de piquant ou de saveur – selon la difficulté de l’effort à fournir – à la course sans quoi je m’ennuierais certainement.

    « Oh le fou ! » entends-je d’ici. Oui, peut-être, mais la dose de plaisir est telle que tous les petits tracas éventuels – fatigue physique et mentale, risque de début de blessure, défaillance, etc – sont mis de côté. Je cours mon rêve, je sais raison garder, mais aussi j’ai besoin de cette débauche d’énergie.

    Après cet épisode de course dans cette région où la végétation était encore majoritairement composée de pins, nous sommes arrivés au sommet d’une longue et forte montée d’où un tout autre paysage tout aussi magique nous apparut : la vallée, si l’on peut la nommer ainsi tellement elle est vaste, était recouverte de nuages qui donnaient l’impression d’être une mer blanche. Seuls les sommets de collines du Minervois dépassaient et ressemblaient à des îles (avec quelques éoliennes en guise de cocotiers). La longue descente pouvait faire gonfler la moyenne pourtant déjà assez conséquente, mais je n’arrivais toujours pas à faire la jonction avec l’autrichien, très fort, trop fort en ce moment pour moi. Au ravitaillement N°3, celui de la soupe, j’arrivais quand il en repartait et je consultais mon chrono pour constater qu’il avait 1’30 d’avance, le temps que je boive ma soupe. Je repartis et au bout d’un certain temps, une fois le joli village de Minerve contourné, je me dis qu’il avait accéléré car je ne le voyais plus. Comme ça remontait assez fort, je remis un peu de bois dans le fourneau et attaquait la côte avec gourmandise et … inquiétude aussi. En haut, personne à l’horizon sinon des attardés du groupe de 6h30 et je me dis qu’il avait lui aussi mis le turbo. Deux heures durant j’allais mener la chasse ne revenant jamais sur lui, ne l’apercevant même pas. Au village d’Azillanet puis plus loin à Olonzac je pensais toujours être à sa poursuite, puis soudain à un ravitaillement, je jetai un coup d’œil derrière et vit … mon bon Ambros ! Que s’était-il passé ? Je le saurai plus tard, il s’était trompé de route peu avant Minerve et dut faire deux kilomètres de plus.

    Donc j’avais couru après un coureur qui était non pas devant moi, mais derrière moi. Rassuré de ne pas prendre un autre éclat après celui d’hier (-8’) je finissais mon étape en roue libre en pensant que s’il me rattrapait et même passait devant il ne me prendrait pas grand-chose.

    Arrivé à Lézignan-Corbières, à un carrefour avec des feux tricolores, je regardais derrière et ne l’aperçus pas. Je traversais le carrefour (au piéton vert bien sûr) et confondis le sens de la flèche et pris la direction de droite au lieu de gauche… je me retrouvais au bout de quelques centaines de mètres perdu dans la ville. Je fis demi-tour et vis que la flèche indiquait l’autre direction. J’avais été troublé par la présence d’un véhicule à l’arrêt juste devant d’où ma confusion. En colère contre moi-même et un peu contre le flècheur je repris la course en essayant de combler les minutes perdues et j’aperçus devant à 100m Ambros sur lequel j’essayais en vain de revenir. Il franchit la ligne quelques secondes avant moi, tout étonné de me voir derrière lui comme je le fus quelques kilomètres plus tôt. Il m’expliqua la raison de son retard et je me dis maintenant que la morale a été respectée, car sans son erreur il aurait néanmoins terminé devant moi.

    A l’arrivée, Jérôme mon copain de Narbonne avait apporté une quarantaine de flans pour les coureurs et je me régalais. Il m’avait aussi fait quelques courses pour les jours à venir. Très sympa. J’ai pris ma douche, lavé mon linge et nous sommes allés ensuite tous les deux dans une brasserie déguster une entrecôte frites avec un grand panaché. Le temps avait été beau toute la journée, le soleil et la chaleur de l’après-midi donnait des airs de vacances à cette journée où l’étape courte a favorisé la récupération.

    Demain, direction Estagel. Nous abordons le pied des Pyrénées, je crois, ou tout au moins nous nous en approchons. 66km de course avec un dénivelé correct (500m). Ça devrait bien se passer, espérons que la météo reste aussi belle qu’aujourd’hui.

    A demain

    Fabrice

     

    CR étape N°41

    L’étape du jour nous faisait passer des contre forts du Massif Central à ceux des Pyrénées en traversant une partie du pays Cathare ainsi que le terroir des vins de l’Aude (Corbières). La route que nous avons prise était globalement tranquille et le peu de circulation n’a pas été gênant. Le dénivelé était globalement digeste, les montées ou descentes ni très fortes ni très longues. La météo fut douce à souhait si bien que j’avais allégé ma tenue dès le départ, ne mettant qu’un t-shirt et un cuissard, et des chaussures bien évidemment.

    Je suis parti avec le groupe des 7h30, nous étions 6, et je me retrouvais comme d’habitude rapidement avec mon ami Ambros, soit devant soit derrière, mais jamais côte à côte, et toujours à une distance raisonnable (entre 20 et 50m) pour ne pas se gêner, car c’est très pénible d’avoir un « colle-bottes » toute la journée dans son sillage.

    Le tempo adopté fut rapide dès le départ et les 10 km/h étaient l’allure minimale. Qui aurait pensé que j’aurais été encore capable de courir à cette allure après plus de 40 jours de course et plus de 2700km ? Mais je suis monté en puissance et je me suis habitué peu à peu à cette allure. Bientôt les premières pentes des Pyrénées vont sans doute faire baisser la vitesse car on ne grimpe pas un col à 1500m comme une petite côte de 5km.

    Avec l’autrichien, nous avons toujours été en vue l’un de l’autre, une sorte de marquage « à la culotte » comme on dit au foot, et j’étais bien content qu’il n’aille pas plus vite.

    La végétation que j’avais le temps de regarder était composée d’arbustes à feuilles persistantes, ce qui marque un profond changement avec celle –hormis quand il y avait des forêts de résineux – que nous avions eue jusqu’alors. Finis les chênes, hêtres et autres arbres à feuilles caduques, sauf peut-être aux abords des villages avec leurs alignement de platanes. J’ai vu beaucoup d’oliviers mais ce qui dominait quand même dans la région, c’était la vigne. Beaucoup d’endroits ont déjà été vendangés, d’autres étaient en train de l’être lors de notre passage et au détour d’une ruelle dans un village ou au passage devant un viticulteur des aromes de marc de raisin titillaient nos narines. Parfois, une débroussailleuse en plein travail exhalait des odeurs de plantes fraîchement coupées telles que le fenouil sauvage ou de thym.

    J’avais l’esprit occupé par tout ce beau paysage, mes pensées passaient d’un petit endroit pittoresque à un autre, me donnant envie d’y revenir en vacances pour avoir le temps de s’y arrêter et d’en profiter. Là, avec la course, certes on ne va pas aussi vite qu’à vélo ou en voiture, mais ça défile quand même et comme je n’ai pas d’appareil photo, j’emmagasine des souvenirs et des images. Me paraîtront-elles aussi magiques quand je reviendrai ?

    L’arrivée suite à une descente de quelques kilomètres permit à mon compagnon de route de creuser un petit écart qu’il avait déjà fait en ne s’arrêtant pas au dernier ravitaillement contrairement à moi qui y « perdais » 30 secondes. Après, plus moyen de revenir et il a conservé moins d’une minute à l’arrivée. J’ai encore plus de 6h40 d’avance au général sur lui, mais je me méfie d’une éventuelle défaillance qui me ferait perdre une heure par jour ou même plus. Donc la vigilance est toujours de mise afin de ne pas me blesser.

    A demain, dernier jour de connexion certaine, après, ce sera une autre histoire. On verra bien.

    A+Fab

     

    CR étape 42

    Cette étape courte nous a fait quitter Estagel et les Corbières par une petite route tranquille, mais en montée, de 5km débouchant sur un Col à 200m d’altitude qui nous a offert un magnifique panorama sur la vaste plaine où se situe Perpignan et les villages alentours. Lignes à haute tension, autoroute et encore de grands espaces viticoles meublaient peu à peu le paysage. En arrière plan, la chaîne des Pyrénées avec comme point de repère le Pic du Canigou (2784m). Les 5km de descente qui suivirent le col me permirent de digérer l’entame en côte et sur la partie plane qui continuait la descente je pus apercevoir les éclairs qui zébraient le piémont pyrénéen et les nuées de pluie qui tombaient. Ça, c’était promis on allait se le prendre sur la tête, et l’option poncho choisie ce matin lors de la préparation de ma tenue était la bonne. J’étais à une allure assez correcte (environ 10,5km/h) les jambes étaient bonnes, le bombé de la route pas trop méchant malgré quelques bosses et creux. Pezilla la rivière, Le Soler, Ponteilla, autant de villages typiques de cet arrière pays perpignanais cassaient la monotonie de l’étape. La montée commença vraiment à partir du 27 ou 28ème kilomètre, après le village de Fourques, mais la pluie n’avait pas attendu pour nous tremper, néanmoins j’étais bien abrité du vent sous mon poncho. La côte jusqu’à Llauro fut pénible à gravir sous l’orage et je sentais que je n’avançais plus aussi bien que lors des étapes du Massif Central. Après le village, il y a eu du rab de côte : 2km avant enfin de basculer dans la descente. Mais celle-ci fut tout aussi difficile à faire, le froid, l’humidité, les rafales de vent, les voitures qu’on n’entendait qu’au dernier moment ne permettant pas d’être très serein. J’avais fait déjà un choix : celui de ne pas partir à la poursuite de mon camarade de compétition autrichien. Il semblait très à son aise et je ne voulais courir aucun risque qui eût pu compromettre la suite de ma TransEurope, même si le cœur m’en disait.

    La vallée du Vallespir était apparue un peu dégagée et laissait espérer du temps meilleur pour la suite. J’ai vite perdu espoir de trouver du soleil quand un second orage rendit la pluie encore plus forte. Les 7km de descente assez forte débouchèrent sur la ville de Céret qui une fois traversée nous laissait 10km de montée via les villes de La Forge, Amélie les Bains (rebaptisée Amélie les Bains Douche pour l’occasion). La circulation automobile, les trottoirs inondés, les routes elles aussi gorgées d’eau et de flaques, le fléchage peu visible, tout se liguait contre moi. C’était l’impression donnée par cette étape qui restera sûrement comme une des moins agréables que j’ai faites.

    L’arrivée à Arles sur Tech, au complexe sportif de la Baillie, fut un grand soulagement. Trempé, fatigué, je n’avais qu’une hâte, de me doucher pour me réchauffer, mais avant il fallait s’installer et devant l’ampleur de la tâche je commençais à déprimer. Je me repris vite et préparai tout mon matériel que j’installai dans la salle. Une fois douché et après une petite collation, ça allait beaucoup mieux et j’eus le temps de me reposer.

    Demain, la longueur de l’étape (65km) masque sa véritable difficulté : départ de l’altitude 275m, passage du Col d’Ares (1513m) 35 kilomètres plus loin, bascule en Espagne pour une trentaine de bornes en descente pour atteindre notre première ville-étape espagnole. San Joan de les Abadesses. Je n’ai qu’un souhait, que la météo soit plus clémente que celle d’aujourd’hui, car passer un col à plus de 1500m par temps pluvieux ça doit presque donner des températures proches de 0°.

    On verra bien demain.

    Ce soir, je suis un peu triste de ne pouvoir être avec ma famille pour fêter les 20 ans de ma fille, Lucile. Restaurant, cinéma, elle va m’envoyer un MMS avec la photo de groupe au restaurant. On se rattrapera fin octobre quand je serai de retour, on se fera un deuxième repas d’anniversaire.

    A+Fab

    CR étape 43

    Dernier jour de septembre, dernière fois que nous courions en France. Le départ d’Arles sur Tech au moment où le jour se levait fut meilleur que ce que j’espérais. Le temps était doux, relativement, et surtout sec. La route principale que nous avons rejointe au bout de 400m était calme et elle nous fit traverser la ville que nous n’avions atteinte la veille puisque le centre d’hébergement était situé à l’entrée de l’agglomération. Quand nous avons quitté Arles, la route s’est mise à monter, mais doucement si bien que j’ai réussi à trouver une bonne cadence de course. Il y avait 34 kilomètres de montée avant d’atteindre le Col d’Ares et de passer en Espagne. Ça me paraissait long avant d’y parvenir et mentalement il me fallait trouver quelque chose qui me fasse passer le temps et les kilomètres plus vite. J’essayais de penser à plein de trucs sans rapport avec la course et quand je passais une borne kilométrique je me disais qu’il ne restait plus que tant à faire.

    Après Prats de Mollo, la pente devint plus raide et je commençais à ralentir le rythme, trouvant que l’alternance course marche pouvait me faire passer ce cap difficile. Un peu plus haut encore, après le troisième ravitaillement situé à 4km du col, la côte se fit encore plus rude et je n’avançais plus très vite. Quand je parvins au sommet, en 3h41’ pour 34km, je savais qu’il ne resterait que 31km à courir, dont la plus grande partie en descente. Cette dernière commença de la plus belle des manières car autant le revêtement routier en France jusqu’au col avait été très inégal en qualité, autant celui de la route espagnole était lisse : un vrai billard ! Je trouvais rapidement mon allure de croisière, entre 11 et 12km/h et les bornes défilèrent. Bien sûr, le pourcentage de la descente avait été trop important pour que je continue de croire que ça allait durer jusqu’à l’arrivée. Une montée nous attendait pour rejoindre Camprodon et la suite ne fut plus aussi pentue, même si elle comportait beaucoup plus de descentes que de côtes. La circulation automobile était peu intense, mais il fallait quand même se méfier dans les virages serrés ou lors du croisement de deux véhicules.

    Le paysage côté espagnol ressemblait beaucoup à celui rencontré côté français lors de l’ascension du col, mais peu à peu j’ai remarqué que la végétation était plus verdoyante du côté ibérique. Les villages et les habitations que j’ai à peine eus le temps de regarder sont différents de ce qu’on a vu dans le Haut Vallespir, côté français, beaucoup de maisons étant construites en briques jaunes. Beaucoup de drapeaux catalans aux bandes rouges et jaunes, avec une étoile blanche sur un triangle bleu, étaient accrochés aux balcons des immeubles.

    Nous sommes encore à près de 800m d’altitude et l’étape de demain devrait continuer de nous faire descendre, sur 15km, en douceur, puis une remontée de 8km à fort pourcentage nous fera ralentir et ensuite ce sera de la tôle ondulée. Mais je me méfierai car je ne connais pas les contreforts pyrénéens du côté espagnol et le dénivelé total prévu sera proche de 900m pour seulement 55,6km. La prochaine ville d’accueil sera Berga, c’est une ville assez importante de plus de 15000 habitants. Espérons que l’hébergement et les sanitaires seront meilleurs que ceux d’aujourd’hui car deux petites salles froides et des douches tout aussi froides n’ont pas réussi à nous réchauffer après l’étape où la température n’a pas excédé 14°. Heureusement que le repas servi dans une grande salle de sport nous a bien réchauffés.

    A+Fab

    PS : j’ai fini l’étape en 6h33’22 pour 65,1km (à peine 10 de moyenne) mais sur la seconde moitié, j’ai tourné en 2h52 pour 31km. Je suis encore 6ème et ne perds que 7’ sur « mon autrichien préféré ».

     


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  • (Texte écrit le 3 novembre 2012)

     

    Comment va-t-on deux semaines (presque) après avoir atteint Gibraltar ?

    Physiquement, ça va, même si persistent quelques douleurs dont je n’ai pas vraiment idée de la provenance : tendinite au genou suite aux dernières étapes et à ma persistance à poursuivre quand même l’entraînement ? Fatigue musculaire générale et quelques « lourdeurs » posturales accentuées par mon gros manque de souplesse habituel ? Je n’ai plus de soucis de sommeil, m’étant réhabitué au rythme quotidien de la maison.

    Moralement, je me sens bien, et comme c’est les vacances, j’ai le bonheur d’être avec ma famille au complet. J’ai pu donner un coup de main pour l’installation de mon fils dans son studio à côté de Rennes, j’ai aidé ma fille à acheter une voiture et comme j’étais loin le jour de ses vingt ans, on a fêté ça une seconde fois. Je vais aussi reprendre mes activités dans mon club (entraînement des jeunes, juge arbitre lors des compétitions, stage d’entraîneur « sauts »…). J’ai eu des contacts avec la presse locale qui voulait m’interviewer et de nombreuses personnes dans mon quartier m’ont félicité pour mon aventure et le bon résultat que j’y ai obtenu.

    Quels sont mes futurs objectifs ?

    J’avais un temps donné envisagé de faire les 24 heures d’Aulnat sur ma lancée de la TransEurope, mais comme j’ai une réunion de famille le week-end du 11 novembre, je n’ai pas hésité une seule seconde pour faire le choix de faire la fête avec mes proches. J’ai aussi eu l’idée quelque peu saugrenue de tenter de m’inscrire à la NFL (No Finish Line) à Monaco qui est une course de 8 jours sans interruption, du 17 au 25 novembre. Mais « heureusement », c’était complet et je n’ai donc pas eu à beaucoup tergiverser. Il y aura peut-être une opportunité de faire un gros truc d’ici Noël, mais je verrai ça selon mon emploi du temps. Donc en attendant,  je vais rester sur mon entraînement habituel en essayant d’abord de retrouver de la vitesse, tout en conservant les sorties longues, puis je vais peu à peu me réorienter vers les courses de longues distances en passant pas les cross, le 10km, le semi-marathon, le marathon, le 100km et les 24h. Le point d’orgue étant ma 7ème Transe Gaule en août prochain. Je vais établir mon calendrier dans les prochains jours et je m’y tiendrai comme je le fais depuis plusieurs années.

    Ai-je vraiment réalisé que j’avais fait la traversée de l’Europe en courant ?

    Oui, mais toujours sans plus d’émotion que ça. C’est plutôt dans le regard des gens, dans leurs mots de félicitations, dans le respect qu’ils me témoignent que je sens que ça semble avoir été un exploit démentiel à faire alors que pour moi ça n’a pas été si terrible que cela. Pas facile certes mais pas infaisable. De plus, ce qui rend la chose encore plus belle c’est la moyenne de ma course ainsi que mon classement.

    Le plus dur reste à faire maintenant. Après les vacances scolaires de ma femme et de mes enfants je n’aurai toujours pas recommencé à travailler, mon congé « sans solde » se terminant fin janvier, je vais me retrouver avec plus de deux mois et demi à trouver de quoi m’occuper. A la maison, il y aura du travail, du rangement, du bricolage, des tâches ménagères… Je dois aussi trier toutes les informations recueillies pendant la course, les mettre en forme afin de faire un CD ou un livre. J’aimerais conserver des traces de mes deux TransEurope. Le temps passe vite, la mémoire peut avoir des failles, alors autant tout enregistrer tant que c’est « chaud ».

    Voilà où j’en suis actuellement. A bientôt.

    Fab******€


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  • CR étape N°1

    Je suis arrivé, en 15ème position avec mon copain Jean Pierre, en 6h43' environ pour 56,7km et tout ça suffit à mon bonheur.

    J'étais tellement inquiet avant le départ, pour mon dos qui me gênait, pour mes éventuels problèmes d'arythmie cardiaque (due sans doute au cumul de stress d'avant grand événement comme celui-là) que ce soir je suis hyper heureux d'avoir bouclé cette étape sans véritables soucis.

    J'avais tellement rêvé d'être là, j'avais récemment tellement cauchemardé de ne pas pouvoir passer le premier virage que plus les km passaient plus je me sentais rassuré.

    Certes, demain sera un autre jour et je peux rapidement déchanter (et déjanter aussi) mais tout ce qui est pris est pris.

    J'ai promené mon petit Clément, petit personnage en rapport avec le projet pédagogique de ma femme et de sa classe de l'école de La Chevrolière. Il a vu du paysage et ne tardera pas à raconter ça aux enfants. Je vous en livre quand même quelques éléments : on a quitté Skagen à 9h après une petite allocution du maire (qui a indiqué qu'il y a un marathon à Skagen le 6 octobre, à bon entendeur salut) et tout de suite nous avons couru sur une piste cyclable d'abord au bord de la route puis au milieu des dunes. Le paysage, un peu lunaire, avec de temps à autres des forêts de résineux, nous a apporté un peu de quiétude et nous a bien préparés à appréhender cette première étape de manière positive. Vers le km 35, le parcours est devenu un peu accidenté et les quelques bosses que nous avons franchies nous ont prouvé que le Danemark n'était pas un plat pays (mais ça je le savais déjà).

    Avec Jean Pierre, nous avons vite trouvé que de courir ensemble nous rassurait l'un comme l'autre et nous avons bavardé, c'est peu de le dire.

    Et le temps et les km ont passé et nous ont rendu la tâche moins difficile. C'est un véritable ami ce gars du sud ouest et je ne sais pas comment aurait été l'étape si j'avais dû la courir tout seul.

    Bien, il est déjà 18h et c'est l'heure de dîner, alors je vous quitte non sans regret car j'aurais eu tant de choses à ajouter mais le temps est compté sur les étapes.

    A demain si vous le voulez bien, en tout cas j'espère avoir une connexion.

     Amitiés à tous ou bisous pour ceux que je connais bien.

     Fab

    CR étape N°2

     

    "Fab il a envoyé du lourd", voilà ce que j'ai entendu aujourd'hui une fois que j'avais pris ma douche et étendu mon linge sans avoir oublié de prendre une petite bière (ou plutôt 2, et comme les allemands ne fournissent que des formats 50cl, et je sais que pour la population des "djeuns" ce n'est pas un bon exemple, mais il faisait soif...).

    Je suis parti dans le groupe des "lents", de ceux qui hier ont terminé après la 8ème place, et rapidement je me suis retrouvé dans les premiers non sans avoir commencé l'étape tranquillement avec mon copain Jean-Pierre. Mais il s'est arrêté pour un "pit stop avec vidange incluse" et j'ai continué pensant qu'il allait me rattraper rapidement. Mais que nenni ! Et moi je me sentais de mieux en mieux et tournais entre 9,5 et 10,5km/h sans forcer et selon le profil de la route. Le Danemark est considéré comme un pays plat, mais hier on a eu plus de 200m de dénivelé positif et aujourd'hui un peu plus de 300m. 

    J'ai vite rattrapé le coureur qui s'était détaché et que j'avais en point de mire (Milan) et donc je me suis retrouvé devant. Les sensations étaient au top, seule ombre dans ma progression : j'étais un peu ennuyé d'avoir fait faux bond à mon camarade de course et je me faisais tout un cinéma comme quoi il allait me reprocher mon ingratitude ou autre chose. Mais j'étais bien dans mon rythme, pas de douleurs, les kilomètres défilaient tout seuls, le temps passait vite jusqu'à Aalborg. La traversée de cette grande ville fut longue et les traversées de rues n'étaient pas faciles avec le respect de la signalisation routière : attendre pour traverser que le petit piéton soit vert, utiliser les passages protégés... habitudes que nous n'avons pas forcément installées en France. Mais, j'ai été chanceux car beaucoup de passages étaient au vert à mon arrivée. 

    Stéphane Pélissier me reprit l'heure de décalage (il est parti à 7h et nous à 6) au ravitaillement au début de la ville (km40) et fila en conservant son rythme de 12km/h. A ce ravitaillement, on nous a proposé de la soupe chaude (ou froide) et je me suis arrêté en pensant que du salé ça allait faire du bien pour le reste de l'étape car le temps commençait à devenir chaud : le soleil avait percé la couverture nuageuse et les dernières heures de course s'annonçaient assez difficiles. Une bonne hydratation était nécessaire et je m'attardais quelques minutes pour boire. Au ravitaillement suivant, en sortie de ville, au km 49, Robert Wimmer (vainqueur de la TransEurope 2003 et 4ème de l'édition 2009, actuellement second au général) me dépassa et je le gardais en point de mire pendant un long moment : bonne idée car j'aurais pu ne pas voir l'entrée du chemin qui nous faisait éviter une route plus longue et en plein soleil. Cette petite portion de chemin, bien rafraîchissante m'a rappelé les footings ou sorties à vélo faits dans le marais poitevin avec Isa ma belle sœur et Pascale ma femme. Un peu de nostalgie des bons  moments d'avant TransEurope ne fait pas de mal et permet de se reconcentrer et de serrer les dents au moment où la fatigue mentale et musculaire se fait sentir. Il restait environ 12km et je me projetais sur un "moins de 7h" pour cette étape de 63,5km. La fin n'était pas très agréable : longue piste cyclable, certes en site propre et donc sans risque de se faire ennuyer par les voitures ou autres véhicules. Quelques cyclistes m'ont quand même dépassés (et eux, ils avertissent en sonnant quand ils nous doublent, pas comme dans certains autres pays dont le mien). La ligne droite précédent l'arrivée dans la ville étape était d'une longueur telle (4,5km) que j'apercevais avec ma vue de lynx le coureur allemand qui m'avait dépassé au ravito d'avant. 

    Après quelques longues minutes sous la chaleur et surtout sous le soleil, j'arrivais enfin aux portes de la ville et après quelques changements de direction je franchissais l'arche d'arrivée en Xème position (3ème mais les 6 autres partis après moi allaient s'intercaler devant, alors j'ai terminé 9ème). Et j'ai gagné le droit de faire la grasse matinée car l'organisateur m'a mis dans le groupe de ceux qui partiront à 7h au lieu de 6h. J'ai l'ai malin maintenant car j'arriverai demain bien après la moitié du peloton je pense.

    Ce n'est pas grave, j'essaierai de ne pas trop flâner en route. Je risque quand même de passer une seconde journée en solitaire.

    Il y aura 65,7km, ce n'est pas la mer à boire.


    Allez, il est 18h on vient de sonner le rappel pour aller dîner. Je vous quitte.

    A demain j'espère.

    Fab 

     

    CR étape N° 3

     

    3ème étape longue de 65,7km, temps gris et frais à souhait. Routes à circulation parfois sans pistes cyclables et donc assez dangereuses quand deux camions se croisaient. 480m de dénivelé, donc il y avait de la côte et en plus j’ai eu la malchance de tomber sur le chien (et sa maîtresse) les plus c… du Danemark : il a failli me mordre et pour l’éviter j’ai failli aller sur la route au moment où des véhicules arrivaient. Voilà le tableau.

    Je suis parti dans le groupe N°1, celui des « moins rapides » suite à ma requête de la veille auprès de l’organisateur, sachant que je ne me sentais pas assez fort pour intégrer le groupe N°2 qui partait une heure après. Vu la météo du jour, j’aurais pu dormir une heure de plus, mais cette heure, je ne l’aurais pas eue après mon arrivée et je n’aurais pas pu faire tout ce que j’avais à faire c'est-à-dire m’installer, laver mon linge, l’étendre, prendre une collation (omelette, pommes de terre et bacon) comme hier et bavarder avec les copains autour d’une bonne mousse.

    Rapidement je me portais en tête de ce groupe avec 5 ou 6 autres coureurs et peu à peu nous avons fait le trou. Je me suis progressivement détaché pour courir à mon rythme et pas à celui des autres. Ma vitesse était quand même moins élevée que celle d’hier et les sensations du matin étaient assez bonnes malgré le ressenti des 120km effectués depuis Skagen.

    Plus le temps et les km passaient, plus je me disais que ça ne servait à rien d’appuyer sur le champignon et qu’une série de 7 ou 8 étapes à plus de 70km nous attendait dès le lendemain. Je me fis d’ailleurs rattraper et dépasser par un coureur norvégien que j’essayais de ne pas perdre de vue pendant la traversée de la ville d’Hobro ce qui est assez réconfortant et évite les hésitations. Nous sommes restés à vue quelques kilomètres puis il s’est détaché progressivement. Les paysages traversés étaient composés de champs cultivés (blé et autres plantes) et, comme depuis le départ de l’extrême nord, les moissonneuses batteuses étaient de sortie. J’ai pu admirer de nombreuses fermes, différentes de celles qu’on rencontre en France, traverser des villages ou des hameaux typiques avec leurs maisons de briques rouges jointoyées de blanc ou d’autres coloris faisant ressortir chaque brique. La route était parfois toute droite et au loin on apercevait des véhicules qui allaient mettre plusieurs minutes à venir nous croiser.

    Je me suis fait reprendre par Stéphane et Robert, partis une heure après, aux alentours du 40ème km, comme hier (pour Stéphane), mais hier j’avais – comme lui – 10 minutes d’avance par rapport à aujourd’hui. Beaucoup sont allés moins vite qu’hier : est-ce le contre coup de la course sous la chaleur qui a déshydraté les organismes ? Est-ce l’accumulation des kilomètres qui a fatigué la majorité des transeuropéens ? Est-ce la route parfois sans espace protégé qui a fait ralentir ? On peut émettre toutes les hypothèses, ça ne changera rien.

    J’ai eu quelques soucis avec mes chaussettes et mes chaussures, croyant qu’il y avait un petit caillou ou un mauvais pli, je me suis arrêté à de nombreuses reprises. Cette perte de temps et la baisse de rythme conséquente ont profité à d’autres coureurs qui m’ont rattrapé. Mais seul un autre norvégien réussira à me distancer. A la fin de l’étape, j’étais encore dans le top 10, content d’en avoir fini.

    Pour demain, de la pluie est annoncée sous forme d’averses entre deux éclaircies. Espérons que ça ne soit pas trop humide et que je ne doive pas mettre le poncho.

    Plus que 61 étapes et « jusqu’ici tout va bien » comme dirait l’autre.

    A demain j’espère pour la suite de mes aventures nordiques. Pour le moment on a de la chance, les hébergements proposent une connexion internet gratuite. Mais un jour on n’aura peut-être pas l’occasion d’envoyer des CR. Alors j’en profite.

    A+Fab

     

    CR étape N°4

     

    Aujourd'hui première étape de plus de 70km d'une série de 8 consécutives si je me souviens bien. 

    Pour marquer le coup, et en plus comme c'était ma fête, on a arrosé ça, enfin on a été arrosés.

    Lever à 4h : il pleut dehors.

    Petit déjeuner à 5h : il pleut toujours dehors.

    Départ à 6h : il pleut encore, alors le poncho est de sortie.

    Pendant les premières heures, ça va tomber modérément, mais je suis bien couvert. Seules les chaussures en prennent un peu et deviennent lourdes.

    Quand ça s'arrête, j'ai bien avancé, je suis encore second de mon peloton, mais les jambes commencent à être lourdes : la pluie n'a jamais été bonne pour des jambes fatiguées.

    Une fois l'eau arrêtée donc, des nuages défilaient et laissaient parfois passer les rayons du soleil.

     

    Les paysages prenaient alors tout leur éclat : j'avais l'impression de traverser tour à tour les Deux Sèvres, la Creuse, l'Allemagne du nord, enfin ce sont les différentes facettes du Danemark dans cette région. Les fermes tous les 500m ou 1km étaient séparées de grands champs de blé, de pommes de terre et progressivement ces cultures ont laissé la place au maïs.

    Ce qui est drôle dans ce pays mais qui ne m'a pas étonné car j'y étais déjà allé, ce sont les petites guérites où les gens peuvent acheter des pommes de terre en laissant 10 KR (1,40€ environ) dans une petite boîte, sans personne pour vérifier. J'ai vu aussi que les livreurs de journaux ne se posent pas de questions existentielles : ils balancent les quotidiens devant les maisons et parfois, j'ai vu des journaux dans les fossés ou sur la route (ça, c'est peut-être le vent qui les y a poussés). Notons que les journaux sont emballés dans des poches plastiques, bien sûr.

     

    Alors, au niveau météo, pour revenir à la course, la pluie continue avait laissé la place à des averses et j'ai joué à un jeu rigolo : essayer d'enfiler le poncho en plein vent surtout quand je me faisais croiser par des camions. Je me suis retrouvé plusieurs fois dans un champ (non, là je blague, mais parfois j'aurais pu décoller tant le souffle des mastodontes me déséquilibrait). On est passé à côté d'une carrière et une vingtaine de camions ont transité pendant mon passage sur cette route.

    Un peu plus loin, là où le parcours était assez vallonné, c'était un tracteur de la DDE locale qui passait une sorte de brosse tournante pour aider l'eau de pluie à s'écouler plus vite et à ne pas raviner les bas côtés, déjà bien ravagés comme ça.

     

    Avec toutes ces péripéties, le temps a passé, les kilomètres aussi, mais avec l'impression qu'ils passaient moins vite que le temps. Plus loin, après m'être arrêté déguster la soupe chaude traditionnelle du poste de ravitaillement N°4 (des fois c'est le N°5) je me suis fait doubler par la tête de course et par un second coureur parti dans mon groupe.

    La fin était difficile, mais je me la suis rendue difficile, je ne vais pas passer mon temps à trouver des excuses sur la météo ou le dénivelé.

    J'ai terminé dans les 10 premiers encore une fois, quelques coureurs ont perdu leur chemin et ont perdu, par là même, du temps. Le fléchage n'était pas évident à suivre pour peu qu'on coure en bavardant (n'est-ce pas JB et JP ?).

     

    Il est 18h, le repas est prévu à 800m à pieds d'ici, et je dois rentrer mon linge avant. Alors je vous dis à demain en souhaitant avoir encore une fois une connexion.

     

    Demain étape de 73km et des brouettes, alors prudence car il reste des kilomètres.

     

    à+Fab

     

    CR étape N°5

    La plus longue pour le moment : 72,2km et de longues lignes droites, un fort vent latéral et pas de pluie sauf quelques gouttes en fin d'étape pas suffisantes pour mouiller le maillot. Deux grandes villes à traverser : Vejle (très connue des footballeurs nantais en raison du camouflet reçu contre cette petite équipe danoise en 72, venue l'emporter à Saupin alors que les nantais caracolaient en tête du championnat de France : imaginez, pour les fans du FCN, c'est comme la défaite du Brésil en 50 pour les supporters brésiliens, mais en pire !) et puis Kolding, grande ville portuaire. 

     

    Reprenons depuis le matin:

    Lever à 4h après une bonne nuit dans la petite salle mise à notre disposition à la place du gymnase occupé jusqu'à 21h par les handballeurs. On était les uns sur les autres (voir photos du 22/08)

    Départ à 6h après tout le rituel du lever, je me retrouve dans un petit groupe de 6 /8 coureurs qui peu à peu s'étire. Arrivé sur la route principale, je suis Neil, le coureur anglais et nous courrons ensemble pendant la première partie de l'étape, du départ à la sortie de Vejle (ravito du km 22). Là, je me suis progressivement détaché, laissant Neil et les deux coureurs nous ayant rattrapés au gré des arrêts aux feux tricolores (Ria Buiten et Eric Derivaz) et j'ai profité d'être en forme pour tailler la route. Cet état de bien-être dura jusqu'à Kolding où la ville et ses différents changements de directions et arrêts aux feux m'ont un peu perturbé. Stéphane m'avait dépassé depuis le km 39, et là, je me fis doubler par Trond et Robert (notons que ces coureurs étaient tous partis une heure après moi). Kolding étant un port, nous y sommes descendus puis il a fallu remonter ce qui fut assez dur. Donc j'ai par la suite accusé le coup et me suis contenté d'une petite allure surtout que les routes étaient faites de longues lignes droites. La piste cyclable était certes moins dangereuse que le bas côté des routes empruntées principalement jusqu'à présent, il n'empêche que le vent fort de côté fut très gênant. Pas de haies pour en atténuer les effets.

    J'ai fini par arriver au bout de 8h27', encore 9ème et 1er du peloton des seconds couteaux, si l'on peut dire.

     

    Les autres français dont je ne parle pas souvent vont relativement bien :

    Stéphane gagne encore une fois.

    Jean Claude a terminé 6ème malgré le temps perdu en fin d'étape en se perdant dans la ville étape.

    Jean Pierre et Jean Benoît finissent ensemble avec Frédéric Borel.

    Les autres après, mais ils semblent aller bien, même si Patrick a un peu souffert dans les lignes droites en plein vent.

     

    Ce soir nous sommes dans un grand complexe sportif, il y a des matches de hand et de basket, mais nous, nous occupons une grande salle de basket et hand très bien insonorisée. On n'est pas les uns sur les autres, c'est déjà ça.

    Demain, l'étape sera longue, 78,5km et nous fera quitter le Danemark pour entrer en Allemagne. L'hébergement se fera sous une grande tente et si besoin certains pourront installer leur tente de camping. Selon la météo, je verrai.

    Y aura-t-il, comme chaque jour au Danemark, une connexion ? Rien n'est moins sûr. Alors peut-être à demain pour le CR, sinon Pascale en rédigera un petit en fonction de mon appel téléphonique.

     

    PS : pour ceux à qui j'ai envoyé des SMS : Orange me fait payer le hors forfait alors je ne vous en envoie plus pour le moment, tout rentrera dans l'ordre en France, dans longtemps et beaucoup de kilomètres.

     

    à+Fab qui va ramasser son linge qu'il espère sec et se coucher.

     

    CR étape N°6 (rédigé au soir de la 7ème ).

    Parce que je n’ai pas de connexion depuis que nous avons quitté le Danemark, j’ai pris du retard dans la rédaction de mes comptes-rendus.

    Ces deux étapes ont aussi en commun d’avoir de gros kilométrages : plus de 78 pour la 6ème (plutôt plus de 79km en réalité à cause d’un changement de lieu d’hébergement) et plus de 74 pour celle d’aujourd’hui.

    Je les ai négociées toutes les deux comme celle d’avant, la 5ème, où je m’étais détaché quelques hectomètres après le départ. Et j’ai tenu un rythme de 9 à 10 km/h afin d’arriver à passer à la 5ème heure les 45km. Bon, à chaque fois j’étais légèrement au-dessous (plutôt 44km que 45) mais je compte dans cette vitesse les arrêts aux ravitaillements. Ma vitesse de course est au début plus proche des 10 à l’heure.

    La 6ème étape, où l’on quittait les locaux de l’école qui nous avait accueillis, démarra sous un temps frais et gris assez plaisant car le risque d’avoir trop chaud était écarté au moins pour les heures de la matinée. Sur les routes, souvent bordées de pistes cyclables au début, le trafic était assez important et quand on a couru sur une voie très fréquentée sans piste cyclable, nous n’avions qu’un petit bas-côté d’un mètre de large au maximum pour évoluer. Nous avons traversé une dernière ville importante au Danemark (Abenra), une ville portuaire, industrielle et balnéaire de fond de fjord, et vers le 57ème km nous avons franchi la frontière. Oh, peu de changements quant au trafic, mais peu à peu le style des habitations se faisait différent bien que souvent dans le même registre : pavillon à un étage dont les murs de briques sont recouverts d’un enduit masquant à peine les briques. Beaucoup de centres commerciaux, de brasseries, d’entrepôts…

    Avant l’arrivée, la dernière partie fut assez fastidieuse, même si le passage à la périphérie de Flensburg s’effectua sur des pistes cyclables et à travers des lotissements. La partie le long de la voie ferrée Hambourg-Danemark était fatigant, sans zones de protection quand se croisaient des véhicules roulant souvent vite.

    J’arrivais 9ème en 9h11’ et mon temps me convenait malgré un dernier tiers d’étape plus que poussif.

    La ligne d’arrivée tant attendue mit du temps à se présenter à nous parce que l’organisation a changé le lieu d’hébergement : couloirs d’une école primaire au lieu d’un barnum dans le camping.

    Une fois de plus on était serrés comme des sardines, mais au moins il n’y aurait pas à risquer de prendre une averse en pleine nuit et de plier la tente mouillée à l’aube.

     

    Le repas fut pris dans les couloirs mêmes où nous allions dormir, et le petit-déjeuner aussi. Un peu spartiates les conditions !

     

    CR de l’étape N° 7.

    Ce matin, le départ fut donné à 6h précises comme d’habitude et après avoir rejoint la route principale, après quelques centaines de mètres nous devions traverser une voie ferrée qui ferma ses barrières scindant alors le peloton en deux. J’avais déjà pris la tête du groupe et je ne fus pas stoppé. Cette étape dans son ensemble était tracée pour suivre les pistes cyclables à quelques exceptions près quand il a fallu prendre un chemin d’exploitation entre des cultures de maïs et dans une zone où éoliennes et lignes à haute tension cohabitaient.

    Ma course fut calquée sur l’étape de la veille, je caracolais en tête jusqu’à ce que Peter, l’homme à la trottinette me dépasse puis c’était au tour de Stéphane, enfin, d’habitude c’était comme ça, car aujourd’hui ce fut Trond le norvégien qui me passa le premier suivi à un demi-kilomètre de Stéphane qui s’était arrêté plus longuement au ravitaillement n°4 de Thomas, celui où l’on peut prendre une soupe chaude ce que je ne manque jamais de faire.

    Par la suite, le tracé de la TransEurope fut interrompu le temps de traverser un canal (Ostsee-Kanal) qui relie la Mer du Nord à la Baltique. Il y avait un bac à prendre et quand j’y suis arrivé, il venait de partir. Le temps de traverser, de revenir puis de repartir sur l’autre rive, il s’était passé 11 minutes. Mais j’étais le seul coureur à bord. Quand je repris la course j’aperçus plusieurs coureurs de l’autre côté qui attendaient que le bac revienne. Si comme pour moi le bac devait attendre que de gros navires passent afin de traverser, mes poursuivants n’allaient pas regagner du temps sur moi, mais s’ils étaient arrivés juste au bon moment, c’était tout bénéfice pour eux. En fait, certains ont gagné du temps, d’autres en ont perdu.

    La suite de l’étape fut difficile, comme prévu, et je terminais avec Henry, Markus et Jean-Claude, tous partis une heure après moi. Temps total : 8h47’ et une place de 7ème de l’étape car deux des coureurs me précédant au classement général se sont blessés et ont fini avec du retard. Du coup je ferai partie du groupe des « rapides » et partirai à 7h : ça me pendait au nez.

    Ce soir ce fut restaurant, à 800m de la salle et demain le petit déjeuner se prendra au même endroit.

     

    Il est 22h, je coupe l’ordinateur et souhaite poster rapidement ces deux CR. Je dois dormir aussi.

    A+Fab

     

    CR étape N°8

    On est dimanche soir, je suis allongé sur mon matelas en attendant qu’on nous appelle pour dîner (18h). J’en profite pour écrire rapidement mon petit CR.

    L’étape N°8 s’est bien passée, je suis parti avec le groupe des 7h et ça fait bizarre de se retrouver en si petit comité pendant une heure, une fois les coureurs de 6h partis. J’ai pu m’allonger sur un gros tapis avant le départ pour me relaxer et j’ai pu prendre mon temps pour me préparer.

    Le départ donné, je me suis retrouvé avec Neil Bryant, l’anglais de Bristol, et rapidement nous avons été distancés par les 6 autres coureurs plus rapides que nous. Nous sommes restés toute l’étape ensemble et avons bavardé en anglais. C’est là que je vois qu’il n’y a qu’en pratiquant sur le tas qu’on progresse. Mon rythme semblait un peu trop rapide à Neil et j’ai donc essayé de ralentir en faisant des pauses marchées afin de maintenir une bonne allure de 9,3km/h. A mi-parcours nous étions toujours sur les bases de 9km/h. Nous avons commencé à doubler la queue de peloton à partir du second ravitaillement et par la suite, nous sommes remontés sur plus de la moitié des coureurs. Il y a eu beaucoup de belles pistes cyclables aujourd’hui avec plusieurs passages en forêt. Nous étions au nord de Hambourg. La population locale était de sortie soit pour aller à une sorte de fête des enfants ou de la famille nombreuse, soit pour faire du sport (vélo, jogging…) soit encore pour effectuer une petite balade dans les nombreux espaces verts et forêts.

    Plus on s’approchait de l’arrivée, moins on rattrapait de coureurs et dans les 5 derniers km nous n’avions plus personne en vue quand soudain à 1500m de la fin de l’étape nous avons reconnu JB, JP et Fred B. Nous n’avons pas cherché à les rejoindre, mais on sentait bien que leur rythme était irrégulier alors que nous nous étions remis à courir sans nous arrêter marcher. J’avais appris à Neil une accommodation personnelle de la méthode dite de Cyrano consistant à courir 15’ puis à marcher 30’, ce que je fais depuis Skagen. Toutes les 45’, je marche un peu plus longtemps (1’) pour grignoter une barre de céréales. Le premier ravitaillement ne propose que des boissons et ce matin le petit déjeuner était loin. Donc sur la fin de l’étape, finie l’alternance et retour à une course régulière (8,5km/h environ). Nous avons terminé avec les trois compères qui ont eu l’idée de ralentir peu avant la ligne. Main dans la main, nous avons essayé de franchir l’arche d’arrivée pas assez large pour 5, mais nous avons été crédités du même temps (enfin, presque parce que Neil et moi avons mis 1h de moins que le trio français parti à 6h.

    Ce soir, j’ai eu un peu de mal à m’organiser et j’ai attendu la publication des résultats pour faire la demande auprès d’Ingo l’organisateur de partir à 6h et pas à 7 comme il avait l’intention de faire. Nous sommes 4 dans ce cas de figure, trop lents pour côtoyer les 6 premiers qui nous ont pris plus d’une heure sur cette étape comme à eu près chaque jour depuis la première étape. Un coureur du top 10 a été contraint à l’abandon souffrant d’une contracture à une cuisse ne lui permettant pas de tenir les délais. Des délais que notre ami Fred G. a frôlé étant retardé par une erreur de route et une forme un peu déclinante. Espérons pour lui que cela s’arrange car vu le menu qui nous attend dès demain, ça risque d’en faire coincer certains : 79km dont les 22 derniers le long du canal de l’Elbe puis 76,9km presque entièrement le long du dit canal puis encore une ou deux à plus de 70. Quand on en sera là, une grosse partie difficile sera passée, mais qu’est-ce qui nous attendra alors ? On verra et prenons d’abord les étapes comme elles se présentent.

     

    A bientôt.

    Fab

     

    CR Etape N°9 :

    Toujours pas de connexion, pourtant nous sommes en Allemagne. En France aussi, les soirs d’étapes on sera à la recherche de la Wifi et on n’en trouvera pas. Moi j’en aurai grâce à mon téléphone portable, mais mon forfait étant limité, je ne pourrai pas en faire profiter beaucoup les copains.

    L’étape la plus longue depuis le départ a donné lieu à 3 abandons : une coureuse (Marie Jeanne n’a pas pris le départ, n’ayant plus l’envie dans la tête et dans le corps de mener l’aventure plus loin), un coureur japonais et Eric Derivaz, parti blessé de Skagen et qui a souffert trop rapidement de blessures dites de compensation sur l’autre jambe. Dommage, le club « France » voit deux de ses membres laisser le reste de la troupe continuer sans eux : ils vont nous manquer.

    Mon étape dont j’ai pris le départ à 6h a commencé comme les précédentes où je suis parti dès l’entame. La traversée des faubourgs de Hambourg m’a permis de creuser un écart conséquent sur le reste du groupe et j’ai tenu le rythme de 9,5km/h jusque vers le km 20 où le temps passé au ravitaillement a fait baisser un peu la moyenne. Dans ma tête, je m’étais fixé d’atteindre le km 45 en 5h (9 de moyenne) et j’y suis presque parvenu, ayant perdu du temps sur le chemin assez technique dans la forêt ainsi qu’aux ravitos.

    Je me suis fat rattraper par Christian Fatton et Neil Bryant (mon camarade de la veille) au 5ème ravitaillement et avec le coureur britannique nous avons continué ensemble comme la veille. Christian, lui, s’était légèrement détaché et conservait 400m d’avance, marge suffisante pour nous devancer de 2 minutes au final. Avec Neil, on a géré la portion d’une vingtaine de km le long du canal de l’Elbe qu’on suivra demain pendant plus de 60km. Nous terminons encore dans les dix premiers, 8èmes ex-æquo.

    J’ai eu le temps de laver et de faire sécher mes affaires, d’aller acheter quelques boissons et petits pains au lait pour grignoter à l’arrivée.

    Demain, journée longue et sans doute usante car le chemin de halage le long du canal est certes bien entretenu, mais recouvert de gravillons très abrasifs pour qui ne lèverait pas assez les pieds sans compter les invités qu’on est obligés de chasser sous peine d’attraper des ampoules.

    Demain, donc, je mets les guêtres. Je pars avec le grand groupe, à 6h.

    Il se fait tard maintenant, je vais enregistrer mon CR. J’espère que je pourrai l’envoyer demain.

    A + Fab 

     

    CR Etape N°10

    Le canal ! J’avais mis tant de fois cette étape dans mes futurs plus mauvais souvenirs que plus on s’en approchait plus je la redoutais et la peur a finalement accouché d’une souris si je peux me permettre l’expression.

    Je suis parti dès le départ sans me poser de questions. J’avais mis les guêtres pour ne pas avoir à m’arrêter toutes les cinq minutes pour retirer les petits graviers de mes chaussures, j’avais rempli mes bouteilles de jus de raisin acheté la veille dans un petit supermarché discount comme il y en a à profusion en Allemagne, j’avais mis ma tenue en mode optimiste, c'est-à-dire sans le poncho, et j’avais placé quelques barres de céréales ou chocolatées dans mon holster et dans mon petit sac banane, avec un MP3 et d’autres bricoles. Mes gris-gris aussi font partie de la panoplie : un petit pistolet en plastique trouvé sur la route lors de ma première Transe Gaule, un petit porte-clés du guide du routard, deux petits mousquetons, mon petit drapeau breton offert par Christophe le responsable du site de Yanoo.net, le tout attaché par un lien à mon holster. Un peu de papier toilette, des lingettes bébé, un petit flacon de gel hydro alcoolique, deux épingles de nourrice…

    La course est partie sur la route et nous avons rejoint le canal de mes rêves au bout de 6km juste après le 1er ravitaillement où je ne remplis ma bouteille que pour compléter les quelques centilitres consommés jusque-là. Un petit passage dans une haie et voici le canal, aussi majestueux que la veille, peut-être encore plus dans la lumière du jour naissant donnant aux nuages une teinte rose rouge. Calme et silencieux je le longeais avec sérénité pensant quand même que d’ici quelques heures j’allais sans doute souffrir, certainement même, mais je voulais profiter au maximum de ce que j’étais venu chercher sur cette course. Le second ravitaillement placé 8,7km après le premier n’était pas encore prêt tellement j’étais allé vite (enfin, vite pour moi et … pour eux) et je pris simplement de quoi remplir ma bouteille. Au troisième ravitaillement, même chose, j’arrivais trop tôt, mais je pus quand même emporter de quoi grignoter (banane, gâteaux au chocolat) et remplir mes bouteilles tout en buvant de l’eau. J’avais creusé un tel écart avec mes poursuivants que je n’osais même pas me retourner pour voir toute l’avance prise. Le ravitaillement suivant, le 4ème, au km 34, me permit de me poser un peu et de déguster une soupe chaude. Je rencontrais des coureurs venus faire la fin de l’étape, à savoir un marathon environ. Je suis reparti prudemment parce qu’on passait une écluse et qu’il fallait monter de 20m environ sur une courte distance puis une fois retourné le long du canal j’envoyais une nouvelle fois la sauce. Cet état de forme allait durer hélas trop peu de temps et au ravitaillement suivant, j’avais déjà commencé à ralentir. Entre-temps, Stéphane m’avait dépassé suivi de peu par Peter, l’homme à la trottinette, et en me retournant, je ne vis que les trois coureurs invités. La suite du parcours le long du canal fut assez fastidieuse. Les graviers parfois assez gros me gênaient considérablement m’obligeant à lever les pieds un peu plus hauts ce qui est fatigant à la longue. Un peu de pluie vint trouver ma chevauchée, mais elle cessa avant de devenir trop handicapante.

    Le temps passé sur le canal me permit de constater que le trafic des péniches est assez soutenu et que de nombreux ponts permettent de le franchir. Les trois derniers ravitaillements étaient très espacés : 12,6km entre le 5ème et le 6ème, plus de 10km entre le 6ème et le dernier et une fois celui-ci passé, il restait quand même plus de 11km. On devait sortir du canal à 1km environ de l’arrivée, Mais j’eus la surprise de voir un panneau nous disant de prendre des escaliers pour prendre un pont et finir les 3,5 derniers km sur de la route, du vrai bitume. Je jetais un coup d’œil lors du passage sur le pont pour vérifier que personne ne me suivait de près ni de loin. Je finis donc mon étape tranquille, plus d’une heure après les 6 premiers, mais je terminais quand même 7ème, c’est dire le fossé qu’il y a entre eux et nous autres du peloton des seconds couteaux.

    Après l’arrivée je pus constater l’accueil chaleureux des gens de Stüde, mais aussi voir que le local d’hébergement était tout petit, déjà aux trois-quarts rempli (par les japonais et les 6 premiers) et je trouvais quand même une place pour m’installer. J’allais prendre ma douche froide sous une tente type militaire, je lavais mon linge et l’étendais, le rituel habituel.

    Mes copains JB et JP sont arrivés plus tard et je leur offrais une bière et une Bratwurst pour les requinquer. Quelques bières et saucisses plus tard, je leur ai montré le lieu d’hébergement et les douches.

    L’heure du dîner arriva vite et après deux assiettes de goulasch sans légumes ni féculents nous sommes retournés dans la salle afin de préparer les affaires pour demain.

    Maintenant que tout est prêt, je tombe de sommeil alors qu’il n’est que 20h30. Je vous laisse et espère pouvoir poster ce CR le plus tôt possible.

    A+Fab

     

    CR Etape 11

    A l’heure où vous lirez ces lignes, plusieurs étapes seront déroulées, je pense, car au vu de la première semaine en Allemagne, nous n’avons toujours pas la possibilité de nous connecter. Certes, le gymnase qui nous accueille ce soir est encore vaste, la nourriture suffisante et bonne, typique de la région, le temps, beau, nous permettant de rester se détendre sur la partie en herbe ayant servi d’arrivée.

    Ce matin, il faisait bon à 6h, après un petit déjeuner copieux, j’avais de bonnes sensations et décidé de mettre mon MP3 « spécial Tupac » pour me faire les 20 bornes sur le canal comme si ce n’était qu’un petit footing du dimanche matin.

    Ce canal, que nous ne reverrons plus, il fallait en profiter, et c’est ce que j’ai fait. Je suis encore parti devant mais je n’ai pas réussi à creuser un écart suffisant sur certains de mes poursuivants car il y avait plusieurs coureurs dits d’étape qui s’étaient inscrits, et ça, c’est assez déstabilisant car ils courent en bavardant, sont frais et vont un peu plus vite pour certains. Quand on sent quelqu’un derrière soi, c’est assez pénible surtout quand on ne veut pas se retourner pour voir qui c’est. Avec Neil, l’anglais, nous avons fait une partie du canal ensemble et avons laissé ces coureurs d’un jour nous devancer, car ils nous auraient emmenés sur un faux rythme.

    A la sortie du canal, j’étais toujours avec l’anglais, et nous sommes restés plus ou moins ensemble, avec Ambros l’autrichien.

    Cette étape comportait deux parties distinctes : la première avec donc le canal brumeux et ses péniches et oiseaux apparaissant au petit matin au détour d’une courbe ou au moment où la brume se levait, avec aussi ses petites routes de campagne menant d’un village à peine réveillé à un autre.

    La seconde partie, beaucoup moins plaisante, nous fit emprunter des routes à circulation, parfois, souvent même, sans piste cyclable et comme le soleil était devenu plus fort, ces routes ne présentaient pas toujours des portions ombragées. Ce maillage de routes devait nous faire passer au-dessus d’autoroutes, de lignes de chemin de fer, de canaux… A la sortie d’une ville, le passage à niveau s’est baissé au moment où nous nous en approchions : nous avons dû patienter 5 minutes pour que les deux trains express passent. Personne n’a osé risquer sa vie à transgresser bêtement le règlement et à passer sous les barrières.

    Certains coureurs avaient profité de l’occasion pour recoller au binôme que Neil et moi formions. A partir de ce moment, j’ai un peu coincé, ne parvenant plus à maintenir une cadence minimale pour rester dans le sillage de mon compagnon qui se détachait peu à peu, et ce ne sont pas les deux derniers ravitaillements qui ont pu me le permettre.

    J’ai fini l’étape un peu fatigué comme tous les autres jours, quelques minutes derrière Neil, autant de temps devant l’autrichien, mais avec encore une belle avance sur les suivants.

    Après la course, les rituels de l’installation, de la douche, de la lessive et de la collation m’ont pris un long moment, mais je pus trouver quand même un moment pour me reposer, tant physiquement que mentalement. Ce soir, je suis prêt à affronter l’étape de demain longue de 76km avec quelques reliefs : nous attaquons les monts du Hardt avec des passages au-dessus de 700m.

    Je vous laisse, je vais dormir.

    A+Fab

     

    CR Etape N° 12

    Jusqu’alors, nous n’avions pas eu de véritables côtes, quelques variations de relief au Danemark, quelques unes plus modeste en Allemagne, mais aujourd’hui nous avons rencontré de vraies bonnes montées, certes pas alpines, mais de quoi faire ralentir l’allure.

    Dès le départ, d’ailleurs, le parcours commençait à s’élever et je suis parti sur un rythme tranquille mais efficace de telle manière que plus personne n’était à vue après une bonne demi-heure de route. Au premier ravitaillement, au bout d’une longue ligne droite, je pus m’apercevoir que personne derrière moi n’était en vue. Ingo, présent à ce poste de ravitaillement pour superviser le travail des bénévoles me chambra un peu en me disant que j’allais trop vite. Du 9,5km/h de moyenne pourtant, c’est mon allure de départ habituelle. Je l’ai maintenue encore quelques kilomètres pour atteindre le second ravitaillement où je pris le temps de manger un peu et de refaire le plein de ma bouteille. Les kilomètres défilaient, le paysage était sympa, il n’y avait par contre pas trop de pistes cyclables mais les automobiles n’étaient pas encore très nombreuses. Plus on avançait, plus les collines se faisaient proches et le ciel s’assombrissait de plus en plus. Il a plu, au début quelques gouttes éparses qui au fil du temps se sont transformées en véritable pluie qui trempe. Donc je sortis mon poncho que j’enfilai pour poursuivre mon périple vers les reliefs du Hardt. Comme toujours après 4 ou 5 heures de course, je commençais à ressentir les prémices d’une baisse de régime. Je me trouvais en pleine campagne, slalomant le long d’une voie ferrée sur la quelle un mignon petit train rouge et blanc circulait de manière assez régulière. Ce doit être comme un omnibus qui dessert les villages des alentours. Stéphane me rattrapa et me dépassa ce qui me rassura quelque peu, j’avais cru un moment avoir raté un embranchement et m’être égaré. Une petite flèche rouge me redonna du courage car me confortant sur mon choix de route. Parfois il y a de ces grands moments de solitude où simplement un rappel de fléchage peut vous redonner du peps.

    Je finis l’étape un peu éreinté, ne m’étant fait dépasser que par 4 des 7 coureurs partis une heure après moi. Au final, je suis 7ème en 8h52’05.

    Quelqu’un vient de couper le courant dans la salle, il est 21h, alors je vous quitte.

    Demain je pars à 7h, c’est la rançon de la course en tête.

    A+Fab

     

    CR Etape N° 13

    Ça commence à bien faire les patelins en campagne sans zone pour se connecter ! J’écris ça, mais je n’ai rien contre ces petits villages. On a tellement vécu dans le luxe au Danemark et on s’est tellement rendus esclave de l’internet que là, après plus d’une semaine de dur labeur on aimerait bien pouvoir donner des nouvelles un peu plus détaillées que les SMS laconiques car très coûteux (merci mon opérateur, et les autres, d’être aussi ringards et de ne pas proposer des forfaits européens. On est en Europe ou quoi ? Mais il y a tellement de sous à brasser sur le dos des vaches à lait que nous sommes.)

    Bon, je reviens à la course.

    Aujourd’hui, j’ai eu l’honneur et l’avantage de partir à 7h, avec les 6 premiers du classement général et des étapes en général. J’ai bien aimé, je me suis retrouvé seul ou presque, comme si j’étais dans l’autre groupe, à cette différence près que les 6 avaient pris la poudre d’escampette. Enfin, plus exactement, 5 des 6 car Jean Claude est parti prudemment et je l’ai suivi lui demandant si ça le gênait que je reste derrière lui. Peter, avec sa trottinette, aussi est parti lentement, il souffre un peu en début d’étape et le profil des premiers kilomètres n’étaient pas pour lui donner possibilité de se lancer. En effet, dès que ça monte, il a du mal à patiner.

    Au premier ravitaillement, j’étais sur des bases identiques à celles que je suis d’habitude, idem au second. Cette étape fut très vallonnée et parfois certaines montées entre 10 et 15% m’obligeaient à marcher quand l’alternance course-marche m’était difficile. Dans les descentes, je pouvais me lâcher un peu et combler le différentiel de vitesse pour redonner à ma moyenne un niveau « normal ».

    J’ai commencé à rattraper des coureurs partis une heure avant moi après seulement à peine 18km, puis au fur et à mesure, j’en ai dépassé d’autres jusqu’au moment où il s’écoulait de plus en plus de temps pour rattraper ceux plus en avant. J’ai dépassé Jean Pierre mon camarade de la première étape qui avait un jour sans trop d’énergie. Les paysages étaient beaux et variés : campagne vallonnée, grands champs cultivés et moissonnés, forêts de résineux ou d’autres essences. Peu de véhicules, mais en raison de l’étroitesse des routes et de l’absence de pistes cyclables sur notre étape, il fallait quand même se méfier. Parfois, c’était comme si les voitures ou les camions avaient décidé de se croiser juste au moment où je passais. Donc direction la bande herbeuse et un petit signe gentil (oui, j’ai bien dit gentil) de la main. Systématiquement quand je croise quelqu’un, je fais un signe de la main et souvent le conducteur me répond de la même façon.

    Plus l’étape avançait, plus je ressentais un peu de fatigue et j’avais hâte que cela se finisse. Mais je dois reconnaître que j’en suis encore au stade où d’être là est un véritable plaisir. Je sais pourquoi je cours : pour tous ces moments magiques de la course et de l’après course.

    J’ai fini à la 6ème place, Jean Claude n’ayant pu revenir sur moi en fin d’étape et ceux qui étaient partis à 6h n’ont pas pu cette fois bénéficier de « l’aspiration » provoquée par mes départs rapides. Je plaisante, mais je sais qu’il est plus facile de courir avec quelqu’un en vue devant que poursuivi par un groupe qui donne l’impression d’attendre que vous soyez dans le dur pour vous dévorer tout cru et vous laisser sur place.

    Mes copains sont bien arrivés, en tout cas en assez bon état, plus moral que physique pour certains et inversement pour d’autres, mais leur force réside dans le fait de ne rien laisser transparaître, de ne jamais chouiner. Bravo les gars.

     

    Bon, je dois me coucher car les lumières vont s’éteindre bientôt.

    A+ Fab

     

    CR 14ème étape.

    La plus courte depuis plus d’une semaine devait permettre de bénéficier d’un peu plus de temps de repos. Ça a été le cas, et l’étape s’est à peu près bien passée sauf que j’ai souffert d’ennuis gastriques à deux reprises pendant la course. Mon organisme ne doit plus supporter de boire des quantités importantes de jus de pomme et sans doute qu’une certaine fatigue s’est installée au niveau intestinal.

    Le fait que l’étape ait été plate n’a pas contribué à me permettre de conserver une bonne moyenne. Certes, celle de ce jour, si l’on décompte les deux longs arrêts techniques, aurait été ma meilleure depuis le départ, mais je n’ai pas eu la sensation de facilité que j’avais espérée. Peut-être suis-je un peu trop optimiste, voire inconscient de vouloir jouer le chrono, mais au bout d’un moment, et c’est habituel chez moi, il me faut ma dose de piment, de risque mais pas inconsidéré.

    Je n’ai pas de bobos, pas de douleurs hormis celles dues à l’accumulation des km, mais ce ne sont pas des tendinites ni des inflammations. Je n’ai aucune ampoule et les seuls véritables dommages concernent les frottements des vêtements que je traite avec de la pommade spéciale.

    Je finis cette étape avec un autre coureur français.

    La soirée au restaurant fut sympa, la salle d’hébergement très petite et envahie par les mouches.

    A+Fab

     

    CR 15ème étape.

    Et bien à l’heure où je rédige ce CR je peux dire que j’ai vécu une journée extra et surtout très inattendue.

    D’abord, la nuit dernière je n’ai pratiquement pas dormi d’abord en raison de ma gastro (3 levers en pleine nuit), parce qu’aussi mon matelas est percé et que je me suis rapidement retrouvé à même le sol et enfin, comble de l’horreur, des centaines de mouches avaient envahi notre hébergement. Elles venaient se poser sur mes jambes ou sur mon visage, alors je me suis emmitouflé dans mon duvet et j’ai enfilé mon bonnet en plus de mon masque de relaxation pour faire le noir. Au réveil, si l’on peut dire, je suis retourné plusieurs fois aux toilettes et au moment du départ, je n’en menais pas large, craignant la baisse de régime au bout de quelques km.

    Je faisais partie du groupe des 6h, le plus nombreux, et au moment du départ un épais brouillard envahissait la nuit. Je démarrai tout de suite devant accompagné d’Ambros, l’autrichien, et nous nous sommes vite détachés. Mes impressions étaient positives, pas de mal au ventre, les jambes semblaient avoir assez de force pour me mener sur du 9,5km/h et le début du parcours sur une piste cyclable fut assez facile à suivre malgré l’obscurité. Les deux premiers ravitaillements passés, toujours en compagnie de l’autrichien, le jour était bien levé et le brouillard se dissipait peu à peu nous permettant de constater que ceux qui nous suivaient étaient hors de vue.

    Nous sommes arrivés vers le 20ème km sur le parcours du semi-marathon de Fulda, organisé ce jour, et de voir les panneaux kilométriques à partir du km10 défiler lentement avait de quoi casser l’ambiance. Or il n’en fut point ainsi et au fur et à mesure que nous approchions de Fulda plus nous commencions à voir de l’animation.

    Il se produisit alors quelque chose d’exceptionnel vers la borne 17 du semi : un peloton énorme composé d’une majorité d’enfants souvent accompagnés par des adultes emprunta notre itinéraire et pendant une dizaine de minutes je courus avec, et dans, ce peloton, devant zigzaguer à de nombreuses reprises pour éviter les enfants qui marchaient ou qui changeaient brusquement de trajectoire. Je me demandais alors si j’allais réussir à suivre notre fléchage spécial et après quelques hésitations je le retrouvais : il nous menait directement sur le stade où avait lieu l’arrivée des courses d’enfants. Je me demandais si j’étais bien là où il fallait, j’hésitais, j’aperçu Ambros bloqué derrière des ganivelles qui ne savait pas où il fallait continuer. Un membre de la TransEurope m’aperçut et me dit qu’il fallait que je fasse un tour de piste avant de ressortir et de continuer ma route. J’ai fait un 400m ! Avec les petits ! Mais quand j’en eus fini, je ne savais pas par où ressortir. Une personne m’attrapa par le bras pour me guider et je pus enfin sortir de cet événement sportif (2300 coureurs) et poursuivre mon aventure vers Gibraltar.

    Je rattrapais l’autrichien et nous avons refait route commune pendant que le parcours était plat. Par la suite, nous avons retrouvé la route et c’est à ce moment que je décidai de prendre les devants et de ne plus les lâcher. Rapidement mon compagnon de route ne put suivre et je me retrouvai enfin en solo, ce que je préfère quand j’ai les jambes. Quelques moments de doute concernant mon estomac dérangé, mais vite passés, sans doute parce que je ne buvais que du cola dilué dans de l’eau. Je pris aussi plusieurs petits toasts et gâteaux pour m’alimenter et éviter un éventuel coup de pompe.

    Stéphane me rattrapa plus tard que d’habitude (km 43) et j’étais au-dessus des 9km/h de moyenne depuis le départ. Une longue montée suivie d’une aussi longue descente ont fait remonter ma moyenne qui à chaque ravitaillement descend un peu (1’30 à 4’ d’arrêt en moyenne selon de type de poste). Je me fis dépasser par trois autres coureurs du top 6 et sur la fin, Christian Fatton, l’international suisse, me dépassa au gré d’un ravitaillement moins long. Il prit 50m d’avance et le connaissant, je savais qu’il ne lâcherait pas l’affaire. Donc par prudence et économie pour les jours à venir, j’optais pour un suivi de loin, d’autant plus qu’il ne restait que 7km à faire.

    Je finis content d’avoir « survécu » à ce que je croyais être une étape galère et je me contente de ma 7ème place à plus de 9km/h de moyenne, soit ma meilleure depuis Skagen.

    Nous sommes installés dans une belle salle et le seul bémol est que les douches sont froides.

    18h, c’est l’heure de dîner.

    A+

     

    CR 16ème étape

    Départ à 6h dans la nuit sous un pâle éclairage lunaire, j’avais pris une lampe de poche pour ne pas rater les changements de direction et prendre rapidement mon rythme de course.

    Après seulement 500m, je m’aperçus qu’il faisait moins frais que prévu et que ma tenue avec mes manchons aux bras, mes gants et mon buff allait s’avérer très vite inutile. De plus, c’est à ce moment que j’ai vu ce qui nous attendait : 2km de montée indiquée à 16% ! Je me résolus rapidement à stopper la course et à adopter une marche rapide ce qui me permit de creuser l’écart sur mes poursuivants sauf sur mon copain de voyage, Fred Gallais, qui est un véritable chamois. Une fois arrivé au sommet de la côte je repris la tête et profitai de la descente pour redonner à ma moyenne une valeur « digne » de mes dernières sorties. Une longue et très sérieuse descente m’attendait par la suite et c’est l’instant que je choisis pour m’arrêter faire une pause technique. Jean Benoît en profita pour prendre la tête du peloton des « 6h ». Je le rattrapai en quelques hectomètres et nous avons fini la descente infernale en marchant pour ne pas nous abîmer les releveurs. L’autrichien, le même qu’hier, ne se posa pas de questions et prit les devants. Une fois le profil du parcours redevenu correct, ni trop plat, ni trop pentu, je le rejoignis et le passai. De nouveau en tête, j’accélérai encore et passai tous les postes de ravitaillement en premier. Ce n’est qu’après le 4ème ravitaillement que Stéphane me dépassa puis Henry peu après le 5ème.

    Il commençait à faire chaud et l’ombre se faisait plus rare, alors que jusqu’à présent nous avions eu des lisières de forêts et de belles haies pour nous protéger du soleil. Il y avait du vent, relativement doux, pas trop chaud qui me rafraîchissait car ma tenue était trempée de sueur. Mais plus on avançait, moins la sensation de fraîcheur était réelle et j’espérais trouver aux ravitaillements des seaux d’eau pour y tremper ma casquette.

    La fin d’étape fut difficile et je ne pus conserver mon allure de « table de 9 » : 45ème km en 5h, 54ème km en 6h… je suis légèrement redescendu sous le « neufaleur » mon vieux pote de la dernière TEFR et de certaines Transe Gaule.

    Je finis l’étape fatigué, mais avec une bonne fatigue, de celle qui s’estompe vite. C’était plus mental que physique même si j’ai mal aux jambes. C’est normal, en un quart de la TransEurope on a couru autant que sur les 18 étapes de la Transe Gaule.

    Ce matin avant le départ, le groupe des français s’est réuni pour faire la photo des 1000km franchis hier vers le km 13 de l’étape, un peu avant Fulda.

    C’est tout pour aujourd’hui, je vais dormir car demain il y a encore une longue étape (73km) qu’il faudra négocier sans trop de peine puis viendra ensuite une petite série d’étapes au kilométrage décroissant.

    A+Fab

     

    CR 17ème étape

    73km de prévus pour cette dernière longue étape avant une petite série régénératrice de 4 étapes inférieures à 70km.

    La météo fut très agréable, il faisait bon quand on est partis, je n’avais pas pris de gants ni de manchons et seule ma lampe de poche était de sortie, vite devenue inutile dans l’aube naissante sous un beau ciel clair.

    Je démarrai une fois de plus avec Ambros en tête et nous avons ouvert la voie pour les autres coureurs qui n’avaient pas à se demander par où il fallait passer dans la ville encore endormie. Nous avons emprunté quelques rues piétonnes et pavées, le long de l’église et d’échoppes encore fermées tout en nous posant la question de savoir si nous étions sur le bon itinéraire. Heureusement le fléchage nous conforta dans notre cheminement et bien vite nous sortîmes de la ville pour progresser sur une belle piste cyclable qui serpentait à travers les champs.

    Christian Fatton et Jean Benoît se portèrent à notre hauteur et bientôt nous ne fûmes plus que tous les quatre à tailler la route loin devant les autres. Avec JB, nous avons discuté et laissé le Suisse prendre les devants tout en le gardant à vue. Au 1er ravitaillement, il accentua son avance, ne s’attardant que quelques secondes tandis que JB et moi prenions tout notre temps pour refaire le plein en eau et coca.

    L’autrichien en profitait aussi pour recoller. Les premières heures se déroulèrent comme cela et il fallut un passage à niveau pour que le Suisse prenne vraiment de l’avance : il est passé une minute avant JB et moi qui nous retrouvâmes bloqués par un train. Ambros, l’autrichien revint sur nous par la même occasion.

    Nous avons couru ensemble avec JB jusqu’au ravitaillement N° 4 (km 42) et là, comme il restait plus longtemps que moi, je repartis quelques minutes avant lui et je me retrouvai seul au pied d’une belle bosse. Une fois au sommet, je continuai mon effort et accélérai pour essayer de remonter sur Christian, mais il avait trop d’avance et je me contentai alors de gérer ma course. Je suis arrivé dans une ville où une longue descente indiquée à 20% allait me contraindre à marcher afin de ne pas mettre en péril mes releveurs. La traversée de cette ville importante ne fut pas aisée en raison de travaux qui masquaient le fléchage, mais je réussis à m’en extirper et à rejoindre la campagne plus calme et rassurante.

    Le soleil était là, la chaleur modérée à cause d’un petit vent agréable faisait que je prenais du plaisir à accélérer un peu sur les parties plates et à gérer les côtes et les descentes comme je le souhaitais. Pas de douleurs, la seule interrogation concernait la distance entre les postes de ravitaillement habituellement comprise entre 8 et 10 km mais qui aujourd’hui faisait de 10 à presque 12 km. J’avais soif, mais possédais de l’eau et du coca dilué en quantité suffisante pour atteindre le poste suivant.

    Je trouvais des fontaines pour mouiller ma casquette et en repartais à chaque fois ravigoté.

    La fin d’étape proposait une belle montée d’1 km et demi avant une redescente de 3 km ce qui me rendit la fin moins pénible que dans d’autres cas. Je finis 7ème, à plus de 10 min du Suisse et devant JB et l’Autrichien de 2 ou 3 minutes.

    Ce soir nous sommes hébergés dans une chapelle rénovée et maintenant, les lumières venant de s’éteindre, je suis contraint d’abréger mon CR.

    A+Fab

     

    CR 18ème étape

    En nombre de jours de course, aujourd’hui nous avons fait l’équivalent d’une Transe Gaule, mais en réalité nous avons effectué près de 130km de plus.

    Aujourd’hui, l’étape avait une longueur de 65,2km, soit juste au-dessus du kilométrage moyen, mais ce fut une des plus difficiles sinon la plus difficile depuis Skagen. Il y a eu beaucoup de dénivelé avec de grosses bosses à passer proposant des pourcentages allant de 12 à 20%.

    La première se présenta quelques hectomètres après le départ et une fois que j’avais jaugé mes camarades de course et leur forme, je décidais d’accélérer brusquement dans cette forte montée. Je lâchais tout le monde et m’envolais vers le sommet dans l’obscurité car nous étions rentrés dans une forêt. Je ne me suis pas trop posé de questions quant à l’itinéraire à suivre : je ne voyais pas les flèches et elles devaient être rares de toute façon. Dans la descente qui suivit, je remis les gaz et arrivai dans une vallée sur une piste cyclable et au détour d’un franchissement de pont ou lors d’une bifurcation, je me rendis compte que seul un coureur me suivait, de loin.

    Au 1er ravitaillement, j’avais de l’avance telle que lors que j’en repartis 50 secondes après, personne ne pointait ses runnings.

    Je dus faire une pause dans les bois, 5 bonnes minutes au total, et j’aperçus Christian Fatton, le coureur suisse accompagné d’un coureur d’étapes qui n’avait commencé à courir qu’à partir du 10ème km, passer. Ils ne m’avaient pas vu et j’ai appris plus tard qu’ils se sont mis à accélérer pour essayer de me rattraper sans savoir que j’étais derrière eux. Jean Benoît et Eilolf le coureur norvégien me cueillirent au moment où je sortais des bois et nous fîmes route commune jusqu’au 4ème ravitaillement, en restant plus ou moins au contact selon les côtes et les descentes qu’il fallait négocier.

    Le norvégien plus à l’aise depuis que ses blessures se résorbent avançait trop vite pour moi et je ne cherchais pas à revenir sur lui une fois qu’il s’était détaché.

    Avec JB, nous nous sommes quittés au ravitaillement n°4 où il prit plus de temps de pause que moi. Là, le profil du parcours redevint humain et je pouvais envoyer la sauce.

    J’ai poursuivi sur une allure de 9,5 à 10km/h jusqu’au dernier ravitaillement en pleine agglomération d’une ville importante (Heilbronn). Après, je devais chercher les flèches et faire attention aux sorties d’usines et autres entreprises. Je finis par arriver avec la joie de constater que l’étape s’était bien passée.

    Christian me prend 20’ et le norvégien 10’, mais je ne cours pas pour les battre, je cours pour me faire plaisir même si mon mental veut ou fait que j’aime bien faire une bonne place au classement quotidien.

     

    A+Fab

     

    CR 19ème étape : petite étape nerveuse.

    Déjà 2 semaines sans connexion internet et j’ai survécu ! Par les temps qui courent, eux aussi ils ont le droit de courir (les temps), c’est rare de pouvoir s’affranchir de l’outil in-dis-pen-sa-ble à la survie de toute l’espèce humaine.

    Bon, je démarre ce CR comme j’ai démarré l’étape ce matin : avec plein de malice et je peux dire que le résultat final a été positif.

    Parti à 6h, dans l’obscurité dans laquelle on devinait quand même le parcours, je suis resté un peu plus longtemps que d’habitude avec mon groupe. Mais au bout d’un kilomètre, l’appel du large se fit sentir et j’accélérai, d’abord en douceur pour ne surprendre personne sur cette petite piste cyclable au calme loin des bruits de circulation. Ensuite, je passai la seconde et me détachai vraiment, laissant les copains à quelques encablures. La fin de la voie tranquille fut brusque et je me retrouvai sur une route avec de la circulation. Les gens partaient bosser, les pôvres, et certains étaient un peu nerveux au volant d’où le titre de ce CR. Pendant un trop long moment je suis resté très attentif afin de ne pas me faire toucher par un rétroviseur d’un véhicule arrivant en face de moi lorsque le bas-côté ne me permettait pas de plonger dans le maïs ou autre champ. J’ai survécu, comme le reste des coureurs je précise, mais j’étais content d’avoir pris la tête de la course (et celle des automobilistes un peu fadas) car je n’avais personne devant moi qui m’aurait masqué l’arrivée trop rapide d’une BMW ou autre Audi.

    Aux ravitaillements, je me suis aperçu que je n’avais creusé qu’un petit trou sur la concurrence, à peine assez grand pour quitter chaque ravitaillement sans que mes poursuivants ne me voient. Mais je me faisais plaisir à courir à 10 km/h voire plus et ma moyenne était proche de 10 si l’on compte le temps passé à remplir ma bouteille et à grignoter. J’ai aussi conservé mon alternance course-marche de 15’ courues pour 30 secondes marchées, ça me permettait de récupérer et de penser à boire mon mélange 2/3 coca 1/3 eau. Fini le jus de pommes qui donne des maux de ventre !

    L’étape, mine de rien n’était pas si plate que ça : 700m environ de dénivelé positif, mais délayés sur l’ensemble de l’itinéraire contrairement à hier. C’est passé même si les bosses de la dernière partie furent moins faciles à appréhender. Christian Fatton qui était resté derrière toute la journée me rattrapa à la faveur de ravitaillements plus brefs que les miens et maintenait son avance dans les côtes qui lui font moins mal que les descentes où je lui reprends un peu de temps d’habitude.

    Sur la fin, je déroulais et le laissais prendre un peu d’avance sans chercher à revenir. Nous avons eu une belle dernière montée, à 15% au moins pour finir et s’il n’y avait eu Daniel qui prenait des photos, je crois que j’aurais marché.

    Je finis 7ème de l’étape en 6h45’. Mission accomplie avant les deux courtes étapes (58km chacune) qui viennent et le gros morceau kilométrique qui s’annonce (74,5/82,6/79,5) tout comme notre entrée en France, dès lundi. Là, j’aurai de la connexion !

    Ce soir, Philippe Grizard nous quitte, il a abandonné ce matin après une douzaine de km. Il reviendra sur la course vers le 17 septembre.

    A+Fab

     

    CR étape 20 : les tontons flingueurs.

    Courte étape. Beau temps très frais au départ (8°). Silence bucolique des premiers kilomètres effectués sur une piste cyclable puis dans un chemin forestier. Allure prudente dès le départ, pas encore bien réveillé…

    Rien ne présageait une étape rapide, sinon qu’en tête du groupe des « 6h » nous nous retrouvions encore tous les quatre ensemble, Ambros, Christian, Jean Benoît et moi-même, suivis de très près par Eilolf puis les autres coureurs qui s’égrainaient sur le parcours.

    Mais JB avait décidé de se faire plaisir et accéléra peu à peu nous laissant nous faire distancer avec un pic de 2’30 à un moment donné. Au gré des ravitaillements et des arrêts « techniques », notre groupe de quatre changeait de leader, mais JB reprenait à chaque fois les devants. Les traversées de villes ou de grands carrefours peuvent aussi créer quelques écarts selon qu’on se repère facilement ou non, selon que l’on a du trafic ou de la chance avec un passage entre deux flots de véhicules. A ce petit jeu, je ne suis pas trop mauvais et je me retrouvais avec JB, comptant une avance substantielle sur les copains. Nous avons alors évoqué l’état d’euphorie que procure le fait de mener et nous avons pris quelques relais pour accélérer le tempo. Risqué ? Inconscience ? Non, tout simplement le plaisir de courir et de survoler le bitume ou le gravier des chemins. Cette ivresse non pas des cimes mais de la tête de course dura quelques minutes jusqu’à ce que quelques petites bosses viennent nous rappeler qu’il y avait encore plus de 40 étapes à faire.

    Retour à la normale donc, et rythme un peu moins soutenu, avec le bonheur d’avoir vécu ce petit quart d’heure de folie. Christian nous rattrapa et nous dépassa encore à la faveur d’un ravitaillement où il ne perd quasiment pas de temps contrairement à nous qui prenons le temps de boire et de manger. Eilolf aussi nous rejoignit et nous laissa finir notre soupe ou nos gâteaux en nous laissant sur place. Bon, nous revoilà tous les deux à battre la campagne et en se disant qu’on avait été fous de prendre des risques. Sur la fin, à 5 ou 6 km du but, nous avons passé la rivière Neckar et une longue montée se présenta. Je la commençai en ayant encore de bonnes jambes, mais quand la pente se durcit, je me mis à ralentir et à alterner course et marche tout en ahanant (style Fab pour ceux qui m’ont déjà supporté) JB restait derrière en embuscade tout en se marrant de m’entendre parfois parler tout seul (j’avais le MP3 sur les oreilles et essayais sans doute de chanter ou de répéter les paroles des chansons que j’écoutais). Soudain, Stéphane apparut et aussi soudainement nous laissa sur place. Peu de temps après, ce fut Trond, le Norvégien, qui arriva moins vite et JB en profita pour prendre l’aspiration et le suivre. Je mis quelques secondes avant de réagir et 50m avant de me rendre compte que le duo allait trop vite pour moi. Tant pis, je les laissai filer. Arrivé chez Ingo, la ville de Horb Am Neckar, une dernière furieuse montée m’attendait et ce fut un soulagement quand je franchis l’arche d’arrivée en un peu plus de 6h (moyenne proche de 9,5).

    Nous fûmes bien accueillis juste en face de l’Hôtel de ville et j’en profitai pour me désaltérer d’un grand panaché à la limonade non sucrée et pour me sustenter de deux Bratwurst avec petit pain et moutarde. Je me fis aussi un petit dessert en achetant un gâteau. 1h et demie après je rejoins le gymnase où j’avais le temps devant moi pour me reposer et préparer la suite de la course.

    Demain, 58km encore qui nous rapprocheront encore un peu plus de la France mais aussi des trois longues étapes de dimanche, lundi et mardi. Mais ça, ça sera une autre histoire, savourons chacune des journées les unes après les autres.

    A+Fab

    CR étape 21 : « Il voyage en solitaire » ou « Il est libre Max »

    Ce matin, au départ, une longue descente abrupte est venue réveiller les releveurs et pour ne pas prendre de risque de faire pleurer les miens, je restais en retrait des kamikazes ou des habitués des routes descendantes. Une fois ce petit quart d’heure passé et le temps que je me réhabitue à de la route plate et que je fasse le point sur mon ressenti matinal, je pouvais commencer vraiment à courir plus relax (Max). Je rattrapais Gilbert, Ambros et un coureur d’étape puis un japonais, Makoto, partis devant et je pris le leadership de ce groupe des « 6h ». La piste cyclable sur laquelle nous avons couru serpentait dans la vallée du Neckar et était coincée entre la voie ferrée d’un côté et la rivière de l’autre. La route principale passait plus haut ou en contrebas selon la largeur de la vallée qui était bien boisée sur les flancs des deux versants montagnards. Le soleil se levait et donnait un aspect rougeâtre aux hauteurs puis il illumina les habitations installées sur les hauteurs. Ce paysage me rappela celui de la partie nord de l’Italie, quand nous arrivons dans le Tyrol vers l’Autriche. Certes, les montagnes étaient moins hautes ce matin. J’étais en tête, mais je dus faire un arrêt en urgence dans les bois. Ainsi Ambros me passa et se détacha. JB qui était en embuscade passait au moment où je sortis de mon pit stop et nous fîmes route commune (ça donne l’impression de déjà vu tout ça). Quelques parties à fort dénivelé me firent ralentir voire marcher mais après plusieurs kilomètres je finis par rattraper Ambros et le laissai sur place. Les kilomètres suivants, alternant des passages dans des villages à peine réveillés et des chemins de graviers en forêt, me permirent de prendre mon rythme et de me détacher vraiment. Aux ravitaillements suivants, personne n’arrivait quand j’en repartais et l’esprit libre je continuais à tracer ma route. Ainsi je profitais du paysage et j’alternait des périodes rapides avec d’autres plus lentes, c’était selon le profil de la route, l’ombrage, la circulation, la forme, l’envie…

    Je m’attendais à devoir escalader une longue côte, un peu comme celle d’hier, pour arriver à St Georgen, mais ce ne fut qu’une succession de faux-plats, montants ou descendants, des côtes qui semblaient descendre et des descentes qui semblaient monter. C’est dire que je devais être impatient d’arriver et de profiter de tout le temps libre libéré par une arrivée juste après midi.

    D’ailleurs, c’est ce que j’ai fait après l’étape. Une fois la douche brûlante prise, le linge lavé et étendu, la valise un peu rangée et les affaires pour le lendemain préparées, j’ai pu aller faire quelques courses d’appoint pour les jours suivants et je me suis aussi acheté de quoi manger pour changer des omelettes patate bacon de Thomas. J’ai pique-niqué devant le gymnase, dans un espace de jeux pour les enfants, à l’ombre et je me suis changé les idées ce qu’on n’arrive pas à faire quand on se repose dans les salles d’hébergement.

    Hier soir nous avons dîné dans un restaurant chinois, à Horb, avec buffet à volonté. Le piège était de trop manger. Ce soir, on remet ça paraît-il, encore dans un restaurant asiatique avec le même système de buffet à volonté. Il faudra bien se nourrir car demain 74,5km nous attendent, les 35 premiers sans doute sur une route qui montera vers un col à partir duquel nous aurons 40km de descente vers Bad Kreuzingen, dernière ville-étape d’Allemagne. Les 82,6km du surlendemain nous feront traverser la frontière et se terminera à Valdoie dans la banlieue de Belfort.

    A+Fab

     

    CR étape N°22 : 22 comme mon numéro de dossard.

    J’ai passé une bonne nuit, un peu bruyante jusqu’à minuit parce que des jeunes s’amusaient dans le quartier, on était samedi soir. Mais au réveil, je n’avais plus trop envie de dormir, même si une petite grasse matinée me ferait beaucoup de bien. C’est la carotte pour la fin octobre.

    On est parti à 6h, dans le frais-mais-pas-trop, la journée s’annonçait chaude, même si nous allions courir à une altitude dépassant par moment 1000m. Je restais prudent dans la première longue descente, comme celle de la veille et je laissais partir les coureurs plus agiles dans la pénombre. Au pont qui marquait la fin de la descente et le début d’une longue et paisible montée aux pourcentages encore digestes, je commençais ma remontée progressive et pris la tête du groupe habituel. Je me détachais progressivement quand la côte devint un peu plus raide et je me faisais plaisir car le corps et la tête étaient en osmose. Le paysage du jour naissant était magnifique, je ne dirai pas féerique, mais je me régalais. « La montagne ça vous gagne » comme le dit une publicité et c’est vrai que ces paysages inhabituels pour moi, résidant dans l’agglomération nantaise qui possède aussi je le reconnais de superbes paysages pour qui sait les regarder, me donnaient envie d’y revenir un jour en promenade afin d’e faire partager ces moments de plénitude.

    Bon j’arrête de m’égarer dans des paroles qui doivent en avoir endormi certains.

    A propos d’égarement, je me retrouvais peu après le ravitaillement N°1, après une longue descente sur un chemin barré par de la rubalise. Je demande à un homme de faction au carrefour si je pouvais passer, en suivant le fléchage de la TEFR, il me répondit par l’affirmative et donc tout content de passer du bitume au chemin caillouteux, je reprenais ma foulée certes un peu moins aérienne qu’avant. Quelques kilomètres plus loin, une flèche m’indiquait de poursuivre tout droit puis une autre (double celle-là) me disait de tourner à gauche et de prendre un chemin qui monte dans la forêt. Après quelques secondes d’hésitation, Ambros qui m’avait rattrapé et moi, nous décidâmes de suivre la direction de la forêt. Au bout d’un moment, comme nous ne voyions plus de marques, nous nous sommes arrêtés et sommes redescendus d’où nous venions, trouvant face au même dilemme Jean Benoît, Eilolf, Neil et Jean Claude. Que faisons-nous ? Nous nous risquâmes à reprendre le chemin qui allait tout droit et nous nous rassurâmes de trouver enfin une autre flèche. Plus loin, le même problème survint et nous avons suivi le fléchage le plus logique, celui qui nous ramenait vers la route. Mais après un demi-kilomètre, il n’y avait plus de marquage. Encore embarrassés, Ambros et moi décidions de continuer malgré tout sur la route qui devait bien mener à la ville indiquée sur le road-book. Les autres ont préféré faire demi-tour et suivre le chemin. Au bout du compte, nous retrouvâmes notre itinéraire et nous rassurâmes. Les autres, on espérait qu’ils ne se soient pas perdus.

    Il y avait une compétition de VTT dans la ville que nous devions traverser et je pense que le débalisage n’était pas dans le but imbécile de nous faire nous perdre comme il arrive sur certains trails mais d’indiquer aux cyclistes le chemin à suivre.

    Au ravitaillement N°2, Ambros et moi pointions avec plus de 2 minutes d’avance sur Jean Claude qui était bien revenu suite à son choix de prendre l’autre itinéraire. Là, on arrivait sur la course de VTT et dans le même sens. La voiture ouvreuse suivie de la moto officielle nous passèrent puis un groupe de 4 ou 5 cyclistes déboula dans la descente à 60km/h en me frôlant. Un second peloton suivit quelques minutes après et passa aussi très près de moi. La descente sinueuse nous emmena sur une route où nous quittâmes le parcours de ce marathon cycliste et la tranquillité revint. J’en profitais pour me détendre en me relâchant dans la longue descente qui suivait et afin de me préparer à entamer une longue montée. Au gré des lacets, je voyais où étaient les poursuivants, et Ambros qui est meilleur descendeur que moi fut à nouveau lâché dans la montée. Je continuais en me faisant plaisir mais aux limites de la souffrance, les cuisses brûlaient mais le cœur suivait sans monter en pulsations. De temps à autres, je marchais quelques mètres afin de mieux relancer par la suite.

    Arrivé en fin de longue montée, une non moins longue descente prit place et je la descendais en déroulant et en faisant bien attention à ne pas me blesser. Une nouvelle grosse montée devait nous faire quitter la Forêt Noire et prendre une longue route vers Freiburg (Fribourg). En cette belle matinée de dimanche, nous n’avons pas pu courir tout le temps de manière sereine car nombreux étaient les automobilistes qui partaient passer la journée dans la forêt ou ailleurs et nous n’avons pas arrêté de croiser du monde ce qui parfois était très dangereux. J’ai dû à plusieurs reprises faire un saut sur le bas-côté voire dans le fossé pour éviter une voiture dont le conducteur, assassin en puissance, n’avait pas voulu faire un petit écart. Il y en a un qui s’est ramassé mes gâteaux dont j’avais fait provision au ravitaillement précédent sur le pare-brise. Je me suis promis de prendre une pierre pour le prochain abruti qui ne me respecterait pas, mais la raison prit le pas sur l’énervement et je ne mis pas à jouer au Petit-Poucet-Vengeur avec mes petits cailloux.

    Arrivé à Freiburg, la traversée de la ville ne se fit pas trop laborieuse, étant attentif au fléchage, respectant les feux tricolores et les passages piétons, je me retrouvais de l’autre côté et il ne me restait plus alors qu’une bonne douzaine de km à parcourir. Le soleil était déjà haut dans le ciel et la dernière partie n’offrait pas beaucoup d’ombre. Nous étions sur une piste cyclable bordée d’une part par la route principale et de l’autre par de la vigne. Parfois quelques arbres me permettaient de marcher un peu à l’ombre avant de reprendre la course. Derrière à quelques centaines de mètres, il y avait Ambros et je me dis que je me devais de l’attendre afin de finir avec lui. Nous avions été compagnons de galère le matin quand nous nous étions égarés, il m’avait toujours eu en point de mire pendant l’étape, alors je me décidais à ralentir et à 300m de l’arrivée je l’attendis et lui demandai s’il voulait bien qu’on termine ensemble. Je crois que ce geste l’a un peu ému et de concert nous avons fini l’étape dans un chrono assez inattendu de 8h01’, pour 1km de plus que prévu.

    Ce soir, on a un grand gymnase pour dormir, j’ai déjà commencé à me reposer et maintenant je profite du frais dehors pour taper ces quelques lignes. Demain, après à peine 15km nous sortons d’Allemagne et entrons en France. L’étape sera longue, 82,6km, plate au début avec la traversée de la plaine d’Alsace et donc du Rhin, de son canal, de ses autoroutes et voies de chemin de fer ? Ça sera moins bucolique qu’aujourd’hui, mais peut-être la fin d’étape nous fera-t-elle retrouver un semblant de tranquillité.

    A partir de demain, je devrais avoir une connexion internet, et à l’heure où vous lirez ces lignes, j’aurai posté ce CR.

    A+Fab


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